Harpocrate

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,9 cm ; L. : 1,5 cm ; P. : 1,4 cm ;

Co. 5614

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation. Le métal est très oxydé et patiné. Les détails anatomiques sont illisibles. Des concrétions de sédiment remplissent toutes les zones concaves du corps de l’enfant. 

Description

L’œuvre Co. 5614 représente un enfant assis, les jambes jointes et les bras le long du corps. Les pieds sont collés l’un à l’autre créant une masse ronde et uniforme. Il s’agit du dieu Harpocrate.

L’oxydation du bronze rend impossible la lecture des détails anatomiques. On peut cependant remarquer qu’une mèche de l’enfance se dégage du côté droit du crâne et que la tête est grosse. La taille et les hanches extrêmement marquées donnent à l'enfant un profil féminin. Notons également que toute la partie arrière de la figurine est plate et lisse. Le modelé du corps n’est donc pas mis en évidence. En effet, la séparation des jambes est inexistante, de même que la présence des muscles fessiers ou dorsaux. On explique cette absence de traitement de la partie arrière par le fait qu’il devait être placé sur les genoux de sa mère représentée généralement par la déesse Isis – bien qu’il puisse s’agir parfois de la déesse Mout (voir par exemple l’œuvre Cat. 1930 A 131 de la Carlsberg Glyptothek de Copenhague). Le ressaut de métal dans la nuque de l’enfant confirme cette hypothèse. C’est effectivement à cet endroit qu’Isis vient placer sa main pour permettre l’allaitement. C’est une attitude bien connue dans l’iconographie égyptienne qui ne laisse place à aucun doute possible quant à l’attitude et la fonction de cette statuette.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308). En revanche, la première apparition assurée d’Horus enfant allaité par Isis se trouve sur le cintre d’une stèle de donation provenant de Mendès datée de l’an 21 d’Ioupout II, sous la XXIIIe dynastie thébaine (Ibid., p. 79).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi.

L’image du roi allaité par une divinité est connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus l'Enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement permet ainsi la continuité et de la perpétuité de sa souveraineté.

 

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu, portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite, ce qui est le cas avec l’œuvre Co. 5614. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec la mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. Sa mère Isis l’ayant guéri d’une piqûre de scorpion, il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux, ce que montrent les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, Horus enfant foule des pieds un ou plusieurs crocodiles et maitrise de chaque main un animal considéré comme dangereux, citons en particulier les lions, les serpents ou les scorpions (voir la quarantaine d’exemplaires conservés au musée du Louvre dans GASSE Annie, Les stèles d’Horus sur les crocodiles : Musée du Louvre, Département des antiquités égyptiennes, catalogue, Paris, 2004). Par similitude avec l’iconographie de Nepri, dieu du grain et de la moisson qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche, Harpocrate devient également un dieu de la fertilité, lié au dieu Min et aux cultes agraires.

Les statuettes d’Isis Lactans, nombreuses aux époques hellénistique et romaine, ont donc pour fonction de protéger des dangers et d’assurer une certaine continuité et prospérité au commanditaire. 

 

De nombreux musées du monde conservent dans leurs collections des œuvres d’Isis Lactans qui présentent toutes une iconographie similaire. 

Related pieces

Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs exemples d’Isis allaitant un enfant sur ses genoux en bronze : Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787. Tous les enfants sur ces statuettes ont la même attitude, c’est-à-dire les bras le long du corps et les jambes jointes. De plus, Isis place toujours sa main sur l’arrière du crâne de l’enfant qu’elle allaite.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Harpocrate

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 17,4 cm ; L. : 8 cm ; P. : 3,4 cm 

Co. 687

Comment

State of preservation

Le métal est uniformément oxydé sur l’ensemble de l’œuvre. La main droite est sectionnée, l’uraeus rapporté et la tige finissant la couronne de Haute Égypte. L’oxydation du métal a comblé l’espace entre le buste et le bras droit du personnage. Des incrustations d'or, notamment sur la couronne rouge, au bas de la nuque, ou d’électrum dans le bord interne des yeux, se devinent à l’œil nu.

Description

L’œuvre représente un personnage nu, marchant. Il s’agit de la divinité Horus l'Enfant, dit Harpocrate. Le dieu est placé sur socle rectangulaire dont il semble solidaire. Il s’avance vers l’avant de ce socle dans la position égyptienne évoquant la marche apparente, c’est-à-dire avec la jambe gauche en avant. La silhouette du dieu suit un angle légèrement déporté vers l’arrière à partir du niveau des épaules, ce qui ne correspond pas aux conventions esthétiques égyptiennes. Cette silhouette anormale est attribuable à un raccord d’origine. Les membres inférieurs de la divinité, fins et allongés, ont cédé au niveau des genoux, l’objet a alors été renforcé par modelage à ce niveau à une époque antique.

Le bras gauche est allongé le long du corps, son poing fermé pour serrer probablement un étui-mekes, rouleau contenant un décret divin qui était l’un des attributs du pharaon. Le bras droit est plié de façon à placer sa main, aujourd’hui perdue, sous le menton, l’index tendu vers la bouche comme c'est la cas pour toutes les représentations de l'enfance.

