Applique de mobilier

Néréide et Triton

Égypte > provenance inconnue

Ve – début du VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,2 cm ; L. 12,5 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe de bœuf, face antérieure

Co. 5603

Commentaire

Etat de conservation

Bien que conservée dans son entièreté, l’applique est endommagée par un long éclat sur son bord inférieur. Elle offre une teinte ivoirine assez claire, malgré la présence de sédiments dans les creux. V. Picur a aussi noté les restes, dans les zones incisées, d’une couche blanche non liée, et d’ocre non lié, dans les parties entaillées au burin du visage de la Néréide. On note de petites taches verdâtre au dos.

Description

Fréquemment escortées par des Tritons au sein du thiase marin, les Néréides, originellement au nombre de cinquante, peuplent le fond de l’océan ou nagent à la surface de flots. Le thème du couple de divinités marines, vu en buste, constitue un schéma iconographique très répandu sur les appliques en os de l’Égypte tardo-antique. Les corps tronqués des personnages se poursuivaient sans doute sur une applique placée en-dessous de la nôtre.

 

S’ébattant vers la gauche, en direction du Triton, la naïade tourne la tête dans le sens opposé. Elle retient de son bras droit tendu, son voile que gonfle la brise marine. L’étoffe creusée de plis, forme une large ellipse derrière la tête de la jeune femme. Le pan qu’agrippe sa main, s’enroule en une volute, sous l’effet du vent. Le Triton, dont seul le haut du buste émerge de l’onde, regarde la Néréide, et tient dans sa main gauche une hampe suggérant un gouvernail. L’association des deux personnages issus du cortège marin se retrouve à l’identique, à quelques détails près, sur deux appliques : la pièce 22098 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 168 p. 117, pl. 49d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 329 p. 299, pl. 87), et le relief 13321 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012 p. 37, 42, fig. 16 p. 47).

 

L’attitude contrariée de la jeune femme, au bras droit étiré, renvoie à celle observée sur deux autres appliques du musée Rodin, également façonnées dans des métacarpes de bœuf : Co. 2154 et Co. 2210. Toutefois, le Triton n’effectue pas un mouvement contraire ici, mais semble accompagner la créature féminine. Celle-ci présente un corps qui se caractérise par des formes lourdes, et un visage réduit à sa plus simple expression, surmonté d’une chevelure aux mèches grossièrement incisées. Le Triton arbore une coiffure similaire et répond à la même stylisation. Bien que les volumes soient cernées de lignes entaillées dans la matière, ils se détachent peu du fond et s’y confondent parfois, notamment en ce qui concerne le buste du Triton.

 

L’approche synthétique des corps jointe à un manque d’attention portée aux traits faciaux traduit une nette distance prise par rapport aux modèles classiques. On retrouve une esthétique voisine sur les deux pièces de comparaison d’Athènes et d’Alexandrie citées plus haut. Les yeux sont indiqués par de petites incisions qui participent à l’aspect graphique de l’ensemble. Compte tenu de ces critères stylistiques et de la datation proposée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 22098 du musée Benaki, une réalisation au cours du Ve siècle ou au début du VIe siècle est envisageable.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13310 (contrepartie), 13321 (modèle identique).

-Athènes, musée Benaki, 18762 (attitude de la Néréide), 22098 schéma iconographique complet).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,1 cm ; L. 10,5 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, métatarse de bœuf, face postérieure

Co. 2324

Commentaire

Etat de conservation

Le bord dextre de cette applique est cassé en biais. La teinte jaune de la face principale prend des accents ocre clair au revers. Une patine jaune foncé recouvre les parties les plus en saillie du relief. Une coloration brune s’observe au centre de la cavité médullaire. Des petites taches brunes se notent aussi par endroits.

Description

Filles du dieu Nérée et de l’Océanide Doris, les Néréides peuplent les fonds marins de la mer Égée. Fréquemment représentées sur les cuves de sarcophages, les mosaïques, les textiles ou encore les pièces d’orfèvrerie à la fin de l’Antiquité, elles constituent un sujet de prédilection pour les sculpteurs d’appliques de coffrets façonnées dans l’os et l’ivoire. Sur les soixante-et-onze plaquettes dévolues au thiase marin, au sein de la collection du musée Rodin, quinze pièces accueillent une figure de nymphe tournée vers la droite, à demi-allongée. Cette pose indolente s’explique par le fait que la naïade était probablement couchée sur le dos d’un monstre marin et transportée ainsi sur les flots.

