Ityphallique

Égypte > Provenance inconnue

Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire

H.  5,1 CM ; L. 2,2 CM ; P. 9 CM

Co. 2518

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. On observe cependant une cassure sur la partie gauche ainsi qu'un léger empoussièrement. 

Description

Il s’agit d’un personnage nu, accroupi sur une base, jambes repliées sous les cuisses. Il arbore un phallus démesurément long, représenté tendu à l’horizontal. Le dos du personnage est grossièrement dessiné, contrairement à son membre sur lequel toute l’attention est détournée. Un gros éclat, contemporain de son dégagement, mutile et toute la partie gauche de son corps ; la partie antérieure gauche du phallus présente des éclats. Le menton du personnage repose sur un objet indéterminé qu’il enserre avec ses deux bras (un instrument de musique ?). Cet objet repose sur la base du phallus en érection. Visage et crâne sont particulièrement allongés et le sommet de la boîte crânienne est plat. Un très léger sillon en haut du front semble indiquer le début de la chevelure. Les traces indiquant les yeux ont disparues et le nez est grossièrement représenté, en forme triangulaire. Deux traits horizontaux parallèles marquent la bouche. Le personnage a les bras légèrement replié, coudes posés sur le phallus. Le ventre du personnage est parcouru sur le côté droit par une profonde incision prenant la forme d’un losange, indiquant peut-être les replis du ventre. Six gros points de couleur blanche ornent le côté gauche du phallus. Un seul se situe sur le dessus et six autres sur la partie droite du phallus. De même, on compte neuf points blancs de formes irrégulières sur le dos du personnage. On remarque l’absence de testicules. 

 

La figurine Co. 2518 appartient aux figurines ithyphalliques que l’on trouve en Egypte tout au long de la période pharaonique. Les matériaux utilisés sont généralement le bois, la pierre, la terre cuite et parfois la faïence. Les plus anciennes figurines ithyphalliques en calcaire retrouvées à ce jour sont datées de l’Ancien Empire, notamment celles déposées dans le temple de Satet à Assouan. Les sites où furent mis au jour ces figurines sont très souvent associés à des sanctuaires, à l’instar de Deir el-Bahari, Mirgissa, Timna ou le Gebel Zeit. L’essentiel du corpus provient de la période gréco-romaine, époque où leur production s’intensifia. Longtemps mis à l’écart par la communauté savante en raison de leur caractère obscène apparent, ce matériel suscite encore toute une série de questions. Le sexe masculin est un élément bien connu de l’iconographie égyptienne. C’est un des attributs et caractéristiques principaux de nombreuses divinités telles qu’Osiris, Baba, Min, Amon-Rê ou encore Bès. Le phallus d’Osiris joue un rôle crucial dans la version du mythe rapporté par Plutarque qui indique que le dieu, martyrisé par son frère Seth, fut découpé en quatorze morceaux dispersés dans les eaux fluviales, rassemblés ensuite par sa sœur et épouse Isis afin reconstituer le corps de son époux. Dans ce récit, l’unique morceau qu’elle ne put retrouver était le phallus d’Osiris, avalé par le poisson oxhyrinque. La déesse parvint à le reconstituer magiquement afin de permettre la conception de leur fils, Horus. Osiris est une divinité fortement liée à la fertilité du monde végétal. On attribue la crue du Nil à l’écoulement des lymphes, ou rejdouou, du cadavre du dieu. Parmi les Mystères d’Osiris, célébrés au mois de Khoiak, on peut mentionner les « osiris végétant », figurines faites de boue dans lesquelles on faisait germer des plantes, symbolisant la gestation et renaissance du dieu. Osiris est une divinité masculine de la fertilité et de la terre. La terre est d’ailleurs un élément masculin dans l’univers égyptien, incarné par le dieu Geb. Min est une autre divinité masculine vouée au maintien de  la fertilité. Très ancienne divinité représentée quasi systématiquement de façon momiforme, il arbore invariablement un phallus en érection. Le dieu babouin Baba, dont l’aspect phallique est mis en valeur dès la rédaction des Textes des Pyramides, est également le garant de la fertilité humaine et animale. Bès, le nain d’aspect grotesque est également une personnalité divine étroitement liée à la fertilité sous toutes ses formes. A cette courte liste, on pourrait ajouter les noms d’autres dieux tels qu’Amon-Rê ou Rê. Procréation et  naissance étant autant l’apanage des divinités masculines que féminines, il est tentant d’associer ce type de figurines masculines épanouies et prêtes à donner la vie à  celles des figurines féminines appelées à tort « concubines du mort », prêtes à accueillir la vie. On remarque que certaines des divinités représentées ithyphalliques comme Min ou encore Bès sont étroitement associées à Hathor, déesse, entre autre, de la fertilité et de la fécondité. Ainsi, Min de Koptos est-il adoré en partenariat avec Hathor au Gebel Zeit, par exemple. Ce duo divin personnifie le pouvoir créateur par l’association des éléments masculins et féminins. G. Pinch évoque l’hypothèse qu’il était possible d’offrir des offrandes similaires à l’une comme à l’autre divinité (PINCH 1986, p.239). Bès, qui est également associé à Hathor sans pour autant en être son égal à l’instar de Min, reçoit de toute évidence des figurines ithyphalliques en offrandes et ce dès l’époque ptolémaïque au moins, notamment dans ses sanctuaires à Saqqarah. Hathor, dont uns des noms est « La Dame de la Vulve », est célébrée lors des festivals ayant lieu à Edfou. Au cours de l’un deux, elle est présentée avec le phallus de Rê-Atum. Selon la cosmogonie égyptienne, c’est en effet par la masturbation que le démiurge engendra les autres divinités. Hathor est parfois identifié à la main du dieu qui a permis la masturbation créatrice ou même à son sperme. L’offrande de phallus votifs à la déesse en cette occasion permettait peut-être donc de revivre cette union originelle. L’exhibition du sexe masculin était peut-être aussi l’équivalent de l’anasyrma, ce geste consistant à dévoiler son sexe, qu’Hathor avait exécuté afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie. Le phallus, symbole évident de fécondité et de fertilité, peut faire office d’offrandes à plusieurs divinités, notamment à Hathor et ils ont été retrouvés en nombre conséquent dans des sanctuaires dédiés à Hathor, notamment à Deir el-Bahari. Pour autant, la vocation exacte de ce type d’objet reste quelque peu vague. Un seul phallus inscrit est connu à ce jour, dédié par le scribe Ramose à Hathor. Il date du Nouvel Empire et a été retrouvé à Deir el-Medineh. L’inscription est difficile à interpréter, s’agit-il d’une supplication pour avoir des enfants ou bien pour être régénéré au sein du temple ? Un autre phallus en stéatite, de provenance inconnue, porte le cartouche de Thoutmosis III (Conservé au musée national d’histoire et d’art du Luxembourg (Inv. N° 2012-025/0004). Il est d’une longueur de 10,65 cm . et d’un diamètre de 1,95 cm. En contexte égyptien, le phallus humain est non seulement associé à la fertilité humaine mais également au monde végétal et animal. La figurine Co. 2510 est donc à considérer soit comme un objet apotropaïque, soit comme un objet rituel destiné à favoriser l’union de la déesse Hathor au principe masculine et permettant ainsi la régénération permanente des éléments.

