Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 6,3 cm ; l. 2,1 cm ; P. max. 0,5 cm
Os long
Co. 2453
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 6,3 cm ; l. 2,1 cm ; P. max. 0,5 cm
Os long
Co. 2453
Seuls deux bords semblent conservés de cette applique fragmentaire à la teinte crème : les bords dextre et inférieur. Des sédiments subsistent dans les creux sur la face principale et dans les petites trabécules au dos. On note également des traces laissées par des radicelles lors de l’enfouissement de l’applique.
Les contours du fragment correspondent approximativement à ceux du fût d’une colonne torse. Les spirales, très stylisées, sont transcrites par des lignes diagonales redoublées. La moulure en partie supérieure suggère la présence d’un chapiteau, dont le dessin serait très simplifié.
Certaines scènes sculptées sur les appliques, sont dotées, grâce à la présence de colonnes, d’un cadre architectural. Toutefois, dans les représentations de Dionysos, la demi-colonne perd son rôle architectonique, pour servir de support au dieu, qui s’y accoude. Elle offre un fût lisse (Paris, musée Rodin, Co. 2102), garni de torsades (Oxford, Asmolean Museum, 1912.603+610+613 : MARANGOU 1976, pl. 3b ; Alexandrie, musée gréco-romain, 24072 : BONACASA-CARRA 2000 p. 355-356 fig. 5), ou de feuillages (Musée du Louvre, AGER, MND 633 : MARANGOU 1976, pl. 4a). Elle joue un rôle identique sur les reliefs mettant en scène Silène (New York, Metropolitan Museum of Art, 07.228.44).
Des colonnes torses scandent également de vastes compositions, incluant plusieurs membres du cortège dionysiaque, à l’instar d’un décor de petit mobilier conservé au Louvre (DAGER, MND 1866 : MARANGOU 19976, pl. 17a). Les supports architectoniques se retrouvent également fréquemment sur des appliques de petite taille. Situés à proximité d’un bord, ils permettaient de rythmer la succession des plaquettes placées les unes à côté des autres, suggérant l’inclusion des personnages sous des arcades. Le type de colonne spiralée que supporte notre fragment trouve des similitudes sur trois éléments de placage assez fins conservés au musée Rodin, dédiés respectivement à Dionysos, à un satyre, et à une ménade : Co. 2074, Co. 2078, Co. 2118. C’est sans doute à une applique de forme rectangulaire ou carrée, répondant à cette typologie, qu’appartenait notre colonne. Cinq pièces du musée Benaki qui accueillent une figure de satyre, révèlent des colonnes traitées de façon analogue à notre exemplaire (18780, 18782, 18790, 18789, 18792 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 153-156, 163 p. 272-274, pl. 46-48). La colonne située le long du bord dextre de notre applique devait border la scène, à la manière des reliefs athéniens 18780 et 18790. Le rendu assez simplifié du support architectonique, la faible épaisseur du relief, ainsi que les parallèles établis avec cette série d’œuvres du musée Benaki, permettent d’envisager une production de l’applique au Ve-VIe siècle.
Comparaisons :
-Athènes, musée Benaki, 18780, 18790.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,7 cm ; l. 2,4 cm ; P. max. 0,6 cm
Os long
Co. 2319
Cette applique étroite, de couleur beige crème, est cassée en partie supérieure. Légèrement encrassée, la face supérieure est parcourue d’un réseau de fentes et de fissures longitudinales. Le relief est particulièrement lustré.
Le fragment se caractérise par un bord inférieur scié légèrement en biais, et une largeur peu importante, qui impliquait qu’il soit associé à d’autre éléments de placage, de façon à composer une figure, ou même une scène entière. Plusieurs exemples de ces reliefs formés d’appliques au format vertical, souvent façonnées dans des métapodes, sont répertoriés : le décor découvert lors des fouilles menées en 2002 sur l’acropole de Pergé en Turquie (Inv. K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-76, fig. 2 p. 77), les appliques au cortège dionysiaque conservées au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre (MND 1866 : MARANGOU 1976, pl. 17a), et celles du Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, pl. 16c ; ESCHBACH 2014, p. 78 n. 13, fig. 5 p. 79). Les pièces Co. 2315 et Co. 2197 du musée Rodin offre les mêmes particularités que la nôtre, à savoir une vision très partielle du sujet, avec une découpe franche du motif.
