Décor de mobilier ajouré à motifs végétaux

Provenance inconnue

Ve-VIIIe siècle ?

L. 5,2 cm ; l. 5 cm ; ép. max. 0,3 cm

Os, tibia de bœuf ?

Co. 2377

Commentaire

Etat de conservation

La plaque ajourée est brisée vraisemblablement en son milieu. Ne subsiste que la partie senestre. Elle offre une couleur crème uniforme. La teinte crayeuse du bord supérieur, au revers, s’explique par un léger délitement de la matière osseuse, qui se caractérise aussi par quelques fentes. On observe de petites taches brunes en partie supérieure du bord latéral. La surface est recouverte d’une légère couche de salissure sur les deux côtés.

Description

Le fragment de plaque appartenait à l’origine à un décor de forme rectangulaire, aminci en languette sur ses bords latéraux. Ce dispositif permettait peut-être l’insertion de l’élément dans un montant rainuré. Pourvue de larges bordures lisses, la plaquette comporte dans sa partie centrale un décor de fins rinceaux travaillés en ajour. Les tiges décrivent des volutes qui se recourbent pour donner naissance à de petites feuilles trilobées, ou à des fleurs de lys, disposées à l’horizontale.

 

Quelques exemples de décors ajourés en os ont été mis en évidence pour les périodes protobyzantine et omeyyade. Ces plaques festonnées et finement ouvragées venaient sans doute embellir des pièces de mobilier. Le site d’Assos en Turquie a livré un décor ajouré dont les enroulements végétaux rappellent beaucoup notre placage (BÖHLENDORF-ARSLAN 2021, p. 77, fig. 71f p. 78). Ce placage égayait sans doute les parois d’un coffret en bois d’époque protobyzantine, qui renfermait un certain nombre d’ustensiles. On relève aussi, parmi le mobilier des fouilles archéologiques de Saraçhane à Istanbul, une plaque carrée délicatement façonnée en ajour (HARRISON 1986, n° 64 p. 231, fig. 315), mais celle-ci est attribuée à l’époque médiobyzantine (Xe-début du XIIe siècle).

 

Les placages en os à motifs ajourés se rencontrent fréquemment au Proche-Orient et en Égypte, à la fin de la période byzantine et au début de l’époque islamique. Une série de décors a été découverte à Césarée Maritime (AYALON 2005, n° 403-420 p. 102-103, p. 284-287, n° 514 p. 115 p. 304-305, n° 559 p. 124, p. 316-317, photo. 3 p. 335). Ils peuvent être mis en rapport avec les fines plaques exhumées à Ahskélon en Israël (WAPNISH 2008, Cat. 9, fig. 34.24 p. 611). Une même typologie de décor existe aussi en Égypte, notamment au Lac Manzalleh (PETRIE 1927, p. 45, pl. XXXIX) et à Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012, n° 425-426 p. 245-246, pl. 64 p. 424, pl. 117.2-3 p. 467). Certaines de ces plaquettes ont été interprétées comme des inscriptions en couffique fleuri, ce qui ne semble pas être le cas de notre oeuvre. Les motifs végétaux bien identifiables de notre pièce, ainsi que le soin apporté au travail en ajour, nous invitent davantage à la comparer au décor retrouvé à Assos, dans un contexte tardo-antique ou protobyzantin.

 

Comparaisons

-Assos (Turquie), Agora inférieure, salle 3.

-Istanbul, fouilles de Saraçhane.

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Élément de petit mobilier

Provenance inconnue

Ve-VIIIe siècle ?

L. 8,3 cm ; l. 4 cm ; ép. max. 0,5 cm

Ivoire d’éléphant

Co. 2375

Commentaire

Etat de conservation

La pièce est complète. Elle offre une teinte crème plutôt crayeuse sur la face principale, tandis que le revers montre une patine tirant sur un ton jaune-beige. De nombreux sédiments sont encore présents dans les zones en creux. La plaque révèle un important délitement en surface, qui se traduit par un réseau de fentes et de fissures la fragilisant dans son épaisseur. On note également une perte de matière sur le bord d’un des cercles pointés, ainsi que sur l’une des languettes. Un éclat endommage aussi un bord latéral. De nombreuses traces d’abrasion constellent la surface de la pièce.