La figurine Co.2518 s’inscrit donc dans cette longue tradition égyptienne des erotica. Comme ce n’est pas seulement un phallus qui est représenté, mais  un personnage tout entier, il s'agirait plutôt d'un ex-voto qu'un objet rituel. On observe que le personnage, outre qu’il est dépourvu de vêtement et de bijoux, est également dépourvu d’autres attributs particuliers, ce qui est une constante sur ce type de figurines. Contrairement à plusieurs figurines ithyphalliques, et en dépit de la mauvaise conservation des traits du visage, il semble que la figurine Co. 2518 représente bien les traits d’un homme et non d’un singe à l’instar des figurines Co. 2510 et Co. 2858. De même, la polychromie de la figurine Co. 2518 diffère de celles des deux autres figurines de la collection tant au niveau des teintes que de la décoration qui en est faite. Ici, ce sont des pigments blancs et non les pigments ocre habituels que l’on retrouve sur l’ensemble de plusieurs figurines. La figurine Co. 2510, comme chacune des figurines ithyphalliques conservées au musée Rodin possède sa propre spécificité iconographique : il s’agit de l’objet que le personnage tient dans ses bras et qui se trouve sur le phallus. Il pourrait s’agir d’une harpe, instrument de musique étroitement associé aux représentations érotiques en Egypte et que l’on retrouve en d’autres figurines ithyphalliques. Un exemple de ce genre d’iconographie est conservé dans la collection égyptologique de l’Université de Strasbourg sous le numéro d’inventaire IES_NI_666 , ou encore celle du British Museum conservée sous le numéro d’inventaire 1965,0930.934 . La musique est également liée à la déesse Hathor, dont le son du sistre apaise la déesse. Cet élément musical renforce donc la symbolique générale de la figurine.

La collection égyptienne du musée Rodin possède deux autres figurines ithyphalliques conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2510 et Co. 2358.

Inscription

Anépigraphe.

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Ithyphallique

Égypte > Provenance inconnue

Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire 

H. 7,5 CM ; L. 3,5  CM ; P. 3,8 CM

Co. 2510

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. 

Description

Il s’agit de la représentation d’un personnage nu, enlaçant un phallus disproportionné. Le membre, dressé, est parallèle au corps du personnage ; il est deux fois plus grand que lui. Le personnage est assis sur une base, les jambes repliées. Le pied gauche est cassé et semblait se situer sous le phallus, collé au pied droit. Les orteils de ce pied sont irrégulièrement dessinés et maladroitement collés à la jambe droite. Les deux bras, qui étreignent le membre viril, sont eux aussi légèrement repliés, avec les deux mains posées sur le sexe au niveau de la tête du personnage. Un gros éclat mutile le bras gauche, de l’épaule jusqu’au coude. Sa tête, qui semble soutenir son membre, est tournée vers la gauche. Le crâne, chauve, est allongé et particulièrement plat au sommet ; l’oreille gauche très légèrement saillante, flanquée de deux traits verticaux de couleur ocre. Les traits du visage sont frustres et émoussés, ne laissant apparaître que deux trous au niveau des yeux ainsi que deux autres trous en direction du menton, figurant peut-être les commissures des lèvres. Le phallus, représenté conforme à l’anatomie humaine, est parcouru de fissures peu profondes sur sa face externe dans le sens de la longueur. On remarque l’absence de testicules, le membre dressé occupant tout l’espace. Des traces de polychromie ocre sont conservées à plusieurs endroits, dans les plis et creux de la figurine (en particulier oreille gauche, globes oculaires, orifice du sommet du phallus, sillons délimitant le gland et le sillon inter-fessier). Ces mêmes pigments ocre se retrouvent de façon irrégulière sur la partie droite du dos.

La figurine Co. 2510 appartient aux figurines ithyphalliques que l’on trouve en Egypte tout au long de la période pharaonique. Les matériaux utilisés sont généralement le bois, la pierre, la terre cuite et parfois la faïence. Les plus anciennes figurines ithyphalliques en calcaire retrouvées à ce jour sont datées de l’Ancien Empire, notamment celles déposées dans le temple de Satet à Assouan. Les sites où furent mis au jour ces figurines sont très souvent associés à des sanctuaires, à l’instar de Deir el-Bahari, Mirgissa, Timna ou le Gebel Zeit. L’essentiel du corpus provient de la période gréco-romaine, époque où leur production s’intensifia. Longtemps mis à l’écart par la communauté savante en raison de leur caractère obscène apparent, ce matériel suscite encore toute une série de questions. Le sexe masculin est un élément bien connu de l’iconographie égyptienne. C’est un des attributs et caractéristiques principaux de nombreuses divinités telles qu’Osiris, Baba, Min, Amon-Rê ou encore Bès. Le phallus d’Osiris joue un rôle crucial dans la version du mythe rapporté par Plutarque qui indique que le dieu, martyrisé par son frère Seth, fut découpé en quatorze morceaux dispersés dans les eaux fluviales, rassemblés ensuite par sa sœur et épouse Isis afin de reconstituer le corps de son époux. Dans ce récit, l’unique morceau qu’elle ne put retrouver était le phallus d’Osiris, avalé par le poisson oxhyrinque. Utilisant la magie, la déesse parvint à le reconstituer pour permettre la conception de leur fils, Horus. Osiris est une divinité fortement liée à la fertilité du monde végétal. On attribue la crue du Nil à l’écoulement des lymphes, ou rejdouou, du cadavre du dieu. Parmi les Mystères d’Osiris, célébrés au mois de Khoiak, on peut mentionner les « osiris végétant », figurines faites de boue dans lesquelles on faisait germer des plantes, symbolisant la gestation et renaissance du dieu. Osiris est une divinité masculine de la fertilité et de la terre. La terre est d’ailleurs un élément masculin dans l’univers égyptien, incarné par le dieu Geb. Min est une autre divinité masculine vouée au maintien de la fertilité. Très ancienne divinité représentée quasi systématiquement de façon momiforme, il arbore invariablement un phallus en érection. Le dieu babouin Baba, dont l’aspect phallique est mis en valeur dès la rédaction des Textes des Pyramides, est également le garant de la fertilité humaine et animale. Bès, le nain d’aspect grotesque est également une personnalité divine étroitement liée à la fertilité sous toutes ses formes. A cette courte liste, on pourrait ajouter les noms d’autres dieux tels qu’Amon-Rê ou Rê. Procréation et  naissance étant autant l’apanage des divinités masculines que féminines, il est tentant d’associer ce type de figurines masculines épanouies et prêtes à donner la vie à  celles des figurines féminines appelées à tort « concubines du mort », prêtes à la recevoir. On remarque que certaines des divinités représentées ithyphalliques comme Min ou encore Bès sont étroitement associées à Hathor, déesse, entre autre, de la fertilité et de la fécondité. Ainsi, Min de Koptos est-il adoré en partenariat avec Hathor au Gebel Zeit, par exemple. Ce duo divin personnifie le pouvoir créateur par l’association des éléments masculins et féminins. G. Pinch évoque l’hypothèse qu’il était possible d’offrir des offrandes similaires à l’une comme à l’autre divinité (PINCH 1986, p. 239). Bès, qui est également associé à Hathor sans pour autant en être son égal à l’instar de Min, reçoit de toute évidence des figurines ithyphalliques en offrandes et ce dès l’époque ptolémaïque au moins, notamment dans ses sanctuaires à Saqqarah. Hathor, dont uns des noms est « La Dame de la Vulve », est célébrée lors des festivals ayant lieu à Edfou. Au cours de l’un deux, elle est présentée avec le phallus de Rê-Atum. Selon la cosmogonie égyptienne, c’est en effet par la masturbation que le démiurge engendra les autres divinités. Hathor est parfois identifié à la main du dieu qui a permis la masturbation créatrice ou même à son sperme. L’offrande de phallus votifs à la déesse en cette occasion permettait peut-être donc de revivre cette union originelle. L’exhibition du sexe masculin était peut-être aussi l’équivalent de l’anasyrma, ce geste consistant à dévoiler son sexe, et qu’Hathor avait exécuté afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie. Le phallus, symbole évident de fertilité, peut faire office d’offrandes à plusieurs divinités, notamment à Hathor et ils ont été retrouvés en nombre conséquent dans des sanctuaires dédiés à Hathor, notamment à Deir el-Bahari. Pour autant, la vocation exacte de ce type d’objet reste quelque peu vague. Un seul phallus inscrit est connu à ce jour, dédié par le scribe Ramose à Hathor. Il date du Nouvel Empire et a été retrouvé à Deir el-Medineh. L’inscription est difficile à interpréter, s’agit-il d’une supplication pour avoir des enfants ou bien pour être régénéré au sein du temple ? Un autre phallus en stéatite, de provenance inconnue, porte le cartouche de Thoutmosis III (Conservé au musée national d’histoire et d’art du Luxembourg (Inv. N° 2012-025/0004. Il est d’une longueur de 10,65 cm et d’un diamètre de 1, 95 cm. En contexte égyptien, le phallus humain est non seulement associé à la fertilité humaine mais également aux mondes végétal et animal. La figurine Co. 2510 est donc à considérer soit comme un objet apotropaïque, soit comme un objet rituel destiné à favoriser l’union de la déesse Hathor au principe masculine et permettant ainsi la régénération permanente des éléments.

