Égypte > provenance inconnue
Troisième Période Intermédiaire
H. 1,8 CM : L. 3,5 CM : P. 5,1 CM : Pds. 0,05 kg
Basalte ou grauwacke
Co. 820
Égypte > provenance inconnue
Troisième Période Intermédiaire
H. 1,8 CM : L. 3,5 CM : P. 5,1 CM : Pds. 0,05 kg
Basalte ou grauwacke
Co. 820
L'œuvre est en bon état de conservation, malgré quelques éraflures sur l'élytre.
Il s’agit d’un scarabée représenté ailes repliées, pattes collées au corps, reposant sur une base. Quatorze doubles incisions verticales strient les élytres, indiquant que chaque aile est composée de sept fibres, séparées par un sillon. Le scarabée est anépigraphe et dépourvu d’autre décoration.
Le scarabée dit bousier est un insecte chargé de symbolique pour les Égyptiens. Fins observateurs de la nature, ils avaient remarqué que ce coléoptère coprophage pousse une gigantesque boule d’excréments, destinée à protéger et nourrir ses petits ; ils ont associé cette boule au disque solaire. Dans la cosmogonie égyptienne, le scarabée participe donc à la régénération de celui-ci. Le nom donné au scarabée est aussi celui du soleil renaissant, Khépri, qui signifie « celui qui vient à la vie », d'où son association à l'idée de renaissance. Pour les anciens Égyptiens, la vie a surgit d’une masse initiale. Cette masse, dans le cas des scarabées, est associée à la boule d’excréments. Khepri peut être représenté avec un corps d’homme, possédant à la place de la tête le corps d’un scarabée.
Dès la XIe dynastie, des objets adoptant la forme de scarabées apparaissent (Vernus, Yoyotte 2005, p. 447). La typologie et la fonction des scarabées varient selon les contextes et les époques. Les plus anciens scarabées révélés par la documentation sont des amulettes, parfois inscrites du nom du propriétaire, du nom du roi régnant ou décorées de motifs apotropaïques. Ces amulettes étaient le plus souvent portées à la manière de bijoux, protégeant aussi bien les vivants que les défunts. Autre type, le scarabée de coeur était placé entre les bandelettes de la momie au niveau du cœur et traditionnellement inscrits au revers du chapitre 30 du Livre des Morts. La raison d’être de ces objets était de témoigner en faveur du défunt lors de son jugement. Le plus souvent, ces scarabées dits « de cœur » ont les ailes repliées, à l’instar des autres types, sauf pour les périodes les plus récentes où certains sont représentées ailes déployées, type spectaculaire qui n’apparait pas avant la XVIIe dynastie. À la XVIIIe dynastie, des scarabées dits commémoratifs permettent à la famille royale de transmettre à l’ensemble de l’élite un évènement important ayant eu lieu au palais. Les scarabées pouvaient également faire office de sceaux administratifs. L’impressionnant nombre de scarabées qu’ont produits les Égyptiens n’a d’égal que l’incroyable variété des matériaux utilisés. Les scarabées restent en usage jusqu'à la fin du premier millénaire avant notre ère.
Le scarabée Co. 820 est dépourvu d’inscription et de système de suspension. Il est probable qu’il s’agisse d’un scarabée de cœur, de petite taille (5 cm de long). Le type de pierre utilisé, la décoration minimaliste de l’insecte, mises à part les élytres incisées et le fait qu’il soit anépigraphe sont l’indice d’une production remontant au plus tôt à la Troisième Période intermédiaire.
Les collections de scarabées étant particulièrement abondantes dans les musées, il est surprenant que la collection égyptienne du musée Rodin n’en conserve que quatre exemplaires, les Co. 819, Co. 820, Co. 3538 et Co. 6317.
Les scarabées Co. 819, Co. 820 et Co. 3538 sont tous réalisés en pierre noire polie et datés de la Troisième Période intermédiaire. D’un modèle similaire, les trois exemplaires présentent néanmoins des différences d’exécution. La pierre utilisée est d'un noir soutenu pour les scarabées Co. 819 et 3528, plus olivâtre pour le scarabée Co. 820. Le quatrième scarabée de cette collection, Co. 6317, est en calcaire et de dimensions nettement plus petites que les trois autres. Ce n’est pas un scarabée de cœur. Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve un scarabée similaire au scarabée Co. 820, à savoir le scarabée 30.8.1076.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Biron, 203, "Scarabée plat anépigraphe, en pierre verdâtre. Long. 5 cent. Estimé vingt francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.
Le scarabée fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
Égypte > Provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire
H. 1,8 CM : L. 3,4 CM : P. 5 CM
Grauwacke ou basalte
Co. 819
L'œuvre est en bon état de conservation.
Il s’agit d’un scarabée réalisé en pierre noire, grauwacke ou basalte, poli en surface. L’insecte est représenté ailes repliées, pattes collées au corps, reposant sur une base. Les élytres sont couvertes de fines incisions, suivant leur axe.
Le scarabée dit bousier est un insecte chargé de symbolique pour les Égyptiens. Fins observateurs de la nature, ils avaient remarqué que ce coléoptère coprophage pousse une gigantesque boule d’excréments, destinée à protéger et nourrir ses petits ; ils ont associé cette boule au disque solaire. Dans la cosmogonie égyptienne, le scarabée participe donc à la régénération de celui-ci. Le nom donné au scarabée est aussi celui du soleil renaissant, Khépri, qui signifie « celui qui vient à la vie », d'où son association à l'idée de renaissance. Pour les anciens Égyptiens, la vie a surgit d’une masse initiale. Cette masse, dans le cas des scarabées, est associée à la boule d’excréments. Khepri peut être représenté avec un corps d’homme, possédant à la place de la tête le corps d’un scarabée.
Dès la XIe dynastie, des objets adoptant la forme de scarabées apparaissent (Vernus, Yoyotte 2005, p. 447). La typologie et la fonction des scarabées varient selon les contextes et les époques. Les plus anciens scarabées révélés par la documentation sont des amulettes, parfois inscrites du nom du propriétaire, du nom du roi régnant ou décorées de motifs apotropaïques. Ces amulettes étaient le plus souvent portées à la manière de bijoux, protégeant aussi bien les vivants que les défunts. Autre type, le scarabée de coeur était placé entre les bandelettes de la momie au niveau du cœur et traditionnellement inscrits au revers du chapitre 30 du Livre des Morts. La raison d’être de ces objets était de témoigner en faveur du défunt lors de son jugement. Le plus souvent, ces scarabées dits « de cœur » ont les ailes repliées, à l’instar des autres types, sauf pour les périodes les plus récentes où certains sont représentées ailes déployées, type spectaculaire qui n’apparait pas avant la XVIIe dynastie. À la XVIIIe dynastie, des scarabées dits commémoratifs permettent à la famille royale de transmettre à l’ensemble de l’élite un évènement important ayant eu lieu au palais. Les scarabées pouvaient également faire office de sceaux administratifs. L’impressionnant nombre de scarabées qu’ont produits les Égyptiens n’a d’égal que l’incroyable variété des matériaux utilisés. Les scarabées restent en usage jusqu'à la fin du premier millénaire avant notre ère.