Description

La plaque d’ivoire de forme rectangulaire présente deux languettes le long de ses bords latéraux. À la fois plus minces et plus courtes que les bords, elles permettaient probablement l’insertion de cette plaque, dans un montant ou un support muni de rainures. La section de cette plaquette est légèrement courbe, les bords des longs côtés, au dos, ayant été adoucis par raclage et abrasion. L’un des bords latéraux comporte une série de petites encoches.

 

Le décor se résume à deux grands motifs circulaires constitués de cercles concentriques. Ces cercles tangents au bord de la plaque occupent presque toute la totalité de la surface. Ce type de décor se rencontre sur des éléments de placage de mobilier carrés ou rectangulaires, peut-être destinés à orner des coffrets en bois. Plusieurs exemples ont été mis en évidence en Égypte, au cours des fouilles menées à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, n° 84-85 p. 106, pl. 27, pl. 104.2-3), et dans les collections du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, n° 8933 p. 213, pl. XX). On répertorie aussi un décor de ce type au sein du mobilier découvert à Césarée Maritime, daté du début de l’époque islamique (AYALON 2005, n° 368 p. 96, p. 278-279). Les fouilles de Saraçhane à Istanbul ont livré une série de plaques au décor proche, datées pour la plupart du VIIe-VIIIe siècle (HARRISON 1985, n° 32-39 p. 229, fig. 295, 296). On connaît également un tel décor sur un placage de forme triangulaire provenant d’Antinoé (Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, inv. E 12495).

 

Les pièces précédemment citées appartiennent à des placages de meubles ou de coffrets, tandis que la nôtre semble constituer elle-même une paroi de boîte ou s’insérer dans la structure d’un meuble. Nous ne connaissons pas d’élément analogue qui nous permettrait de préciser la date de production de notre plaque. La proximité avec certains décors de placages byzantins ou omeyyades nous conduits tout de même à proposer une datation entre le Ve et le VIIIe siècle.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cuiller

type ligula

Provenance inconnue

Ier-IVe siècle ap. J.-C.

L. 10,3 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os

Co. 5775

Commentaire

Etat de conservation

La pièce est incomplète. En plus d’être brisé dans sa partie senestre, le cuilleron présente un degré d’usure prononcé. En effet, sa partie supérieure a en grande partie disparue, en raison d’un emploi répété de la cuillère. L’extrémité du manche est aussi cassée. L’ensemble de l’ustensile est couvert de traces laissées par les radicelles lors de son enfouissement. Celles-ci sont très abondantes sur sa face interne. La cuillère conserve aussi une légère couche de sédiments, incrustée dans les parties en creux ou sur les zones endommagées par les radicelles. Les incisions au revers de la tige sont soulignées d’ocre rouge.

Description

Au sein des cuillères répertoriées aux époque romaine et byzantine, on distingue deux typologies : le cochlear au cuilleron circulaire, représenté par trois exemplaires de la collection du musée Rodin (Co. 3639, Co. 3640, Co. 5665), et la ligula, pourvue d’un cuilleron ovale. C’est à cette dernière catégorie que devait correspondre notre cuillère, malgré l’usure prononcée de son cuilleron. Le manche de section ovale est renflé sur les deux tiers de sa hauteur et s’amincit vers l’extrémité proximale. Il se prolonge au dos du cuilleron par une pointe triangulaire, sans doute assez effilée à l’origine. Cette pointe est soulignée de deux chevrons qui naissent à la base de la partie qui imite un bras articulé. Le cuilleron, qui affecte un forme grossièrement semi-circulaire aujourd’hui, présentait probablement, avant que l’objet ne soit utilisé, un dessin allongé.

 

Cette cuillère propose une traduction en os d’un modèle métallique. Le décrochement au premier tiers de la hauteur du manche indique une volonté d’imiter les cuillers en argent ou en bronze, à cuilleron piriforme, munis d’un bras articulé. Cette partie quadrangulaire, supporte au revers, l’amorce des deux chevrons qui se poursuivent en une pointe sur le cuilleron, barrée d’une rainure horizontale, tandis que la face interne est striée de trois profondes entailles longitudinales, en partie supérieure du manche. Ces petites encoches, fréquentes sur les manches des exemplaires en métal, permettaient d’appuyer la cuillère sur le rebord du plat.

