Manche sculpté à décor isiaque

Égypte ou Proche-Orient ?

Ier-IIIe siècle ap. J.-C. ?

H. 6,85 cm ; L. 3,4 cm ; P. max. 2,3 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 3105

Commentaire

Etat de conservation

La partie proximale du manche est cassée, ce qui explique que les parties inférieures des divinités représentées soient manquantes. Une fissure longitudinale endommage la face du manche ornée d’un uraeus dressé. Le relief est complètement érodé, l’os montrant un degré d’altération important. Le milieu d’enfouissement sans doute riche en acides organiques a visiblement contribué à sa dégradation. D’abondants sédiments de couleur ocre brun se logent encore dans les anfractuosités des reliefs de la face externe. La cavité du manche est entièrement recouverte de ces mêmes sédiments.

Description

Ce manche cylindrique, pourvu d’un décor en bas-relief, et d’une extrémité sur laquelle venait s’encastrer la partie utile en métal de l’objet, appartenait probablement à un couteau ou à miroir. Trois divinités juxtaposées, issues du panthéon isiaque, en constituent le programme iconographique. Sur l’un des côtés, on reconnaît Harpocrate, portant l’index de sa main droite aux lèvres et tenant une corne d’abondance. Son corps est vu de face, tandis que sa tête est orientée vers la gauche. Le dieu enfant égyptien est représenté debout, légèrement déhanché, et nu. On distingue encore les plis du manteau posé sur son épaule gauche et retombant le long de son buste. La face opposée accueille un cobra dressant sa tête vers la gauche, coiffée du pschent. Peut-être faut-il voir dans cette image de dieu serpent, une représentation de Sarapis Agathodaimon. Entre Harpocrate et le bon génie serpentiforme se tient une figure féminine dont le visage est tourné vers la droite. L’état de désagrégation du relief ne facilite pas son identification. La couronne qui surmonte sa tête, et la cornucopia qu’elle semble tenir de la main gauche, pourraient plaider en faveur d’une représentation d’Isis.

 

L’intégration de notre manche à une famille de pièces de même typologie, et au décor très proche, permet d’affiner notre lecture des silhouettes et d’en améliorer la compréhension. Sur les manches en os, à la morphologie identique, se rencontrent différentes divinités : Héraclès et Apollon, figuré sous la forme d’un pilier hermaïque (Baltimore, Walters Art Museum, inv. 71.1126), Apollon et Artémis (Malibu, Getty Villa, inv. 71.AI.344), Aphrodite jouxtant un pilier hermaïque, répondant à un griffon sur la face dorsale (Paris, Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, inv S. 2653 ; Beyrouth, inv. ASH 163-146 : AZAM 2021, vol. 2, p. 548-566, vol. 3, pl. LXVII, p. 920). Toutefois, une série de trois manches propose une iconographie similaire à celle de notre pièce : une figure d’Harpocrate assis sur une oie sur une face, et un serpent lové sur un autel, au revers (Bruxelles, Musée royal d’Art et d’Histoire, inv. E 02499 : WILLEMS & CLARYSSE 2000 n° 195 p. 266-267 ; Nicosie, musée de Chypre, inv. 755 : TRAN TAM TINH, JAEGER & POULIN 1988, I, n°325 p. 437, II, p. 261 ; PODVIN 2017 p. 249 ; Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales, inv. AO 2487 : CAUBET & GABORIT 2004, n° 97 p. 88-89, 92). Un manche conservé au Princeton University Art Museum révèle un décor presque identique, à l’exception de la figure d’Harpocrate, qui est assise non sur une oie, mais sur la queue du serpent Agathodaimon (inv. 2005-19). La figure d’Harpocrate pare également un manche provenant de Sidon (inv. 1335-1012 : AZAM 2021, vol. 2 p. 552, fig. 480 p. 453, vol. 3 pl. LXVIII, p. 920), et un autre conservé au Musée royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles (R 1516).

 

On constate toutefois quelques différences entre notre manche, et les exemplaires de Bruxelles et du Louvre. L’uraeus correspond davantage à une image d’Isis-Thermouthis, puisque qu’il est coiffé du basileion, contrairement au serpent de notre manche qui arbore le pschent. Cette couronne isiaque surmonte également la tête des serpents sculptés sur trois autres manches : le premier était autrefois conservé dans la collection Hoffmann (TRAN TAM TINH 1984, A-23 p. 71, pl. XXX), le second appartient au Musée royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles (inv. R 1515 : ARSLAN 1997, n° IV.326 p. 283) ; le troisième est celui exhumé à Sidon. Le manche découvert à Tyritake en Crimée, peut être convoqué aussi comme comparaison, puisqu’il propose, comme le nôtre, une silhouette d’Harpocrate debout, et non assise, à l’instar des pièces précédemment citées.

