ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > IER – IIE SIÈCLE APRÈS J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,8 cm ; L. : 2,9 cm ; P. : 2,9 cm
Co. 1435
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > IER – IIE SIÈCLE APRÈS J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,8 cm ; L. : 2,9 cm ; P. : 2,9 cm
Co. 1435
L’œuvre présente un mauvais état de conservation.
La statuette ne présente ni manque, ni déformation bien qu’elle soit très corrodée. La corrosion du métal est constituée de cuprite recouverte d’une couche verte de carbonates sous forme de malachite et de plages vert clair dont il est difficile de déterminer sans analyse s’il s’agit de carbonates ou de sulfates de cuivre. Sous l’amas de terre collée au revers apparaissent des efflorescences vert clair, sans doute liées à la présence de chlorures dans la terre. Les détails sont patinés mais les formes générales de la figure sont reconnaissables.
L’œuvre Co. 1435 figure la déesse Aphrodite anadyomène, qui signifie « sortant de l’eau », et se recoiffant. Elle se tient debout les jambes jointes affichant un déhanchée vers sa gauche. Les jambes, bien que masquées par le tissu entourant ses hanches, sont pliées avec excès vers l’avant. Cette position peu naturelle suggère que la déesse était originellement appuyée sur un support comme un tabouret, aujourd’hui manquant. Les deux bras sont repliés, élevés vers sa tête. Ses mains tiennent chacune une épaisse mèche de cheveux. Accentuant l’effet de torsion de son buste, le coude droit dépasse l’épaule alors que le gauche descend sous la poitrine. Sa chevelure est rassemblée en un chignon plat, placé à la base du crâne.
La déesse est nue à l’exception d’un tissu souple et plissé qui recouvre pudiquement ses jambes. Le tissu, enroulé à son bord supérieur, enserre les hanches en formant ceinture. Le nœud de fermeture, aux pans tombants, laisse dégagé la région pubienne. Originellement plissé avec soin, les détails du vêtement se laissent aujourd’hui à peine discerner. Il recouvre les membres inférieurs en s’évasant sur les pieds, entièrement masqués par le tissu. Un tressage de boucles entoure son front, retenues par un serre-tête. Il s’agit probablement d’un diadème, que l’on reconnaît également sur une autre statuette d’Aphrodite anadyomène conservée au musée Rodin, Co. 1418.
Les détails anatomiques sont aujourd’hui très effacés et patinés. Le visage, tourné vers la droite, laisse encore apparaître l’emplacement des yeux, du nez et de la bouche. Les bras ronds sont fondus dans la masse se confondant avec les mèches de cheveux. On remarque cependant que les doigts des mains étaient originellement dissociés les uns des autres. La poitrine est dessinée par deux petites protubérances rondes. La taille, bien que visible, n’est pas très marquée. Elle surmonte des hanches hautes et relativement larges. Le dos d’Aphrodite est modelé grâce au dessin de la colonne vertébrale et du creux des reins. Les jambes, enveloppées dans le vêtement, ne sont pas observables.
Les formes féminines d’Aphrodite reprennent les canons de beauté de l’époque romaine. En effet, la petite poitrine, les hanches larges et rondes, le déhanchement ainsi que la quasi-nudité se retrouvent sur un grand nombre de statuettes féminines romaines. De par l’anatomie, l’attitude et le vêtement sur les hanches, la statuette Co. 1435 se rapproche de l’œuvre conservée au British Museum de Londres 1824,0490.1 et celle du Walter Art Museum 54.960. Toutes deux datent de l’époque gréco-romaine et proviennent du Bassin méditerranéen.
À l'époque romaine, un culte important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Les récits mythologiques la font naître de l’écume de la mer devenue fertile grâce au phallus d’Ouranos, dieu du ciel, tranché suite à une dispute avec son fils le titan Cronos. Aphrodite est donc fille du Ciel et de la Mer. Elle symbolise l’âme sortant purifiée des eaux. Les chrétiens d’Égypte, les coptes, y voyant un précurseur du baptême l’adoptent rapidement, de même que les égyptiens suivant encore l’ancienne religion qui rapprochent Aphrodite, ou Vénus pour les romains, des dieux démiurges émergeant des eaux primordiales.
Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère trouvés en Égypte, comprennent dans la liste des parapherna, objets qui accompagnaient la dot et étaient destinés à l'usage quotidien de l'épouse, une statuette en bronze, plus rarement en argent, de la déesse. Les laraires placés à l'intérieur des maisons pouvaient également contenir une effigie d'Aphrodite. Divinité protectrice des femmes et du mariage, elle y est présentée comme la forme hellénisée des déesses indigènes, Isis-Hathor et Astarté.
Produites dans des ateliers locaux, ces figurines sont généralement adaptées de célèbres statues de la déesse à sa toilette rituelle. Les mêmes types iconographiques se retrouvent dans le domaine de la terre cuite. L’image de la déesse sortant du bain, essorant ses cheveux de l’eau de mer, a été fixée par un artiste grec du IIIesiècle avant notre ère, Doïdalses. L’une des plus vielles figurations connues d’Aphrodite anadyomène en Égypte est un relief copte conservé au Musée du Louvre, E14280. De nombreux artistes antiques et postérieurs reprendront ce schéma, l’un des plus connus restera le peintre Botticelli en 1485 et sa « Naissance de Vénus ».