 

De nombreux modèles de ligulae offrent un manche se terminant en pointe longue sur un cuilleron souvent souligné de longs chevrons (BÉAL 1983 n° 796 p. 253, pl. XLVI ; BIRÓ 1994, n° 478 p. 99, pl. LV ; GOSTENČNIK 2005, p. 84-88, pl. 18-20 p. 440-445 ; ANDERES 2015 n° 94 p. 40-41, 116, pl. 4 p. 130). Plus rares néanmoins sont les individus qui proposent une transcription précise dans l’os d’un manche à bras articulé de section rectangulaire, et non en arc de cercle. Une cuillère fragmentaire provenant de Corinthe montre un décrochement du manche, en partie supérieure, qui rappelle celui de notre pièce (DAVIDSON 1938, n° 1394 p. 189, pl. 84). Un exemplaire attribué à l’époque islamique de Césarée Maritime révèle des rainures horizontales identiques au nôtre sur le haut du manche (AYALON 2005, n° 162 p. 48, fi. 17-162 p. 232-233). Les ligulae sont généralement datées entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère. Toutefois, ce type semble bien perdurer à l’époque byzantine dans la partie orientale du bassin méditerranéen. Aussi est-il délicat d’assigner cette pièce à une période précise.

 

Comparaisons

-Césarée Maritime, inv. 17/A/0636 (AYALON 2005).

-Corinthe (DAVIDSON 1938).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Aiguille à sommet en palette

Provenance inconnue

Ier-Ve siècle ap. J.-C.

L. 9,85 cm ; l. 0,45 cm ; ép. max. 0,3 cm

Os

Co. 5669

Commentaire

Etat de conservation

L’aiguille offre une teinte crème uniforme. Hormis la pointe qui est cassée, elle ne présente que quelques petites taches brunes et des stigmates laissés par des radicelles. Des sédiments sont encore présents au niveau du chas.

Description

Le sommet en palette aplatie de l’aiguille affecte une forme légèrement pointue. Alors que l’extrémité supérieure montre une section rectangulaire, la zone sous le chas dessiné en 8, se caractérise par une section ovale. Le corps de section circulaire se prolonge en une pointe longue. En raison de sa forme, le chas devait sans doute permettre le passage de plusieurs fils de trame.

 

Découvertes en grand nombre sur les sites d’époque romaine, les aiguilles à chas en os trouvent des correspondances en métal et en bois. Divers types ont été définis en fonction de la forme des têtes et des chas. Les têtes offrent des terminaisons coniques, pyramidales ou plates, comme sur notre exemplaire, tandis que les chas peuvent être circulaires, en forme de « 8 », ou rectangulaires. Certains chas sont composés de plusieurs perforations tangentes qui dessinent une forme allongée et complexe. Dans certains cas, une corrélation a été établie entre la forme de la tête, sa section et le dessin des chas. Les aiguilles au sommet en palette paraissent souvent dotées de chas rectangulaires complexes (ANDERES 2015 p. 31).

 

Correspondant à des types assez standardisés, les différentes catégories d’aiguilles devaient être dévolues à des fonctions précises. La finesse des pointes ne permet pas d’envisager leur recours pour perforer des textiles très fins. Cette fonction était volontiers réservée aux aiguilles en métal plus solides. On pouvait sans doute utiliser les aiguilles en os pour coudre des textiles à trame lâche, ou du cuir, après que les trous aient été préparés au poinçon, mais aussi dans le cadre de travaux de matelassage et de passementerie (BÉAL 1983 p. 163 ; ANDERES 2015, p. 31-32).

 

La collection du Landesmuseum renferme deux parallèles dotés d’un chas en forme de 8 (MIKLER 1997, p. 55, 149, pl. 41/3-4), ainsi que le musée de Budapest (BIRÓ 1994, n° 522-523). Notre exemplaire répond au type Béal A XIX 6 et trouve une analogie parlante dans la collection du musée de Nîmes (BÉAL 1984 n° 154 p. 44, pl. 7). Le chas de notre aiguille n’est fait que de deux perforations circulaires tangentes, tandis que ce spécimen nîmois révèle un chas obtenu à partir de trois perforations. Le site d’Avenches a livré des types similaires, mais perforés aussi de trois chas (SCHENK 2008, n° 602-603 p. 64-65, 206, fig. 120 p. 278). D’après A. Schenk, ce type à sommet en palette paraît avoir une durée de vie assez longue, du Ier au Ve siècle.

 

Comparaisons :

-Budapest, musée national, inv. 141.1888.49 (BIRÓ 1994).

-Mayence, Landesmuseum, inv. Nr. 64/75c, inv. Nr. F. 4177 (MIKLER 1997).

