Apis

sous sa forme de taureau

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5 cm ; L. : 2 cm ; Pr. : 5 cm 

Co. 5629

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal oxydé a pris une teinte noire parsemée de tâches marron. Il manque la partie avant de la base, un petit bout du sommet du disque solaire et la majeure partie de la patte avant gauche. Des concrétions sont visibles particulièrement à l’arrière du disque solaire et autour des sabots. 

Description

La statuette figure le taureau Apis. Le bovidé se tient debout et marchant, placé sur une plaque métallique fine. Un tenon est visible sous cette plaque, positionné à l’avant. Celui-ci servait à maintenir l’image du taureau sur un socle plus grand, notamment un reliquaire aujourd’hui disparu. 

La face triangulaire de l’animal est traitée avec simplicité. Les yeux sont globuleux et surmontent un museau court et arrondi sur lequel les narines ne sont plus visibles, contrairement à l’ouverture de la gueule. Les oreilles, naturalistes, sont fendues d’un sillon oblique, tracé après le moulage de l’œuvre. Elles sont bien visibles, de part et d’autre de la tête du taureau, couronné d’un disque solaire orné d’un double uraeus. On retrouve cette même coiffe sur une autre image du taureau Apis conservée au musée Rodin, Co. 2369, et sur la statuette du Walter Art Museum de Baltimore 54.538. De petites cornes encadrent le disque solaire. Elles présentent des pointes carrées. L’arrière du disque, légèrement concave, se poursuit sur un cou et un dos plats et fins. La ligne de la colonne vertébrale est marquée. La croupe est cambrée. La queue qui s’en dégage est déportée vers la patte arrière droite, indication du mouvement de marche de l’animal dont les pattes antérieures et postérieures gauches sont avancées. Aujourd’hui aucun pli n’y est visible. Le ventre est plat et les parties génitales à peine esquissées. Bien que les pattes soient fines, elles sont modelées avec réalisme. En effet, les omoplates, les pointes du coude, les genoux, les jarrets ainsi que les ergots sont figurés (pour le vocabulaire général anatomique des bovidés, voir le site internet suivant). Malheureusement, l’état de conservation actuel ne permet plus de discerner la délimitation entre le canon et le sabot fendu d’un sillon. 

 

La statuette est trop fine et trop statique pour être naturaliste, bien que l’artisan ait essayé de rendre le mouvement. 

 

Attesté dès le règne de l’Horus Aha à la première dynastie, le culte du taureau Apis est aussi ancien que l’est la civilisation égyptienne. De par cette longévité, il s’enrichit de nombreuses associations avec d’autres dieux. Vénéré particulièrement à Memphis, il est naturellement associé à Ptah, dieu local, dont il devient le « héraut » à partir du règne d’Amenhotep III à la XVIIIdynastie. Lié à l’origine à la fécondité et par conséquent à la fonction royale, il ajoute à ses marques reconnaissables un disque solaire entre ses cornes, orné d’un ou de deux uraeisymbolisant son affiliation au dieu Rê. Cette association au dieu solaire se retrouve chez un autre bovidé, le taureau Mnévis d’Héliopolis, possédant également un disque solaire entre les cornes. Ces deux taureaux sont souvent confondus en l’absence d’inscriptions qui identifieraient clairement le dieu figuré. Apis obtient aussi des prérogatives funéraires en se fondant avec Osiris et devient Osirapis, qui bien plus tard donnera le dieu Sérapis. 

 

Pour reprendre l’appellation d’Alain Charron, Apis faisait partie des « uniques », c’est-à-dire « une bête choisie parmi ses congénères de la même espèce pour être l’hypostase de la divinité de la cité. » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition, 28 septembre 2002 - 5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). Ce qualificatif lui offrait de nombreux avantages, notamment le fait d’être couronné, de posséder un culte propre, d’être entretenu et bien traité, ainsi que d’avoir des funérailles dignes d’un dieu.Toutefois, les uniques n’étaient pas des dieux à part entière mais étaient des ouhem. Ce mot traduit généralement par « héraut » faisait de l’animal un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il avait un rôle de médiateur, chargé de transmettre au dieu les prières des dévots et parfois possédait un rôle d’oracle. 

 

« Cet Apis-Épaphos est un taureau né d’une vache qui ne peut plus par la suite avoir d’autre veau. Les Égyptiens disent qu’un éclair descend du ciel sur la bête qui, ainsi fécondée, met au monde un Apis. Le taureau qui reçoit les nom d’Apis présente les signes suivants : il est noir, avec un triangle blanc sur le front, une marque en forme d’aigle sur le dos, les poils de la queue double et une marque en forme de scarabée sous la langue. » Bien qu’Hérodote (L’Enquête, III, 28, trad. A Barguet) le décrive comme tel, les très nombreuses stèles découvertes par Mariette au Sérapeum le figure à la robe blanche tachetée de noir. 

Né d’une vache elle-même considérée comme manifestation d’Isis (voir CASSIER Charlène, « Vaches sacrées dans l’ancienne Égypte. Quelles vaches ? Quels rôles ? », Égypte, Afrique et Orient 66, 2012, p. 15-20), Apis vit entouré de son harem et de sa mère dans un enclos sacré, le sekos, dans l’enceinte du temple de Ptah à Memphis. À sa mort, il recevait tous les hommages généralement réservés aux hommes et était enterré dans des tombes indépendantes à Saqqarah jusqu’au règne de Ramsès II (voir CHARRON Alain, « Le taureau Apis, vie et mort d’un animal sacré », in A. CHARRON, Chr. BARBOTIN (dir.), Khâemouaset, le prince archéologue : savoir et pouvoir à l’époque de Ramsès II, Arles, Musée départemental Arles antique, 08 octobre 2016 - 22 janvier 2017, Arles, 2016, p. 95-98). Puis, son culte prenant une importance considérable, notamment à la Basse-Époque, période à laquelle on retrouve d’innombrables statuettes en bronze le représentant, un immense réseau de couloirs souterrains, aujourd’hui appelé le Sérapeum, est aménagé dans la nécropole memphite. Immédiatement après la période respectueuse d’accomplissement des rites funéraires de 70 jours, un nouvel héraut était recherché parmi les troupeaux d’Égypte. 

