ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 11,7 cm ; L. : 3,9 cm ; P. : 6 cm
Co. 2433
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 11,7 cm ; L. : 3,9 cm ; P. : 6 cm
Co. 2433
L'oeuvre est en très mauvais état de conservation.
Le bronze est boursouflé sur l’intégralité de la statuette qui a pris une teinte vert clair. Plus aucun détail n’est visible à l’exception de quelques traits du visage de la déesse (le nez et la bouche). Malgré son mauvais état de conservation général, la statuette est entière, mis à part le sommet de la couronne hathorique de la déesse et les jambes d’Horus, sectionnées au niveau des tibias.
Des restes de gangue d’enfouissement blanchâtre sont encore visibles à plusieurs emplacements. L’œuvre n’a vraisemblablement jamais été nettoyée. Des chlorures sont disséminés sur la surface.
L’œuvre représente un type de statuette bien connue d’une déesse allaitant un enfant. Il s’agit d’Isis et de son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. La déesse est assise sur un siège moderne servant de socle, ajouté postérieurement, les pieds joints sur une petite base carrée. Sa main gauche vient soutenir la tête d’Horus et sa main droite est posée sur son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Horus est assis sur les genoux de sa mère les jambes jointes et les bras allongés le long du corps.
La déesse est coiffée d’une perruque tripartite surmontée d’une dépouille de vautour dont la tête en saillie est visible sur le front. Cette coiffe était couronnée à l’origine d’un disque solaire flanqué de deux cornes de vache. On note ici encore le départ d’une des cornes sur le sommet du crâne. Isis était probablement vêtue d’une longue robe moulante recouvrant tout son corps jusqu’aux chevilles. Plus aucun détail ne laisse supposer sa présence. Horus est quant à lui entièrement nu, à l’exception d’un bonnet d’où s’échappe une mèche de l’enfance sur la côté droit. Un uraeus frontal semble également se dégager du bonnet.
Les détails anatomiques des deux personnages sont aujourd’hui trop détériorés pour en faire une description juste. Les visages des deux divinités ayant été néanmoins mieux préservées, on remarque qu’Isis a un visage rond, de larges yeux surmontés d’un petit front, ainsi qu’une grande bouche couronnée d’un nez court. La forme de ses pieds, soigneusement étalés sur un petit socle, est de type égyptien.
On note deux étiquettes anciennes collées sur l’œuvre, l’une derrière le siège présentant le numéro 680, l’autre sur le dessous du même siège avec l’indication B 207.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptiennes. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine en effet son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône, Horus. Or Isis, experte magicienne et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain une protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement permet ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus et l’une des déesses les plus populaires. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Egypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno A. (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordé à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent donc dans leurs collections, et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Carlsberg Glyptotek de Copenhague : AEIN 161.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Boreux 1913 : 207 ?
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 5,8 cm ; L. : 3,1 cm ; P. : 5,7 cm
Co. 2429
L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.
La statuette est très fragmentée et abîmée. Il manque le haut de la couronne de la déesse et ses membres inférieurs ont disparu au niveau des tibias. De l’enfant installé sur ses genoux, seul le torse est bien conservé. Sa tête est entièrement masquée par la corrosion, ses membres inférieurs ont disparus. Sur de nombreuses zones des corps, notamment les bras, le dos d’Isis et ses cheveux, le bronze a disparu par plaques ne laissant aujourd’hui à notre vue que son noyau.
L’œuvre représente un type de statuette bien connue d’une déesse allaitant un enfant. Il s’agit d’Isis et de son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. Sa main gauche est posée dans le dos de son fils alors que sa main droite entoure son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Horus semble assis les jambes jointes et les bras le long du corps.
La couronne de la déesse a presque disparu mais on peut supposer qu’il s’agissait de la même coiffe que sur les autres statuettes de ce type (notamment dans les collections du Musée Rodin, Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2433 et Co. 5787). Elle se composait donc d’une perruque tripartite, dont on voit encore les deux longues mèches tressées qui reposent sur les épaules d’Isis, surmontée de la couronne hathorique (un large disque solaire flanqué de deux cornes de vache). Au sommet du crâne, on remarque encore le socle entouré d’uraei sur lequel la couronne reposait. La perruque était surmontée d’une dépouille de vautour dont seule la tête en saillie est visible actuellement sur le front de la déesse. Une longue robe moulante recouvre le corps d’Isis. Si d’autres éléments iconographiques complétaient les vêtements, la détérioration du bronze les rend aujourd’hui invisibles. L’enfant, quant à lui, devait être entièrement nu à l’exception d’un bonnet d’où s’échappait sur le côté droit une mèche de l’enfance.
Isis a un visage rond d’où se démarquent de grands yeux globuleux, des sourcils arqués, un petit nez empâté et une petite bouche aux lèvres pulpeuses. Malgré le très mauvais état de conservation, on remarque que les joues semblent avoir été façonnées avec finesse par le modelage de formes creuses sous les yeux, et de sillons qui entourent subtilement le nez et la bouche. Le reste du corps d’Isis est en trop mauvais état pour pouvoir en donner une description juste. Il en est de même pour Horus dont seule la forme est conservée.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptiennes. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine en effet son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône, Horus. Or Isis, experte magicienne et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain une protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement permet ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus et l’une des déesses les plus populaires. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno A. (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordé à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Études préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent donc dans leurs collections, et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Carlsberg Glyptotek de Copenhague : AEIN 161.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2433 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 4,1 cm ; L. : 1,9 cm ; P. : 2,4 cm ;
Co. 2427
L'œuvre est en bon état de conservation. Elle est entière à l’exception de la plume qui complétait la coiffe. L’orifice dans lequel elle était fichée est toujours visible sur le dessus du crâne. L’avant des genoux et l’arrière du crâne sont abîmés. Le métal est oxydé, particulièrement au niveau des genoux.