L’œuvre Co. 1418 figure également une Aphrodite anadyomène dans la même position. Elle est cependant entièrement nue contrairement à la statuette Co. 1435.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.- C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. 41,8 cm ; L. 15,1 cm ; P. 7,7 cm
Co. 214
L’œuvre présente un état de conservation correct. La statuette affiche encore de nombreux détails malgré l’oxydation avancée du métal. Plusieurs fragments manquent néanmoins, en particulier les deux bras et l’œil droit originellement rapportés ainsi que les pointes de la couronne. Deux larges ouvertures, laissant voir l’intérieur de l’œuvre, sont aussi visibles sur la joue et l’épaule droites, ainsi que deux trous plus petits sur le genou droit et à l’intérieur de la jambe.
L’œuvre figure la déesse syncrétique Isis-Aphrodite, debout dans une attitude de léger contrapposto vers la gauche. A l’exception de son imposante couronne, d’un collier et d’un bracelet à la cheville droite, la déesse est entièrement nue. Sa couronne complexe, une version très élaborée et ajourée du calathos que l’on trouve dans sa version classique sur la tête de sa parèdre Sérapis (cf. Co. 1236), se compose d’un diadème orné d’un petit uraeus disqué et stylisé, le corps lové était rendu par deux excroissances rondes de part et d’autre, surmonté de cinq larges branches. Deux seulement sont complètes et représentent un décor végétal de pétales flanquant une tige centrale, probablement un épi de blé ; la branche centrale représente la couronne isiaque de la tradition égyptienne, constituée de deux oreilles de vache et cornes lyriformes encadrant le disque solaire. La base des branches reprend le motif d’un chapiteau ionique dénué d’ornementation. La face avant est décorée de volutes et d’un fin bandeau d’oves sur le bord supérieur, tandis que la face interne de la couronne est laissée brute.
Deux fines bandes en relief sont visibles sur la partie restante des bras : tout en modelant deux bracelets au niveau du biceps, elles devaient également permettre d’accrocher les bras rapportés. On retrouve ce système sur des statuettes similaires conservées au Brooklyn Museum (inv. n° 44.224), au Walters Art Museum (inv. n°54.949), ainsi qu’au Louvre (RIDDER André de, Musée du Louvre : Les Bronzes Antiques, Paris, 1913, no. 12).
Les deux bras étant manquants, leur position originelle est inconnue. La déesse pourrait avoir eu les bras repliés vers l’avant, tenant en mains une statuette ou une bandelette de tissu, comme sur les œuvres respectivement au Brooklyn Museumet au Louvre (inv. n° Br441). Alternativement, la figurine pourrait avoir les bras ballants, comme sur l’œuvre du Louvre (inv. n° Br4410).
Les caractéristiques anatomiques de la déesse reprennent les canons de beauté romains, soit ceux d’une figure féminine aux formes voluptueuses. Le cou, large et presque gras, se prolonge en des épaules tombantes. Le large buste est modelé de seins ronds sur lesquels a été figuré le téton. La taille n’est pas marquée et le nombril est peu profond, mais les hanches sont larges et les fesses, les cuisses et le ventre sont dodus. Le modelé des jambes est minimal, les genoux n’étant pas rendus, non plus que la cheville surmontant des pieds potelés ; en revanche, le creux des reins est clairement modelé et les orteils détaillés individuellement.
Le visage est rond et les joues pleines, mais le nez est relativement fin ; la bouche, de petite taille, présente des commissures très marquées. Les yeux, laissés vides par le moulage, étaient ensuite remplis d’une incrustation blanche (très probablement en pâte de verre) au centre de laquelle était pratiquée une seconde incrustation, sans doute noire, pour créer la pupille. Une épaisse chevelure bouclée entoure le visage, chaque mèche étant figurée par des stries, et recouvre les oreilles avant de se rejoindre au niveau de la nuque pour former un chignon. Les cheveux du sommet du crâne, séparés par une raie centrale, sont stylisés par de fines vaguelettes. Deux épaisses mèches torsadées retombent enfin sur les épaules à la façon de boucles à l’anglaise.
En accord avec ses attributions liées à l’amour et à l’érotisme, la déesse est abondamment parée. Les oreilles ne se discernent que par la présence de grandes boucles d’oreilles sphériques, que l’on retrouve également sur la statuette du musée Rodin Co. 1442. Un bracelet simplement figuré par un cordon de métal entoure la cheville droite ; un nœud est visible sur la face intérieure de la cheville, dont les deux pans remontent sur le mollet au lieu de descendre de façon réaliste sur la malléole. Son large sautoir, dont le cordon arrière se croise entre les omoplates, associe de petites perles ovales à un large pendentif descendant sur le plexus et figurant Aphrodite anadyomène. Ce type de collier se retrouve souvent sur les statuettes d’Isis-Aphrodite (par ex. Brooklyn Museum inv. n° 37.572E ; Walters Art Museum 54.949 ; ou encore les statuettes du musée Rodin Co. 1418 et Co. 1435).
Ainsi, la couronne signale la déesse comme Isis, tandis que le pendentif la désigne comme Aphrodite, rappelant le statut syncrétique de cette divinité. À l’époque romaine, un culte très important est rendu à Aphrodite en Egypte et en Syrie, suite notamment aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Fille du Ciel et de la Mer selon les récits mythologiques grecs, sa sortie des eaux l’associe pour les Egyptiens aux dieux démiurges émergeant des eaux primordiales. Quant à Isis, sœur-épouse d’Osiris et déesse magicienne puissante, elle est, très tôt dans l’histoire égyptienne et particulièrement dès le Nouvel Empire, surtout célébrée comme déesse-mère par excellence. Son fils Horus est en effet issu de l’union posthume avec Osiris, démembré par son frère Seth. Isis, après avoir rassemblé toutes les parties du corps de son époux grâce à des bandelettes, se transforme en milan pour ranimer la virilité d’Osiris et procréer Horus. Ainsi, à la Basse Époque, son culte propre gagne en puissance et la démarque peu à peu du mythe osirien et de ses aspects funéraires. Dans la dévotion populaire, elle est de plus en plus étroitement associée à Hathor, déesse-vache nourricière dont elle était déjà souvent rapprochée par le passé. Elle reprend ainsi les attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire que l’on retrouve sur la couronne de la statuette Co. 214, et devient le symbole de la féminité par excellence, ce qui justifie son association avec Aphrodite après la conquête grecque. Vénérée durant toute la période pharaonique, son culte connaît un développement sans précédent à partir de la période ptolémaïque (Bricault 2013). Les rois hellénistiques lui font notamment ériger un grand temple à Philae où sont soulignés son aspect cosmique et sa supériorité sur les autres dieux. Elle forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos et, à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis, qui a supplanté Osiris, et d’Harpocrate, l’Horus-enfant (pour plus d’informations sur ces divinités, voir les notices des statuettes Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis) conservées au musée Rodin).
