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Fragments de bas-reliefs de la Chambre de Pount

ÉGYPTE > WANNINA > temple d'Athribis

BASSE ÉPOQUE, EPOQUE PTOLÉMAÏQUE

[VOIR CHRONOLOGIE]

CALCAIRE

Co. 1410 H. : 122,5 CM ; L. : 66,5 CM ; P. : 10 CM  Co. 1411 H. : 135 CM ; L. : 79 CM ; P. : 10 CM

Co. 6346 H. : 46,5 CM ; L. : 92 CM ; P. : 7 CM

Co. 6402 H. : 46,5 CM ; L. : 72 CM ; P. : 10,5 CM

Co. 6405 H. : 44,5 CM ; L. : 43 CM ; P. : 7 CM

Co. 6406

Dimension totale de la reconstitution : H. : 177 CM ; L. 116 CM

Commentaire

Description

Ces bas-reliefs proviennent du temple d'Athribis, dont les ruines sont situées au pied de la chaîne de montagnes du Gebel Adrîba, près du village moderne de Nag' al-Shaykh Hamad. L'ancienne colonie est située à environ sept kilomètres au sud-ouest de Sohag et appartient donc au 9e nome de Haute-Égypte dont la capitale, Akhmim, est située à l'est d'Athribis. Le temple a été construit par Ptolémée XII (81-58 et 55-51 av. J.-C.), mais l’aménagement des décors a perduré jusque sous l’empereur Domitien (81-96 ap. J.-C.). On y vénérait la déesse lionne Repit ainsi que son mari Min et son fils Kolanthes.1

 

Les blocs du Musée Rodin appartiennent à une chambre dont la construction fut initiée sous Ptolémée XII et achevée sous Tibère (F 6).2 Selon les inscriptions, la chapelle était appelée, entre autres, "Chambre de Pount" et "Chambre de la Terre de Dieu". À l'époque de la construction du sanctuaire, ces toponymes désignaient les régions d'Afrique du nord-est et les régions arabes d'où étaient importés l'encens et la myrrhe vers la vallée du Nil.3

 

La chambre appartient à un complexe composé de trois pièces (pièces F 4-F 6), auquel on accède par le déambulatoire occidental (voir plan). Cet espace est communément identifié comme étant le "laboratoire" ou "atelier des onguents" du temple.4 Ces dénominations sont toutefois trompeuses, car les onguents et autres produits parfumés étaient certainement préparés à l'extérieur du temple. Il s'agit plutôt d'une sorte d’entrepôt.5 Les inscriptions sur les murs énumèrent les substances et les parfums nécessaires à la fabrication de ces produits, comme c’est le cas également dans le dit “laboratoire” du temple d’Horus à Edfou.6 Les soubassements sont quant à eux décorés des célèbres représentations d'encens et d'arbres à myrrhes.

 

Tous les blocs proviennent du premier registre du mur ouest de la pièce. Ils représentent cinq scènes rituelles dans lesquelles le roi, accompagné dans un cas de la reine, présente aux dieux des offrandes étroitement en lien avec le thème général de cet "atelier des onguents". Le parallèle entre les dons et la fonction de la pièce est particulièrement claire pour la styrax, le bois léger/encens (F 6, 23) et les arbres S#w (F 6, 24), car ces produit servent directement à la fabrication de parfums et d’encens.7

 

Le lien est cependant moins frappant pour l’œil oudjat (F 6, 25) et les deux sacs de peinture minérale pour les yeux (F 6, 26). Force est de constater que tous deux incarnent des caractéristiques de Min, l'une des trois divinités principales du temple. Connu comme le seigneur du désert oriental, abondant en minéraux, ce dieu est associé aux pierres précieuses et à des minéraux, telles que la malachite et la galénite, exploités pour la fabrication de la peinture pour les yeux vertes et noires.8 De plus, Min était un dieu protecteur de l’astre lunaire, ce qui pourrait donner sens à la consécration d’un œil oudjat, symbole de la pleine lune 9. Dans la "chambre de Pount", cependant, cette offrande n'est pas donnée à Min, mais à une divinité féminine. Il faut donc chercher ailleurs l’explication de la présence de cette offrande. L'inscription accompagnant la scène de consécration nous apprend que l'œil oudjat est composé de matériaux importés de Pount et du pays du dieu, paraphrasé comme "choses splendides" (#Xw). Il est probable que les scribes faisaient ici référence à des minéraux précieux extraits dans le territoire de dieu Min. Cette interprétation est confirmée par un texte rituel connu de plusieurs temples. Celui-ci décrit en détail les différents matériaux composant la fabrication d’un œil oudjat, apparemment utilisé dans les rituels, à savoir des minéraux et diverses plantes10. Ainsi, en regardant sa matérialité et non ce qu’il symbolise, on comprend que cet oeil oudjat correspond parfaitement au thème général de la dite « chambre de Pount ».

 

En résumé, le « laboratoire » d'Athribis contient des inscriptions et des représentations relatives aux produits « exotiques » de cette région lointaine que les anciens Égyptiens appelaient Pount ou Terre de Dieu. Les substances sacrées sont avant tout des plantes qui dégagent une odeur parfumée lorsqu'elles sont brûlées, ou qui peuvent être transformées en onguents et encens odoriférants. Les minéraux de Pount semble y jouer un rôle moins important, bien qu’ils soient des ingrédient essentiels pour la fabrication de la peinture pour les yeux. Onguents et minéraux participent ainsi à l’embellissement des statues de culte.