Le scarabée Co. 819 est dépourvu d’inscription et de système de suspension. Il est probable qu’il s’agisse d’un scarabée de cœur, de petite taille (5 cm de long). Le type de pierre utilisé, la décoration minimaliste de l’insecte, mises à part les élytres incisées et le fait qu’il soit anépigraphe sont l’indice d’une production remontant au plus tôt à la Troisième Période intermédiaire.
Les collections de scarabées étant particulièrement abondantes dans les musées, il est surprenant que la collection égyptienne du musée Rodin n’en conserve que quatre exemplaires, les Co. 819, Co. 820, Co. 3538 et Co. 6317.
Les scarabées Co. 819, Co. 820 et Co. 3538 sont tous réalisés en pierre noire polie et datés de la Troisième Période intermédiaire. D’un modèle similaire, les trois exemplaires présentent néanmoins des différences d’exécution. La réalisation du Co. 819 est nettement plus rudimentaire que celles des deux autres. Si le Co. 819 et le Co. 820 sont d’une taille identique, l’examen du Co. 819 révèle des irrégularités notoires quand on le compare au Co. 820 : grossièreté des mandibules, pattes schématisées, sommet du crane aplati, élytres maladroitement individualisées. Le polissage final du Co. 819 n’est pas achevé. La pierre utilisée est d’un noir soutenu pour les scarabées Co. 819 et 3538, plus olivâtre pour le scarabée Co. 820. Le quatrième scarabée de cette collection, Co. 6317, est en calcaire et de dimensions nettement plus petites que les trois autres. Ce n’est pas un scarabée de cœur. Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve un scarabée similaire au scarabée Co. 819, à savoir le scarabée 30.8.1076.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Biron, 217, "Scarabée du cœur - anépigraphe en schiste noirâtre. Anépigraphe. Long. 5 cent. Estimé quinze francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.
Le scarabée fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
Égypte > provenance inconnue.
Nouvel Empire > XVIIIe dynastie > époque amarnienne (vers 1353 - 1337 avant J.-C.)
Calcaire polychromé
H. 8 CM ; L. 8 CM ; P. 7,1 CM
Co. 6324
Moyen. Le visage a été entièrement arasé, contrastant avec le bon état de conservation de la perruque. L’extrémité inférieure de la mèche latérale est manquante. Des éraflures sont visibles sur toute la surface de l’objet. L’arrière de la tête a subi plusieurs chocs qui ont enlevé de la matière. Quelques traces de pigments roses sont conservées, roses sur le cou et noires sur la perruque.
La statuette a été cassée en diagonale au niveau du cou, conservé en partie. Elle est empoussiérée.
Tête féminine coiffée d’une perruque bouclée. Les traits du visage ont été intentionnellement et méticuleusement martelés ; on observe en effet que le pourtour est préservé sur 2 à 4 mm.
La partie gauche de la tête est conservée sur une plus grande hauteur. On peut en particulier admirer le port altier de la jeune fille dont le cou, long et délicat, adopte un angle d’inclinaison typiquement amarnien. Quelques plis sont observables sur la partie gauche du cou, heureusement conservée et le pigment rosé badigeonné sur la peau y est encore visible. Une perruque courte, de forme boule, vient le frôler. Masquant les oreilles, elle encadre le visage. Très fine autour du visage pour ne pas en écraser les traits, elle est à l’inverse très épaisse à l’arrière, mettant ainsi en valeur la noblesse du port de tête. Les mèches qui la composent sont disposées en rayons à partir du sommet du crâne. Elles sont constituées de boucles étagées, profondément creusées dans le calcaire et soigneusement disposées en damier. Une large mèche est placée sur le côté droit de la perruque. Elle n’est pas bouclée, contrairement au reste de la perruque qu’elle recouvre, mais finement ondulée. Un bandeau horizontal permettait de la retenir. Cette mèche indique qu’il s’agit de la représentation d’une enfant nubile.
A l’arrière de la statuette, un pilier dorsal est placé sous la perruque. Il s’ajuste sous l’épaisseur des boucles et permet de soutenir la tête. L’espace entre ce pilier dorsal et le cou gracile de la jeune fille n’a pas été complètement évidé afin de renforcer l’ensemble.
Si l’on se réfère au style particulier de la perruque, à la qualité d’exécution de la figurine et à la destruction volontaire du visage, la statuette Co. 6324 serait certainement la représentation d’une princesse amarnienne. Cet épisode de l’histoire égyptienne a en effet été l’objet d’une « damnatio memoriae », une volonté de la part des successeurs de Aÿ et des prêtres d’Amon, d’effacer les manifestations artistiques de cette période, notamment les noms et les images de la famille royale. Les représentations en trois dimensions des princesses sont donc rares. Quelques têtes chauves en quartzite – avec le crâne déformé si caractéristique de l’art amarnien – sont conservées à Berlin et au Caire. Une coiffure similaire à celle portée par la jeune fille du Co. 6324 est sculptée sur un fragment de statuette en calcaire peint du musée du Louvre, à Paris (E 14715). Matériau, dimensions et iconographie de la statuette du Louvre et de la tête du musée Rodin sont tout à fait semblables. Sur ces deux objets, la présence d’un pilier dorsal indique que la jeune fille se tenait certainement debout.
Sur une suggestion de Marc Gabolde, sous réserve car il n’a pas encore vu l’objet, cette tête de princesse proviendrait peut être de l’un des groupes familiaux placés à l’avant des stèles frontières érigées autour du périmètre de la ville d’Amarna (sur ces stèles-frontières, voir GABOLDE 2005, p. 56-58 ; MURNANE, VAN SICLEN 1993 et VANDIER 1944, pp. 5-22). La disparition des pigments qui recouvraient la statuette à l’origine et les stigmates d’arasement de l’épiderme de la pierre en surface, imputables à l’érosion éolienne, invitent à penser que la statue était exposée en plein air. De part l’état de conservation de la tête (double cassure et chocs à l’arrière du crâne), il est probable que la tête de la statuette a été jetée à terre. En l’absence de texte, il est difficile d’identifier la princesse représentée.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 384, "Tête de femme en pierre calcaire. Il n'en subsiste plus guerre que la perruque, le visage est entièrement effacé. Haut. 8 cent. Estimé trente francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
La tête était exposée du vivant de Rodin dans l'atelier Tweed à Meudon.