L’applique est sculptée d’un pan de drapé qui constitue l’angle inférieur d’un vêtement, probablement d’un chiton ou d’un himation. Les plis assez épais aux dessin angulaire, qui semblent se heurter, témoignent du mouvement de l’étoffe. Bien qu’il soit difficile de convoquer une analogie pour cet élément très fragmentaire, ce relief pourrait constituer l’extrémité d’un chiton porté par une ménade. On peut toutefois noter qu’il s’éloigne des vêtements aux plis bouillonnants qu’arborent généralement les compagnes de Dionysos. La relative plasticité des plis, le soin accordé à la définition du drapé, et la probable intégration de l’applique à un vaste décor, permettent d’envisager une réalisation de la pièce autour du IVe siècle.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 13,1 cm ; l. 3,6 cm ; P. max. 0,8 cm
Os, métatarse droit de bœuf, face postérieure
Co. 2302
L’applique se caractérise par une teinte ivoirine, doublée d’une patine jaune clair en partie inférieure et sur les zones les plus en saillie. Le revers – en particulier les bords internes–, révèle un coloris plus ambré. La pièce est conservée dans son entièreté. Elle est fragilisée par un fendillement longitudinal, et une importante fissure qui suit le contour du vêtement de la figure. Alors que la face principale ne montre qu’un encrassement superficiel, on remarque, au dos, une petite tache verte sur la face interne du bord senestre, et une tache grise sur le bas du bord dextre. Une autre tâche d’oxydation s’observe en partie supérieure du bord dextre.
L’œuvre est sculptée d’une silhouette drapée, tronquée dans sa partie gauche, et coupée à mi-corps, se tenant à proximité d’une colonne. Les bords supérieur et inférieur de la pièce présentent une découpe légèrement en biais. Cet élément de placage bien préservé s’intégrait dans une vaste composition nécessitant, pour sa réalisation, un certain nombre de plaquettes en os. Sans doute trois ou quatre reliefs étaient requis pour composer l’ensemble de la figure. Ce procédé, induit par l’étroitesse des diaphyses d’os longs de bœuf, demandait de toute évidence, un travail de préparation à partir d’un modèle, et un report soigneux des différentes parties du personnage sur les éléments destinés à participer à sa reconstitution. Quelques appliques au format vertical du musée Rodin, taillées dans des métapodes, et présentant des motifs interrompus de façon franche, appartenaient à un décor complexe, constitué de plusieurs plaquettes : Co. 2069, Co. 2282, Co. 2315, Co. 5604.
Vêtue d’un himation aux plis amples, drapé en biais, la figure adoptait sans doute une pose légèrement hanchée. La jambe droite portée en avant contrebalançait probablement l’autre jambe, sur laquelle reposait le poids du corps. La colonne, permettait au personnage de s’y appuyer. Le pan du manteau drapé en biais masque en grande partie l’étoffe aux plis verticaux d’un chiton, ou d’un autre vêtement. La présence de la colonne, le costume du personnage, ainsi que son attitude, rappellent des représentations de femmes drapées, dont l’identification n’a pas pu être précisée avec certitude. On comparera volontiers notre fragment avec l’applique 71.55 du Walters Art Museum de Baltimore, qui accueille une figure au drapé similaire à la nôtre, accoudée à une colonne. Il est intéressant de remarquer qu’un pan de l’himation masque en partie le haut de la colonne. On retrouve sur une pièce du musée Benaki à Athènes, une posture identique (18866 : MARANGOU 1976, n° 194 p. 121, pl. 58a). Les analogies s’avèrent frappantes avec l’exemplaire de Baltimore, et incitent à reconnaître dans notre fragment, une femme drapée, proche d’un type iconographique bien représenté au sein de la collection du musée Rodin. Toutefois, un parallèle peut aussi être établi avec figure d’homme jeune, sculptée sur une applique conservée au département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17201 : DELASSUS 2020, p. 57 n. 60). Enveloppé dans un himation drapé de façon identique au nôtre, il semble écouter un autre personnage déroulant un volumen.