 

Notre pièce ne montre que le buste et les cuisses de la Néréide. Cette dernière est coupée au-dessus de la poitrine, comme le sont les jeunes femmes des reliefs du musée Rodin Co. 2169, Co. 2276, Co. 5633. Ce cadrage particulier trouve sa raison d’être dans l’étroitesse des diaphyses de métapodes de bœuf, qui bien souvent, n’autorise pas les sculpteurs, à figurer dans leur intégralité les personnages. Aussi, la tête de la Néréide, ainsi que son bras droit, et peut-être son voile, devaient être sculptés sur une pièce superposée à la nôtre.

 

Le corps nu aux chairs lisses de la créature marine est environné d’une étoffe, qui vient masquer la cuisse droite et retombe en plis secs le long de son dos. Le buste incliné indique que la jeune femme se redressait, sans doute de façon à retenir son voile gonflé par le vent au-dessus de sa tête, comme on peut l’observer sur nombre d’appliques similaires. L’aspect angulaire du buste n’est pas sans rappeler l’applique 22146 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 153 p. 114, pl. 46g). La mise en évidence du bras gauche replié, dans l’angle inférieur senestre, prouve que la nymphe prenait appui, vraisemblablement sur le corps de l’animal hybride qui lui servait de monture. Celui-ci n’est toutefois pas représenté. Ce schéma iconographique trouve plusieurs correspondances parmi les œuvres appartenant au musée Rodin : Co. 2070, Co. 2169, Co. 5633, mais c’est avec une série de pièces au style graphique et aux formes simplifiées que notre exemplaire entretient le plus d’affinités. Les reliefs Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214, partagent la même esthétique, qui repose sur une forte stylisation et une schématisation des détails anatomiques. Notre fragment révèle, à l’instar de ces pièces, des volumes assez plats, cernés de lignes fortement incisées, au tracé saccadé, un corps rigide et un drapé dénué de souplesse. L’ensemble de ces critères stylistiques nous encourage à placer la production de cette applique à l’époque byzantine, sans doute au cours du VIe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 22146 (rigidité du buste).

-Paris, musée Rodin, Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214 (schéma iconographique et style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 2,85 cm ; L. 8,25 cm ; P. max. 0,8 cm

Os, tibia de bœuf ?

Co. 2317

Commentaire

Etat de conservation

Cet élément de placage est brisé sur trois de ses côtés. Seul subsiste le bord senestre. La cassure en partie supérieure suit la courbe du ventre de la figure. La teinte jaune foncé du relief est modulée selon les endroits. Des sédiments subsistent sur les deux faces. D’importants délitements affectent la face principale, notamment sur le buste de la Néréide. Des traces noirâtres maculent le revers.

Description

Ce fragment très altéré appartenait à une applique au format allongé, sculptée d’une Néréide. On reconnaît encore son corps nu aux formes pleines, en particulier son ventre rebondi au nombril précisé par un coup de burin, sa cuisse gauche et sa poitrine. L’état très lacunaire de cette pièce ne facilite pas l’appréhension du sujet. Il semble tout de même qu’on puisse reconnaître le buste de la créature marine près du bord senestre. Bien qu’il soit difficile d’émettre un jugement sur la qualité de facture de la pièce, compte tenu de son état de dégradation prononcé, une certaine maladresse se perçoit d’emblée dans le rendu de l’anatomie féminine.

