Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 1,6 cm ; L. 11,5 cm ; ép. max. 0,8 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2321
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 1,6 cm ; L. 11,5 cm ; ép. max. 0,8 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2321
La partie dextre de ce long élément de placage est brisée. Le chant sommital, côté dextre est fragilisé par une fente. La pièce présente une teinte jaune, modifiée par une tache d’oxydation qui s’est répandue sur la zone dextre, sur le chant supérieur et la volute, et au revers. Des stigmates laissés par des radicelles couvrent les deux faces, ainsi que les bords. On observe de nombreuses concrétions ou sédiments gris dans les creux, et en certains endroits, au dos. Quelques petites taches noirâtres et ocre ponctuent la face principale et le chant sommital.
Cette baguette longue et étroite constitue la partie supérieure de la corbeille d’un chapiteau Au centre est sculpté le fleuron très stylisé, qui marque habituellement l’axe du chapiteau. Il est ici entouré de deux tiges d’acanthe étirées à l’horizontale, donnant naissance aux volutes d’angle. Alors que sur le schéma classique du chapiteau corinthien, les volutes se déploient vers les angles supérieurs du calathos, le bourgeon ou fleuron vient garnir le plus souvent le milieu de l’abaque. L’abaque et le haut de la corbeille semblent donc fusionner sur cette applique. L’élément de placage venait sans doute surmonter un chapiteau de pilastre corinthien. Sa largeur inédite permet d’envisager son intégration à décor de grande taille décorant un volumineux coffret, un meuble imposant, des portes ou même un mur. On peut aisément imaginer que le pilastre pouvait avoisiner les trente ou quarante centimètres de haut (DELASSUS 2020, p. 71 n. 143, fig. 15b p. 84). Les sources littéraires attestent l’usage abondant qui est fait de l’ivoire dans le décor architectural des palais de l’époque hellénistique en Égypte (MARANGOU 1976 p. 64 ; RODZIEWICZ 2016 p. 29). Athénée de Naucratis, reprenant Callixène de Rhodes à la fin du IIe siècle après J.-C., livre dans les Deipnosophistes une description du Thalamegos, bateau construit par le souverain lagide Ptolémée II Philadelphe à la fin du IIIe siècle avant J.-C. à Alexandrie (Deipnosophistes, V, 204-206). Le vaisseau était doté d’un propylée d’ivoire et de bois précieux à la proue ; à proximité ouvrait une salle à manger aux portes plaquées de bois relevé d’ornements en ivoire, décorée de colonnes surmontées de chapiteaux en ivoire et d’une frise figurée, sculptée également dans le même matériau. Bien que peu d’éléments de ces répliques à taille réduite d’architecture monumentale subsistent pour les périodes ptolémaïque et romaine, il est fort probable que de tels décors intérieurs introduisant des appliques en ivoire ont dû exister.
Sans réel équivalent, le relief du musée Rodin peut être rapproché de trois moitiés de chapiteau ionique, aux proportions similaires. La première applique est conservée au musée Benaki à Athènes (18727 : MARANGOU 1976, n° 243 p. 130, pl. 70a), la seconde provenant des fouilles menées à Alexandrie par E. von Sieglin appartient aux collections de l’Albertinum Museum à Dresde (PAGENSTECHER 1913, p. 231, pl. LVI, 1), et la dernière a été exhumée à Césarée Maritime (AYALON 2005, n° 355 p. 94, p. 294-295). D’autres chapiteaux de pilastre renvoient également à notre pièce. Il s’agit des chapiteaux de pilastre du coffret du tombeau de Namôsas situé à Haïfa, dont le décor est aujourd’hui conservé au musée du Louvre (AO 3087 : CAUBET & GABORIT-CHOPIN 2004, n° 99 p. 90-92), ou un exemplaire très proche provenant de Césarée Maritime (AYALON 2005, n° 354 p. 94, p. 294). La longueur de l’abaque de ces pièces, légèrement plus courte que la nôtre, permet d’estimer de manière approximative la taille de l’ensemble du décor auquel participait le relief en os du musée Rodin.
Les éléments de micro-architecture mis au jour à Kenchreai (Cenchrées), port du golfe Saronique de Corinthe en 1964, par une mission de l’université de Chicago, livrent un témoignage de premier ordre quant au parement de meubles de prix durant la fin de l’Antiquité (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, fig. V.22a p. 197, pl. V. 1). Associés à des vestiges de mobilier découverts en partie immergés dans une salle à abside ornée d’un bassin octogonal, ils devaient garnir les façades de cabinets ou d’armaria dont plusieurs restitutions ont été proposées (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 281-294 ; RODZIEWICZ 2016 p. 137-145). On trouve également la présence de chapiteaux miniatures au sommet des pilastres cannelés scandant la frise d’ivoire de la Hanghaus 2 d’Éphèse (DAWID 2003, pl. 9, 11-13).