L’œuvre représente la déesse Maât assise dans la position des divinités et des femmes. Ses genoux sont ramenés sur sa poitrine et ses mains sont posées sur ses genoux. Elle est coiffée d’une perruque tripartite cerclée d’un bandeau aux arêtes bombées, destiné à maintenir en place dans ses mèches une plume. Une haute plume d’autruche, attribut caractéristique de Maât, s’échappait en effet sur le dessus, on remarque toujours la petite dépression au sommet du crâne qui accueillait la plume rapportée. La perruque est décorée verticalement de stries plus ou moins parallèles les unes aux autres. À leur extrémité, un ruban horizontal maintient les deux pans de la coiffe qui tombent sur la poitrine ainsi que la partie descendant dans le dos. La déesse est vêtue d’une tunique ample qui recouvre entièrement son corps. Ce vêtement ne laisse presque aucun détail anatomique transparaître hormis le profil des bras et une poitrine menue.
Maât présente un visage rond et plein. Les oreilles, hautes et disproportionnées par rapport au visage, ainsi que le petit nez empâté sont modelés en saillie alors que les yeux et la bouche sont en creux. En effet, deux sillons créent le contour des grands yeux. Le retour du creux dessinant le bord supérieur de l’œil façonne le sourcil. Les joues pleines flanquent un petit menton fuyant. Par ailleurs, la bouche n’est rendue que par une simple ligne horizontale. Le cou épais introduit des épaules étroites et tombantes. Notons que la poitrine de la déesse n’est que légèrement modelée au travers du vêtement. Les jambes et les bras sont traités comme un bloc prenant une forme approximativement triangulaire. Le dessus et les côtés du bloc sont plats alors que les arêtes sont vives. Les pieds, bien que recouverts par le costume, se dégagent à l’avant de la statuette.
Une fine encoche rectangulaire dans le dos de Maât suppose un placage. Ses dimensions réduites (4 cm de haut) permettent de supposer que cette figurine était une amulette. La détérioration du métal à l’arrière du crâne pourrait ainsi correspondre aux traces d’arrachement d’une bélière, aujourd’hui perdue. Néanmoins, une figurine de Maât à l’attitude similaire, insérée sur une petite base rectangulaire, est posée sur un autel en forme de naos (hauteur totale 11,7 cm.). Acheté dans le commerce de l’art en 2006 et datée de la Troisième période intermédiaire, l’objet est conservé au Musée royal de Mariemont (Inv. N° Ac.2006/242, DERRICKS Claire, « Maât », in Cl. Derricks, L. Delvaux (éd.), Antiquité égyptiennes au Musée Royal de Mariemont, Morlanwelz, 2009, p. 172-173) et DELHOVE Arnaud, « Statuette de Maât », A. Quertinmont (dir), Dieux, Génie et Démons en Égypte ancienne, Musée Royal de Mariemont, 21 mai-20 novembre 2016, Morlanwelz, 2016, p. 78-79).
La déesse Maât personnifie les concepts de vérité, de justice et d’ordre cosmique, appelés la maât (sans majuscule) par les Égyptiens anciens (sur cette déesse, voir CORTEGGIANI Jean-Pierre, L'Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 303-305 ; sur la notion de maât, voir ASSMANN Jan, Maât, L'Égypte pharaonique et l'idée de justice sociale, Paris 1989).
La déesse est attestée dès l’Ancien Empire dans les Textes des Pyramides (TP 1582). Fille de Rê à partir du Nouvel Empire, elle devient sœur du roi régnant, lui-même fils de Rê. Au-delà de cette filiation, la légitimation et l’efficacité du règne dépendaient du respect des concepts personnifiés par Maât, qui n’est pas seulement sœur du roi mais également son juge. En effet, l’ordre de la maât devait être renouvelé et préservé constamment, permettant au roi de réussir après sa mort la redoutable épreuve de la pesée de son cœur, siège des pensées et des actes pour les anciens égyptiens. Si Maât considérait que l’ordre universel et l’équilibre qui en découle avaient été respectés par le défunt roi, ce dernier accédait à une vie éternelle sur les trônes de Geb. Généralement représentée entièrement anthropomorphe, Maât pouvait aussi être figurée par une simple plume, celle-ci servant par ailleurs de contrepoids lors de la pesée du cœur. Si aucun temple ne semble lui avoir été dédié, un petit temple existait autrefois dans l’enceinte de Khonsou à Karnak. Sa fonction reste encore discutée mais l’hypothèse le plus généralement retenue est que des jugements y étaient rendus. Par ailleurs, on connaît le titre honorifique de « Prêtre de Maât » qui était donné aux magistrats rendant la justice. Ces ministres du culte portaient autour du cou une amulette de Maât, qui permettait en particulier de les distinguer. Il est ainsi possible d’imaginer la figurine Co. 2427 dans cet usage.
La divinité Maât a été très largement représentée durant l’Égypte pharaonique, que cela soit sur des reliefs, sur lesquels elle personnifie les offrandes au sens large, ou en trois dimensions dont voici quelques exemples :
Musée du Louvre, Paris : E 4436.