Le jeune dieu est couronné du pschent, coiffure royale composée de deux parties essentielles où la couronne rouge, représentant la Basse Égypte, est surmontée de la couronne blanche de Haute Égypte. Par le port de cette couronne, le pharaon était garant de l’unité du pays. La longue tige finissant en volute sur le devant de la couronne blanche manque ainsi que l’uraeus frontal. L’emplacement de ces deux éléments, rapportés autrefois sur la coiffe, est bien visible et consiste en deux profondes cavités circulaires. L’uraeus était l’image d’un cobra femelle gonflé et prêt à l’attaque, à la fois protection du pharaon et symbole de sa  puissance. Un large cercle entoure la cavité qui accueillait le tenon de fixation de la spirale- shebet du pschent. La couronne rouge de Basse Égypte, au mortier peu élevé sur le front, descend très bas dans la nuque. À l’arrière du crâne, la partie montante de la couronne rouge, particulièrement large, se termine au même niveau que la couronne blanche. Très étirée, cette couronne est trois fois plus haute que le mortier de la couronne rouge. Une épaisse tresse, autre caractéristique iconographique de l’enfance, se dégage du côté droit du crâne d’Harpocrate. Elle s’achève en volute externe devant l’épaule. Les mèches de la natte ne sont détaillées que sur sa partie antérieure. Un collier-ousekh ornait le cou du dieu. Sa présence est matérialisée par deux sillons arqués, incisés jusque derrière chaque épaule. Néanmoins, ni la composition de son décor ni son système d’accrochage derrière la nuque ne sont visibles. Mis à part ces quelques attributs, la divinité est entièrement nue.

Les arcades sourcilières, proéminentes, surmontent les yeux du dieu. Larges et ouverts, ils sont très détaillés. Ils sont entourés d’une épaisse ligne de fard et les pupilles ont été soigneusement indiquées. Un placage crème est observable dans le coin interne et externe de chaque œil. Une grande figure d’Isis allaitante conservée au Metropolitan Museum of Art de New York (45.4.3), présente des yeux similaires à l’Harpocrate Co. 687. Sur cette statuette en bronze datable de la XXVIe dynastie, un revêtement d’électrum matérialise le blanc des yeux (RUSSMANN Edna R., « Seated Isis Nursing Horus Horus », in Marsha Hill (dir.), Gifts for the Gods : images from egyptian temples, New York, Metropolitan Museum of Art, 16 octobre 2007-18 février 2008, p. 149-151, cat. n° 57, note 2, New York, New Haven, Londres, 2007). D’après le placage subsistant, il semble donc probable que les yeux de l’Harpocrate Co. 687 étaient également incrustés d’électrum. Le nez, en comparaison de la grandeur des yeux, semble petit et aquilin. Les joues sont rondes et pleines permettant ainsi de marquer profondément les ailes du nez et les commissures des lèvres. La bouche, petite et charnue, présente une lèvre inférieure plus épaisse que la supérieure. Le petit menton volontaire termine le visage rond et enfantin du dieu. Contrairement aux autres statuettes d’Harpocrate conservées dans les collections du musée Rodin, notamment Co. 774, Co. 789 et Co. 791, les oreilles sont petites et décollées. Les épaules sont larges, particulièrement celle de droite sur laquelle repose la mèche de l’enfance. Les bras sont fins et sans détail anatomique hormis le pli du coude et la séparation des doigts. Les muscles pectoraux et abdominaux ont été modelés sur le buste. Remarquons sur cette statuette l’absence des muscles dorsaux ; en revanche, les muscles fessiers sont clairement dessinés. Les proportions du dieu sont fines mais le bas-ventre est subtilement rebondi, autre caractéristique iconographique de l’enfance pour les Anciens Égyptiens, et percé d’un large nombril circulaire. Les parties génitales sont celles d’un enfant. La jambe gauche les déporte légèrement vers la droite. Le dieu étant en position de marche, les plis visibles à l’aine gauche sont plus évasés que ceux de l’aine droite. Les genoux ainsi que les tibias sont modelés sur les jambes, fines et longues. Les pieds, longs et fins, reposent à plat sur la base. La séparation des orteils est marquée et malgré la corrosion en surface, il est clairement visible que les ongles ont été soigneusement figurés en aplat.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de son apparition dans le panthéon égyptien, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, Harpocrate est élevé dans les marais de Chemmis, caché de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. Sa mère Isis l’ayant guéri d’une piqûre de scorpion, il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux, ce que montrent les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant foulant des pieds un ou plusieurs crocodiles et maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions (voir la quarantaine d’exemplaires conservés au musée du Louvre dans GASSE Annie, Les stèles d’Horus sur les crocodiles : Musée du Louvre, Département des antiquités égyptiennes, catalogue, Paris, 2004). Par similitude avec l’iconographie de Népri, dieu du grain et de la moisson qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche, Harpocrate devient également un dieu de la fertilité, lié au dieu Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu, portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte, dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère.

 

Les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les initiés aux sciences relevant de l’ésotérisme. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance, comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 687 servait d'ex-voto. Elle a été commandé et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

Le musée du Louvre conserve une œuvre similaire à celle du Musée Rodin Co. 687, E 3642. Cette oeuvre du Louvre est coiffée de la couronne-hemhem, contrairement à celle du musée Rodin. Le British Museum (inv. n° EA132908), ainsi que le Metropolitan Museum of Art de New York (inv. n° 04.2.613), conservent des oeuvres ayant une iconographie plus proche de Co. 687. Enfin, on peut voir exposées plusieurs œuvres similaires au Penn Museum de Philadelphie, notamment inv. n° E 2246 et inv. n° 42-21-14.

Les statuettes en bronze d’Harpocrate sont très nombreuses et figurent dans les collections de nombreux musées du monde.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples d’enfant en bronze, notamment Co. 789, Co. 810 ou Co. 2385, toutefois ces enfants sont dans la position assise. Il n’y a que deux œuvres qui correspondent à l’attitude de l’objet Co. 687, il s’agit de des statuettes Co. 774 et Co. 791.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon/atelier  de peinture/vitrine 10, 387, "Harpocrate coiffé du pschent, debout sur une base. Haut. 17 cent. Estimé cent francs."

Donation à l’État français en 1916.

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Harpocrate

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 14,5 cm ; L. : 4,1 cm ; P. : 6,1 cm 

Co. 774

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en bon état de conservation. Le métal est oxydé mais la statuette est entière. Sur la face latérale droite du socle, une ligne d’hiéroglyphes de grande taille est en partie visible, sous une couche de corrosion. Sur la face arrière du socle, une cavité circulaire de 2 mm de diamètre à l’aplomb du pied gauche serait attribuable à un forage contemporain. Des concrétions de sédiment sont toujours présentes dans le nombril et à l’entre-jambes. 

