Applique de mobilier

palmier entouré de rinceaux de vigne

Égypte > provenance inconnue

VIIe - VIIIe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,7 cm ; L. 3,5 cm ; P. 0,6 cm

Os, tibia de dromadaire ?

Co. 2284

Commentaire

Etat de conservation

La partie senestre de l’applique est manquante. Le fragment conservé offre une teinte beige ambrée, aux accents verdâtres par endroits, sur les deux faces. Les creux du décor emprisonnent de discrets sédiments, tandis qu’une fine couche de salissure recouvre le dos. Le fragment montre un important un réseau de fissures dans le sens longitudinal. On note aussi de petites pertes de matière près du chant sommital. Une forte abrasion caractérise les deux faces.

Description

Un cadre lisse, réservé dans la plaquette en os, borde la représentation d’un arbre s’apparentant à un palmier. Doté d’un tronc épais et d’un feuillage fourni, il se caractérise par une certaine rigidité. De longues feuilles aux nervures fortement soulignées se rattachent directement au tronc. À la base de l’arbre croissent des pampres de vigne qui s’enroulent en spirale (DELASSUS 2020, p. 49, fig. 9c). Des appliques exploitant un modèle proche étaient autrefois abritées dans les collections du musée de Berlin (WULFF 1909, n° 639-644, p. 148-149, pl. XVIII ; STERN 1954, p. 126, fig. 8 pl. 3). Sur une pièce en ivoire biface se dressait aussi un palmier-dattier, autour duquel se développaient les volutes de rinceaux de vigne, habitées de deux volatiles (WULFF 1909, n° 616 p. 144, pl. XVI).

 

Ce motif, qui associe l’arbre de vie à la vigne, présent déjà dans les mosaïques byzantines ou l’art sassanide, est un écho des décors monumentaux du début de la période omeyyade (STERN 1954 p. 126-127). Les mosaïques du Dôme du Rocher (691-692) et les sculptures des panneaux de bois de la mosquée Al-Aqsā à Jérusalem en fournissent des variantes (STERN 1954, p. 126, fig. 13 pl. 4). La traduction qu’en livre l’applique du musée Rodin fait appel, quant à elle, à une approche stylisée de l’élément végétal. Ce motif possède une variante : un arbre au tronc formé de deux branches entrelacées qui s’épanouissent à la cime en deux bouquets de feuilles (DELASSUS 2020, p. 49-50, fig. 9d). Deux appliques du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, découvertes à Antinoé, l’exploitent (E 11733, E 12483 : STERN 1954, p. 126-127, fig. 5 pl. 2).

 

Cette applique s’inscrit au sein de la famille des innombrables placages à décor floral et végétal sculptés dans l’os - ou plus rarement dans l’ivoire-, produits au début de la période islamique. Ces pièces découvertes en grande quantité à Alexandrie, à Abou Mina, à Fustat et en divers lieux d’Égypte ont pu être datées, grâce à des contextes archéologiques bien documentés, principalement de l’époque omeyyade (VIIe-VIIIe siècle) (. Exécutées en série, elles venaient sans doute orner des boîtes et différentes catégories de mobilier. Si les motifs qui s’y déploient puisent leurs origines dans l’art romain et byzantin, leur forte schématisation et leur caractère tapissant, renvoient davantage à l’interprétation qu’en a proposé le monde mésopotamien et syrien, notamment sur les décors sculptés des châteaux omeyyades de Jordanie (STERN 1954, p. 127 ; RODZIEWICZ 2012, p. 1-5). La mise au jour, sur des sites distincts, de plaquettes se référant aux mêmes modèles, laisse supposer le recours à des cartons circulant entre les ateliers (RODZIEWICZ 2016, p. 119). Associée aux notions de fertilité et de prospérité, cette évocation d’une nature luxuriante reflète aussi un changement dans le répertoire iconographique. La prédominance du décor végétal sur les représentations figurées témoigne de la diffusion de la religion islamique dans les cités égyptiennes au cours des VIIe-VIIIe siècles.

 

Marquage

Au dos, en partie inférieure, 5, marqué à l’encre noire.

 

Comparaisons

- Berlin, anciennement aux Staatliche Museen (WULFF, n° 616, 639-644).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

rinceau d’acanthe enfermant des fleurons

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 3 cm ; L. 10,9 cm ; P. 0,7 cm

Os, métatarse de bœuf, face postérieure

Co. 2221

Commentaire

Etat de conservation

Cassée dans l’angle supérieur dextre (sans la mesure l’on dispose la bordure lisse en bas), l’applique se distingue par une couleur beige ambrée assez sombre sur la face externe. Le dos offre une teinte jaune ocrée. Les anfractuosités du relief conservent des sédiments. Des résidus ocre rouge semblent être contenus dans les perforations des rosettes.