Il demeure difficile de relier cet élément de placage en os à une période précise. Toutefois, le remplacement des hélices au centre de la partie supérieure de la corbeille du chapiteau par le fleuron de l’abaque semble indiquer un éloignement du type du chapiteau corinthien classique. Aussi peut-on proposer, de façon un peu arbitraire, une production au IVe-Ve siècle.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Fin IVe – début Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 3,1 cm ; L. 2,6 cm ; P. max. 2,55 cm
Os, métatarse de bœuf
Co. 2299
Une couleur ivoirine assez uniforme caractérise la matière osseuse de cet élément de décor de micro-architecture. De légers sédiments subsistent dans les creux des feuillages, sur le chant sommital et dans la cavité médullaire. On remarque également des marques noires d’aspect gras sur les zones du relief les plus en saillies. Au revers, un éclat endommage l’anneau de tournage inférieur.
La corbeille du chapiteau offre trois faces garnies de feuilles d’acanthes, tandis que la quatrième n’a pas été sculptée. Ceci s’explique par le fait que le chapiteau surmontait une colonnette plaquée contre la paroi d’un meuble. Au-dessus d’un ressaut annulaire figurant l’astragale, s’épanouissent des feuilles d’acanthe sur deux rangs. Leurs retombées superposées sont placées dans les angles. Au centre de chacune des faces sculptées, naissent des feuillages, des tiges qui s’étirent vers les angles supérieurs en volutes. Le dessin assez heurté des feuilles, comme des volutes, témoigne peut-être de l’inachèvement du chapiteau, ou du moins d’une forte stylisation.
Les exemples de chapiteaux corinthiens de taille réduite sont fréquents dans les collections : un exemplaire aux effets plastiques, très différent du nôtre, appartient au Walters Art Museum de Baltimore (71.558 : RANDALL 1985, n° 70 p. 68-69). Un chapiteau corinthien servant de base à un assemblage de divers éléments tubulaires peut être repéré dans la collection Malcove au musée d’art de l’université de Toronto (M82.337 : CAMPBELL 1997, n° 66 p. 61). Un exemplaire acquis à Alexandrie était autrefois abrité au musée de Berlin (I. 4026 : WULFF 1909, n° 524 p. 130, Pl. XXV), On peut ajouter les deux spécimens qui se trouvent au musée gréco-romain d’Alexandrie (12264, 12372 : RODZIEWICZ 2007 p. 95), et les deux autres issus des fouilles de l’Egypt Exploration Fund à Oxyrhynchos (El-Bahnasa) en 1903-1904, conservés au Victoria & Albert Museum (1920-1897, 1920a-1897 : LONGHURST 1927 : p. 18). Les collections du musée Benaki d’Athènes renferment aussi deux chapiteaux, dont l’un se distingue par une taille plus importante (18732-18733 : MARANGOU 1976 : p. 64-65, n° 244-245 p. 130, pl. 70 c-d.).
Les trois faces en relief, conjuguées à une quatrième face non sculptée, sont une caractéristique qui s’observe sur un ensemble de chapiteaux miniatures découvert à Kenchreai (Cenchrées), port du golfe Saronique de Corinthe, pendant les fouilles archéologiques menées par l’université de Chicago entre 1963 et 1968. Ces décors architecturaux faisaient partie de vestiges de meubles mis au jour en 1964 dans une salle à abside ornée d’un bassin octogonal, située sur le côté nord-est d’un sanctuaire possiblement dédié à Isis (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007 p. 165-169, 194, 203, pl. V.1, V.5, V.6). Les dimensions de ces dix-neuf pièces d’ivoire, complétées de quelques fragments, s’approchent de celle du musée Rodin, mais leur sculpture semble plus soignée, à l’instar du chapiteau corinthien Co. 5673 du musée Rodin.
L’intégration des chapiteaux miniatures de Kenchreai à une micro-architecture composée de bases de colonnettes en ivoire, de colonnettes en bois au fût plaqué d’ivoire, ou d’arcatures en bois recouvertes de minces placages en os, a permis une reconstitution de l’ensemble du programme décoratif (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, fig. V.22a p. 197, pl. V. 1). Les chapiteaux en trois dimensions appliqués contre la surface d’un meuble, créaient une ornementation jouant sur différents niveaux de profondeur. Des restitutions de cabinets ou d’armaria, destinés à abriter les volumina et des codices à l’époque romaine, ont été proposées à partir des différents éléments de décor livrés par les fouilles de Kenchreai (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 281-294). La façade de ces meubles formée de deux portes protégeant leur précieux contenu, pouvait se parer d’une succession d’arcatures surmontant des appliques figurées (RODZIEWICZ 2016 p. 137-145 ; DELASSUS 2020, p. 70-71, fig. 14 p. 84).
Les différentes missions archéologiques qui ont exploré le sous-sol alexandrin ont mis au jour plusieurs pièces répondant à la typologie qui nous intéresse. Un spécimen découvert sur le site de Kôm el-Dikka, dans la maison B de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, fig. 15 p. 146) a pu être mis en rapport avec l’occupation de cette habitation du Ve siècle au début du VIIe siècle. La présence de modèles inachevés dans un important dépôt lié à un habitat du début de l’époque islamique le long de la rue R4 (RODZIEWICZ 1998, p. 154-155 p. 146), a démontré la permanence de ce type de décor jusqu’au IXe siècle.