Description

L’œuvre représente un enfant nu debout sur une base rectangulaire. Il s'agit d'Horus l'Enfant, dit Harpocrate. En position de marche apparente, sa jambe gauche est en avant. Son bras droit est plié, l’annulaire et le pouce se rejoignant pour se poser sur le menton. Les autres doigts sont soigneusement individualisés et repliés. Son bras gauche est placé le long du corps, le poing est fermé sur la cuisse et serre probablement un mékes. Remarquons que les deux pouces sont particulièrement longs. Les proportions générales de l’enfant semblent correctes. Entièrement nu, un bonnet orné d’un uraeus frontal, signe de divinité ou de royauté, couvre sa tête. La queue de cet uraeus s’étire jusqu’à l’arrière du crâne. Une mèche de l’enfance, striée de fins sillons rendant le dessin d’une tresse, se dégage du bonnet sur le côté droit. Épaisse, elle se termine par une volute tombant devant l’épaule droite de l’enfant.

Harpocrate possède de grands yeux en amandes dessinés par des sillons creusés dans le bronze. Ils encadrent un nez droit, légèrement empâté. Celui-ci surmonte une petite bouche pulpeuse dont les commissures des lèvres sont alignées avec les ailes des narines. Au-delà des pommettes saillantes, les oreilles se dégagent. De grande taille car masculines, elles sont sculptées avec précision. Le cou, relativement court et massif, se poursuit sur des épaules carrées et des bras aux proportions correctes sur lesquels le pli du coude a été rendu. Le buste de l’enfant est marqué par la présence de pectoraux et d’un ventre légèrement bombé modelé par deux bourrelets. Le premier se situe en-dessous des pectoraux, le second juste au-dessus de la zone pubienne. Le nombril est rond et profond. Les parties génitales de l’enfant ont été rendues grâce un renflement au niveau de l’aine. Les muscles dorsaux encadrant la colonne vertébrale se prolongent sur deux petits muscles fessiers qui eux-mêmes couronnent de longues jambes modelées avec soin. Les pieds, de type égyptien, sont longs et plats. Si la représentation physiologique des muscles actionnés par la marche est bien suggérée sur les membres inférieurs, les pieds sont néanmoins posés à plat sur le socle. 

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est décoré d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, Harpocrate est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique, il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Népri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère.

 

Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 774 servait d'ex-voto. Elle a été commandée et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

Le musée du Louvre conserve une œuvre similaire à celle du musée Rodin Co. 774, E 3642. Cette oeuvre du Louvre est coiffée de la couronne-hemhem, contrairement à celle du musée Rodin. Le British Museum, EA132908, ainsi que le Metropolitan Museum of Art de New York, 04.2.613, conservent des oeuvres ayant une iconographie plus proche de Co. 774. Enfin, on peut voir exposées plusieurs œuvres similaires au Penn Museum de Philadelphie, notamment E 2246 et 42-21-14.

Au Musée royal de Mariemont, une très belle statuette correspond aux caractéristiques iconographiques de l’œuvre Co. 774 (inv. n° B. 282).

Les statuettes en bronze d’Harpocrate sont très nombreuses et figurent dans les collections de nombreux musées du monde.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples d’enfant en bronze, notamment Co. 789, Co. 810 ou Co. 2385, toutefois ces enfants sont dans la position assise. Il n’y a que deux oeuvres qui correspondent à l’attitude de l’objet Co. 774, il s’agit de Co. 687 et  Co. 791.

Inscription

Sur la face latérale droite du socle, une ligne d’hiéroglyphes de grande taille est en partie visible, sous une couche de corrosion. Encadré par une ligne, les signes, gravés en creux de droite à gauche, sont de grande taille et occupent tout l’espace du socle. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, Pavillon de l'Alma, vitrine 7, 322, "Harpocrate debout sur un socle portant la main à la bouche. Il a l'uraeus et la tresse. Bronze très oxydé. Haut. 15 cent. Estimé vingt francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

La figurine était exposée en 1913 dans une vitrine du Pavillon de l'Alma à Meudon.

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Harpocrate

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 9,9 cm ; L. : 4 cm ; P. : 2,9 cm

Co. 810

Comment

State of preservation

L'oeuvre présente un mauvais état de conservation.

L’œuvre incomplète est brisée au niveau du ventre, la partie basse du personnage a disparu. Le métal est oxydé, particulièrement sous les aisselles et sous le menton. Originellement, l’œuvre devait être d’une grande qualité. 

Description

L’œuvre représente un enfant qui devait probablement être assis. En effet, le bras gauche est légèrement plié comme c’est le cas pour l’œuvre Co. 789 qui représente un enfant assis sur un siège. Ses doigts sont allongés à plat contrairement à ceux de la main droite dont le pouce et l’annulaire se rejoignent sous le menton. L'index est posé sur la bouche. Les phalanges ne sont pas individualisées. Effigie divine, il s’agit de la représentation du dieu Harpocrate.

Le personnage est couronné du pschent orné d’un petit uraeus frontal. La qualité d’exécution de la figurine Co. 810 incite à penser que l’objet était destiné à recevoir un décor incrusté en or. En effet, le mortier composant la couronne rouge de Basse-Égypte est parsemé de petites dépressions circulaires, destinées vraisemblablement à recevoir un placage ou des incrustations d’or ou d’électrum. Une mèche de l’enfance se dégage du côté droit de la couronne. Finement striée pour dessiner une tresse, cette mèche, épaisse, se termine par une volute sur le haut du pectoral. Un collier ousekh pare le cou de l’enfant.