 

Les statuettes d’Apis en bronze ont été produites abondamment et parfois même en série, notamment à la Basse-Époque. La plupart du temps, Apis est représenté sous la forme d’un taureau marchant, un disque solaire entre ses cornes. Mais d’autres figurations de ce dieu ont pu être utilisées. Par exemple, un homme à tête de taureau tenant le sceptre ouas et la croix ankh, ou encore une momie humaine à tête de bovidé. C’est à partir de la Basse-Époque que de nouveaux attributs viennent compléter l’iconographie du taureau, notamment un scarabée ailé sur son garrot, un vautour ailé sur sa croupe et une couverture ornée de franges sur son dos. Pour une description des caractéristiques d’un taureau Apis, voir la notice de Luc Delvaux du bronze Musée royal de Mariemont Inv. B.485, acheté par Raoul Warocqué en 1912 à Albert Daninos Pacha (DELVAUX Luc, « Apis », in Cl. DERRICKS, L. DELVAUX (éd)., Antiquités Égyptiennes au Musée royal de Mariemont, 2009, Morlanwelz, p. 185-186).

 

À la mort du taureau, de nombreuses statuettes en bronze étaient commandées, moulées et présentées en offrandes, en particulier sur les lieux de culte du Sérapeum, afin de demander au dieu d’accorder ses bienfaits et sa protection au commanditaire. La figurine Co. 5629 serait donc un témoignage de dévotion personnelle. Elle était peut être aussi intégrée dans un groupe divin, comme celui de la Glyptotek Ny Carlsberg de Copenhague dont la collection égyptienne a été constituée à une époque et dans un contexte proche de celle d’Auguste Rodin. Si l’assemblage a été très vraisemblablement réalisé pour le marché de l’art, les statuettes sont d’origine. Dans ce groupe reconstitué, une déesse ailée (Isis ?) protège des ses ailes étendues un taureau Apis devant trois orants agenouillés (Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek, ÆIN 1464, acheté par Carl Jacobsen à Paris en 1912, voir JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, cat. 67, p. 200-201). 

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Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze du taureau Apis, Co. 685Co. 798Co. 807Co. 1234Co. 2369Co. 2422 et Co. 2395. L’œuvre Co. 1234 est à rapprocher de Co. 5629 par le style et la finesse de l’objet, ainsi que par la présence du double uraeus.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 6, 317, "Un petit taureau en bronze. Il manque un morceau de la jambe gauche avant. Haut. 8 cent. L'objet ne paraît pas égyptien."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Taureau sacré

Apis ?

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

BASSE-ÉPOQUE > XXVIe– XXXdynastie > 672-332 AVANT J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,3 cm ; L. : 1,8 cm ; Pr. : 6,1 cm 

Co. 2395

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. Bien que la statuette soit complète (à l’exception de la pointe de la corne gauche), le métal est très corrodé, particulièrement sous le ventre et entre les pattes arrière où l’on voit des concrétions. L’espace qui séparait autrefois les oreilles et les cornes a été comblé par l’oxydation du métal. 

Description

L’œuvre Co. 2395 figure un taureau. Contrairement à d’autres statuettes conservées au musée Rodin, notamment Co. 798Co. 1234Co. 2369 et Co. 5629, ici l'animal se tient droit sur ses pattes et n’est donc pas dans la position de la marche apparente, même si les pattes gauches sont très légèrement en avant.

Les proportions de l’animal sont massives, en partie à cause de la corrosion, mais également à cause d’un modelé très sommaire : les pattes, lourdes et courtes, ne présentent aucun détail anatomique, à l’exception de la légère flexion du genou des pattes arrière. Le cou large et épais est incisé de plusieurs lignes verticales, figurant les plis du cou plus finement représentés sur les statuettes Co. 798 et Co. 807 des collections du musée Rodin. Le dos, plat et horizontal, est tout à fait parallèle au ventre lui aussi dénué de détails de modelé. De la croupe émerge la queue dont le toupillon est rattaché au jarret arrière gauche (et non droit comme sur les autres statuettes des collections Rodin), par souci de solidité (pour le vocabulaire anatomique des bovidés, voir). Notons enfin que le dessous des pattes est très plat et ne présente aucun tenon : si l’œuvre était placée sur un socle, elle n’a pu y être fixée qu’à l’aide d’un adhésif.

 

La face se caractérise par la même absence générale de modelé, avec son museau très rectangulaire, mais présente néanmoins quelques détails incisés, dont les narines, les yeux et l’ouverture de la gueule. Les oreilles, pointues, sont également creusées en leur centre, étaient originellement légèrement détachées des courtes cornes qui encadrent un petit disque solaire.

 

Comme sur de très nombreuses statuettes en bronze de taureaux sacrés, un élément décoratif de forme triangulaire est visible sur la tête de l’animal (ROEDER 1956, §411b-f, par exemple BM EA58963 ou BM EA1898,02.25.1). Cette tache blanche constitue l’un des signes distinctifs qui permet aux prêtres de désigner la nouvelle incarnation d’Apis au sein de tout le cheptel égyptien, à la mort de son prédécesseur. Hérodote a livré une liste de ces critères, le décrivant comme « un taureau né d’une vache qui ne peut plus par la suite avoir d’autre veau. Les Egyptiens disent qu’un éclair descend du ciel sur la bête qui, ainsi fécondée, met au monde un Apis. Le taureau qui reçoit le nom d’Apis présent les signes suivants : il est noir, avec un triangle blanc sur le front, une marque en forme d’aigle sur le dos, les poils de la queue doubles et une marque en forme de scarabée sous la langue » (L’Enquête, III, 28, trad. A. Barguet). Cependant, les très nombreuses stèles découvertes au Sérapeum de Saqqara le figurent plutôt avec une robe blanche tachetée de noir, ce qui est peut-être à mettre sur le compte de la fiabilité parfois fluctuante des observations d’Hérodote sur l’Égypte de son temps. Par ailleurs, si la figuration d’Apis sous la forme d’un taureau marchant est de loin la plus répandue, on trouve aussi des représentations anthropozoomorphes, sous la forme d’un homme à tête de taureau tenant le sceptre ouas et la croix ankh, ou encore d’une momie humaine à tête de boviné. C’est à partir de la Basse Époque que de nouveaux attributs sont intégrés à l’iconographie du taureau, notamment un scarabée ailé sur son garrot, un vautour aux ailes déployées sur sa croupe et un « tapis » frangé sur son dos.