 

Bien que le cercle des dieux mis en scène sur cette catégorie de manches soit assez étendu, il semble que la gens isiaca ait fait l’objet d’une attention particulière. Sur notre manche, la représentation d’Harpocrate, opposée, au revers, à celle d’un serpent Agathodaimon, pourrait être complétée d’une figure d’Isis. Ce programme iconographique fortement influencé par le répertoire alexandrin atteste la popularité des cultes isiaques dans l’ensemble du bassin méditerranéen à l’époque romaine. Si une datation à l’époque hellénistique a pu être avancée pour le manche de Baltimore, ou celui de Tyritake, la plupart des autres exemplaires ont été attribués à une période située entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. Comme les manches de Bruxelles (Musée royal d’Art et d’Histoire, inv. R 1515, 1516), mis au jour dans une sépulture de Cerveteri, les individus de Néa Paphos et de Pompéi ont été assignés au Ier siècle ap. J.-C. Cette datation est étayée par le manche de Beyrouth, retrouvé dans une tombe d’enfant datant du milieu du Ier siècle ap. J.-C. (AZAM 2021 fig. 482 p. 554). Les manches à sujet isiaque ont été découverts dans tout l’Empire romain (maison de Dionysos à Néa Paphos pour le manche de Nicosie, fouilles de Sidon pour le spécimen libanais, site d’Oxyrhynchos pour le manche E. 02499 de Bruxelles), si bien qu’il est délicat d’en rattacher la production à une province en particulier.

 

Marquage

Sur une étiquette octogonale à double liseré doré collée au dos, J 5, écrit à l’encre.

 

Comparaisons

-Sidon, inv. SW 1335-1012.

-Bruxelles, Musée royal d’Art et d’Histoire, inv. E 02499.

-Bruxelles, Musée royal d’Art et d’Histoire, R 1516.

-Nicosie, musée de Chypre, inv. 755.

-Paris, Musée du Louvre, DAO, inv. AO 2487.

-Princeton, University Art Museum, inv. 2005-19.

-Tyritake (Crimée).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Couteau

manche

Provenance inconnue

Époque romaine

L. 6,1 cm ; l. 1,9 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os

Co. 2390

Commentaire

Etat de conservation

Le manche de couteau est brisé à la hauteur de l’emmanchement. Un long éclat descend vers l’un des bords. L’os se caractérise par une teinte crème, qui prend une tonalité beige vers la partie utile. L’objet révèle un léger encrassement et des sédiments dans les creux. Sur l’un des côtés, on note un léger fendillement de la matière osseuse et quelques petites taches de couleur ocre.

Description

La taille du manche indique qu’il appartenait à un petit couteau ou canif. Allongé et étroit, il s’évase vers son extrémité proximale, et offre une section de forme oblongue, en raison de son façonnage en facettes. Les deux côtés sont ornés de onze ocelles profondément incisées. Elles décrivent une ligne verticale qui donne naissance à un groupe de cinq cercles pointés en partie inférieure.

 

Une série de manches de couteau en bois de cerf, également ponctués d’ocelles, a été mise au jour sur le site du Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 204-207, 492-497, pl. 44-46). Ces manches répondent néanmoins à une autre typologie que le nôtre, puisqu’ils sont formés de deux parties s’emboîtant autour de la lame de l’instrument. L’un deux, qui mesure deux fois la longueur de celui du musée Rodin, possède également trois facettes (GOSTENČNIK 2005, p. 204-205, p. 494-495, pl. 45/3). Un exemplaire de même taille révèle un décor assez proche de notre manche, formé d’une rangée axiale de cercles pointés, qui s’épanouit en un groupe d’ocelles en partie inférieure du manche (GOSTENČNIK 2005, p. 205, 496-497, pl. 46/6). Leur contexte de découverte situe leur fabrication au début du Ier siècle ap. J.-C.

 

Les fouilles menées Alexandrie ont livré deux autres attestations de petits manches de couteau à décor d’ocelles, datant de l’Antiquité tardive (RODZIEWICZ 1984 fig. 198 p. 172-173 ; RODZIEWICZ 2007, n° 149 p. 126, pl. 34). La taille et la morphologie de notre individu se rapprochent davantage de ces exemplaires, mais il demeure particulièrement difficile d’attribuer notre manche à une période donnée, en hors de tout contexte archéologique documenté.

 

Comparaisons

-Alexandrie, Kôm el-Dikka, maison C près de la rue R4.

-Alexandrie, fouilles du garage Lux, inv. LUX 02.30776.3 (93).

-Magdalensberg, inv. FJ/FO 1969 (GOSTENČNIK 2005).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Quenouille sculptée d’une Aphrodite pudique

Provenance inconnue, Égypte ?

Ve - VIIe siècle

H. 16,9 cm ; l. 5,7 cm ; ép. 0,8 cm

Os, tibia ?