Égypte > provenance inconnue
Nouvel Empire > époque post amarnienne
Calcaire polychromé
H. 24,5 CM ; L. 8,5 CM ; P. 5,7 CM
Co. 2357
Bon état de conservation. La statuette a été autrefois cassée au niveau des jambes puis recollée à une époque indéterminée au moyen de plâtre (avec un bouchage laissé volontairement visible). La polychromie est partiellement effacée, mais de nombreux pigments sont conservés (ocre rouge, jaune et noir). Le coude droit manque, des lacunes sont visibles sur le bras gauche et au niveau de la perruque. Une grande partie du visage a été arrachée (bouche, joue gauche, œil gauche, front).
Le Chabti est représenté debout, les pieds servant de base. Cette base est plate mais est trop petite pour que la statuette, pesante car réalisée en pierre, tienne debout sans support. Le corps est entièrement emmailloté ; les bras sont croisés au niveau de la poitrine. Seules les mains sont visibles ; elles ont été réalisées en relief, tout comme les houes qu’elles tiennent. Poings fermés, toutes les phalanges ont été sculptées et le pouce est apparent. Les deux instruments agricoles se différencient légèrement. Ils sont peints en ocre rouge, couleur du bois en Égypte ancienne dès l’époque de Djéser (IIIe dynastie).
L’homme porte un collier à double rang de perles rondes soigneusement incisées en relief et une perruque longue à frisons, composite à boucles. Un large plastron recouvrait sa poitrine. Le visage de l’homme est endommagé, mais ses traits fins sont toujours reconnaissables : un menton proéminent, des joues pleines, des yeux profondément gravés et soigneusement fardés, surmontés de sourcils en relief. Son cou, long et fin, est arqué avec noblesse. Ses oreilles sont petites mais bien ouvertes. Orientées vers l’interlocuteur, elles sont prêtes à recevoir des ordres. Sa tête est recouverte d’une perruque longue à mèches étagées composée en deux parties ; deux pans triangulaires jaillissent de chaque côté du visage et retombent sur la poitrine. Les mèches de la perruque sont soigneusement détaillées en relief, dans une cascade de boucles fines enroulées. Il est surprenant de constater le réalisme du rendu des spirales. Les boucles des deux pans jaillissant sous cette perruque sont différentes. Longues et verticales, elles sont étagées. Cette perruque sophistiquée, épaisse et luxueuse, témoigne du rang du défunt à qui ce chabti remarquable, réalisé en pierre, était destiné. Au revers de la statuette, on remarque que l’extrémité de la perruque bouclée est arrondie. Au ras du cou, elle rejoint les épaules. En-dessous, sur le côté gauche, un rectangle quadrillé, gravé en creux puis peint en rouge, représente le sac de graines porté par le serviteur pour accomplir ses taches agricoles dans l’Au-delà.
Les chairs visibles (cou, visage et mains) et les outils agricoles (houes et sac de grains) ont été peints en ocre rouge. La couleur ocre jaune du linceul enveloppant le corps est conservée dans la partie supérieure du chabti. Cette même couleur servait de fond à l’inscription, gravée en une colonne à l’avant du personnage. La perruque et les yeux sont rehaussés de noir.
Le chabti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Chargée de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants), la figurine Co. 2357 porte un sac de graines accroché dans son dos et tient dans ses poings fermés une houe. Peints en ocre rouge, couleur du bois en Egypte ancienne dès l’époque de Djéser (IIIe dynastie), ces deux instruments agraires sont à replacer dans l’axe voulu par l’artisan. S’ils sont peints le long de la figurine, ils sont en réalité censés ressortir des deux côtés du corps (sur la notion d’aspectivité dans les principes de représentation en Égypte ancienne, voir ZIEGLER, BOVOT 2001). Pour comparaison, voir par exemple, le shaouabti de Toutânkhamon conservé au Musée Egyptien du Caire (Inv. N° JE 60830), où les insignes régaliens (le sceptre et le flagellum) du pharaon défunt sont insérés dans la figurine en bois.
Le matériau, la technique de fabrication et le style de cette statuette de serviteur funéraire et la perruque et l'anthropnyme témoignent d'une datation post amarnienne. La perruque à frisons et à revers est particulièrement caractéristique de cette période. Elle est visible sur de nombreuses statues masculines de cette période.
La puissance du défunt est évoquée par l’attitude de son chabti de taille conséquente, son port de tête altier et la richesse de son costume. Le contenu de l’inscription permet de le situer assez précisément dans l’échelle du temps. Les signes, comblés de peinture noire à l’origine, ont été incisés en creux dans une colonne à l’avant du personnage. Le texte, recouvert d’un badigeon jaune, est encadré par deux lignes profondes et incrustées de jaune elles aussi. Pentaour est un prénom masculin bien attesté à la XIXe dynastie (époque ramesside, 13e siècle avant notre ère). Deux hommes ayant porté ce nom sont même passés à la postérité : le premier était scribe et poète. Il est connu grâce au poème qui porte son nom et qui décrit la bataille de Qadesh qui opposa l’armée égyptienne de Ramsès II et celle du roi Hittite Mouwatalli II vers 1274 avant J.-C. Le deuxième Pentaour est plus tristement célèbre : il fut le fils de Ramsès III et de la deuxième épouse royale, Tiyi. Sa mère conspira à l’intérieur du harem pour que son fils accède au trône. Le complot fut démasqué et le prince Pentaour condamné au suicide par empoisonnement. Cette affaire est documentée par un ensemble d’écrits dont le Papyrus judiciaire de Turin et le Papyrus Harris. (VERNUS 1993 ; GRANDET 1993).
Un exemplaire similaire à Co. 2357 est conservé à Bruxelles, au Musées Royaux d’Art et d’Histoire (E.0582A). Il s’agit du chabti du « Gouverneur de l’oasis du sud, Nébméhyt », provenant des fouilles d’Abydos par É. Amélineau en 1895-1896.
Le musée Rodin possède un autre chabti inscrit de l’époque ramesside, Co. 2350 (en terre cuite polychrome).
Une colonne de hiéroglyphes est gravée en creux à l’avant de la statuette, sur fond jaune. Encadrée par une incision verticale, peinte en jaune également, il apparaît que les signes qui la composent étaient comblés de pigment noir. Ceci est observable dans les hiéroglyphes gravés en fin d’inscription. La cassure au niveau des genoux a été restaurée autrefois en rétablissant des signes à la mode égyptienne. Le texte nous apprend le nom du défunt et ses titres funéraires qui l’assimilent au dieu des morts Osiris.
Traduction fournie par Dominique Farout.