 

Les inscriptions mettent également en avant le contrôle militaire exercé par le Roi sur la région du Pount. Bien que cela ne correspond pas la réalité historique, cette idée reflète la conception égyptienne de l’ordre du monde (m#ot)11 dont le Pharaon est pleinement maître. Cette suprématie étant accordé par Dieu, le roi pouvait accéder à tout moment aux ressources très prisées de cette région. En consacrant ces offrandes, le rituel restitue les produits créés à leurs divinités créatrices. Ainsi, le roi maintient en vie le culte du temple et par conséquent l’Égypte toute entière. 12

 

Notice rédigée par Stefan Baumann (Trier University) & Carolina Teotino (University of Tübingen)

 

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FRAGMENT DE STELE AU NOM DE KAÂHAEF

Provenance > Égypte > Dahchour (probablement)

Ancien Empire

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire

H. 0,195 ; L. 0,149 ; P. 0,048

Co. 1025

Commentaire

Etat de conservation

L’état fragmentaire de ce relief est consécutif à des cassures. Si trois chants correspondent bien des cassures, le chant droit est, quant à lui, bien dressé. Malgré un profil légèrement incurvé et des stigmates d’arrachement, celui-ci semble d’origine. L’encadrement visible à l’extrémité droite ainsi que la terre d’enfouissement conservée à cet emplacement le confirment. La pierre n’est pas pulvérulente, mais les volumes légèrement proéminents sont épaufrés. Aucune polychromie n’est visible.

Description

Le fragment de relief Co. 1025 correspond à une portion d’inscription, disposée en colonne. Les signes étant orientés vers la gauche, leur sens de lecture s’effectue de droite à gauche. Trois signes hiéroglyphiques sont encore identifiables. Tout d’abord le signe d’une paire de bras, maniant un bouclier de la main gauche et une massue de la main droite (Gardiner’s Sign List D34 : ʿḥȝ). Il est suivi du signe de la vipère à corne (Gardiner’s Sign List I9 : jt/f). Le troisième et dernier signe est l’image d’un personnage dont la partie inférieure du corps a disparu dans la cassure. Ce signe est à comprendre comme un déterminatif masculin, placé derrière le mot. Tout autour, les fonds sont descendus, laissant les motifs en léger relief. Un bandeau d’encadrement est conservé à l’extrémité droite du fragment.

 

Les signes sont soigneusement détaillés, comme en témoignent les traitements internés de chacun. Le personnage, par exemple, est coiffé d’une perruque souple à larges mèches, qui recouvre ses oreilles. Son cou est orné d’un collier-ousekh et une large pièce d’étoffe, placée en biais sur son torse, se devine encore.

 

L’inscription conservée est très probablement un nom, à lire Kaâhaef. Comme l’a signalé Jean Sainte-Fare Garnot dans son étude inachevée et inédite de la collection Rodin, le relief Co. 1025 serait à rapprocher d’une grande stèle architecturale morcelée, de type « fausse-porte » en façade de palais, trouvée à Dahchour en 1894 et dont le propriétaire porte le même nom que le fragment du musée Rodin (MORGAN 1895, pp 12-13 et fig. 12 p. 12). Jacques de Morgan en offre la description suivante : "La cavité ménagée dans la paroi occidentale de cette chambre était probablement autrefois occupée par une grande stèle de calcaire, car on a rencontré dans les décombres qui remplissaient le tombeau un grand nombre de fragments de ce monument".  Il publie un dessin au trait du fragment Co. 1025 parmi les autres en indiquant qu'il a été trouvé dans un mastaba de briques crues, dans la salle c. Il montra le fragment à l'égyptologue américain William Stevenson Smith (1907-1969) qui confirma le lien entre le personnage cité sur le fragment et celui du prince Kaâhaef, fils du roi Snéfrou.

Ce monument est en partie publié dans le catalogue du musée du Caire (voir CGC N° 1381 à 1383 dans BORCHARDT 1937, pp. 41-42 et CGC N° 1672 dans BORCHARDT 1964, p. 129). Le fragment Co. 1025 ne se retrouve pas exactement dans la publication des fouilles de Dahchour, ni dans le catalogue du musée du Caire. Force est de constater que, soit les relevés de la grande stèle de Dahchour sont restés imprécis, soit qu’il proviendrait d’un autre monument, encore à identifier.

 

Le relief Co. 1025 serait donc l’élément d’une grande stèle architecturale de type « fausse-porte » de l’Ancien Empire, en façade de palais. Ce type de fausse-porte, aux redans inscrits en colonnes, est rare, mais attesté pour cette période (voir BAUD 1999, N° 68 de son corpus). Attribuer le fragment de Rodin à la grande stèle de Dahchour semblant une hypothèse très plausible, Kaâhaef aurait été dans ce cas un fils charnel et prêtre du roi Snéfrou, à qui les hautes fonctions politiques, militaires et religieuses de général, de chef du conseil royal des dix, de directeur des travaux du roi et de directeur des prophètes auraient été confiées.

 

Inscription

Une inscription, placée en colonne, est partiellement conservée. On peut y lire les deux derniers signes d’un nom propre, suivis du déterminatif masculin. Le sens de lecture des signes s’effectue de droite à gauche.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

BOREUX 1913 : Biron, au grenier chambre n° 5, 116, "Fragment en calcaire d'époque archaïque, représentant la partie supérieure d’un personnage tourné vers la droite, ayant sur les épaules l’écharpe transversale. Au dessus de lui deux bras tenant le bouclier et la manne (les signes  [hiéroglyphes] et  [hiéroglyphes]. 20 x 15. Estimé deux cents francs."

 

Donation Rodin à l'Etat français en 1916.