Le culte du taureau Apis serait attesté dès le second souverain de l’histoire de l’Égypte, le roi Hor-Aha de la Ière dynastie, même si cet événement est en réalité rapporté par des annales bien postérieures, rédigées seulement à la Ve dynastie. Quoi qu’il en soit, sa très grande longévité a permis à ce culte de s’enrichir de nombreuses associations avec d’autres dieux. Particulièrement vénéré à Memphis, il est naturellement lié à Ptah, dieu local majeur, dont il devient même le « héraut » à partir du règne d’Amenhotep III de la XVIIIe dynastie. Du fait de l’existence d’un autre boviné sacré, le taureau Mnévis d’Héliopolis affilié au culte de Rê, il est aussi figuré avec un disque solaire entre les cornes. Les deux animaux partagent donc une iconographie similaire et il est difficile de les distinguer en l’absence d’inscription. Enfin, Apis obtient également des prérogatives funéraires en se fondant avec Osiris : cette nouvelle entité syncrétique Osirapis deviendra, à l’époque des Ptolémée et avec son assimilation à Hadès, le dieu Sérapis particulièrement vénéré dans le monde hellénistique.

 

La statuette est de manufacture assez rudimentaire, témoignant d’un moulage à la chaine. En effet, à partir de l’époque tardive, les petits bronzes sont diffusés dans toute la méditerranée depuis les principaux centres religieux égyptiens. Les inscriptions hiéroglyphiques présentes sur quelques unes des statuettes de taureau signalent que différentes divinités pouvaient être figurées ainsi, tel le dieu Apis – ou certaines de ses formes comme Horus-Apis ou Osiris-Apis –, mais aussi le taureau Mnevis ou Osiris-Mnevis (AUBERT, AUBERT 2001, p. 287). Dès lors, en l’absence d’inscription, il demeure difficile d’associer une divinité à cet objet.
Le taureau est un animal vénéré en Égypte depuis le prédynastique, et symbolise la force divine et la fécondité. Pour ces raisons, il fut rapidement associé à la crue du Nil et à Osiris. Considérés comme les apparences de certaines divinités, plusieurs taureaux sacrés sont connus dans le pays, comme le taureau blanc de Min, le Mnevis de Rê à Héliopolis, mais aussi Hormerty en Chedenou, le grand Kemour noir à Athribis, et Bouchis à Hermopolis et Médamoud. Le plus connu demeure sans nul doute le taureau Apis, représentant le dieu Ptah, et animal régulièrement représenté dans l’art égyptien des époques tardives.

 

Alain Charron distingue deux formes majeures du culte animal en Égypte et particulièrement après le Nouvel Empire : à l’inverse des milliers d’animaux dits sacrés mais élevés uniquement dans le but d’être momifiés et de servir d’ex-voto (les « multiples »), Apis fait au contraire partie des « uniques », c’est-à-dire « une bête choisie parmi ses congénères de la même espèce pour être l’hypostase de la divinité de la cité » (CHARRON 2002, p. 176). Il possède donc un culte propre et est entretenu et bien traité sa vie durant : né d’une vache elle-même considérée comme manifestation d’Isis (CASSIER 2012, p. 15-20), Apis vit entouré de son harem et de sa mère dans un enclos sacré, le sekos, dans l’enceinte du temple de Ptah à Memphis. Toutefois, même les « uniques » ne sont pas des dieux à part entière, mais des ouhem : ce mot, généralement traduit par « héraut », fait de l’animal un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Le ouhemassume donc un rôle de médiateur, chargé de transmettre au dieu les prières des dévots, et remplissant parfois même un rôle d’oracle.

 

À sa mort, l’Apis recevait tous les hommages généralement réservés aux hommes, y compris une momification dans les règles ; puis, après avoir respecté la période d’accomplissement des rites funéraires de 70 jours, on recherchait sa nouvelle incarnation parmi les troupeaux d’Égypte. Jusqu’au règne de Ramsès II, chaque Apis était inhumé dans une tombe indépendante à Saqqara ; puis, son culte prenant ensuite une importance considérable, notamment à la Basse Époque, un immense réseau de couloirs souterrains (aujourd’hui appelé le Sérapéum) est aménagé pour accueillir les momies des Apis. C’est également à cette période que se multiplient les statuettes en bronze le représentant, lesquelles étaient commandées, moulées et vendues aux dévots à la mort de l’Apis, afin que chacun puisse l’offrir au dieu lors de ses funérailles et ainsi demander bienfaits et protection : il s’agit donc d’objets de piété personnelle.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes de taureau, Co. 798Co. 807Co. 1234Co. 2369 et Co. 5629. Les œuvres Co. 798 et Co. 807 sont similaires à Co. 2395 de par les formes anatomiques générales imposantes et par le traitement du cou décoré de stries verticales. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXdynastie > 715 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

H. : 8,5 cm ; L. : 6,7 cm ; Pr. : 20,3 cm 

Co. 801

Comment

State of preservation

L’œuvre est fragmentaire. Les pattes, qui étaient rapportées, manquent ainsi que les incrustations des yeux, des larmiers et du contour des joues. L’extrémité de la queue est raccourcie, conséquence supposée d’un enfouissement prolongé. Un des emplacements pour l’insertion des pattes est percé alors que l’autre est rempli d’une résine brune. On observe une fissuration autour de cet emplacement. Utilisant l’emplacement d’une trappe d’insertion ménagée dans la partie sous-caudale, un système de suspension a été installé à l’époque moderne. 