Co. 2378

Commentaire

Etat de conservation

L’anneau de la quenouille est brisé, comme le bras droit de la figure d’Aphrodite. De petits éclats endommagent le sommet et les côtés de la coiffure de la divinité. Dans les zones en creux se logent encore des sédiments et des résidus blancs non liés, d’épaisseur irrégulière. On observe aussi quelques marques noires. Des taches jaune clair recouvrent le côté dextre de la déesse, ainsi que la majeure partie de la tige, côté face. Un fendillement longitudinal fragilise la pièce sur le bord senestre, et dans la partie basse. La tonalité crayeuse de l’objet près de l’anneau cassé s’explique par un délitement de l’os.

Description

L’objet pourvu d’un long corps à la section en ovale aplati se terminait originellement par un anneau. Cette morphologie particulière permet de l’identifier à une quenouille. Ustensile indispensable à la confection du fil, la quenouille était complémentaire du fuseau. La tisserande tenait d’une main cet instrument destiné à recevoir les fibres animales brutes, tandis qu’elle tenait de l’autre le fuseau, sur lequel s’enroulait le fil. L’anneau de la quenouille lui permettait d’y passer son petit doigt, pour mieux l’avoir en main.

 

Notre pièce a pour particularité d’être sculptée à son sommet d’une représentation d’Aphrodite pudique. Celle-ci se tient debout sur une base horizontale striées de deux fines gorges. Associée à cet instrument, la déesse qui présidait à la destinée féminine et au mariage, le chargeait d’une symbolique supplémentaire tout en exerçant un rôle protecteur. Nue jusqu’aux hanches, la divinité cache son sein droit et retient l’étoffe qui entoure ses jambes, tout en dissimulant son bas-ventre. Le pan de vêtement qui retombe devant les jambes de la déesse est orné d’un galon ponctué de trois ocelles. Des traits incisés en diagonale matérialisent les plis du manteau. Le visage aux traits un peu lourds est couronné d’une chevelure ramenée en chignon sur le haut de la tête. Des petites perforations circulaires semblent suggérer la présence d’un diadème garni de gemmes. La déesse porte au cou un collier enrichi de pendeloques traduites par des perforations identiques. Le revers du corps d’Aphrodite s’accorde à la face principale, en proposant la même silhouette trapue aux formes généreuses. Le manteau qui a glissé le long des jambes retombe sous les fesses de la jeune femme. On notera que le sillon interfessier se prolonge en une fine entaille jusqu’en haut du dos. L’arrière de la chevelure comporte un décor de croisillons.

 

La typologie de la quenouille à anneau et extrémité en forme d’Aphrodite pudique a été largement diffusée dans l’ensemble de l’Empire romain, mais les provinces orientales semblent avoir nourri une réelle prédilection pour celle-ci. Le style et la qualité des représentations diffèrent selon les exemplaires. Si sur certaines pièces, Aphrodite offre une silhouette conforme au canon de la beauté classique (COMSTOCK & VERMEULE 1976, n° 38 p. 30), sur nombre d’exemples provenant d’Égypte, la divinité révèle une approche stylisée (BRUYÈRE 1966, fig. 4-9 p. 102, pl. XIX ; BANK & BESSONOVA 1977, n° 317 p. 165). Une variante montre une Aphrodite entièrement dévêtue, dont l’étoffe n’entoure que les pieds (Petrie Museum, Londres, inv. UC71153 : PETRIE 1915, fig. 6 p. 43, pl. XLIX ; Musée archéologique de Split, inv. K 688 : IVEČEVIĆ 1999-2000, n° 3 p. 478-479 ; FERRAZOLI 2012, n° 57 p. 294, pl. 5, fig. 57). Ce sont des ustensiles découverts en Égypte qui entretiennent le plus d’affinités avec notre objet (L'Égypte en Périgord 1991, n° 57 p. 69 ; PETRIE 1927, n° 67 p. 28, pl. XXIII ; LORANT 2013, p. 65 n. 4, fig. 6 pl. 2). Les images d’Aphrodite arborent la même coiffure conique et montrent parfois un décor de cercles pointés, le long du pan de drapé retenu par la déesse. La schématisation de l’anatomie, couplée à une simplification du drapé plaide pour une date avancée. La mise en parallèle avec le fragment de quenouille découvert Elaiussa Sebaste en Cilicie, issu d’un contexte archéologique du VIe-VIIe siècle, permet d’assigner cette quenouille à l’époque protobyzantine, c’est à dire entre le Ve et le VIIe siècle.

 

Comparaisons

-Londres, Petrie Museum, inv. UC71153.

-Clysma-Qolzoum (BRUYÈRE 1966).

-Moscou, musée Pouchkine, inv. 7418.

-Périgueux, collection Mallet.

-Split, musée archéologique, inv. K 1188 (IVEČEVIĆ 1999-2000).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cliquette

élément

Égypte ou Proche-Orient

IIIe-VIIe siècle ap. J.-C.

L. 3,7 cm ; l. 3 cm ; P. max. 0,3 cm

Os

Co. 2376

Commentaire

Etat de conservation

La planchette de cliquette est conservée dans son intégralité. La teinte crème de l’os est simplement ternie, sur la face décorée, par une couche de salissure superficielle. On note aussi un léger fendillement longitudinal, ainsi qu’une forte abrasion de la surface osseuse. De petits arrachements se remarquent au revers, le long du bord inférieur. Les ocelles abritent encore des sédiments et des traces d’ocre orangé.