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Ptahhotep et son épouse Asetouret

Fragment de groupe statuaire

Égypte > probablement Saqqara

Basse Époque, début de la XXVIe dynastie

Quartzite

H. 13,5 CM ; L. 26,8 CM ; P. 13,5 CM

Co. 3496

Commentaire

Etat de conservation

Toute la partie supérieure de la statue manque. Elle a été cassée à la fois horizontalement et verticalement, au niveau de la taille des personnages. Par conséquent, seules leurs jambes sont conservées – avec les avant-bras reposant sur les cuisses – ainsi que le socle rectangulaire, dont l’angle avant gauche est cassé. Une toute petite partie de l’abdomen de l’homme est encore visible. L’état général de conservation de l’œuvre est bon. Cependant, des abrasions et des épaufrures ont été relevées en plusieurs endroits, en particulier sur les arêtes du socle, le bord du pagne de l’homme, l’extrémité de ses doigts et son genou gauche. Les côtés de l’œuvre sont d’origine. Aucune trace de polychromie n’a été observée.

Description

Cette partie inférieure d’un groupe statuaire figure un homme et une femme, selon les conventions égyptiennes de représentation des deux sexes. Ils sont assis sur un socle rectangulaire. L’homme est assis en tailleur, il porte un pagne qui s’arrête au-dessus de ses genoux. Sa main droite repose à plat sur le vêtement, tandis que sa main gauche est repliée sur le bord du tissu. À sa droite une femme est assise sur les talons, les jambes repliées sous elle. Ses pieds ne sont pas conservés. On devine qu’elle porte une robe dont l’extrémité arrondie est visible sur les genoux (vue de face). Les mains de la femme reposent à plat sur ses cuisses. Les corps des deux personnages ne se touchent pas, l’espace entre eux n’a pas été évidé. Les jambes musclées de l’homme sont particulièrement détaillées – avec indication des genoux, des mollets et de l’arête des tibias –, ce qui contraste avec l’absence de pieds. Bien que les mains ne présentent aucun relief, on notera le modelé rond des avant-bras et l’indication de l’os du poignet sur le bras gauche de l’homme. Une inscription hiéroglyphique, gravée sur le vêtement de chacun des personnages, donne leurs noms : Ptahhotep et Asetouret. [Consulter l’onglet inscription]. Dans l’art égyptien, les statues de couples, tant royaux que privés, sont attestées depuis l’Ancien Empire et jusqu’à la fin de la civilisation, bien que de nombreux exemples soient connus à partir du Nouvel Empire (XVIIIe dynastie, vers 1550-1295 av. nè). L’homme et la femme sont généralement traités à égalité, tant dans les dimensions que la posture : assis côte à côte sur un siège rectangulaire à haut dossier, une main posée sur la cuisse, un bras passé dans le dos du conjoint. Leurs noms, accompagnés de leurs titres et fonctions, sont parfois gravés en colonne sur leur vêtement. Concernant le matériau, le calcaire est privilégié, mais d’autres pierres ont pu être utilisées. Néferhebef, sa femme et son fils (Louvre A57), en calcaire peint : Le gardien du trésor Youyou et sa femme Tiy (Louvre A116), en quartzite :  Nebouaou et son épouse (Metropolitan Museum of Art 19.2.3), en grès peint : 

 

Après l’époque ramesside, les statues de couple deviennent très rares, au profit des statues individuelles (Aldred, L’art égyptien, p. 195)

 

Comme une grande partie des sculptures égyptiennes, l’œuvre Co.3496 appartient au domaine funéraire. Placée dans une niche située à l’intérieur de la chapelle funéraire, une telle statue devait être le point central de l’hommage rendu au défunt et à son épouse. Les exemples mentionnés ci-dessus mettent en lumière l’originalité de Co. 3496, qui réside dans la posture asymétrique des personnages.

 

L’œuvre de la collection Rodin est caractéristique de la période saïte (XXVIe dynastie, entre 664 et 525 av. nè), période de renaissance culturelle, où les artistes vont puiser dans les modèles artistiques antérieurs (notamment l’Ancien Empire) pour affirmer la grandeur retrouvée de l’Égypte. Les particularités stylistiques de la statuaire de cette époque se retrouvent dans l’effigie de Nakhthoreb conservée au musée du Louvre (A94) : et ses parallèles au British Museum (EA 1646) et dans une collection privée, cf. PERDU expo 2012, doc. 7-9 p. 48-49. Bien que l’échelle et l’iconographie soient différentes de Co. 3496, le style est similaire : vêtement archaïsant, modelé des mains et des avant-bras, soin apporté à la représentation de l’anatomie des jambes. Il est possible d’imaginer Ptahhotep torse nu et portant la « perruque en bourse » de Nakhthoreb, caractéristique de cette période.

 

On peut également rapprocher Co. 3496 d’une statue de scribe acéphale de la collection Joseph Altounian, datée de la même époque et vendue aux enchères chez Artcurial le 17 septembre 2019 (lot 22). Il est intéressant de noter que Co. 3496 a justement été achetée par A. Rodin auprès de Joseph Altounian (1890-1954), antiquaire et collectionneur.

 

Historique

Acquis par Rodin auprès de Joseph Altounian en août-septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 90, "Fragment d'un groupe en grès représentant un personnage assis sur ses genoux et ayant sa femme à sa droite. La partie inférieure des deux personnages est seule conservée. L'un et l'autre porte une inscription entre les deux genoux, entre ceux de la femme on lit [hiéroglyphes] Très mutilé. Larg. 27 cent. Haut. 12 Estimé cent cinquante francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

La statue fut exposée à l’hôtel Biron "Au grenier chambre n° 5", parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Accolade du dieu Amon et de l’adoratrice du dieu Chépénoupet II

Montant de porte de chapelle

Égypte > Karnak-Nord
Troisième Période intermédiaire > XXVe dynastie
Grès
H. 14,5 cm ; L. 42,4 cm, P. 9 cm.
Co. 1412

Commentaire

Etat de conservation

La scène est dans un mauvais état de conservation. Ce bas-relief est composé de cinq morceaux assemblés et pour lesquels seulement quatre sont connectés. Si le montant droit présente des traces d’arrachage, celui de gauche est d’origine. Les visages de deux personnages ont disparu, complètement arrachés lors de la chute du bloc. Une saignée a aussi été pratiquée au niveau de la robe de la femme, probablement avant l’effondrement de la paroi. 