Égypte > provenance inconnue
Époque ptolémaïque probablement ou romaine
Calcaire
H. 6,4 CM ; L. 6,8 CM ; P. 7,3 CM
Co. 2341
L’œuvre est en bon état de conservation, malgré les nombreuses éraflures visibles sur toute la surface de l’objet. L’arrière de la tête et le côté droit du visage paraissent plus arasés que le reste de la figurine. L’arrière du crâne a subi un choc. Deux traces vertes sont visibles sur la surface. Répartie de part et d’autre de l’objet et à même hauteur (une sous la paupière gauche, l’autre à l’arrière du crâne près de la mèche de l’enfance), il s’agit peut-être de stigmates d’un système de maintien, contemporain à la mise de l’objet sur le marché de l’art.
La statuette a été cassée horizontalement au niveau de la gorge. La cassure est nette mais le départ de l’épaule gauche est conservé. L’objet est très empoussiéré, en particulier sur sa partie antérieure. Seule la tête de cette figurine est conservée au musée.
Co. 2341 représente une tête d’enfant portant un uraeus au front et une tresse sur le côté droit.
On remarque immédiatement les oreilles – particulièrement grandes et détaillées – et le large sourire, terminé par deux fossettes. Le nez, triangulaire, est busqué et plutôt fort pour un visage enfantin. Seul l’emplacement des yeux est encore présent. Ils sont étirés vers le haut et il est possible de restituer que les paupières étaient fardées. L’expression et les traits anguleux du visage sont ceux d’un adolescent plutôt que d’un dieu enfant allaité. Le corps du serpent uraeus, légèrement sinueux, est indiqué en relief. La tête du cobra a disparu dans un éclat. La mèche latérale, placée derrière l’oreille droite, est bien conservée. Elle est lisse. L’examen attentif de l’objet permet de suggérer que le crâne était recouvert d’une calotte. Le menton est proéminent ; un léger relief à l’endroit de la cassure indique qu’un doigt (l’index droit) y était vraisemblablement posé à l’origine.
Le visage jeune, la présence de l’uraeus et d’une mèche latérale sont les caractéristiques d’une représentation du dieu enfant Harpocrate. Le musée Rodin conserve plusieurs effigies de cette divinité, bien connue en Égypte de la Basse Époque à la période gréco-romaine : Co. 2335 (tête en calcaire) ; Co. 789, Co. 810 et Co. 2385 (statuettes en bronze du dieu, assis) ; Co. 774, Co. 787 et Co. 791 (statuettes en bronze du dieu, debout).
Bien que la pierre ne soit pas un matériau habituel pour les représentations en ronde-bosse du dieu Harpocrate (les statuettes connues sont généralement en bronze ou en terre cuite), il existe un exemplaire en calcaire vendu chez Christie’s en 2011 (collection Jean-Philippe Mariaud de Serres). Le dieu-enfant porte ici la Double Couronne de Haute et Basse-Égypte.
Il est impossible de restituer la position debout ou assise du dieu.
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered (« Horus l’enfant ») a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU 2010, p. 308).
Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont l’enfant doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemmis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montrent les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions (voir ces exemples conservés au musée du Louvre).
On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.
L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique -nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre- Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIème siècle de notre ère (Sur Horus l’enfant, image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI 2006 et CORTEGGIANI 2007, p. 173-175).
Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche, croyant y voir « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux Égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance, tout comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne.
Co. 2335, tête du dieu Harpocrate en calcaire (époque romaine).
Anépigraphe.
Égypte > provenance inconnue
Époque romaine, Ier siècle avant-Ier siècle après J.-C.
Calcaire
H. 7,1 CM ; L. 6,1 CM ; P. 5,3 CM
Co. 2335
L’œuvre est dans un état de conservation moyen. L’objet présente de nombreuses éraflures sur toute la surface et des manques sont visibles au niveau de la tresse, du nez, du menton et du cou. L’oreille gauche a été presque entièrement arasée. La statuette a été cassée en biseau au niveau du cou. Un décollement de la matière est perceptible sur la mèche latérale. L’objet est très empoussiéré, en particulier sur sa partie antérieure. Seule la tête de cette figurine est conservée au musée.
Co. 2335 représente une tête d’enfant pourvue d’une mèche sur le côté droit.
Le visage est rond, les joues rebondies. La bouche est arasée et le menton est sectionné. Le nez est particulièrement marqué et les arcades sourcilières sont saillantes, par conséquent, les orbites paraissent enfoncées. Les yeux sont larges, le coin externe étant un peu plus bas que le coin interne. Un épais bourrelet matérialise les paupières, vraisemblablement fardées. Les oreilles, aux lobes soigneusement ourlés à l’origine, sont petites. En dépit de la surface très arasée de la pierre, un bourrelet enserrant la tête de l’enfant semble visible, en particulier à l’arrière du crâne. Il indique que la tête de l’enfant aurait été recouverte d’une calotte. À l’heure actuelle, la mèche latérale droite qui jaillit de ce bonnet est lisse. Les dommages subis par cette pièce ne permettent pas d’affirmer la présence d’un uraeus fixé sur le front, marqueur d’identité du dieu. Malgré l’empoussièrement de l’objet, deux traces d’outils sont visibles au niveau du menton. Elles ont sectionné le bas du visage. L’examen de ces marques suggère la présence d’un index droit porté vers la bouche, disparu aujourd’hui. Les petites lèvres, poupines et souriantes, sont tout à fait conformes aux statuettes d’Harpocrate en bronze (voir par exemple les traits du visage de la figurine Co. 774, bien conservés).
Un visage aux rondeurs de l’enfance, la présence d’une mèche latérale sont les caractéristiques d’une représentation du dieu-enfant Harpocrate. Le musée Rodin conserve plusieurs effigies de cette divinité, bien connue en Égypte de la Basse Époque à la période gréco-romaine : Co. 2341 (tête en calcaire) ; Co. 789, Co. 810 et Co. 2385 (statuettes en bronze du dieu, assis) ; Co. 774, Co. 787 et Co. 791 (statuettes en bronze du dieu, debout).
Bien que la pierre ne soit pas un matériau habituel pour les représentations en ronde-bosse du dieu Harpocrate (les statuettes connues sont généralement en bronze ou en terre cuite), il existe un exemplaire en calcaire vendu chez Christie’s en 2011 (collection Jean-Philippe Mariaud de Serres). Le dieu-enfant porte ici la Double Couronne de Haute et Basse-Égypte ornée de l’uraeus.
La proximité stylistique de cette pièce (forme similaire des yeux, des oreilles et du nez) semble confirmer une datation de l’époque romaine (Ier siècle avant-Ier siècle après J.-C.) pour Co. 2335. Il est impossible de restituer la position debout ou assise du dieu.
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered (« Horus l’enfant ») a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU 2010, p. 308).
Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est ceint d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont l’enfant doit hériter de son père, il est élevé dans les marais de Chemmis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique. Il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montrent les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions (voir ces exemples conservés au musée du Louvre).
On peut également mentionner Nepri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.