Metropolitan Museum of Art, New York : 10.130.1302 et 07.228.30.
British Museum, Londres : EA 60382, EA 49732, EA 60380, EA 36457, EA 60383, EA 64498 (deux œuvres portent le même N° d'inventaire, l'une représente Mâat couronnée du pschent, la seconde de la plume) et EA 12517.
Les collections du musée Rodin ne conservent aucune autre œuvre du même type que la Co. 2427. Seule l’amulette Co. 5815 peut lui être rapprochée. Sur ce petit bronze, Maât anthropomorphe est assise face à Thot, figuré sous les traits d’un ibis. Ce dieu était considéré comme son époux. Il l’accompagnait lors de la pesée du cœur et prenait en note les conclusions du jugement.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 521, "Petite Maït assise. Bronze. Haut. 4 cent. Estimée dix francs."
Donation à l’État français en 1916.
L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 13 cm ; L. : 3,4 cm ; P. : 5,2 cm
Co. 2409
L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.
Il manque le bras droit d’Isis et une partie de sa couronne, la moitié des jambes d’Horus et la majeure partie de sa tête, complètement rongée. Le bronze est en très mauvais état. Il est fissuré sur l’ensemble de sa surface. Les couches externes du métal se sont fragmentées, allant jusqu’à faire disparaitre par endroit plus de la moitié de la masse originelle des personnages. Le visage, les pieds de la déesse et l’arrière de sa perruque sont les parties les mieux conservées.
La surface noire, fissurée et fracturée pourrait avoir été exposée au feu (incendie). Elle garde des traces de terre d’enfouissement sablonneuse et ocre jaune qui dans le futur pourront donner des informations quant au contexte de découverte. Des chlorures sont visibles sur l’œuvre. La vis en fer aidant au soclage est très oxydée.
L’œuvre figure une déesse portant un enfant sur ses genoux. Il s’agit d’un type de statuette bien connu, où la déesse Isis allaite son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. Suivant une posture classique à l’iconographie d’une déesse allaitante, Isis soutenait de sa main gauche la tête d’Horus, aujourd’hui disparue, et posait sa main droite sur son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Ses jambes étaient probablement jointes. Horus est assis sur les genoux de sa mère, les bras le long du corps et les jambes serrées.
Isis est coiffée d’une perruque tripartite, probablement surmontée à l’origine de la couronne hathorique composée d’un disque solaire flanqué des cornes de vache. Il ne reste aujourd’hui de cette couronne que le socle composé d’uraei qui la supportait. Le visage, les pieds de la déesse et l’arrière de sa perruque sont les parties les mieux conservées, laissant imaginer la finesse de son état d’origine. À l’arrière du crâne, il est possible d’observer que les boucles de la perruque sont soigneusement détaillées. La déesse est vêtue d’une longue robe moulante descendant jusqu’aux chevilles. Horus est nu. Seule la partie gauche de sa tête est conservée, complètement rongée et sur laquelle rien ne peut être observé.
Isis a un visage rond avec des joues pleines. Son front rectangulaire couronne ses sourcils arqués et la corrosion accorde aujourd’hui à ses grands yeux un aspect globuleux. Le nez est court et empâté et l’ouverture de la bouche, aux lèvres fines, est particulièrement large. Les oreilles sont grandes et placées sur un axe horizontal. Malgré la perte de plus de la moitié de la masse du bronze, on remarque que les épaules sont étroites et les bras assez courts. La taille est marquée. Enfin, les chevilles larges se poursuivent sur des pieds rectangulaires. Les orteils sont longs et fins, les ongles marqués. Les pieds de la déesse reposent sur une petite base creuse carrée. Le très mauvais état de conservation d’Horus empêche toute description.
La figurine était conçue pour être installée sur un siège, reposant sur un socle. Ce siège étant manquant, la statuette a été installée à une époque récente sur un socle en bois, assurant ainsi une bonne présentation de cette œuvre dégradée.
On note la présence de trois étiquettes anciennes. À l’arrière du socle en bois, une étiquette porte le numéro 614. Sous ce socle, une étiquette portant l’indication du numéro 352 correspond au numéro d’inventaire donné par Boreux en 1913. Sur le côté droit de la base en bronze d’origine, une étiquette indique le numéro 7.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptiennes. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône Horus. Or Isis, magicienne experte et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement assure ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus et l’une des déesses les plus populaires. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno A. dir, Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordées à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent donc dans leurs collections, et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Carlsberg Glyptotek de Copenhague : AEIN 161.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactens, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : 352.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 4,5 cm ; L. : 2 cm ; P. : 2,6 cm
Co. 1487
L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.
Elle est extrêmement oxydée au point de ne plus pouvoir discerner aucun détail anatomique. Il manque la tête et les tibias de l’enfant, la partie supérieure de la couronne d’Isis et ses membres inférieurs à partir des tibias. Afin de présenter l’objet sur un support, une perforation récente a été ménagée entre les jambes et les bras de l’enfant.
L’œuvre figure une déesse portant un enfant sur ses genoux. Il s’agit d’un type de statuette bien connu, où Isis allaite son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. Suivant une posture classique à l’iconographie d’une déesse allaitante, Isis soutenait de sa main gauche la tête d’Horus, aujourd’hui disparue, et posait la main droite sur son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Ses jambes étaient probablement jointes. Horus est assis sur les genoux de sa mère, les bras le long du corps et les jambes serrées.