La figurine Co. 2510 s'inscrit dans cette longue tradition égyptienne des erotica. Comme ce n’est pas seulement un phallus qui est représenté, mais un personnage tout entier, il s’agirait plutôt d’un ex-voto qu’un objet rituel. On observe que le personnage, outre qu’il est dépourvu de vêtement et de bijoux, est également dépourvu d’autres attributs particuliers. Cette constante sur ce type de figurines, associée aux traits peu marqués du visage indique, selon Christine Hue-Arcé, la volonté d’évoquer l’aspect d’un singe. L’allongement du visage associé au crâne plat de la figurine Co. 2510 sembleraient aller dans le sens proposé par Ch. Hue-Arcé. Le singe possédait en Egypte ancienne une forte connotation érotique et c’est sous ces traits que sont représentés beaucoup d’hommes dans de nombreux graffiti érotiques. L’animal n’est pas seulement lié à l’érotisme, mais également à la déesse Hathor dont le Mythe de la déesse lointaine rappelle qu’elle fut apaisée grâce au son de la harpe produit par un singe. Les caractéristiques de la figurine Co.2510 rappellent les erotica retrouvés à Naucratis, à l’instar de ceux conservés au British Museum sous les numéros 2011. 5011.13 , 90337 , 1965,0930.933  ainsi que celui conservé au Petrie Museum sous le numéro d’inventaire UC35949 .

 

La collection du musée Rodin possède deux autres figurines ithyphalliques conservées sous les numéros d’inventaires Co. 2518 et Co. 2358.

Inscription

Anépigraphe.

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Femme allaitant sur un lit

Egypte > Provenance inconnue

Nouvel Empire

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire polychrome

H. 18,7 CM ; L. 12 CM ; P. 5,6 CM

Co. 900

Comment

State of preservation

La figurine est cassée au niveau des genoux. Le modelé est fortement émoussé. Une cassure profonde s’étend du haut du front jusqu’au sommet du crâne. De la terre de fouille fut retrouvée conservée dans les creux. Le revers de l’œuvre est actuellement dépourvu de traces d’outils ou de polychromie.

Description

Il s’agit d’une figure féminine reposant sur une plaque représentant probablement un lit dont les contours sont sculptés autour d’elle. La tête repose sur un oreiller qui épouse les formes de la perruque. La perruque est composée de plusieurs tresses réparties en deux grosses mèches descendant depuis le sommet du crâne jusque sur les oreilles. Ces deux grosses mèches se terminent en de larges boucles qui remontent vers le visage. Les oreilles sont cachées par la perruque. On remarque deux traits horizontaux et parallèles entre la perruque et le haut du front marquant ainsi la présence d’un bandeau. Un cône, dont la partie gauche est cassée, repose en haut de la tête. Des restes de pigments noirs sont présents dans la partie droite de la perruque qui possède les détails les mieux conservés de la sculpture.  Les traits du visage sont fortement émoussés et l’on ne distingue plus que deux petits trous indiquant les yeux. Une trace ocre est visible entre la tempe et la joue droites. Le corps est allongé sur le dos, le bras gauche le long du corps et le bras droit replié sur la poitrine. Un coussin adoptant la forme du bras est placé sous la partie droite du corps. Il va du bas de la perruque et disparaît sous le coude. Le bras droit est mince, le pouce et l’index bien dessinés. Les seins sont petits et seules les parties saillantes du gauche sont encore visibles. Le bras gauche est recouvert d’un tissu qui descend jusqu’au poignet, laissant le pouce et l’index apparent. Sur le bras repose la représentation d’un enfant nu. L’enfant, dont rien ne permet de connaître le sexe avec certitude, est mince, ses jambes, ballantes, collées l’une contre l’autre, son bras gauche reposant le long de son corps et sa main droite placée sous la main droite de la figure féminine. Sa tête est posée entre le sein et l’épaule gauche de la figure féminine. Elle est très abîmée et il n’est pas possible de distinguer les traits de son visage. Sa tête est placée dans la main gauche de la femme qui lui tend son sein.  Le ventre est légèrement saillant, le nombril indiqué par un petit trou. On observe une petite cassure à gauche du nombril. Les contours du pubis sont dessinés, les poils ne sont pas représentés. Une cassure est visible entre la ligne intérieure du pubis et le haut de la cuisse gauche. Une autre cassure en haut de la cuisse droite. Les cuisses sont fines mais saillantes. La cuisse droite est abîmée sur le côté extérieur, sur la face et au niveau du genou. La cuisse gauche est abîmée au niveau du genou. Des traces de pigments noirs sont visibles sur les contours de la sculpture, notamment sur la partie droite du corps de la figure féminine. Le sillon marquant la limite entre les cuisses conserve des restes de pigments rouges. Les contours du bras droits ainsi que de la main de la figure féminine possèdent des restes de couleur ocre. Il en va de même pour les contours de l’enfant.

 

 

La figurine Co. 900 appartient au type 6c établi par Géraldine Pinch. Il s’agit de figurines féminines attestées dès le début du Nouvel Empire et retrouvées dans la très grande majorité en contexte domestique et funéraire. Seul un nombre infime fut retrouvés au sein de sanctuaires hathoriques. Ce type de figurine est produit jusqu’au cours de la période ramesside. Ces figurines s’inscrivent dans deux traditions artistiques égyptiennes : celles des figurines féminines en général et celle des figurines allaitantes. Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine. Pendant longtemps, ces figurines féminines étaient étroitement associées à la sexualité masculine. Leur présence dans les tombes pourrait en effet indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà à l’image d’Isis revivifiant Osiris en s’unissant à lui, lui permettant donc de se régénérer en la personne de son fils Horus. Les figurines féminines auraient donc eu un rôle similaire à jouer vis-à-vis du défunt, d’où l’importance de leur nudité et de l’insistance sur leurs attributs sexuels. Les figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant des « concubines du mort ». Néanmoins, la présence de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au sein de sanctuaires impose de nuancer cette théorie. Le type 6 établi par Pinch, dont la figurine Co.5842, inclut exclusivement des figurines reposant sur des lits. Ainsi, il semblerait que la sexualité ne soit pas l’unique aspect mis en valeur mais également la fertilité et la maternité. Les figurines féminines, dans leur ensemble sont étroitement associées à la déesse Hathor. En effet la totalité des figurines féminines ont des sanctuaires dédiées à Hathor, à l’exception du type 6b qui y est beaucoup moins présent. Aussi, bien qu’elles ne puissent pas toutes représenter la déesse elle-même, car si certains types de figurines, y compris le type 6 de Pinch, peut présenter des similitudes avec les attributs de la déesse, notamment en ce qui concerne la forme de la perruque, l’évolution des coiffures des figurines semblent davantage refléter l’évolution de la mode féminine que la volonté de représenter la déesse. Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Son culte, particulièrement important au cours de l’Ancien et du Moyen Empire, inclut différentes institutions religieuses regroupant des officiantes particulièrement actives lors des rites liés à la naissance et à la mort. La plupart des figurines féminines datant du Moyen Empire et de la Deuxième Période Intermédiaire représentent, selon vraisemblance, certaines de ces officiantes dédiées à la déesse. Leur présence dans des maisons, des tombes et des temples permettaient de recréer perpétuellement les rituels hathoriques exercés par ces prêtresses. Ces figurines féminines étaient donc fort probablement des catalyseurs utilisés lors de rituels hathoriques et placés ensuite entre les mains de la déesse Hathor afin qu’elle facilite la fécondité et la naissance, qu’elle protège les enfants ainsi que les défunts, leur permettant de renaître dans l’au-delà. Ces figurines étaient ensuite déposées en différents contexte en fonction des souhaits des personnes les dédiant à la déesse, d’où leur présence dans des maisons, des temples et des tombes.