-Nîmes, musée de la Romanité, sans inv. (BÉAL 1984).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cuiller

type cochlear

Provenance inconnue

Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?

L. 4,85 cm ; D. cuilleron 2,25 cm ; ép. max. 0,45 cm

Os

Co. 5665

Commentaire

Etat de conservation

La cuiller offre une patine brun clair. De petites taches brunes se remarquent également sur la face interne du cuilleron, et au revers de l’objet. La tige est cassée à mi-hauteur. Une fissure endommage la partie supérieure senestre du cuilleron. Quelques sédiments subsistent, notamment à la jonction du manche et du cuilleron. La surface est particulièrement lustrée.

Description

L’ustensile appartient à l’une des deux catégories de cuillères les plus répandues dans le bassin méditerranéen à l’époque romaine : les cochlearia. Ces instruments dont le cuilleron circulaire est particulièrement adapté au prélèvements de mets tels que les œufs ou les escargots, étaient vraisemblablement dévolus aussi à d’autres usages. Ils devaient sans doute aussi être employés dans la préparation d’onguents, de cosmétiques ou de remèdes. Pourvu d’un cuilleron à la forme régulière, ils se démarquaient de la ligula, cuillère à la partie utile piriforme ou en goutte d’eau.

 

Notre spécimen présente un manche, dont la section circulaire s’amincit près de la jonction avec le cuilleron. Sa tige se raccorde, au revers de l’objet, par une pointe courte triangulaire, soulignée d’une rainure. Le cuilleron circulaire, assez profond, montre un discret ressaut sur son pourtour, moins prononcé que sur les deux autres cuillères du musée Rodin. Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre conserve une série de cuillères provenant de la région de Smyrne, dont le cuilleron aux parois évasées et au raccordement du manche à pointe courte, peut rappeler le nôtre. L’une d’elles présente une patine brun clair comme le fragment du musée Rodin (inv. MNC 2422.2), tandis qu’une autre possède un manche munie d’une pointe courte, redoublée par une profonde incision triangulaire (inv. MNC 2422.9). Une rainure similaire s’observe aussi sur un fragment de cuillère découvert sur le site d’Augst (DESCHLER-ERB 1998, n° 224 p. 29, pl. 11 p. 363).

 

La morphologie des cochlearia en os semble connaître peu d’évolution au cours des siècles. Bien que J.-C. Béal atteste la présence de ce type dès le IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252), il semble surtout se diffuser à partir de l’époque d’Auguste dans les provinces occidentales, puis se répandre massivement dans le troisième quart du Ier siècle ap. J.-C. Retrouvés en grand nombre tant dans les régions orientales qu’occidentales de l’Empire romain, les cochlearia en os sont, au cours du IIe siècle, concurrencés par leurs équivalents en métal cuivreux et en argent. Aux IIIe et IVe siècle, les exemplaires en os se raréfient (pour la chronologie, consulter DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40). Les éléments de datation fournis par les sites d’Augst, d’Avenches et du Magdalensberg, révèlent une abondante production de cette typologie au cours du Ier-IIe siècle ap. J.-C., ce qui nous permet de suggérer une fabrication de notre cuillère durant cette période.

 

Comparaisons

-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MNC 2422.2, inv. MNC 2422.9.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Stylet à tête globulaire aplatie et à renflement

Provenance inconnue

Première moitié du Ier siècle ap. J.-C.

L. 6,35 cm ; l. tête. 1,03 cm ; P. tête 0,77 cm

Os

Co. 5657

Commentaire

Etat de conservation

L’objet de couleur crème présente une patine ocre orangé. Il est complet. La surface de l’os présente une forte abrasion. Il subsiste d’infimes traces de sédiments.

Description

L’ustensile est constituée d’une tête globulaire surmontant un corps de section circulaire, dont le diamètre croît du col vers son extrémité utile. La pointe courte est en ogive. La tête qui affecte la forme d’une olive aplatie se raccorde directement au corps par un col large, bien marqué, qui possède une base courbe.