Produites dans des ateliers locaux, les figurines comme l’œuvre Co. 214 étaient généralement adaptées de célèbres statues, et les mêmes types iconographiques se retrouvent dans les statuettes en terre cuite. L’image d’Aphrodite émergeant de la mer et essorant ses cheveux, figurée ici par le pendentif, a été fixée par un artiste grec du IIIe siècle avant notre ère, Doïdalses. Ce topos connaît des retentissements en Égypte jusqu’à l’époque copte (comme sur le relief du Louvre inv. n° E14280), où elle est associée à une métaphore du baptême et de la renaissance chrétienne.
Au vu de la qualité de la manufacture de l’œuvre Co. 214, il s’agit probablement d’un ex-votoexposé dans un temple ou sur l’autel particulier d’un foyer fortuné. Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère et trouvés en Égypte incluent des cadeaux complétant la dot, les parapherna, destinés à l’usage quotidien de l’épouse. Parmi eux se trouve souvent une statuette en bronze ou, plus rarement, en argent, de la déesse Isis-Aphrodite. Les laraires placés à l’intérieur des maisons, en particulier, pouvaient contenir une image de cette déesse, en tant que divinité protectrice des femmes et du mariage, forme hellénisée des déesses Isis et Hathor, ou Astarté au Proche-Orient.
Le musée Rodin conserve plusieurs statuettes de la déesse Aphrodite, Co. 1418 et Co. 1435. Elles représentent Aphrodite anadyomène (sortant du bain). En revanche, l’œuvre Co. 214 figure Isis-Aphrodite en mêlant l’iconographie isiaque à celle de la déesse romaine.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : 249e ?
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe – XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 6,3 cm ; L. : 3,2 cm ; P. : 2,5 cm
Co. 2367
L’œuvre présente un mauvais état de conservation. Elle est oxydée et comporte de nombreuses traces de corrosion et de terre d’enfouissement, notamment au niveau des plis du corps et du vêtement. Les membres inférieurs du personnage, à partir des genoux, et sa main droite sont manquants.
L’œuvre Co. 2367 figure un homme debout dans la position de la marche apparente, c’est-à-dire la jambe gauche en avant. Son bras gauche est replié sous la poitrine supportant une figurine de babouin accroupi, animal sacré du dieu Thot. Sa main droite, aujourd’hui manquante, était levée à hauteur du menton. La paume était probablement présentée vers l’avant dans une position d’adoration.
L’homme est coiffé d’une calotte recouvrant entièrement son crâne. La démarcation de la calotte est particulièrement visible au niveau du front et devant les oreilles, alors qu’elle est invisible dans la nuque, probablement à cause de l’état de conservation. L’homme est vêtu d’un long pagne serré aux hanches. Un épais pan de tissu se distingue à l’avant du vêtement. Il prend une forme trapézoïdale et est dénué de toute ornementation.
Les proportions morphologiques de l’homme ne sont pas naturelles. En effet, le crâne et le buste sont particulièrement larges alors que le bas du corps semble trop court. La tête du personnage, au crâne aplati sur le dessus, a une forme carrée, les mâchoires étant clairement dessinées. Les oreilles, placées à une hauteur naturelle, flanquent un visage aux joues pleines. On discerne les sourcils arqués, surmontant des yeux grands ouverts aux pupilles dessinées, et aux contours relevés d’un large trait de fard. Le nez, dont l’arête commence entre les sourcils, est long et fin. Il couronne une bouche légèrement souriante aux lèvres pulpeuses. Le menton est petit et horizontal.
La morphologie générale de cette œuvre ne respecte pas les proportions naturelles du corps humain. L’artisan a mis un soin particulier à rendre certains détails, tels que les muscles dorsaux ou les traits du visage. L’allongement conséquent des bras est à rapprocher de celui de la statuette de prêtre agenouillé conservée au musée du Louvre E3188 (voir GOMBERT-MEURICE Florence, PAYRAUDEAU Frédéric (dir.), Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, Catalogue d’exposition, Musée de Grenoble, 25 octobre 2018 - 27 janvier 2019, Paris, 2018, p. 216, cat. 107). Réalisée en bronze et datée du Nouvel Empire, elle présente l’image d’un prêtre saisi en plein déroulement de culte, bras écartés, paumes tournées vers le haut.
La figure animale est moins bien conservée. Les détails sont émoussés mais permettent néanmoins d’identifier un babouin, animal sacré du dieu Thot (sur ce dieu, voir CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 543-548). Un épais pelage entoure son museau, descend sur ses épaules et recouvre ses pattes antérieures. Seuls les doigts se dégagent du camail (élargissement du pelage en forme de cape). On retrouve ce type d’arrangement sur les statues dites « statues-cubes » où les bras sont confondus dans la masse de l’objet et où seules les mains émergent. Ce rapprochement entre la représentation d’un babouin assis et les statues-cubes, type statuaire utilisé par les scribes, met en exergue les connaissances littéraires de Thot et ses prérogatives en tant que scribe des dieux. L’animal étant assis, seule la partie antérieure des pattes arrière est visible.