L’œuvre présente une couche de carbonates verts (malachite) sur des oxydes rougeâtres (cuprite). Des chlorures sont disséminés sur la surface mais il n’est pas certain qu’ils ne soient plus actifs. La face de l’œuvre a été nettoyée par lissage. Le dessous de l’œuvre présente des traces d’arrachement et d’abrasion. L’avant de l’aile gauche est abîmé. Sous la queue, des traces de gangue d’enfouissement blanchâtre sont encore visibles.

Description

La statuette Co. 801 figure un faucon aux ailes repliées, originellement dressé sur ses pattes. Les pattes, qui étaient rapportées, sont aujourd’hui manquantes ; seules les cuisses sont conservées. La représentation de ce rapace suit des proportions naturelles. Ainsi, galbe de la gorge et de la nuque sont figurés de façon naturaliste. D’autre part, les épaules, très rentrées, soulignent le mouvement de repli des ailes, aux extrémités anguleuses. La tête de l’oiseau présente plusieurs sillons arqués. Le premier entoure l’œil allant des fosses nasales à la région parotique, sculptant ainsi un sourcil (pour le vocabulaire descriptif utilisé, voir le site Cosmovision sur l’anatomie des oiseaux). Un autre, plus large et plus profond, constitue les joues, rendant le volume du plumage de l’oiseau. Les incrustations des yeux, des larmiers et du contour des joues, réalisés en pierre semi-précieuse ou pâte de verre, ont disparu. Une comparaison peut être établie avec le reliquaire de faucon du musée gréco-romain du Vatican n° 18512 (voir GRENIER Jean-Claude, Les bronzes du Museo Gregoriano Egizio, Vatican, 2002, p. 151, n° 314 et pl. XXXVIII). Pour retrouver ce type de réalisation, voir par exemple les œuvres du Metropolitan Museum of Art de New York 25.2.11 et 30.8.233, celle du Penn Museum à Philadelphie, E14287 ou les figurines du Walter Art Museum de Baltimore, 54.2120 et 54-547.

Le bec du faucon Co. 801, petit et crochu, est enrichi d’une fine ligne marquant son ouverture. Le front du faucon particulièrement plat se prolonge sur un vertex et un occiput arrondis, puis vers le dos où est encore visible un décor de plumes. Son front, particulièrement plat, se prolonge sur un vertex et un occiput arrondis, puis vers le dos où est encore visible un décor de plumes. Ses ailes se croisent au niveau de la queue. Sur la face inférieure de l’oiseau, le cou, la poitrine, le ventre et la région anale se succèdent avec naturel. Seul le dessous de la queue a été travaillé en léger sur-creux. 

 

Une trappe a été ménagée dans la partie sous-caudale, destinée à permettre l’insertion d’éléments votifs (dans le cas de ce reliquaire, le plus probablement un paquetage de momie, réelle ou fictive, de faucon). En utilisant cet emplacement, un système de suspension moderne a été installé, vraisemblablement dans le cadre de la préparation de l’exposition Rodin collectionneur (1967-1968). En dépit des accidents dont il porte les stigmates, la pureté des lignes de cet objet dénote une grande qualité d’exécution. 

 

Le faucon est l’animal sacré du dieu Horus, lui-même représenté hiéracocéphale dans les reliefs. Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut prendre plusieurs formes. Dans la cosmogonie Héliopolitaine, Osiris a été assassiné par son frère Seth, par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Afin de le tenir éloigné des fureurs de Seth, celui-ci fut élevé caché dans les marais de Chemnis. En tant que fils, donc héritier d’Osiris, Horus affronta Seth. Sa victoire lui permit de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, son père obtenant la royauté dans l’Au-delà. A ce titre, Horus représente le modèle divin du roi, premier de la lignée royale. Il est protecteur de la royauté, tout en s’incarnant en la personne même du roi, son représentant terrestre qui doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte, de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage, son oncle Seth. L’enfance d’Horus donna lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant la guérison de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux, hôtes des zones marécageuses. Cette caractéristique suscita l’apparition d’un autre dieu, homonyme. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, divinité appelée à rester un enfant, icône protectrice de cet âge fragile et personnalité distincte d’Horus fils d’Isis et d’Osiris.

 

Le faucon prête également son apparence à Montou, dieu guerrier dont la tête est surmontée du disque solaire orné d’un double uraeus et de deux hautes plumes, à Rê, dieu soleil hiéracocéphale, et à Sokar, faucon momifié associé à Osiris. Il serait tentant de proposer comme provenance d’origine le site de Saqqâra, ou la ville de Bouto où d’autres bronzes comparables ont été retrouvés, et où Horus était particulièrement vénéré.

 

La figure de faucon Co. 801 est un reliquaire (ou sarcophage votif). Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition, 28 septembre 2002 - 5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La catégorie des « uniques » regroupe des animaux choisis par les prêtres pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis, dont la plus ancienne attestation d’inhumation remonte au règne d’Amenhotep III. L’Horus en bronze Co. 801 correspondrait au reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas sélectionnés pour leur caractère sacré mais c’est par les rites et les récitations accompagnant leur mise à mort et leur momification que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis, les crocodiles, les musaraignes ou les scarabées. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, l’organisation de l’élevage de ces animaux, objets de dévotion après leur mort, monta en puissance et le choix des espèces se structura. Il est à noter que c’est grâce à l’évolution des techniques de momification qu’il devint progressivement possible de momifier des animaux de grandes tailles, l’une des difficultés à vaincre ayant été la dessiccation de leurs humeurs.