Les traits du visage sont sculptés avec élégance. On note en effet de bonnes proportions anatomiques et un modelé subtil. Les yeux et les sourcils sont incisés dans le métal et prolongés par un trait de fard également incisé. Le nez est fin à sa naissance, puis s’élargit pour surmonter une petite bouche pincée. Les joues sont modelées avec réalisme, une légère dépression sous chaque œil donnant de la profondeur. Le cou, relativement  court, surplombe des épaules larges et carrées. Les bras sont modelés sans détail anatomique. Les pectoraux sont dessinés, de même que les muscles dorsaux qui ne se discernent aujourd’hui que par le toucher. Remarquons que les stries de la mèche, le contour des yeux et des sourcils, ainsi que les limites de la couronne sur le front, ont été exécutés après le moulage de l’œuvre.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemnis. Par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIème siècle de notre ère.

 

Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 810 servait d'ex-voto. Elle a été commandé et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

Les statuettes d’Harpocrate constituent une série d’objets très connus et communs aux époques hellénistique et romaine, et de nombreux musées du monde conservent ce type d’œuvre. Nous pouvons en citer quelques uns tels que le Musée du Louvre (E 7735), le British Museum (1951.1003.1) et le Penn Museum de Philadelphie (E 12566, E 12549 et E 12581). Il s’agit ici d’Harpocrate seul assis sur un trône.

Related pieces

Les collections du Musée Rodin conservent deux autres objets de même type et proposant la même attitude que Co. 810, il s’agit des œuvres Co. 789 et Co. 2385.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon/atelier Tweed/vitrine 9, 372, "Partie supérieure (tête et buste) d'un Harpocrate coiffé du pschent et portant sa main à sa bouche. Bronze. Haut. 9 cent. 1/2. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

La figurine était exposée en 1913 dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon. Elle fut soclée sur une base conique en onyx dans l'atelier de l'artiste.

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Harpocrate

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 27,5 cm ; L. : 6,3 cm ; P. : 9 cm 

Co. 791

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation.

Le métal est oxydé. La corrosion a sectionné la mèche de l’enfant. Seuls subsistent le haut de la mèche sur le côté de la couronne et la volute finale sur l’épaule droite du dieu. De nombreuses concrétions de sédiment parsèment l’œuvre, particulièrement sur le haut du corps. Un large trou vient percer le tibia gauche, qui est légèrement déformé. Le socle a disparu.

 

Des chlorures qui ne sont peut-être plus actifs sont visibles sur l’œuvre. Aux emplacements conservés, une couche épaisse de carbonates verts subsiste recouverte de terre d’enfouissement blanchâtre. Cette couche de carbonates et de terre d’enfouissement est plus épaisse entre les bras, aux emplacements qui n’ont pas été nettoyé mais laissés en l’état. 

Description

L’œuvre représente un enfant nu jambe gauche en avant, dans l'attitude de la marche. Le bras gauche est placé le long du corps, le poing serrant un mekes. Notons que le pouce est particulièrement long. Celui de la main droite rejoint l’annulaire pour se placer sous le menton sans le toucher. Effigie divine, il s’agit de la représentation du dieu Harpocrate.

Le dieu est coiffé du pschent orné d’un uraeus frontal proéminent. La volute qui termine généralement la couronne de Basse-Égypte, le shebet, a disparu. Seule sa base est encore visible au-dessus de l’uraeus. Du côté droit de la couronne se dégageait à l’origine une mèche de l’enfance. Aujourd'hui, seuls subsistent le début de la tresse au-dessus de l’oreille et l’extrémité en volute devant l’épaule droite. On remarque quatre lignes creusées dans la nuque de l’enfant, vraisemblablement attribuables au système de suspension d’un collier-amulette. Voir pour comparaison le collier-amulette en forme de double cœur de la statuette en bronze assez similaire de la collection Raoul Warocqué conservée au Musée royal de Mariemont (QUERTINMONT Arnaud (dir.), Dieux, Génies et Démons en Égypte ancienne, Musée royal de Marieront, 21 mai-20 novembre 2016, Morlanwelz, 2016, p. 226-227, Inv. B. 282). L’oxydation du métal en a effacé toute trace sur le torse. Celle-ci rend difficile la lecture des détails anatomiques, notamment ceux du visage. On remarque toutefois que les yeux sont très ouverts, que le nez est fin et pointu et que la bouche est petite et serrée. Comme c’est généralement le cas pour ce genre de statue, l’oreille droite est plus grande que la gauche. Ce défaut de proportion est certainement dû aux difficultés d’accès au côté droit de la tête, la mèche de l’enfance empêchant au sculpteur d’être précis dans le dessin de l’oreille.

Les épaules sont légèrement tombantes et carrées ; les bras sont longs et sans détail anatomique, à l’exception du pli du coude. Les pectoraux et les muscles dorsaux ont été modelés dans le métal, de même que le bourrelet fin qui surmonte les organes génitaux de l’enfant. Un large nombril décore le centre du ventre gonflé au-dessus duquel la taille est marquée. Les muscles fessiers sont bombés et clairement séparés par une dépression en forme de fleur de lotus. Les jambes sont très longues et massives. Le genou et l’os du tibia ont été marqués. Les pieds, de type égyptien, sont longs et disproportionnés au corps. Notons que la jambe gauche n’est pas droite mais est accidentellement arquée vers l’intérieur, ce qui rend le genou gauche cagneux.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout. Il fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère.

 

Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 791 servait d'ex-voto. Elle a été commandé et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

Les statuettes d’Harpocrate constituent une série d’objets très connus et communs aux époques hellénistique et romaine, et de nombreux musées du monde conservent ce type d’œuvre.

Le Musée du Louvre conserve une œuvre similaire à celle du Musée Rodin Co. 791, E 3642. Le British Museum également, EA132908 ; ainsi que le Metropolitan Museum of Art de New York, 04.2.613. Enfin, on peut voir exposées plusieurs œuvres similaires au Penn Museum de Philadelphie, notamment E 2246 et 42-21-14.