Le crâne rasé recouvert d’une calotte, le visage imberbe et la figure du babouin indiquent que la statuette correspond très certainement à l’image d’un prêtre, offrant une figure votive de babouin au dieu (pour une représentation similaire, voir la figurine en bronze ÆIN 784 de la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague (cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, n° 97.1, p. 282-283). Les statuettes 37.552E du Brooklyn Museum et 7434 du musée égyptien de Berlin présentent toutes deux cet exemple de prêtre de Thot (pour une présentation de ce dieu, voir l’œuvre par exemple conservée au musée Rodin, Co. 795). D’autres exemples, assez rares cependant, ont été retrouvés serrant une autre figure divine, notamment l’œuvre 30.8.98 du Metropolitan Museum of Art sur laquelle il s’agit d’une déesse.
Roeder évoque la possibilité que ces petites statuettes faisaient parties d’un ensemble plus grand, peut-être accompagnés d’un dieu (cf. ROEDER Günther, Ägyptische Bronzewerke, Glückstadt, 1937, p. 40, § 169). Leur fonction pour autant n’est pas encore définie. L’absence de bélière sous-entend qu’il ne s’agit pas d’une amulette portée autour du cou des prêtres signifiant leurs prérogatives.
Les collections du musée Rodin conservent une autre œuvre en bronze qui représente un prêtre tenant une figurine de babouin sur la poitrine, Co. 1213.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 8, 356, "Prêtre debout présentant devant lui, au bout de son bras gauche replié, un petit cynocéphale, les jambes manquent. Haut. 6 cent. 1/2. Estimé trente francs."
Donation à l’État français en 1916.
La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > MILLIEU DU IIE SIÈCLE APRÈS J. C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 80 cm ; L. : 31,1 cm ; P. : 27,5 cm
Co. 1287
L’œuvre présente un état de conservation correct.
Il manque la tête, l’index de la main droite et l’extrémité des parties génitales. De nombreuses entailles sur le ventre sont anciennes. Une petite perforation, de la taille d’une tête d’épingle, apparaît au milieu du fessier droit.
Des réparations anciennes ont été faites au niveau de la cheville gauche et des deux bras, notamment sur l’épaule gauche. Les bouchages, qui débordent largement sur la surface du métal, ne permettent pas de connaître l’importance des manques. Ces réfections, fortement colorées et vernies, présentent des craquelures. On remarque un réseau de fissurations au niveau des comblements anciens et un décalage au niveau des joints de fissure provoquant des écaillages. Des points de corrosion (carbonates de cuivre) sont visibles entre les doigts des deux mains, sur les fessiers et sur la réparation ancienne du talon gauche. Des traces de frottement en haut de la cuisse droite et quelques griffures sur l’ensemble du corps se remarquent également.
La corrosion du métal est constituée de cuprites recouvertes par endroits d’une couche verte de carbonates sous forme de malachites. Au revers, l’aspect de la patine est fortement « moucheté ». La surface de l’objet est empoussiérée. On note quelques dépôts de plâtre autour du cou qui témoignent de l’assemblage d’une tête d’enfant en plâtre par Rodin conservée au musée sous le numéro Co. 312.
La statue Co. 1287 figure un personnage, représenté selon une iconographie romaine. Il s’agirait probablement du dieu Harpocrate. Le dieu-enfant se tient debout, les jambes naturellement écartées, pied droit avancé. Une attitude similaire, dite « de la marche apparente » est attestée dans l’art égyptien ; néanmoins, selon les principes égyptiens, c’est par le pied gauche, placé en avant, que le mouvement de la marche indique. L’enfant a ses deux bras repliés, pointant le droit devant lui et le gauche vers son visage. Ses poings sont serrés et ne tiennent aucun objet, contrairement à ce que l’on peut voir sur des statuettes d’Harpocrate d’époque romaine, notamment les figurines Co. 1211 et Co. 1455 conservées au Musée Rodin où le dieu maintient une corne d’abondance sur son épaule gauche. Autre élément surprenant, il tend son index gauche en direction de son visage, au niveau du menton ; les représentations égyptiennes d’Harpocrate placent plus naturellement l’index droit sur la bouche, les droitiers étant plus fréquents (voir les œuvres du Musée Rodin Co. 687, Co. 774, Co. 789, Co. 791, Co. 810, Co. 1324, Co. 2385 et Co. 5614 ou le groupe statuaire de la glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague ÆIN 157 (cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue EgyptV. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, p. 164-165, n° 54). Bien que la tête d’origine soit aujourd’hui manquante, la position du cou suggère qu’elle était légèrement tournée vers le doigt pointé.
Le cou est relativement long pour celui d’un enfant, ses épaules sont tombantes. Les membres supérieurs sont traités avec naturel. Le pli du coude est marqué ainsi que le coude lui-même. On note le modelage d’un os de l’avant-bras, le cubitus, suggérant une certaine tension dans le bras ; il faut y voir l’expression du mouvement. Un resserrement du métal marque le poignet puis la main potelée. Les phalanges et les ongles ont été clairement dessinés sur les doigts.
