Relief en creux

Fragment d'inscription

Égypte > Provenance inconnue

Époques tardives - Époque hellénistique à romaine plus probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 0,15 CM ; P. 0,22 CM

Calcaire

Co. 3082

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Des marques d’outils s’observent sur les tranches ainsi que des restes de terre de fouille dans les cavités. Des traces ocre rouge sont conservées dans le creux de certains hiéroglyphes.

Description

Ce petit bloc de calcaire préserve une inscription hiéroglyphique. Si aucune des tranches ne semble d’origine, il a conservé une épaisseur conséquente (22 cm d’épaisseur). Les chants inférieurs et droits correspondent à des cassures ; les chants supérieur et gauche ont été nivelés à l’outil.

Le bloc est couvert d’une inscription en colonnes incomplète, incisée en profond creux par rapport au fond. Un bandeau vertical sépare chaque colonne et trois de ces bandeaux sont visibles sur ce relief. Le premier, situé à l’extrême droite, a partiellement disparu dans une cassure, le second est situé au centre du fragment et le troisième à gauche. Les signes étant orientés vers la droite, le sens de lecture des colonnes s’effectue de droite gauche. Leur lecture permet de comprendre que ce fragment correspond à la partie supérieure d’une inscription, dont le musée Rodin conserve deux colonnes incomplètes. La colonne de droite correspond à un début de texte « Dire les paroles par Osiris / l’Osiris …»).

Des traces ocre rouge sont visibles dans le creux de certains hiéroglyphes.

 

Selon le style graphique, il est possible de dater ce bloc de l’époque ptolémaïque ou romaine.

Historique

Une étiquette portant le numéro de dépôt au Louvre E 15563 est marqué sur une pellicule isolante à deux endroits, sur la tranche du dessus et droite.

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Relief en creux

Tête d’Osiris, tourné vers la droite face à un orant

Egypte > Provenance inconnue

Epoques tardives, probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,7  CM : P. 31,4 CM

Calcaire

Co. 938

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Sur l’ensemble de la surface ainsi que sur les tranches des éraflures, des traces de râpe et des griffures sont visibles. L’angle inférieur gauche est cassé. L’attache métallique au revers est oxydée. Présence de terre de fouille. 

Description

Sur ce bloc, le visage du dieu Osiris a été taillé en creux. L’image du dieu est incomplète ; dans sa partie inférieure, la représentation s’arrête à la base du cou et, dans la partie supérieure,  le haut de la couronne manque. Aucune des tranches du bloc n’est d’origine, toutes ayant été reprises à l’outil. Le revers a été complètement aplani. La coloration ocre brun qui recouvre la surface sculptée serait attribuable à une longue exposition du relief face contre terre. Les éraflures ont particulièrement endommagé certaines parties des motifs comme le sourcil du dieu ainsi que l’extrémité des phalanges de la main lui faisant face. On remarque de fines traces d’un enduit rose sur la tranche inférieure. Des inscriptions au graffite noir sont en partie visibles au revers et sur la tranche gauche. L’ancien numéro d’inventaire de ce relief est DRE 186.

 

Le dieu, tourné vers la droite, est représenté coiffé de la couronne Atef à laquelle sont ajoutées des cornes de bélier. Un uraeus, dressé sur son front, protège la divinité. L’ébauche d’une barbe postiche, droite, semble se distinguer dans le prolongement de son menton. Il arbore ses attributs habituels, à savoir le sceptre heqa dont on voit la crosse à droite et le flagellum dont l’extrémité supérieure se distingue derrière le dieu, à l’extrémité inférieure gauche du fragment. L’intégralité du relief a été taillée en creux, à l’exception de l’oreille qui se détache du fond en relief. Il faut peut-être y voir ici une évocation de la piété populaire qui désigne les divinités comme « à l’écoute » des prières et des adorateurs. La scène incluait un autre personnage dont on distingue la main droite, élevée à hauteur du visage du dieu. Ce personnage effectuait un acte d’adoration devant l’image du dieu.

 

Osiris est une des divinités les plus importantes du panthéon égyptien. Au IIème siècle, Plutarque rédigea De Iside et Osiride, seul récit complet, malgré quelques incohérences, de la légende osirienne. Nous devons aussi notre connaissance du mythe et du culte d’Osiris à d’autres auteurs classiques tels que Hérodote, Strabon, ou encore Diodore de Sicile. Plutarque nous raconte comment Osiris fut mis au monde par Nout le premier des cinq jours épagomènes et comment il apporta la civilisation au peuple d’Egypte. Mais Seth, son frère jaloux, fit construire un sarcophage à ses dimensions et promit, lors d’un banquet, de l’offrir à celui qui pourrait s’y allonger. Quand ce fut le tour d’Osiris, il referma le couvercle, le fit jeter dans le Nil où il atteignit la mer par la branche Tanitique. Sa sœur et épouse, Isis, ayant apprit qu’Osiris était arrivé devant Byblos, parti à sa recherche. Une nuit, Seth le retrouva et le découpa à la hache en quatorze morceaux qu’Isis parvint à retrouver dans les marais du Delta. Elle aurait offert une sépulture à chaque morceau ou bien, selon d’autres, elle aurait fabriqué des simulacres du corps afin que son époux soit adoré dans toutes les villes d’Egypte. Néanmoins, elle ne put retrouver son membre viril, dévoré par des poissons. Néanmoins, par une union posthume, Isis et Osiris engendreront un héritier, Horus. Plusieurs représentations où Isis plane (sous la forme d’un milan) au-dessus du corps de son défunt époux figurent cet acte (voir par exemple dans le temple de Séthi Ier à Abydos).