Il est possible de restituer qu’Isis est vêtue d’une longue robe moulante et que sa perruque tripartite est surmontée d’une dépouille de vautour, attribut des mères de roi d’Égypte. De la coiffe ne subsiste que le socle d’uraei dressés, qui supportait une couronne hathorique composée d’un disque solaire flanqué de deux cornes de vache. La tête d’Horus a disparu mais il est possible de supposer qu’il était coiffé d’un bonnet orné d’un uraeus frontal et d’une mèche de l’enfance sur le côté droit, représentation classique pour ce personnage.
L’objet est de petite taille et l’importante oxydation du métal rend aujourd’hui l’anatomie des personnages impossible à observer. On note seulement que la taille et les bras d’Isis sont fins.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptienne. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône Horus. Or Isis, magicienne experte et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-l'Enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement assure ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité et l’une des déesses les plus populaires en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordées à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis Lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent dans leurs collections, en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : 354 ?
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C., probablement saïte
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 31,5 cm ; L. : 6,7 cm ; Pr : 11 cm
Co. 797
L'oeuvre est en mauvais état de conservation.
L’oxydation du bronze a rendu les traits du visage et du collier illisibles. L’œuvre a pris une coloration rougeâtre sur une grande partie de sa surface. Il manque les deux avant-bras et la volute de la couronne. La partie haute de celle-ci est également brisée. Toute la partie supérieure de la figure est parsemée de piqûres, c’est-à-dire de petites cavités de forme sphéroïdales résultant de l’emprisonnement d’air ou de gaz entre le métal et le moule à la suite d’un refroidissement trop rapide du métal. La surface d’origine de la statue a été conservée dans sa partie inférieure. Les avant-bras de la déesse ont disparu.
L’œuvre représente la déesse Neith debout sur une base rectangulaire, le pied gauche en avant. Elle porte une longue robe moulante descendant jusqu’aux chevilles et un large collier ousekh à quatre rangées de perles. Elle est coiffée de la couronne rouge de Basse-Égypte d’où s’échappait à l’origine la volute. Aujourd’hui, seul le trou qui l’accueillait est encore visible. La couronne très haute et très évasée est d’une hauteur identique à celle du visage. Sur celui-ci, les yeux, couronnés de sourcils tombants, sont grands et étirés vers le haut. Le nez est fin et droit. La bouche semble petite et pulpeuse et surmonte un menton fuyant. Les joues pleines sont modelées grâce aux dépressions sous les yeux qui donnent volume et réalisme à la figure. Le cou introduit des épaules larges et horizontales. On remarque que la gauche est plus haute que la droite. Ils précèdent des bras fins sans détail physique. Si les deux avant-bras ont disparu, une forte similitude avec la figurine en bronze du musée égyptien de Berlin (Inv. N° 13121, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 220 et pl. 31 e, § 264h) autorisent une reconstitution des gestes de la déesse. Son bras droit est étendu le long du corps, la main enserrant un objet placé à l’horizontale ; l’avant-bras gauche étendu en avant, la main tenant un objet placé à la verticale. La poitrine généreuse, la taille très fine, le bas-ventre orné d’un profond nombril, les fessiers clairement modelés, ainsi que les cuisses rondes donnent à la déesse un aspect réaliste. Le genou gauche est rendu au travers de la robe. Les pieds sont longs et fins, les orteils également.
La déesse s’avance sur un socle parallélépipédique laissé sans inscription. Sous cette base creuse, deux épais tenons de métal se dégagent. Assurant la stabilité de cette grande figurine (31,5 cm de haut), ils servaient également à l’insérer sur un socle plus large aujourd'hui disparu. La maison André a utilisé ces deux tenons antiques pour présenter la statuette sur un socle en bois lors de la préparation de l’exposition Rodin Collectionneur de 1967.
La déesse Neith est une divinité très puissante qui acquerra de nombreuses facettes au fil de la civilisation égyptienne. Elle est d’abord une déesse à l’allure guerrière, généralement représentée tenant dans une main un arc et des flèches. Autre de ses fonctions, la protection d’un des quatre vases canopes dans lesquels les organes du défunt, prélevés au cours de sa momification, étaient conservés et entreposés avec la dépouille ; Neith était plus particulièrement chargée de veiller sur l’estomac. Elle fait alors partie des divinités féminines protectrices des morts, avec notamment Isis et Nephthys. C’est dans ce rôle qu’elle encercle, avec trois autres déesses, la célèbre chasse en bois recouverte d’or qui contenait les canopes de Toutankhamon au musée égyptien du Caire (Numéro d’inventaire JE 60686). Déesse des eaux du Nil, elle est considérée à l’Ancien Empire comme mère du dieu crocodile Sobek. Les attributs liés à la prospérité et l’abondance s’ajoutent donc à son image. Ayant enfanté le dieu Rê, elle acquit par la suite la fonction de démiurge créateur du monde. C’est par ses qualités de démiurge et de déesse funéraire, qu’elle devient une déesse chargée de tisser le monde de vivants ainsi que les bandelettes servant à la momification. Patronne des tisserands, elle s’attira alors tout particulièrement la ferveur féminine.
Déesse tutélaire de Saïs, cité du Delta où un sanctuaire lui est dédié, la couronne rouge de Basse-Égypte qu’elle arbore est à mettre en relation avec cette ville. Saïs devenue capitale dynastique, le culte rendu à Neith prend une ampleur considérable. Une grande quantité de statuettes de Neith a été retrouvée pour cette époque.