L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique – nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre – Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère. (Sur Horus l’enfant, image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI 2006 et CORTEGGIANI 2007, p. 173-175).
Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche, croyant y voir « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux Égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance, tout comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne.
Co. 2341, tête du dieu Harpocrate en calcaire (époque ptolémaïque ou romaine).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 219, "Tête d'Horus enfant (?) en calcaire, la bouche est abimée. Travail très grossier ; haut. 7 cent. Estimée trois francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
Égypte > Provenance inconnue
Basse Époque
Calcaire
H. 30,5 CM : L. 13 CM
Co. 3385
L'oeuvre est en bon état de conservation.
Il s’agit d’un haut relief à l’effigie de Bès, anciennement connu sous le numéro d’inventaire DRE78. Le génie se tient debout, les pieds posés sur une sorte de banquette de hauteur inégale. Il se tient les mains posées sur les cuisses, jambes fléchies vers l’extérieure. Il est coiffé de son habituelle couronnes à six plumes d’autruche, tenues par un bandeau, posé sur le front d’où sortent des mèches de cheveux. Son front est marqué de nombreux plis représentés par de fines incisions. Ses sourcils sont particulièrement froncés. Ses paupières sont épaisses. Le nez est épaté. La lèvre supérieure est charnu et le nain tire la langue. Au-dessus de la barbe, un fin bandeau est incisé, d’où sortent toutes les mèches de la barbe. La musculature du torse en mise en valeur. Le génie est dépourvu du moindre habit. Ses attributs sexuels sont visibles quoi que peu sculptés dans le détail. Le calcaire ne présente aucune trace de polychromie. On remarque des traces anarchiques de ciseau.
Bès est une divinité secondaire protectrice du foyer. Ses représentations sont incontestablement attestées dès le Nouvel Empire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tels Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de long bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une longue barbe fournie et très souvent d’une couronne de plumes d’autruche. Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son devoir de protection. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Il est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Bès est un personnage important dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le Mythe de la Déesse Lointaine à Philae, Bibliothèque d’Études, Institut Français d’Archéologie Orientale132, Le Caire, 200), dans lequel on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Égypte en lui jouant de la musique. Le génie est donc aussi le protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent son image sur des sistres (par exemple au Walter Art Museum de Baltimore, 54.493). Il incarne les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant ainsi ses ennemis à s’en prendre à ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité puisque l’on retrouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère. On a retrouvé un certain nombre de ses effigies dans la ville d’Akhetaton et il est possible qu’un lieu ait été consacré à son culte dans l’oasis de Bahariya.
Ce genre de stèle, particulièrement populaire au cours du premier millénaire av. J.-C., à l’instar de celle conservée au Metropolitan Museum of Art sous lé numéro d’inventaire 22.2.23. Il est fort probable qu’elle se trouvait en tant qu’ex-voto dans un sanctuaire, vraisemblablement dédié à la déesse Hathor bien que le contexte domestique soit également envisageable. Le génie pouvait alors exercer sa protection envers les humains.
La collection égyptienne du musée Rodin possède six autres objets à l’effigie de Bès à savoir ceux conserves sous les numéros d’inventaire Co. 2736, Co. 3090, Co. 2596, Co. 3064,Co. 5676, Co. 5677 et Co. 966. La tête de Bès Co. 3064 appartenait peut-être à l’origine à un relief similaire au Co. 3385.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l’ État français en 1916.
Égypte > Provenance inconnue
Basse Époque
calcaire polychrome
H. 15,8 CM ; L. 8,3 CM
Co. 3052
L'œuvre est en bon état de conservation.
Cette figure féminine nue, anciennement connue sous le n° DRE 361, appartient au type particulier de femme nue debout dans un naos. L’objet ne peut tenir debout. La figure féminine porte une perruque composée de 15 mèches distinctes dans sa partie inférieure et 15 autres mèches dans sa partie supérieure. Des traces de pigments noirs sont visibles sur l’ensemble de la perruque, notamment entre chaque mèche. Les traits du visage sont finement incisés. Deux traits horizontaux marquent les yeux et deux autres traits parallèles et légèrement arqués indiquent les sourcils. Les traits du nez et de la bouche sont presque complètement effacés mais on distingue un trait horizontal pour la bouche et un autre, légèrement arqué vers le bas indiquant le menton. Des traces de pigments noirs sont visibles sur les traits du visage, en particulier sur les yeux et les sourcils. Le cou est fin et à sa base sont peints en noir deux traits parallèles, le trait supérieur étant plus épais que le trait inférieur, représentant un pectoral ou un collier à deux rangs. Les seins sont petits, ronds et fermes mais éraflés sur les parties saillantes. La taille est fine et ceinte d’un double trait de pigment noir. Joignant ces traits, juste en dessous de chaque sein, sont peints deux ronds noirs pleins. Le nombril est creusé en profondeur, ses bords sont saillants et l’orifice est couvert de traces noires. Le pubis est peint en noir, la partie supérieure du triangle légèrement arquée. Des traces noires sont visibles sur l’ensemble du pubis, notamment vers le bas. Les cuisses et les jambes sont fines. On remarque des traces noires sur les cuisses et les genoux quasiment effacées. Deux séries de pointillés noirs apparaissent entre le genou et la cheville droits et trois séries de pointillés noirs sont visibles entre le genou et la cheville gauches. Les pieds sont petits, les orteils ne sont pas dessinés. Des traces noires apparaissent sur le dessus du pied droit et dans la partie intérieure du pied gauche. Les bras pendent le long du corps, les mains reposant entre le milieu des cuisses et les genoux. Les doigts ne sont pas dessinés. Des traits noirs sont visibles entre l’épaule et le coude gauches ainsi qu’entre le coude et le poignet gauches. Des restes de pigments noirs sont également observables sur le bras droit, mais quasiment effacés. On a donc une figure féminine sortant d’un naos, parées de bijoux et de tatouages.
La forme générale de l’objet semble épouser la forme d’un naos et un naos est lui-même représenté en relief sur l’objet, posé sur une ligne horizontale faisant office de base. Il y aurait donc une superposition de deux naos. L’intérieure de la niche est colorée de pigments ocre ainsi que sur les contours du naos, à l’exception de la partie supérieure qui est fortement abîmée. Les faces du naos, notamment les parties supérieures, sont également ornées de traces ocre mais dans des teintes plus claires qu’au niveau des contours. L’endroit est altéré et l’on remarque de nombreux éclats. Les angles inférieurs sont cassés. Le revers est également abîmé et laisse apparaître de nombreuses traces d’outils faisant penser à des ciseaux. De nombreux restes de terre de fouille ont été trouvées au revers.