Description

La scène conservée au musée Rodin est de nature cultuelle et provenait, à l’origine, d’un sanctuaire. Sculptée en creux, elle représente la Divine adoratrice Chépénoupet et le dieu Amon-Rê, identifiables grâce aux légendes hiéroglyphiques. Ils se tiennent debout, face à face. De taille similaire, ils sont tous les deux coiffés d’une couronne à double plume. En dépit du mauvais état de la scène, il est possible de considérer que le dieu enserre de son bras droit le coude droit de Chépénoupet, tandis que son bras gauche se glisse derrière l'épaule du personnage féminin. Le style archaïsant de cette scène peut, par exemple, être comparé à une autre scène, provenant du montant est de l’avant-porte de la chapelle d’Osiris Heqa-djet à Karnak (voir PERDU 2018, p. 203-206 et fig. 1). Dans cette chapelle, c’est une déesse, Nehkbet, qui donne l’accolade au souverain Osorkon III. 
 
Le dieu est vêtu d’un pagne court simple, auquel une queue de taureau est attachée à l’arrière, et un corsage qui lui couvre une partie du buste. Alors que ses bras ne sont pas détaillés, la musculature des jambes est particulièrement bien marquée. À droite, la Divine adoratrice est vêtue d’une longue robe fourreau archaïsante à bretelles. Sa tête est couverte d’une dépouille de vautour à tête d’uraeus, surmontée d’une coiffe composée de deux hautes plumes fichées dans un mortier. Chépénoupet tient une croix-ânkh dans sa main droite et la massue blanche piriforme, signifiant le triomphe du roi sur ses ennemis, dans l’autre. 
Surmontant la scène, le vautour Nekhbet, aux larges ailes déployées, enserre le signe du cartouche avec ses pattes. Il est surmonté de la dernière ligne d’un texte aujourd’hui disparu. Enfin, au-dessus et au centre de la scène, entre les couronnes des deux personnages, des inscriptions mentionnent le nom d’Amon et celui de la Divine adoratrice.
 
Chépénoupet II, dont le nom d’intronisation est Moutiretrê Henoutnéférou, est la fille du pharaon nubien Piânkhy et sœur des pharaons Chabaqa et Taharqa. Elle servit comme Divine adoratrice durant les règnes de Taharqa et jusqu’à l’an 9 de Psammétique Ier. À Karnak, elle est impliquée dans de nombreuses constructions, qui mettent en scène son rôle cultuel. Durant son règne, elle partage sa fonction avec Aménardis II, puis avec Nitocris Ière, la fille du pharaon Psammétique Ier et fondateur de la XXVIe dynastie. C’est ainsi qu’elle apparaît aussi aux côtés de cette dernière au ouadi Gasus, afin de rendre officielle et concrète la nouvelle filiation. Chépénoupet II fut enterrée dans une chapelle à Medinet Habou, sur la rive ouest de Thèbes.
 
 
Les Divines adoratrices sont des prêtresses qui ont officié dans le cadre du culte d’Amon à Thèbes, à partir du Nouvel Empire. Épouses du dieu, elles ont joué un rôle cultuel majeur au sein du temple, mais aussi politique. En effet, ce titre d’ « Épouse du dieu », porté par des femmes de la famille royale, désigne une prêtresse qui entretient le dieu dans sa puissance, sa fertilité et dont la participation est requise dans les principaux rites de purification et de consécration d’offrandes. Par ce service cultuel apaisant la divinité, elles assurent la fertilité du Nil et le maintien de l’ordre cosmique. Bien que la majorité des Divines adoratrices officiait à Thèbes en tant qu’épouse d’Amon, elles pouvaient être associées à toutes femmes de dieu telles qu’Isis, Hathor, Ouaset ou encore Opet.
 
La charge d’ « Épouse du dieu » (ḥm.t-nṯr) apparaît à la fin du Moyen Empire, pour désigner certaines prêtresses au service de dieu ithyphalliques, comme Min ou Amon. La reine Âhmès Néfertari fut la première reine détentrice de ce titre. Par la suite, cette fonction s’est majoritairement transmise au sein de la famille royale.
En parallèle, durant la XVIIIe dynastie, une nouvelle charge apparaît, celle de d’ « adoratrice d’Amon » (dwȝ.t n.t nṯr n.t Jmn). Portée au départ par des femmes de l’élite sociale, ce titre incomba aux épouses ou les filles royales durant la XXe dynastie qui cumulèrent désormais les fonctions d’« épouse du dieu » et de « divine adoratrice ».
À la XXIe dynastie, sous le règne de Maâtkarê, l’avènement d’une nouvelle prêtresse s’accomplit par un couronnement et la fixation d’une titulature dans un cartouche, ce qui leur confère une supériorité et un attribut théologique sans précédent. C’est aussi à cette période qu’un troisième privilège royal leur est accordé, la présence d’un uraeus frontal sur leurs oushebti. Ces éléments autrefois réservés uniquement au roi, placent la Divine Épouse comme égale du souverain. Elle est ainsi représentée face aux dieux sur les reliefs des temples pour y accomplir la quasi-totalité des prérogatives royales liturgiques. Cette fonction se transmet alors par héritage, des successions qui furent souvent influencées par la politique interne de l’Égypte. On voit ainsi apparaître une dynastie de prêtresses entièrement consacrées au dieu par leur vie et leur célibat. Elles possèdent une cour et des biens matériels conséquents et, au fil du temps elle jouent un rôle de plus en plus important dans les affaires diplomatiques et politiques. 
 