Related pieces

L’œuvre Co. 774 de la collection du Musée Rodin présente les mêmes caractéristiques générales et la même attitude que la figurine en bronze d’Harpocrate Co. 791.

 

Les statuettes en bronze Co. 774 (dieu enfant) et Co. 797 (déesse Neith) de la collection Rodin semblent provenir d’un même atelier tant par leurs caractéristiques d’exécution, leurs dimensions conséquentes, que par l’alliage employé.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 13, 426, "Harpocrate debout coiffé du pschent. Bronze. Haut. 27 cent. 1/2. Estimé deux cents francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

La figurine était exposée en 1913 dans l'atelier de peinture de la Villa des Brillants à Meudon.

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Harpocrate assis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 6,6 cm ; L. : 2,3 cm ; P. : 4,5 cm 

Co. 2385

Comment

State of preservation

L'oeuvre présente un état de conservation moyen. L’oxydation du métal a patiné les détails de l’objet. Il est complet, à l’exception du siège sur lequel le personnage était assis. Un trou perce l’œuvre entre les omoplates. À partir du niveau des cuisses, toute la zone arrière des membres inférieurs est nettement moins bien conservée que le reste de l’objet.

Description

L’œuvre représente le dieu Harpocrate sous la forme d’un enfant assis. Les jambes sont jointes et les pieds posés à plat sur une fine base trapézoïdale. Cette base indique qu’il s’agit de la représentation d’un dieu enfant assis sur un siège, aujourd’hui disparu. Dans le cas d’un enfant assis sur les genoux de sa mère, les pieds sont ballants (voir Co. 209 et Co. 210 par exemple). Le bras gauche suit la position assise du corps et les doigts sont allongés à côté de la cuisse. Le bras droit est plié de façon à ce que le pouce et l’annulaire se rejoignent sous le menton. L’enfant est nu à l’exception d’une calotte ornée d’un uraeus frontal dont la queue s’étire sur le haut du crâne. Une mèche de l’enfance se dégage du côté droit de la coiffe. Épaisse, elle se termine par une volute devant l’épaule.

L’enfant possède une grande tête sur laquelle les traits sont encore visibles malgré l’oxydation du bronze. Le contour des grands yeux a été incisé dans le métal après le moulage de l’œuvre. Ces yeux encadrent un large nez qui surmonte lui-même une petite bouche pulpeuse. Les joues sont pleines et le menton est horizontal donnant ainsi à l’enfant un visage rond et potelé. Le cou est épais et court, il se poursuit sur des épaules larges et légèrement tombantes. Malgré les petites dimensions de cette figurine, le modelé des omoplates est particulièrement travaillé. Les bras sont d’égale épaisseur sur toute leur longueur et ne présentent aucun détail anatomique, contrairement au buste sur lequel les pectoraux, la taille, les hanches et le nombril sont marqués. Une légère protubérance met en évidence la zone pubienne. Le dos est également mis en valeur grâce au modelé des muscles dorsaux qui encadrent la colonne vertébrale et grâce à une petite dépression au niveau des reins séparant les muscles fessiers. Les jambes ont une longueur et des rondeurs correspondant aux proportions naturelles d’un enfant. Notons que les cuisses sont généreuses, que les pieds sont longs et plats et que les orteils n’ont pas été individualisés, de même que les doigts de la main gauche hormis le pouce.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère.

 

Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 2385 servait d'ex-voto. Elle a été commandé et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

Les statuettes d’Harpocrate constituent une série d’objets très connus et communs aux époques hellénistique et romaine, et de nombreux musées du monde conservent ce type d’œuvre. Nous pouvons en citer quelques uns tels que le Musée du Louvre (E 7735), le British Museum (1951.1003.1) et le Penn Museum de Philadelphie (E 12566E 12549 et E 12581). Il s’agit ici d’Harpocrate seul assis sur un trône.

Related pieces

Les collections du Musée Rodin conservent les œuvres Co. 789 et Co. 810 qui présentent la même attitude et la même iconographie que l’objet Co. 2385, c’est-à-dire un enfant seul assis sur un siège.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrines 23 et 24, 518. "Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation : un Harpocrate assis (7 cent), Estimé vingt-cinq francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

La figurine était exposée en 1913 dans une vitrine du Pavillon de l'Alma à Meudon.

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Harpocrate assis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXXIe dynastie > 332 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 12,1 cm ; L. : 4,2 cm ; P. : 6,5 cm 

Co. 789

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation.

Le métal est très oxydé, plusieurs écailles de bronze se sont désolidarisées de l’œuvre et sont maintenant perdues. Il manque la main gauche et le siège sur lequel l’enfant était assis. Des agglomérats de sédiment sont visibles sur l’ensemble de l’œuvre, particulièrement sous les aisselles. Les détails du visage sont complètement patinés. L’œuvre semble n’avoir jamais été nettoyée. 

Description

L’œuvre représente un enfant nu. La silhouette gracile de l’enfant suggère une datation ptolémaïque. Effigie divine, il s’agit de la représentation du dieu Harpocrate.