Description

Cet élément de placage constituait sans doute la bordure d’un décor plus vaste, habillant une pièce de mobilier. S’y déploient de façon linéaire deux rinceaux d’acanthe entrelacés dont les tiges décrivent des spirales aux mouvements contrariés. Les trois médaillons obtenus abritent des fleurons épanouis s’apparentant à des fleurs à quatre pétales gonflés, entourant un cœur profondément creusé (DELASSUS 2020, p. 58 n. 70, fig. 7 p. 79). De fins pétioles enserrent les fleurons, tandis que les extrémités des tiges se terminent par des appendices en forme de vrilles très stylisées. On distingue aussi dans les espaces résiduels, de petites feuilles en languette. Cette frise surmonte une bordure lisse qui jouxte le bord en partie inférieure.

 

Deux parallèles sont répertoriés pour cette plaquette. Un fragment conservé au musée Benaki à Athènes, qui offre un rinceau d’acanthe au caractère plus stéréotypé (18728 : MARANGOU 1976, p. 64, n° 239 p. 129, pl. 70h), et une seconde pièce, de taille réduite, passée en vente publique à l’hôtel Drouot à Paris, chez Rémy Lefur & Associés, dans le cadre de la vente Archéologie-Collection Bigot, le 29 septembre 2021 (lot 654). Sur ces deux reliefs, les médaillons dessinés par les volutes sont davantage géométrisés. Un moindre soin caractérise également les fleurons à quatre pétales puisque le cœur de la fleur n’est que discrètement indiqué.

 

Une dernière analogie peut être évoquée. Il s’agit d’un pilastre doté d’une base et sommé d’un chapiteau de type corinthien appartenant aux collections du Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Munich (ÄS 5931 : WILDUNG 1976, p. 275). Sur le fût du pilastre s’étirent deux tiges d’acanthe au dessin sinusoïdal donnant naissance à trois médaillons de forme oblongue. Ces derniers enferment des fleurons à quatre feuilles proches de ceux de notre pièce, à l’excepté du cœur qui apparaît en relief. La simplification du rinceau sur notre placage, malgré un sens du relief et une précision plus marquée que pour les pièces du musée Benaki et celle passée en vente publique à Paris, nous engagent à placer son exécution au IIIe-IVe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18728.

-Munich, Staatliche Museum Ägyptischer Kunst, ÄS 5931.

-Vente Paris, Hôtel Drouot, Rémy Le Fur & Associés, Archéologie – Collection Bigot, 29 septembre 2021, lot 654.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

feuilles d’acanthe abritant un fleuron Égypte

Égypte > provenance inconnue

IVe – Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,7 cm ; L. 2,9 cm ; P. 0,6 cm

Os, métapode de bœuf

Co. 2215

Commentaire

Etat de conservation

La face principale de la pièce révèle une couleur beige clair plutôt terne, tandis le revers offre une nuance jaune pâle. La pièce est conservée dans son intégralité, mais un éclat tronque son angle inférieur senestre. On remarque aussi un petit manque de matière le long du bord dextre, au dos. Si l’abrasion de sa surface est le trait le plus saillant de cet élément de placage, il révèle aussi un discret fendillement longitudinal. Les angles sont très émoussés. Les creux du décor emprisonnent quelques sédiments.

Description

L’applique étroite accueille un motif tronqué sur les bords, compris entre deux filets rectilignes en partie supérieure et inférieure. Il est formé par l’enroulement d’une tige d’acanthe qui accueille en son centre un gros fleuron épanoui. Les quatre pétales centraux semblent se déployer sur une seconde couronne de pétales circulaire. Les feuilles d’acanthe ne se distinguent pas de la tige épaisse qui décrit la spirale.

 

Le schéma décoratif dérive du même modèle que celui de la pièce du musée Rodin Co. 2144. Toutefois notre applique en livre une version très simplifiée, dans laquelle les éléments végétaux et floraux sont rendus de façon rudimentaire, avec des contours hésitants. Placé à la suite d’autres pièces similaires, cet élément de placage constituait peut-être une partie d’un long rinceau d’acanthe agrémenté de rosettes.

 

C’est avec la pièce Co. 2144 que notre relief entretient le plus d’affinités sur le plan formel. Cette applique, de plus grande taille, se caractérise néanmoins par un souci du volume et du détail plus prononcé, ainsi que par une plus grande fidélité aux rinceaux qui se déploient dans le domaine de la sculpture monumentale. La pièce en ivoire exhumée dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie présente une interprétation encore plus accomplie du motif de la volute d’acanthe garnie d’un fleuron (DI 96. 3111.2.3 (83) : RODZIEWICZ 2007, n° 41 p. 89, Pl. 19, Pl. 99-2 ; RODZIEWICZ 2016 p. 115, fig. 125 p. 116). La prise de distance de notre pièce avec les schémas tirés de l’ornementation de l’architecture classique et l’extrême stylisation de son motif, plaident en faveur d’une réalisation assez tardive, peut-être au cours du IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles du Centre d’études alexandrines, DI 96. 3111.2.3 (83).

-Paris, musée Rodin, Co. 2144.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

masque de théâtre entouré de pommes de pin

Égypte ?

IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 1,9 cm ; L. 5,7 cm ; P. 0,4 cm

Os

Co. 2156

Commentaire

Etat de conservation

La plaquette présente une teinte ivoirine claire sur les deux faces. Elle est brisée en diagonale sur son côté senestre. Les creux de la face principale conservent des sédiments, ainsi que les résidus d’une substance poudreuse blanche et ocre rose clair.

Description

Cette applique fragmentaire est sculptée d’un masque joufflu à la coiffure bouclée, tourné vers la gauche. Le visage vu de trois-quarts est bordé, sur la droite, de fruits et d’aiguilles de conifères. Le long du bord conservé, semble tomber un drapé. Ce détail suggère une ornementation en lien avec l’univers théâtral.

 

Le motif décoratif du masque intégré dans une frise végétale est fréquent à l’époque impériale, dans de nombreux domaines : sculpture, orfèvrerie, mosaïque, textile. Notre pièce souscrit à un modèle établi puisque quatre autres exemplaires de même taille répètent avec des variantes le dessin du masque légèrement tourné vers la gauche. Si le type diffère, le masque constitue toujours le centre de la composition, bordé de végétaux et de fruits agencés de façon symétrique.

 

La tête aux joues rebondies renvoie par son aspect à une applique découverte à Éphèse (DAWID 2003, p. 66, n° 168 pl. 32). La stylisation des traits du masque de cette analogie contraste avec le moelleux des chairs, les yeux aux paupières recreusées ou la souplesse des boucles de la chevelure de notre pièce. Témoignant d’une facture de grande qualité, cette dernière propose une version beaucoup plus aboutie que les plaquettes d’Athènes (18777-18778 : MARANGOU 1976, p. 60, n° 215-216 p. 125, pl. 65 d-e), ou encore que le relief fragmentaire passé en vente publique à Chicago chez Harlan J. Berk le 26 octobre 2017 (lot 463). Toutes ces pièces présente en leur milieu un masque cerné de pommes de pin, bien que les fruits soient plus moins schématiques selon les plaquettes. On notera le soin tout particulier avec lequel ont été traités les cônes des pommes de pin et les aiguilles sur l’exemple du musée Rodin.

 

L. Marangou considère ces éléments comme des parois de boîtes, mais cette hypothèse semble contredite par les stries d’abrasion visibles au dos de la pièce, qui préparaient sans doute son application sur un support, par collage. L’applique mise au jour à Éphèse a été rapprochée stylistiquement de reliefs découverts sur le site, attribués à la fin du IIIe - début du IVe siècle. Bien que notre exemplaire procède du même carton que toutes les comparaisons citées précédemment, elle s’en démarque par un relief très délicat et une minutie particulière. Cette finesse nous incline à songer à une production un peu plus précoce, au IIe-IIIe siècle, à moins qu’il ne faille y voir la marque du talent d’un artisan accompli.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, 18777, 18778.

-Éphèse (DAWID 2003 n° 168 pl. 32).

-Vente Chicago, Harlan J. Berk Ltd., 26 octobre 2017, lot 463.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

masque de théâtre féminin

Égypte > provenance inconnue

IIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, tibia de bœuf, face postérieure

H. 8,5 cm ; L. 3,6 cm ; P. 1,2 cm

Co. 2151

Commentaire

Etat de conservation

Le fragment d’applique se caractérise sur la face externe par une teinte beige grise en raison d’une légère couche de salissure. On note aussi quelques accents légèrement verdâtres. Le revers offre une coloration plus ocrée. Les parties senestre et inférieure sont manquantes. La cassure qui ampute le visage de sa moitié gauche, suit la ligne décrite par l’arrondi de la joue et la chevelure du personnage. La matière osseuse révèle un fendillement longitudinal généralisé. On remarque la présence de marques noires d’aspect gras sur les éléments les plus en saillie. Outre d’abondants sédiments, de discrètes traces d’ocre se distinguent aussi dans les zones en creux.

Description

La partie conservée de la pièce autorise l’identification d’un masque de théâtre féminin. Le visage vu de face révèle encore une joue pleine et un nez droit qui surmonte une petite bouche fermée aux lèvres charnues. L’œil grand ouvert est surplombé par une sourcil arqué. La chevelure torsadée retombe en mèche bouclées dans le cou. Une mitra ou un foulard semble ceindre le haut de la tête.

 

Les représentations de masques ne sont pas particulièrement fréquentes sur les placages de mobilier en os et ivoire supposés provenir d’Égypte, et présentent des modèles assez éloignés du nôtre. Une série de petites plaquettes, ornées en leur centre d’un masque entouré d’aiguilles et de pommes de pin, répond à un même carton, bien que le type du masque diffère selon les exemplaires (DAWID 2003, p. 66, n° 168 pl. 32 ; MARANGOU 1976, p. 60, n° 215-216 p. 125, pl. 65 d-e). La pièce du musée Rodin (Co. 2156) accueille une tête joufflue à la courte chevelure bouclée.