 
Durant la XXVe dynastie, de nombreux monuments thébains furent érigés aux noms d’Aménirdis et de Chépénoupet II. Les chapelles osiriennes de Karnak-nord, de Médinet Habou, ou encore de Médamoud démontrent parfaitement le prestige et le statut exceptionnel de ces femmes. Le relief Co. 1412 provient très probablement du secteur nord du temple de Karnak.
L’orientation du vautour Nekhbet permet de comprendre qu’il s’agit du montant droit d’une entrée de chapelle. Sculpté en creux, ce relief peut être rapproché d’un montant de porte de la collection Bissing (LECLANT 1965, p. 189 [f]) conservée au Staatliche Kunstsamlungen Dresden, Inv. N° Aeg 829, anciennement en dépôt au musée égyptien de Leipzig (MORENZ 1982, n°6002).
 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 78, Bas relief (cassé en un très grand nombre de morceaux qui paraissent tous se raccorder) représentant la reine Shapenapit et le dieu Amon debout l’un devant l’autre ; ils sont tous les deux coiffés de la double plume. Entre eux le cartouche [hiéroglyphes] ; au dessus d’eux le vautour aux ailes déployées. Les figures du dieu et de la reine ont été restaurées très grossièrement. Haut. 1 mètre 45 Largeur : 42 cent. Grès. Karnak. Estimé mille six cent francs.
Donation Rodin à l’État français 1916.

 

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Roi sous la forme d'Harpocrate, tourné vers la droite 
Provenance > Égypte
Datation > Basse Époque ou Ptolémaïque
H. 45 cm ; L. 38 cm, P. 9 cm
Calcaire
Co. 6555
 

Commentaire

Etat de conservation

Le bloc a été découpé de manière arbitraire, sans tenir compte des deux colonnes de hiéroglyphes qui encadrent la figure royale. Les signes apparaissent donc tronqués et détériorés par les impacts d’outils. Des cassures et des épaufrures sont également visibles sur la totalité du relief. Malgré cela, la figure royale est encore bien identifiable et les détails qui composent la coiffure du souverain sont visibles.

Description

Le fragment est isolé de son contexte, mais il semble qu'il faut y voir la représentation d'un souverain sous forme d'Harpocrate. Le pharaon est coiffé de la double couronne, le Pschent, posée sur une perruque ronde à boucles. Un uraeus se dresse sur son front. Cet ornement royal a été fixé au moyen d’un bandeau, dont le nœud est identifiable à l’arrière de la tête du roi. Une tresse, ou « mèche de l’enfance » s’enroule autour de l’oreille droite du roi. Enfin, le cou du pharaon est ceint d’un collier ousekh à trois rangs de perles. En comparaison de l’aspect massif de sa coiffure postiche, surmontée d'une volumineuse couronne, cou et visage du roi semblent graciles. Figuré selon les canons de l’art égyptien, l’œil droit est visible de face, contrairement aux autres éléments de la face. Le nez est peu identifiable du fait d’une épaufrure. La bouche, petite et charnue, a été positionnée par le sculpteur assez haute, laissant ainsi de la place pour un large menton charnu. À l’avant de la bouche du roi, son index est encore visible mais tronqué par la découpe du bloc.
 
Les signes conservés suggèrent d'identifier sur ce relief Nectanébo Ier, couronné en 379 av. J.-C. et premier roi de la XXXe dynastie. Grand bâtisseur, il lança un programme de restauration des monuments dégradés durant la domination perse et d’édification de larges enceintes en briques dans le but de protéger les temples et les villes. Dans des sanctuaires, Nectanébo Ier poursuivit la tradition constructrice des roi égyptiens, en intervenant à Philae, Elkab, Moalla, Karnak, Abydos, Hermopolis Magna, Létopolis, Tanis, Mendès et Sébennytos.
 
Sur ce relief, le pharaon porte la « tresse de l’enfance », en référence au dieu Horus. Tout comme le dieu-enfant, il porte son index à la bouche. Sur ce relief, le pharaon est donc représenté suivant l'iconographie du dieu Harpocrate, dont le culte se développe au cours des périodes tardives. Sous son règne, plusieurs monuments témoignent de cet hommage (stèle Louvre IM2).
 
 
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère. Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 
 

Inscription

Devant le roi, et dans le reste du cartouche, on devine quelques minuscules traces qui pourraient correspondre au bord d’une forme circulaire, un soleil, et une patte de scarabée. Il serait alors possible de rétablir « Khéperkarê » (« Celui dont le ka s’est manifesté, c’est Rê »). Il s’agirait alors de Nectanébo Ier.

Derrière le roi, aucune restitution du texte à l'heure actuelle.

Historique

Sans.

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Protomé de lion

Support de mobilier ?

Provenance > Égypte ?
Datation > Époque romaine ?
H. 11,5 cm ; L. 3,8 cm ; P. 6,9 cm
Pierre dure, marbre ?
Co. 3108
 

Commentaire

Etat de conservation

L’objet, fragmentaire, présente un état de conservation moyen. Malgré une bonne préservation de la figure du lion, deux cassures sont à noter : au-dessus de la figure du lion et sous la crinière. De nombreuses épaufrures sont visibles et de la terre d’enfouissement est encore incrustée dans les incisions les plus profondes.