 

À la suite de la publication par J.-C. Béal d’une série de ces objets comme fuseaux ou épingles (BÉAL 1983, p. 151-162), on a parfois combattu l’idée que cette typologie correspondait à des instruments d’écriture (DUREUIL 1996, p. 71). Leur diamètre relativement épais ne facilitant pas la préhension, et leur tête sphérique ou ovalaire peu appropriée pour effacer un texte gravé dans la cire ne semblaient pas justifier leur utilisation comme stylets (BOŽIČ & FEUGÈRE 2004, p. 30). rononcée a été prise en considération das cete interpétaion. Pourtant, ces objets conservent souvent sur leur sommet des marques de dents laissées par leurs anciens propriétaires mâchouillant leurs stylets, ou des traces d’usure en biais, attestant leur emploi pour lisser la cire. Leur découverte à proximité d’autres éléments en lien avec l’écriture plaide également en faveur d’une identification comme stylets ((BOŽIČ & FEUGÈRE 2004, p. 31 ; SCHENK 2008, p. 56).

 

Munis invariablement d’un corps cylindrique, doté d’un renflement améliorant la pris en main de l’instrument, les stylets se caractérisent par une pointe effilée à l’une des extrémités, tandis que l’autre accueille une forme globulaire ou une petite spatule destinée à écraser la cire ou corriger des mots. Notre pièce se rapproche par son aspect général et ses dimensions réduites de stylets découverts à Lyon (BÉAL 1983, A XX 18, n° 724-725 p. 206-207, pl. XXIX), et d’un exemplaire provenant d’Avenches (SCHENK 2008, n° 484 p. 198, fig. 116 p. 274). La tête ovoïde fortement aplatie contraste, néanmoins, avec les têtes en forme d’olive de ces analogies. En outre, elle semble présenter un aplat au revers, sans doute en rapport avec son usage pour lisser la cire, rappelant celle observable sur un stylet du Landesmuseum de Mayence (MIKLER 1997, p. 27, 127, pl. 16, -14). Cette caractéristique est toutefois beaucoup moins évidente que sur la série des stylets exhumés à Délos (DEONNA 1938, pl. LXXXI, n° 682, 1-6).

 

Façonnés en os dès le IIe siècle av. J.-C., les stylets comptent de nombreux exemplaires en bois, en fer et en bronze. À l’époque républicaine, un certain nombre de ces objets a été découvert en contexte funéraire ou dans des épaves. Dans le dernier tiers du Ier siècle ap. J.-C., les stylets biconiques semblent remplacés par des stylets qui imitent ceux en métal. Si l’on prend en compte la datation proposée par Béal pour le stylet dont la tête est manquante, nous pouvons suggérer une fabrication de notre instrument au début du Ier siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons

-Lugdunum, musée, inv. 660, inv. 79.1.6.17 (BÉAL 1983 : pour la morphologie générale sauf la tête).

-Avenches, musée romain, inv. 4603 (SCHENK 2008 : idem).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Stylet à tête en olive et à renflement

Provenance inconnue

Première moitié du Ier siècle ap. J.-C.

L. 6,4 cm ; D. max. 0,9 cm

Os

Co. 5656

Commentaire

Etat de conservation

L’objet, qui présente une patine jaune clair, est complet. Il conserve des sédiments dans les parties en creux. De petites manques de matière s’observent sur les moulurations du col et la tête. La surface de l’os est fortement abrasée. La structure du tissu osseux visible sur toute la hauteur de l’objet, mais surtout sur la tête, révèle un léger délitement.

Description

L’instrument est pourvu d’une tête en forme d’olive ou de bulbe étiré. Celle-ci est rattachée au corps par un col étroit, bien dégagé, qui comporte à la base deux disques séparés par une gorge. Le corps épais, de section circulaire, renflé sur les deux-tiers de sa longueur, se termine par une pointe courte conique assez émoussée.

 

Ce type d’objet a parfois été rattaché à la catégorie des fuseaux en raison de la forme peu adaptée des têtes globulaires ou coniques pour racler la cire enduisant les tablettes (BÉAL 1983, p. 155 ; DUREUIL 1996, p. 71). Il apparaît évident que la petitesse des ustensiles comme le nôtre et leur pointe peu effilée n’invitent pas à les identifier comme des stylets. Malgré ses caractéristiques morphologiques, notre exemplaire s’intègre, toutefois, dans la famille des instruments d’écriture (ANDERES 2015, p. 39). D. Božič et M. Feugère ont avancé plusieurs arguments en faveur de l’utilisation de ces ustensiles comme outils à écrire : les marques laissées sur la tête par les dents de certains possesseurs mâchouillant leurs stylets, les traces d’usure obliques identifiables sur les têtes, témoignant de leur utilisation pour effacer les fautes, ainsi que la présence de ces instruments à côté d’autres éléments en lien avec l’écriture, lors de leur découverte (BOŽIČ & FEUGÈRE 2004, p. 31).

