Applique de mobilier

Triton tenant un plat ou une corbeille

Égypte > provenance inconnue

Ve – début du VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,25 cm ; L. 7,75 cm ; ép. max. 0,55 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2222

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment, à la découpe triangulaire, correspond à une section située le long du bord inférieur d’une applique rectangulaire. Une couche de salissure superficielle le recouvre.

Description

Fils de Poséidon et Amphitrite, Triton se multiplie de façon à être représenté anonymement aux côtés de Néréides, qui participent aussi au cortège marin. On peut sans doute imaginer que la divinité masculine, au buste émergeant de l’onde, accompagnait, comme sur nombre d’appliques en os réalisées à la fin de l’Antiquité en Égypte, une nymphe glissant sur les flots ou chevauchant un monstre marin. Orienté vers la gauche, la tête fortement inclinée, il tient un grand plat ou une corbeille de forme oblongue, dont seul le marli supérieur est visible. Sa chevelure ruisselante, tombant sur la nuque, flanque un visage aux traits simplifiés.

 

La production en série des éléments de placage de coffret ou de petit mobilier induisait la reprise de modèles préétablis. Les formules iconographiques, telle celle du Triton à la tête penchée et au torse masqué par un large récipient sans décor, sont déclinées au cours du temps dans des styles qui peuvent varier. Le spécimen autrefois conservé aux Staatliche Museen de Berlin (I. 2890 : WULFF 1909, n° 386 p. 112, pl. XVIII), en livrent une version au modelé délicat, qui témoigne d’une facture de qualité. Par son allure générale, le Triton sculpté sur notre fragment se rapproche davantage de son acolyte apparaissant sur la pièce Co. 2168 du musée Rodin, dont le style sec contraste avec les pièces d’Athènes et de Berlin. La ligne de profil rendue par un seul tracé de burin, ainsi que les détails anatomiques suggérés par de courtes incisions, confèrent à notre fragment un aspect encore plus frustre. La comparaison avec la pièce du musée Rodin qui vient d’être mentionnée plaide en faveur d’une fabrication au Ve ou au début du VIe siècle.

 

Marquage

Au dos, le long du bord inférieur, 247 marqué à l’encre violette très effacée.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18759 (modèle iconographique).

-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 2890 (modèle iconographique).

-Paris, musée Rodin, Co. 2168 (type iconographie et style analogue).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide nageant

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 2,5 cm ; L. 8,4 cm ; P. max. 0,85 cm

Os, métatarse droit de bœuf, face antérieure

Co. 2220

Commentaire

Etat de conservation

Cette pièce est brisée en partie supérieure et à ses deux extrémités. On remarque que les cassures suivent à la fois les contours du ventre de la Néréide et de ses pieds. Des traces d’une substance adhésive ocre brun sont visibles le long du bord inférieur et ponctuent les jambes de la créature marine. Sur la face principale, la matière osseuse est fragilisée par un réseau de fentes longitudinales.

Description

Le corps nu tronqué, aux chairs lisses, appartient à une néréide qui nage vers la gauche. L’inclinaison de son ventre suggère un buste, à l’origine, légèrement redressé. Les jambes effilées semblent glisser sur l’eau. La nymphe reprend en miroir, la posture de celle sculptée sur l’applique Co. 2219 du musée Rodin. Toutefois, les jambes paraissent plus courtes, et leur rendu moins sûr. La cuisse droite plus inclinée indique que la silhouette féminine devait être davantage cambrée, que celle décorant cette pièce analogue.

 

On peut aussi mettre notre fragment en rapport avec deux autres éléments de placage, qui accueillent une néréide en train de nager à la surface des flots : les pièces Co. 2205 du musée Rodin et 18744 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 144 p. 113, pl. 45b ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000 n° 337 p. 300-301, pl. 89). La naïade qui orne le relief A98d de la Fondation Barnes à Philadelphie propose une pose similaire. On note, cependant, quelques différences : des jambes disposées l’une au-dessus de l’autre, ou l’adjonction d’un pan de voile entre les cuisses sur le spécimen de Philadelphie.