Description

L’élément de cliquette présente une forme rectangulaire irrégulière en raison de la découpe en biais du bord supérieur. La face externe est ornée de cinq cercles pointés, sans doute autrefois incrustés d’une pâte résineuse colorée. Les deux perforations, dont la disposition suit la diagonale du sommet de la plaquette, permettaient le passage d’un lien destiné à attacher la plaquette, au manche d’une cliquette.

 

Bien représentées au sein du mobilier égyptien d’époque romaine et byzantine, les cliquettes correspondent à l’ultime évolution des claquoirs d’époque pharaonique. Façonnées en bois ou en os, elles sont constituées d’un manche plat et allongé, à la forme et à l’ornementation plus ou moins élaborée, qui se termine par une planchette rectangulaire. Les plaquettes mobiles sont assujetties par un lien à cette planchette et s’entrechoquent lorsque l’instrument est agité. Le son produit est identique au cliquetis des castagnettes.

 

Les cliquettes en os devaient sans doute produire un son plus clair, que celles en bois, dont la sonorité était vraisemblablement étouffée. Les raisons de l’emploi de cet instrument à percussion demeurent méconnues. Peut-être était-il employé, à la fois dans un contexte profane, mais aussi religieux, pour donner le signal de certains événements, ou rythmer des chants (HINCKMANN 1950, p. 8).

 

Quelques exemplaires de cliquettes sont préservés dans leur intégralité. Une cliquette exhumée à Qarara en Moyenne-Égypte présente des plaquettes au dessin un peu différent de la nôtre : quatre ocelles disposées de part et d’autre d’une croix en X (RUTSCHOWSCAYA & BÉNAZETH 2000 n° 284 p. 226). Ce motif géométrique, dépourvu d’ocelles, se rencontre aussi sur les planchettes inv. E 21272 et inv. E 21275 qui ont été attachées sur le manche inv. E 13512 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, ainsi que sur la cliquette inv. E 21271 du même musée. Un décor identique au nôtre, formé de cinq cercles pointés, a été mis en évidence sur trois planchettes : la première provient de Césarée Maritime (AYALON n° 272 p. 70, p. 250-251), les deux autres ont été découvertes à Beyrouth (AZAM 2021, vol. 2, p. 561-563, vol. III pl. LXXII, p. 921). Les contextes archéologiques au sein desquelles cette typologie a été mise en évidence invitent à dater notre plaquette de la fin de la période romaine ou de l’époque byzantine.

 

Comparaisons

-Beyrouth, inv. 208.5292, inv. 208.8423.

-Césarée Maritime, inv. 26/P/0045.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Objet de mobilier ou fragment d’instrument

Provenance inconnue

Époque indéterminée

L. 7,75 cm ; l. 2,5 cm ; ép. max. 0,8 cm

Ivoire d’éléphant

Co. 2295-Co. 2318

Commentaire

Etat de conservation

La pièce est cassée à son extrémité inférieure. Elle est brisée dans son épaisseur également. Sa partie senestre est manquante. De nombreuses fentes et fissures la parcourent dans le sens longitudinal, conséquences d’un important délitement de la matière première. Trois fragments n’ont pu être raccordés à l’élément principal.

Description

L’objet et les trois fragments qui s’y rapportent constituent un élément de décor en forme de goutte, lui-même recreusé de trois motifs lancéolés. Particulièrement plat, cet objet présentait sans doute la même ornementation sur les deux faces. Alors que la base, est animée de quelques stries, le sommet du motif en forme de goutte est formé d’un couronnement de section circulaire, mouluré et supportant un bouton aplati.

 

Ce fragment de décor, au travail soigné, participait peut-être à l’ornementation d’un meuble ou d’un objet de prix, compte-tenu du matériau employé. Nous n’avons pu identifier de pièces comparables susceptibles de nous apporter des indices concernant son contexte et sa date de réalisation.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Couteau

manche en forme de trapézophore à tête de félin

Provenance inconnue

Ier-IIIe siècle ap. J.-C.

H. 6,1 cm ; l. 1,52 cm ; P. max. 1,94 cm

Os de mammifère

Co. 2062

Commentaire

Etat de conservation

Le manche de couteau est brisé au dos, dans la partie médiane, le long de la fente où se repliait la lame métallique. Il est également endommagé en partie supérieure. L’os à la teinte gris beige présente une forte abrasion. On remarque quelques petites taches brunes.

Description

Ce manche de canif zoomorphe s’inspire des pieds des tables tripodes gréco-romaines fréquemment ornées d’un protomé de fauve. La tête de panthère, reconnaissable à ses petites oreilles effilées, et sa gueule aux longues moustaches, surmonte un poitrail projeté en avant, qui donne naissance à une patte griffue. Le manche abritait dans son épaisseur la lame articulée d’un petit couteau. On notera ici l’absence de traces d’oxydation métallique que l’on rencontre fréquemment sur les exemplaires analogues.