 

Deux appliques semi-circulaires conservées au département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France (froehner.904j), et au musée national de Varsovie (147070 : RODZIEWICZ 2016, fig. 135 p. 126), présentent un décor incisé, et sans doute autrefois incrusté de résine colorée, de deux masques féminins à haut onkos. Deux autres spécimens aux format proche abritent un masque entouré de deux volutes d’acanthe (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 4-5 p. 249-250). Un petit élément de placage carré faisant appel à la même technique, conservé également à la Bibliothèque nationale de France, mais sans provenance avérée, révèle lui aussi, un masque de théâtre (froehner.357bis).

 

Les fouilles des quartiers royaux d’époque ptolémaïque à Alexandrie (fouilles archéologiques du Centre d’études alexandrines au jardin du consulat britannique), ont livré un masque de théâtre en ivoire, aux yeux et aux lèvres autrefois incrustés (CON 96. 101130.2.56 (12) : RODZIEWICZ 2077, n0 1 p. 59-61, pl. 1, pl. 85, 1a ; RODZIEWICZ 2016, p. 12-13). D’après E. Rodziewicz, ce masque aux traits schématiques, délicatement sculptés, s’insérait vraisemblablement dans une frise décorant une pièce de mobilier. Un masque de théâtre représentant Dionysos a été mis au jour dans les années 1920 sur le site d’Aboukir (BRECCIA, p. 80, fig. 3 pl. LXIV ; RODZIEWICZ 2016, p. 13, fig. 6 p. 15). Ce masque d’une grande qualité de facture, se réfère, selon E. Rodziewicz, à un prototype de l’époque ptolémaïque. Un fragment découvert sur le site de Kôm el-Dikka conserve le sommet d’une chevelure de masque de théâtre (RODZIEWICZ 2016, p. 170, fig. 196 p. 172). Le Museo Egizio de Turin possède un fragment de masque aux boucles calamistrées retombant en mèches étagées (S. 1185 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, fig. 20 p. 115), ainsi qu’un masque comique (C. 6494 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, fig. 32 p. 122-123)

 

Puisqu’aucun de ces exemples ne se rapproche véritablement du fragment du musée Rodin, il nous faut davantage nous tourner vers les plaquettes d’incrustation en verre égyptiennes, produites à la fin de l’époque ptolémaïque et au début de l’époque romaine. Ces plaquettes, qui convoquent la technique du verre mosaïqué, comprennent une catégorie dédiée à l’illustration des masques de la Nouvelle Comédie, dont Ménandre est l’un des meilleurs représentants. Plusieurs auteurs (T. B. L. Webster, M. Stern et B. Schlick-Nolte, S. Auth et C. Mahnke) se sont employés à établir une corrélation entre les masques figurés sur les plaquettes et la liste citée par Pollux dans l’Onomasticon, au IIe siècle ap. J.-C. La plupart des masques féminins dépeignent des courtisanes, mais leur apparence n’est pas en tout point identique aux descriptions de Pollux. Le détail de la coiffure du masque de l’applique du musée Rodin pourrait faire songer au type Ab 8 défini par C. Mahnke : celui de l’hétaïre diamitros (au bonnet) (MAHNKE 2008, p. 55-56, n° 124-130 p. 155-159). Sa chevelure, sans frange, paraît surmontée d’un couvre-chef. Dans l’Onomasticon, Pollux indique que le personnage à la tête ceinte d’une mitra. Un fragment de décor incrusté conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre est dévolu à ce personnage féminin : l’hétaïre porte sur cet exemplaire, un foulard noué en pointe (E 22927, ARVEILLER & NENNA 2011, p. 386, n° 642 p. 390-391)

 

Souffrant d’un manque d’analogies, le fragment du musée Rodin ne peut être facilement daté. S’il se réfère sans doute à un modèle établi à l’époque hellénistique, et mérite d’être mis en rapport avec des occurrences relevant d’autres domaines artistiques, la technique mise en œuvre, ainsi que la stylisation de la chevelure, nous engagent à proposer une exécution entre le IIe et le IVe siècle.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

rinceau de vigne

Égypte > provenance inconnue

IVe- Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os long de bœuf

H. 8,3 cm ; L. 3 cm ; P. 0,5 cm

Co. 2149

Commentaire

Etat de conservation

L’applique est brisée dans sa partie supérieure. La teinte crème de sa face externe se pare d’une nuance plus jaune au revers. Une tache ocre brun clair couvre le milieu du dos. De nombreux sédiments se logent encore dans les creux du motif végétal et dans les trabécules du revers. Une couche blanche hétérogène non liée a été également été observée par la restauratrice V. Picur dans les anfractuosités du relief.

Description

Le rinceau de vigne, qui prend naissance dans l’angle conservé, devait se déployer sur toute la hauteur de l’applique. Son épaisse tige qui décrit de souples ondulations se développe dans un seul sens. Ce mouvement sinusoïdal ménageait des espaces approximativement triangulaires ou semi-circulaires,abritant les feuilles et les grappes de raisin. Les feuilles de vigne sont divisées en cinq lobes de forme irrégulière, séparés par de petits trous de trépan. Ce qui reste d’un ressaut lisse, le long du bord dextre, conforte l’idée d’un décor de pilastre, tel que le donne à voir un relief du musée gréco-romain d’Alexandrie (12340 : SHAHIN 1998 p. 373, fig. 2 p. 372).