 

 

Le type 6b de Pinch présente une particularité importante, celle de l’allaitement. Le vocabulaire égyptien est riche de termes désignant l’allaitement et les nourrices. Plusieurs termes désignent le rôle de la mère, selon que l’on conçoive ce rôle comme purement héréditaire ou biologique. Le terme menat est généralement traduit par celui de nourrice. De même, plusieurs termes font référence au fait d’allaiter et de téter. L’allaitement est un thème iconographique qui apparaît dès la période Prédynastique qui voit la production de statuettes en ivoire représentant des femmes portant un enfant à leur poitrine. Dès le Moyen Empire, ce sont les figurines d’Isis-lactans (exemple de figurine conservée sous le numéro d’inventaire 17.190.1641 au Metropolitan Museum of Art de New-York http://www.metmuseum.org/art/collection/search/553034), figurant la déesse donnant le sein à son fils Horus. La nourrice est un personnage fondamental de la société. Le thème de l’allaitement est présent sur une grande variété d’objets apotropaïques tels des vases anthropomorphes. Elles exercent, envers la mère et l’enfant, la fonction d’auxiliaires médicale, capable de les soigner et protéger physiquement et magiquement. Le lait est d’ailleurs un aliment porté en haute estime. Il apaise la faim et la soif et possède, en raison de la pureté de sa blancheur, de nombreuses vertus curatives. L’offrande de lait par le roi aux dieux est bien connue et permet la régénération des divinités. Le lait de femme est assimilé au lait des déesses et est tout particulièrement respecté celui d’une femme venant d’accoucher d’un garçon, comparé au lait d’Isis allaitant Horus.  Dans la royauté, les nourrices possèdent un statut élevé. Chaque prince et princesse possède sa propre nourrice et l’on connait des représentations de rois sur les genoux de leur nourrice comme celle de Touthankhamon et sa nourrice Maïa. Les nourrices royales sont organisées en groupe dirigé par les « grandes nourrices », elles-mêmes sous la supervisions de la « grande intendante des nourrices ». Le titre de nourrice peut également être honorifique et accordé à une prêtresse qui devient alors la nourrice d’un dieu-enfant. Si Isis apparaît dans l’iconographie comme la déesse allaitante par excellence, cette fonction nourricière peut être exercée par d’autres déesses, comme Thouéris, Bastet Hésat Nephtys ou encore Iati, désignée dans les Textes des Pyramides comme la divine nourrice du roi défunt. Hathor est bien sûr également une divinité nourricière puisqu’elle possède les titres de « Nourrice parfaite, jeune fille, Dame du lait blanc, Maîtresse de la Demeure de l’engendrement », d’après une inscription du temple d’Edfou. L’allaitement fait partie de la royauté et est indispensable à la personne du roi tout au long de sa vie. En effet, le prince hériter est nourri à sa naissance par les divinités nourricières afin de le faire grandir comme un dieu. Le lait est ici considéré comme le transmetteur de la royauté et de la divinié. Transmission effectuée donc par les déesses à la personne du roi. Le thème de l’allaitement réapparaît au moment du couronnement puisque le roi, devenu un dieu accompli, obtient donc la capacité nourricière envers l’humanité et devient donc lui-même la « nourrice des hommes ». L’allaitement devient à nouveau indispensable au moment de la mort afin de le faire renaître dans l’au-delà, comme indiqué dans les Textes des Pyramides. Le sein est évidemment dans l’imaginaire égyptien un symbole d’abondance et de prospérité au même titre que d’autres parties du corps humain.

 

 

La Co. 900 est donc un très bel exemple de cette iconographie fondamentale à la fois au sein de la sphère royale et de l’ensemble de la société. Ses caractéristiques esthétiques, à l’instar de sa coiffure, semble indiquer qu’elle fut réalisée au début du Nouvel Empire, bien que son visage conserve la rondeur typique du Moyen Empire. On remarque que la position adoptée pour effectuer l’allaitement n’est pas naturelle. L’objet n’avait donc pas vocation à décrire visuellement la façon naturelle d’allaiter mais plutôt d’immortaliser la symbolique contenue dans ce geste. Sa fonction était probablement apotropaïque et il est possible qu’elle représente la mère et l’enfant à protéger. Les traces de pigments retrouvés sur le corps de la femme et de l’enfant peuvent indiquer l’éventuel présence initiale de tatouages comme ceux retrouvés sur d’autres figurines du corpus. 

 

La figurine Co.900 est la seule figurine féminine allaitante conservées dans la collection du musée Rodin. Les autres figurines féminines datant de l’époque classique que possède la collection, à savoir les figurines Co. 2481Co. 3052  et  Co. 2610 ne sont pas représentées avec des enfants.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’ État français en 1916.

 

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Bès - Tête

Égypte > Provenance inconnue

Nouvel Empire à Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

Fritte émaillée

H. 5,9 CM ; L. 5,4  CM ; P. 2,4 CM

Co. 3064

Comment

State of preservation

La face avant est érodée et de gros éclats sont visibles sur l’envers. L’objet est empoussiéré sur toutes ses faces et deux taches de peinture verte maculent l’arrière. 

Description

Il s’agit de la tête d’une effigie de Bès. La face est aplatie. Les oreilles de lion sont saillantes de part et d'aute du visage, au–dessus du niveau des yeux.  Les sourcils, froncés, sont épais et broussailleux. On y remarque des traces de pigments marron. Les yeux sont larges et enfoncés. Des traces de pigments noirs sont visibles à l’endroit de la pupille gauche. Le nez est court et épaté, un éclat a fait disparaitre son extrémité. La bouche, large, semble ouverte et il est possible de restituer que la divinité exhibait sa langue (aujourd’hui fortement érodée), attitude protectrice. Les pommettes, finement sculptées, sont saillantes. Des incisions figurent les mèches de la barbe, renforcées par des traces de pigment marron. L’ensemble forme un visage grimaçant, dont toutes les pilosités ont été rehaussées de peinture brun clair (poils entourant les oreilles, moustaches, barbe-crinière, front velu). Sur la joue gauche, un tatouage en forme de croix a été peint, toujours selon la même dominante brune. Bien que très partiellement conservé, un même tatouage se devine encore sur la joue droite (éclatée). Toute la surface de l’objet est recouverte d’une engobe, préparatoire à la peinture. A l’envers, la surface est plane à l’exception de quelques gros éclats. La représentation, atypique, d’une chevelure a été peinte à l’arrière du crâne, dans la même gamme brun clair. Il s’agit vraisemblablement d’une crinière de lion dont la matérialisation exclusivement peinte surprend. En effet, aucun décor n’est incisé à l’arrière du crâne. Cette chevelure, à larges mèches étagées, est retenue par un bandeau. De ce bandeau ne subsiste que la partie inférieure, une ligne simple encadrant un décor en quadrillage régulier, peint dans la même couleur. Comme l’indiquent les traits qui débordent sur les mèches, le dessinateur a peint le décor du bandeau dans un temps différent de celui matérialisant la chevelure. La coiffe, signalée par un large éclat a été brisée et est manquante. L’inclinaison de celle-ci semble correspondre au mortier arboré par Bès sur un manche de miroir de la XIXème dynastie conservé au musée du Caire (CGC 44047, voir la figure in CORTEGGIANI 2007 p. 85).

Ce visage de type grotesque et généralement représenté de face, caractéristique de Bès, est celui d’une divinité familière et protectrice (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87).