La figurine Co. 2610 est un bel exemple de figurines féminines nues telles qu’elles étaient fabriquées entre la Troisième Période Intermédiaire et la période gréco-romaine. Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine, réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah). Ce type de figurines, présentées dans un naos peut être réalisé en calcaire, mais le plus souvent en terre-cuite, surtout pour la période gréco-romaine. Bon nombre de modèles en terre-cuite ont été mises au jour sur les sites de Tebtynis et de Tell el Herr. Pendant longtemps, ces figurines féminines étaient étroitement associées exclusivement à la sexualité masculine. Leur présence dans les tombes semblait en effet indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’Isis revivifiant Osiris en s’unissant à lui et lui permettant de se régénérer en la personne de son fils Horus. Les figurines féminines ayant un rôle similaire à jouer vis-à-vis du défunt, ceci explique l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels. Les figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort ». Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie. Etroitement associées à Hathor, elles ne représentent pas toutes la déesse elle-même. Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Son culte, particulièrement important au cours de l’Ancien et du Moyen Empire, inclut différentes institutions religieuses regroupant des officiantes, particulièrement actives lors des rites liés à la naissance et à la mort. La plupart des figurines féminines datant du Moyen Empire et de la Deuxième Période Intermédiaire représentent, selon toute vraisemblance, certaines de ces officiantes dédiées à la déesse. Leur présence dans des maisons, des tombes et des temples permettait de perpétuer les rituels hathoriques exercés par ces prêtresses. Ces figurines féminines étaient donc fort probablement des catalyseurs utilisés lors de rituels hathoriques et offerts ensuite à la déesse afin qu’elle facilite la fécondité et la naissance, qu’elle protège les enfants ainsi que les défunts, leur permettant de renaître dans l’au-delà. Ces figurines étaient ensuite déposées en différents contextes en fonction des vœux, d’où leur présence dans des maisons, des temples et des tombes. Ce type de figurine apparaissant au cours de la Troisième Période Intermédiaire, n’est pas sans rappeler l’iconographie des plaques d’Astarte. Ces objets de terre-cuite produits au Levant de l’Age du Bronze jusqu’au cours de la période gréco-romaine, représentent des femmes nues debout avec les attributs iconographiques de la déesse de la guerre et de l’amour qu’est Astarte. Astarte fut introduite dans le panthéon égyptien au cours de la XVIIIe dynastie et fut associée à la déesse Hathor. De tous les types égyptiens de figurines féminines nues, celui auquel appartient la figurine Co. 2610 est un des premiers à adopter une iconographie commençant à ressembler aux plaques d’Astarte.
La volonté de représenter le naos est importante. Le naos peut être la partie la plus sacrée du temple, sorte de chapelle à l’intérieur-même du sanctuaire ou bien le tabernacle où se trouve la statue d’une divinité. Ce tabernacle était ouvert tous les matins afin d’accomplir les rites du culte divin journalier et scellé tous les soirs. Selon certains auteurs, il est donc fort probable que ce type de figurine représente de façon marquante les traces de rituels privés se déroulant dans le cadre familial et domestique. L’objet serait lui-même une chapelle dont la figurine est complètement dépendante. Un tel objet permettrait à l’ensemble de la famille d’effectuer des rituels permettant d’assurer la fertilité ainsi que la protection des vivants et des défunts, et ce en contexte domestique mais aussi funéraire et au sien de temples.
La figuring Co. 3052 est un travail de très belle facture. La qualité de sa réalisation indique que sa valeur devait être élevée. Cela pourrait suggérer que sa destination était un temple ou bien une tombe bien qu’il soit également tout à fait possible qu’elle servit uniquement, ou bien d’abord, en contexte domestique. La figurine Co. 3052 est donc un exemple de ces figurines féminines, réalisées à l’Epoque Tardive, témoignage d’objets relevant du domaine de la piété personnelle.
La figurine Co. 3052 appartient au même type que la Co. 2610.
Le Metropolitan Museum of Art de New York possède dans ses collections deux figurines du même type, la 23.6.78, ainsi que la 23.6.77.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 226, "Petite stèle (?) en calcaire peint. Le milieu en est occupé par la représentation d’un naos à l’intérieur duquel une femme nue se tient debout. Long. 15 cent. Largeur à la base : 8 cent. Estimé cent francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
Egypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire
Calcaire
H. 43,1 CM ; L. 26,1 CM
Co. 966
L'oeuvre est en assez bon état de conservation. L'objet est cassé dans la partie haute, dans la diagonale de l’angle supérieur gauche au coude gauche. Il est cassé au niveau du couvre-chef, au milieu de la jambe droite et au milieu de la cuisse gauche. On note la présence de terre sur l’ensemble de la sculpture notamment dans les recoins. On remarques des éclats au niveau du bras droit, de la cuisse droite, de la partie droite du front, sur la lèvre inférieure, le menton et sur la poitrine. Le dos est couvert de traces d’une matière blanche.
Il s’agit d’une représentation du dieu Bès de taille imposante. Il est représenté le corps dressé, les jambes légèrement repliées, assis sur un socle de pierre. Bès est nu, le bras gauche reposant en haut de la cuisse gauche, les doigts de la main sculptés de façon frustre. Il tient dans sa main droite un manche court. Le bras droit semble en revanche être plus mince et le coude est même anguleux. Le sexe est petit, le ventre rebondi, le nombril large et profond. Les cuisses sont également potelées. Des incisions parallèles au niveau de la poitrine soulignent la corpulence du génie. Les doigts de la main droite sont finement sculptés, les ongles y étant même observables. Le génie possède cinq doigts mais l’on distingue une excroissance entre la main et le petit doigt, figurant peut-être ici aussi la corpulence du génie.