 

Plusieurs institutions conservent des pièces avec un décor similaire. Au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, un exemplaire découvert en 1907 sur le site d’Antinoé, reproduit un rinceau garni de feuilles lisses, sans fruit, aux accents plus plastiques (E 12610 : STERN 1954, p. 127, fig. 7d pl. 3). D’autres analogies existent dans les collections du musée de Brooklyn à New York (37.1631E : COONEY 1941, n° 99 p. 35), et au sein du Victoria & Albert Museum à Londres (LONGHURST 1927, p. 24). S’il offre un rendu plus soigné des feuillages, ce dernier exemple, entretient avec la pièce du musée Rodin des affinités stylistiques et techniques. Les nervures des feuilles sont indiquées par des sillons redoublés, tandis que le creux des folioles est aussi marqué par de minuscules perforations.

 

Ces comparaisons, avec lesquelles notre pièce partage une tige souple et un feuillage traité avec soin, offrent un approche plus naturaliste que la plupart des appliques sculptées au début de l’époque islamique en Égypte. Motif de prédilection aux époques romaine et byzantine, cette plante au développement exubérant, est ensuite exploitée aux époques omeyyade et abbasside, afin de créer des compositions décoratives souvent symétriques.

 

Le fragment du musée Rodin apparaît comme la traduction à échelle réduite de modèles appartenant à la sculpture monumentale de la fin de l’Antiquité, sur lesquels les sculpteurs ont recours au trépan de façon à créer des zones d’ombres entre les lobes des feuilles de vigne. Cette caractéristique se perpétue au début de l’époque islamique sur nombre de pièce en ivoire, comme le relief biface à l’empereur triomphant conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 10813 : DELASSUS 2020, fig. 1b p. 30), ou un ivoire sculpté du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, n° 7115 p. 193, pl. XVI), mais aussi sur des décors en stuc abbassides (RATLIFF & EVANS 2012, fig. 104 p. 204). Cette particularité ne constitue pas pour autant un critère chronologique déterminant. Le fait qu’elle soit conjuguée ici à un rinceau ondoyant, nous incline à penser que notre applique pourrait avoir été sculptée au IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons :

-Londres, Victoria & Albert Museum (LONGHURST 1927, p. 24).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

candélabre végétal

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, tibia ou fémur de bœuf

H. 8,5 cm ; L. 4,4 cm ; P. 1 cm

Co. 2146

 

Commentaire

Etat de conservation

Égypte IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ? Os, tibia ou fémur de bœuf H. 8,5 cm ; L. 4,4 cm ; P. 1 cm Co. 2146

Description

L’intégralité de la surface offerte par la matrice osseuse est occupée par un motif de candélabre végétal formé de trois niveaux de tiges et de feuilles d’acanthe (DELASSUS 2020, p. 58 n. 73). Cette pièce constituait sans doute le sommet d’un pilastre en deux ou plusieurs parties. Son chant sommital est en effet souligné par une bordure lisse, tandis que le premier étage du candélabre est coupé en son milieu. Ce schéma ornemental, à l’organisation symétrique, prend appui sur un axe formé par la superposition de trois caulicoles très schématiques. Du court calice qui les surmonte naissent des tiges dont les volutes sont disposées en miroir.

 

Ce thème décoratif qui se déploie en hauteur, approprié tout particulièrement à l’animation de pilastres sculptés ou de panneaux peints, trouve ici une version très stylisée et exécutée de façon assez grossière. Les effets de volume sont réduits. On mesurera aisément la distance prise avec le modèle offert par l’autre applique sur laquelle se développe ce motif dans les collections du musée Rodin (Co. 2296). Cette dernière s’inspire fortement de monuments des Ier - IIe siècle, à la sculpture caractérisée par une clarté des contours et une approche naturaliste. Nous sommes en droit de nous demander s’il ne s’agit pas, dans notre cas, d’une pièce inachevée. Les formes, notamment celles des enroulements, semblent avoir été laissées en suspens. Cet état du travail limite la possibilité de procéder à analyse stylistique objective. Toutefois, la construction du candélabre végétal ne propose pas la même monumentalité que l’applique Co. 2296, et s’en distingue par une vision conventionnelle, passant par la répétition de motifs fortement simplifiés.

 

Ces deux pièces ne peuvent être mises en rapport qu’avec une seule autre applique ornée d’un candélabre végétal. Cet exemplaire conservé au musée gréco-romain d’Alexandrie a reçu une composition étagée, structurée par des caulicoles fusiformes. De part et d’autre de ces pédoncules, se développent des enroulements exubérants, renfermant des fleurons à quatre pétales (23809 : SHAHIN 1995, p. 372-373, fig. 1). L’état d’ébauche de notre pièce constitue un frein dans la suggestion d’une date de production. Deux paramètres contradictoires sont à prendre en compte : le choix d’un motif qui s’enracine dans la culture visuelle des premiers siècles de l’Empire, et son traitement géométrisé. Ceci nous engage à envisager une fabrication à la fin de l’Antiquité, au cours des IIIe- IVe siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 23809.