 

Orientée vers la droite, la nymphe devait sans doute adopter une pose nonchalante, à l’image des Néréides représentées sur une quinzaine d’appliques du musée Rodin. Figurées nues, à l’exception d’un himation ou d’un pan de leur voile recouvrant la cuisse gauche, celles-ci voguent sur les flots, à demi-couchées sur le dos d’un monstre marin, dont le corps n’est souvent que suggéré. On pourra se reporter aux pièces Co. 2044 et Co. 2070 pour se faire une idée plus précise du schéma iconographique, auquel souscrivait la Néréide sculptée sur notre fragment. Le buste assez court, doté d’une poitrine vue de trois-quarts, surmonte un ventre enflé. La projection de cette partie du corps vers le haut, comme la cuisse gauche, induit une déformation anatomique et confère à la Néréide, une posture légèrement instable et peu naturelle. Cette caractéristique se retrouve, dans une moindre mesure, sur l’applique 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116, pl. 49b), celle anciennement conservée aux Staatliche Museen de Berlin (I 3763 : WULFF 1909, n° 387 p. 112, pl. 18), et sur l’exemplaire F 1956/12.6 du Rijksmuseum van Oudheden de Leyde. Notre spécimen mérite également d’être mis en regard de la pièce fragmentaire découverte sur le site d’Antinoé (O’CONNELL 2014, p. 420, pl. 115 p. 444).

 

Le souci porté au modelé des chairs, et le jeu sur les courbes, inscrivent ce fragment dans une série d’appliques encore tributaires de l’héritage classique. Un parallèle peut être établi avec une applique découverte lors de des fouilles archéologiques conduites à Alexandrie, à l’emplacement de l’ancien Cinéma (RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89). Attribuée au IIIe-IVe siècle par E. Rodziewicz, celle-ci constitue un parallèle intéressant pour notre œuvre. Aussi peut-on proposer de dater cette dernière de la même période.

 

Comparaisons

-Antinoé, mission de l’Egypt Exploration Fund, 1913-1914.

-Athènes, musée Benaki, 18749.

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3763.

-Leyde, Rijksmuseum van Oudheden, F 1956/12.6.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

monstre marin

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 3,2 cm ; L. 6,3 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, humérus ou tibia de bœuf

Co. 2308

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment d’applique de couleur crayeuse présente encore d’abondants sédiments dans les creux, mais aussi, parfois, une couche blanche non liée. Quelques marques noires s’observent également. Le revers, sur lequel se remarquent des traces ocre clair, est fortement délité.

Description

Ces enroulements agrémentés d’une ailette digitée correspondent sans doute aux circonvolutions décrites par la queue d’un monstre marin. Les ichtyocentaures ou autres animaux hybrides, que chevauchent ou accompagnent les Néréides au sein du thiase marin, déroulent généralement leur interminable corps, à l’arrière-plan, sur les appliques en os de l’Égypte tardo-antique (MARANGOU 1976, p. 42-44). Ils abondent aussi sur les mosaïques d’Afrique du Nord ou du Proche-Orient.

 

L’extrémité repliée de la queue pourrait évoquer la nageoire caudale, tandis que l’ailette recourbée, indiquerait la présence d’une autre nageoire de petite taille. Le sens de lecture, en raison de l’aspect très fragmentaire de la pièce, s’avère difficile à appréhender. Les ondulations qui prennent la forme de vaguelettes évoquent les flots striés par des bandes d’écumes. L’absence d’éléments de comparaison et l’aspect trop lacunaire de l’animal, nuisent à l’identification du sujet. On peut malgré tout trouver des comparaisons iconographiques dans le domaine de la sculpture funéraire tardo-antique. Deux couvercles de sarcophages romains, ornés de monstres marins disposés de part et d’autre d’une tabula inscriptionis, autrefois conservés au musée du Latran et au musée des Thermes (WILPERT 1932, p. 348, 352, pl. CCLI-1, CCLII-3), révèlent des correspondances formelles avec notre fragment et permettent d’imaginer ce à quoi pouvait ressembler le sujet de notre applique, aujourd’hui très fragmentaire.

 

 

L’applique a fait l’objet d’une sculpture en assez haut relief. Le souci du volume se lit dans les motifs fortement projetés en avant, par rapport au fond lisse. L’artisan a veillé à les délimiter avec soin et a précisé de façon minutieuse les détails, telles les échancrures de la nageoire. L’ensemble de la pièce était fortement poli pour mettre en valeur la plasticité de la composition originelle. La qualité de la facture invite à proposer une date de réalisation, de manière plutôt arbitraire, autour du IVe siècle.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 5,5 cm ; L. 7,6 cm ; P. max. 0,5 cm

Os, tibia de bœuf, face postérieure ?

