Égypte > provenance inconnue
Ancien Empire
H. 36,2 CM : L. 23,2 CM
Calcaire
Co. 3484
Égypte > provenance inconnue
Ancien Empire
H. 36,2 CM : L. 23,2 CM
Calcaire
Co. 3484
L’œuvre est en mauvais état de conservation. La pierre est très usée, pulvérulente par endroits. Le relief si émoussé que les détails s’y distinguent avec peine. Aucune trace de polychromie n’est visible. Le montage dans un cadre en bois exotique contemporain masque l’état du revers. Le chant supérieur pourrait être d’origine, les décors étant réalisés sur des parois composées de plusieurs blocs non monolithes. Les autres chants présentent des cassures.
Le bloc conserve la représentation d’un personnage, placé derrière un pied gauche humain de taille bien plus considérable. Il faut y voir l’image d’un enfant, debout à côté d’un adulte avec lequel il est apparenté. Il ne fait pas de doute que le personnage qu’il accompagne est un homme en position de marche, à la fois en vertu de l’écartement entre ses deux pieds (les femmes sont le plus souvent avec les pieds quasi joints) et du fait de la présence du long bâton visible devant lui, attribut par excellence des dignitaires masculins. La présence du bord d’un pagne au-dessus de lui confirme qu’il s’agit de l’image d’un enfant placé près de son père. Il n’est donc pas le personnage principal de la scène d’où provient ce fragment, tirée d’une tombe dont le propriétaire est représenté suivant une échelle beaucoup plus grande que lui.
Le bras droit de l'enfant repose le long de son corps, tandis que, de sa main gauche, il agrippe le bâton de dignitaire placé devant lui. Le fait qu’il se saisisse ainsi de l’attribut du grand personnage s’explique à la fois pour des raisons de composition de l’image, et surtout par l’idée qui veut que les enfants, plus particulièrement les fils et surtout le fils aîné, soient le « bâton de vieillesse » de leur père, c’est-à-dire qu’ils l’assistent et pourvoient à ses besoins (LEFEBVRE 1944). Cette métaphore est très fréquente dans la littérature égyptienne, notamment sapientiale (elle est par exemple évoquée dans l’Enseignement de Ptahhotep, cf. analyse par BURKARD 1988), et trouve dans cette mise en scène sur les parois des tombes une traduction graphique directe et parlante.
Le corps du fils n’est pas celui d’un enfant mais d’un jeune adulte. Il est vêtu d’un pagne court à large devanteau, noué devant son nombril. Contrairement au relief Co. 6418, l’effacement en surface du relief Co. 3484 ne permet pas d’en discerner précisément les détails. Il semble néanmoins, tout comme le jeune garçon du relief Co. 6418, coiffé avec une mèche de l’enfance et son cou serait peut-être orné d’un large collier-ousekh ainsi que d’un long collier en corde au bout duquel est suspendu un pendentif cordiforme (sur cette amulette en forme de cœur, voir comme comparaison la peinture sur mouna du tombeau de Métchéchi (probablement VIe dynastie) dont le musée du Louvre conserve 43 fragments. Ce type de collier est protecteur (voir notamment musée du Louvre Inv. n° E 25524, in ZIEGLER 1990, n° 20 pp. 135, 138, 139 et 147).
Les enfants sont en règle générale figurés dans l’art égyptien comme des adultes en miniature (sur l’enfance en Égypte ancienne, voir JANSSEN R. et J. 1990 et MARSHALL 2014). Néanmoins, il existe des conventions iconographiques permettant de signifier qu’un personnage n’est pas adulte, en particulier la tresse unique sur le côté de la tête dite « mèche de l’enfance » (voir par exemple dans la collection, le relief Co. 6418 ou le masque funéraire de jeune garçon Co. 3251), la nudité, ainsi que le doigt porté à la bouche (voir le très célèbre groupe statuaire du nain Seneb au Musée du Caire Inv. n° JE 51281).
Ce relief peut être daté de l’Ancien Empire d’après son style, période où les nécropoles présentant un style aussi proche de celui des ateliers de la capitale sont peu nombreuses. Il est donc très probable qu’il provienne de la région memphite – Giza ou, plus plausible encore, Saqqara avec les mastabas de laquelle ce relief partage beaucoup d’affinités.
Si ce relief provient indéniablement d’un contexte funéraire et qu’il semble plausible qu’il ait fait partie du parement d’une tombe, il est également possible qu’il provienne du décor d’une fausse-porte. Celle-ci fonctionnait comme un point de rencontre entre le défunt et les vivants et était un lieu essentiel pour l’accomplissement du culte funéraire et des rites permettant la régénération du défunt dans l’Au-delà. Dans les deux cas, l’un et l’autre de ces supports faisaient partie de la superstructure de la tombe et était donc accessible aux vivants.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 51, "Bas relief fragmentaire en calcaire (assez abimé). Un personnage tourné vers la droite, à shenti très pointue ; derrière lui la jambe d’un autre. Ancien Empire. Haut. 35 ; Larg. 22. Estimé cent cinquante francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
Le relef était exposé du vivant de Rodin à l'hôtel Biron. L'artiste commanda entre 1913 et 1916, un cadre en bois à Kichizo Inagaki pour le présenter.