-Paris, musée Rodin, Co. 2296.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

feuilles d’acanthe abritant un fleuron

Egypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,7 cm ; l. 3,8 cm ; P. 0,8 cm

Os, tibia bœuf ?

Co. 2144

Commentaire

Etat de conservation

La pièce présente sur sa face externe, une teinte ivoirine assez claire, en dépit d’une couche de salissure importante. La couleur crème prend une nuance plus foncée au dos. L’applique est complète, malgré un petit éclat qui endommage l’angle supérieur dextre. Si quelques sédiments recouvrent le revers, ils se concentrent surtout dans les creux de la face principale, au sein desquels ils voisinent avec des restes d’ocre rouge foncé, non lié. On observe aussi des marques noires d’aspect gras.

Description

L’applique de forme rectangulaire n’accueille qu’une volute d’un rinceau d’acanthe. Entre deux bordures lisses en saillie, se déploie une tige végétale agrémentée de deux longues feuilles aux folioles découpées. Enroulées en sens contraire, celles-ci enserrent dans le médaillon ovale qu’elles définissent, un fleuron qui s’apparente à une rosace étoilée. Organisés autour d’un cœur en relief, les huit pétales ornés d’incisions, placés en quinconce, semblent se répartir sur deux rangs (DELASSUS 2020, p. 58 n. 71, fig. 7 p. 79).

 

Associés à d’autres pièces sculptées de spirales d’acanthe, cet élément de placage devait participer à une frise sur laquelle se déroulait un rinceau complet. Le même motif traité dans l’ivoire avec plus de délicatesse, se retrouve sur un relief mis au jour dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie (DI 96. 3111.2.3 (83) : RODZIEWICZ 2007, n° 41 p. 89, Pl. 19, Pl. 99-2 ; RODZIEWICZ 2016 p. 115, fig. 125 p. 116). Le modèle alexandrin, qu’E. Rodziewicz met en relation avec le décor architectural de l’époque augustéenne, se caractérise par une approche naturaliste de l’élément végétal. Le schéma aéré davantage propose des feuilles plus graciles et une fleur au second rang de pétales disposé en corolle.

 

Notre applique offre un motif stylisé, dont la fleur en rosace renvoie à un fragment d’applique passé en vente publique à Boulogne-Billancourt, chez Etienne Jonquet, le 27 janvier 2022 (Archéologie, meubles, tableaux, lot 92). L’agencement en étoile des pétales de la fleur, laisse place dans cet exemple, à un motif plutôt tournoyant. Une dernière analogie doit être évoquée : la pièce Co. 2215 du musée Rodin. Dérivant du même modèle, elle révèle, malgré une usure prononcée, une volute garnie d’un fleuron très simplifié.

 

Si les éléments végétaux de l’applique étudiée semblent avoir été rendus avec moins de méticulosité que sur le placage alexandrin, l’ensemble n’en conserve pas moins un certain sens du volume et du mouvement. La souplesse des feuillages et la fleur épanouie contrastent avec la volute tronquée et schématique de l’exemplaire Co. 2215. Ces critères permettent de proposer, de façon un peu arbitraire, une exécution au IIIe-IVe siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles du Centre d’études alexandrines, DI 96. 3111.2.3 (83).

-Paris, musée Rodin, Co. 2215.

-Vente Boulogne-Billancourt, Etienne Jonquet, Archéologie, meubles, tableaux, 27 janvier 2022, lot 92.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Homme drapé

Applique de mobilier

Provenance inconnue (Égypte ?)

Ve –VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,2 cm ; l. 2,8 cm ; P. max. 0,6 cm

Os de bœuf

Co. 2076

Commentaire

Etat de conservation

Cet élément d’applique brisé dans sa partie dextre présente une teinte crayeuse. Des sédiments se logent encore dans les creux de la face principale. V. Picur a mis en évidence une couche rose dans les plis du drapé, et de l’ocre jaune, sous l’auriculaire de la main gauche du personnage. On constate aussi la présence de marques noires. De petites taches ocre s’observent sur le menton de la figure d’homme et le long du bord senestre. Une fissure longitudinale traversante, ayant engendré des pertes de matière au revers, fragilise la pièce sur une partie de sa hauteur, de la main gauche du personnage jusqu’au bas de ses jambes.

Description

Cet élément d’applique, contrairement à la plupart des exemplaires attribués aux ateliers égyptiens d’époque romaine et byzantine, n’offre pas un cadre rectangulaire. Il épouse la physionomie d’un personnage qui se tient de face, debout. Celui-ci est drapé d’un ample himation qui dissimule le bas de son corps, et couvre son épaule gauche, pour retomber le long de sa jambe gauche. Le visage, vu également de face, est bordé par une chevelure animée de fines stries, et se termine par une courte barbe.