 

Si le rapprochement que l’on peut opérer avec les appliques déjà mentionnées s’avère évident sur le plan iconographique, il l’est tout autant sur le plan du style. Ces pièces révèlent des volumes prononcés, soulignés par un polissage de la surface. La juste observation des attitudes, associée à des proportions adéquates, et à une maîtrise de la perspective, démontre une bonne compréhension de l’anatomie féminine. Le soigneux modelé des chairs met en valeur une véritable plasticité du corps. Bien que beaucoup de critères soient partagés avec les pièces de comparaison, la jeune femme se distingue ici par un canon légèrement plus ramassé.

 

Le jeu de courbes créé par les jambes et le ventre de la jeune femme est rendu avec une sensibilité certaine. Cette approche, largement dépendante de l’héritage classique, contraste fortement avec le traitement frustre et raide de la Néréide de l’applique Co. 2237, qui adopte une position identique. Le seul indice qui permette de proposer une datation repose sur l’analyse stylistique. En l’absence de contexte archéologique, et malgré le fait que ce procédé soit un peu arbitraire, on peut imaginer une fabrication de notre œuvre au IIIe-IVe siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2205, Co. 2219 (contrepartie)

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide nageant

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 3,5 cm ; L. 12,5 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure

Co. 2219

Commentaire

Etat de conservation

Brisée sur le côté senestre et en partie supérieure, la pièce offre une teinte beige clair avec de petits rehauts d’ocre sur les parties les plus en relief. Une fissure longitudinale traversante l’endommage en son milieu, barrant le ventre et les cuisses de la Néréide. Une seconde fissure court plus bas, à proximité de l’amorce du voile. De courtes incisions verticales couvrent la cuisse gauche de la naïade.

Description

Progressant vers la droite, la Néréide semble glisser à la surface de l’onde. La nudité de son corps contraste avec le pan de son voile qui souligne l’arrondi de son ventre. Son buste incliné indique qu’elle relevait la tête et supportait de ses bras, son voile gonflé par le vent. Les jambes, particulièrement allongés, sont sculptées à l’horizontale. Cette posture s’observe de façon identique, mais en miroir, sur l’applique Co. 2220 du musée Rodin. Une pose peu éloignée, mais avec des jambes légèrement plus écartées, effectuant un mouvement de battement, se remarque aussi sur les appliques Co. 2205 et Co. 2098 du musée Rodin, et sur le relief 18744 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 144 p. 113, pl. 45b ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000 n° 337 p. 300-301, pl. 89).

 

La justesse de l’attitude, alliée à un pleine maîtrise de l’anatomie féminine, témoignent d’une sûreté de réalisation. Les chairs nues révèlent un modelé excessivement délicat mis en valeur par un polissage très abouti, comme sur toutes les pièces de comparaison citées. Le moelleux des chairs s’accorde aux courbes harmonieuses, dénotant un réel attachement à la tradition classique. Cette approche plastique du sujet classe cette applique dans une catégorie de pièces à la facture de grande qualité. Bien que la prise en compte de critères stylistiques et techniques puisse paraître arbitraire pour parvenir à une datation, le degré d’habileté de l’artisan et sa sensibilité artistique permettent d’envisager une production au IIIe-IVe siècle, voire à une période légèrement antérieure.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18744 (contrepartie et qualité de facture).

-Paris, musée Rodin, Co. 2205, Co. 2220 (idem).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide et Triton

Égypte > provenance inconnue Fin du Ve - VIe siècle ap. J.-C. H. 5,3 cm ; L. 12,7 cm ; P. max. 1,8 cm Os, tibia gauche de bœuf, face postérieure Co. 2217 - Co.2323

Commentaire

Etat de conservation

Cette pièce incomplète, originellement cassée en deux, est brisée dans sa partie dextre. Fragilisée par des fentes et des fissures, elle conserve des sédiments, au revers, dans les trabécules. La surface est particulièrement abrasée.