Il est assis, les jambes jointes et les pieds posés à plat sur une petite base trapézoïdale. Le bras gauche, légèrement plié, longe le corps sans le toucher. La position de la main, manquante, peut être restituée. Comme c’est le cas pour les œuvres des collections du Musée Rodin Co. 810 et Co. 2385, les doigts étaient très certainement allongés et posés à plat sur la cuisse. Le bras droit est ramené vers le visage. Le pouce gauche soutien l’annulaire, pointé en direction de la bouche à environ un demi centimètre sous le menton. L’enfant est nu à l’exception d’un bonnet recouvrant entièrement son crâne. La coiffe est ornée d’un uraeus frontal, très corrodé, dont la queue s’étire sur le dessus du crâne. Une fine mèche de l’enfance, dont plus aucun détail n’est visible, se dégage du côté droit de la tête. Elle se termine par une volute devant l’épaule droite. Les traits du visage ne se distinguent plus,  hormis l’oreille droite proéminente et les contours de l’oreille gauche. Les oreilles sont grandes. Le cou est court et les épaules sont droites et carrées. Elles se poursuivent sur des bras aux proportions naturelles. Les pectoraux, ainsi que les muscles dorsaux sont rendus. Les muscles fessiers sont clairement séparés l’un de l’autre par une large dépression. Les hanches sont marquées et le ventre est bombé. Ce dernier surmonte un léger bourrelet sous lequel les organes génitaux de l’enfant ont été façonnés. Les cuisses et les mollets sont généreux. Enfin, les pieds sont étroits et longs.

Afin de le mettre en valeur, le dieu était à l’origine assis sur un siège légèrement incurvé vers l’avant, ce qui est très visible sur les clichés de profil de l’objet. Pour comparaison, il est possible d’observer la position d’Harpocrate sur la figurine en bronze Musée Rodin Co. 2370 où le siège est solidaire de l’image du dieu.

 

Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).

Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.

L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIème siècle de notre ère.

 

Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 

 

La statuette Co. 789 servait d'ex-voto. Elle a été commandé et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection. 

 

On remarque des traces de terre dans les crevasses comme si l’œuvre avait été enfouie dans un état déjà altéré et déformé. 

 

Les statuettes d’Harpocrate constituent une série d’objets très connus et communs aux époques hellénistique et romaine, et de nombreux musées du monde conservent ce type d’œuvre. Nous pouvons en citer quelques uns tels que le Musée du Louvre (E 7735), le British Museum (1951.1003.1) et le Penn Museum de Philadelphie (E 12566, E 12549 et E 12581). Il s’agit ici d’Harpocrate seul assis sur un trône.

Related pieces

Les collections du Musée Rodin conservent deux exemples d’Harpocrate assis seul sur un siège, Co. 810 et Co. 2385. Les objets Co. 687Co. 774 et Co. 791 représentent quant à eux des Harpocrate debout et marchant.

 

 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 8, 363, "Harpocrate assis, portant la main à sa bouche. Bronze. Haut. 12 cent. 1/2. Estimé vingt francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

La statuette était exposée en 1913 dans une vitrine du Pavillon de l'Alma à Meudon.

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Reliquaire

Atoum - uraei à corps d'anguille

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 11,1 cm ; L. : 19,5 cm ; P. : 7,9 cm 

Co. 5786

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation, le métal étant très oxydé.

Les altérations du bronze sont particulièrement visibles sur les côtés et sous le reliquaire où le métal a pris une teinte bleue prononcée. La partie avant de l’un des uraei a disparu. L’oxydation a patiné les détails du second. Une large ouverture perce accidentellement la face avant de la base. La plaque de scellement fermant l’arrière du reliquaire est encore en place. Un changement de couleur inexpliqué la partage en deux, suivant une diagonale régulière. Une moitié de cette plaque s’accorde à la patine vert clair de l’objet, l’autre moitié est d’un vert plus foncé, maculé de bleu par endroit. Si l'oeuvre a été enterrée à un moment de son histoire, cette démarcation pourrait représenter la limite entre la partie enterrée et celle à l'air libre. Le changement de coloration serait ainsi deux étapes différentes du vieillissement du métal en fonction de son environnement.

L’intérieur du reliquaire est creux et vide, à l’exception d’une plaque en bronze, qui semble avoir été incisée. 

Description

L’œuvre consiste en un large réceptacle rectangulaire, sarcophage destiné à contenir la momie d’un animal divin, sur lequel sont figurés deux uraei couronnés se dressant l’un à côté de l’autre. La longueur du sarcophage est similaire à celle des serpents figurés. Ainsi, si les queues s’étirent jusqu’à l’extrémité arrière du reliquaire, les corps dressés des deux cobras sont mis en valeur par un retrait d’environ trois centimètres à l’avant du sarcophage. Que ce soit de face ou de profil, ce retrait induit le mouvement d’un animal prêt à l’attaque, redressé et gonflant son énergie. Deux renforts de bronze consolident les figures à l’arrière de la partie dressée. Ils pourraient avoir été ajoutés après le moulage des serpents.

De multiples incisions horizontales et obliques dessinent les écailles sur la toute la hauteur de la face avant du reptile. Elle est surmontée d’une tête imposante sur laquelle deux cavités, aujourd’hui pleines, dessinaient les yeux. Un long et fin sillon horizontal marque l’ouverture de la gueule. Les uraei sont couronnés d’une mitre centrale courte et épaisse, flanquée de deux hautes plumes d’autruche dont la droite est plus courte que la gauche. Cette couronne, appelée couronne atef, est un attribut divin et royal. Il orne notamment les têtes de divinités telles qu’Atoum et Osiris. Les queues ondulent légèrement en s’amincissant progressivement jusqu’à la pointe. Les détails d’une possible décoration sur celles-ci ont aujourd’hui complètement disparu. Dans le cas du reliquaire Co. 5786, si la tête dressée est bien celle d’un cobra, son corps semble être celui d’une anguille, autre représentation du dieu Atoum.

On note l’absence de bélières permettant d’accrocher l’œuvre en hauteur comme c’est le cas pour d’autres reliquaires de la collection du Musée Rodin, notamment Co. 2403, Co. 2406, Co. 2436 et Co. 5643.