 

Fréquents dans les épaves et les tombes de l’époque républicaine, les stylets semblent être d’abord façonnés en bois ou en os, avant d’être réalisés en métal. Dans le dernier tiers du Ier siècle ap. J.-C., les instruments sont remplacés par des stylets qui imitent les exemplaires métalliques. Notre pièce possède des traits communs avec un certain nombre de stylets provenant des fouilles du Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 56-57, pl. 4, -5), ou du Landesmuseum de Mayence (MIKLER 1997, p. 126, pl. 16, 3-4, 7-8), tels que la tête olivaire ou le col mouluré. Leur taille les range, toutefois, dans une autre typologie. Par sa hauteur réduite, notre stylet se rapproche davantage de petits exemplaires du fonds du musée de Mayence (MIKLER 1997, p. 27, 127, pl. 17, -4, -6) Il rappelle également, par sa tête en olive, un stylet de la collection Campana découvert en Italie conservé au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre (MNE 305.2). Un spécimen mis au jour à Paris, dans les anciennes fouilles conduites dans les jardins du palais du Sénat, révèle une forme beaucoup plus proche du nôtre (DUREUIL 1996, p. 70). Cette typologie correspond à une production datée du début du Ier siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons

-Mayence, Landesmuseum (MIKLER 1997 : taille des stylets).

-Paris, fouilles du jardin du Luxembourg (DUREUIL 1996).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Aiguille à sommet en palette

Provenance inconnue

IIe-IIIe siècle ap. J.-C.

H. 10,3 cm ; l. 0,55 cm ; ép. max.0,4 cm

Os

Co. 3643

Commentaire

Etat de conservation

Complète, l’aiguille présente des petites taches ocre orangé, ainsi que des marques noires sur l’un des ses côtés. Le revers est entièrement recouvert de taches sombres résultant du collage de l’objet sur un carton. Le même phénomène s’observe aussi sur l’épingle Co. 3141 et le cure-oreille Co. 3644 du musée Rodin. La pointe semble émoussée ou retaillée. On note un petit éclat au bord du chas inférieur.

Description

Le corps de l’aiguille, de section circulaire, s’amincit vers son extrémité. L’instrument offre un sommet en palette aplatie à la forme cintrée, contrairement à l’autre exemplaire du musée Rodin, Co. 5669, dans le dessin de la tête est plus pointu. Cette partie supérieure accueille deux chas superposés : un chas circulaire surmonte un chas ovale ou dessiné en « 8 », légèrement décentré par rapport à l’axe longitudinal de l’objet.

 

Retrouvées en quantité sur la plupart des sites du bassin méditerranéen à l’époque romaine, les aiguilles à chas, dont il existe des équivalents en métal cuivreux et en bois, étaient employées dans le cadre de travaux de couture convoquant des textiles à trame lâche ou du cuir déjà préparé à l’aide d’un poinçon. En effet, leur épaisseur et la fragilité de leur pointe ne permet pas d’envisager une utilisation pour assembler des textiles à trame serrée (DUREUIL 1996, p. 68 ; SCHENK 2008, p. 63). Leur longueur moyenne se situait entre 8 et 12 centimètres.

 

Plusieurs catégories ont été établies selon la forme des têtes et des chas. J.-C. Béal a démontré qu’un lien existait souvent entre le sommet de l’aiguille, la section et la forme du chas. Aux ustensiles à tête conique, de section circulaire, correspond souvent un chas constitué d’un simple perforation ou en forme de « 8 ». Ceux à tête pyramidale proposent aussi des chas en forme de « 8 » ou rectangulaires. Le type arqué, comme le nôtre montre souvent un chat rectangulaire ou à forme complexe (ANDERES 2015, p. 31). Il n’a cependant pas été possible d’assigner une fonction précise à chaque famille d’aiguilles. La présence de plusieurs orifices a été expliquée par le besoin de travailler avec plusieurs fils à la fois, peut-être de couleur différente (BÉAL 1983, p. 163 ; SCHENK 2008, p. 64).