 

Cette figure masculine se caractérise par une tête et des extrémités menues, contrastant avec un corps plus massif. D’autres maladresses apparaissent : la tête semble légèrement décalée par rapport au buste, l’agencement du vêtement manque de naturel et s’avère peu compréhensible, l’enroulement du tissu au niveau du ventre prête à confusion. L’absence d’exactitude sur le plan anatomique se double d’un travail assez frustre de la matière osseuse. Les pieds ne sont pas individualisés, l’enroulement du drapé autour des jambes se traduit par des plis courbes schématiques, tandis que les traits du visage sont fortement simplifiés, voire réduits à des formes géométriques.

 

L’identification iconographique de cette applique pose question. L’attitude de la figure et la disposition du manteau nous engage à reconnaître soit un philosophe, soit une divinité masculine appartenant à la mythologie gréco-romaine. L’objet de forme globulaire qu’elle tient dans sa main gauche n’apporte guère d’indices. En plaçant cette pièce en regard des nombreuses appliques dévolues à l’illustration du thiase dionysiaque, nous remarquons que son apparence générale rappelle lointainement les représentations de Silène (MARANGOU 1976, p. 33, p. 96-97, n° 54-58, pl. 17-18). Néanmoins de nombreux détails diffèrent, outre la rigidité de la pose : le ventre adipeux non apparent, la calvitie inexistante, l’attribut informe.

 

La provenance égyptienne de l’applique peut être discutée puisque son contexte de découverte demeure inconnu, et qu’elle ne rencontre aucun équivalent parmi les pièces exhumées sur les sites égyptiens. L’exécution peu délicate, la fixité de l’attitude et l’éloignement par rapport au canon classique, nous encouragent à ne pas la dater avant le Ve-VIe siècle, à moins qu’elle ne soit le fruit d’un artisan en formation.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

chapiteau de colonne de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

Fin IVe – début Ve siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 2,45 cm ; L. 2,2 cm ; P. max. 2 cm

Os, métatarse de bœuf

Co. 5673

Commentaire

Etat de conservation

L’élément d’applique offre une teinte ivoirine sur tous les côtés, mais propose une tonalité légèrement plus ocrée sur le chant sommital. Conservé dans son intégralité, il présente néanmoins de nombreux éclats de surface sur les rangs de feuilles d’acanthe et sur l’astragale. Les anneaux de tournage encore bien visibles au revers sont en partie délités. De légers sédiments se logent encore dans les creux.

Description

Ce petit chapiteau corinthien, à la base circulaire et au sommet ovale, coiffait vraisemblablement une colonnette s’intégrant dans un décor d’architecture miniature. La corbeille surmonte une fine moulure qui matérialise l’astragale. Sur trois de ses côtés se succèdent deux couronnes de feuilles d’acanthe, et un dernier niveau sur lequel sont esquissés calices et volutes (DELASSUS 2020 p. 59 n. 76, fig. 12 p. 83). Le rang inférieur est constituée de trois feuilles d’acanthes molles épanouies, chacune couvrant la moitié de chaque face du chapiteau. De plus petites feuilles placées en quiconque, aux retombées disposées dans les angles, forment le second rang. Seul le départ des volutes a été incisé. Les enroulements aux angles n’ont pas été sculptés. La quatrième face a volontairement été laissée inachevée. Les anneaux de tournage séparés par de profondes incisions, destinés à accueillir les différents rangs de feuillages ont été laissés bruts. Ce revers devait sans doute être appliqué contre le meuble à orner.

 

D’autres exemples de chapiteaux corinthiens de petites dimensions se rencontrent dans les collections du musée gréco-romain d’Alexandrie (12264, 12372 : RODZIEWICZ 2007 p. 95). Ils ont pour particularité aussi de n’avoir été façonnés que sur trois faces, comme celui exhumé sur le site du théâtre Diana, lors des fouilles conduites par la mission française (DI 95. Sect. 3.1194. 6.1(40): RODZIEWICZ n° 56 p. 94-95, fig. 56a-d pl. 22, fig. 1 pl. 101; RODZIEWICZ 2016, p. 163-164 fig. 186). Cette caractéristique se retrouve sur les dix-neuf pièces de la série, complétée par plusieurs fragments, mise au jour à Kenchreai (Cenchrées), port du golfe Saronique de Corinthe, lors des fouilles archéologiques menées par l’université de Chicago entre 1963 et 1968. Ces éléments d’architecture miniature appartenaient à des vestiges de meubles découverts lors de la mission de 1964 dans une salle à abside dotée d’un bassin octogonal, située sur le côté nord-est d’un sanctuaire identifié comme un temple dédié à Asclépios et Isis (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007 p. 165-169, 194, 203, pl. V.1, V.5, V.6). Si les dimensions de ces éléments de décor coïncident avec celles des deux spécimens du musée Rodin, la matière première mise en œuvre diffère, puisqu’il s’agit d’ivoire.