 

Dès lors, Osiris sera le dieu des morts, de la renaissance, de la végétation et du jugement des défunts avec comme particularité de n’être associé à aucune forme animale, presque toujours représenté de façon momiforme, Dans certaines représentations, la partie supérieure de son corps était remplacée par un pilier-djed. Le dieu est également reconnu dans la constellation d’Orion tandis qu’Isis se manifeste en Sothis, l’étoile annonçant l’inondation. Si l’étymologie de son nom Wsjr reste énigmatique, sa graphie, comportant un trône, souligne l’une des  caractéristiques d’Osiris, qui était de siéger comme un roi.

 

Au premier millénaire, Osiris sera l’objet d’un culte plus prestigieux que celui d’Isis. Osiris voit alors sa personnalité et ses rites se démultiplier, certains rituels variant en fonction des localités. Dieu ressuscité, il polarisa en quelque sorte les espoirs d’une population déstabilisée par différents troubles politiques. Si paradoxalement peu de temples lui furent entièrement consacrés, chaque grand sanctuaire se vit doté d’une chapelle dédiée à son culte.

Inscription

Anépigraphe.

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Fragment de bas-relief

personnage masculin assis, tourné vers la gauche

Égypte > provenance inconnue

Nouvel Empire ou Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,6 CM ; L. 15,9 CM ; P. 2,2 CM

Calcaire polychromé

Co. 907

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre, fragmentaire, est en assez bon état de conservation et a conservé une partie de sa polychromie.

Description

Ce fragment de bas-relief en calcaire donne à voir la partie inférieure d’une scène sculptée en creux, dont seule une figure masculine est conservée.

On observe en effet un homme agenouillé sur une jambe, le genou droit replié, et la main gauche posée sur la cuisse. Une épaisse ligne en creux, autrefois peinte en bleu, pourrait figurer la ligne de registre ou un élément au sol. 

Le caractère lacunaire du fragment, en particulier le fait que la figure soit coupée à mi-corps et qu’aucune inscription ne soit présente, ne permet pas de préciser le contexte iconographique auquel ce personnage masculin appartenait, si ce n’est sans doute une paroi de chapelle funéraire.

 

La forme du pied au sol, dans le prolongement de la jambe, et le détail soigné des doigts de la main gauche, associés aux analyses des pigments effectuées par S. Pagès-Camagna au C2RMF suggèrent une datation au Nouvel Empire, sans qu’il soit permis d’être plus précis dans l’état actuel de nos connaissances. Le relief pourrait dater également de la Basse Époque.

 

Un raccord semble probable avec le fragment de bas-relief Co. 903 (partie supérieure du personnage).

Œuvres associées

Co. 903, probablement.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’ État français en 1916.

 

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Fragment de bas-relief funéraire

Égypte > provenance inconnue (région memphite ?)

Ancien Empire > IVe - Ve dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 31 cm ; L. 55,5 cm ; P. 9 cm

Calcaire

Co. 5895

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation.

Description

Cette grande plaque de calcaire conserve partiellement deux registres sculptés en léger relief levé, illustrant le déplacement de grands herbivores.

Au registre supérieur, on distingue se dirigeant vers la gauche un capri-ovidé (vraisemblablement un ibex, d’après la barbiche caractéristique de l’animal) dont la marche est guidée par un homme, conservé à mi-corps, et les contours d’un second capri-ovidé, dont on peut discerner les pattes et le poitrail.

Le second registre, dont le décor est davantage conservé, révèle la partie supérieure d’un défilé de bovidés (reconnaissables à leurs cornes en forme de lyre, visibles aux extrémités du bloc), scène autrefois décrite par une légende textuelle, dont il ne reste que quelques caractères hiéroglyphiques, disposés en ligne, où l’on peut notamment lire jwA - « bœufs iona ». Selon une pratique fréquente en Égypte, les bœufs en file indienne servent ici de déterminatif au substantif jwA, l’image étant intégrée au texte et vice versa.

Pour une autre représentation d’un défilé de troupeau comportant bœuf et ibex sur un relief de la même période, voir musée Rodin Inv. N° Co. 944.

Ce relief fragmentaire appartient au corpus décoratif des tombeaux de l’Ancien Empire, plus exactement aux scènes associées de manière générale à l’élevage. Cette imagerie agricole relève de ce que l’on dénomme fréquemment les « scènes de la vie quotidienne », mais cette terminologie est trompeuse (voir J.-C. Moreno Garcia, « Production alimentaire et idéologie : les limites de l'iconographie pour l'étude des pratiques agricoles et alimentaires des Égyptiens du IIIe millénaire avant J.-C », Dialogues d'histoire ancienne 29/2, 2003, p. 73-95 ; également Chr. Ziegler, Le mastaba d’Akhethetep. Une chapelle funéraire de l’Ancien Empire, Paris, 1993, p. 39-42.). Si ces scènes renseignent aujourd’hui l’historien sur les pratiques agricoles et la vie des anciens Égyptiens, elles permettent très concrètement – par la valeur accordée à l’écrit et à l’image – de répondre aux nécessités du culte funéraire. La figuration d’animaux d’élevage (capri-ovidés et bovidés) dans des scènes de boucherie ou, comme ici, sous la forme de défilés évoque donc les offrandes carnées destinées au défunt et nécessaires à son culte funéraire, c'est-à-dire à sa (seconde) vie dans l’au-delà. Elles ont alors pour fonction de suppléer à l’absence éventuelle dudit culte.