Le chapiteau d’ordre corinthien exhumé sur le site du théâtre Diana, lors des fouilles conduites par la mission française (DI 95. Sect. 3.1194. 6.1(40): RODZIEWICZ n° 56 p. 94-95, fig. 56a-d pl. 22, fig. 1 pl. 101; RODZIEWICZ 2016, p. 163-164 fig. 186) constitue sans doute l’une des analogies les plus proches. Il a pu être daté par E. Rodziewicz de la fin IVe- début Ve siècle. L’attribution de la famille de chapiteaux découverte dans la salle à abside de Kenchreai au milieu du IVe siècle (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 301-308), vient à l’appui de la date de production avancée pour la pièce alexandrine. Ces faisceaux d’indices relatifs à des pièces bénéficiant de contextes archéologiques bien étayés nous autorisent à placer la production de notre chapiteau entre la fin du IVe et le début du Ve siècle.
Comparaisons
-Alexandrie, musée gréco-romain, 12264, 12372.
-Alexandrie, mission polonaise, site de Kôm el-Dikka, quartier d’habitations de la rue R4, dépôt 3B.
-Alexandrie, mission française, site du théâtre Diana, DI 95. Sect. 3.1194. 6.1 (40) (analogie la plus éloquente).
-Athènes, musée Benaki, 18733.
-Baltimore, Walters Art Museum, 71.558.
-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 4026 -Kenchreai (Cenchrées), OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, n° 379-401.
-Londres, Victoria & Albert Museum, 1920-1897, 1920a-1897.
-Paris, musée Rodin, Co. 2299.
-Toronto, Art Museum of University, M82.337.
-Vente Montrose, Ancient Resource Auctions, 27 octobre 2013, lot 125C.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 9,2 cm ; L. 1,9 cm ; P. max. 1,1 cm
Os, métatarse d’âne
Co. 2292
L’élément de placage présente une couleur ivoirine sur la face principale, qui prend des accents plus dorés au dos, notamment sur les bords internes. Une petite tache grise se repère au-dessus de l’astragale. Une légère couche de salissure recouvre les parties sculptées. La pièce est brisée en partie inférieure et révèle un discret fendillement longitudinal sur le fût de la demi-colonne.
L’applique est constituée par une demi-colonne au fût lisse, surmontée d’un chapiteau de type corinthien à deux rangs de feuillages et volutes d’angle. La corbeille de ce dernier repose sur un astragale à double moulure, mais apparaît légèrement décentrée par rapport à l’axe de la colonne. Dégagé en haut-relief, le chapiteau présente deux faces sculptées. Son côté dextre non décoré était peut-être placé contre un support (DELASSUS 2020 p. 58 n. 74).
Sur la face principale se développe une large feuille, vue de face. Entourée et en partie surmontée par deux autres feuilles aux extrémités recourbées, elle occupe la moitié de la hauteur du calathos. Le dernier étage se résume à deux volutes très rapprochées. Le côté senestre du chapiteau offre la même ornementation, mais amputée de moitié dans le sens vertical.
De nombreux exemples de demi-colonnes ont été mis au jour à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, n° 57-61 p. 95-97 pl. 22, 101-2,3,4,5,6 ; RODZIEWICZ 2016, p. 163, fig. 187 p. 165) et à Césarée Maritime (AYALON 2005, n° 346-350, p. 92-93, p. 272-273). Leur fût lisse ou torsadé supporte généralement un chapiteau réduit à un renflement, encadré de plusieurs moulures. Cette caractéristique est parfaitement illustrée par une demi-colonne à double décor découverte à Antinoé, conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 12492). Sur un spécimen autrefois abrité dans les collections du musée de Berlin, la corbeille est habillée d’une simple quadrillage (WULFF 1909, n° 451 p. 123, pl. XX). Rares sont les ensembles, associant sur le même élément d’applique, le support architectonique et le chapiteau. On pourra citer deux pièces en os passées en vente publique sans provenance : une demi-colonne sommée d’un chapiteau corinthien ouvragé, vendue le 28 septembre 2013 à Montrose, chez Ancient Resource Auctions (lot 168), et une colonne à l’une des extrémités garnie de feuillages, mise en vente à Londres, chez TimeLine Auctions, le 23 mai 2018 (lot 852).