Ce type de statuette, l'oeuvre Co. 797 étant d’une taille particulièrement conséquente, était commandité par des particuliers afin de bénéficier de toutes sortes de protections. Malheureusement, l’état de conservation de l’œuvre et l’absence d’attributs spécifiques nous laissent dans le doute quant à l’aspect précis et le symbolisme qui voulaient être mis en avant.
Ce type de statuette se retrouve fréquemment dans les musées. Nous citons ici que quelques exemples datant tous de la Basse-Époque.
Musée du Louvre, Paris : E 3730, E 4119, E 22873.
Metropolitan Museum of Arts, New York : 04.2.447, 44.4.85, 04.2.449, 04.2.448, 04.2.446, 30.8.95, 08.202.9, 26.7.846.
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0315, Provv. 5896, Cat. 0312, S. 00039.
Penn Museum, Philadelphie : E 2245 (Neith est ici assise), E 12570, E 14289, E 14309.
L’œuvre Co. 775 conservée dans les collections du Musée Rodin, présente la même iconographie que la statuette Co. 797, en revanche, sur l’œuvre Co. 775, la déesse a les jambes jointes.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Léon Paul-Philip le 1er juillet 1904.
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 368, "Neith debout sur une base, les deux bras manquent. Bronze. Haut. 31 cent. 1/2. Estimé trois cent francs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 16,3 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 2,8 cm
Co. 775
L'oeuvre est en bon état de conservation. Le métal est oxydé. La statuette a subi des dommages créant des cavités au niveau de la poitrine et des jambes. Il manque les pieds ainsi que le nez et la volute de la couronne.
L’œuvre représente la déesse Neith debout, les jambes jointes, les bras étendus le long du corps et les mains posées à plat sur les cuisses. La partie inférieure de la statue étant manquante. Elle est coiffée de la couronne rouge de Basse Égypte, ornée d’un uraeus frontal. La partie haute et fine de la couronne est légèrement déportée sur le côté droit. Un imposant collier-ousekh à trois rangées de perles pare sa gorge, ses épaules et sa nuque. La déesse est vêtue d’une longue robe moulante à bretelles, formant des losanges sur la poitrine et un V dans le dos.
Les traits de son visage et des attributs sont finement dessinés. Le visage carré est modelé grâce à des joues pleines encadrant un nez droit, une petite bouche dont la lèvre supérieure est plus épaisse que celle inférieure, et un menton volontaire. Les commissures des lèvres sont marquées, ainsi que les dépressions sous les yeux. Particulièrement grands et ouverts, très expressifs, ils sont étirés en amande. Leur contour est mis en valeur par un léger bourrelet, indication qu’ils étaient cerclés de fards. Les sourcils se devinent plus qu’ils ne se voient. Les oreilles suivent des proportions naturelles.
La silhouette de la déesse est féminine et élancée. Les épaules, horizontales, sont larges, aux courbes douces et arrondies. Elles se poursuivent sur des longs bras fins sur lesquels le pli du coude est l’unique détail rendu. La poitrine est visible sans être exagérée de même que la taille et les hanches. Le nombril, bien marqué, adopte la forme d’une longue goutte. Le fessier est rendu dans le bas du dos. Les jambes ne présentent aucun détail anatomique.
La déesse Neith est une divinité très puissante qui acquerra de nombreuses facettes au fil de la civilisation égyptienne. Elle est d’abord une déesse guerrière, généralement représentée tenant dans une main un arc et des flèches. Autre de ses fonctions, la protection d’un des quatre vases canopes dans lesquels les organes du défunt, prélevés au cours de sa momification, étaient conservés et entreposés avec la dépouille ; Neith était plus particulièrement chargée de veiller sur l’estomac. Elle fait alors partie des divinités féminines protectrices des morts, avec notamment Isis et Nephthys. C’est dans ce rôle qu’elle encercle, avec trois autres déesses, la célèbre chasse en bois recouverte d’or qui contenait les canopes de Toutankhamon (JE 60686). Déesse des eaux du Nil, elle est considérée à l’Ancien Empire comme mère du dieu crocodile Sobek. Les attributs liés à la prospérité et l’abondance s’ajoutent donc à son image. Ayant enfanté le dieu Rê, elle acquit par la suite la fonction de démiurge créateur du monde. C’est par ses qualités de démiurge et de déesse funéraire, qu’elle devient une divinité chargée de tisser le monde des vivants ainsi que les bandelettes servant à la momification. Patronne des tisserands, elle s’attira alors tout particulièrement les ferveurs féminines.
Déesse tutélaire de Saïs, cité du Delta où un sanctuaire lui est dédié, la couronne rouge de Basse-Égypte qu’elle arbore est à mettre en relation avec cette ville. Saïs devenue capitale dynastique, le culte rendu à Neith prend une ampleur considérable. Une grande quantité de statuettes de Neith a été retrouvée pour cette époque.
L’œuvre est de grande taille. Malgré son état de conservation actuel, il est tout à fait perceptible qu’elle était d’une grande qualité à l’origine.
Ce type de statuette était commandité par des particuliers afin de bénéficier de toutes sortes de protections. Malheureusement, l’absence d’attributs spécifiques à l’œuvre Co. 775 nous laisse dans le doute quant à l’aspect précis et le symbolisme qui voulaient être mis en avant.
Ce type de statuette se retrouve fréquemment dans les musées. Nous citons ici que quelques exemples datant tous de la Basse-Époque.
Musée du Louvre, Paris : E 3730, E 4119, E 22873.
Metropolitan Museum of Arts, New York : 04.2.447, 44.4.85, 04.2.449, 04.2.448, 04.2.446, 30.8.95, 08.202.9, 26.7.846.