Bien que le relief soit peu prononcé, un soin particulier a été accordé au modelé du corps, révélé par un tissu épousant les formes. Le naturel de l’attitude, à laquelle s’accorde la souplesse du vêtement, dénote une parfaite maîtrise de l’anatomie et une bonne compréhension de l’articulation du vêtement au corps. La colonne, posée sur une base, a fait l’objet d’un certain soin, puisqu’un décor en zigzag y a été ajouté. Ce type de ligne en chevrons est toutefois plus fréquente sur les tiges des thyrses ou des lances. La qualité de la facture, et le style assez graphique, rapprochent cette œuvre des éléments de décor composés de plusieurs plaquettes conservés au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich. Une réalisation au IIIe ou IVe siècle peut être avancée pour notre relief.
Marquage
Sur la face interne du bord senestre, 171 marqué à l'encre violette.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18866 (attitude).
-Baltimore, Walters Art Gallery, 71.55 (colonne, attitude et drapé).
-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17201 (pose et vêtement)
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 14,3 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,1 cm
Os, tibia gauche de bœuf, face postérieure
Co 2301
L’applique est cassée sur trois de ses côtés. Subsiste seulement le bord dextre. La face principale offre une patine jaune clair, avec des zones plus blanches, témoignant d’un certain délitement de la matière osseuse. De petites taches brunes ponctuent la cuisse gauche de la ménade. On note aussi quelques légères marques noires. Le dos révèle de nombreuses taches ocre clair ou tirant sur le brun. Il conserve aussi quelques sédiments. La pièce présente un fendillement longitudinal, surtout près du bord dextre et dans l’épaisseur de ce bord.
Ce fragment appartenait sans nul doute à une applique au format vertical, accueillant une figure féminine vue en pied. Le vêtement aux plis bouillonnants suggère de reconnaître une ménade, orientée vers la droite. Compte tenu de la longueur actuelle de la pièce, on peut se demander si le haut du buste ne se développait pas sur une autre applique. La jeune femme, dont le corps est coupé au niveau de la poitrine, porte un long chiton, dont le rabat, appelé kolpos, forme de petits plis soulevés par un pas dansant. Un lien le ceinture au-dessus de la taille. Alors que la jambe gauche semble portée en avant, le corps paraît subir un mouvement de torsion. Ce type de pose contrariée s’accorde parfaitement à l’agitation frénétique qui s’empare généralement des suivantes de Dionysos.
La main droite, au geste cassé du poignet, suit le rythme imprimé au reste du corps ou retient un pan de l’étoffe. Ce même détail se retrouve sur l’applique 18881 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n°70 p. 99, pl. 23a). Cette comparaison propose une silhouette vraisemblablement proche de celle qui devait originellement orner notre pièce. La ceinture du chiton, les plis gonflés de son kolpos, ainsi que la position des jambes portées vers l’avant, qui se devine sous la fine étoffe, constituent autant d’éléments apportant la preuve que les deux appliques devaient procéder d’un modèle commun. Deux autres reliefs se rapportent également à ce type iconographique : un exemplaire conservé au musée gréco-romain d’Alexandrie (12122 : BONACASA-CARRA 2012, p. 40, fig. 2 p. 44 ; TÖRÖK 2005, n° 87 p. 145-146), et une plaquette mise en vente à Louisville par Artemis Gallery (lot 21).
La figure longiligne de la ménade révèle un intérêt porté au mouvement. L’artisan est parvenu à faire sentir le brusque revirement du corps, sous l’épaisseur du vêtement. Le traitement plastique des plis du kolpos dénote également un sens du volume, peu perceptible en raison du caractère fragmentaire de l’œuvre. Les proportions anatomiques sont justes, et traduisent une aisance dans la transcription du corps féminin dans l’espace. Comme pour l’applique d’Athènes, on perçoit dans la retombée des plis, une approche assez graphique. L. Marangou entrevoit une réminiscence de la sculpture monumentale de l’époque antonine dans cette exemple, ce qui n’implique pas forcément une datation de la pièce au IIe siècle. La facture, ainsi que les critères stylistiques, invitent donc à proposer, pour notre relief, une phase de production assez large, entre le IIe et le IVe siècle.