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L’œuvre Co. 3035 est également un faucon en bronze. Bien que ce dernier ait encore ses pattes, la figurine Co. 801 est de meilleure qualité de par la présence de décor de plumes incrusté. Le reliquaire Co. 793 figure aussi un faucon. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913. 

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 11, 408, "Faucon en bronze assez abimé. La queue est détachée du corps, les pattes  manquent, l'animal a été emmanché de la façon la plus maladroite sur deux énormes étais en bronze. Haut. (y compris la partie restaurée) 16 cent. Estimé cinquante francs."

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Patte d'Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

H. : 5,8 cm ; L. : 1,7 cm ; P. : 4,9 cm 

Co. 5995

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation.

Bien que le métal soit oxydé sur toute sa surface, les détails du modelé de la patte et son décor sont encore visibles. Des résidus de cire rouge et de plâtre blanc restent accrochés sur le tenon métallique inférieur (insertion moderne dans un socle ?). On note la trace d’un petit impact à la base du tenon supérieur.

Cette patte provient d’un ensemble statuaire plus important, seul élément conservé au musée Rodin. Cette patte, qui était rapportée, est entière. 

Description

L’œuvre Co. 5995 figure la patte droite d’un faucon. Elle se compose uniquement du tarse et de quatre doigts longs et fins, sur lesquels les griffes acérées ont été clairement rendues. Par souci de réalisme, la partie avant du tarse a été décorée de stries horizontales qui restituent la rugosité de la peau d’un faucon. On note également que l’os de la patte a été modelé sur le côté droit.

Deux tenons métalliques complètent la patte. L’un prolonge le tarse pour permettre son insertion dans un corps de faucon, le second se situe sous la patte, aidant ainsi au maintien de l’œuvre sur son socle d’origine. Celui-ci, probablement creux, servait de réceptacle à la momie complète ou partielle, de l’animal sacré représenté. 

 

Le faucon est l’animal sacré du dieu Horus, lui-même représenté hiéracocéphale dans les reliefs. Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut prendre plusieurs formes. Dans la cosmogonie Héliopolitaine, Osiris a été assassiné par son frère Seth, par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Afin de le tenir éloigné des fureurs de Seth, celui-ci fut élevé bien caché dans les marais de Chemnis. En tant que fils, donc héritier d’Osiris, Horus affronta Seth. Sa victoire lui permit de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, son père obtenant la royauté dans l’Au-delà. A ce titre, Horus représente le modèle divin du roi, premier de la lignée royale. Il est protecteur de la royauté, tout en s’incarnant en la personne même du roi, son représentant terrestre qui doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte, de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage, son oncle Seth. L’enfance d’Horus donna lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant la guérison de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux, hôtes des zones marécageuses. Cette caractéristique suscita l’apparition d’un autre dieu, homonyme. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, divinité appelée à rester un enfant, icône protectrice de cet âge fragile et personnalité distincte d’Horus fils d’Isis et d’Osiris.

 

Le faucon prête également son apparence à Montou, dieu guerrier dont la tête est surmontée du disque solaire orné d’un double uraeus et de deux hautes plumes, à Rê, dieu soleil hiéracocéphale, et à Sokar, faucon momifié associé à Osiris, mais aussi à d'autres divinités. 

 

La figure à laquelle appartenait la patte de faucon Co. 5995 peut correspondre à deux types d’objets égyptiens. D’une part, elle est peut être l’élément d’un reliquaire (ou sarcophage votif), destiné à accueillir dans son socle une momie de faucon. Mais elle peut également être celui d’une image divine, présentée en offrande dans un lieu de culte. Les deux types d’objets (le reliquaire et l’effigie divine) ont une fonction similaire, celle de rendre hommage au dieu représenté. Pour une présentation des figures de reliquaires de faucon, voir par exemple les notices des œuvres Co. 801 et Co. 3035

Related pieces

Le musée Rodin conserve deux pattes en bronze appartenant à des faucons, Co. 5996 et Co. 5997. Ces dernières font partie d’un ensemble créé avec le corps de faucon Co. 3035

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Patte gauche de Thot sous sa forme d'ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

Bronze

H. : 7,5 cm ; L. : 3,1 cm ; P. : 5,5 cm 

Co. 5994

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un état de conservation correct, bien que le métal soit oxydé.

Cette patte, qui  faisait partie d’un ensemble figurant un ibis, est brisée au niveau de la cuisse. Quelques concrétions sont visibles sous la patte, autour du tenon et entre les doigts. Les détails du modelé de la patte sont toutefois encore discernables. 

Description

L’œuvre figure une patte d’ibis, se tenant debout. Il s’agit de la patte gauche d’un oiseau passant, de grande taille d’après sa hauteur, 7,5 cm. La cassure au niveau de la cuisse, concave, indique que cette patte n’était pas rapportée, mais au contraire modelée avec le corps par la technique de la fonte creuse. Le bas de la cuisse se poursuit sur une jambe relativement courte, traitée en entonnoir. Le pli du coude est clairement dessiné grâce à deux légers ressauts arrondis de métal. Le tarse est également rendu avec finesse par le dessin des os. Trois doigts, fins et détaillés, s’évasent vers l’avant, un quatrième -le pouce- s’étirant vers l’arrière. Les griffes sont clairement modelées. Un tenon métallique de section ovale, long et épais, a été ménagé sous la patte. Solide, il permettait l’insertion de la figurine sur un réceptacle, accueillant probablement une momie entière ou partielle de l’animal, ou bien sur un socle. Un tenon nettement plus  petit, visible sous la patte arrière,  assurait la stabilité de l’ensemble. 

Bien que d’un point de vue purement naturaliste la patte de cet ibis soit un peu courte (astuce permettant d’assurer une certaine stabilité à l’ensemble du volatile), il ne peut s’agir de celle d’un faucon, beaucoup plus courte comme nous pouvons le voir sur ceux de la collection, notamment les Co. 5996 et Co. 5997

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs. L’œuvre Co. 5994 ne présentant aucune trace de coloration, il est impossible de déterminer quelle espèce est ici figurée. 