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0315, Provv. 5896, Cat. 0312, S. 00039.
Penn Museum, Philadelphie : E 12570, E 14289, E 14309.
La figurine d’une Neith en bronze est assez similaire à celle du musée égyptien de Berlin (Inv. N° 2431, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 218 et pl. 30 o, § 263b).
Les collections du Musée Rodin conservent une autre statuette de Neith debout en bronze (Co. 797). Sur cet objet, la déesse est en position de marche.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 371, "Neith debout, en bronze. Le bas des jambes manque. Haut 12 cent. Estimé 50 frs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 24 cm ; L. : 6,9 cm ; P. : 9,2 cm
Co. 210
L'oeuvre présente un mauvais état de conservation. Le métal est très oxydé favorisant l’écaillement de l’œuvre notamment sur la couronne, les chevilles et les pieds. Les vestiges d’un parement en or sont encore visibles sur le disque solaire et dans les yeux de la déesse. La statuette est complète à l’exception du siège sur lequel elle était assise. L’extrémité des cornes de vache composant la couronne est brisée.
L’œuvre représente Isis assise, allaitant son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Les jambes de la déesse sont jointes et ses pieds posés à plat sur une petite base carrée. Bien que cette base creuse soit inscrite sur les quatre côtés, le texte est aujourd'hui illisible. Sa main gauche est posée sur la nuque de l’enfant, soutenant sa tête. Horus est assis sur les genoux de sa mère, les jambes jointes, les pieds ballants et les bras le long du corps. Pour faciliter l’allaitement, Isis a placé sa main droite sur son sein gauche.
La déesse est coiffée de la couronne hathorique, composée d’un imposant disque solaire flanqué de deux cornes de vache, le tout reposant sur un socle d’uraei. Cette couronne complexe surmonte une perruque tripartite ornée d’une dépouille de vautour, dont de nombreuses stries détaillent les plumes. La tête du rapace se dégage sur le front. La dépouille de vautour symbolise qu'Isis est considérée ici comme mère de roi. Le cou de la déesse est paré d’un large collier-ousekh, recouvert par les pans de la perruque tripartite qui descend dans le dos jusque sous ses omoplates. Les longues mèches de la perruque sont maintenues par des bandeaux en leur extrémité inférieure. La déesse est vêtue d’une robe moulante. Très long, son vêtement s’arrête au niveau des chevilles ; aucun détail ornemental n’est discernable. Horus est entièrement nu, à l’exception d’un bonnet orné d’un uraeus frontal. Une mèche de l’enfance se dégage du côté droit de la coiffe.
Le visage d’Isis est rond et plein. Sa partie gauche est soigneusement exécutée alors que la réalisation de la droite est plus sommaire. Les yeux sont grands et étirés, cerclés d’une ligne de fard qui se prolonge vers les oreilles. Le petit nez aquilin surmonte une bouche pincée. Le menton fuyant est horizontal et les oreilles sont grandes et hautes. Les épaules, dont la gauche est plus haute et plus large que celle de droite, se poursuivent sur des bras fins réalisés sans détail anatomique. La poitrine est petite alors que le bassin est large. Les pieds sont représentés à « l’égyptienne », c’est-à-dire qu’ils sont longs et plats. L’oxydation du métal ne permet pas de lire correctement les caractéristiques anatomiques de l’enfant. On remarque cependant que l’œil est globuleux, que les membres sont longs et fins et que le buste a été modelé par une succession de cinq bourrelets qui créent les pectoraux, le ventre rebondi et les organes génitaux. Les bras sont collés à son corps, les mains semblent sectionnées ou bien présentent un défaut de fabrication.
Sous la base, approximativement centré, un tenon métallique épais permettait de fixer la figurine sur un socle plus important, comportant en particulier le siège sur lequel s’asseyait la déesse. La longueur de ce tenon est courte et une encoche d’encastrement a été ménagée à son extrémité. La partie supérieure de cette base est feuilletée, rendant confuse sa liaison avec la figurine dont les pieds sont également très corrodés.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptiennes. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine en effet son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône, Horus. Or Isis, experte magicienne et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain une protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie) associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement permet ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne de cette figurine. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse et mère. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordé à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent donc dans leurs collections, et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse Époque.
Carlsberg Glyptotek de Copenhague : inv. n° AEIN 161 ...
Musée du Louvre, Paris : inv. n° E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : inv. n° 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : inv. n° Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : inv. n° E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : inv. n° 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787. Cette dernière statuette présente les mêmes caractéristiques ainsi qu’une manufacture similaire à l’œuvre Co. 210.
Un texte était inscrit sur les quatre côtés de la petite base. L'oxydation du métal rend ce texte aujourd'hui illisible.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 259, "Isis allaitant. Disque et cornes. Le siège manque, sous la base un tenon. Bronze ayant gardé quelques traces de dorure, mais très oxydé ; haut. 25 cent. Estimé cinquante frs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 19,5 cm ; L. : 4,2 cm ; P. : 6,7 cm
Co. 209
La statuette est complète à l’exception du siège sur lequel la déesse était assise. L’oxydation du métal est légère. On remarque la présence d’or sur le visage d’Isis, notamment dans les yeux et sur la perruque, mais aussi sur le collier d’Horus. Bien que le temps ait dégradé les détails de l’œuvre, on note toutefois qu’elle devait être d’une grande finesse à l’origine.