Co. 2305

Commentaire

Etat de conservation

Brisée sur trois côtés, cette pièce devait offrir, à l’origine, un format rectangulaire. Une fente court sous le bras gauche de la Néréide. Dans les creux du relief subsistent d’abondants sédiments. Des traces d’une substance rouge épaisse ont été observées par la restauratrice V. Picur. Cette dernière a mis aussi en évidence des résidus blancs et ocre dans les creux.

Description

Scandant les cuves de sarcophages d’époque romaine sculptées du IIe au IVe siècle, ou égayant nombre de mosaïques de pavement ou de textiles, les Néréides sont fréquemment associées au cortège de Poséidon et Amphitrite. On les retrouve, en compagnie de Tritons, souvent allongées sur la croupe de monstres marins. C’est ainsi qu’elles apparaissent sur une quantité impressionnante de reliefs en os destinés à décorer des coffrets, découverts principalement en Égypte, mais aussi dans le reste du bassin méditerranéen. Plusieurs institutions renferment, en effet, des parois ou des fragments de couvercles de boîtes, encore ornés de leurs placages : un montant de coffret est répertorié dans les collections du musée Benaki (10314 : MARANGOU 1976, n° 169 p. 117, pl. 50a-b), et de nombreux éléments le sont aussi au musée copte, au Caire (STRZYGOWSKI 1904, n° 7070-7073, 7075-7077 p. 179-181, pl. XIV ; TÖRÖK 2005 n° 96, 98 p. 150-152). L’influence des modèles monumentaux ou relevant d’autres domaines artistiques, demeure toutefois difficile à démontrer, sur les placages en os ou en ivoire (MARANGOU 1976, p. 43). Toutefois, la production sérielle de ce petit mobilier implique l’existence de modèles préétablis, déclinés en d’infinies variations. L’attitude de notre Néréide se retrouve, en effet, au moins sur une dizaine de pièces conservées au musée Rodin. Nous citerons seulement les œuvres avec lesquelles les similitudes iconographiques sont les plus évidentes : Co. 2035-Co. 2136, Co. 2075, Co. 2110, Co. 2155, Co. 2204, Co. 2206, Co. 2272.

 

À demi-étendue, la naïade est tournée vers la gauche. La nudité de son corps nu est tempérée par le pan de drapé qui masque sa cuisse gauche. Alors qu’elle semble s’appuyer de son bras droit sur le corps d’un animal hybride maintenant disparu, elle retient de son bras gauche, son voile tendu par le vent marin. Celui-ci, qui décrit une ellipse derrière sa tête, creusée de plis profonds jouant sur l’ombre et la lumière, contraste avec les chairs lisses du corps aux formes généreuses. Son buste, plutôt court, doté d’une poitrine aux seins ronds, surmonte un ventre rebondi. Bordé d’une chevelure coiffée en fines mèches rassemblées sur la nuque, le visage est animé d’un œil globuleux, qui voisine avec des lèvres charnues entrouvertes. L’attitude de la Néréide peut être comparée à celle de la nymphe allongée sur l’applique 13309 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281 pl. XXXIV-2), ou sur une pièce du Berkshire Museum de Pittsfield (ELDERKIN 1926, p. 153, fig. 2 p. 152). La pose est aussi reprise par la nymphe d’un fragment appartenant au Victoria & Albert Museum (825-1905 : LONGHURST p. 23 ; BECKWITH 1963, p. 12, 49, fig. 27).

 

Malgré un souci dans le rendu des effets de volume, le relief n’en demeure pas moins assez plat. Un caractère éminemment graphique s’attache à la description de cette divinité marine, la plaçant dans la lignée de la pièce Co. 2138. Cette insistance portée sur les contours s’observe également sur les plaques de coffret du musée d’art de Princeton (y1929-213 a -g : ELDERKIN 1926, p. 150-157), qui offrent un schéma iconographique inversé au nôtre. Par son allure générale et la stylisation du visage, la silhouette féminine peut être rapprochée d’appliques assignées au IIIe ou IVe siècle, tel la plaquette encore en place sur la paroi de coffret du musée Benaki précédemment citée (10314: MARANGOU 1976, n° 169 p. 117, pl. 50a-b ; LOVERDOU-TSIGARIDA n° 298 p. 294, pl. 78, avec une datation qui paraît un peu trop tardive), ou celle mise au jour lors des fouilles archéologiques menées à Alexandrie, à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic (MA 92.2.96.12.1 (9) : RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89).