Description

Le groupe qui orne cet élément de placage, destiné sans doute à parer un coffret ou un petit meuble de petites dimensions, est constitué d’une Néréide accompagnée d’un Triton. De ce fait, notre fragment se rattache à la nombreuse série des appliques dévolues au thème du thiase marin, dont le musée Rodin abrite plus de soixante-dix exemplaires. Alanguie, la Néréide à demi-couchée, retient de sa main gauche, son péplos emporté par le vent. Orientée vers la gauche, elle tourne la tête dans le sens opposé. Le Triton, qui l’escorte, adopte une attitude similaire. Vu en buste, il est doté d’un torse à la musculature solide. La forme ovale qu’il supporte devant son ventre, s’apparente à la corbeille ou au plat que soutiennent certains de ses acolytes, sur des scènes comparables. On se référera à l’applique 13315 du musée gréco-romain d’Alexandrie, sur laquelle le Triton tient un plat au dessin proche, mais beaucoup plus détaillé (RODZIEWICZ 2016, p. 57, fig. 59 p. 65). Le montant vertical qui borde l’extrémité senestre, pourrait être interprété comme un attribut, peut-être un gouvernail, à l’instar de celui sculpté avec tout aussi peu de précision, sur l’applique du musée Rodin Co. 2044. Quelques discrètes courbes à l’arrière-plan, suggèrent la présence d’un monstre marin, dont la queue forme des enroulements.

 

Les personnages présentent des corps aux formes pesantes et aux membres mal proportionnés. Le bras gauche de la naïade est démesurément étiré de façon à souligner les lignes horizontales que créent le voile, ainsi que les jambes étendues. Les visages grossièrement triangulaires sont couronnés de coiffures en calotte. Bien que les silhouettes soient cernées de lignes entaillées dans la matière, elles se démarquent peu de l’arrière-plan. Les jambes de la Néréide se confondent avec le bord inférieur de la pièce.

 

Les volumes corporels, traités avec une rigidité excessive et des déformations évidentes, traduisent une approche synthétique de la figure humaine, comme les traits faciaux considérablement simplifiés. Si l’exemplaire s’inspire indubitablement de modèles encore tributaire de l’esthétique classique, tel le relief 18747 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 165, pl. 49a), il répond à une évolution esthétique se définissant par un style allusif, jouant plus sur un aspect graphique que sculptural. Exploitant un schéma iconographique proche de l’appliques 22098 du musée Benaki d’Athènes (MARANGOU 1976, n° 168 p. 117, pl. 49d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 329 p. 299, pl. 87) et d’une pièce fragmentaire de l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913 n° 12 p. 233, pl. LVII-12). L’exemplaire Co. 5603 du musée Rodin constitue aussi une analogie éloquente, mais l’apparence des divinités marines sur notre pièce révèle encore une géométrisation plus poussée des visages et des corps. En considérant la datation proposée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 22098 du musée Benaki, une réalisation à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle est envisageable.

 

Marquage

Au dos, sur la face interne du bord supérieur, 40 marqué au crayon rouge.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Triton et Néréide

Égypte > provenance inconnue

Ve siècle ap. J.-C.

H. 2,2 cm ; L. 8,3 cm ; P. max. 0,6 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2216

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment correspond à l’angle supérieur dextre d’un élément de placage. La couche de salissure très superficielle et la discrète présence des sédiments pourraient laisser à penser qu’il a déjà été nettoyé. On remarque toutefois la présence de quelques résidus ocrés non liés. Au revers se repèrent des fissures longitudinales, dont l’une est traversante. L’angle préservé est très émoussé, et la partie supérieure du fragment, fortement lustrée.