L’organisation du décor de la corbeille du chapiteau rappelle étroitement celle de certains chapiteaux en ronde-bosse du musée Benaki d’Athènes (18732-13733 : MARANGOU 1976 n° 244-245 p. 130 pl. 70 cd). Les feuilles étirées en hauteur et les volutes qui les surmontent, participent d’une déformation et d’une compression du décor, qui n’est pas sans évoquer certains chapiteaux présents sur les diptyques consulaires du VIe siècle ou d’autres ivoires chrétiens. Le soin accordé à la sculpture des feuilles - pour lesquelles sont précisées les multiples digitations et le réseau de nervures-, ainsi que l’impression de plasticité qui se dégage de l’ensemble, font de cette applique une pièce de qualité. La découpe particulière de l’élément, ainsi que le décentrage du chapiteau invitent à y voir presque un quart de colonne. Bien qu’aucune analogie ne soit répertoriée pour ce parement de mobilier appartenant à une micro-architecture, il peut être relié aux parements de meubles de prix, provenant de Kenchreai (Cenchrées), l’un des ports de Corinthe. Assignés au milieu du IVe siècle, ces placages en ivoire ornaient sans doute des cabinets ou armaria (OLCH-STERN & HADJILAZARO-THIMME 2007, p. 281-294). Aussi peut-on proposer d’attribuer, notre support architectural au IVe siècle, sans pour autant exclure une réalisation légèrement plus tardive.
Marquage
Sur la face interne du bord dextre, en partie inférieure, 119, écrit à l'encre violette, très effacé ; reste d'étiquette bleue arrachée en-dessous.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIe- IIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 4,7 cm ; L. 5,7 cm ; P. max. 0,6 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2288
La pièce se caractérise par une teinte ivoirine, légèrement rosée, sur la face principale. Le revers offre une tonalité identique mais plus soutenue. La partie supérieure dextre est brisée, tandis que des fissures transversales courent en partie inférieure. L’astragale, à la couleur plus crayeuse présente un certain délitement. Les trabécules du dos renferment encore des sédiments.
légèrement évasé en partie supérieure. Elle repose en partie basse sur un bourrelet rectiligne représentant l’astragale. Son décor consiste en trois feuilles d’acanthe épanouies aux extrémités recourbées disposées sur deux rangs. De part et d’autre de la feuille centrale, matérialisant un second rang de feuillages, naissent les volutes d’angle. Si les larges feuilles sont rendues avec soin et leurs différents détails (folioles, digitation set nervures) traités avec précision, force est de constater que le dessin du troisième niveau du calathos a été simplifié. Les volutes d’angle prennent l’apparence de simples tiges d’acanthe à enroulement terminal, sans que les caulicoles et les calices, dont elles sont censées jaillir, n’apparaissent (DELASSUS 2020 p. 71 n. 142, fig. 15c p. 84).
La minceur du chapiteau indique qu’il surmontait sans doute un pilastre, s’intégrant ainsi dans un décor architectural de taille réduite destiné à parer un coffret ou un meuble de plus grande taille. Par rapport aux autres chapiteaux de pilastre du musée Rodin, souvent étirés en hauteur, ce chapiteau corinthien, malgré un relief peu accentué, offre des proportions plus harmonieuses. Son gabarit rappelle un chapiteau de pilastre provenant des fouilles menées à Alexandrie par Ernst von Sieglin et conservé à l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, p. 232, pl. LVI, 5), mais le décor de sa corbeille diffère nettement. Il peut aussi être rapproché d’un fragment d’applique accueillant un chapiteau corinthien au-dessus d’un rinceau de vigne passé en vente publique chez TimeLine Auctions à Londres (TimeLine Auctions Antiquities Sale - Day 2, 23 février 2022, lot 712). Bien que les rangs de feuillages soient plus fournis et les volutes sculptées avec davantage de vigueur, le soin accordé au rendu des folioles et nervures renvoie au travail soigné du chapiteau du musée Rodin.
Si un certain nombre de chapiteaux de pilastre semblent attribués à la fin de l’Antiquité (MARANGOU 1976 p. 65), des exemplaires plus précoces sont répertoriés. Parmi eux peuvent être cités les chapiteaux de pilastre du coffret du tombeau de Namôsas situé à Haïfa. Ce décor aujourd’hui conservé au musée du Louvre est daté du Ier-IIe siècle après J.-C. (AO 3087 : CAUBET & GABORIT-CHOPIN 2004, n° 99 p. 90-92). La frise en ivoire de la Hanghaus 2 d’Éphèse (DAWID 2003, pl. 9, 11-13), représentant probablement les campagnes militaires de Trajan contre les Parthes, inclut aussi des chapiteaux miniatures au sommet des pilastres cannelés qui scandent les différentes scènes. Notre chapiteau se distingue de ces références sur le plan formel, mais le respect des proportions et la dépendance à l’égard des modèles de l’époque impériale, malgré la suppression de certains détails, sont le reflet d’une réalisation de qualité. Ces critères sont peut-être aussi les signes d’une production datant de l’époque impériale. Nous pouvons assigner notre pièce, de manière un peu arbitraire, au IIe-IIIe siècle, sans toutefois écarter une datation un peu plus tardive.
Marquage
Au dos, en partie inférieure, est marqué 104, à l’encre violette.
Comparaisons
-Dresde, Albertinum Museum.
-Vente Londres, TimeLine Auctions, 23/02/2022, lot 712.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 5,1 cm ; L. 3,1 cm ; P. max. 0,8 cm
Os, métacarpe de bœuf
Co. 2287
L’applique offre une teinte ivoirine claire, uniforme sur les deux faces, malgré une légère couche de salissure. Elle est cassée en partie inférieure et le long du bord dextre. On observe de petites taches ocre sur le bord supérieur. Quelques sédiments sont encore présents dans les creux de la face principale et au revers. Des fentes longitudinales fragilisent la pièce. Le relief est très abrasé.