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 5994 représentant une partie d’une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples ». La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 5994 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

Les figures d’ibis sont des objets relativement nombreux. En voici quelques exemples :

Musée du Louvre, Paris : E2411.

Museo egizio de Turin : C.1015 et C.1011.

Metropolitan Museum of Art, New York : 04.2.462.

Brooklyn Museum : 86.226.19

 

Pour un exemple d’image d’ibis passant complet, acquise par le collectionneur Carl Jacobsen en 1892 en Égypte, voir la figurine en bronze de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague ÆIN 270 (cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue EgyptV. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, n°84.1, p. 240-241).

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Le musée Rodin conserve une autre patte en bronze appartenant à un ibis, Co. 5977. En revanche, cette œuvre figure une patte d’un ibis couché. De plus, elle n’était pas solidaire du corps mais comme le tenon dans le prolongement de la jambe le met en avant, elle était insérée dans un corps. Les collections du musée Rodin conservent également plusieurs statuettes d’ibis en bronze, Co. 211Co. 776Co. 2380Co. 2425 qui ne figure que la tête de l’oiseau, et Co. 5785. Malheureusement, aucune de ces œuvres n’est complète. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Patte de Thot sous sa forme d'ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

Bronze

H. : 3,5 cm ; L. : 3 cm ; P. : 9,5 cm 

Co. 5977

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal est oxydé et corrodé. La surface est rugueuse, particulièrement au niveau de la jambe et du tarse. Les doigts sont nettement plus oxydés, prenant aujourd’hui une teinte vert clair. 

Description

L’œuvre figure une patte d’ibis couché. De grande taille, la patte est fine et longue (9,5 cm). On remarque encore, malgré son état de détérioration, que les détails du coude et de la jambe ont été modelés dans le métal. Les doigts sont longs et fins. Les griffes sont aujourd’hui à peine discernables. Sur la partie droite, le quatrième doigt -le pouce- est replié  le long du tarse, indiquant que l’objet correspond à la patte gauche d’un oiseau au repos, allongé sur ses pattes repliées. On observe que seules les pointes des doigts étaient en contact avec le support d’origine, suivant la courbure naturelle des pattes d’un oiseau au repos. Voir pour comparaison, la figure d’ibis couché en bronze de l’ancienne collection Hilton Price, conservée à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague Inv. N° ÆIN 1359 (cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, n° 84.3, p. 240 et 243).

 

Au dessus de la patte, dans le prolongement de la jambe, un tenon circulaire permettait le raccord avec le corps de l’ibis. Un tenon semblable, ménagé sous le coude, était destiné à maintenir l’oiseau sur un support, probablement le réceptacle de sa momie. 

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs. L’œuvre Co. 5977 n’étant qu’une patte, il est impossible de déterminer quelle espèce est ici figurée. 

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée comme c’est le cas pour l’œuvre Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 5977 représentant une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples ». La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 5977 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

Les figures d’ibis en bronze sont des objets bien connus. Voici quelques exemples d’ibis couchés qui figurent très certainement ce à quoi l’objet Co. 5977 devait être à l’origine. 

Musée du Louvre, Paris : E17380 et N4118F.

Metropolitan Museum of Art, New York : 58.125.4a-c et 10.184.4.

British Museum, Londres : EA64515 et EA64516.

 

Pour des figurines d’ibis couchés entièrement conservés, comparer avec les trois ibis en bronze conservés à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague Inv. N° ÆIN 271 (cf. JØRGENSEN, op. cit., n° 84.2, p. 240 et 242, probablement acquis en Égypte dans les années 1890) ; Inv. N° ÆIN 1359 (ibid., n° 84.3, p. 240 et 243, acquis à la vente de la collection Hilton Price en 1911) ; Inv. N° ÆIN 1778 (ibid., n° 84.4, p. 240 et 244).

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Le musée Rodin conserve une patte en bronze appartenant à un ibis, Co. 5994. Contrairement à Co. 5977, l’œuvre Co. 5994 est une patte d’ibis figuré debout. De plus, cette patte faisait partie intégrante de l’oiseau et ne pouvait pas, comme c’est le cas pour Co. 5977, être détachée du corps. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Thot

sous sa forme d'ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 6,6 cm ; L. : 6,7 cm ; Pr. : 15 cm 

Co. 5785

Comment

State of preservation

L’œuvre est en très mauvais état de conservation. 

L’ibis présente une épaisse couche de carbonates verts assez vifs (malachite). Des chlorures sont disséminés sur la surface très grenue. Des traces de terre d’enfouissement sont encore bien visibles sur l’ensemble de l’œuvre. Les emplacements prévus pour les pattes présentent de grandes lacunes qui laissent voir l’intérieur de la figurine. D’impressionnantes plages de sulfates bleu-vert mêlées de chlorures sont visibles sur l’œuvre. Le cou, la tête et les pattes manquent. On note des impressions de vannerie sur l’aile gauche. De nombreuses griffures parsèment également l’objet du côté droit. Enfin, la queue est entourée d’une longue fissure, aujourd’hui stable.

Description

L’œuvre représente le corps d’un ibis. Ne sont conservés que le corps et l’amorce du cou. Les formes générales de l’ibis paraissent correctes et naturalistes. Cependant, le très mauvais état de conservation a effacé tout décor de plumes sur le dos ou les ailes qu’il y a pu avoir à l’origine. D’importantes traces de végétaux assez larges, profondément imprimées sur tout le corps de l’ibis, suggèrent que l’objet a été enrobé dans une natte ou déposé dans un contenant en vannerie. Les pattes de l’oiseau étaient rapportées et deux ouvertures ont été ménagées au niveau du ventre pour en permettre l’insertion. Aujourd’hui, ces ouvertures sont béantes et très corrodées. L’état avancé de l’oxydation et de la corrosion a modifié l’apparence générale de l’objet, effaçant une plastique vraisemblablement plus détaillée qu’aujourd’hui. Il est aussi possible qu’à l’origine un placage, rapporté sur le corps de l’ibis, formait ses ailes. Un exemplaire de ce type de placage, isolé du corps de l’ibis d’origine, est conservé dans la collection du musée Rodin Co. 656.