Description

Doté d’un buste d’homme, complété par un avant-train de cheval et souvent une queue de poisson, Triton accompagne généralement le cortège de ses parents Poséidon et d’Amphitrite. Devenu une figure générique parmi les créatures aquatiques sorties de l’imagination des artistes de l’Antiquité, cette divinité escorte fréquemment les Néréides. Sur nombre d’appliques en os d’époque romaine provenant d’Égypte, se développe l’image formée d’un Triton tenant une corbeille ou un gouvernail, batifolant avec une Néréide. Cette dernière se trouve portée par un cheval marin ou assise sur l’arrière-train de son compagnon. C’est à ce modèle que devait correspondre l’applique originelle à laquelle appartient ce fragment.

 

Le Triton, dont n’est conservée que la tête, est tourné vers la gauche où se situe la nymphe. Il ne subsiste de celle-ci, que l’extrémité de son bras tendu, pour retenir son voile soulevé par le vent. Le bras du Triton semble levé vers elle. La divinité marine est reconnaissable à sa chevelure garnie de grandes pinces de crustacé. Ces excroissances sur le sommet du front rappellent le visage du Triton de l’applique 18965 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 157 p. 115, pl. 47d).

 

Les contours hésitants et approximatifs de la tête du Triton, mais aussi des bras des personnages, participent de la même approche que le fragment Co. 2281, représentant un Triton, orienté dans le sens opposé. L’artisan a défini les formes par de profondes incisions et non par un relief prononcé. Cet aplatissement des silhouettes s’observe sur beaucoup d’appliques, témoignant soit d’un travail hâtif, soit d’une esthétique différente de celle transmise par l’héritage classique. Peu soignés, les traits du visage s’accordent au volume massif de la tête. Bien qu’une datation à partir d’indices stylistiques puisse être sujette à caution, on peut proposer une production de la pièce au Ve siècle.

 

Marquage

Au dos, en partie supérieure, 37 marqué au crayon rouge.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18965 (détails iconographiques).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréides

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4,8 cm ; L. 16,4 cm ; P. max. 1,3 cm

Os, tibia droit de bœuf, face postérieure

Co. 2214

Commentaire

Etat de conservation

Incomplète, cette pièce à la teinte ivoirine, est cassée dans sa partie senestre. Elle offre une couleur plus crayeuse et révèle un certain délitement de la matière osseuse, en partie supérieure, près de l’arrachement. Une couche superficielle de salissure et de discrets sédiments la recouvraient avant le nettoyage pratiqué par V. Picur. Un réseau de fissures longitudinales et traversantes l’endommage et provoque un délitement au dos.

Description

Orientée vers la droite, la Néréide à demi-couchée, présente un buste légèrement relevé. Tout en coinçant son voile sous son bras gauche, elle semble s’appuyer sur ce dernier, tandis qu’elle retient le pan de drapé soulevé par le vent au-dessus de sa tête, de son bras droit. Sa tête tournée vers la gauche, regarde une autre divinité marine, dont il ne subsiste aujourd’hui plus que le buste incurvé. Peut-être s’agissait-il du corps nu d’une autre Néréide, ou du buste d’un Triton.

 

Glissant sur l’onde ou transportée sur le dos d’un animal aquatique, la Néréide soutenant son voile, correspond à un poncif iconographique, sur les éléments de mobilier en os parant les coffrets, dans l’Égypte tardo-antique. Ce schéma se retrouve à de nombreuses reprises sur des pièces inspirées de la tradition classique et sans doute attribuables au IVe siècle. On peut citer en guise d’exemples, le relief Co. 2070 du musée Rodin, ou l’exemplaire 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116 pl. 49b). Toutefois, le style de notre pièce diverge nettement de ces réalisations marquées par un sens du volume et un juste rendu de l’anatomie féminine. L’artisan a pris ses distances avec l’héritage de l’art de l’époque impériale, en optant pour une approche synthétique de la silhouette de la Néréide.