Bès est une divinité secondaire protectrice du foyer. Ses représentations sont incontestablement attestées dès le Nouvel Empire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tels Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de long bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une longue barbe fournie et très souvent d’une couronne de plumes d’autruche. Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son devoir de protection. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Il est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Bès est un personnage important dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le Mythe de la Déesse Lointaine à Philae, Bibliothèque d’Études, Institut Français d’Archéologie Orientale132, Le Caire, 200), dans lequel on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Égypte en lui jouant de la musique. Le génie est donc aussi le protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent son image sur des sistres (par exemple au Walter Art Museum de Baltimore, 54.493). Il incarne les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant ainsi ses ennemis à s’en prendre à ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité puisque l’on retrouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère. On a retrouvé un certain nombre de ses effigies dans la ville d’Akhetaton et il est possible qu’un lieu ait été consacré à son culte dans l’oasis de Bahariya.

 

La tête de Bès étant actuellement fichée sur un socle et  il n’est pas possible de vérifier si elle faisait partie d’une statue plus grande, dont la face envers était plane. Les figurines d’une taille similaire devinrent particulièrement populaires au cours du premier millénaire av. J.-C., telle que celle conservée au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 22.2.23. Ce type d’objets étaient le plus souvent placés dans une maison comme protection du foyer, ou encore dans un sanctuaire dédié à Hathor comme offrande en vue d’obtenir les faveurs de la déesse ou en remerciement d’une grâce obtenue en lien, sans doute, avec la vie familiale, sexuelle ou la santé. Néanmoins, bon nombre de moules de têtes de Bès ayant été retrouvés à différentes périodes, à l’instar du moule conservé à Swansea sous le numéro d’inventaire EC670, il n’est pas exclu qu’il s’agissait d’une tête seule, non attachée à une statue. Une comparaison avec la tête de Bès en faïence Musée du Louvre Inv. N° E 22694 invite également à voir en Co. 3064 le bouchon du couvercle d'un vase plastique de grande dimension (voir https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010008186).

La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autre objets à l’effigie de Bès, à savoir les Co. 2736, Co. 3090, Co. 2596, Co. 3385, Co. 5676, Co. 5677 et Co. 966. La plaque Co. 3385 donne une idée de ce qu’était peut-être à l’origine la tête Co. 3064.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 407, "Tête de Bès en terre émaillée blanc jaunâtre. Les cheveux sont indiqués par des motifs [dessin] peints, derrière la tête. Haut. 6 cent. Estimée dix francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

L'objet était exposé dans une vitrine de l'atelier de peinture à Meudon.

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Plaque en forme de dieu anthropomorphe

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Pâte de verre noire

H. 2,2 CM : L. 0,5 CM : P. 0,8 CM : Pds. 0,007 kg

Co. 2421

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant supérieure de la couronne est abîmée. La partie supérieure du pilier dorsal est manquante. Cassé également au niveau des pieds. L’ensemble de l’objet est empoussiéré et la surface émoussée. 

Description

Il s’agit d’une figurine de très petite dimension représentant un personnage debout, dans la position de la marche, la jambe gauche légèrement en avant de la jambe droite. Les bras retombent le long du corps. L’état de conservation ne permet pas de distinguer avec précision les détails des vêtements portés par le personnage, mais on remarque l’extrémité d’un vêtement au niveau des chevilles. La tête est surmontée d’une perruque tripartite dont les deux mèches du devant retombent en haut de la poitrine. Le personnage est également coiffé d’une coiffe de type mortier. De forme carrée, ses bords adoptent la forme d’un petit plateau. La réalisation trop frustre de la figurine empêche de distinguer les traits du visage ; la forme du nez et l’emplacement des yeux se devinent ainsi que la naissance d’une barbe, cassée à l’heure actuelle. Le dos repose sur un pilier dorsal dont l’extrémité supérieure est cassée au niveau du crâne. Il est donc possible qu’à cet emplacement se trouvait un anneau de suspension. La figurine repose sur une base, légèrement cassée au regard du pied gauche. Cette base s’inscrit en continuité du pilier dorsal. Sa surface inférieure étant restée légèrement incurvée, la figurine n’est pas stable et ne tient pas debout sans support.

 

La figurine Co. 2421 s’inscrit de toute évidence dans la longue tradition des amulettes égyptiennes. Ces objets, aux dimensions généralement petites, apparaissent dès le début de l’histoire. Si le mot amulette peut être traduit de différentes façons en égyptien, l’étymologie renvoie toujours à la notion de protection. Ce terme désigne donc tout objet exerçant une fonction protectrice pour son porteur.  Les amulettes, réalisées en différentes matières, représentaient des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat ou le pillier djed,  des signes hiéroglyphiques ou bien encore l’image de divinités. Mais il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés par la personne à protéger. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Avant le Nouvel Empire, les amulettes ont été généralement retrouvées en contexte funéraire. Ces objets « précieux » étant utilisés aussi bien par les vivants que pour les morts, et ce  durant toute l’histoire pharaonique, on en plaçait, parfois en quantités conséquentes, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées sur soi, soit en forme de pendentifs, de bracelets ou de bagues ; ce fut notamment le cas à Amarna (STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifia nettement au cours de la XVIIIdynastie, aidée en cela par une fabrication quasi industrielle d’objets en faïence. Les amulettes, dont les matières devinrent de plus en plus variées, furent incluses en tant que bijoux dans les colliers ou les bracelets. Les amulettes, élément central de la piété populaire, nous informent sur les rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu que certaines d’entre elles étaient suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée. Malheureusement, la documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Autant est-il possible de deviner le rôle du magicien lors de la réalisation de papyri protecteurs comme cité plus haut, autant les rituels permettant de rendre une amulette en pierre, en bois ou en faïence active restent difficiles à déterminer.

 

Les traits frustres et l’état de conservation actuel de la figurine Co. 2421 ne permettent pas une identification facile du personnage ici représenté. Cependant, il pourrait s’agir du dieu Anhour, plus connu sous son nom grec Onouris, identifiable à sa coiffure spécifique, composée d’un mortier bas dans lequel sont fichées deux, ou le plus souvent quatre hautes plumes accolées . Divinité apparue dès le IIIème millénaire, la figure d’Anhour est d’abord attestée dans la région d’Abydos et à This (capitale de l’ancienne Egypte au début de son histoire, pendant la période dite « thinite »). Anhour apparaît dans le mythe de l’Œil de Rê, rapportant l’œil perdu assimilé à la déesse lionne Méhyt au dieu soleil, Méhyt qu’il parvient à apaiser et dont il fit sa parèdre. Au Nouvel-Empire, il est assimilé à Chou. En Nubie, il est assimilé au dieu Arensnouphis. C’est durant l’époque ptolémaïque qu’Anhour gagna considérablement en popularité. Son lieu de culte devint Sebennytos, dans le Delta. Dieu de la guerre, de la chasse, il est aussi celui qui « soutient le ciel ». Anhour, ou Onouris, est également assimilé à Osiris à cette période ainsi qu’au dieu grec Arès. Toujours représenté de façon anthropomorphe, il porte un pagne et parfois une tunique et se reconnaît à sa coiffure, qui surmonte le plus souvent une perruque. Une multitude de figurines sont produites à son effigie, beaucoup le montrant brandissant une lance (il s’agit d’un dieu guerrier) à l’instar de la figurine conservée au British Museum sous le numéro d’inventaire EA52934. Le plus souvent représenté debout, Anhour est parfois assis, comme le montre cette autre figurine du British Museum EA74095.

 

De par le mortier bas, il est possible de suggérer que la figurine Co. 2421 du musée Rodin serait une représentation du dieu Anhour. Néanmoins, les représentations connues de la divinité le montrent le plus souvent arborant une perruque courte, ce qui ne correspond pas à cette figurine.

 

Related pieces

Dans les collections du musée Rodin, deux plaques en pâte de verre noire représentant une divinité sont à rapprocher de Co. 2421 (Co. 1481 (Amset) et Co. 2417 (Horus).

Inscription

Anépigraphe.