Description

Cette sculpture fragmentaire représente une tête de lion détaillée jusqu’à la crinière de l’animal. Les autres surfaces conservées ne sont pas décorées, mais laissés lisses. La tête de l’animal, quasi-symétrique, est particulièrement bien détaillée, au moyen d’incisions et du travail des volumes. La figure apparaît massive, une impression accentuée par un front plat parfaitement dans l’alignement du museau. Seules deux petites oreilles en pointes se détachent. Le museau est particulièrement épais, cachant quelque peu les deux yeux de l’animal. Le traitement de la gueule participe grandement à cette impression de masse, grâce à un traitement de la matière très en surface. L’artiste a ici cherché à conférer un aspect féroce à l’animal, en le représentant gueule entrouverte, laissant percevoir deux crocs imposants de part et d'autre de la bouche. Enfin, la crinière du lion est très peu développée. Présente au niveau du collier et très légèrement visible sous les oreilles, elle est signifiée au moyen d’incisions et d’un léger relief.
 
La base et l’arrière de la sculpture sont plans, suggérant que la tête de lion faisait partie d’un élément originellement posé au sol et contre un mur. Des supports ou des éléments de mobilier, en marbre, en forme de protomé de lion sont attestés pour l’époque impériale (Louvre MNE 527, Louvre MNE 528, Louvre MNE 529). Plus anciennement, durant l’Antiquité égyptienne, des figures de lion étaient employées, avec des modelés très différents, pour orner des pieds de meuble (Louvre E 13238, ou les sièges d’apparat représentés sur la stèle Musée Rodin Co. 982 et le relief funéraire Musée Rodin Co. 969).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Scribe

Partie supérieure d’une statue avec pilier dorsal

Provenance > Égypte
Datation > Nouvel Empire, époque ramesside, XIXe dynastie ?
H. 7,8 cm ; L. 4,6 cm ; P. 4,7 cm
Pierre dure noire
Co. 5615
 

Commentaire

Etat de conservation

Statuette fragmentaire en pierre, pour laquelle seule la tête et l’épaule gauche sont conservées. De nombreux chocs et épaufrures sont visibles sur toutes les faces de l’œuvre. Les cassures sont érodées, signalant une détérioration ancienne de la statue. Un pilier dorsal, soutenant la tête et destiné à recevoir des inscriptions, est partiellement conservé. De la terre d’enfouissement est toujours incrustée.

Description

La statue représente un homme, dont la position initiale ne peut être déterminée à cause de l’état trop fragmentaire de l’œuvre. Le personnage est vêtu d’une tunique en lin possédant des manches bouffantes et plissées qui couvrent une partie de ses bras. Il est coiffé d’une perruque à frisons à deux pans, dont le niveau inférieur est bouclé. 
En dépit du mauvais état de conservation, les traits du visage apparaissent fins, traités en léger relief. Les sourcils sont épais et légèrement arqués, les yeux sont frands, le nez et la bouche étroits, ce qui tranche avec le visage rond et le cou assez massif.
À l’arrière, un pilier dorsal quadrangulaire soutient la totalité de la tête de l’homme. Sur ce support plan, une colonne de hiéroglyphes incisés en creux, aujourd’hui quasiment disparue. Elle indiquait le nom et le statut social du personnage représenté. 
 
Ce type de statue est très courant durant l’Antiquité égyptienne. Le style et l’habillement du personnage permettent de dater la statue Co. 5615 de la fin de la XVIIIe dynastie ou du de l’époque ramesside (voir le parallèle Louvre E15568). Au Nouvel Empire, ces monuments étaient placés dans les temples ou dans les lieux de pèlerinage, afin de témoigner de la dévotion aux divinités, de bénéficier des offrandes présentées lors des rites, mais aussi pour que les visiteurs prononcent les noms et commémorent les hauts personnages des temps anciens. Malheureusement, le fragment d’inscription conservé sur le pilier dorsal ne permet pas de connaître l’identité du propriétaire de cette statue.

Inscription

n kȝ n "pour le ka de" encore visible sur le pilier dorsal.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Statue théophore

Homme debout, présentant devant lui l’effigie d’Osiris

Provenance > Égypte
Datation > XXVIe dynastie (règne de Néchao II)
H. 36 cm
Pierre calcinée  
Co. 5986
 

Commentaire

Etat de conservation

La statue est en très mauvais état de conservation. Néanmoins, douze fragments peuvent être rapprochés, ce qui permet de restituer l’aspect général du monument. Le visage du personnage est manquant, tout comme une partie de son flanc gauche. Les nombreuses cassures et épaufrures ne permettent pas d’apprécier les détails et de lire la totalité des inscriptions. La statue, calcinée, a probablement éclaté en plusieurs fragments sous l’effet de la chaleur. Fragilisée par cette exposition au feu, elle se serait décomposée en plusieurs autres fragments par la suite.

Description

Le dédicant est figuré debout, présentant l’effigie du dieu Osiris. Il est coiffé d’une perruque évasée, proche du modèle dit « en bourse », qui lui retombe sur les épaules. Il est vêtu d’une longue jupe plissée à devanteau, contre lequel la représentation d’Osiris est appuyée. Ses mains enserrent les avant-bras du dieu, dans un geste de présentation d’offrande et de dévotion. Le très mauvais état du monument empêche d’apprécier le traitement des membres et de la musculature.
L’image divine, quant à elle, est de plus petite taille et repose sur un support quadrangulaire positionné directement sur la base même du monument. La présence d’un socle distinct indique bien que l’on est confronté ici à une représentation du dieu et non au dieu lui-même. La divinité est figurée momiforme, coiffée de la couronne blanche de Haute-Égypte. Osiris a été représenté selon une iconographie classique, avec la barbe-postiche et en train de croiser ses bras devant sa poitrine. Dans ses mains il tient les insignes de son ancien pouvoir terrestre, le sceptre-héqa et le « chasse-mouche ». Le corps divin est soutenu par un pilier dorsal, qui permet également de prévenir tout contact physique direct avec le dédicant.
 