 

Les volumes fortement géométrisés du corps et de la tête s’allient à une rigidité des membres. Le visage, qui accueille un grand œil en relief, est surmonté d’une chevelure courte formée de grosses boucles. Le bras droit, étiré jusqu’au bord supérieur de l’applique, participe à accentuer la raideur de la pose. Les contours au tracé particulièrement heurté, et les détails très simplifiés, inscrivent cette œuvre dans une série homogène, représentée par plusieurs pièces au sein des collections du musée Rodin : Co. 2129, Co. 2159-Co. 2272, Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271, Co. 2278. Trois pièces de cette catégorie partagent avec notre œuvre le même modèle iconographique (Co. 2203, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271). Ces reliefs se distinguent invariablement par des silhouettes plus incisées que véritablement sculptées dans la matière, des corps raides au modelé peu prononcé, des visages aux traits grossiers animés par de grands yeux en relief, et couronnés par des cheveux courts coiffés en mèches volumineuses (cf. MARANGOU 1976, p. 81, voir n° 172 p. 117-118, pl. 51c).

 

Ces critères stylistiques récurrents sur au moins une dizaine d’appliques, témoignent d’une production en série, reposant sur une utilisation rationnelle de la matière première. Ils attestent également la mise en place d’une nouvelle esthétique reposant sur une forte stylisation et une schématisation des détails anatomiques. En nous basant sur la datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), nous pouvons envisager une fabrication de notre pièce vraisemblablement à la même période, à savoir le VIe siècle.

 

Marquage

Au dos, sur la face interne du bord inférieur, 28 marqué au crayon rouge ; 5 marqué au crayon gris dans la cavité médullaire.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2203, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,1 cm ; L. 7,5 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, métatarse de bœuf, face antérieure

Co. 2213

Commentaire

Etat de conservation

Ce relief à la teinte ivoirine, incomplet, conserve des traces d'adhésif brun peut-être à base de gomme laque, sur son côté senestre, qui indiquent peut-être la présence d’un ancien collage. Des résidus d’adhésif s’observent aussi sur le dos. L’angle supérieur dextre brisé a été recollé. Quelques nuances vert clair révèlent la proximité d’objets métalliques, à un moment de l’histoire du placage.

Description

Le fragment d’applique accueille une Néréide, vue en buste. Tronqué au niveau de la poitrine, le corps de celle-ci se prolongeait sans doute sur une plaquette disposée en-dessous de la nôtre. Orientée vers la gauche, elle retient de son bras tendu, son péplos qui enfle sous l’effet du vent, au-dessus de sa tête. La jeune femme se résume surtout à une tête volumineuse, coiffée d’une chevelure bouclée. Vu presque de face, le visage rond est animé de deux yeux en relief. Un nez épaté surmonte une bouche menue. Le voile que soutient la créature marine se dissout dans l’arrière-plan, n’étant suggéré que par une longue dépression courbe. Au contraire, l’amorce de la poitrine et le bras gauche distendu, présentent un relief plus prononcé.

 

L’attitude qu’adopte la Néréide correspond à un poncif iconographique sur les appliques en os de l’Antiquité tardive en Égypte. On la retrouve de façon plus lisible sur l’exemplaire du musée Rodin Co. 2225 ou encore, dans un style proche, sur la pièce Co. 2159-Co. 2272. La simplification poussée des traits faciaux semble correspondre à une évolution esthétique qui se fait jour à l’époque byzantine. Si les images répètent des modèles influencés par l’héritage classique, les formes s’éloignent rigoureusement du canon de l’époque hellénistique. La prise de liberté concernant les proportions anatomiques et les déformations expressives se remarquent également sur d’autres reliefs du musée Rodin : Co. 2159-Co. 2272, Co. 2203, Co. 2214, Co. 2267, Co. 2271, Co. 2278. Le visage rond aux traits frustres rencontre des affinités dans deux pièces appartenant autrefois à la collection Herold, de l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, n° 6-7 p. 233, pl. LVII-6, 7). Cette nouvelle approche esthétique qui repose sur une stylisation des formes, allant parfois jusqu’à leur dissolution, est la marque d’une production tardive, sans doute au cours du VIe siècle (cf.. LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89).

 

Marquage

Au dos de l’applique, en partie inférieure, 39 marqué à l’encre brune très effacée et au crayon rouge.