 

Une série de trois épingles mise au jour dans les environs de Smyrne, conservée au département des Antiquités grecques, étrusques et romains du Louvre, présente un aspect général similaire et une même superposition de chas (inv. MNC 2419.4, MNC 2419.5, MNC 2419.6). Des analogies se rencontrent également dans d’autres collections, mais elles présentent généralement trois chas, dont le principal offre une gouttière. On citera les aiguilles découvertes sur le site d’Avenches, à tête en palette large (SCHENK 2008, p. 64-65, n° 602-603 p. 206, fig. 120 p. 278), un spécimen du musée de la Romanité de Nîmes (BÉAL 1984, n° 160 p. 145, pl. 8 : type A XIX 10, variante b nouvelle), ainsi qu’un exemplaire provenant d’Augst (DESCHLER-ERB 1998, n° 698 p. 66, pl. 19 p. 371). La plupart de ces exemplaires sont situés au IIe-IIIe siècle (BÉAL 1983, p. 173).

 

Comparaisons

-Avenches, musée romain, inv. 70/6941, inv. 91/78885-3 (SCHENK 2008).

-Augst (inv. 1924.664 : DESCHLER-ERB 1998).

-Nîmes, musée de la Romanité, inv. 007.3.41 : BÉAL 1984).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cuiller

type cochlear

Provenance inconnue

Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?

L. 5,8 cm ; D. cuilleron. 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os

Co. 3640

Commentaire

Etat de conservation

L’ensemble de la cuiller est recouvert de sédiments blancs. On note aussi des traces laissées par des radicelles, notamment à l’intérieur du cuilleron. Le manche est cassé à mi-hauteur. Une fissure longitudinale fragilise l’objet à la jonction de la face interne du manche et du cuilleron. Le bord senestre du cuilleron est manquant. De nombreuses petites pertes de matière s’observent également, ainsi qu’une forte abrasion de la surface.

Description

Cet ustensile appartient à la catégorie des cochlearia, cuillères munies d’un cuilleron circulaire, dont la fonction première était de servir à déguster des escargots ou des œufs. Constituant avec la ligula, cuillère au cuilleron plus allongé ou en forme de goutte d’eau, l’une des deux typologies principales de cuillères à l’époque romaine, le cochlear connaît une importante diffusion dans l’ensemble du monde romain, de l’époque républicaine jusqu’au IVe siècle. Comme leurs homologues en métal cuivreux et argent, ces cuillères étaient sans doute employées dans le cadre de préparation d’onguents ou de remèdes, dans les domaines de la pharmacopée et de la cosmétique.

 

Notre objet se distingue par un manche à la section ovale, dont le diamètre se rétrécissait vers l’extrémité proximale, aujourd’hui perdue. Le manche se raccorde au cuilleron ovale, assez profond, par une pointe courte triangulaire, bien dessinée, visible sur la face externe de l’ustensile. L’artisan a pourvu la paroi du cuilleron d’une certaine épaisseur de matière afin de créer un bord en ressaut. Le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre conserve un exemple analogue, au cuilleron restauré (DAE, inv. E 642), qui montre à la fois un cuilleron cerné d’un ressaut bien marqué, et un manche, à section ovale aplatie, à l’extrémité supérieure en pointe courte, conservant de nombreuses traces de lime. D’autres cuillères abritées dans les collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, présentent les mêmes traits (inv. MG 22388, inv. S. 5778). On peut aussi citer, à titre d’exemple de comparaison, une cuillère mise au jour au Magdalensberg, pourvue d’un manche à raccord en pointe courte (GOSTENČNIK 2005, p. 82, pl. 17/2 p. 438-439), et deux exemplaires lyonnais (BÉAL 1983, n° 781, 787 p. 250-251, pl. XLV).

 

D’après J.-C. Béal, les premières occurrences du cochlear pourrait remonter au IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252). Cette typologie si représentative de la cuillère d’époque romaine, se répand dans les provinces occidentales surtout à partir du troisième quart du Ier siècle ap. J.-C., même si elle est déjà attestée dès l’époque augustéenne. Concurrencés par les exemplaires métalliques au IIe siècle ap. J.-C., les cochlearia en os se font plus rares au cours des IIIe-IVe siècles (voir DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40 pour la chronologie). Compte-tenu des éléments de datation fournis par les sites d’Augst et d’Avenches, nous pouvons placer la fabrication de notre fragment de cuiller au Ier-IIe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons

-Lugdunum, musée, inv. 689, inv. 244 (BÉAL 1983).

-Magdalensberg, inv. 1987, T/1 (GOSTENČNIK 2005).

-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MG 22388, inv. S. 5778.