 

Marquage

Au dos de la pièce, 32 marqué à l’encre bleue.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13309 (attitude de la Néréide).

-Londres, Victoria & Albert Museum, 825-1905(idem).

-Pittsfield, Berkshire Museum (ELDERKIN 1926, fig. 2 p. 152)

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 2,9 m ; L. 6,6 cm ; P. max. 0,8 cm

Os long de grand mammifère

Co. 2291

Commentaire

Etat de conservation

Les deux bords de l’applique sont brisés, et celle-ci est fragilisée par de nombreuses fentes et fissures longitudinales, notamment dans l’épaisseur des bords internes. Le visage présentait un délitement, avec un éclat qui a été recollé. Des dépôts abondants de sédiments bruns s’observent encore sur la face principale.

Description

Orientée vers la droite, la Néréide présente un buste vu de face et une tête qui offre son profil gauche. Coupé sous la poitrine, son corps nu devait se prolonger sur une autre pièce, placée en-dessous de la nôtre. Les os longs des pattes de bovidés ne permettaient pas, dans une grande partie des cas, de sculpter en entier les personnages, et les artisans, de ce fait, devaient juxtaposer plusieurs appliques, afin de reconstituer une large composition. La jeune femme appartient à la série des figures velificantes, puisqu’elle retient de se deux bras écartés, son voile enflé par le vent marin, qui décrit un arc-de-cercle derrière sa tête. Son attitude avec les bras tendus n’est pas sans évoquer différentes appliques du musée Rodin (Co. 2154, Co. 2210, Co. 5603), bien qu’elle s’en éloigne fortement sur le plan stylistique.

 

Le visage, modelé tout en délicatesse, témoigne d’une recherche de plasticité accrue. Supporté par un long cou, il est coiffé d’une chevelure aux mèches tressées, ceignant le front et attachées sur la nuque. On trouvera sur les appliques 22165, 18760, 18762 du musée Benaki, des analogies éloquentes pour cette coiffure (MARANGOU 1976, n° 145-147 p. 113, pl. 45c, d, e). Les effets de volume, qui se traduisent par une joue bien rebondie, se conjuguent à une attention toute particulière portée aux détails. L’œil est rendu, en effet, avec beaucoup de subtilité, par une minuscule protubérance jouant avec l’ombre des paupières. Le nez, placé dans le prolongement du front, surmonte une petite bouche aux lèvres charnues bien dessinées. Le buste pourvu de seins globulaires quelque peu géométrisés révèle le même goût pour le relief. Cette approche s’observe aussi sur plusieurs appliques sculptées de ménades, mises au jour sur le site du théâtre Diana à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, n° 9, 11, 12 p. 67-69, pl. 6-7, 87.2b, 88.1b, 88.2). On remarque également le soin avec lequel a été traitée l’étoffe du voile, dont les plis épais ménagent plusieurs niveaux de relief.

 

Ce fragment d’applique ne rencontre pas de réel équivalent. Cependant, la dette envers l’héritage hellénistique qu’il révèle, ainsi que la méticulosité du rendu du visage, nous engagent à l’associer à l’exemplaire 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a). Bien que doté d’un cou plus court, le visage présente la même inclinaison que le nôtre. L’applique offre une des rares images sur laquelle la nymphe semble porter son regard vers le haut. Le goût du mouvement et le naturel de la posture laisse place, sur notre fragment, à une traduction plus appliquée du modèle iconographique.