Le reste du corps est modelé avec autant que naturel que les bras. En effet, les muscles pectoraux sont très légèrement dépeints comme pourraient l’être ceux d’un enfant. La pointe des seins a été réalisée dans un alliage différent du reste de la statue, majoritairement en cuivre, puis a été poncée, leur donnant une couleur plus sombre et une surface presque brillante. La taille, délicatement marquée, annonce un ventre rond accentué par une grande cambrure du dos. Les muscles abdominaux ont été représentés de chaque côté d’un nombril peu profond. L’os des hanches est indiqué par un resserrement très subtil du métal au-dessus des cuisses. Les plis de l’aine rejoignent les parties génitales, figurées selon l’iconographie romaine, c’est-à-dire petites. Au niveau du dos, on voit clairement le profil des omoplates. La colonne vertébrale n’est tracée qu’à partir du milieu du dos. Les muscles fessiers sont serrés et légèrement excavés sur leur côté extérieur, rappelant plus un athlète qu’un jeune garçon. Sur les jambes, on note une attention particulière au dessin des muscles de cuisses et des mollets. Les genoux et les malléoles sont également clairement indiqués avec réalisme et sensibilité. On remarque qu’au revers du genou droit, deux bourrelets dessinent les tendons de chaque côté du genou. Ce détail indique le mouvement de la jambe vers l’avant. Enfin, les pieds sont potelés et présentent eux aussi quelques os matérialisés, notamment la tête du métatarse et ceux des orteils. Sur ces derniers sont visibles, de la même manière que sur les mains, les phalanges et les ongles.
Un tenon sous chaque pied aidait au maintien sur le support d’origine, aujourd’hui perdu.
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III, sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).
Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis.
L’iconographie égyptienne d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche.
De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère. Le dieu-enfant représenté sur la statue l’œuvre Co. 1287 arbore une iconographie romaine. En effet, les rondeurs naturelles du corps, l’attention au dessin des muscles, des os et du mouvement semblent clairement attribuables à cette époque.
Les œuvres Co. 1211 et Co. 1455 sont également des représentations du dieu Harpocrate selon une iconographie romaine. Le Musée Rodin conservent d’autres statuettes qui figurent le dieu enfant selon une iconographie plus traditionnelle égyptienne, Co. 687, Co. 774, Co. 789, Co. 791, Co. 810, Co. 1324, Co. 2385 et Co. 5614.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
Auguste Rodin avait assemblé sur ce corps en bronze le moulage en plâtre d’une tête d’enfant (Co. 312), dont l’original en marbre pourrait dater du Ier siècle après J.-C. La tête de ce premier assemblage ayant été perdue, une nouvelle a été tirée en 2003. Ces deux têtes ont été moulées sur un visage d’Éros en marbre identifié par Bénédicte Garnier et conservé dans les collections du musée Rodin (cf. LE NORMAND ROMAIN Antoinette, MARTINEZ Jean-Luc, SCHWARTZ Emmanuel, Rodin : la lumière de l’antique, Paris, 2013, p. 318, cat. 268, fig. 129).
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J. C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 8,2 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 1,6 cm
Co. 1236
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est oxydé, les détails sont patinés et les deux mains sont manquantes. Des concrétions sont visibles sur l’ensemble de la statuette, particulièrement dans les plis du drapé. Le socle originel de la figurine a également disparu.
Cette petite statuette en alliage cuivreux figure une divinité syncrétique du panthéon gréco-égyptien, Sérapis ou peut-être Zeus Ammon. Le dieu est figuré debout dans une attitude typique de la statuaire hellénistique : en léger contrapposto, vêtu d’un chiton descendant jusqu’aux chevilles et d’un himation passé sur l’épaule gauche, rendus l’un et l’autre avec une abondance de drapés. La tête, tournée vers la droite, est coiffée d’une couronne de fleurs assez haute. Un bandeau plat ceint le front de la divinité et le haut de la nuque. La chevelure est séparée par une raie centrale d’où s’échappent des boucles et des ondulations, rejointes par une barbe épaisse et fournie. Accompagnant le mouvement des membres inférieurs, le bras droit se détache du corps. Le bras gauche est placé le long du corps ; l’avant-bras était très vraisemblablement étendu. L’état de conservation de la statuette ne permet pas de confirmer si ses pieds étaient vraiment chaussés. La petite base carrée sur laquelle se tient le dieu est très altérée.
Les traits du visage sont très émoussés et aujourd’hui déformés : les arcades sourcilières sont proéminentes, les yeux globuleux, le nez écrasé et le cou masqué. Quelques maladresses formelles sont repérables, comme la longueur exagérée de l’avant-bras gauche et l’absence générale de modelé des membres.
La couronne florale de la figurine Co. 1236 se retrouve sur la plupart des représentations de Sérapis, qu’il s’agisse de lampes à huile, de bustes ou de statuettes en terre cuite : un exemple proche de l’objet du musée Rodin est la statuette du Metropolitan Museum of Art de New York Inv. N° 17.194.2115. Création des premiers souverains ptolémaïques, le dieu Sérapis mêle les aspects du dieu grec Hadès à la divinité, déjà syncrétique, qui réunissait le taureau solaire Apis au dieu des morts Osiris. Il compte parmi les divinités les plus vénérées de l’Egypte gréco-romaine et son culte se retrouve sur le pourtour méditerranéen.
En l’absence des attributs que brandissait le dieu, une autre identification peut être proposée. Cette coiffure caractérise en effet un autre dieu syncrétique de l’époque hellénistique, Zeus Ammon, comme par exemple sur le chaton d’une bague graphique d’époque romaine conservé au British Museum (inv.no. 1872.0604.209).