Le visage de Bès est rond. Le front du génie est couvert par un large bandeau sous lequel apparaissent d’épais et broussailleux sourcils représentés par des séries d’incisions parallèles représentant à la fois les poils ainsi que les plis de la peau formés par la grimace que réalise Bès. Ces rides sont encore marquées à la base du nez par des incisions profondes parallèles et horizontales. Les yeux sont grands, très ouverts, et l’on peut encore observer les pigments des pupilles. Le nez est court et épaté. La saillance des pommettes est représentée par des incisions parallèles qui partent de l’aile du nez jusqu’aux oreilles. L’oreille droite est fortement décollée du crâne et est très ronde. Là encore, deux incisions parallèles dessinent l’ensemble de l’oreille. L’oreille est creuse et l’on observe que des incisions verticales et parallèles très profondes font ressortir trois éléments de forment rectangulaire. Il pourrait s’agit d’un élément anatomique de l’oreille mais il est également possible qu’il s’agisse de bijoux. L’oreille de gauche, en revanche, est complètement collée au crâne et est de forme ovale. Quasiment plate, son lobe est légèrement en relief. L’oreille gauche est plus longue que l’oreille droite mais semble dépourvue de bijoux. Bès arbore un collier de barbe reparti des deux côtés de son nez. Sous le double trait de chaque pommette pendent en effet huit boucles du côté droit et sept du côté gauche. Chaque boucle du côté droit est formée de trois incisions verticales et parallèles tandis que chaque boucle du côté gauche est composée de deux incisions verticales et parallèles, donnant à la barbe un aspect à la fois fourni mais ordonné et élégant. Les lèvres supérieures du génie sont pulpeuses, remontant vers le nez. En-dessous, on observe une rangée de sept petites dents rangées parallèlement et toutes de la même taille. L’état de conservation actuel de la sculpture ne permet pas de discerner les détails de la lèvre inférieure ni du menton. La tête du génie est collée au buste. Le bandeau n’apparaît pas de l’autre côté de la tête. Le génie porte une couronne en forme de mortier, un des couvre-chefs du génie les plus courants. Le bout de l’arme tenue par le génie dans sa main droite apparaît sur le dessus de la tête, accolée au couvre-chef. Au dos on observe que la chevelure du génie se termine par une boucle apparaissant en haut du dos. Le vide entre le bras droit et le reste du corps est comblée tout comme le vide entre l’avant-bras gauche et e ventre ainsi qu’entre les jambes. Le dos du génie est peu galbé. Les fesses du génie sont posées sur un socle de pierre. Entre ses reins apparaît une petite queue légèrement incisée qui part de chacune des hanches et qui court le long du socle. Le numéro d’inventaire actuel est inscrit à l’encre noire sur pellicule isolante dans l’angle inférieur gauche du socle de pierre. La statue est couverte en de nombreux endroits de résidus d’enduit. On observe également de nombreuses traces de terre de fouille notamment dans les cavités à l’instar des oreilles.
Bès est une divinité secondaire et protectrice du foyer. La particularité de cette représentation réside dans ses dimensions. En effet, les effigie du génie se déclinent habituellement sous la forme d’objets de petite taille qu’il était facile de porter sur soi ou de disposer dans une maison. Ici, la taille de la statue de Bès laisse penser qu’elle ait pu être placée dans un sanctuaire dédié au nain protecteur ou bien à Hathor. Il est possible qu’il s’agisse d’un sanctuaire important ou bien d’une chapelle populaire. Il est en effet plus probable qu’une telle effigie faisait l’objet d’une vénération collective plutôt qu’elle était confinée dans un foyer. La collection du musée Rodin possède une autre effigie de Bès aux dimensions imposantes, à savoir la plaque de calcaire Co.3385. Le musée du Louvre possède une statue imposant du dieu, arborant le même couvre-chef mais adoptant une autre gestuelle, conservée sous le numéro d’inventaire N437.
La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autre objets à l’effigie de Bès, à savoir les Co. 2736, Co. 3090, Co. 2596, Co. 3385, Co. 5676, Co. 5677 et Co. 3064.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 285, "Statue de Bès guerrier. Le bras gauche pend le long du corps ; le bras droit, levé au-dessus de la tête, brandit une épée. Les jambes manquent ainsi que la coiffure. Cassé en deux morceaux. Calcaire. Haut. 45 cent. Environ. Quatre cents francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
Égypte > Provenance inconnue
Basse Époque
Calcaire
H. 6,8 CM ; L. 2,9 CM
Co. 2358
L'œuvre est en bon état de conservation. De nombreux éclats sont visibles à la surface. Une fissure court depuis l’épaule droite jusqu’au milieu du dos. Des traces de pigments ocre sont visibles sur l’ensemble du personnage, sur un fond badigeonné d'ocre.
La figurine Co. 2358, anciennement connue sous le numéro d’inventaire DRE 253 se trouvant sur une étiquette sous la base, fait partie des erotica que l’on trouve en Egypte et plus précisément des figurines ithyphalliques. Sur une base repose un personnage nu, assis. Son dos est impeccablement droit, ses jambes sont étendues, ses pieds sont étirés. Devant lui s’étend son pénis, démesurément long et tendu à l’horizontale. Il s’étend entre ses pieds étendus. Le bras droit est collé au torse, l’avant-bras pressé sur le côté du phallus, main dépliée, les délimitations des doigts n’étant presque pas visibles. Son bras gauche, est complètement replié, tenant un objet rond sur l’épaule. Cet objet, vraisemblablement un pot, est collé contre sa tête. L’orifice du récipient est tourné vers l’avant, permettant à son contenu de se déverser en direction du phallus. Les traits de la main gauche, comme ceux de la main droite, sont peu visibles. Le sillon inter-fessier est bien marqué. L’oreille gauche, très décollée, est saillante; des incisions peu profondes semblent délimiter le cuir chevelu en haut du front. Les yeux sont grands et modelés par des incisions en amande. Les narines sont représentées par des cavités circulaires. La bouche est matérialisée par un sillon en forme de demi-cercle, se terminant par deux traits horizontaux ; la figurine semble dotée d’un large sourire. Les sillons délimitant la zone du gland sont réguliers. L’orifice se trouvant au sommet du phallus est représenté au moyen d’une incision très peu profonde, parcourant cette région dans le sens de la longueur. On remarque l’absence de testicules. Le nouveau numéro d’inventaire est inscrit sur une pellicule isolante sous la base, à côté de l’ancienne étiquette. La figurine est stable et tient sans support. Une fissure court depuis l’épaule droite jusqu’au milieu du dos. Des traces de pigments ocre sont visibles sur l’ensemble du personnage.