 

Le moelleux des chairs de la Néréide, et la finesse de ses traits, finissent de nous convaincre de rapprocher cette pièce, d’appliques à la qualité de facture indéniable, présentes dans la collection du musée Rodin, bien que leurs sujets soient différents (Co. 2132, Co. 2155 ou Co. 2158). L’artisan qui a façonné ce fragment, en jouant sur une subtile gradation de la profondeur, a livré une solution plastique très réussie. Les comparaisons opérées avec les pièces du musée Benaki citées précédemment, ainsi qu’avec les reliefs découverts lors des missions françaises menées à Alexandrie, nous inclinent à placer l’exécution de l’applique au cours du IIIe-IVe siècle, sans pour autant écarter une date plus précoce.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18759 (visage de la Néréide).

-Paris, musée Rodin, Co. 2133, Co. 2264 (position des bras, mais style très différent).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Applique de mobilier

Egypte > provenance inconnue

IVe-Ve siècle ap. J.-C.

H. 3,55 cm ; L. 15,1 cm ; P. max. 0,8 cm

Os, métatarse de grand mammifère, face postérieure

Co. 2289-Co. 2322

Commentaire

Etat de conservation

Cette applique est conservée dans son intégralité. Se caractérisant par une teinte blanchâtre, elle est formée de deux fragments recollés. Leur patine offre des tons légèrement différents. On observe de très légères fentes longitudinales. De discrets sédiments se logent encore dans les trabécules, au revers.

Description

Le piquetage de l’intégralité de la face principale ne facilite pas la compréhension du sujet. De surcroît, les corps de la Néréide, semble se confondre avec l’arrière-plan, compliquant la lecture de la scène. L’artisan a judicieusement mis à profit la forme légèrement évasée du métapode pour y inscrire le corps d’une nymphe, nageant vers la gauche. Le buste étant coupé au niveau de la poitrine, ses bras et sa tête devaient prendre place sur une autre plaquette, disposée juste au-dessus de la nôtre, afin que le personnage puisse être appréhendé entièrement.

 

Le ventre très incliné, qui rompt l’horizontalité des jambes suggère un redressement du buste. L’amorce des bras, visible le long du bord sommital, laisse supposer que la Néréide soutenait peut-être son voile emporté par le vent, comme sur l’applique Co. 2264, et sur la pièce AF 898, conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Au-devant du buste de la naïade, retombe un pan de son voile, sculpté de façon schématique. Une ligne incisée parallèlement au bord inférieur donne l’illusion d’une moulure horizontale.

 

Le rendu du buste fortement redressé rappelle l’applique du musée Rodin Co. 2205 et le relief 18744 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 144 p. 113, pl. 45b ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 337 p. 300-301, pl. 89). À l’arrondi du ventre, répond la courbe de la hanche droite. On retrouve la même plénitude des formes, ainsi que la douceur du modelé de ces comparaisons, bien que la plasticité de notre exemplaire soit beaucoup moins prononcée. Le dessin des jambes s’avère moins bien maîtrisé. On note la présence d’enlèvements de matière trop importants à leur entrecroisement. Leur position renvoie à trois appliques du musée Rodin : Co. 2197, Co. 2220 et Co. 2237. Comme sur la dernière analogie, les jambes sont effilées et leur anatomie s’en voit particulièrement simplifiée Les pieds se réduisent à de simples appendices.

 

La facture de cette applique se démarque par un caractère inégal. Alors que le buste démontre une recherche de volume et de souplesse, les jambes fortement étirées, de façon à occuper toute la longueur de la diaphyse, témoignent d’une approche plus rudimentaire. De même, l’arrière-plan, dans lequel flottent peut-être des pans du voile que supporte la Néréide, est peu soigné. Ce relief s’intègre à une série de pièces participant à une composition mettant en scène une néréide glissant sur les flots. Toutefois la disparité de style qui s’observe sur la pièce elle-même, l’éloigne des appliques Co. 2205 et Co. 2220, fidèles à l’héritage classique. Le faible relief, la disparité de style, ainsi que la simplification du dessin des jambes, invitent à envisager un possible inachèvement. Sur la base de ces critères stylistiques, notre pièce peut être assignée au IVe siècle ou au Ve siècle.