En signe de dévotion, les particuliers déposaient des statues à leur effigie dans les temples divins. Une telle pratique leur permettait de bénéficier des offrandes quotidiennes offertes aux dieux. La divinité honorée dans le lieu était alors mentionnée dans les formules d’offrandes au sein desquelles elle est sollicitée. Ces statues déposées dans l’enceinte rituelle pouvaient prendre de nombreuses formes tout au long de l’époque pharaonique. À partir du Nouvel Empire, l’effigie divine est parfois associée au particulier qui peut désormais prendre différentes postures – agenouillée, debout ou assise – afin de montrer sa dévotion. On distingue le type de figure divine présentée (les statues théophores – qui montrent une image divine –, des statues stélophores – qui présentent des stèles – et des statues naophores – qui présentent un naos). Le musée Rodin conserve par exemple une statue-cube dite « sistrophore », où le dédicant offre un naos contenant l’emblème d’Hathor : un sistre à tête d’Hathor (Co. 5697). Mais, c’est surtout au cours de la Basse Époque que l’on dénombre une grande diversité des statues intégrant l’image divine, qu’il s’agisse de la position du particulier, de la forme que prend le dieu ou encore les divinités choisies.
 
La statue Co. 5986 peut être datée avec précision, grâce à la mention du pharaon Ouhibrê sur le bras droit du dédicant. Il s’agit du nom de couronnement du roi Néchao II, fils de Psammétique Ier. En dépit de son mauvais état de conservation, la statue est caractéristique de la XXVIe dynastie. Les proportions sont fines et élancées, et le style s’inscrit dans la tradition de la sculpture saïte. Il est possible de rapprocher cette œuvre de nombreuses statues théophores produites à la même époque, notamment des statues Louvre E4299 et Louvre N868, Rodin Co. 881, ou encore de l’effigie en bois Louvre E3187.

Inscription

Inscriptions hiéroglyphiques sur les bras de l'homme, sur le socle d'Osiris, sur le socle principal et sur le pilier dorsal.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 280, "Statuette d'un personnage debout tenant devant lui un Osiris également debout, sur un socle. Le visage du personnage a disparu presque entièrement et tout le monument au reste est très abimé. Restes d'une inscription sur tout le pilier dorsal lequel a été restauré. Sur le socle en avant du groupe, inscription de deux lignes dont il parait résulter que le personnage était le fils de [hiéroglyphes]. Monument sans intérêt et d'une épigraphie douteuse. Epoque saïte. granit gris. Haut. 36 cent. Estimé cinquante francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

Commentaire historique

La statue fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Relief, modèle de sculpteur ?

Tête de roi tournée vers la droite

Provenance > Égypte
Datation > Époque ptolémaïque ?
Calcaire
H. 15,1 cm ; L. 12,4 cm ; Pr. 1,5 cm
Co. 3407
 

Commentaire

Etat de conservation

Le relief est fragmentaire. La surface est légèrement émoussée et l’épiderme est marqué par de nombreuses griffures, mais la pierre est saine. Des restes de polychromie ocre-rouge sont encore visibles.
Le cadre du bois est sain également. Sur la face du cadre, quelques taches sont dues à la présence d’eau qui a drainé l’encrassement sous forme d’auréole. Une fente s’est ouverte à droite, sur la presque totalité de l’épaisseur. Après la mise en place du relief, le bois a probablement continué à sécher. Le bois, en se rétractant autour du relief, s’est fendu. Des taches d’oxydation au revers de l’encadrement sont dues au contact avec un objet métallique. Une analyse par rayons X a permis de constater que les vis internes de l’encadrement sont peu corrodées. 
 

Description

Fragment d’un bas-relief figurant une tête royale taillée dans du calcaire. Le plan du fond est descendu, laissant le modelé de la tête en relief.
Les chants ne sont guère visibles, mais ils correspondent à des cassures et ne pas semblent pas avoir été dressés. Ils correspondraient à une cassure. Le revers n’est pas visible.
 
La scène, fragmentaire, montre la tête d’un pharaon anonyme, de profil, tourné vers la droite. La représentation ayant été coupée au niveau du cou, l’image est incomplète. Il porte le nemes au modelé lisse, flanqué d’un uraeus, et une barbe postiche. En raison du découpage moderne du bloc, leur image est incomplète.
Le modelé interne est très peu détaillé et seuls l’œil, le nez, la bouche et l’oreille ont reçu une véritable attention. L’œil droit  est bien dessiné et les sourcils, légèrement arqués, sont distingués par un très léger relief extrêmement fin. Des restes de polychromie ocre-rouge sont conservés dans les zones proches de cet œil. Au même niveau, et dans le prolongement de l'oeil, l’oreille droite apparaît particulièrement haute et trop petite. Le nez est long et les narines sont bien détaillés. La bouche est petite avec des commissures bien marquées. Enfin, le lien qui attache la barbe postiche par l’oreille est bien visible, ainsi que les plis du cou royal.
 