Dieu grec et romain du ciel, Zeus/Jupiter est associé au tonnerre et à la foudre ainsi qu’à la guerre, à la justice et surtout au pouvoir et à l’autorité politiques. Divinité majeure du panthéon, des temples lui étaient dédiés dans toutes les zones sous influence romaine. Dans le contexte des syncrétismes religieux de l’Egypte des derniers temps, le dieu Zeus a été associé à la figure d’Amon. Zeus Ammon, dans son orthographe grecque, adopte l’iconographie de Zeus à laquelle sont généralement adjointes, de part et d’autre du visage, les cornes de bélier caractéristiques des figurations d’Amon depuis le Nouvel Empire.
Par ailleurs, si le bras gauche de la statuette est placé le long du corps, on devine que le bras droit fragmentaire s’avançait vers l’avant ; une figurine similaire du Walters Art Museum (inv.no. 54.981) montre un Jupiter tenant au bras un aigle, symbole de ce dieu. Si l’on opte pour une interprétation de cette statuette comme une représentation de Jupiter/Zeus Ammon, on peut proposer une restitution analogue pour la position des bras. S’il s’agit de Sérapis cependant, il est plus probable que la statuette ait tenu à la main un sceptre, courant dans l’iconographie de ce dieu.
Création des premiers souverains ptolémaïques, le dieu Sérapis mêle les aspects du dieu grec Hadès à la divinité, déjà syncrétique, qui réunissait le taureau solaire Apis et le dieu des morts Osiris. Il compte parmi les divinités les plus vénérées de l’Égypte gréco-romaine et son culte s’exporte même ailleurs en Méditerranée, quoiqu’il connaisse une faveur moins exceptionnelle que celui de la déesse Isis.
Il s’agit de l’unique statue en bronze de Sérapis ou de Zeus Ammon conservée au musée Rodin.
Anépigraphe. Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE GRECQUE OU ROMAINE
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 2,5 cm ; L. : 1,5 cm ; P. : 1,8 cm
Co. 1521
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est très oxydé et les détails se patinent. L’objet est incomplet, il ne reste que la tête de bélier qui devait faire partie d’un ensemble plus grand, aujourd’hui disparu.
L’œuvre Co. 1521 figure une tête de bélier. Cet ovin est représenté selon une iconographie grecque, romaine, ou plus largement méditerranéenne. En effet, la tête est allongée et le museau est rond. Sur celui-ci se discernent encore les deux narines et l’ouverture de la gueule. Ils sont surmontés des yeux modelés en amande avec une pupille en relief. Sur l’ensemble de la tête, à l’exception du museau et des cornes, la pilosité laineuse a été rendue. Elle est matérialisée par un ensemble de petits cercles dans lesquels un point marque le centre. Les cornes sont spiralées. Elles se dégagent au niveau des arcades sourcilières et terminent leur course en remontant vers l’œil. Selon l’iconographie égyptienne, les cornes torsadées s’allongent normalement vers le museau, voir notamment la statuette du dieu Khnoum conservée au Musée du Louvre E10579. Les oreilles se dégagent au centre de la spirale de la corne. On remarque au niveau du cou, dans le prolongement de la tête, deux pointes en métal qui devait permettre l’insertion de la tête dans un ensemble aujourd’hui disparu.
Les hypothèses sur cet ensemble sont variées et son origine également. Il pourrait s’agir d’un bracelet, voir par exemple les œuvres du Louvre AO17351-17352-10802, du British Museum 1896,0201.141, ou du Penn Museum 30-33-9, provenant respectivement d’Ugarit, de Chypre et de Russie. La tête Co. 1521 pourrait également avoir décorée une anse de vase (voir les œuvres du Metropolitan Museum of Art d’époque romaine 41.160.113 et 1989.281.87, d’un objet plus commun, notamment une pelle ou un couteau (respectivement 22.139.16 et 17.230.58 du Metropolitan Museum of Art également d’époque romaine). Ou plus simplement, l’œuvre aurait servi d’ornement pour un meuble, voir les figures du British Museum d’époque grecque ou romaine 1958,0822.15 et 1862,0531.1. Günter Roeder présente un exemple très similaire (cf. ROEDER Günther, Ägyptische Bronzewerke, Glückstadt, 1937, § 190-191, pl. 28 [k]), sans toutefois en donner la fonction.
Le musée Rodin ne conserve pas d’autre œuvre similaire à Co 1521.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 1,3 cm ; L. : 1,1 cm ; P. : 5 cm
Co. 1479
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Pattes et queue sont en partie émoussées. Le métal est oxydé et les détails sont patinés. On note, autour des pattes et de la tête, des traces de terre d’enfouissement.
L’œuvre Co. 1479 figure une petite souris se tenant sur ses pattes, la queue allongée légèrement vers la gauche.
La souris Co. 1479 est simplement modelée. La tête est triangulaire avec un museau angulaire. Le contour des yeux a été incisé. Les oreilles sont pointues et creusées en leur centre pour donner de la profondeur. Sur le corps, rond et plein, sont figurées les hanches. La queue est longue et raide. Elle servait probablement d’appui, de même que le museau et les pattes, bien qu’aucune trace d’abrasion ou d’arrachement ne soit visible.
En l’état et hors contexte, il est difficile de comprendre la destination de cet objet. Cette souris pourrait avoir décoré une anse ou sur une lampe. Pour l’exemple, voir les œuvres du British Museum 1975,0501.2 et 1975,0501.3, datant du Ier siècle de notre ère. Le plus souvent, ces petites figures de souris se retrouvent à l’époque romaine. Elles sont généralement représentées sur leurs pattes arrière, tenant une noix entre les pattes avant, voir notamment l’œuvre du Metropolitan Museum of Art de New York 67.154.4, datée du Ier au IIIe après J. C. On trouve plus rarement des représentations de souris tenant sur ses quatre pattes, voir la figurine du Brooklyn Museum datant de l’époque ptolémaïque, 37.558E.