Ch. Boreux, en décrivant l’objet en 1913, signale que les jambes de l’enfant sont brisées ; actuellement, ces dernières ne présentent aucune fissure ni trace de recollage.
L’œuvre figure une déesse portant un enfant sur ses genoux. Il s’agit d’Isis et d’Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Suivant une posture classique à l’iconographie d’une déesse allaitante, Isis pose sa main gauche derrière la tête de l’enfant, la soutenant ainsi, et la main droite sur son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Ses pieds sont joints sur une petite base carrée. Cette base, creuse à sa conception, est comblée sous l’effet de la corrosion. Horus est assis sur les genoux de sa mère, les bras le long du corps, les jambes serrées et les pieds ballants. La figurine était préparée pour être assise sur un trône inséré sur une base plus large, comme en témoigne le tenon visible sous la petite base. L’extrémité de ce tenon est légèrement corrodée et visiblement tronquée. À une époque inconnue, vraisemblablement contemporaine de sa mise sur le marché de l’art, l’œuvre a été placée sur un socle rond en marbre. Aujourd’hui, ce socle est manquant ; celui présenté sur les clichés n’est pas d’origine.
Ce type très connu de statuette présente Isis coiffée d’une perruque tripartite finement décorée. Pour un corpus iconographique d’Isis Lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Études préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973. Les mèches des cheveux, soigneusement disciplinées par des rubans, sont individualisées par des stries. La perruque est recouverte d’une dépouille de vautour ; la tête du rapace se dégage sur le front et ses deux pattes pendent à l’arrière. Le vautour porté en couronne signifie qu'Isis a le titre de mère de roi. L’ensemble est surmonté d’une couronne hathorique composée d’un disque solaire imposant flanqué de deux cornes de vache, le tout reposant sur un socle d’uraei dressés. Déesse longiligne et élancée, Isis est vêtue d’une longue robe moulante et ses deux chevilles sont ornées d’un large bracelet. L’enfant est nu à l’exception d’un bonnet orné d’un uraeus frontal et d’une épaisse mèche de l’enfance sur le côté droit dont les mèches de cette tresse sont marqués par des incisions. Un large collier-ousekh pare son cou.
Isis présente un visage ovale. Les grands yeux creux, qui accueillaient probablement à l’origine une incrustation de pierre ou de pâte de verre, ne sont pas positionnés sur un même axe. En effet, l’œil droit est plus bas que le gauche. Il en va de même pour l’oreille droite, qui au-delà de sa taille disproportionnée, est plus basse que celle de gauche. Le nez est long et les narines larges. Elles surmontent une petite bouche charnue. Les épaules tombantes de la déesse se prolongent sur des bras relativement fins, sans détail de musculature et de longueur inégale. La poitrine se dégage du buste et la taille est fine. Le nombril, large, ainsi que les genoux et les tibias sont visibles au travers de la robe. Enfin, on remarque que les pieds et les mains de la déesse ont été grossièrement rendus, de même que les traits du visage d’Horus dont les grands yeux encadrent un large nez. La bouche est fine et pincée et ses deux oreilles sont larges. Notons que la tête de l’enfant est disproportionnée par rapport à son corps, ce qui est commun aux représentations de l’enfance. Ses épaules étroites se développent sur de longs bras aux mains charnues. L’espace entre le buste et les bras n’ayant pas été correctement évidé, Horus semble avoir des bras très épais. Les courtes jambes se terminent par des pieds carrés sans détail anatomique. Le dieu-enfant étant assis sur les genoux de sa mère, ses pieds sont représentés volontairement ballants. Enfin, ses organes génitaux sont rendus par une simple boursoufflure au niveau du bassin.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptienne. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. En effet, mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, il assassine son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône, Horus. Or Isis, déesse nourricière mais également magicienne experte, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession d’Osiris. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue dès l’Ancien Empire. Les Textes des Pyramides font en effet mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse entoure le souverain d’une protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement s’attache exclusivement à la survie du roi, puis est associé au couronnement pharaonique à partir de Montouhotep II, premier roi de la XIe dynastie (Moyen Empire). Affirmer sa filiation au dieu Horus-enfant lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement permet ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité par son image nourricière. Isis reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse et mère. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000, réédition Arles, 2008.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordé à son fils Horus et aux souverains égyptiens.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent dans leurs collections et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse Époque.
Musée du Louvre, Paris : inv. n° E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : inv. n° 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : inv. n° Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : inv. n° E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : inv. n° 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon/pavillon de l'Alma/vitrine 6, 327, "Isis allaitant Horus. Elle est coiffée du disque et des cornes. Le siège manque et les jambes de l’enfant sont cassées. Bronze très oxydé. Hauteur 19 cent ½. Estimé vingt frs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 13,6 cm ; L. : 3,6 cm ; P. : 3,6 cm
Co. 794
L'oeuvre présente un état de conservation correct.
Le manche est entier, la partie supérieur du sistre étant manquante. Le métal est oxydé, particulièrement le plateau de la partie supérieure de l’objet dont le coin droit manque. L’oxydation a nettement patiné les détails des visages et de la petite figure animale du dessus. Les bords de cette petite enseigne sont irréguliers, dégradation due également à l'oxydation du métal.
Des chlorures en quantité importante, peut-être encore actifs, sont visibles sur la partie supérieure. Aux emplacements conservés, un voile de carbonates verts subsiste recouvert parfois d’une très fine couche de terre d’enfouissement.