 

Comparaisons

-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold (PAGENSTECHER 1913, pl. LVII-6-7 : têtes volumineuses).

-Paris, musée Rodin, Co. 2225 (geste de la Néréide, mais style très différent), Co. 2159-Co. 2272 (attitude et style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 2,5 cm ; L. 9,3 cm ; P. max. 0,9 cm

Os long

Co. 2211

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment correspond à l’angle senestre inférieur d’un élément d’applique. De couleur beige, avec une patine tirant sur l’ocre jaune par endroits, il offre un fendillement généralisé sur sa face principale. Il est aussi recouvert d’une couche de salissure non négligeable.

Description

Le fragment laisse apparaître un corps nu étendu. Ce dernier correspond à celui d’une Néréide à demi-allongée, tournée vers la droite. La position de sa main gauche laisse supposer qu’elle était accoudée, dans une posture nonchalante. La mise en regard de ce fragment avec les nombreuses illustrations du thiase marin qui émaillent les appliques en os tardo-antiques découvertes en Égypte, ou dans le reste du bassin méditerranéen, permet de reconstituer le schéma iconographique de notre pièce, avant qu’elle ne soit brisée. Le musée Rodin renferme une série d’éléments de placage accueillant une nymphe à demi-couchée vers la droite, sans doute supportée par un monstre marin, bien que celui-ci ne soit évoqué que par quelques courbes suggérant sa queue. Nous en voulons pour preuve les appliques suivantes appartenant au musée Rodin : Co. 2070, Co. 2169, Co. 2177, Co. 2324, Co. 5633. Des pièces abritées dans d’autres institutions livrent des modèles proches : le relief 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116, pl. 49b), ou celui anciennement conservé aux Staatliche Museen de Berlin (I 3763 : WULFF 1909, n° 387 p. 112, pl. 18). On citera également l’exemplaire F 1956/12.6 du Rijksmuseum van Oudheden de Leyde, et l’applique 71.56 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, n° 142 p. 92-93). Le site d’Antinoé a révélé une pièce fragmentaire proche (O’CONNELL 2014, p. 420, pl. 115 p. 444). Les fouilles archéologiques menées à Alexandrie à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic ont livré une pièce reprenant ce type iconographique (RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89).

 

À l’instar de l’applique Co. 2070, les proportions de la Néréide démontrent une adaptation au cadre horizontal de la matrice osseuse. Bien que son ventre semble beaucoup moins étiré que sur cette pièce de comparaison, ses formes, qui jouent sur les courbes et les contre-courbes, offrent une plasticité certaine. Le buste coupé au niveau de la poitrine et naissant d’une taille très fine, devait être légèrement redressé. Un pan du voile recouvre la cuisse droite, à l’image des pièces qui supportent une représentation analogue. Le polissage achevé met l’accent sur les chairs lisses et apporte un caractère moelleux au modelé. La délicatesse avec laquelle ont été sculptés les doigts de la main gauche signe une facture de qualité. Le geste cassé du poignet et la souplesse des doigts se retrouve sur l’exemplaire Co. 2162 du musée Rodin, dont le type iconographique constitue une variante du nôtre.

 

S’inscrivant dans une abondante série d’appliques ornées d’une figure de Néréide à la pose indolente, allongée sur le dos d’un animal marin, ce fragment démontre la reproduction de schémas iconographiques établis, au sein des ateliers des centres urbains de la fin de l’Antiquité. Les styles ne sont pour autant pas uniformes, et des variations se devinent dans les approches différentes de l’anatomie féminine ou l’intérêt porté au volume. Cette applique montre une sureté de réalisation, dans la limite de ce que nous pouvons en juger, étant donné la petitesse du fragment. E. Rodziewicz a proposé de placer la fabrication de la pièce découverte à Alexandrie au IIIe-IVe siècle. Dans notre cas, la fluidité de la ligne et l’harmonie des formes de la Néréide s’accordent à cette datation.