 

Comparaisons :

-Paris, musée Rodin, Co. 2197, 2220, 2237 (jambes et buste de la Néréide), Co. 2205(buste de la Néréide).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 2,8 cm ; L. 13,6 cm ; P. max. 0,8 cm

Os, métacarpe de bœuf, face antérieure

Co. 2286

Commentaire

Etat de conservation

L’élément de placage est conservé dans son intégralité. Le jaune clair de la face principale se pare de nuances de couleur ocre plus prononcées au revers. Des sédiments subsistent sur les deux faces. Un réseau de fissures longitudinales fragilise la pièce. Des traces laissées par des radicelles se devinent encore sur les deux côtés.

Description

La Néréide se présente à demi-couchée vers la droite. Son corps, en partie tronqué, se continuait peut-être sur un élément de placage placé au-dessous de notre pièce. Son bras droit, démesurément allongé, soutient son péplos emporté par le vent marin. L’ellipse que décrit le voile cerne la figure. Le bras apparaît totalement déformé et étiré à l’extrême, pour retenir le drapé, qui s’incurve près du bord dextre. Un autre pan d’étoffe semble couvrir la cuisse droite de la jeune femme. La tête volumineuse, vue de profil est surmontée d’une chevelure courte au dessin très simplifiée.

 

L’attitude adoptée par la Néréide correspond à une pose récurrente sur les éléments de placage en os, mettant en scène des membres du cortège marin dans l’Antiquité tardive. Toutefois, nous sommes bien loin des modèles rencontrés au IVe siècle encore imprégnés de l’héritage hellénistique. Le style très suggestif relève d’une nouvelle esthétique qui se met en place à l’époque byzantine. Les volumes ne sont plus dégagés du fond, mais davantage incisés dans l’os, donnant à la représentation un caractère graphique. L’applique Co. 2208 qui propose le même schéma iconographique atteste une approche similaire, comme les pièces aux figures massives de l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, pl. LVII-6, 7, 9).

 

Notre pièce semble aller encore plus loin dans la déformation anatomique et la dissolution des formes. Faut-il y voir une pièce inachevée ou l’expression d’un art particulièrement stylisé prenant une distance considérable avec l’esthétique classique ? Le dessin très frustre de la silhouette féminine, l’absence de soin accordée aux traits faciaux et le goût pour la linéarité incitent à placer sa production au cours du VIe siècle, voire un peu plus tard.

 

Marquage

Au dos de la pièce, 270 ? marqué à l’encre violette très effacée.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2208.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Triton

Égypte > provenance inconnue

Ve - début du VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,5 cm ; L. 4,5 cm ; P. max. 0,5 cm

Os, métapode de bœuf ?

Co. 2281

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment correspond à la partie dextre d’une applique au format allongé. La cassure a suivi la ligne de contour de la chevelure du Triton et de son épaule gauche. La pièce offre une couleur jaune pâle, avec quelques petites taches ocre rouge par endroits, précisément sur la joue et le torse du Triton, ainsi que sur le bord dextre. Des fentes longitudinales la fragilisent.

Description

Souvent représenté de façon anonyme, Triton, fils de Poséidon et d’Amphitrite, escorte au sein du cortège marin les Néréides, peuplant les fonds de la mer Égée, ou batifolant à la surface de l’onde. L’association de ces deux divinités aquatiques sur nombre d’éléments de placage de mobilier sculptés dans l’os à la fin de l’Antiquité, laisse à penser que le buste de cette créature masculine voisinait peut-être, sur notre applique avant qu’elle ne soit brisée, avec une naïade, l’une des cinquante filles du dieu Nérée. Plusieurs exemplaires du musée Rodin réunissent ces deux divinités, qui adoptent alors une attitude divergente. On se reportera ainsi aux pièces Co. 2154, Co. 2168 et Co. 2210. On retrouve ce principe iconographique aussi sur deux exemplaires à la facture plus soignée : le relief 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a), et un spécimen autrefois conservé au Staatliche Museen de Berlin (I. 2890 : WULFF 1909, n° 386 p. 112, pl. XVIII).