Une étiquette sur laquelle est écrit le numéro 159 est visible sur la face avant du réceptacle.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 5786 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

L’œuvre Co. 5786 représente une anguille à tête de cobra, animaux sacrés du dieu Atoum. De plus, la couronne atef est un attribut de cette divinité. Ce reliquaire avait donc sans équivoque la fonction de représenter Atoum. Selon la cosmogonie héliopolitainne, Atoum est un dieu démiurge qui grâce sa semence créa le premier couple divin, Shou et Tefnout qui façonnèrent ensemble le monde, représentant réciproquement la terre et le ciel. Atoum est également une divinité solaire et était considéré comme la manifestation du Soleil couchant. Il avait une importance capitale dans la mythologie égyptienne ; il n’est donc pas étonnant que de très nombreux reliquaires de multiples ou d’uniques aient été mis au jour, notamment des taureaux Mnévis, des ichneumons, des anguilles ou des serpents qui représentent tous ce même dieu. 

Cette iconographie exprime ses capacités de divinité primordiale issue du milieu aquatique des origines. L'anguille, poisson de forme serpentine vivant entre la vase et l'eau, rappelle qu'il est issu du Noun. Sa forme de cobra décrit son lien privilégié avec la royauté. Atoum n'adopte cette iconographie que sur de rares amulettes ou dans la statuaire votive en bronze. Dans ce cas, les statuettes surmontent toujours un sarcophage de l'animal en question, l'anguille Mastacembelus (voir le très bel exemple au Musée du Louvre N 5200).  

Co. 5786 n'est pas une œuvre unique en son genre bien qu’elle soit moins courante que les reliquaires de serpent ou de mangouste. Le Musée de la Vieille Charité à Marseille conserve un exemple du même type (n° d’inventaire inconnu), le British Museum de Londres également (EA 49143). L'état de conservation de cette dernière oeuvre ne permet pas de confirmer qu'il s'agit d'une anguille ou un serpent.

Related pieces

Dans les collections du Musée Rodin, le reliquaire Co. 2436 représente également Atoum sous une forme animale. Dans le cas du reliquaire Co. 5786, si la tête dressée est bien celle d’un cobra, son corps semble être celui d’une anguille, autre représentation du dieu Atoum.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913, Hôtel Biron, 159, "Dieu Atoum, figuré sous la forme d'un double serpent allongé sur une base formant sarcophage. Long. 19 cent. Bronze (la tête d'un des serpents manquent). Estimé cent cinquante francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

L'objet était exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Reliquaire

Serpent lové

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,2 cm ; L. : 14,1 cm ; P. : 4,6 cm 

Co. 5643

Comment

State of preservation

L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.

Le métal, très oxydé sur l’ensemble de l’œuvre, particulièrement entre les entrelacs de la queue, s’effrite sous les doigts. Le reliquaire, ouvert à l’arrière, est vide. Une ouverture de forme approximativement losangée perce le socle à l’avant du côté droit. On note cinq excroissances de forme non géométrique, correspondant à des défectuosités du métal. Trois sont visibles sur le côté gauche, une autre sous le reliquaire, et une à l’intérieur de celui-ci. Les deux dernières semblent être dans le prolongement l’une de l’autre. On remarque également plusieurs agglomérats de sédiment sur l’ensemble de l’objet.

 

Le reliquaire présente une épaisse couche de carbonates verts assez vifs (malachite). La surface est très grenue. Des traces de terre d’enfouissement sont encore bien visibles. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Il a une petite lacune sur l’une des parois et son ouverture est béante sur un des côtés du reliquaire. 

Description

L’œuvre est un reliquaire destiné à accueillir la momie d’un animal divin. Il consiste en un socle creux de forme rectangulaire surmonté d’un serpent, placé approximativement au centre de la face supérieure. La queue du reptile, d’égale épaisseur sur toute sa longueur à l’exception de l’extrême fin qui s’amincit sensiblement pour finir en pointe, s’enroule sur elle-même formant un 8. Deux bélières, de part et d’autre du reptile, l’encadrent. L’une est placée sur le côté avant gauche, l’autre sur le côté arrière droit. Elles permettaient de maintenir le coffret en hauteur sur les parois d’un sanctuaire, par exemple. La tête du reptile repose sur un anneau de la queue et non sur le reliquaire lui-même. Les détails de sa gueule ont complètement disparu.

À l’intérieur du reliquaire, quelques fines bandes de tissu subsistent. On ne peut déterminer aujourd’hui sans d’autres analyses, si le tissu est contemporain ou postérieur à l’œuvre. S’il est contemporain, il pourrait s’agir de restes de bandes de tissu qui entouraient le reptile ou son simulacre entreposé dans ce réceptacle.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 5643 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.  

Le serpent avait une symbolique très forte dans la mythologie égyptienne. Les forces dangereuses étaient vénérées soit pour gagner leurs bonnes grâces, soit pour vaincre les ennemis. L’œuvre Co. 5643 a été très probablement commandée dans l’un ou l’autre de ces buts. Le serpent représenté sur le reliquaire ne présentant aucune iconographie divine particulière, nous ne pouvons déterminer avec exactitude de quel personnage divin il s’agit. Ce reliquaire serait une commande privée d’un dévot souhaitant se protéger d’un malheur qui le frapperait. 

 

Au British Museum, plusieurs reliquaires présentent la même iconographie, les œuvres EA 71432, EA 71430, EA 71427, EA 36147, EA 36145, EA 35642, EA 12704, ...

Deux reliquaires très similaires sont conservés dans les collections égyptiennes des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (don Emile de Meester de Ravestein en 1884,  E.8841a et E.8841b ; THERASSE Isabelle, in L. Delvaux, I. Therasse, Sarcophages sous les étoiles de Nout, catalogue d’exposition, Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire, 15 octobre 2015-20 avril 2016, Bruxelles, 2015, p. 190-191 et fig. 19).

Related pieces

Dans les collections du Musée Rodin, les œuvres Co. 5786 et Co. 2403 sont également des reliquaires surmontés d’un serpent. Néanmoins, il s’agit dans les deux cas de cobra dressé avec la queue allongée (Co. 5786) ou enroulée (Co. 2403), alors que l’œuvre Co. 5643 est un simple serpent.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l’Alma, vitrine 23 et 24, 533, "Serpent enroulé sur une base rectangulaire creuse, ayant servi de sarcophage (Bronze). Long. De la base : 13 cent. 1/2. Haut. De la base 3 cent. 1/2. Estimé vingt-cinq francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

L'objet était exposé en 1913, du vivant de l'artiste, dans les vitrines 24 ou 25 du pavillon de l'Alma à Meudon.