Comparaisons
-Alexandrie, musée gréco-romain, 12122.
-Athènes, musée Benaki, 18881.
-Vente Louisville, Artemis Gallery, 16 décembre 2021, lot 21.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 10,75 cm ; l. 4,15 cm ; P. max. 1,2 cm
Os, humérus ou tibia de bœuf
Co. 2298
L’applique est cassée en partie supérieure et sur le côté dextre. Une petite portion du bord inférieur demeure seulement. Par contre, le bord senestre subsiste sur une hauteur importante. Le fragment se distingue par une teinte crème. D’abondants sédiments se trouvent encore emprisonnés dans les trabécules au revers. Sur la face principale, ils s’accrochent aux aspérités de la surface, et sont aussi présents dans les creux.
Ce fragment appartenait originellement à une pièce convexe au format vertical, qui devait accueillir un personnage campé dans attitude statique. La coupure nette de la jambe au-dessus de la cheville étonne, compte tenu du soin apporté à la silhouette et au drapé. On est en droit de se demander si le pied n’a pas été sculpté sur une autre applique, placée au-dessous de la nôtre. Seule la jambe gauche de la figure est conservée. Le drapé d’un himation la recouvre, tout en en dévoilant l’anatomie. Elle semble appuyée sur une colonne au fût lisse. La légère flexion du genou laisse à penser que le personnage s’accoudait à cette colonne, à la manière de Dionysos ou Silène adoptant la pose de l’Apollon Lykéios.
Le soin particulier accordé à la retombée du drapé sur la jambe de la figure, traduit une maîtrise de la sculpture sur os. L’artisan joue sur les effets de matière, faisant voisiner d’épais plus courbes, et une étoffe épousant les chairs de la jambe. Le tissu semble si fin qu’il laisse entrevoir la rotule du genou. En tout état de cause, la subtilité avec laquelle le vêtement s’accorde aux formes du corps est le signe d’une facture de grande qualité.
La présence d’une jambe faiblement fléchie contre le fût lisse d’une colonne rappelle un fragment de la collection Rodin, au sujet identique : la pièce Co. 2273. Si cette jambe plus massive est masquée par un drapé aux plis moins travaillés, le mouvement s’avère similaire. On peut donc envisager de la confronter à un relief sculpté d’une figure de Silène, conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York (07.228.44 : EVANS & RATLIFF 2012, n° 10B p. 20). Il n’est donc pas impossible que les plis arrondis, en partie supérieure, aient soulignés le ventre enflé du précepteur de Dionysos, tandis que la base de l’étoffe pouvait révéler l’anatomie d’une jambe. On ne peut pas exclure le fait que cette jambe ait pu également appartenir à une silhouette d’homme jeune, ou à une divinité féminine.
Le rendu à la fois doux du modelé du corps, et précis des plis du drapé, révèle une aisance certaine dans le travail de l’os. L’approche paraît plus délicate que sur l’analogie du Metropolitan Museum, et montre une dépendance envers la sculpture classique plus évidente. L’aspect fouillé des plis du manteau contraste également avec le fragment de comparaison du musée Rodin. L’attention portée à l’anatomie, la souplesse de l’étoffe et son articulation cohérente au corps, invitent à placer la production de cette pièce au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-Paris, musée Rodin, Co. 2273 (sujet).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 8 cm ; l. 4,1 cm ; P. max. 1,2 cm
Os, humérus droit de bœuf
Co. 2273
L’applique, de couleur crème, est brisée sur trois de ses côtés. Seule la partie basse du bord senestre, ainsi qu’une portion du chant inférieur de la pièce subsistent. Quelques sédiments s’observent encore, constituant une couche de salissure superficielle. La patine crème prend une teinte légèrement plus soutenue au revers. Une tache ocre orangé couvre le genou.
Avant qu’elle ne soit cassée, la pièce devait revêtir l’apparence d’une applique légèrement convexe, sur laquelle était sculptée un personnage vu en pied, dans une pose statique. Ne reste de ce dernier, que la jambe gauche. La proximité d’une colonne au fût lisse et étroit suggère que la figure pouvait y être accoudée. La jambe gauche portée légèrement en avant devait contrebalancer l’appui de la jambe droite. Une ligne de sol est matérialisée par un léger ressaut de l’os, sous le pied de la figure et à la base de la colonne.