 

Les manches de couteaux figurés semblent avoir été particulièrement en faveur à l’époque romaine. Épousant la forme d’un pied de meuble, ils revêtent l’apparence d’un animal réel (fauve, suidé, chien, cheval, dauphin) ou fantastique (sphinx ou griffon). M. Feugère a synthétisé les connaissances disponibles sur les manches en os, à avant-train de léopard, en publiant sur la base Artefacts une liste exhaustive des objets découverts en Occident. Il convient donc de s’y reporter pour accéder à une bibliographie complète et actualisée. Découverts dans de nombreuses provinces occidentales de l’Empire romain (France, Grande-Bretagne, Suisse, Allemagne, Espagne, Italie, Hongrie), ces manches souscrivent à un modèle également répandu dans la partie orientale de la méditerranée. À côté des exemplaires mis au jour en Grèce ou en Turquie, existent des occurrences en Israël, ainsi qu’en Égypte (voir base de la New York University sur les fouilles d’Ahmeida). Ces canifs en os trouvent également des correspondances en métal (cf. base Artefacts et canif en métal cuivreux exposé au musée égyptien du Caire).

 

Lorsqu’ils sont conservés dans leur intégralité, les manches témoignent d’un travail plus ou moins soigné. Notre exemplaire, à la tête sculptée avec précision et creusée de trois perforations au niveau de la gueule du félin, témoigne d’une réelle qualité de facture. Cette caractéristique peut-être aussi observée sur les manches de canifs de Saint-Yzans-de-Médoc, Bois-Carré (BERTRAND 2021, pl. V n°103) ; de Gruissan, Saint-Martin-le-Bas : BERTRAND 2021, pl. III n°57), du musée romain de Nyon (ANDERES 2008, fig. 3 p. 271), et d’un fragment découvert au Pays basque espagnol. D’autres individus, comme ceux de Bouillé-Courdault (Bertrand 2021, pl. II n°38), et de Trèves (Rheinisches Landesmuseum, inv. 2003.16 FNr. 104 : FRIES 2008, n° 1 p. 24), ne montrent qu’une perforation transversale pour indiquer la gueule ouverte. Quelques manches révèlent une approche plus stylisée, les détails anatomiques de la tête animale n’étant qu’incisés (Nice, musée archéologique : RODET-BELLARBI & JEANNET-VALLAT 2013, p. 111). Les exemplaires présentés aux musées d’Amiens et de Rouen se distinguent par une patte et un poitrail étirés, surmontés d’une tête plus fine. Les contextes archéologiques bien documentés, ayant livré des manches appartenant à cette typologie, situent leur production entre le Ier et le IIIe siècle.

 

Comparaisons

-Amheida (Égypte, oasis de Dakhla, désert occidental), fouilles archéologiques de la New York University, 2007 (inv. 11967).

-Amiens, musée de Picardie, fouilles du Coliseum, inv. cat. 1530 ; coll. F. Vasselle.

-Gruissan, Saint-Martin-le-Bas, fouilles G. Duperron (BERTRAND 2021, pl. III n°57).

-Nice, musée archéologique de Nice-Cimiez (RODET-BELLARBI & JEANNET-VALLAT 2013, p. 111).

-Nyon, musée romain (sans n° d’inv : ANDERES 2008, fig. 3 p. 271).

-Rouen, musée des Antiquités.

-Saint-Yzans-de-Médoc, Bois-Carré (BERTRAND 2021, pl. V n°103).

-Trèves, Rheinisches Landesmuseum, inv. 2003.16 FNr. 104.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Couteau

manche en forme de tête d’aigle

Provenance inconnue, Égypte ?

Époque romaine

H. 1,6 cm ; L. 5,78 cm ; ép. max. 0,55 cm

Os, métapode de mammifère

Co. 2045

Commentaire

Etat de conservation

La partie lisse conduisant à l’emmanchement étant cassée, seule subsiste l’extrémité sculptée de l’instrument. Celle-ci présente une teinte crème uniforme. Les parties en creux conservent de discrets sédiments.

Description

Le manche de section rectangulaire est sculpté sur ses deux faces d’un décor identique : une tête d’aigle allongée et étroite, vue de profil. L’oiseau est pourvu d’un bec crochu proéminent, au bout duquel une dépression indique l’emplacement d’une narine. La mandibule supérieure du bec très développée, surmonte une fine langue recouvrant la mandibule inférieure. L’œil circulaire en fort relief se trouve dans le prolongement du bec. Mis en valeur par un creusement de son pourtour, il est protégé par un sourcil à la ligne arquée prononcée. Le plumage de la plage auriculaire du rapace présente un dessin bifide. De petites plumes ont aussi été incisées au niveau du cou.