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Femme debout dans un naos

Égypte > Provenance inconnue

Troisième Période Intermédiaire à Époque Héllénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Haut relief en calcaire polychrome

H. 10,7 CM ; L. 6,1 CM ; P. 2,6 CM

Co. 2610

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’objet a été taillé dans un bloc de calcaire monolithe dont la partie supérieure droite, cassée, a été recollée. Un gros éclat est visible en sommet du fronton et une cassure, également ancienne, a mutilé les pieds de la figurine. 

Description

Au centre d’un haut relief qui épouse la forme d’un petit sanctuaire à fronton triangulaire, une figure féminine se tient debout, les bras allongés le long du corps. Insérée au fond de la niche du naos, la femme est représentée en ronde-bosse partielle. La tête est ronde, portant une perruque également ronde qui recouvre les oreilles et s’arrête au-dessus des épaules. L’état de conservation ne nous permet pas de distinguer les traits de son visage, qui semble exagérément aplati par l’usure. Seuls deux petits trous signalent la présence des yeux et une incision horizontale matérialise simplement la bouche ; il est donc possible que les traits du visage aient été laissés volontairement ébauchés. Des traces de pigments noirs sont visibles au niveau de la frange, des yeux et sous la bouche. Joignant les deux épaules, deux légères incisions parallèles indiquent un ornement, collier à deux rangs ou pectoral. Entre ce collier et la poitrine, de légères traces d’un pigment ocre sont encore visibles. Les seins, représentés avec exagération,  sont petits, ronds et plats. Les parties saillantes des seins sont fortement émoussées, en particulier celle du sein gauche. Sur le haut des seins, un décor en pigment noir se devine. Sur le ventre plat, encadré par de confortables hanches, des traces de pigment ocre subsistent tandis que le nombril, figuré par une incision large et triangulaire, est entouré de traces de pigments noirs. Le sculpteur a visiblement insisté sur le triangle pubien, dont les limites sont nettement incisées. On observe également des traces de pigment noir à cet endroit. Les cuisses sont charnues et décorées de très légères touches noires qu’il serait possible d’identifier comme des restes de tatouages. Les jambes sont taillées de manière frustre et les pieds sont cassés. Les bras pendent le long du corps, les doigts n’étant pas représentés. La femme se tient debout, statique, dans la niche d’un naos. Nez, yeux, oreilles, bouche et membres sont figés.

 

Sur sa face avant, les parois internes de la niche du naos sont badigeonnées d’un fond de couleur ocre rouge (couleur qui évoque le bois en Egypte ancienne) et les parois externes présentent des traces de pigments noir ou ocre. L’envers laisse quant à lui apparaître la pierre brute et des traces anarchiques d’outils sont observables. La base du sanctuaire n’étant pas stable, l’objet était destiné à être maintenu dans un support ou bien allongé sur le sol.

 

La figurine Co. 2610 peut être datée entre la Troisième Période Intermédiaire et la période gréco-romaine. Ce type de figurines présentées dans un naos était réalisé en calcaire mais le plus souvent en terre cuite, surtout pour la période gréco-romaine. Nombre des exemplaires en terre cuite ont été retrouvés sur les sites de Tebtynis et de Tell el Herr (MARCHI 2014 p. 97-98).

 

Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique. Réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah), leurs caractéristiques ont évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine. Pendant longtemps, ces figurines féminines étaient étroitement associées à la sexualité masculine, exclusivement. Leur présence dans les tombes semblait tout naturellement indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ces figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort », malentendu qui trouve son origine dans l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels épanouis. Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie. Elles sont à mettre en relation avec Hathor, déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Son culte, particulièrement important au cours de l’Ancien et du Moyen Empire, incluait différentes institutions religieuses regroupant des officiantes, et, selon toute vraisemblance, la plupart des « concubines » datant du Moyen Empire et de la Deuxième Période Intermédiaire seraient en réalité l’image de ce clergé féminin. Leur présence dans des maisons, des tombes et des temples permettait de perpétuer les rituels hathoriques exercés par ces prêtresses. Ces figurines féminines étaient donc fort probablement des catalyseurs utilisés lors de rituels hathoriques et offerts ensuite à la déesse afin qu’elle facilite la fécondité et la naissance, qu’elle protège les enfants ainsi que les défunts, leur permettant de renaître dans l’au-delà. Ces figurines étaient ensuite déposées en différents contextes en fonction des vœux. Au cours de la Troisième Période intermédiaire, ce type de figurine est également à rapprocher de l’iconographie des plaques d’Astarté. Ces objets de terre cuite ont été produits au Levant, de l’Age du Bronze jusqu’au cours de la période gréco-romaine. Ils représentent des femmes nues, debout, avec les attributs iconographiques d’Astarté, déesse de la guerre et de l’amour. Astarté fut introduite dans le panthéon égyptien au cours de la XVIIIe dynastie et associée à la déesse Hathor (voir CORTEGGIANI 2007, « Astarté », p. 58-59). De tous les types égyptiens de figurines féminines nues, celui auquel appartient la figurine Co. 2610 est un des premiers à adopter une iconographie se rapprochant de  celles des plaques d’Astarté.

 

Le naos dans lequel se tient la figure féminine est un indice très important pour comprendre son usage premier. Le terme de « naos » désigne soit la partie la plus sacrée du temple -une chapelle préservée à l’intérieur même du sanctuaire- soit le tabernacle dans lequel se niche la statue d’une divinité. Ouvert tous les matins afin d’accomplir les rites du culte divin journalier, ce tabernacle était scellé tous les soirs (sur ces rites, voir SAUNERON Serge, Les prêtres de l’ancienne Egypte. Edition revue et complétée, Paris, 1988 ou sa version anglaise SAUNERON Serge, The Priests of Ancient Egypt. New Edition, Ithaca & London, 2000). Le Co. 2610 pourrait donc attester de rituels privés, effectués en contexte domestique, funéraire ou bien au sein d’un temple. De part sa qualité grossière d’exécution, il s’agirait plutôt d’un objet issu d’un contexte de piété personnelle. Observons en particulier l’exécution anguleuse des jambes, sans aucune finition. La figure, arborant les attributs féminins caractéristiques (seins, hanches et triangle pubien), se tient debout, suivant une position hiératique dans un sanctuaire à la stabilité improbable. Son pouvoir semble volontairement neutralisé (absence de pied et de main lui ôtant toute possibilité de mouvement, absence d'oreille, bouche et yeux esquissés). Toute l’importance de cet objet réside dans les caractéristiques féminines du personnage enchâssé dans le naos, une dame élégante (perruque et collier) et parée de toutes les qualités pour porter la vie.

La figurine Co. 2610 appartient au même type que la Co. 3052.

Le Metropolitan Museum of Art de New York possède dans ses collections deux figurines du même type, la 23.6.78 ainsi que la 23.6.77.

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Inscription

Anépigraphe.

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Femme sur un lit en calcaire

Egypte > provenance exacte inconnue

Nouvel Empire à XXIe dynastie, probablement

[voir chronologie]

Calcaire

H. 8,1 CM , L. 4,2  CM ; P. 3,4 CM

Co. 5842

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La figurine est cassée au revers, sur l’angle supérieur gauche ainsi qu’à la base des pieds. La surface antérieure est empoussiérée et noircie. La surface postérieure, concave, est mieux préservée. 