Le chapiteau de pilastre qui occupe cette applique de forme rectangulaire se caractérise par une corbeille peu évasée et particulièrement étroite. La cassure en partie basse nous prive de l’indication de l’astragale. Le calathos est recouvert de deux feuilles d’acanthe épanouies qui se déploient de face. La feuille du niveau inférieure est incisée de multiples stries qui indiquent ses nervures. Le centre du limbe est marqué par une nervure axiale. La seconde feuille, qui se développe à l’arrière, ne laisse dépasser que son extrémité recourbée.
Ce chapiteau de pilastre fragmentaire s’inscrit dans une série de petits chapiteaux du musée Rodin offrant une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon à considérer un relief très similaire exhumé à Césarée Maritime, à la fois comme un chapiteau et une base de colonne à décor d’acanthes. L’étirement des limbes des feuilles rappelle effectivement certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
Comme sur les appliques Co. 2266 et Co. 2269 du musée Rodin, la retombée des feuillages présente une plasticité prononcée. Bien que le modelé soit moins soigné que sur l’applique Co. 2266, la saillie du relief et la relative souplesse des feuilles contraste avec la rigidité des feuillages des appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2269. Plusieurs sites ont révélé des pièces analogues. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a livré une pièce sur laquelle s’étagent deux grasses feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).
Ce chapiteau de type corinthien très stylisé coiffait vraisemblablement un fût de pilastre pour s’inscrire dans une composition architecturale miniature. Les chapiteaux en trois dimensions découverts à Kenchréai en Grèce ont été associés au parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas impossible que les chapiteaux de pilastre sculptés en vue d’être adossés à une paroi de mobilier aient pu aussi agrémenter des coffrets ou des meubles de prix de grande taille (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).
En s’appuyant sur des critères stylistiques, L. Marangou a proposé de dater les appliques 18734-18735 du musée Benaki, du IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). C. Ghiringello semble avoir confirmé cette hypothèse pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Par contre, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). Toutefois, un rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, permet d’envisager une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos, marqué dans le sens vertical, 114, à l’encre violette, assez effacé.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2269.
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6,8 cm ; L. 3,2 cm ; P. max. 0,9 cm
Os, métacarpe de bœuf, face antérieure
Co. 2279
La pièce offre une couleur ivoirine sur la face externe, avec une zone ocre jaune dans l’angle inférieur senestre. Cette teinte plus soutenue se retrouve sur tout le dos. Conservée dans son intégralité, l’applique ne présente qu’un large éclat dans l’angle supérieur dextre. La couche de salissure très superficielle laisse deviner une forte abrasion du relief.
Cette applique rectangulaire accueille un chapiteau de pilastre de type corinthien particulièrement étroit. Sa forme légèrement évasée vers la base semble contredire le schéma habituel de la corbeille de chapiteau, qui s’élargit en partie supérieure. Pourtant, cette caractéristique se retrouve sur deux des appliques en forme de chapiteaux de pilastre répondant à la même typologie, conservées au musée Rodin : Co. 2228 et Co. 2247.
Au-dessus d’un astragale déterminé par une moulure drogite s’épanouissement deux feuilles. Celle de l’étage inférieur s’étale sur toute la largeur du chapiteau et ne laisse dépasser de la seconde que son extrémité recourbée. Le troisième niveau, peu facile à déterminer, supporte la pointe repliée d’une troisième feuille d’acanthe, ou plus vraisemblablement un rang d’oves, comme sur les chapiteaux de pilastre du musée Rodin Co. 2061 et Co. 2227.
Le traitement des feuilles qui recouvrent tout l’espace disponible de la matrice osseuse renvoie directement à l’applique Co. 2228, bien que celle-ci ne comporte pas de troisième registre. Les stries systématiques par lesquelles sont indiquées les nervures, sans hiérarchie, confèrent au relief un aspect avant tout graphique. Les extrémités recourbées ne sont pas seulement géométrisées comme sur l’applique Co. 2228, mais ont aussi été laissées brutes, comme inachevées. Le même phénomène s’observe sur l’applique Co. 2247, quoique qu’il soit moins accentué.
L’allongement des feuillages a incité E. Ayalon à considérer un relief exhumé à Césarée Maritime, soit comme un chapiteau, soit comme une base de colonne à décor d’acanthes. Le limbe des feuilles fortement étiré n’est évidemment pas sans faire allusion à certaines bases de colonnes alexandrines ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
Associé sans doute à un fût de pilastre, cet élément participait à un vaste décor de micro-architecture. Ce type d’ornementation pouvait être destinée à la fois à des coffrets mais aussi à des meubles de plus grand taille, tels les cabinets ou les armaria (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020, p. 71-72). Des pièces présentant un modèle similaire ont pu être recensées. À Alexandrie, parmi le mobilier mis au jour sur le site du théâtre Diana, on repère un chapiteau formé de deux feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133), et un fragment de grande taille (DI 96. 3009.9.9 (67A) : RODZIEWICZ 2007, n° 55 p. 94, pl. 21, 100-7 ; RODZIEWICZ 2016, fig. 185 p. 164). Deux appliques, dont le degré d’achèvement diffère, découvertes à Ashmounein en 1903-1904 et conservées au Museo Egizio de Turin, s’inscrivent dans la même série (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110). Un dernier exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275).