 

L’emploi du relief modelé et le thème de l’apport des offrandes, sous la forme d’un défilé de bœufs et d’ibex, suggèrent que ce fragment de décor ornait l’intérieur d’une chapelle funéraire d’un tombeau de l’Ancien Empire, que l’on peut dater selon toute vraisemblance de la IVe ou de la Ve dynastie.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 15, Bas relief fragmentaire de l'Ancien Empire ou imité de l'Ancien Empire, ayant fait partie d’une scène de transport de bétail. 2 registres. Le second dont il ne reste que la partie supérieure porte les mots [hiéroglyphes] Calcaire. Larg. 55 ; Haut. 30. Estimé quatre cents francs.

Donation de Rodin à l'État français en 1916.

Commentaire historique

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français

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Fragment de bas-relief présentant une figure féminine

Égypte > provenance inconnue (région thébaine ?)

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10 cm ; L. 11,2 cm ; P. 2 cm

Calcaire Co. 3421

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en assez bon état de conservation. Les restes de la couche picturale qui recouvrait la figure sont observables à l’œil nu. L’épiderme de la pierre est altéré et des épaufrures y sont observées.

Description

sculptée d’une figure féminine à mi-corps, tournée vers la droite. A l’origine, cette figure était placée au sein d’une composition plus vaste, comme le suggèrent la bordure saillante à gauche (et sans doute au-dessus) et l’inscription hiéroglyphique en partie lacunaire à droite.

Les détails de la morphologie et les éléments de parure étaient soulignés par la peinture, guère visibles à l’œil nu désormais. La longue perruque tripartite, ceinte d’un bandeau noué à l’arrière du crâne, et les bracelets aux avant-bras étaient d’un bleu sombre, presque noir (à base de bleu égyptien, associé à un pigment rouge comme le suggèrent l’utilisation du logiciel d’amélioration d’images DStretch ® et les observations de la restauratrice S. Joigneau). Ces couleurs étaient sans doute présentes sur le collier ousekh, large ornement qui parait le cou de ladite figure.

 

L’identité du personnage féminin ici figuré semble à première vue perdue, mais certains détails iconographiques laissent penser à une divinité féminine, très probablement Isis ou sa sœur Nephtys.

Le bandeau entourant la chevelure rappelle la coiffure fréquemment portée par ces deux déesses, généralement surmontée du hiéroglyphe servant à écrire leur nom (zone aujourd’hui en lacune).

Par ailleurs, on remarquera le profil de la poitrine, fort détaillé ici, et la nudité probable de la figure. L’analyse des pigments et l’observation de la surface du relief suggèrent en effet l’absence de vêtement couvrant la poitrine, le torse étant seulement paré d’un large collier. Cette figuration avec la poitrine dénudée est l’un des caractères d’Isis et Nephtys, dans le cadre de la momification et des funérailles, lorsqu’elles sont figurées en tant que pleureuses. Elles sont alors dénommées Drty « les deux milans », en référence à leur transformation en oiseau lors de la recherche du corps d’Osiris (voir Y. Volokhine, « Tristesse rituelle et lamentations funéraires en Égypte ancienne », Revue de l’histoire des religions 225, no 2, 2008, p. 176-182).

 

De l’inscription présentée en colonne à droite de la figure féminine ne subsiste que la préposition composée Hr(j)-tp « au-dessus, sur ; au nom de » (à moins qu’il ne s’agisse du substantif H(rj)t-tp « supérieure, maîtresse » ou l’un de ses composés).

Le traitement du visage et de la morphologie sont caractéristiques de la période post-amarnienne (voire du tout début de la XIXe dynastie), notamment la poitrine et la taille haute. La représentation conservée étant fragmentaire et le bloc sans provenance connue, il n’est pas possible de préciser davantage.

Ce fragment est vraisemblablement issu d’un monument du Nouvel Empire et appartenait à une composition plus large (peut-être placée au sein d’une structure architecturée dont la bordure en relief visible aux extrémités gauche et supérieure serait la trace) ; mais il est difficile d’aller plus loin dans l’état actuel de nos connaissances.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Boreux 1913 : Hôtel Biron, 272 Fragment de bas relief (ou de stèle) en calcaire peint en rouge, représentant une femme assise tournée vers la droite. Il manque le haut de sa tête, tout le bas de son corps, et presque tout son siège. Devant elle restes d’une légère verticale d’hiéroglyphes. 12 cent. x 10 cent. ½. Estimé dix francs.

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Statue naophore du général Oudjahorresnet, dit Neferibrênebpehety

Égypte > Mit Rahina/Memphis

Basse Époque > XXVIe dynastie > Règnes de Psammétique II et Apriès

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. : 49,6 cm ; L. : 21,5 cm ; Pr. : 23,6 cm

Grauwacke (?)

Co. 1194

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est fragmentaire. Seule la partie supérieure de la statue est ici conservée et présente des manques importants : la tête, la moitié droite de la poitrine, les bras et la majeure partie du pagne sont perdus. Toutefois, un fragment important de la partie inférieure, comprenant la base, le bas des jambes, la partie inférieure du vêtement et la moitié droite du naos, est aujourd’hui conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne (= KHM ÄS 5774). Malgré quelques éclats et éraflures, l’état de surface du fragment conservé au musée Rodin est bon. De possibles traces de polychromie très discrètes sont encore visibles par endroits, notamment du rouge sur certains des hiéroglyphes gravés sur le pilier dorsal.

Description

La partie supérieure de la statue, conservée au musée Rodin, représente un torse d’homme dont les bras, le long du corps, se portaient légèrement vers l’avant – les réserves de pierre correspondantes sont encore en partie préservées – afin de présenter devant lui un naos. Le personnage est appuyé sur un pilier dorsal inscrit de hiéroglyphes gravés dans le creux, qui précisent notamment son nom, son surnom et ses fonctions et qualités.