 

Marquage

Au dos, en partie inférieure, 21 marqué au crayon rouge.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles archéologiques, mission du CEAlex, secteur du Cinéma Majestic, 1992, MA 92.02.96.12.1 (9).

-Antinoé, mission de l’Egypt Exploration Fund, 1913-1914.

-Athènes, musée Benaki, 18749.

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.56. -Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3763.

-Leyde, Rijksmuseum van Oudheden, F 1956/12.6.

-Paris, musée Rodin, Co. 2070, Co. 2169, Co. 2177, Co. 2324, Co. 5633 (type iconographique)

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide et Triton

Égypte > provenance inconnue

Ve - début du VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,5 cm ; L. 12 cm ; P. max. 0,5 cm

Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure

Co. 2210

Commentaire

Etat de conservation

L’élément d’applique est entièrement conservé. Compte tenu du peu de sédiments qui subsistent dans les parties incisées, on est en droit de se demander s’il n’a pas déjà fait l’objet d’un nettoyage. Un peu de terre d’enfouissement s’observe encore au dos. La face principale est marquée par un fendillement de la matière osseuse. Au milieu du dos, court une fissure longitudinale. Les angles sont émoussées et le relief assez abrasé.

Description

Les deux créatures marines semblent se diriger dans des directions opposées. Personnifiant différents phénomènes marins, les Néréides, filles de Nérée et de Doris, sont fréquemment accompagnées, dans leurs jeux à la surface des flots, par des Tritons ou des monstres aquatiques. Fils de Poséidon et d’Amphitrite, Triton est souvent représenté de manière anonyme, comme pendant à une Néréide. Ce couple de divinités peuplant l’océan forme un modèle iconographique exploité à de nombreuses reprises sur les appliques en os d’époque romaine découvertes en Égypte. Nous retrouvons ces deux figures animées par des mouvements contraires sur d’autres appliques du musée Rodin : Co. 2154 et Co. 2229. Des pièces à la qualité de facture supérieure reprennent aussi ce poncif iconographique : le relief 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a), et une applique appartenant autrefois aux Staatliche Museen de Berlin (I. 2890 : WULFF 1909, n° 386 p. 112, pl. XVIII).

 

Les deux personnages sont vus en buste, ce qui signifie qu’une seconde applique, placée sous la nôtre, permettait de compléter le dessin des corps. Le visage orienté vers la droite, la Néréide retient son voile de ses deux mains. Gonflé par la brise marine, celui-ci décrit une ellipse, devant laquelle se détache sa tête. Le bras gauche est tendu pour retenir l’étoffe qui claque au vent. Le Triton tourné vers la gauche, présente un visage incliné, qui répond à la tête penchée de la néréide. À l’arrière-plan, des courbes évoquent la présence d’un monstre marin. Ces volutes pourraient correspondre à la queue de cet animal hybride, à moins qu’elles ne suggèrent la queue du Triton.

 

Le modèle décliné sur cette pièce est presque identique à celui développé sur l’applique Co. 2154 du musée Rodin. L’artisan a joué de la même façon, sur l’allongement des bras et du péplos enflé par le vent, de manière à adapter au mieux le sujet au format étiré du métacarpe. Le style est également proche de la comparaison citée ci-dessus. Les silhouettes très stylisées offrent des visages réduits aux formes très simplifiés. Cette approche synthétique du corps humain va de pair avec un relief peu accentué. Il en ressort un aspect graphique mettant en valeur les ombres et lumières. On note que les yeux sont rendus par une petite incision ou un enlèvement de matière. Cette sculpture aux contours expressifs, que l’on peut observer aussi sur le relief Co. 2133, pourrait s’accorder avec une production au Ve ou au début du VIe siècle.

 

Marquage

Au revers est collée une petite étiquette octogonale à liseré bleu, en partie déchirée ; en partie inférieure, 30 marqué au crayon rouge, 5 marqué au crayon gris.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18759 (schéma iconographique identique).

-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 2890 (WULFF 1909 n° 386 p. 112) (idem).