La plupart des pièces de comparaison ne bénéficient pas de contexte archéologique daté avec certitude. En se référant à des critères stylistiques, L. Marangou a avancé pour les appliques 18734-18735 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e), le IIIe-IVe siècle. Cette datation semble avoir été confirmée par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Toutefois, c’est dans un contexte du début de l’époque islamique (VIIe-VIIIe siècle), qu’a été trouvée la pièce de Césarée Maritime. Il est donc ardu de déterminer la période de production de ces éléments de placage. Par rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, on peut cependant proposer une phase de production à la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos, dans le sens vertical, 226 ?, marqué à l’encre violette, très effacé.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81), DI 96. 3009.9.9 (67A).
-Athènes, musée Benaki, 18734.
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2228, Co. 2247 (forme rétrécie de l’applique et traitement des feuilles).
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 1,2 cm
Os, métacarpe, face antérieure
Co. 2269
L’élément de placage se caractérise par une teinte ivoirine assez claire sur les deux faces. Cette pièce complète ne présente que quelques petits éclats, sans doute dus au travail de la matière osseuse, lors de sa fabrication dans l’Antiquité. Les creux de la face principale renferment encore des sédiments, présents au revers également.
Le chapiteau de pilastre corinthien qui se développe sur cette applique en os présente une corbeille allongée, légèrement évasée en partie supérieure. Son bord sommital a néanmoins été scié en biais. Reposant sur un astragale formé par une ressaut lisse, le calathos est garni de deux larges feuilles d’acanthe étagées. Les extrémités recourbées de ces dernières sont exactement superposées. La feuille du niveau inférieur semble décentrée par rapport à l’axe du chapiteau.
Cette approche très condensée et stylisée du chapiteau de pilastre corinthien s’inscrit dans une catégorie bien représentée de chapiteaux miniatures, dont plusieurs illustrations sont abritées dans les collections du musée Rodin : Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). On retrouve la même superposition des feuilles d’acanthe et une certaine géométrisation des formes sur un exemplaire plus soigné, enrichi d’une frise d’oves (Co. 2061). L’étirement des feuilles et la forme oblongue de la pièce ont participé à nourrir la réflexion d’E. Ayalon sur la fonction architectonique supposée de cet élément d’architecture miniature. Il a interprété un relief exhumé à Césarée Maritime, analogue au nôtre, comme un chapiteau, mais aussi comme une base de colonne à décor d’acanthes. Le limbe des feuilles assez distendu renvoie effectivement à certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
La plasticité avec laquelle sont rendues ces feuilles d’acanthe molle renvoient avant tout aux chapiteaux Co. 2287 et Co. 2266. La feuille mal positionnée par rapport au cadre offert par la matrice osseuse, ainsi que la ligne oblique du bord supérieur, traduisent un travail de moindre qualité que pour la pièce Co. 2266. Les extrémités des feuilles sont également sculptées avec plus de rudesse, sans pour autant tendre vers la géométrisation et la rigidité observées sur les appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2279.
Couronnant à l’origine sans doute un fût de pilastre, cet élément faisait partie intégrante d’une réplique à échelle réduite d’un décor architectural. Celle-ci pouvait à la fois animer les parois de coffrets et de meubles de plus grand taille, tels les cabinets ou les armaria (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72). Plusieurs appliques ayant une provenance précise se rapprochent par leur structure du placage du musée Rodin : un relief découvert sur le site du théâtre Diana à Alexandrie (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133), un exemplaire issu des fouilles menées à Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Les deux appliques mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et conservées au Museo Egizio de Turin, témoignent d’un style plus schématique (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).
Les appliques 18734-18735 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e), au rendu plus sec, ont été attribuées au IIIe-IVe siècle par L. Marangou sur des critères stylistiques. La même datation a été retenue par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Toutefois, cette date qui ancre la production de ces pièces à la fin de l’Antiquité, est contredite par le contexte archéologique de découverte de la pièce de Césarée Maritime, beaucoup plus tardif (VIIe-VIIIe siècle). La prise en considération du mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie permet de nuancer ces datations et d’avancer une exécution de ce type de chapiteaux de pilastre entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos de l’applique, 116, marqué à la verticale, à l’encre violette, assez effacé.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2287.
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6,2 cm ; L. 3, 05 cm ; P. max. 1,25 cm
Os, métatarse de bœuf, face antérieure
Co. 2266
La couleur blonde de la face externe de l’applique contraste avec la teinte ambrée de son revers, surtout accentuée en partie supérieure. Conservée dans son intégralité, la pièce est recouverte d’une couche de salissure importante avec quelques marques noires sur les zones les plus en saillie. On observe une tache diffuse à la tonalité ocre orangé en partie inférieure de la face principale. Des sédiments subsistent au revers. Le chant inférieur est bordé de petits éclats.