Le fait que les bords de ce relief correspondent tous à des cassures non dressées ne permet pas de l’identifier avec certitude comme un modèle de sculpteur. Néanmoins, la présence d’ocre-rouge, l’absence de modelé interne au visage et de détails sur le nemes, ou encore le départ net et perpendiculaire des épaules à la base du cou, sont des éléments qui laissent supposer que l’objet Co. 3407 pourrait être une ébauche à destination des artistes. Enfin, il est possible de rapprocher cette œuvre du CGC 33.414, identifié par Campbell Edgard comme un modèle de sculpteur (EDGARD 1906, p. 58, pl. XXIV).
En l’absence d’inscription, la datation du relief demeure délicate, bien que d’après le style il pourrait être attribué à l’époque ptolémaïque. En effet, le modelé du visage, l’oreille haute et en relief, le pan du nemes tombant relativement bas au niveau de la poitrine du roi, mais aussi la barbe postiche en relief rappellent la représentation de Ptolémée VIII – Evergète II conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon (E501-1728).
 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 47, "Modèle en calcaire peint : tête royale trounée vers la droite, à laquelle il manque la plus grande partie de la coiffure. Haut. 15 ; Larg. 12. Estimé cinquante francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

Du vivant de Rodin, le relief était exposé à l'hôtel Biron.

L'artiste demanda à l'ébéniste japonais Kichizo Inagaki de l'enchâsser dans un cadre en bois exotique, entre 1913 et 1916. Ce cadre permettait de poser l'objet dans une vitrine et non de l'accrocher au mur.

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Lion-gardien couché, tourné vers la gauche

Égypte
Dernières dynasties période hellénistique et romaine 
H. 52 cm ; L. 93,5 cm ; P. 28,5 cm
Calcaire
Co. 1129

Commentaire

Etat de conservation

En raison d’une longue exposition en extérieur, dans le jardin de l’hôtel Biron à Paris, la statue est en mauvais état de conservation. La pierre présente des desquamations, des soulèvements et des boursouflures. Les volumes situés dans les zones de ruissellement sont très fortement érodés.

Description

Le lion, couché sur le flanc, repose sur un socle quadrangulaire. Sa tête est perpendiculaire à son corps et fait ainsi face au spectateur. Ses pattes antérieures sont croisées, tandis que ses pattes postérieures sont repliées, de façon à ce que la droite soit entièrement visible tandis que l’on aperçoit seulement une partie de la gauche. Enfin, la queue de l’animal repose longitudinalement sur le socle. Le lion est donc figuré calme, dans une attitude de repos. 
L’ensemble de cette statue est réalisé assez grossièrement, laissant apparaître un minimum de détails. Ainsi, la crinière est-elle seulement marquée par quelques traits et les modelés des membres semblent sommaires. Les yeux et le museau sont peu détaillés, la gueule est fermée.
 
Le lion est un sujet fréquemment représenté dans l’art égyptien dès le prédynastique. Même si la désertification du pays a provoqué son exode vers le sud au cours des hautes périodes, l’animal demeure dans l’imaginaire des Égyptiens un symbole de puissance jusqu’aux époques tardives. L’image asymétrique du lion couché apparaît sous le règne d’Amenhotep III, à la XVIIIe dynastie. Elle est reprise sous Toutankhamon, puis sous Ramsès II. Elle disparaît ensuite du répertoire monumental jusqu’à la XXXe dynastie, mais perdure sous la forme d’amulettes durant la Troisième Période intermédiaire et la Basse-Époque. En revanche, cette iconographie se répand dans tout le Proche-Orient et singulièrement à Chypre, au cours de l’époque achéménide.
 
Bien que la statue Co. 1129 soit très émoussée en surface, il est possible de la rapprocher des lions-gardiens exposés au Louvre et découverts dans le Sérapéum de Memphis (Saqqâra-Nord) par Auguste Mariette et datant du règne de Nectanébo II (Louvre N432A et N432B). Contrairement aux lions du Sérapéum, le lion du musée Rodin ne repose pas sa queue contre la base quadrangulaire. Au musée Grégorien du Vatican, deux lions similaires ont aussi été produits sous le règne de Nectanébo Ier (MV.22676 et MV.22677). Découverts à Hermopollis Parva, dans le Delta, ils ont été réalisés dans un bloc de granite. Ces deux lots de statues sont datés de la dernière dynastie égyptienne – la XXXe dynastie –, avant l’arrivée d’Alexandre le Grand dans le pays. Ces représentations de lions-gardiens, à la tête tournée vers l’entrée d’un bâtiment, allaient par paires. Sereins, maîtres de leurs forces, les félins en protégeaient l’accès. Cet élément architectural, représentatif de l’Égypte ancienne, a été repris jusqu’à nos jours comme décor dans différents bâtis.
 
Le musée Rodin conserve une statuette de lion qui peut être rapprochée de Co. 1129. La statue Co. 837 étant de dimensions bien plus modestes, il faudrait y voir un modèle de sculpteur plutôt que celle d’un ex-voto en forme de lion-gardien.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 77, "Lion couché sur une base anépigraphe. Calcaire. Style des lions du Serapeum, la tête est très redressée, la moitié gauche de la gueule manque et la base est très abimée. Long. 94 cent. Haut. 55 cent. Estimé quatre mille francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

Cette statue fut achetée auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi :  « 1 Lion modèle de sculp. couché (long. 0,80 cm) calcaire socle de la même matière. Il a été trouvé à Memphis, l’attitude de l’animal est très fière, le travail est fini, XVIII e dyn. Epoque à laquelle la sculpture animalière a atteint la plus haute perfection 1800 » (ALT 147, archives musée Rodin).

 

L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.

 

Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont la statue Co.1129 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.

La statue fut exposée sur une caisse de transport, au centre du vestibule de l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français. Elle y fut photographiée par Eugène Druet après mai 1913 (Ph.04097, 06034).

 

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