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs. L’œuvre Co. 5785 ne présentant un état de conservation très mauvais, il est impossible de déterminer quelle espèce est ici figurée.

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 5785 représentant une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples ». La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 5785 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

Les figures d’ibis sont des objets relativement nombreux. En voici quelques exemples :

Musée du Louvre, Paris : E2411.

Museo egizio de Turin : C.1015 et C.1011.

Metropolitan Museum of Art, New York : 04.2.462.

Brooklyn Museum : 86.226.19

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples de figures d’ibis en bronze, notamment Co. 211Co. 776 et Co. 2380. Aucune de ces œuvres n’est complète.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Tête de Thot sous sa forme d'Ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 7,5 cm ; L. : 1,7 cm ; P. : 8 cm 

Co. 2425

Comment

State of preservation

L’œuvre a un état de conservation correct. 

Le métal est oxydé et a pris une teinte uniformément vert foncé. La pointe du bec manque. Quelques petites concrétions sont visibles autour du tenon du cou. Les yeux étaient originellement incrustés. Cette incrustation est aujourd’hui manquante.

Description

L’œuvre figure une tête d’ibis sur laquelle un long tenon s’échappe de la base du cou. Ce tenon permettait d’insérer ce fragment dans un corps d’ibis en bronze ou en bois. La tête aplatie au niveau du front est prolongée d’un long bec où sont visibles de nombreux sillons et arêtes rendant avec réalisme les détails anatomiques. En effet, deux fines lignes continues entourent l’arête supérieure du bec. Un autre sillon, plus profond et plus long que les précédents et visible uniquement de profil, souligne l’arcade sourcilière en couronnant les yeux. Du globe oculaire, seules subsistent les deux cavités rondes, dans lesquelles était placée une incrustation de pâte de verre ou d’une pierre figurant la pupille. Derrière les yeux, deux petites cavités circulaires matérialisent les oreilles. Deux lignes continues, relativement fines, entourent l’arête supérieure du bec. Un sillon marque l’ouverture du bec. Le dessous de celui-ci est concave et met en relief les mandibules. Le cou présente une courbure et une épaisseur naturelles. 

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76 du livre II de son Enquête (voir Hérodote, Histoires, Livre II : Euterpe, in coll. Les Belles Lettres). Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rosé, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs. Il n’est pas possible de déterminer l’espèce figurée par le Co. 2425. 

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 2425 représentant une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002 - 5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis par les prêtres, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis, dont la plus ancienne attestation d’inhumation remonte au règne d’Amenhotep III. La tête d’ibis Co. 2425 correspondrait au reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas sélectionnés pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, l’organisation de l’élevage de ces animaux, objets de dévotion après leur mort, monta en puissance et le choix des espèces se structura. Il est à noter que c’est grâce à l’évolution des techniques de momification qu’il devint progressivement possible de momifier des animaux de grandes tailles, l’une des difficultés à vaincre ayant été la dessiccation de leurs humeurs.

 

Les figures d’ibis sont des objets relativement nombreux. Les simples têtes d’ibis à insérer dans un corps sont en revanche moins représentées. 

Metropolitan Museum of Art, New York : 53.185a et 90.6.59.

Penn Museum de Philadelphie : E12550 et E12577.

Brooklyn Museum : 37.385Eb, 37.385Ea, 08.480.71, 16.580.156 et 39.94.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes d’ibis en bronze, Co. 211Co. 776Co. 800Co. 802Co. 2380 et Co. 5785. L’œuvre Co. 776 se compose de deux parties distinctes aujourd’hui collées, le corps et la tête. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Tête de Thot sous sa forme d'Ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. :  cm ; L. :  cm ; Pr. :  cm 

Co. 2380

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un  mauvais état de conservation. Le métal est très oxydé et corrodé bien que les détails soient encore visibles. La tête d’ibis est entière à l’exception du bout du tenon qui est brisé et du bec. On note des traces de gangue d’enfouissement terreuse et ocre-jaune encore visibles. L’incrustation des oiseaux est manquante.

L’œuvre présente une couche de carbonates verts assez vifs (malachite) sur des oxydes rougeâtres (cuprite). La surface est grenue et n’a vraisemblablement jamais été nettoyée. Des chlorures sont disséminés sur la surface mais il n’est pas certain qu’ils soient encore actifs. Les incrustations des yeux manquent et le tenon de l’extrémité du cou était destiné à être fiché dans un corps en bois.

Description

L’œuvre Co. 2380 figure une tête d’ibis. Un tenon s’échappe de la base du cou. Ce tenon permettait d’insérer ce fragment dans un corps d’ibis en bronze ou en bois. Pour des statuettes complètes, voir GUICHARD Hélène (dir.), Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne, Catalogue d’exposition, Lens, Musée du Louvre-Lens, 5 décembre 2014 - 9 mars 2015, Paris, Lens, 2014 et la statuette en bronze ÆIN 270 de la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, n° 84.1, p. 240-241). 

 

La tête, aplatie au niveau du front, est prolongée d’un long bec où de nombreux sillons et arêtes rendent avec réalisme les détails anatomiques. En effet, deux fines lignes continues entourent l’arête supérieure du bec traitée en relief. Les yeux sont encadrés de deux lignes arrondies et visibles uniquement de profil. Elles soulignent l’arcade sourcilière et les joues. Les yeux sont rendus par deux cavités rondes dans lesquelles était placée une incrustation de pâte de verre ou d’une pierre. De cette incrustation, seul subsiste un dépôt jaunâtre, dans la cavité de l’œil droit. Un autre sillon, profond, marque l’ouverture du bec. Le dessous de celui-ci est concave et met en relief les mandibules. Derrière les yeux, deux autres petites cavités circulaires figurent les oreilles. Le cou présente une courbure et une épaisseur naturelles. 