Les collections du musée Rodin ne conservent aucune œuvre similaire.
Anépigraphe.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 2,1 cm ; L. : 1 cm ; P. : 5 cm
Co. 2422
L’œuvre présente un très mauvais état de conservation. Le métal est extrêmement oxydé et se délite sous les doigts.
La statuette est entière mais aujourd’hui séparée en deux parties, le corps et le haut des pattes d’une part, et la base et les sabots d’autre part. Les pattes sont brisées et le corps du boviné présente de nombreuses fissures et piqures, des éléments qui indiquent que l’alliage de mauvaise qualité a été fondu trop rapidement.
L’œuvre Co. 2422 figure un dieu sous la forme d’un taureau, probablement Apis, debout sur une base plate. Un tenon est visible sous cette fine plaque. Il permettait d’insérer l’œuvre dans un soclage plus grand. Les deux pattes gauches sont en avant.
L’œuvre présente un état de conservation très mauvais. Les détails qui étaient représentés sur la figurine à l’origine ont aujourd’hui disparu. On note cependant que le corps est très fin, de même que la tête de l’animal. Deux formes rondes marquent les yeux globuleux. Les oreilles pointues s’étirent sous les cornes. Comme sur de très nombreuses statuettes en bronze de taureaux sacrés, un élément décoratif de forme triangulaire est visible sur la tête de l’animal (ROEDER 1956, §411b-f). Le museau est long et fin. Le dos a été modelé de façon à dessiner les épaules et la croupe, cette dernière étant trop haute pour être naturelle. De la croupe se dégage la queue qui longe la patte arrière droite, comme c’est le cas généralement pour ce type d’œuvre, voir par exemple les statuettes du musée Rodin, Co. 685, Co. 798, Co. 807, Co. 1234, Co. 2369 et Co. 5629.
La statuette est de manufacture assez rudimentaire, témoignant d’un moulage à la chaine. En effet, à partir de l’époque tardive, les petits bronzes sont diffusés dans toute la méditerranée depuis les principaux centres religieux égyptiens. Les inscriptions hiéroglyphiques présentes sur quelques unes des statuettes de taureau signalent que différentes divinités pouvaient être figurées ainsi, tel le dieu Apis – ou certaines de ses formes comme Horus-Apis ou Osiris-Apis –, mais aussi le taureau Mnevis ou Osiris-Mnevis (AUBERT, AUBERT 2001, p. 287). Dès lors, en l’absence d’inscription, il demeure difficile d’associer une divinité à l’objet Co. 2422.
Le taureau est un animal vénéré en Égypte depuis le prédynastique, et symbolise la force divine et la fécondité. Pour ces raisons, il fut rapidement associé à la crue du Nil et à Osiris. Considérés comme les apparences de certaines divinités, plusieurs taureaux sacrés sont connus dans le pays, comme le taureau blanc de Min, le Mnevis de Rê à Héliopolis, mais aussi Hormerty en Chedenou, le grand Kemour noir à Athribis, et Bouchis à Hermopolis et Médamoud. Le plus connu demeure sans nul doute le taureau Apis, représentant le dieu Ptah, et animal régulièrement représenté dans l’art égyptien des époques tardives.
La statuette est assez statique bien que l’artisan ait essayé de rendre le mouvement.
Attesté dès le règne de l’Horus Aha à la première dynastie, le culte du taureau Apis est aussi ancien que l’est la civilisation égyptienne. De par cette longévité, il s’enrichit de nombreuses associations avec d’autres dieux. Vénéré particulièrement à Memphis, il est naturellement associé à Ptah, dieu local, dont il devient le « héraut » à partir du règne d’Amenhotep III à la XVIIIe dynastie. Lié à l’origine à la fécondité et par conséquent à la fonction royale, il ajoute à ses marques reconnaissables un disque solaire entre ses cornes, orné d’un ou de deux uraei symbolisant son affiliation au dieu Rê. Cette association au dieu solaire se retrouve chez un autre bovidé, le taureau Mnévis d’Héliopolis, possédant également un disque solaire entre les cornes. Ces deux taureaux sont souvent confondus en l’absence d’inscriptions qui identifieraient clairement le dieu figuré. Apis obtient aussi des prérogatives funéraires en se fondant avec Osiris et devient Osirapis, qui bien plus tard donnera le dieu Sérapis.
Pour reprendre l’appellation d’Alain Charron, Apis faisait partie des « uniques », c’est-à-dire « une bête choisie parmi ses congénères de la même espèce pour être l’hypostase de la divinité de la cité. » (CHARRON 2002, p. 176). Ce qualificatif lui offrait de nombreux avantages, notamment le fait d’être couronné, de posséder un culte propre, d’être entretenu et bien traité, ainsi que d’avoir des funérailles dignes d’un dieu. Toutefois, les uniques n’étaient pas des dieux à part entière mais étaient des ouhem. Ce mot traduit généralement par « héraut » faisait de l’animal un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il avait un rôle de médiateur, chargé de transmettre au dieu les prières des dévots et parfois possédait un rôle d’oracle.
La plupart du temps, Apis est représenté sous la forme d’un taureau marchant, un disque solaire entre ses cornes. Mais d’autres figurations de ce dieu ont pu être utilisées. Par exemple, un homme à tête de taureau tenant le sceptre ouas et la crois ankh, ou encore une momie humaine à tête de bovidé. C’est à partir de la Basse-Époque que de nouveaux attributs viennent compléter l’iconographie du taureau, notamment un scarabée ailé sur son garrot, un vautour ailé sur sa croupe et un « tapis » frangé sur son dos.