-Paris, musée du Louvre, DAE, inv. E 642.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cuiller

type cochlear

Provenance inconnue

Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?

L. 6,5 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,4 cm

Os

Co. 3639

Commentaire

Etat de conservation

La tige est cassée à mi-hauteur. La face de l’ustensile est maculée de taches noirâtres résultant de son collage sur un carton. Le même phénomène s’observe sur plusieurs objets de la collection du musée Rodin : l’épingle Co. 3141, l’aiguille Co. 3643, et le cure-oreille Co. 3644. L’intérieur du cuilleron révèle également des traces laissées par des radicelles lors de l’enfouissement de la cuillère. Le revers, à la teinte ivoirine, offre par endroits une patine jaune clair. De très discrets sédiments subsistent sur la surface égalisée à la lime.

Description

La cuillère se caractérise par un manche cylindrique dont le diamètre s’amenuise vers l’extrémité distale. Plus large que haut, il se raccorde par une pointe courte triangulaire à un cuilleron circulaire peu profond. La paroi du cuilleron présente une certaine épaisseur, exploitée pour créer un bord en ressaut. Le centre de sa face interne est marquée d’un décor de petit cercles concentriques : un ombilic sur lequel est venu s’appuyer le pointeau du tour et une gorge plus profonde l’entourant.

 

Le cochlear et la ligula, constituent les deux typologies les plus courantes de cuillères à l’époque romaine. Dotée d’un cuilleron circulaire, contrairement à la ligula qui se termine par un cuilleron ovale ou en goutte d’eau, le cochlear servait prioritairement à manger des escargots et des œufs. Il fut sans doute aussi convoqué dans le cadre de la toilette ou de la médecine, pouvant être utilisé dans la préparation d’onguents ou de cosmétiques. Rarement enrichis de décor comme leurs équivalents en bronze ou en argent, ces cuillères en os constituent un corpus homogène au sein duquel prédominent deux variantes affectant le raccord du manche au cuilleron. Le manche peut être attaché par une pointe courte, comme sur notre exemplaire, ou par une pointe effilée dite « en queue de rat ».

 

Notre cuillère a pour particularité de posséder, au centre du cuilleron, un ombilic de tournage, caractéristique que l’on retrouve sur un ustensile lyonnais, au manche restauré (BÉAL 1983, type A XXV, 1, n° 789 p. 2581, pl. XLIV), mais aussi sur une cuillère complète du Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 81 n. 281, pl. 16/2 p. 436-437), et une seconde exhumée à Augst (DESCHLER-ERB 1998, n° 229 p. 30, pl. 12 p. 364). Un détail similaire a été relevé sur une cuillère provenant d’Ashkélon (WAPNISH 2008, p. 601, fig. 34.9, n° 107 p. 628). On citera encore en guise de comparaison une cuillère fragmentaire, conservée dans les collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, découverte dans les environs de Smyrne, avec deux autres cuillers très proches (inv. MNC 2422.12).

 

Largement répandus dans l’ensemble du bassin méditerranéen, les cochlearia présentent une morphologie assez stable au cours du temps. Si les premiers exemplaires pourraient remonter, selon J.-C. Béal, au IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252), cette production semble se développer dans les provinces occidentales à l’époque augustéenne et devenir abondante dans le troisième quart du Ier siècle ap. J.-C. La série de cochlearia, avec un manche se raccordant en pointe courte, découverts sur le site d’Avenches se rapporte, en majeure partie, à une période comprise entre la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. et le milieu du IIe siècle (SCHENK 2008 p. 197 fig. 115 p. 273). Bien que les exemples restent fréquents au IIe siècle, les cuillères en métal paraissent se multiplier à partir de la seconde moitié du siècle. Les spécimens en os se font plus rares au IIIe siècle, et plus encore au IVe siècle (pour la chronologie, cf. DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40). Aussi peut-on suggérer pour notre exemplaire, une production au cours de deux premiers siècles de notre ère, sans pour autant exclure une date de fabrication plus tardive.

 

Comparaisons

-Augst, inv. 1977. 5871 (DESCHLER-ERB 1998).

-Avenches, musée romain, inv. K 3025 (SCHENK 2008).

-Lugdunum, musée, inv. 428 (BÉAL 1983, n° 789 : détail de l’ombilic analogue).

-Magdalensberg, inv. 1958 OG/5 (GOSTENČNIK 2005).

-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MNC 2422.12.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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