L’approche plastique de la cuisse et de la jambe du personnage va de pair avec un soin certain porté à l’anatomie. En choisissant de révéler les formes par un drapé collant aux chairs, le sculpteur fait montre d’une aisance et d’une justesse dans l’articulation de l’étoffe au corps. L’himation qui recouvre toute la jambe, dévoile un pied aux orteils bien individualisés. Sa souple retombée, dont les plis épais sont traités en volume, met en valeur une jambe assez massive.
Ce fragment mérite d’être confronté à une applique, préservée sur toute sa hauteur, sculptée d’une figure de Silène, conservée au Metropolitan Museum of Art de New-York (07.228.44 : EVANS & RATLIFF 2012, n° 10B p. 20). Bien que la jambe de cet exemplaire de comparaison soit plus inclinée et que le drapé ait fait l’objet d’une traduction moins subtile, la proximité iconographique doit être soulignée. On ne peut pas exclure le fait que cette jambe ait pu également appartenir à une divinité féminine, telle Aphrodite, par exemple. Sur nombre d’appliques, la déesse, souvent décrite dans une posture stable, présente, en effet, une jambe gauche légèrement placée en avant, environnée des pans d’un himation glissant le long de son corps. La facture de qualité, la douceur du modelé, et l’attention accordée à l’anatomie, invitent à placer la production de cette pièce au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-New York, Metropolitan Museum of Art, 07.228.44 (jambe gauche).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 9,95 cm ; l. 3,4 cm ; P. max. 0,85 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2270- Co. 2457
Cet élément de placage présente une teinte ivoirine claire. Formé de deux fragments recollés, il est aussi brisé en partie supérieure et sur le côté dextre. La ligne de cassure, en partie inférieure, a suivi le contour de la jambe gauche. Un manque s’observe au niveau de la cassure sur la jambe. Un réseau de fentes et de fissures endommage l’applique, surtout près du bord senestre, pouvant favoriser des pertes de matière. La face principale révèle de petites tâches et concrétions ocre rouge. Au revers, quelques sédiments subsistent dans les trabécules.
L’applique est sculptée d’un personnage hanché, orienté vers la gauche. L’himation qui couvre en partie les jambes, était sans doute enroulé également autour de la taille, comme le laissent supposer les plis courbes qui soulignent les hanches. Le bas de la jambe gauche, assez massive, est en partie dégagé. Le pied en appui est sculpté avec soin.
Le rendu plastique du manteau révèle un intérêt pour les effets de relief. L’artisan est parvenu à rendre la souplesse et le moelleux du tissu, en l’animant de larges plis. On observe ainsi un fort décrochement entre le pan qui s’enroule autour du ventre, et ceux striés de plis verticaux. Cette pièce, qui démontre une bonne compréhension de l’anatomie et du rapport du vêtement aux corps, ne possède pas de réel équivalence. On peut toutefois suggérer un rapprochement avec une applique passée en vente à New York, chez Christies, le 5-6 décembre 2001 (lot 655), accueillant une figure d’homme barbu, au drapé agencé de façon proche, et dotée d’un pied droit similaire. Les effets de volume du drapé permettent d’envisager, de façon complètement arbitraire, une réalisation autour du IIIe-IVe siècle.
Comparaisons
-Vente New York, Christies’s, 5-6 décembre 2001, lot 655.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 10,8 cm ; l. 4 cm ; P. max. 0,7 cm
Os, tibia de bœuf, face postérieure
Co. 2263
Le fragment offre une teinte ivoirine uniforme sur la face sculptée ; le dos révèle un coloris légèrement plus rosé. Une couche de salissure superficielle recouvre les deux côtés. La pièce est cassée en partie supérieure. Elle conserve une partie de ses bords latéraux et l’intégralité de son chant inférieur. Un fendillement longitudinal la fragilise. Coté dextre, une large fissure, engendrée par la cassure, court sur une grande partie de la hauteur de l’élément de placage.