 

L’essentiel de la partie inférieure de cette statue est aujourd’hui conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, où elle est enregistrée sous le numéro d’inventaire KHM ÄS 5774 (ROGGE 1992, p. 64-71). Le raccord entre les deux fragments a été repéré dès 1966 (DE MEULENAERE 2002, p. 6-7, no. 14 ; Id. 1991, p. 246-269) ; la suite des colonnes de textes préservées sur le fragment de Vienne permet de s’en assurer. La partie conservée à Vienne permet de restituer le vêtement du personnage, un pagne long plissé à devanteau, maintenu en place à l’aide d’une ceinture lisse.

 

C’est également ce raccord qui a permis de préciser l’attitude du personnage et de rattacher cette pièce au type des statues naophores. Variante du type théophore où le personnage présente devant lui la statuette d’un dieu, ces statues figurent un personnage présentant devant lui un naos contenant l’image d’une divinité. En l’occurrence, pour la statue Co. 1194, il s’agissait probablement du dieu memphite Ptah, d’après l’inscription puisque l’image est en grande partie perdue.

 

Les inscriptions, en colonnes sur le pilier dorsal ainsi qu’en lignes sur la base conservée à Vienne, consistent essentiellement en des formules d’offrandes dédiées au dieu Ptah-Sokar et précisant le nom, le surnom, la filiation et les titres du propriétaire du monument. On trouve aussi, sur la réserve de pierre située sous le naos, une autre représentation du propriétaire de la statue, bras levés, soutenant l’image divine et son contenant (KLOTZ 2014, p. 320-321). D’autres monuments inscrits au nom du même personnage, Oudjahorresnet dit Neferibrênebpehety, sont connus : un bassin à libations en calcaire conservé au musée du Louvre (inv.no. E18838, anciennement Musée Guimet D2, MORET 1909, p. 130-134), un monument du même type en granite (PM² IV, 49), ainsi qu’un fragment d’une autre statue trouvée à Tell el-Maskhouta, dans l’est du Delta (NAVILLE 1888, p. 40).

 

Ptah, dieu tutélaire de Memphis, est aussi rapidement assimilé à Sokar, protecteur de la nécropole dans cette même région, lui-même assimilé à Osiris du fait de ses prérogatives funéraires : Ptah-Sokar-Osiris emprunte l’iconographie de ces deux derniers avatars et est donc une divinité momiforme (représentée enveloppée dans un linceul), très populaire dans la région de Memphis, tout particulièrement à partir du Nouvel Empire. De fait, la statue du musée Rodin provient effectivement de cette région, puisque le fragment de Vienne a été observé sur le site de Memphis au XIXe siècle  (BRUGSCH 1855, p. 68-69 (II)).

 

La datation de cette statue est permise principalement par la présence, dans l’inscription du pilier dorsal, de deux cartouches royaux, aux noms de Haa-ib-rê (l’un des noms de règne du roi Apriès) et de son prédécesseur Nefer-ib-rê (Psammétique II). La lecture du premier cartouche, proposée par Herman de Meulenaere (1991, p. 246) est toutefois sujette à caution dans la mesure où la majeure partie du nom royal a disparu. En revanche, le second cartouche fait en fait partie du surnom (en égyptien le « beau nom ») de ce personnage, surnommé « Neferibrê-nebpehety », c’est-à-dire « Neferibrê est le seigneur de la force ». Ce nom basilophore suggère que la période d’activité principale de ce personnage, et le moment où il était le plus en faveur auprès de la monarchie, inclut en partie le règne de Psammétique II, qui précède celui d’Apriès ; mais ce n’est pas absolument certain, car les noms basilophores peuvent être donnés bien plus tard que le règne auquel ils font référence.

 

Cette datation se trouve confirmée par des éléments stylistiques : cette statue de très bonne facture témoigne en effet du renouveau de la statuaire à l’époque saïte. On note en particulier le nombril rond et franc ainsi que le modelé du torse. Le sillon vertical des abdominaux, assez profond, se combine avec une division horizontale entre les pectoraux, bien marqués, la taille, et les hanches. Cette tripartition encore discrète, mais qui correspond à une pratique courante de la statuaire de la deuxième moitié de la XXVIe dynastie (PERDU 2012, p. 60-61). D’autres indices, notamment dans la syntaxe des formules d’offrandes, incitent à rattacher cette sculpture à la tendance archaïsante qui se développe fortement à la fin de la XXVe et au cours de la XXVIe dynasties (PERDU  2012, p. 189, no. 14).

Historique

La statue a été vue en 1853, brisée en deux morceaux, près du colosse de Ramsès II à Mit Rahina/Memphis (BRUGSCH, Reiseberichte, 1855, p. 68-69 (II) ; BRUNNER-TRAUT, ZÄS 82, 1958, p. 97, n. 5).

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 284, "Torse d'un personnage qui présentait sans doute devant lui une image d'Osiris. L'inscription du pilier dorsal nous apprend que le [hiéroglyphes] de ce personnage était formé avec le cartouche [hiéroglyphes]. L'épaule droite manque complètement, ainsi que les bras. Basalte. Epoque saïte. Haut. 45 cent. environ. Estimé trois cent francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

Commentaire historique

La statue fut probablement achetée auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi :  « 1 autre person. debout tenant Osiris frag. en granit 110 ( Co.00881 ?) 1 torse d’homme basalte verte 80 » (ALT 147, archives musée Rodin).

 

L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.

 

Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont la statue Co.1194 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.

La statue fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Homme enveloppé dans un manteau

Partie supérieure d'une statue avec pilier dorsal

Égypte > provenance inconnue

Fin du Moyen Empire > 2033-1710 avant J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire

H.  10 cm ; L. 6,5 cm ; P. 6,3 cm 

Co. 785

 

Commentaire

Etat de conservation

L’objet est en assez bon état de conservation. Cependant, la statuette est fragmentaire  : il manque toute la partie inférieure du corps, brisée en biais à partir du bassin. Quelques impacts sont visibles, notamment sur la tête, le nez, le menton, à l’arrière de la perruque, les bras et le pilier dorsal inscrit.  