Cette plaquette rectangulaire, fortement allongée, prend l’apparence d’un chapiteau de pilastre de type corinthien. Elle s’évase légèrement en partie supérieure pour épouser la forme évasée du calathos. Un listel en saillie représente l’astragale au-dessus duquel se développe deux feuilles d’acanthe molle. La feuille inférieure s’étale sur les trois-quarts de la hauteur de la corbeille. Tandis que son extrémité recourbée est rendue de façon plastique, son limbe est strié d’incisions qui indiquent les nervures. La nervure centrale bien visible marque l’axe de la pièce. La partie supérieure de l’applique est occupée par la retombée d’une seconde feuille qui se déploie au-dessus.
Ce chapiteau de pilastre s’inscrit dans une série de petits chapiteaux du musée Rodin offrant une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon à envisager un relief très similaire exhumé à Césarée Maritime, pas uniquement comme un chapiteau, mais aussi comme une base de colonne à décor d’acanthes. L’étirement des limbes des feuilles n’est évidemment pas sans faire allusion à certaines bases de colonnes alexandrines ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
Comme sur les appliques Co. 2269 et Co. 2287 du musée Rodin, les feuilles aux extrémités recourbées offrent une certaine plasticité. Le modelé délicat et soigné contraste avec la sécheresse du rendu des détails botaniques sur les appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2269. Il peut aussi être mis en parallèle avec un modèle enrichi d’une frise d’oves (Co. 2061), bien que ce relief se caractérise par un aspect graphique plus affirmé. Certains sites ont aussi des reliefs qui entretiennent des affinités avec notre élément de placage. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a révélé une pièce ressemblante (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).
Cet élément architectural surmontait sans doute un fût de pilastre pour composer une réplique miniature d’un décor architectural. Les chapiteaux en trois dimensions découverts à Kenchréai, port oriental de Corinthe, ont été associés au parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas exclu que les chapiteaux de pilastre destinés à être appliqués sur une paroi de mobilier aient pu aussi agrémenter des coffrets ou des meubles de prix de grandes dimensions (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).
Des critères stylistiques ont permis à L. Marangou de dater les appliques 18734-18735 du musée Benaki du IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). Cette datation semble avoir été confirmée par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. À contrario, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). S’il paraît difficile d’assigner à une période précise cette typologie de chapiteaux de pilastre, un rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, permet d’envisager une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos, à l’encre violette, dans le sens vertical, 376 ?, marqué à l’encre violette, très effacé.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2228, Co. 2269, Co. 2287.
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6,9 cm ; L. 3 cm ; P. max. 1,15 cm
Os, métatarse de bœuf
Co. 2257
L’élément de placage est conservé dans son intégralité. Il révèle une teinte ivoirine plutôt claire sur les deux faces. Les angles supérieurs sont émoussés, alors que le milieu du bord senestre présente un éclat. De petites taches ocre orangé s’observent sur la pièce.
Cette plaquette légèrement convexe correspond à une section de chapiteau de pilastre corinthien. Sa forme allongée lui confère un aspect particulier qui le rapproche d’une série de chapiteaux miniatures du musée Rodin, qui offrent une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon, lors de son étude d’un relief analogue exhumé à Césarée Maritime, à émettre l’hypothèse qu’il pouvait s’agir, non pas seulement de chapiteaux de pilastre, mais de bases de colonne à décor d’acanthes. Les limbes des feuilles assez distendues sur certains exemplaires se retrouvent effectivement sur certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
La corbeille légèrement évasée en partie supérieure accueille, au-dessus d’un astragale lisse, deux feuilles d’acanthe épanouies étagées. On note toutefois un décentrage de ces feuillages vers le côté dextre de l’applique, tandis qu’une amorce d’autres feuilles borde le côté opposé. Ce désaxement semble ici délibéré, contrairement peut-être à la pièce Co. 2269. L’applique convexe était sans doute complétée par d’autres placages en os, de façon à couvrir un support plus ou moins demi-circulaire. La taille des feuillages apparaît en effet plus importante que sur les autres reliefs du musée Rodin, et leur extrémités recourbées sont traitées avec plus de plasticité. Les incisions des nervures déterminent de larges digitations. La souplesse des feuille d’acanthe rappelle à la fois les pièces Co. 2227 et Co. 2266, même si l’approche en est un peu différente. Le soin accordé aux détails et le polissage poussé sont les signes d’une facture de qualité.
Plusieurs sites ont révélé des pièces assez proches, sans pour autant présenter de types équivalents. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a livré une pièce sur laquelle s’étagent deux feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire, au style similaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).
Ce chapiteau de type corinthien, qui couronnait sans doute un pilastre ou une demi-colonne, participait à une composition architecturale miniature. Un exemple particulièrement éloquent de ce type d’ornementation a été mis en évidence à Kenchréai en Grèce. Des chapiteaux sculptés en ronde-bosse, associés à d’autres éléments architecturaux, ont été mis en relation avec le parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas impossible que les chapiteaux de pilastre sculptés en vue d’être adossés à une paroi de mobilier ou à des supports moins saillants, aient pu aussi agrémenter des coffrets, ou des meubles de prix de grande taille (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).