Description

Cette figure féminine nue inédite appartient au type particulier de femme allongée sur un lit. La tête, carrée, est ornée d’une perruque mi longue encadrant le visage et recouvrant les oreilles. Une incision horizontale entre la base des cheveux et les yeux correspondrait à un bandeau, ou plus probablement à l’indication de la chevelure naturelle apparaissant sous la perruque, expression de la féminité dans la statuaire depuis l’Ancien Empire. Taillé dans un éclat de calcaire et fruit d’un atelier local, l’exécution rudimentaire de cette figurine lui confère un caractère d’intimité saisissante. Les traits du visage sont grossièrement dessinés. Deux petits trous marquent les yeux et deux traits verticaux, particulièrement sommaires, se rapprochent vers le front pour indiquer la présence du nez. Le travail d’exécution du visage semble inachevé, volontairement ; le sculpteur n’a figuré ni la bouche, masquée sous le travail préparatoire du nez, ni dégrossi le cou. Le visage de la femme n’est pas mis en valeur et l’importance du corps est reportée sur le tronc et les membres inférieurs. Les seins, volumineux, sont  ronds mais plats et la partie saillante est émoussée. L’incision du nombril épouse la forme d’un triangle. Le triangle pubien n’est pas très marqué. Les jambes sont grossièrement ciselées et se terminent par une cassure récente au niveau des pieds, en particulier le pied gauche. Les bras pendent le long du corps, atteignant le haut des cuisses mais ni les mains ni les doigts n’ont été matérialisés. Les pieds reposent sur une base assez volumineuse, mieux conservée sur la partie droite de l’objet, et totalement disparue à gauche. Perpendiculaire à la surface et arrondie vers le haut, cette base est, selon toute vraisemblance, la représentation d’un lit. La surface inférieure de la base du lit n’ayant reçu aucune finition, la figurine doit rester couchée et ne peut tenir debout, à l’instar de certaines figurines de femmes nues en calcaire représentées debout, les bras le long du corps, avec les jambes volontairement tronquées sous les genoux (voir Londres, Petrie, Museum of Archaeology, University College, Moyen Empire  UC 59313. Aucune parure, aucun vêtement ni aucun ornement n’apparaît sur la figurine. Aucune trace de polychromie n’est visible sur le corps. La figurine est légèrement voûtée vers la droite et il est à noter que toute la partie droite du relief est très nettement plus saillante que la gauche. Il s’agit peut-être d’une astuce du graveur pour s’adapter à la forme d’origine du morceau de calcaire, irrégulière. Cette figurine, d’aspect fruste, suit des principes de représentation assez similaires à trois autres exemples également réalisés en calcaire. Le premier est conservé au musée de Louvre (Inv. N° E 14994), où la collection d’objets de type « concubines » est particulièrement conséquente (nous remercions Catherine Bridonneau et Vincent Rondot pour leur accueil). Sur cette figurine inédite qui provient de Tanis, la forme de la tête est carrée, le corps est décalé vers la droite, et les mains sont inapparentes. Les deux autres exemples ont été retrouvés sur les sols des unités d’habitation de la forteresse de Tell el-Herr (Nord-Sinaï), donc dans des niveaux bien plus tardifs (MARCHI 2014, p. 97 et fig. 135 a et b). Les principes rudimentaires d’exécution du corps de la femme sont identiques à ceux des figurines Musée Rodin Co. 5842 et Musée du Louvre E 14994.

Attribuables à des inclusions dans la pierre, la surface sur laquelle repose le corps laisse apparaître des traces ocre à deux endroits. Sur la partie droite du lit, elles sont visibles au niveau du ventre et du haut de la cuisse gauche de la femme. Sur la partie gauche, elles sont visibles au niveau du mollet droit de la femme.

 

La figurine s’apparente au type 6b établi par Géraldine Pinch. Il s’agit de figurines féminines datant du Nouvel Empire, attestées dès fin de la XVIIIdynastie et produites durant tout la période ramesside. Elles ont été retrouvées principalement en contexte funéraire et domestique mais également en contexte religieux dans les sanctuaires dédiés à la déesse Hathor à Mirgissa et au Serabit el-Khadim. Les figurines du type 6b de Pinch ont principalement été retrouvées en contexte funéraire et domestique et sont toutes couchées sur des lits. Contrairement au type 6a, et à l’instar du type 6c, elles sont fixées au lit sur lequel elles reposent. Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine, réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah). Pendant longtemps, ces figurines féminines étaient étroitement associées à la sexualité masculine, exclusivement. Leur présence dans les tombes semblait tout naturellement indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Les figurines féminines ayant un rôle similaire à jouer vis-à-vis du défunt, ceci explique  l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels. Les figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort ». Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie. Le type 6 établi par Pinch, inclue exclusivement des figurines reposant sur des lits. Ainsi, il semblerait que la sexualité ne soit pas l’unique aspect mis en valeur mais également la fertilité et la maternité. Elles ont, en effet, toutes été retrouvées dans des sanctuaires dédiés à la déesse Hathor. Etroitement associées à Hathor, toutes ne sont pas des images de la déesse elle-même. Si certains types de figurines, y compris le type 6 de Pinch, peut présenter des similitudes avec les attributs de la déesse, notamment en ce qui concerne la forme de la perruque, l’évolution des coiffures des figurines semble davantage refléter l’évolution de la mode féminine que la volonté de représenter la déesse. Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Son culte, particulièrement important au cours de l’Ancien et du Moyen Empire, inclut différentes institutions religieuses regroupant des officiantes, particulièrement actives lors des rites liées à la naissance et à la mort. La plupart des figurines féminines datant du Moyen Empire et de la Deuxième Période Intermédiaire représentent, selon toute vraisemblance, certaines de ces officiantes dédiées à la déesse. Leur présence dans des maisons, des tombes et des temples permettait de perpétuer les rituels hathoriques exercés par ces prêtresses. Ces figurines féminines étaient donc fort probablement des catalyseurs utilisés lors de rituels hathoriques et offerts à  la déesse afin qu’elle facilite la fécondité et la naissance, qu’elle protège les enfants ainsi que les défunts, leur permettant de renaître dans l’au-delà. Ces figurines étaient ensuite déposées en différents contextes en fonction des vœux, d’où leur présence dans des maisons, des temples et des tombes.

La figurine Co. 5842 est donc un exemple de ces figurines féminines, telles qu’elles étaient fabriquées au cours du Nouvel Empire, témoignage d’objets relevant du domaine de la piété personnelle. Le pouvoir de ces figurines féminines, en l’occurrence ici un très haut relief, semble volontairement neutralisé (pas de pieds, de main, d’oreille, de bouche ni d’yeux). Toute l’importance de cet objet réside dans les caractéristiques féminines du personnage, une dame élégante (perruque) parée de toutes les qualités pour porter la vie (seins, ventre, pubis, hanches arrondies). 

Aucune autre des figurines féminines de la collection n’appartient à ce type.

La plupart des figurines de ce type sont réalisées en calcaire, peint ou non. Cependant, certaines sont réalisées en terre-cuite ou en faïence comme la figurine provenant de Serabit el-Khadim présentée dans PINCH, 1993, pl.51.D. 

D’autres figurines similaires à la Co. 5842 ont été mises au jour à Mirgissa et datent de la XVIIIdynastie (voir THOMAS, 1981, pl.54.) Un des rares exemples de ce type de figurine retrouvé dans un temple a été mis au jour au sanctuaire d’Hathor à Mirgissa (voir VERCOUTTER, 1970, p.350).

Inscription

Anépigraphe.

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Modèle de sculpteur

Tête d'homme

Egypte > provenance inconnue

Basse Epoque à Période hellénistique et romaine 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,2 CM ; L. 10,5 CM

Calcaire

Co.831

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. De nombreuses cassures et épaufrures sont visibles sur l’ensemble de la surface ainsi que des traces de lichens et de dépôts blanchâtres.

Description

Il s’agit d’un modèle de sculpteur taillé dans un bloc de calcaire représentant une tête d’homme. Au niveau du front, un bandeau apparaît figurant peut-être la base d’une couronne ou un némès. Les yeux sont en amande et les sourcils sont peu marqués. Les narines sont larges, les commissures des lèvres sont bien marquées. Le menton semble présenter le départ d’une barbe postiche. Les oreilles sont sommairement taillées et la gauche est cassée. Le sommet de la tête est plat. La tête est plane au revers. Des dépôts blanchâtres ainsi que des traces de pigments noirs sont observés parsèment l’ensemble. L’ensemble est de facture grossière et des traces d’outils sont visibles sur l’ensemble de l’œuvre.

Une étiquette ancienne cartonnée blanche, portant le numéro 194 était inscrite au stylo bille bleu et posée sur la tête. Une étiquette octogonale cernée d’un double liseré bleu, avec le numéro 194 écrit à l’encre noire était collée au revers. Le numéro d’inventaire actuel est inscrit à l’encre noire, sur une pellicule isolante au revers.