L’œuvre Co. 2422 tenait de la dévotion personnelle. À la mort du dieu bovidé, de nombreuses statuettes en bronze étaient commandées, moulées et présentées en offrandes sur les lieux de culte du Sérapeum afin de demander au dieu d’accorder ses bienfaits et sa protection au commanditaire.
Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples de statuettes de taureau en alliages cuivreux, Co. 685, Co. 798, Co. 807, Co. 1234, Co. 2369, Co. 2395 et Co. 5629.
La statuette Co. 2422 est à rapprocher de Co. 1234 de par son traitement et la finesse du corps.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J. C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 6 cm ; L. : 4,2 cm ; P. : 3,4 cm Co. 1324
L’œuvre présente un mauvais état de conservation.
Le métal est oxydé, particulièrement dans les plis du corps, notamment à l’aine, au coude et dans le dos. Il manque le bras gauche et l’attribut qui couronnait l’enfant. De larges et profondes fissures parsèment l’œuvre sur les jambes, le bras restant et dans le dos.
La figurine Co. 1324 représente le dieu-enfant Harpocrate selon une iconographie romaine. Le doigt porté à la bouche relève de l’iconographie égyptienne, attitude caractérisant les représentations d’enfant dans l’imagerie pharaonique (voir par exemple les statuettes d’Harpocrate du musée Rodin Co. 687, Co. 774, Co. 789, Co. 791, Co. 810, Co. 2385 et Co. 5614, dont deux d’époque romaine, Co. 1211 et Co. 1455).
Harpocrate est assis, les jambes pliées. Il adopte un léger mouvement, les pieds ballants. Sa jambe gauche est placée plus haute que la droite et les deux pieds sont tournés vers la droite dans une position naturelle. Il est plausible de restituer qu’Harpocrate était assis sur un élément, par exemple un lotus comme sur la statuette du Kunst Historisches Museum de Vienne 5917 ou la figurine du British Museum 1824,0443.10. Son bras droit est plié vers son visage, tourné vers la droite. Poing fermé, il pose son index sur sa lèvre inférieure.
Entièrement nu, les proportions menues et les rondeurs de son corps correspondent à l’image d’un enfant en pleine santé. Au sommet de son crâne, une cavité circulaire suggère l’ajout d’un élément de type couronne, aujourd’hui disparu, par exemple un petit pschent(voir pour comparaison l’œuvre du Kunst Historisches Museum de Vienne citée plus haut, ainsi que celle du British Museum 1756,0223.9. Sa tête est assez volumineuse. De celui-ci se dégagent les détails patinés du visage. Les yeux, traités en creux et en amande, encadrent un petit nez rebiqué qui surmonte lui-même une petite bouche pulpeuse. Les oreilles sont fondues dans la masse métallique. Petites, elles sont placées à une hauteur naturelle. Le cou est court et présente un repli de chair et introduit un buste potelé, aux épaules rondes. Les parties génitales sont aujourd’hui masquées par des concrétions.
Les membres supérieurs et inférieurs sont modelés de la même manière, c’est-à-dire très ronds et charnus. L’anatomie des membres inférieurs suggère qu’il s’agit d’un très jeune enfant, qui ne sait pas encore marcher. Les pieds semblent avoir présenté à l’origine des orteils dissociés les uns des autres.
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).
Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est décoré d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, Harpocrate est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique, il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.
L’iconographie égyptienne d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère. Ici, avec l’œuvre Co. 1324, Harpocrate arbore une iconographie romaine. En effet, l’attitude naturelle de cet enfant, ainsi que le modelé du corps très charnu suggèrent une datation à l’époque romaine.
Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne.
Le musée Rodin conserve de nombreuses œuvres du dieu Harpocrate, Co. 687, Co. 774, Co. 789, Co. 791, Co. 810, Co. 2385 et Co. 5614, dont deux d’époque romaine, Co. 1211 et Co. 1455. En revanche, le modelé du corps de Co. 1324 le rend exceptionnel par rapport aux exemples cités plus haut.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 2,3 cm ; L. : 2,2 cm ; P. : 4,9 cm
Co. 1565
L’œuvre présente un très mauvais état de conservation.
La statuette, en plus d’être fortement oxydée, est brisée au niveau des chevilles et seuls demeurent les pieds et la base. Les inscriptions se déchiffrent à peine par endroits. L’intérieur de la base est particulièrement oxydé et corrodé. On note de nombreuses traces de terre d’enfouissement.
L’œuvre Co. 1565 figurait un personnage dans l’attitude de la marche apparente, jambe gauche en avant. Seuls subsistent la base approximativement rectangulaire et les pieds, anormalement allongés par comparaison avec le canon de proportions habituel. Ces membres sont, en effet, brisés au niveau des chevilles. Les orteils sont bien distingués les uns des autres.
Bien que l’attitude de la marche apparente puisse aussi, quoique moins fréquemment, être adoptée par des statuettes féminines, il est très probable que cette statuette ait été celle d’un personnage masculin. Les inscriptions, presque entièrement effacées sur le pourtour de la base et encadrées de deux lignes horizontales, mentionnent un « Osiris (…) fils de Padi », probablement le nom du dédicant de la statue. La statuette pourrait donc avoir représenté le commanditaire, ou une divinité dont la statuette était dédiée par ce personnage. Les statuettes en alliage cuivreux représentent rarement des particuliers, bien que l'on en connaisse quelques-unes, surtout des statues théophores où le commanditaire présente devant lui une petite effigie de divinité, comme celle (dépourvue de base) du Metropolitan Museum inv.no. 30.8.98.
L’œuvre Co. 5622 du musée Rodin est également une base sur laquelle repose deux pieds.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : 510.
Donation à l’État français en 1916.