Quelques indices de datation peuvent être retenus pour cette typologie de pièces. Les appliques 18734-18735 du musée Benaki, aux feuilles plus rigides traitées avec sécheresse, ont été assignées par L. Marangou au IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). C. Ghiringello a validé cette hypothèse pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Par contre, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). La prise en compte du mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie permet toutefois de nuancer ces écarts de datation, et de proposer une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.
Comparaisons
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).
-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2269.
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 7 cm ; L. 3,3 cm ; P. max. 1 cm
Os, métapode de bœuf, face antérieure
Co. 2247
Intégralement conservée, à l’exception d’un éclat qui endommage le bord inférieur (astragale), elle rappelle par son état de conservation la pièce Co. 2228 du musée Rodin, qui montre un éclat au même endroit. La pièce présente une couleur ivoirine sur les deux faces, mais la partie haute du revers se pare d’une tache ocre jaune plus prononcée. Les zones les plus saillantes révèlent une certaine patine.
Ce chapiteau de pilastre de type corinthien prend la forme d’une applique rectangulaire, au format allongé. Son dessin légèrement évasé vers la base s’oppose au schéma habituel de la corbeille de chapiteau, qui s’élargit en partie supérieure. Cette caractéristique est pourtant visible sur deux des appliques en forme de chapiteaux de pilastre, répondant à la même typologie, conservées au musée Rodin : Co. 2228 et Co. 2279.
Au-dessus d’un ressaut rectiligne qui peut être identifié à l’astragale du chapiteau, s’épanouissement deux larges feuilles d’acanthe molle. Celle du premier rang occupe plus de la moitié de la hauteur de la matrice osseuse, ne laissant dépasser que l’extrémité recourbée de la feuille qui croît derrière. Le troisième niveau, peu lisible, supporte la pointe repliée d’une troisième feuille d’acanthe, ou un rang d’oves, comme sur les chapiteaux de pilastre du musée Rodin Co. 2061 et Co. 2227. Cette frise, dans notre cas, serait complètement inachevée.
Les feuilles qui recouvrent tout l’espace disponible de l’applique, s’apparentent étroitement à celles de la pièce Co. 2228, même si celle-ci ne comporte pas de troisième registre. Les nervures sont précisées à l’aide stries incisées de façon systématique, ce qui confère à l’ensemble un caractère avant tout graphique. La géométrisation des extrémités recourbées, comme sur l’applique Co. 2279, se double d’un manque de soin imputable à un travail rapide de la matière. Le degré d’achèvement du relief est moindre que pour l’applique Co. 2228.
L’allongement des feuillages, qui s’étagent sur trois niveaux pour notre pièce, a amené E. Ayalon à voir dans le relief exhumé à Césarée Maritime, soit un chapiteau, soit une base de colonne à décor d’acanthes. En effet, le limbe des feuilles fortement étiré se retrouve sur certaines bases de colonnes alexandrines ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).
Surmontant un fût de pilastre ou en décorant la base, cet élément participait à un vaste décor architectural de taille miniature. Ce type d’ornementation était à la fois destiné à parer des coffrets, mais aussi des meubles de plus grand taille, tels les cabinets ou les armaria (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020, p. 71-72). Des pièces proches de la nôtre ont été recensées. Le mobilier mis au jour sur le site du théâtre Diana à Alexandrie a livré un chapiteau formé de deux feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4), et un fragment de grande taille (DI 96. 3009.9.9 (67A) : RODZIEWICZ 2007, n° 55 p. 94, pl. 21, 100-7 ; RODZIEWICZ 2016, fig. 185 p. 164). Deux appliques, dont le degré d’achèvement diffère, découvertes à Ashmounein en 1903-1904 et conservées au Museo Egizio de Turin, s’inscrivent dans la même série (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110). Un dernier exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275).
La datation de ces éléments pose question, malgré l’attribution des chapiteaux en ronde bosse découverts dans le port de Kenchreai au milieu du IVe siècle. Une production au IIIe-IVe siècle a été proposée par L. Marangou, sur la base de critères stylistiques, pour les pièces 18734-18735 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 246 p. 130, pl. 70e). Cette datation semble avoir été confirmée par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Néanmoins, c’est dans un contexte du début de l’époque islamique (VIIe-VIIIe siècle), qu’a été trouvée la pièce de Césarée Maritime. Par rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, on peut imaginer une fabrication entre le IVe et le Ve siècle.
Marquage
Au dos de l’applique, 232, marqué à l’encre violette, dans le sens vertical, très effacé.
Comparaisons :
-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81), DI 96. 3009.9.9 (67A).
-Athènes, musée Benaki, 18734. -Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.
-Paris, musée Rodin, Co. 2228, Co. 2279 (forme rétrécie de l’applique et traitement des feuilles).
-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.