Il s’agit de toute évidence d’un visage masculin, peut-être celui d’un roi ou d’un dieu.

La collection égyptienne du musée Rodin ne possède pas de modèle de sculpteur similaire. Des parallèles sont présents dans EDGAR Campbell.C., Sculptor’s Studies and unfinished Works, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire Nos 33301-33506, Le Caire, 1906, n°33366 et n°33368.

 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 194, "Tête (modèle) en calcaire (cf. n° 153). Le roi a ici la barbe [dessin]. Haut. 10 cent. Larg. 10 cent. 1/2. Estimé 60 cent."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Ex-voto bi-face

pied gauche humain et cobra dressé

Egypte > Provenance inconnue

Époque tardive (ou Basse Époque), Époque hellénistique (IVe – IIIe siècle avant J.-C.)  à époque romaine (le plus probablement)

[voir chronologie].

L. 7,1 CM ; l. 4,7 CM ; H. max. 3,5 CM

Calcaire

Co. 2467

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. De nombreuses salissures et pellicule brune, correspondant à des traces de dépôts d’enfouissement sur toutes les surfaces de l’objet.

Description

Ce petit bloc de calcaire de forme rectangulaire est inédit. Le bloc comporte deux faces décorées, suggérant une orientation précise de l’objet (suivant celle du décor). Une empreinte de pied gauche humain, réalisée dans un creux profondément sculpté, apparaît sur la face supérieure. La facture est rustique ; les proportions et les détails anatomiques sont peu réalistes. Les orteils, exagérément longs, sont bien individualisés. Ils suivent le type dit « pied égyptien ».

 

Devant ce pied, sur la face latérale antérieure, une figure de serpent vu de face a été gravée en creux. Il s’agit d’un cobra protecteur, sur la défensive. Le reptile se dresse, sa tête est ornée d’un disque solaire. Poitrine gonflée, l’illusion du mouvement oscillant du cobra est suggérée par la gravure, pourtant sommaire. La poitrine de l’animal est en effet gravée en profond creux tandis que les volutes de sa queue, qui lui servent d’appui, sont au contraire en léger relief. Pour deux autres images de cobra dressés dans la collection, voir l’élément de décor mural en faïence vernissée bleu Co. 2310 (cobra vu de face) et la frise en calcaire polychrome Co. 3184 (cobra vu de profil).

 

De part et d’autre de l’image du serpent dressé, une incision sommaire serait à comprendre comme la représentation d’un sanctuaire éphémère, assurant le rôle de naos protecteur.

 

Fait rare dans la collection Rodin, un graffiti contemporain est incisé de part et d’autre du cobra « A » à sa droite et « PL » à sa gauche.

 

Des traces d’outils conséquentes sont visibles sur les faces latérales et la face inférieure du bloc. Si les deux faces gravées sont les mieux finies, aucune des deux n’a cependant été mise à un niveau constant. Le numéro d’inventaire est inscrit en noir en bas, à droite sur une pellicule isolante.

 

La réalisation du pied gauche apparait comme un des exercices les plus importants pour les apprentis sculpteurs. C’est en effet ce pied qui est figuré en avant, dans la position classique en statuaire égyptienne appelée « attitude de la marche » (YOUNG 1964, p. 250). Le pied gauche symbolise donc le mouvement et la marche d’un individu. Néanmoins, si on le compare au relief du musée du Caire Inv. N° JE 57209 qui est un modèle de sculpteur attesté (TOMOUN 2005, pl. 100c), le bloc du musée Rodin ne serait plutôt à un ex-voto, ce que laisse supposer les corrélats retrouvés au cours des fouilles dirigées par Fl. Petrie au début du XIXème siècle (voir infra).

 

Un objet similaire, quoique de dimensions plus conséquentes (H. 5 cm : l. 13 cm), a été retrouvé dans la ville de Memphis Est (maison B, contexte aux environs de 50 de notre ère) par les équipes de Fl. Petrie (PETRIE 2010, p. 45 et pl. XL, N° 33). Il est conservé à la Glyptotek Ny Carlsberg de Coprenhague (BAGH 2011, p. 54-55, Inv. N° ÆIN 1184).

 

Parmi les objets « mineurs » retrouvés par Fl. Petrie lors du dégagement du site du temple de Koptos au cours de l’hiver 1893-1894, un bloc de calcaire comportant une volée de marche à l’avant et l’empreinte creusée d’un pied droit sur la dalle de sommitale. D’autres blocs de pierre décorés d’empreintes de pieds ayant été retrouvés dans le temple, Petrie suggéra alors qu’une empreinte sacrée de pied se trouvait sur le site, comme dans différents sites du Proche-Orient. Pour lui, ces petits blocs comportant des empreintes de pieds humains sont à comprendre comme des copies (ou des modèles) d’une empreinte sacrée, et donc à considérer comme des « objets de piété ».

(PETRIE 1896, p. 24 et pl. XXI, N° 19).

 

Inscription

Anépigraphe.

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Partie supérieure de statue d’homme

Égypte > Provenance inconnue.

Première Période intermédiaire – début du Moyen Empire

[voir chronologie].

Albâtre.

H. 21,3 CM : l. 15,5 CM : P. 10,4 CM

Co. 5699

Comment

State of preservation

Sculpture fragmentaire. Le plan de cassure court du haut de l’épaule droite au flanc gauche. Le bras gauche est cassé sous l’épaule. Un manque dans le matériau est également observé à l’arrière de la tête. Le visage semble arasé, les yeux et le menton présentent des éclats. La pierre est altérée en surface. De plus, des concrétions de couleur ocre sont visibles sous l’oreille droite, dans le cou et sur le plan de cassure. Elles sont certainement dues aux conditions d’enfouissement de la pièce.

Description

Partie supérieure de statue d’homme, en albâtre. Il a le crâne rasé, le cou court et épais, la poitrine large. Les détails du visage ne sont plus visibles, en dehors de l’emplacement des yeux et du nez. Malgré l’altération de la pierre à cet endroit, le modelé de la poitrine est encore clairement indiqué. Si l’on s’appuie sur la forme suggérée des oreilles, cette statue semble inachevée ; cependant, l’état de conservation de la pièce ne permet pas de l’affirmer avec certitude.

 

Les dimensions, le style et la facture de l’objet, en sus de son matériau rarement utilisé dans la statuaire égyptienne, rappellent les effigies de notables provinciaux datées de la fin de la Première Période intermédiaire au début du Moyen Empire (vers 2100 av. J.‑C.). L’une de ces statues, semblable à Co. 5699, est aujourd’hui conservée au musée du Cinquantenaire de Bruxelles (E. 5596).

Cette statue, qui mesure 29 cm de hauteur, a été découverte dans la tombe de Nakhti à Assiout lors des fouilles d’Emile Chassinat et de Charles Palanque en 1903 et représente le chancelier Nakhti lui-même. Cette statue partage avec d’autres exemplaires, conservés notamment au musée du Caire (CG 235), à Boston (Museum of Fine Arts 1971.21), Seattle (Art Museum 44.34) et San Jose (Rosicrucian Egyptian Museum and Art Gallery RC 1763), un style particulier, où le personnage officiel est toujours représenté avec le crâne rasé, assis sur un siège cubique, les mains posées sur les genoux. La facture de ces statues est également caractéristique : le corps est sommairement sculpté et les membres sont à peine libérés du bloc de pierre. Aucun détail anatomique, tel que muscle ou os, n’est indiqué. La proximité d’exécution de ces effigies, à la fois images du défunt et reflet de son statut social, incite à penser qu’elles ont très probablement toutes été sculptées dans le même atelier provincial.

 

L’utilisation de l’albâtre, les dimensions de la pièce et l’aspect « inachevé » de la réalisation autorisent à rapprocher ce fragment des statues décrites précédemment. Il est néanmoins difficile d’affirmer avec certitude que Co. 5699 appartient bien à ce groupe étant donné son état de conservation.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’ État français en 1916.

 

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