Cette plaquette accueille les parties inférieures de deux personnages : à l’arrière-plan une figure drapée d’un himation, et au premier plan, une silhouette dont n’est visible que la jambe droite. Cette juxtaposition de deux figures, pour être interprétée de façon juste, doit être mise en regard avec les vastes compositions dévolues à l’évocation du cortège dionysiaque. En effet, d’après la découpe précise des figures, notre spécimen s’insérait dans un large décor formé de plusieurs éléments de placage. Un exemple de ce type de reliefs a été découvert lors des fouilles entreprises en 2002, sur l’acropole de Pergé en Turquie (Inv. K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-76, pl. 2 p. 77). Deux autres ensembles, respectivement conservés au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre (MND 1866 : MARANGOU 1976, Pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, pl.), et au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, pl. 16c ; ESCHBACH 2014, n. 13 p. 78, pl. 5 p. 79,) attestent la popularité de ces panneaux constitués de reliefs juxtaposés, destinés à orner des meubles de prix. Il est donc hautement probable que la jambe nue appartenait à un satyre à l’attitude dansante, tandis que la jambe masquée par un manteau, était peut-être celle d’un Silène ou d’une figure féminine. La position légèrement fléchie de la jambe et la courbe du drapé signalent que le personnage était hanché, et s’appuyait possiblement sur une colonne. L’étoffe semble épouser la forme de la cuisse. Seul le bout du pied droit paraît dépasser de l’épais tissu. Une ligne de sol a été ménagée en ressaut dans l’os.
Des éléments de comparaison peuvent être convoqués pour le détail de la jambe du satyre. Par la finesse de son mollet et la forme effilée de son pied, elle rappelle la jambe droite du faune de la pièce 18938 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 44 p. 94-95, pl. 13b), ou encore de ceux des pièces du musée Rodin Co. 2056 et Co. 2066. On retrouve une approche similaire sur les deux éléments de placage du coffret de Namosas, sculptés de figures de satyres (AO 3087, musée du Louvre, département des Antiquités orientales). Il faut donc envisager une vaste scène associant un satyre bondissant vers la gauche, devant une figure drapée adoptant une attitude statique.
Bien que le relief soit peu dégagé du fond, on perçoit sur cette applique un désir de suggérer le volume, et surtout de rendre la superposition des plans. Les plis un peu mous de l’himation contrastent avec la courbe de la jambe nue du satyre. Ce sont avant tout les contours qui permettent de faire ressortir les formes. Cette définition graphique des figures s’observe également sur les décors conservés au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich, préalablement cités. L’analogie stylistique et technique établie entre ce fragment et les compositions formées de multiples panneaux, comme l’exemplaire de Pergame réalisé avant la seconde moitié du IVe siècle ou le début du Ve siècle, laisse supposer une production de notre pièce au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18938 (jambe du satyre). -Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2066 (jambe du satyre).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 9 cm ; l. 3,8 cm ; P. max. 1,6 cm
Os, humérus droit de bœuf
Co. 2243
Seule les parties supérieure et senestre de la pièce sont conservées. La cassure a suivi la courbe du buste du personnage. Ce dernier ne possède donc plus que son visage et son bras gauche. Le fragment offre une teinte beige clair, légèrement plus blanche en partie inférieure. Assez encrassé, il est recouvert de marques noires d’aspect gras sur les parties en saillie. Quelques légères fentes longitudinales se remarquent au dos, sur le bord senestre.
Cette applique est sculptée d’une figure d’homme juvénile, dont le visage imberbe est vu de trois-quarts. Légèrement orienté vers la gauche, celui-ci est couronné d’une chevelure courte volumineuse, formée de mèches bouclées. Les yeux en amande, qui entourent un nez droit, sont surmontés de sourcils courbes incisés avec minutie. Le tout surmonte une bouche aux lèvres pincées. Le bras et la main gauche semblent recouverts d’un drapé.