La statuette Co. 2358 appartient aux figurines ithyphalliques que l’on trouve en Egypte tout au long de la période pharaonique. Les matériaux utilisés sont généralement le bois, la pierre, la terre cuite et parfois la faïence. Les plus anciennes figurines ithyphalliques en calcaire retrouvées à ce jour sont datées de l’Ancien Empire, notamment celles déposées dans le temple de Satet à Assouan. Les sites où furent mis au jour ces figurines sont très souvent associés à des sanctuaires, à l’instar de Deir el-Bahari, Mirgissa, Timna ou le Gebel Zeit. L’essentiel du corpus provient de la période gréco-romaine, époque où leur production s’intensifia. Longtemps mis à l’écart par la communauté savante en raison de leur caractère obscène apparent, ce matériel suscite encore toute une série de questions. Le sexe masculin est un élément bien connu de l’iconographie égyptienne. C’est un des attributs et caractéristiques principaux de nombreuses divinités telles qu’Osiris, Baba, Min, Amon-Rê ou encore Bès. Le phallus d’Osiris joue un rôle crucial dans la version du mythe rapporté par Plutarque qui indique que le dieu, martyrisé par son frère Seth, fut découpé en quatorze morceaux dispersés dans les eaux fluviales, rassemblés ensuite par sa sœur et épouse Isis afin reconstituer le corps de son époux. Dans ce récit, l’unique morceau qu’elle ne put retrouver était le phallus d’Osiris, avalé par le poisson oxhyrinque. La déesse parvint à le reconstituer magiquement afin de permettre la conception de leur fils, Horus. Osiris est une divinité fortement liée à la fertilité du monde végétal. On attribue la crue du Nil à l’écoulement des lymphes, ou rejdouou, du cadavre du dieu. Parmi les Mystères d’Osiris, célébrés au mois de Khoiak, on peut mentionner les « osiris végétant », figurines faites de boue dans lesquelles on faisait germer des plantes, symbolisant la gestation et renaissance du dieu. Osiris est une divinité masculine de la fertilité et de la terre. La terre est d’ailleurs un élément masculin dans l’univers égyptien, incarné par le dieu Geb. Min est une autre divinité masculine vouée au maintien de la fertilité. Très ancienne divinité représentée quasi systématiquement de façon momiforme, il arbore invariablement un phallus en érection. Le dieu babouin Baba, dont l’aspect phallique est mis en valeur dès la rédaction des Textes des Pyramides, est également le garant de la fertilité humaine et animale. Bès, le nain d’aspect grotesque est également une personnalité divine étroitement liée à la fertilité sous toutes ses formes. A cette courte liste, on pourrait ajouter les noms d’autres dieux tels qu’Amon-Rê ou Rê. Procréation et naissance étant autant l’apanage des divinités masculines que féminines, il est tentant d’associer ce type de figurines masculines épanouies et prêtes à donner la vie à celles des figurines féminines appelées à tort « concubines du mort », prêtes à accueillir la vie. On remarque que certaines des divinités représentées ithyphalliques comme Min ou encore Bès sont étroitement associées à Hathor, déesse, entre autre, de la fertilité et de la fécondité. Ainsi, Min de Koptos est-il adoré en partenariat avec Hathor au Gebel Zeit, par exemple. Ce duo divin personnifie le pouvoir créateur par l’association des éléments masculins et féminins. G. Pinch évoque l’hypothèse qu’il était possible d’offrir des offrandes similaires à l’une comme à l’autre divinité (PINCH 1986, p.239). Bès, qui est également associé à Hathor sans pour autant en être son égal à l’instar de Min, reçoit de toute évidence des figurines ithyphalliques en offrandes et ce dès l’époque ptolémaïque au moins, notamment dans ses sanctuaires à Saqqarah. Hathor, dont uns des noms est « La Dame de la Vulve », est célébrée lors des festivals ayant lieu à Edfou. Au cours de l’un deux, elle est présentée avec le phallus de Rê-Atum. Selon la cosmogonie égyptienne, c’est en effet par la masturbation que le démiurge engendra les autres divinités. Hathor est parfois identifié à la main du dieu qui a permis la masturbation créatrice ou même à son sperme. L’offrande de phallus votifs à la déesse en cette occasion permettait peut-être donc de revivre cette union originelle. L’exhibition du sexe masculin était peut-être aussi l’équivalent de l’anasyrma, ce geste consistant à dévoiler son sexe, qu’Hathor avait exécuté afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie. Le phallus, symbole évident de fécondité et de fertilité, peut faire office d’offrandes à plusieurs divinités, notamment à Hathor et ils ont été retrouvés en nombre conséquent dans des sanctuaires dédiés à Hathor, notamment à Deir el-Bahari. Pour autant, la vocation exacte de ce type d’objet reste quelque peu vague. Un seul phallus inscrit est connu à ce jour, dédié par le scribe Ramose à Hathor. Il date du Nouvel Empire et a été retrouvé à Deir el-Medineh. L’inscription est difficile à interpréter, s’agit-il d’une supplication pour avoir des enfants ou bien pour être régénéré au sein du temple ? Un autre phallus en stéatite, de provenance inconnue, porte le cartouche de Thoutmosis III (Conservé au musée national d’histoire et d’art du Luxembourg (Inv. N° 2012-025/0004). Il est d’une longueur de 10,65 cm et d’un diamètre de 1, 95 cm. En contexte égyptien, le phallus humain est non seulement associé à la fertilité humaine mais également au mondes végétal et animal. La figurine Co. 2358 est donc à considérer soit comme un objet apotropaïque, soit comme un objet rituel destiné à favoriser l’union de la déesse Hathor au principe masculine et permettant ainsi la régénération permanente des éléments.
La collection égyptienne du musée Rodin possède deux autres figurines ithyphalliques, à savoir les figurines Co. 2510 et Co. 2518.
La figurine Co. 2358 s’inscrit dans cette longue tradition égyptienne des erotica. Comme ce n’est pas seulement un phallus qui est représenté, mais un personnage tout entier, il s’agirait plutôt d’un ex-voto qu’un objet rituel. On observe que le personnage, outre qu’il est dépourvu de vêtement et de bijoux, est également dépourvu d’autres attributs particuliers, constante sur ce type de figurines. Les traits du visage rappellent ceux d’un animal plus que ceux d’un homme. Il faut sans doute y voir le visage d’un singe, animal qui offre souvent sa tête à de nombreuses figurines ithyphalliques. Avatar du dieu ithyphallique Baba, le singe possède une forte connotation érotique. C’est en effet sous ces traits que sont représentés beaucoup d’hommes dans de nombreux graffiti érotiques. L’animal n’est pas seulement lié à l’érotisme, mais également à la déesse Hathor et le Mythe de la déesse lointaine rappelle qu’elle fut apaisée grâce au son de la harpe produit par un singe. Il n’y a donc pas la volonté ici de mettre l’accent sur la virilité masculine humaine mais sur l’importance religieuse de l’objet. La figurine emprunte également un élément iconographique que l’on retrouve surtout chez le dieu Harpocrate : le pot. Symbole de la prospérité, il vient renforcer l’ensemble de la symbolique de la figurine. Cet élément se retrouve sur d’autres figurines ithyphalliques, bien sur son emplacement varie d’une figurine à l’autre (voir la figurine numéro EA90351 du British Museum. Comme la plupart des ex-voto ithyphalliques, la figurine Co. 2358 porte les restes de pigments ocre, ces mêmes pigments que l’on retrouve sur beaucoup d’autres objets du même type. Comme bien souvent, le sculpteur a insisté sur les détails du pénis en érection, laissant un aspect plus frustre au corps du personnage. La figurine Co.2358 partage un certain nombre de traits communs avec les figurines retrouvées à Naucratis dont certains personnages enlacent leur pénis tendu à l’horizontale, à l’instar des figurines conservées au British Museum sous les numéros d’inventaire 1965,0939.939, ou encore 1965,0930.935.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 233, "Figure obscène en calcaire. Long. 10 cent. Estimée dix francs."
Donation Rodin à l'Etat français en 1916.
L'oeuvre était exposée à l'hôtel Biron en 1913, dans une préfiguration du futur musée.