 

Le personnage, coupé au milieu du buste, est tourné vers la droite. La partie inférieure de son corps, formée d’un avant-train de centaure et d’une queue de poisson, ou le bas de son buste émergeant des flots, étaient peut être sculptés sur une pièce placée juste en dessous. Son épaule gauche, démesurément étirée vers l’arrière, indique que Triton soutenait sans doute un attribut, ou amorçait un mouvement de torsion. La ligne très hésitante de son profil est interrompue par des entailles permettant d’indiquer le creux des yeux et l’emplacement des lèvres. La tête penchée est agrémentée d’une chevelure ruisselante, tombant dans le cou. L’ondulation qui surmonte le visage, se poursuit en avant du front, pour évoquer la présence des pinces de crustacés, attributs caractéristiques des représentations des Tritons. La silhouette reprend en miroir celle de l’applique d’Athènes mentionnée plus haut, ou celle de l’exemplaire Co. 2154 du musée Rodin. C’est de cette version aux contours simplifiés, au relief peu prononcé et aux détails anatomiques incisés, que se rapproche le plus notre fragment, tout en en présentant une variante symétriquement opposée. Le modelé assez faible, mais mis en valeur par un certain polissage, voisine avec un graphisme particulièrement appuyé. Ce travail rapide et suggestif, qui s’observe aussi sur les pièces Co. 2133 et Co. 2217-Co. 2323 du musée Rodin, constitue un argument en faveur d’une réalisation au cours du Ve siècle, ou au début du VIe siècle.

 

Marquage

Au dos de la pièce, 741 ?, à l’encre violette très effacée.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, 18759 (schéma iconographique en miroir, mais facture plus soignée).

-Paris, musée Rodin, Co. 2154 (iconographie et style proches, mais image en miroir).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

H. 2,5 cm ; L. 9,7 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe de bœuf

Co. 2278

Commentaire

Etat de conservation

Cet élément de placage, à la teinte ivoirine uniforme, est brisé à ses deux extrémités. Des traces de radicelles s’observent sur la face comme le revers.

Description

Notre fragment se rattache à l’abondante série des appliques consacrées au thème du cortège marin, dont le musée Rodin abrite près de soixante-dix exemplaires. Le corps de la Néréide, coupé au niveau du buste, devait se prolonger sur une plaquette en os, disposée sous la nôtre. L’étroitesse des diaphyses d’os longs requerait souvent la juxtaposition de plusieurs éléments de placage, afin de reconstituer une figure ou une scène. Présentant un buste nu, vu de face, la nymphe tourne sa tête vers la droite. Son bras gauche démesurément étiré, retient son voile, qui, tendu par le vent, décrit une ellipse derrière elle.

 

Si elle appartient au type iconographique de la Néréide à demi-couchée, au visage entouré par un voile qui décrit un arc-de-cercle, notre figure en livre une version stylisée. Sa posture rappelle celle des nymphes des appliques du musée Rodin Co. 2217-Co. 2323 et Co. 5603, mais sa silhouette propose des contours davantage hésitants et des formes qui se dissolvent dans l’arrière-plan. Le buste très large, les membres lourds et la chevelure « casque », formée de grosses mèches tombant dans le cou, renvoient à une famille d’appliques bien représentée au sein de la collection du musée Rodin. Au sein de celle-ci, les pièces Co. 2203, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271, accueillent des naïades qui constituent les images en miroir de notre figure. On citera aussi en guise de comparaison le fragment 22150 du musée Benaki (cf. MARANGOU 1976, n° 172 p. 117-118, pl. 51c).

 

L’anatomie très simplifiée se marie à des déformations expressives, à l’instar du bras gauche de la Néréide, ou de son buste très massif. Les traits du visage fortement incliné, ne sont que suggérés par de légères incisions. En outre, l’attitude semble très raide. Mis en exergue sur un certain nombre de plaquettes en os, ces différents critères stylistiques correspondent à une esthétique particulière, allant de pair avec un manque de relief. Tenant compte de la datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), nous pouvons envisager une fabrication de notre pièce vraisemblablement à la même période, à savoir le VIe siècle.

 

Marquage

Au dos, sur la face interne du bord supérieur, 204 ou 274 ?, marqué à l’encre violette très effacée ; 89 ? au crayon gris, difficilement lisible.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 22150 (visage et coiffure).

-Paris, musée Rodin, Co. 2217-Co. 2293, Co. 5608 (position de la Néréide), Co. 2203, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271 (style et image en miroir).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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