Il s’avère difficile d’identifier le personnage qui prenait place sur cette applique. D’après la position de son épaule, il est fort probable, qu’il s’avançait vers la gauche, tout en tournant la tête dans la direction opposée. Cette attitude constitue un poncif de l’iconographie des satyres, comme l’attestent les appliques du musée Rodin Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2145, et Co. 2101. Le pan d’étoffe pourrait correspondre à la retombée de la nébride que portent certains faunes (Co. 2056). Un dernier détail pose question : la présence d’un montant horizontal derrière l’oreille gauche du personnage. Ne faut-il pas y voir le souvenir de l’outre ou de la corbeille que les satyres supportent sur l’une de leurs épaules ? Toutefois, il n’apparaît pas exclu que le personnage appartienne également à un autre registre que l’imagerie dionysiaque. La position du bras suggère également un personnage accoudé à un support. Peut-être pourrait-on envisager alors une représentation d’un jeune philosophe, du Christ ou d’un de ses disciples.
Si le bras caché par le drapé offre un traitement assez rapide, le visage plein, rendu avec une forte plasticité, s’inscrit dans l’héritage classique. Il n’est pas sans rappeler celui du satyre de l’applique 18914 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 38 p. 93, pl. 12c). L’attention accordée aux détails des traits faciaux confère une réelle expressivité au regard. Cette qualité de facture, qui voisine avec des éléments à l’aspect plus graphique, nous oriente vers une réalisation au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18914 (position et traits du visage).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 12,5 cm ; L. 4,6 cm ; P. max. 1,6 cm
Os, humérus gauche de bœuf
Co. 2235
L’applique est cassée sur le bord senestre et en partie inférieure. Elle offre une teinte beige clair sur la face principale, et plus jaune, avec une patine ocre très clair, au revers. Quelques petites traces ocre orangé ponctuent la hanche gauche de la figure. Peu de sédiments sont conservés dans les trabécules.
Le relief, assez encrassé, révèle des marques noires d’aspect gras, bien visibles sur les parties en saillie. De petits éclats endommagent l’angle supérieur dextre. Les autres éclats repérables sur la chevelure sont sans doute aussi imputables au travail de façonnage antique.
La figure tournée vers la gauche propose une silhouette très étirée. La tête menue s’accorde au corps assez longiligne, mais regarde dans le sens contraire. Le corps se caractérise par un caractère androgyne, mis en exergue par une faible poitrine, des hanches étroites, et de discrets organes génitaux masculins. Nu, à l’exception d’un péplos tombant des épaules, il évoque toutefois davantage un personnage féminin, tant par ses chairs lisses, que par sa pose. Le bras gauche, en partie recouvert par le vêtement, est replié devant le buste. L’étoffe flotte derrière la jeune femme, en deux pans effilés.
Cette attitude est adoptée, sur certaines appliques en os d’époque romaine, par des ménades jouant du tympanon. En témoignent les reliefs 1956.8.17 de la Yale University Art Gallery à New Haven, 18877 du musée Benaki d’Athènes MARANGOU 1976, n° 91 p. 103, pl. 28c), et Co. 2251 du musée Rodin. Leur main droite vient frapper l’instrument tenu à hauteur de l’épaule gauche, sur les deux premiers exemplaires. La tête, au mouvement de torsion peu naturel, confère à la figure une attitude hésitante. Cette orientation contradictoire du visage et du corps, traduit au mieux l’agitation qui s’empare des ménades au sein du cortège dionysiaque.
Bien que les effets de volume soient peu prononcés, le rendu du bas du corps démontre une maîtrise des proportions, ainsi qu’un soin particulier porté au modelé. Le bras droit paraît toutefois un peu grêle. Si le buste et les jambes se distinguent par un style assez doux, le visage a cependant été sculpté avec une certaine rudesse. La forte stylisation du profil déterminé par quelques coups de burin, trouve des échos dans les reliefs du musée Rodin et d’Athènes. L’œil, dans notre cas, est suggéré par un profonde incision, tandis que la chevelure prend l’apparence d’une calotte coiffant la tête. L’imprécision concernant l’anatomie de la figure, ainsi que la forte stylisation du visage, suggèrent de placer la production de notre applique au IVe -Ve siècle ap. J.-C.
Marquage
Au revers, une petite étiquette octogonale à liseré bleu est collée en partie supérieure de la face interne du bord dextre. Le numéro inscrit n’est plus lisible.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18877.
-Paris, musée Rodin, Co. 2251.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.