-Paris, musée Rodin, Co. 2154.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Triton et Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4,2 cm ; L. 12,9 cm ; P. max. 1,9 cm

Os, tibia gauche de bœuf, face antérieure

Co. 2209

Commentaire

Etat de conservation

L’applique, à la teinte très claire, est cassée sur son bord dextre et en partie inférieure. De longues fissures longitudinales la fragilisent. Des taches de couleur ocre brun s’observent sur la face principale, notamment sur la cuisse gauche de la Néréide, et au dos, le long du bord supérieur.

Description

L’applique accueille une scène complète rassemblant un Triton et une Néréide à demi-couchée. Ce thème, à la connotation galante, semble particulièrement apprécié sur les éléments de placage en os de l’Égypte tardo-antique. Les divinités marines, qui se rapportent au cortège de Poséidon et Amphitrite, batifolent à la surface de l’onde. Glissant sur les flots ou allongée sur la queue d’un monstre marin, la Néréide adopte une pose fréquemment reproduite sur ce type de mobilier. Alors qu’elle s’appuie de son bras gauche, sans doute sur sa monture aquatique, elle tend son bras droit de façon à retenir son voile dans lequel s’engouffre le vent. L’étoffe décrit une longue ellipse au-dessus de la tête de la jeune femme. Un pan du drapé semble coincé par le coude gauche, tandis qu’une autre partie recouvre la cuisse droite de la nymphe. Le Triton tourné vers sa compagne, la tête inclinée, supporte une large corbeille oblongue.

 

L’association du Triton porteur de corbeille à une Néréide couchée, dont le corps est disposé vers la droite, peut être repérée sur plusieurs œuvres : une plaquette incisée et incrustée de résine colorée conservée au Kunsthistorisches Museum, datée du IVe-Ve siècle (X 293 : MARANGOU 1976, p. 26 n.100, pl. 47a ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 53 p. 257, pl. 19), et le relief Co. 2044 du musée Rodin. Toutefois, l’attitude du Triton diverge sur ses appliques. C’est vraisemblablement avec le relief Co. 2159-Co. 2272 que notre exemplaire entretient le plus d’affinités sur les plans iconographique et stylistique. Cet exemple de comparaison offre l’image symétrique de notre composition, tout en partageant la même approche esthétique.

 

Bien que la scène s’inspire de modèles marqués encore par la tradition classique, les figures, aux membres lourds et aux visages géométrisés, sont le signe d’une production assez tardive, sans doute à l’époque byzantine. Le corps féminin, aux formes particulièrement simplifiées, trouve un écho dans celui des appliques Co. 2203, Co. 2214 ou Co. 2267-Co. 2325 du musée Rodin. Sur chacune de ces pièces, le même parti pris est adopté : la poitrine vue de face est définie par deux ondulations en miroir, la cuisse droite est recouverte d’un drapé strié d’incisions matérialisant des plis raides, et la chevelure en calotte coiffe une tête animée par un gros œil en relief. Caractérisée par une rigidité importante, la figure répond à une approche synthétique de l’anatomie féminine. Le Triton, par ses traits schématiques, rappelle celui de la pièce Co. 2159-Co. 2272, ou encore celle de l’applique Co. 2250 du musée Benaki (MARANGOU 1976 n° 172 p. 117-18, pl. 51c).

 

Cette œuvre s’inscrit visiblement dans une famille de reliefs bien représentée au sein de la collection du musée Rodin. La réplique presque à l’identique de critères stylistiques, à partir d’un modèle donné, atteste une production en série. On notera également, que ces pièces similaires, convoquent souvent la même partie du squelette de bœuf, à savoir le tibia. La datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida, pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), permet d’envisager une production au VIe siècle de notre exemplaire.

 

Marquage Sur la face interne du bord supérieur, étiquette octogonale à liseré bleu en partie arrachée ; 26 marqué au crayon rouge.

 

Comparaisons -Paris, musée Rodin, Co. 2159-Co. 2272 (contrepartie), Co. 2203, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325 (attitude de la Néréide et style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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