Description

Cette statuette figure un homme enveloppé dans un manteau souple. Dans son dos, un pilier dorsal, mince, va en s’évasant vers le bas. Ce pilier comporte une inscription hiéroglyphique, incisée en une colonne. La partie inférieure du texte est manquante, disparue dans la cassure de l’objet. 

 

L’homme est enveloppé dans un manteau gainant, au col échancré en forme de V. Ce vêtement est constitué de deux pans rabattus l’un sur l’autre, ne laissant apparaître que les mains. Souple et enveloppant, il a été confectionné dans un tissu simple, sans ornement apparent ni bordure. Sa tête est recouverte d’une perruque lisse et épaisse, très aplatie en son sommet. Cette coiffure, couvrante, descend en s’évasant jusqu’au niveau de ses épaules (à rapprocher de celle de la statuette en serpentinite de Nebaouy, fils de Sat-Sebek, datée de la fin du Moyen Empire et achetée en 1912 au Caire (maison Nahman), inv. n° B.497 du musée royal de Mariemont, voir la notice de Luc Delvaux, in DERRIKS, DELVAUX 2009, p. 59-63). Un pilier dorsal démarre au bas de la perruque, à l’arrière de la statue. Relativement mince, mais s’évasant vers le bas, il renforçait le support de la statuette. Une inscription, fragmentaire, y est incisée, demandant «  qu'il accorde tout ce qui sort [de sa table d'offrande…]  ». Ce texte se réfère, par métonymie, aux offrandes alimentaires destinées au ka du défunt  : Co. 785 appartient donc aux petites statuaires funéraires de particuliers du Moyen Empire.  

 

Le visage de l’homme, aux formes ouvertes et arrondies, possède des traits fins. Le travail de l’artisan a très certainement été facilité par l’emploi d’un calcaire tendre. Les yeux, grands ouverts et étirés vers les tempes, sont soulignés par des sourcils légèrement incisés. Ils surmontent un nez aux narines bien marquées et au profil aquilin bien dessiné. La bouche est petite mais charnue et les oreilles, subtilement sculptées, émergent de l’épaisseur de la perruque. L’homme possède des pommettes hautes, soigneusement modelées. L’aspect massif de la perruque, le cou épais et le manteau enveloppant à la manière des images gainées d’Osiris, accordent à cette représentation funéraire une allure solide, acte volontaire de la part de l’artisan qui l’a sculptée. Ce type de statuaire correspond à une variante de la forme de la «  statue-cube  », apparue au Moyen Empire. 

 

Si la perruque, l’attitude et le vêtement qu’arbore la statuette de Rodin sont typiques du Moyen Empire, la datation peut être affinée par comparaison avec d’autres statuettes. La statuette en gabbro d’un certain Iabou, conservée au Musée du Louvre et datant de la fin de la XIIème ou de la XIIIème dynastie (ancienne collection Nahman Inv. N° E 10974 in DELANGE 1987, p. 131-132), représente un homme assis en tailleur sur un socle rectangulaire inscrit. Il porte une perruque massive, lisse, et mi-longue, qui dégage les oreilles. Il est drapé dans un long manteau échancré, dont émergent seulement les mains, placées dans une attitude identique à la statuette de Rodin : la main gauche posée à plat sur la poitrine, la main droite, poing serré à l’exception du pouce, tenant fermement le tissu. La statue de Rodin étant fragmentaire, il est difficile d’en restituer la position d’origine. L’amorce des jambes, que l’on peut entrevoir sous la main droite, laisse à penser que le personnage était possiblement assis, en tailleur comme la statuette Louvre N° E 10974 (voir supra), ou bien sur un siège, telle la statuette en pierre noire conservée à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague, datant de la même période (Inv. N° ÆIN 932 in JØRGENSEN 1996, p. 180-181 n° 74). Portant une perruque et un manteau similaires au Co. 785, le personnage de Copenhague est assis, pieds joints, sur un siège cubique placé sur un socle, et ses mains adoptent la même attitude que la statuette du musée Rodin. Autre comparaison possible, celle de la position des mains de la statuette musée du Louvre Inv. N° E 20171 (in DELANGE 1987, p. 185), identique à celle de Rodin. Réalisée en calcaire (lithographique) et portant des traces de polychromie, la statuette du Louvre est datée de la fin du Moyen Empire. La main gauche est posée à plat contre le torse, plaquée sur le rabat inférieur du manteau. Sa main droite, comme celle de Co. 785 plus grande que la gauche, se referme sur le rabat supérieur du vêtement, les doigts étant serrés à l’exception du pouce (laissé bien visible comme pour Co. 785), et agrippant l’étoffe dans un geste réaliste. Néanmoins aucune des trois représentations citées ci-dessus n’ont de pilier dorsal, contrairement à Co. 785. 

 

La statuette Co. 785 est à voir comme la représentation d’un homme de classe moyennement aisée, provenant d’une tombe ou d’une petite chapelle privée placée sur un parcours processionnel divin. Si le visage rond, au front bas, correspond aux représentations du milieu de la XIIème dynastie, la perruque enveloppante et très aplatie sur son sommet rapproche la statuette de Rodin des exemplaires datés de la fin de la XIIème dynastie ou du début de la XIIIème dynastie. Par comparaison avec d’autres statuettes, Co. 785 serait plus précisément à situer à la fin de la XIIème dynastie.  