L’œuvre présente une attitude et un traitement très naturaliste, qui mettent en évidence les qualités d’observation du peuple pharaonique. 

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs. L’œuvre Co. 2380 ne présentant aucune trace de coloration, il est impossible de déterminer quelle espèce est ici figurée.

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 2380 représentant une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples ». La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2380 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

Les figures d’ibis sont des objets relativement nombreux. Les simples têtes d’ibis à insérer dans un corps sont en revanche moins représentées. On citera pour l’exemple les œuvres du Metropolitan Museum of Art, New York : 53.185a et 90.6.59. Celles du Penn Museum de Philadelphie : E12550 et E12577. Et enfin ; les statuettes du Brooklyn Museum : 37.385Eb37.385Ea08.480.7116.580.156 et 39.94.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes d’ibis en bronze, Co. 211Co. 776Co. 800Co. 802Co. 2425 et Co. 5785. Malheureusement, aucune de ces œuvres n’est complète. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Horus

sous sa forme de faucon, placé sur le chapiteau d'une colonnette

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 11,5 cm ; L. : 3,1 cm ; P. : 5,8 cm 

Co. 1939

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal est oxydé et corrodé. L’ensemble de la surface est rugueux, parsemé de nombreuses concrétions. Le flanc droit de l’oiseau présente une couleur marron alors que le reste de la statuette a pris une teinte vert clair. Cette partie brune semble avoir été mieux préservée de l’oxygène. 

Le lituus et l’uraeus frontal du pschent sont partiellement brisés. Sur la partie gauche de la petite base sur laquelle l’oiseau se dresse, une large excroissance de métal est visible. Il s’agirait d’une figure, aujourd’hui trop détériorée pour être identifiée. 

Description

L’œuvre Co. 1939 figure un faucon dressé sur une petite base, les pattes droites et les ailes repliées. L’image est placée sur une colonnette. La colonnette est creuse alors que le faucon est plein. 

 

Le faucon est couronné du pschent, coiffe qui combine la couronne blanche de Haute-Égypte et la couronne rouge de Basse-Égypte, affichant ainsi son contrôle sur l’ensemble du territoire égyptien. Le pschent est orné d’un petit uraeus  frontal presque entièrement détruit, ainsi que d’une forte tige en spirale incurvée parfois appelée lituus. L’épaisseur de la volute du lituus suggère qu’il pouvait éventuellement contribuer à la suspension de la figurine (voir la petite figurine en or du Metropolitan Museum of Art de New York 30.8.432 où le lituus de la couronne rouge est relié à la couronne blanche à l’aide d’une petite chaine). 

 

De la face de l’oiseau, seuls le petit bec et le creusement des yeux sont encore discernables. Les yeux sont traités en creux, ce qui suggère qu’ils étaient incrustés d’une pierre semi-précieuse ou en pâte de verre. Bien que le cou et la gorge soient larges, ils laissent clairement se démarquer les épaules et les ailes du rapace. Ces dernières se terminent sur la queue, se séparant en deux bandes distinctes légèrement en relief. Les pattes, courtes et épaisses, se terminent par trois longs doigts ornés de griffes acérées. Malgré l’oxydation du métal qui a comblé l’espace séparant les deux pattes, on note cependant que le plumage épais des cuisses a été rendu. 

 

Le faucon se tient sur une petite base rectangulaire dont la face inférieure a été excavée. Au centre de celle-ci se dégage un épais tenon circulaire surmontant lui-même un chapiteau en forme de fleur de lotus. La base rectangulaire est renforcée à l’avant d’une petite figure humaine, et à l’arrière d’une simple place métallique trapézoïdale. La figure avant représente un personnage assis, les genoux remontés sur la poitrine levant ses deux bras vers la base. La disposition du faucon est très similaire à la figure d’enseigne conservée au Brooklyn Museum, 37.575E. On remarque cependant que cette œuvre présente un faucon couronné du disque solaire et l’absence d’une figure humaine à l’avant de la base. De par sa manufacture, l’œuvre C.996 conservée au Museo Egizio de Turin est également très similaire à la figure Co. 1939.

 

L’œuvre Co. 1939 est une figure d’enseigne. Elle pouvait être maintenue dans les airs, comme le prouve la bélière à l’avant de la couronne, ou bien insérée dans une enseigne et portée en procession lors de fêtes liturgiques associées à Horus, dont le faucon est l’emblème majeur. 

 

Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut prendre plusieurs formes (CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 215-218). Dans la cosmogonie héliopolitaine, Osiris fut assassiné par son frère Seth par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Celui-ci est élevé caché de Seth dans les marais de Chemnis. Cette enfance donne lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux. Il servira ainsi de modèle pour plusieurs prescriptions médicales. Et alors créée une personnalité distincte d’Horus fils d’Osiris. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, appelé à rester enfant et à les représenter et les protéger. En tant qu’Horus fils d’Osiris, il combat Seth et gagne la victoire lui permettant ainsi de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, tandis que son père obtient la royauté dans l’Au-delà. Le dieu Horus représente alors le premier de la lignée royale, le modèle divin du roi. Il donne naissance à cette lignée et devient le protecteur de la royauté et s’incarne en la personne du roi qui est son représentant terrestre qui doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte, de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage, son oncle Seth.

 

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Aucune autre œuvre n’est similaire à Co. 1939 dans les collections du musée Rodin. 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 11, 404, "Petit faucon en bronze, coiffé du pschent (une partie du lituus manque). Il formait le bout d'une enseigne dont le manche est conservé dans sa partie supérieure. Haut. 11 cent. Estimé cinquante francs."

Donation à l’État français en 1916.

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