 

Ce manche de couteau à la sculpture précise et aux finitions soignées s’intègre dans une série de manches de couteaux d’époque romaine dont on connaît plusieurs exemplaires. Si la qualité de facture diffère d’un individu à l’autre, une récurrence s’observe dans le rendu ajouré du bec de l’aigle, de l’œil globulaire et des plumes. Deux exemplaires proviennent d’Égypte. Il s’agit d’un manche découvert à Didymoi, dans le désert oriental, dans le remblai d’une banquette aménagée dans une pièce appuyée sur le rempart du fortin (CUVIGNY 2011, p. 42, fig. 169 p.103), et d’une extrémité de manche autrefois conservée dans les collections des Staatliche Museen de Berlin, davantage gravée que sculptée (WULFF 1909, n° 521 p. 130, pl. XXIII). Deux autres manches ont pu être repérés dans le commerce d’antiquités : celui mis en vente à Paddington (Sydney), daté approximativement du IIIe siècle, est indiqué comme provenant de Sabratha en Libye, tandis que le second exemplaire, vendu par la Galerie Cybèle à Paris, a pour particularité d’offrir un emmanchement de section circulaire.

 

Bien que le spécimen de Didymoi soit issu d’un contexte archéologique, celui-ci, puisqu’il s’agit d’un remblai, ne livre pas d’indice chronologique précis aidant à dater notre pièce. Aussi peut-on envisager une phase de production assez longue pour cette typologie d’objets, entre le IIe et le IVe siècle.

 

Comparaisons

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 2906.

-Didymoi, pièce 22, remblai de la banquette A (CUVIGNY 2011).

-Paris, Galerie Cybèle, en vente en juillet 2017.

-Vente Paddington (Sydney), Smalls auctions, 10 janvier 2021, lot 36.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Quenouille à bulbe terminal

Provenance inconnue

Milieu du Ier-IIe siècle ap. J.-C.

H. 17,3 cm ; D. 0,7 cm

Os

Co. 5674

Commentaire

Etat de conservation

L’objet, à la couleur crayeuse, présente des taches brunes dans sa partie inférieure. Le sommet de la tête, ainsi que la pointe, sont cassés. De discrets sédiments se logent dans les incisions qui soulignent le col.

Description

La tige allongée, à section circulaire, propose une terminaison en forme de bulbe, qui surmonte deux fines moulures circulaires. Son diamètre décroît en allant vers son autre extrémité. L’absence de renflement semble indiquer qu’il s’agit bien d’une quenouille et non d’un fuseau. Instrument de la sphère féminine, la quenouille servait à recevoir les fibres animales, lors de l’opération de filage, tandis que le fil nouvellement créé s’enroulait autour du fuseau lesté d’une fusaïole. Ces ustensiles qui atteignaient parfois plus de 25 cm de long, convoquaient divers matériaux pour leur fabrication : bronze, verre, jais, ambre, mais aussi le bois, le roseau, l’ivoire et l’os. Les quenouilles façonnées comme la nôtre, à partir d’une matrice paraxiale de diaphyse d’os long de mammifère, étaient généralement de taille plus réduite. Ces instruments de filage peuvent être répartis en deux grandes catégories : les quenouilles avec ou sans anneau (DANVIDOVIĆ 2020, fig. 6 p. 85). Notre pièce répondait à ce dernier groupe, contrairement à la pièce Co. 2378 du musée Rodin.

 

À côté des quenouilles sans décor, se rencontrent des types faisant appel à différentes ornementations. La protubérance bulbiforme peut laisser place à un bouton globulaire, galbé placé entre deux disques, à une superposition de ce motif profilé, ou à une représentation anthropomorphe. Des exemplaires comparables à la pièce étudiée ont été répertoriés sur de nombreux sites (SCHENK 2008 p. 200 ; GOSTENČNIK 2005, p. 229-230). Le musée de Nîmes conserve deux quenouilles de grande taille pourvues d’un bouton terminal en forme de bulbe d’oignon (BÉAL 1984, type AXLI.1, n° 351-352 p. 85, pl. 17). On retrouve un objet similaire au musée national de Budapest (BIRÓ 1994, n° 55 p. 73, pl. IX p. 147). Trois exemplaires analogues, dont l’un est rehaussé d’un décor teint, proviennent des fouilles du Magdalensberg en Autriche (GOSTENČNIK 2005 p. 227-230, pl. 52/2-4, fig. 2-2 pl. 76). D’autres sites italiens (Monzana, Nave, Viadana, Casteggio) livrent aussi des spécimens appartenant à la même famille (BIANCHI 1995, p. 85, cat. 36, 60, 84, 119 p. 87-88). Des quenouilles terminées par une protubérance en forme de bulbe, mais au corps sculpté de spirales, ont été mises au jour sur le site d’Avenches en Suisse (SCHENK 2008, fig. 34 p. 57, p. 59-60, n° 499 p. 200, pl. 275), à Smyrne (Musée du Louvre, CA. 697.4)et à Tralles en Turquie (ÜNAL, ÖZCIHAN & TOY 2021, cat. n° 1 p. 279, fig. 9 p. 296). Souvent retrouvées en contexte funéraire, les quenouilles de cette typologie semblent pouvoir être datées entre le milieu du Ier et le second siècle ap. J.-C. d’après A. Schenk et K. Gostenĉnik.