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Reliquaire

Atoum à corps d'anguille

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,5 cm ; L. : 2 cm ; P. : 18,5 cm

Co. 2436

Comment

State of preservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation.

Le reliquaire est complet hormis le scellement. Le métal est oxydé et la corrosion a effacé les détails, notamment les écailles du corps de l'anguille, les caractéristiques des attributs, ainsi que les traits du visage. La partie inférieure avant du reliquaire est écaillée. La plaque qui refermait celui-ci a disparu, de même que les restes momifiés qu’il contenait. À l’arrière du réceptacle, une fissure parcourt l’œuvre sur environ trois centimètres.

On note la présence des concrétions de terre sur l’ensemble de l’objet, particulièrement le long de la queue et derrière la partie dressée. 

 

Le reliquaire présente une épaisse couche de carbonates verts assez vifs (malachite). La surface est grenue. Des traces de terre d’enfouissement sont encore bien visibles. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Il a été ouvert sur l’une de ses parois qui était bouchée par une plaque rectangulaire en bronze disparue. 

Description

L’œuvre figure le dieu Atoum à corps d'anguille, buste de cobra et tête humaine sur un socle creux de forme rectangulaire, réceptacle servant de sarcophage. Le corps dressé est légèrement décalé sur le côté gauche du socle. La partie allongée est d’abord rectiligne, puis, à partir d’une première bélière située à environ deux centimètres de la partie dressée, elle ondule avec grâce. Le corps est d’épaisseur égale sur l’ensemble de l’œuvre. La longue nageoire dorsale de l’anguille est dessinée. Une seconde bélière vient terminer la queue. Un renfort de bronze, permettant de consolider la figure, relie la partie dressée à celle allongée. L’oxydation du métal a comblé l’espace qui séparait ces deux parties.

La tête humaine est coiffée d’un nemes surmonté de la couronne atef ornée d’un uraeus imposant. L’atef se compose ici uniquement d’une fine mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche. Cette couronne est un attribut de roi et également de divinités, telles qu’Osiris ou Atoum. Le profil d’une barbe se dessine sous le menton. Une fine ligne sur la face, dessinant un cercle dans lequel de la terre s’est incrustée, pourrait être le contour de l’œil. Mis à part cet élément, la corrosion du métal rend illisible les autres détails du visage, des couronnes et du corps du poisson serpentiforme. Un exemplaire assez similaire au Co. 2436, mais de plus grande taille, est conservé dans les collections égyptiennes des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (E. 2169, ancienne collection Philipp). Il ne subsiste que la partie antérieure du reliquaire mais celui-ci, mieux préservé et restauré récemment, permet de restituer la probable évocation des caractéristiques anatomiques de l’anguille du Co. 2436 (THERASSE Isabelle, in L. Delvaux, I. Therasse, Sarcophages sous les étoiles de Nout, Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire, 15 octobre 2015-20 avril 2016, Bruxelles, 2015, p. 194-195).

Une étiquette sur laquelle on peut lire B 215 est collée sous le reliquaire. À l’intérieur de celui-ci, on trouve également un bout de papier avec le numéro d’inventaire donné par Boreux en 1913, 410.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2436 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

Sur le dessus de l’œuvre Co. 2436 est représentée une anguille, animal sacré du dieu Atoum. De plus, la couronne atef est un attribut de cette divinité. Ce reliquaire avait donc sans équivoque la fonction de représenter Atoum. Selon la cosmogonie héliopolitainne, Atoum est un dieu démiurge qui grâce sa semence créa le premier couple divin, Shou et Tefnout qui façonnèrent ensemble le monde, représentant réciproquement la terre et le ciel. Atoum est également une divinité solaire et était considéré comme la manifestation du Soleil couchant. Il avait une importance capitale dans la mythologie égyptienne ; il n’est donc pas étonnant que de très nombreux reliquaires de multiples ou d’uniques aient été mis au jour, notamment des taureaux Mnévis, des ichneumons, des anguilles ou des serpents qui représentent tous ce même dieu. 

Cette iconographie exprime ses capacités de divinité primordiale issue du milieu aquatique des origines. L'anguille, poisson de forme serpentine vivant entre la vase et l'eau, rappelle qu'il est issu du Noun. Sa forme de cobra décrit son lien privilégié avec la royauté. Atoum n'adopte cette iconographie que sur de rares amulettes ou dans la statuaire votive en bronze. Dans ce cas, les statuettes surmontent toujours un sarcophage de l'animal en question, l'anguille Mastacembelus (voir le très bel exemple au Musée du Louvre N 5200).  

Co. 2336 n'est pas une œuvre unique en son genre bien qu’elle soit moins courante que les reliquaires de serpent ou de mangouste. Le Musée de la Vieille Charité à Marseille conserve un exemple du même type (n° d’inventaire inconnu), le British Museum de Londres également (EA 49143). L'état de conservation de cette dernière oeuvre ne permet pas de confirmer qu'il s'agit d'une anguille ou un serpent.

Related pieces

Les collections du Musée Rodin ne possèdent que cet exemple de reliquaire du dieu Atoum représenté sous la forme d’une anguille à tête humaine.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913, Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 410, "Atoum, sous la forme d'une anguille à tête humaine déroulant ses anneaux, sur une base rectangulaire creuse, coiffure Atef. Bronze. Long. 18 cent. 1/2. Estimé cinquante francs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

Le reliquaire était exposé en 1913 dans une vitrine de l’atelier de peinture, dans la villa des Brillants à Meudon.

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