Inscription

Une inscription est incisée sur le pilier dorsal, en une colonne. Le sens de lecture des hiéroglyphes s’effectue de droite à gauche.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 68, Partie supérieure d'un personnage tenant les mains croisées sur la poitrine. Style des figures abydéniennes de la douzième dynastie, sur le pilier dorsal, on lit [hiéroglyphes] (écrit tourné vers la droite). Haut. 10 cent. Estimé cent cinquante francs.

Donation Rodin à l’État français 1916.

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Femme

Partie supérieure d'une statue

Égypte > provenance inconnue 

Fin du Moyen Empire > 2033-1710 avant J.-C.

[voir chronologie]

Pierre dure noire (basalte  ?)  

H. 8,2 cm  ; L. 4,6 cm ; P. 2,9 cm (Hors tout) 

H. 6 cm  ; L. 4,6 cm  ; P. 2,9 cm (Œuvre) 

H. 2,5 cm  ; D. 2,5 cm (Socle) 

Co. 816 

Commentaire

Etat de conservation

L’objet est en état de conservation moyen. La statuette ayant été brisée en biais au niveau de la taille, la partie inférieure du corps manque. La partie inférieure du bras droit a disparu dans la cassure. La statuette présente par ailleurs des chocs ponctuels, notamment au niveau des avant-bras et dans le dos. Enfin, la surface est actuellement légèrement usée et encrassée, quoique les détails demeurent lisibles.  

Description

La statuette Co. 816 correspond à une représentation féminine, dont seule la partie supérieure est conservée au musée. La femme porte une perruque tripartite hathorique dégageant les oreilles. On ne distingue aucune trace de polychromie. La partie inférieure de son bras droit, un peu au-dessus du coude, a disparu dans la cassure. De ce fait, il est difficile de reconstituer son attitude d’origine. Seule la position du bras gauche  est évidente : il est replié, la main posée à plat sous la poitrine.  

 

Les yeux sont petits, cerclés d’un trait de fard. Relativement étirés, leur forme presque triangulaire est soulignée par des sourcils minces, incisés dans la pierre. On remarque que l’œil gauche est légèrement plus grand que l’œil droit. Le nez est long et légèrement aquilin, la bouche petite et le menton épais. Les traits du visage (bouches aux commissures tombantes et oreilles démesurées), associés à la main repliée posée sur le thorax, accordent à la dame un air réfléchi et attentif, aujourd’hui mis en valeur par l’état de conservation fragmentaire de la représentation. 

 

Les rondeurs du visage sont relevées par la perruque très caractéristique qui recouvre la tête de la dame. Tripartite, cette coiffure à mèches recourbées est dite «  hathorique  » (sur cette perruque bien particulière, à mettre en relation avec des représentations de reines et de princesses, voir la notice de la statuette du musée du Louvre Inv. N° E 26917 in DELANGE 1987, p. 209). Aplatie au sommet du crâne, elle est incisée de petites mèches parallèles. Les deux retombées latérales de la chevelure, légèrement bombées à l’arrière de la tête, dégagent les oreilles –très grandes- de la femme, et s’achèvent en une boucle, enroulée juste au-dessus des seins. Un ruban horizontal, placé à leur extrémité, retient les petites mèches. Au dos, la retombée de la chevelure est plus plate et de forme trapézoïdale. Les mèches sont maintenues par un lien plus simple que celui des retombées latérales, placé au niveau de la nuque. La chevelure s’arrête sous les omoplates. Cette coiffure, très reconnaissable, peut être comparée avec celle de trois statuettes féminines du Moyen Empire (deuxième moitié de la XIIème dynastie) conservées au musée du Louvre (la statuette en serpentinite du musée du Louvre Inv. N° E 26917 in DELANGE 1987, p. 208-209  ; la statuette en ivoire Inv. N° N 3892 in DELANGE 1987 p. 106-107  ; une perruque en ébène, rapportée sur une figurine en bois aujourd’hui manquante, Inv. N° E 10850 in DELANGE 1987 p. 129).  

 

Bien qu’il soit difficile de l’observer sur la statuette en raison de son état actuel, il est possible de comprendre le vêtement que porte la dame en le comparant avec des statuettes similaires (voir en particulier la statuette du musée du Louvre Inv. N° E 26917). Elle était vêtue d’une robe fourreau au corsage en forme de V, dotée de bretelles couvrant des seins petits et ronds, et soulignant sa taille (type Df.1 de la typologie des éléments de costume in HARVEY 2001, p. 29 et 659, fig. 4  : «  Dress, Female  »). Ce vêtement, régulièrement employé pour les statues tant de divinités que de particuliers tout au long de l’Histoire égyptienne, ne constitue pas un indice de datation probant mais la perruque hathorique, plus rare et n’existant pas encore sous cette forme à l’Ancien Empire (HARVEY 2001, p. 657, fig. 2b  : «  Coiffures and Wigs, Female  »), suggère une fourchette de datation démarrant au Moyen Empire.  

 

L’emphase sur la forme et la taille des oreilles est particulièrement caractéristique de la statuaire royale de la XIIème, puis de la XIIIème et ce jusqu’à la XVIIème dynasties. L’étude de Roland Tefnin a montré qu’il s’agissait d’un élément important de l’idéologie du bon gouvernement au Moyen Empire, tout particulièrement sous le règne de Sésostris III, indiquant à quel point le souverain prêtait attention aux suppliques de son peuple et écoutait ses prières (in TEFNIN 1992, p. 149-160). Cette particularité stylistique a ensuite fait l’objet d’une récupération par la statuaire des particuliers, surtout à l’extrême fin de la Deuxième Période intermédiaire. La découverte récente à Edfou, dans une villa d’élite du début du Nouvel Empire, d’une statue de scribe faisant montre des mêmes oreilles démesurées, (https://news.uchicago.edu/story/ancient-urban-villa-shrine-ancestor-worship-discovered-egypt) attesterait que ces objets, loin d’être confinés exclusivement aux contextes funéraires comme on le suppose souvent par analogie avec la majorité des exemples connus, pouvaient aussi avoir servi, plus exceptionnellement, d’autels voire de petites chapelles domestiques, destinées sans doute à honorer des «  ancêtres  ».  