 

Comparaisons

-Budapest, musée national, inv. 45.913.37a (BIRÓ 1994).

-Casteggio (BIANCHI 1995).

-Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005).

-Nîmes, musée de la Romanité, inv. 007.3.47, 007.3.48.1-2 (BÉAL 1984).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Sonde-cuiller

Provenance inconnue, Égypte ?

Ier-IIe siècle ap. J.-C.

L. 15,5 cm ; l. 0,48 cm ; D. max. 0,45 cm

Os teint

Co. 5670

Commentaire

Etat de conservation

Conservé dans son intégralité, l’objet offre une polychromie particulièrement bien préservée. Des sédiments se logent encore dans l’incision pratiquée au milieu du cuilleron. De légères taches brunes, correspondant à de petits sédiments incrustés dans le tissu osseux s’observent sur toute la longueur de la tige. Quelques traces d’étiquettes subsistent au dos de l’ustensile, sur sa partie distale.

Description

Cette cuiller à parfum est constituée d’un corps rectiligne de section circulaire, effilé vers l’extrémité proximale, et qui s’élargit vers l’extrémité distale, pour donner naissance à un cuilleron ovale en forme de goutte. En son centre, une incision a permis de surcreuser le cuilleron, et de le doter d’une section en V. Le dos du cuilleron est légèrement incliné. Les caractéristiques typologiques de la cuiller-sonde semblent être particulièrement bien adaptées au prélèvement de crèmes, de fards ou d’onguents, conservés dans des flacons à col étroit, à l’image des balsamaires, des unguentaria, ou des ampoules de formes variées. La partie utile assez plate permettait également le mélange de différents produits ou cosmétiques, leur application sur la peau, ou leur retrait.

 

Répandu au Haut-Empire dans tout le bassin méditerranéen et perdurant jusqu’à une époque tardive, cet accessoire de toilette féminin est bien attesté en Égypte (PETRIE 1927, n° 68-69 p. 28, pl. XXIII). Les fouilles anciennes menées à Alexandrie et dans ses environs ont en livré plusieurs exemplaires : deux, issus des campagnes conduites à la demande d’E. von Sieglin, appartenaient à l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, n° 2 p. 235, pl. LIX-2), un troisième se trouvait dans les collections du Staatliche Museen de Berlin (I 3943 : WULFF 1909, n° 503 p. 128, pl. XXI). Plusieurs sites du Fayoum ont aussi révélé ce type d’ustensile. La missions archéologiques d’A. S. Hunt et B. P. Greffel, conduite à Tebtynis en 1899-1900, en a exhumé deux spécimens, abrités dans les collections du Phoebe A. Heart Museum à Berkeley (6-20462, 6-20463). On peut mentionner également une cuiller-sonde provenant de Karanis (FRIEDMAN 1989, n° 57 p. 147). Des instruments similaires ont été mis au jour sur des sites de Moyenne-Égypte : Médinet Madi (BRESCIANI 1976, n° 127-128, p. 18, Tav. XXIII), et Antinoé. Dans la nécropole nord de cette cité, la mission italienne a découvert deux sonde-cuillers (PINTAUDI 2014, fig. 40 p. 12).

 

Contrairement à l’ensemble de ces exemples qui présentent un cuilleron légèrement évasé et débordant par rapport au corps droit, notre objet offre un cuilleron placé dans l’exact prolongement du manche. Ce type peut être reconnu à la fois à Corinthe (DAVIDSON 1952, p. 181, n° 1328-1330 p. 184, pl. 82), mais aussi le long du limes à Mayence, en Suisse, à Augst, Lausanne et à Avenches. On le retrouve également à Lyon et à Nîmes (BÉAL 1984, n° 262, 268 p. 66, pl. 13).

 

Notre pièce a pour particularité de conserver un décor spiralé de couleur rose, l’habillant sur toute sa longueur. On imaginera volontiers que l’objet entouré d’un ruban, ou d’un fil attaché au sommet, a dû être plongé dans un bain de teinture de couleur carmin, ou badigeonné entièrement, afin de créer un décor en réserve, de spirales claires sur fond rouge. Ce genre d’ornementation se rencontre fréquemment sur des cuillers ou des épingles supposées provenir d’Égypte (WULFF 1909, n° 469 p. 125, pl. XXIII). Il constituait peut-être une alternative au façonnage de spirales dans la matière même de l’objet, ou s’inspirait d’exemplaires au manche torsadé en bronze. Il a été également mis en évidence sur un petit nombre d’artefacts découverts en Occident : le site autrichien de Magdalensberg a révélé cinq exemplaires de sonde-cuillers de même typologie que la nôtre, à décor de ruban en négatif (GOSTENČNIK 2005, p. 452, pl. 24/1.4.7, p. 454, pl. 25/5-6). De tels décors paraient d’autres catégories d’objets trouvés à Salzbourg, Lyon et Vienne.