 

Les modèles de chapiteaux destinés à s’intégrer dans une reproduction d’un décor architectural de taille réduite sont répertoriés dans plusieurs collections. Deux exemplaires provenant des fouilles de l’Egypt Exploration Fund à Oxyrhynchos (El-Bahnasa) en 1903-1904, sont conservés au Victoria & Albert Museum (1920-1897, 1920a-1897 : LONGHURST 1927 : p. 18). Les collections du musée Benaki d’Athènes en renferment deux également, dont l’un présente une hauteur plus importante (18732-18733 : MARANGOU 1976 : p. 64-65, n° 244-245 p. 130, pl. 70 c-d.). Un chapiteau corinthien servant de base à un assemblage de divers éléments tubulaires se trouve dans la collection Malcove au musée d’art de l’université de Toronto (M82.337 : CAMPBELL 1997, n° 66 p. 61). On peut encore citer un exemplaire, à la corbeille plus développée et à la plasticité plus prononcée que la pièce du musée Rodin, appartenant au Walters Art Museum de Baltimore (71.558 : RANDALL 1985, n° 70 p. 68-69).

 

Toutefois, c’est surtout, en plus des pièces de la série de Kenchreai, avec deux chapiteaux que notre élément entretient des affinités : celui autrefois conservé au musée de Berlin provenant d’Alexandrie (I. 4026 : WULFF 1909, n° 524 p. 130, Pl. XXV), et un spécimen découvert sur le site de Kôm el-Dikka, dans la maison B de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, fig. 15 p. 146)., De dimensions plus réduites que la pièce du musée Rodin Co. 2299, il offre un traitement davantage achevé et précis des feuilles d’acanthe, pour lesquelles folioles, digitations et nervures ont été indiquées au burin.

 

L’association des chapiteaux miniatures de Kenchreai en ivoire à d’autres éléments de décor architectural (bases de colonnettes en ivoire, colonnettes en bois au fût plaqué d’ivoire, arcatures en bois recouvertes de minces placages en os), a conduit W. Olch-Stern et D. Hadjilazaro-Thimme à reconstituer cette micro-architecture (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, fig. V.22a p. 197, pl. V. 1). Ces éléments en ronde-bosse venant s’appliquer contre la surface d’un meuble, participaient à créer une ornementation jouant sur la profondeur. Des restitutions de cabinets ou d’armaria, voués à abriter les volumina et des codices à l’époque romaine, ont été proposées à partir des différents éléments de décor livrés par les fouilles de Kenchreai (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 281-294). La façade de ces meubles ouvrant par deux vantaux pouvait peut-être se parer d’une succession d’arcatures surmontant des appliques figurées (RODZIEWICZ 2016 p. 137-145 ; DELASSUS 2020, p. 70-71, fig. 14 p. 84).

 

Alors que les deux chapiteaux du musée Benaki étaient datés, selon des critères stylistiques, du IIIe –IVe siècle, la série de la salle à abside du port de Corinthe a pu être reliée à un contexte défini. Il semblerait que ces décors de mobilier, ainsi que de nombreux panneaux en opus sectile en verre, aient été entreposés dans l’attente de la réfection de certains bâtiments, endommagés par une série de tremblements de terre dans le troisième quart du IVe siècle (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 8-9). En outre, l’iconographie, comme le style et la technique adoptés sur les placages, indiquent une réalisation au milieu du IVe siècle (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 301-308). Les chapiteaux miniatures alexandrins signalent un maintien de ces formes à une époque plus tardive. L’exemplaire mis au jour dans les années 1970 à Kôm el-Dikka est à rattacher à la « maison B » occupée du Ve au début du VIIe siècle (RODZIEWICZ 1998, fig. 15 p. 146). Ce type de chapiteau miniature en os perdure au moins jusqu’au IXe siècle puisque des modèles inachevés ont été découverts dans un important dépôt en connexion avec des habitations du début de l’époque islamique le long de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, p. 154-155 p. 146). La proximité de la technique de mise en œuvre et de style de notre pièce avec certains chapiteaux corinthiens de Kenchreai nous engage à assigner l’élément de décor en trois dimensions du musée Rodin à la fin du IVe siècle, sans pour autant exclure une production un peu plus tardive au début du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12264, 12372.

-Alexandrie, mission polonaise, site de Kôm el-Dikka, quartier d’habitations de la rue R4, dépôt 3B (proche sur le plan stylistique).

-Alexandrie, mission française, site du théâtre Diana, DI 95. Sect. 3.1194. 6.1 (40).

-Athènes, musée Benaki, 18733. -Baltimore, Walters Art Museum, 71.558.

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 4026 (proche sur le plan stylistique).

-Kenchreai (Cenchrées), OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, n° 379-401.

-Londres, Victoria & Albert Museum, 1920-1897, 1920a-1897.

-Paris, musée Rodin, Co. 2299.

-Toronto, Art Museum of University, M82.337.

-Vente Montrose, Ancient Resource Auctions, 27 octobre 2013, lot 125C.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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