 

Malgré leur différence stylistique, Co. 816 se rapproche d’une autre statuette en pierre dure noire, Co. 815, avec laquelle elle partage également son module général et plusieurs traits typologiques dont l’emphase apportée aux oreilles, typique de la fin du Moyen Empire et des périodes immédiatement ultérieures. Comme elle, la statuette Co. 816 est sans doute une statuette de défunte, provenant d’une tombe ou d’une petite chapelle privée placée sur un parcours processionnel divin ou peut-être même d’un petit autel domestique. Par comparaison avec d’autres statuettes, dont l’origine est mieux déterminée, elle serait à dater de la fin du Moyen Empire, sans doute plus précisément de la deuxième moitié de la XIIème dynastie. 

 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 20, 513, "Partie supérieure d'une statuette de femme (Isis ?) en granit noirâtre. Le bras droit manque, le bras gauche est replié et la main s'en appuie contre la poitrine, un peu au-dessous des seins. Haut. Max. 6 cent. Estimée cinq francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Homme

Fragment supérieur avec pilier dorsal

Egypte > provenance inconnue

Époque saïte

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,7 CM; L. 10,2 CM; P. 6,6 CM

Pierre sombre (grauwacke ?)

Co. 894

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en assez bon état de conservation. Seule la partie supérieure de la figure est conservée. On remarque de nombreux éclats et cassures, notamment sur la partie droite du visage. Les traces d’un enduit moderne ou d’une substance adhérente claire se remarquent au niveau de l’œil droit, sur le nez et les lèvres du personnage, à des emplacements correspondants à des éclats.

Description

Cette statuette, cassée dans la diagonale au niveau des bras et de l’abdomen, représente un personnage masculin torse nu, adossé à un pilier dorsal inscrit.

 

Le personnage, au visage arrondi, est coiffé d’une large perruque évasée, aplatie sur le sommet de son crâne à la manière des statuettes du Moyen Empire comme la statuette musée Rodin Inv. N° Co 785. Sans raie médiane et formée de longues mèches simples formant chevrons à l’arrière, ce type de coiffure met particulièrement en valeur la finesse des traits du visage. Les oreilles surdimensionnées, bien visibles, semblent maintenir ces mèches (sur cette perruque, voir le commentaire de la statuette musée Rodin Inv. N° Co. 784).

 

Représenté torse nu et dépourvu de toute parure, le corps athlétique de cet homme, en pleine force de l’âge, est magnifié tant par la finesse du grain de la pierre sombre dans laquelle il été sculpté que par la simplicité affirmée de sa représentation, attestant la maîtrise de l’artisan. Un pilier dorsal de section carrée s’élève dans son dos, jusqu’au niveau de la perruque. Il est inscrit de deux colonnes de hiéroglyphes finement incisés dont la lecture nous indique qu’il s’agit de la représentation d’un particulier, et non d’un personnage royal ou d’une divinité.

 

Toute la partie inférieure de son corps étant manquante, il n’est plus possible de connaître le vêtement qu’il portait, ni sa position initiale : debout, assis ou agenouillé.

 

Ce qui est conservé de ses membres supérieurs permet de remarquer que ses bras sont légèrement décollés du corps. L’observation de profil du bras gauche suggère un angle : le personnage tenait peut-être une effigie divine, ou l’image du dieu enclose dans un naos ou gravée sur une stèle. De telles représentations, apparues à la XVIIIe dynastie, se multiplièrent au cours du premier millénaire avant notre ère. Ces objets incarnent une évolution dans la culture matérielle et les pratiques religieuses privées à partir du Nouvel Empire, se prolongeant et s’amplifiant aux siècles suivants. De tailles très variables, elles étaient originellement placées dans les parties accessibles des sanctuaires, parfois même taillées dans des pierres relativement nobles (voir PERDU 2012, p.13-21 et p. 34-35). Par la présence de ces objets, les particuliers d’un certain niveau de fortune avaient la possibilité d’entretenir une relation privilégiée avec la divinité tutélaire du sanctuaire, voire même d’espérer partager les offrandes destinées au culte journalier si leurs représentations se trouvent sur le chemin emprunté par les prêtres après avoir servi l’autel divin (voir PERDU 2012, p. 34-35). Ce type de petite statuaire privée se retrouve dans la plupart des collections égyptologiques, comme par exemple au Metropolitan Museum of Art de New York la statue assise miniature d’époque kouchite Inv. N° 54.28.1, ou celle d’un dignitaire debout, tenant un naos contenant une figure d’Osiris  Inv. N° 25.2.10

Inscription

Sur le pilier dorsal, une inscription est disposée en deux colonnes de hiéroglyphes, séparées par une ligne. Les signes sont incisés de droite à gauche. Seul le début de chaque colonne est conservé.

 

(1)Que le dieu local du père divin Ouah[ib]rê[…]

(2) engendré pour Diasetouret se place derrière [lui…]

 

Remarque : La partie conservée de l’inscription correspond à la « formule saïte », inscrite régulièrement sur le pilier dorsal des statues.

Voir H. De Meulenaere JEOL 34 (1995-1996), p. 81-85 ; K. Jansen-Winkeln, SAK 28 (2000), p. 83-124.

(traduction D. Farout).

Historique

Ancien numéro d'inventaire D.R.E 311.