L’œuvre est une petite enseigne hathorique, composant à l’origine le manche d’un sistre hathorique. De l’instrument lui-même, seules subsistent le départ des deux attaches de sa fixation au manche, de part et d’autre du plateau sur lequel il était placé.
Ce manche est composé d’une colonne cylindrique, surmontée de l’emblème proprement dit où figure sur deux faces le visage d’Hathor. Un plateau, approximativement rectangulaire, surmonte l’ensemble. Ce plateau accueillait à l'origine l'instrument, aujourd'hui manquant. Le centre de ce plateau est orné d’une petite figure animale. Les deux petits côtés du rectangle présentent un bord montant alors que les deux côtés longs ont un bord descendant. L’identification de la figure animale, probablement rapportée, reste à déterminer. Il s’agirait d’une image d’animal divin, petit félin ou alors d’une tête de vache au museau carré, aux oreilles tirées vers l’arrière et au large cou. Deux dépressions de chaque côté du museau créent les yeux.
Les deux figures d’Hathor sont semblables. Le visage adopte la forme d’un triangle. Il est encadré d’une perruque à longues mèches, qui s’achève en une boucle recourbée vers les épaules. Cinq paires de stries figurent les rubans qui retiennent ces mèches au niveau de la raie de la perruque, au niveau des tempes, au-dessus des boucles. Deux épais sourcils en saillie couronnent de larges yeux, étirés en amande. Les pupilles arrondies ont été incisées après démoulage de l’œuvre. Le nez empâté introduit une petite bouche pulpeuse et souriante. Deux oreilles de vaches se dégagent de chaque côté du visage. Enfin, sous le menton de la déesse, on note trois stries verticales.
Le visage est posé sur un décor circulaire en arêtes de poissons. Il se poursuit de part et d’autre des figures d’Hathor jusqu’aux volutes supportant le plateau sommital.
La manche est en forme de colonne, s’évasant progressivement vers le bas. Cette partie a été laissée sans décor, la base étant rehaussée d’un bourrelet simple. La partie supérieure de la colonne sert de support à l’emblème hathorique qui constitue l’ornement et la caisse de résonnance du sistre. Plus complexe, cette partie se compose à sa base d’une succession de trois bourrelets simples, surmontés de trois lignes d’un décor incisé en arêtes de poissons. Un dernier bourrelet, plus large et plus épais, couronne le tout. Deux cornes de vache reposent sur celui-ci et accueillent les figures d’Hathor.
D’après le mythe héliopolitain de la création du monde, Atoum, dieu démiurge, donne naissance par masturbation aux jumeaux Chou et Tefnout. Cette main agissant seule est un élément fondamental dans le processus d’organisation de la création. Elle obtient logiquement une dynamique érotique qui sera personnifiée par la déesse Iousâas, dont le nom signifie « elle vient et elle grandit », suffisamment équivoque. Elle est de ce fait associée à la déesse Hathor qui représente les pulsions amoureuses et la féminité. Plusieurs textes anciens mettent en relation le sistre, instrument de musique par excellence d’Hathor, et Atoum le démiurge. Sorte de crécelle, le sistre se compose d’un manche surmonté d’une figure d’Hathor couronnée de deux arceaux traversés par des tringles. Les arceaux sont assimilés aux mains jointes du dieu pour former le sexe féminin et les tringles, par leur mouvement, évoquent l’acte sexuel. C’est cette coiffure particulière qui rappelle les fonctions érotiques de la déesse. Le sistre est également la forme que va prendre Rê pour combattre le serpent Apophis en le fascinant grâce à son pouvoir érotique et ainsi contrer son regard hypnotique.
Enfin, le sistre, utilisé essentiellement dans un contexte rituel, est un vecteur actif de son et d’images visant à apaiser la colère d’Hathor. De nombreuses scènes d’offrandes représentent cet apaisement dans le temple de Dendera.
Une étiquette en plastique collée sous le socle métallique porte le numéro 96, chiffre qui correspond au numéro d’inventaire de l’exposition Rodin Collectionneur.
Le sistre est un instrument de musique de la civilisation égyptienne bien connu. Des sistres sont conservés dans de nombreux musées, réalisés principalement en bronze ou en faïence. Ce type d'objet, qui adoptait la forme d'un sanctuaire matérialisé par un manche en colonne à chapiteau hathorique, pouvait servir d'offrande votive de prestige à la divinité.
Musée du Louvre, Paris : N 5038, E 3668, E 8063, AF 325, E 22680, E 1780, E 10244, E 11201, E 678, E 681, E 8076 et E 8077.
Metropolitan Museum of Art, New York :30.8.429, 30.8.431, 30.8.427, 30.8.428, 30.8.430 et 68.44.
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 6257, Cat. 1403.
Cat. 6853, Cat. 6253, Cat. 6254, Cat. 6255 et Provv. 0784.
Penn Museum, Philadelphie : E13002, E 12, E15273 (manche de sistre), 54-33-5, E14249 et CG2015-4-423.
Walter Art Museum, Baltimore : 54.493 et 54.1207.
British Museum, Londres :EA6368, EA38175, EA6357, EA6365, EA63573, EA6356, EA30735, EA65254, EA38172, EA6371 et EA64558.
Pour un aperçu des collections de Berlin, voir ROEDER 1956, pl. 63 et 64.
Les collections du musée Rodin conservent un autre fragment de sistre hathorique, Co. 3096.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 374, "Manche en forme de colonnette ronde, surmonté d'une double tête de Hathor. Bronze. Haut. 13 cent. Estimé vingt francs."
Donation à l’État français en 1916.