 

La plupart des objets de comparaison cités ont été exhumés dans des contextes du Ier ou IIe siècle (SCHENK 2088 p. 41). L’un des exemplaires du site de Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 452, pl. 24/1), particulièrement proche par sa forme et son ornementation, est attribué au règne de Claude. Bien qu’une cuiller à parfum ait été découverte dans un niveau du Ve siècle à Ostie, celle du musée Rodin peut être datée des deux premiers siècles de l’Empire romain.

 

Comparaisons

-Augst (DESCHLER-ERB 1998, p. 158, n° 2016-2020 p. 171-172, pl. 30).

-Avenches (SCHENK 2008, p. 41, n° 381 p. 189, fig. 107 p. 265).

-Lausanne (ANDERES 2015, p. 64-65, p. 120, 134).

-Lyon (BÉAL 1983, n° 774, p. 246, pl. XLVI).

-Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 452, 454, pl. 24/1.4.7, pl. 25/5-6 : typologie et décor spiralé).

-Mayence (MIKLER 1997, p. 36, fig. 7 pl. 27).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Cure-oreille

Provenance inconnue

Époque romaine

L. 8,6 cm ; D. max. 0,35 cm

Os

Co. 5666

Commentaire

Etat de conservation

L’os offre une teinte crème blanchâtre, seulement altérée, au deux tiers de la longueur de l’objet par de petites taches brun foncé. L’extrémité distale de l’instrument est cassée.

Description

L’ustensile est pourvu d’une tige droite et cylindrique, sans pointe, légèrement renflée au deux-tiers de sa longueur. L’extrémité distale amincie donne naissance à un cuilleron au contour circulaire ou ovalaire. Ce dernier est faiblement incliné par rapport à l’axe de l’objet. Le cure-oreille ou ligula, comme la sonde-cuiller, dont le musée Rodin conserve un exemple (Co. 5670), appartient à la catégorie des ustensiles liés aux soins hygiéniques, et plus particulièrement à celle des instruments servant à la manipulation et à l’application de divers substances ou cosmétiques.

 

Sujet d’une épigramme du poète Martial (XIV, 23), le cure-oreille constitue une typologie d’objet aussi courante en Occident que dans les provinces orientales. Souvent réalisé en bronze (BERTRAND 2003, p. 99-112), cet accessoire a pu voir sa fonction hygiénique délaissée en faveur d’un usage médical. Dans le cadre d’un emploi à des fins curatives, il devait servir à nettoyer des plaies ou à appliquer un remède. La finesse de la palette lui a sans doute valu d’être mis aussi à contribution dans la préparation de produits pharmaceutiques ou cosmétiques, ainsi que dans l’application d’onguents ou de fards (SCHENK 2008, p. 40-41).

 

Mentionné dans nombre de publications anciennes, les cure-oreilles ou spatules, sont bien répertoriés en Égypte (Musée égyptien du Caire : STRZYGOWSKI 1904, n° 8886, p. 205, pl. XIX ; musée de Berlin : WULFF 1909, n°502, p. 128, pl. XXI ; PETRIE 1927, n° 68, p. 28, pl. XXIII). Les exemplaires découverts sur le site de Didymoi (BRUN 2011, p. 127, p. 151 fig. 234-4), et dans les thermes d’Alexandrie (RODZIEWICZ 1979, 4 p. 136, n°2), attestent l’utilisation de cet instrument sur l’ensemble du territoire. Toutefois, cet ustensile semble davantage répandu en Occident. On le rencontre, pour la partie orientale du bassin méditerranéen, en Grèce à Corinthe et à Thessalonique, en Crète à Knossos, en Turquie à Smyrne et à Césarée maritime en Israël.

 

Cet instrument aux multiples usages semble avoir bénéficié d’une durée de vie assez longue, de l’époque romaine à la période byzantine, privilégiant soit une palette lenticulaire plate, comme dans notre cas, soit une extrémité concave. S’il paraît se généraliser au Ier siècle ap. J.-C., le cure-oreille abonde dans les contextes du IIe-IIIe siècle. Son usage se maintient à la fin de l’Antiquité, puisque des artefacts ont été mis au jour dans des niveaux du IIIe-IVe siècle à Césarée maritime, ou encore plus tardifs à Alexandrie.

 

Comparaisons

-Avenches (SCHENK 2008, p. 40-41, n° 377-378 p. 188, fig. 107 p. 265).

-Césarée maritime (AYALON 2005, n° 167-168 p. 50, p. 234-235)

-Corinthe (DAVIDSON 1952, p. 184-185, n° 1337-1338, 1344 pl. 82-83).

-Lyon (BÉAL 1983, n° 762-764 p. 241-2426, pl. XLII).

-Mayence (MIKLER 1997, p. 36-37, fig. 9-14 pl. 27).

-Paris, musée Rodin, Co. 3644.

-Thessalonique (ANTONARAS 2016, fig. 362 p. 219).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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