 

 

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Osiris

Tête provenant d'une statue

Égypte > provenance inconnue

Probablement Basse Époque ou Époque ptolémaïque > 664-323 av. J.-C. > 332-30 av. J.-C.

Grès silicifié à dominante rouge

H. 7 cm ; L. 6,1 cm ; P. 5,8 cm

Co. 2342

Commentaire

Etat de conservation

L’objet est en assez mauvais état. La tête, seul élément conservé de la statue, est sectionnée à la base du cou. La couronne, l’oreille gauche, le nez et la barbe postiche présentent de gros éclats. L’uræus protecteur, qui remontait vers le haut de la couronne, a disparu. Par ailleurs, toute la partie supérieure de la coiffe du dieu est manquante, brisée dans un même impact. La statue est actuellement légèrement empoussiérée. 

Description

La tête Co. 2342 représente le dieu Osiris. Á l'origine, elle appartenait à une statue, dont la hauteur peut être estimée à une quarantaine de centimètres. Le dieu porte la couronne-atef qui lui est habituelle, constituée d’une couronne blanche flanquée de deux plumes latérales et d’un uræus frontal (aujourd’hui disparu). Cette couronne est aujourd’hui fragmentaire, tout comme la barbe postiche. On ne discerne aucune trace de polychromie. Un pilier dorsal, laissé anépigraphe, occupe toute la largeur de la tête.  

Osiris, l’un des premiers rois d’Égypte selon la légende, devient le dieu des morts à la suite de son assassinat par son frère Seth, puis de sa résurrection par sa sœur et épouse Isis, qui fait de lui la toute première momie. Figure à la fois funéraire et royale, le dieu incarne le roi du monde des morts, en miroir de celui des vivants. Il permet la renaissance du défunt dans l’au-delà et, par association, personnifie le renouveau annuel de la végétation. Aux périodes tardives, tout défunt lui est même assimilé par antonomase, et il devient dès la fin du Nouvel Empire un élément essentiel de la culture matérielle funéraire, sous la forme notamment de statuettes. Il est généralement représenté comme un homme momifié, arborant des chairs noires ou vertes, tenant les sceptres royaux et portant une couronne-atef (CORTEGGIANI 2007, p. 397-401 : Osiris).  

Malgré son état très fragmentaire, on peut observer sur la tête du musée Rodin de nombreux détails. Les yeux légèrement abaissés sur leurs coins internes, sont soulignés et étirés vers les tempes par un trait de khôl en relief. Ils sont surmontés par des sourcils fins mais denses, eux aussi figurés en relief. Le nez, assez abîmé, est large et triangulaire ; la bouche, petite, aux lèvres charnues, esquisse un léger sourire. Le dieu est attentif, il écoute les supplications et les prières et cette attitude est soulignée par l’étirement de son regard et la taille conséquente de ses oreilles, orientées subtilement vers le fidèle. Le front étendu, les pommettes hautes, la mâchoire carrée, forment un visage rassurant, aux traits virils, soutenu par un cou épais. Cet aspect robuste est renforcé par la couronne, que l’on devine imposante malgré les cassures et qui descend assez bas sur le front, ainsi que par la barbe postiche qui occupe toute la largeur du menton.   La tête Co. 2342 peut être comparée à celle d’une autre statuette d’Osiris de dimensions légèrement inférieures, conservée à la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague (JORGENSEN 2009, p. 155, n°56  : Inv. N° ÆIN 152). Réalisée en stéatite, elle est datée de l’Époque ptolémaïque. L’une et l’autre, toutes deux brisées à la base du cou, arborent une couronne-atef similaire, dont les plumes latérales sont striées de multiples incisions en biais, appuyée sur un pilier dorsal. Les ressemblances au niveau des traits du visage sont notables : les yeux étirés, légèrement inclinés sur leurs bords internes, les larges oreilles, le léger sourire ou encore le menton et le cou charnus. On note cependant des différences entre les deux objets, dont la forme des sourcils ou le fait que la barbe postiche de l’exemplaire de Copenhague est clairement tressée, celle de Co. 2342 étant lisse.  La statue théophore de Rwrw, conservée au Godwin-Ternbach Museum au sein du Queens College de New York, est datée de la XXVIe dynastie (COULON 2010, p. 135-137 et 151, 4b et fig. 3  : n° Inv. 60.19). Elle permet d’imaginer pour la tête Co. 2342 une restitution de l’aspect originel de la statue. Le dédicant - Rwrw - est debout, dans l’attitude de la marche. Il tient devant lui un naos inscrit dans lequel se trouve une statuette d’Osiris, naos qui a exceptionnellement conservé son panneau amovible de fermeture. La statuette d’Osiris, placée debout dans ce naos, arbore la même couronne-atef et des traits assez similaires, bien que le traitement des yeux et des oreilles (plus petites et ne touchant pas la coiffe) soit différent. Son corps est enserré dans un linceul momiforme, ne laissant apparaître que ses mains, tenant le sceptre heqa et le fouet nekhakha, insignes par excellence de la royauté pharaonique.  Hors connaissance du contexte de découverte de l’objet, ou de son circuit d’achat depuis l’Égypte, il est difficile de restituer son lieu de provenance. La statue complète figurait soit un Osiris assis (peut-être dans ce cas l’image d’un roi défunt) soit un Osiris placé debout et enveloppé d’un linceul gainant. Elle serait le plus probablement à dater de la Basse Époque, voire de l’Époque ptolémaïque.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 528, "Tête d'Osiris coiffé de l'atef. Pilier dorsal anépigraphe. Basalte (?). Haut. 63 mill. Estimé vingt cinq francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

La tête fut exposée dans une vitrine du pavilon de l'Alma à Meudon, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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