Égypte > provenance inconnue
Datation > Après la XIIe dynastie
H. 25 CM : L. 43,7 CM; P. 13,3 CM
Granite
Co. 1696
L’œuvre est en bon état de conservation et toutes les faces sont d’origine. La pierre est cependant érodée, faisant perdre leur lisibilité aux reliefs. On observe de petites cassures sur le bord supérieur et le bord droit. Au niveau du canal d’écoulement des eaux lustrales, une cassure centrale a mutilé le bec en saillie.
Les tables d’offrandes apparaissent avant l’Ancien Empire. En effet, un petit bassin très finement sculpté en grauwacke, conservé au Metropolitan Museum of Arts à New York (MMA 19. 2.16) et daté de la période thinite, en représente peut-être le premier exemplaire connu. L’Égypte a livré un nombre incalculable de ces objets pour la période pharaonique et au-delà. Il s’agit en effet d’un élément incontournable du mobilier funéraire et cultuel. Normalement laissées accessibles aux visiteurs, elles étaient en général placées dans la chapelle de culte du propriétaire de la tombe, afin de permettre aux vivants d’y effectuer des libations, le dépôt d’offrandes alimentaires et d’autres rites liés. La représentation des offrandes en bas-relief sur l’objet permettait non seulement d’en signifier la raison d’être mais également, dans le cas où plus personne n’effectuait ces rituels pour le défunt, d'assurer de façon pérenne son approvisionnement dans l’au-delà.
La table d’offrandes Co. 1696 présente un schéma relativement simple : une face supérieure rectangulaire, entaillée par un canal servant aux libations liquides, et bordée d’une frise de hiéroglyphes, un caractère qui apparaît à partir de la VIe dynastie (LEGROS 2008, p. 241 ; 2016, p. 89). L’intérieur prend la forme d’un bassin très légèrement creusé, dans lequel sont représentés en bas-relief quatre pains ronds, une aiguière ḥst de part et d’autre, et un vase cordiforme de type ḥbt au centre. Contrairement aux tables d’offrandes de l’Ancien Empire à la XIIe dynastie (LEGROS 2008, 2016 ; ILIN-TOMICH 2018), la table Co. 696 n’adopte pas la forme d’une natte vue de profil, surmontée d’un pain conique, comme la table d'offrandes de Hénénou (Co. 939) conservée au musée Rodin. Si cette iconographie est caractéristique et fondamental pour les tables d’offrandes jusqu’à la fin du Moyen Empire, une composition très simple formée d’aiguières ḥst et de plusieurs pains ronds se retrouve aussi dans les tendances archaïsantes de la Troisième Période intermédiaire, dont le pain conique a en revanche disparu. On peut par exemple comparer les tables du British Museum Inv. n° EA 976, ou du Metropolitan Museum Inv. n°15.3.1150), datées du Moyen Empire, aux nombreux exemplaires où le pain conique a disparu, comme par exemple les pièces du Musée du Caire Inv. n° CG 23146, 23147, 23148, 23149 ou 23153 (KAMAL 1906-1909), datées de l’époque ptolémaïque. Un autre critère distinctif de ces tables tardives est l’absence de petits bassins profonds aux bords biseautés (en forme de « diamant »), élément que l’on retrouve là encore sur la table Co. 939, datée du Moyen Empire.
Même si la datation est encore à déterminer, la table d’offrandes Co. 1696 serait donc à attribuer assez probablement aux époques tardives à ultérieures.
Au vu de cette datation tardive, il n’est pas étonnant qu’elle soit réalisée en pierre de type granite : les pierres sombres, granite, diorite et basalte, sont particulièrement prisées aux périodes tardives de l’histoire égyptienne, et notamment à partir de la Troisième Période intermédiaire. Le choix du matériau fait également écho à l’importance du défunt auquel elle était destinée, par opposition à un objet réalisé en calcaire par exemple, pierre à la fois d’accès plus facile et plus aisée à tailler. Aux dimensions notables de cette table, s’ajoute ainsi la dureté du matériau utilisé.
La surface est bordée d'un cadre inscrit de hiéroglyphes en creux.
Égypte > provenance inconnue
Époque ptolémaïque, probablement
H. 11 CM : L. 27,2 CM ; P. 0,6 CM
Calcaire polychromé
Co. 3423
L’œuvre est en état de conservation moyen. L’objet est extrêmement lacunaire, aucun chant n’étant original. Les chants inférieur et supérieur correspondent à des cassures. Les chants droit, gauche et le revers ont été repris l’outil. Des traces d’impacts et des éclats sont visibles sur la surface. Cependant, malgré quelques cassures sur le bord du relief et sur la figure – notamment au niveau du museau de la divinité –, les détails et le modelé sont bien conservés.
De très petits fragments de pigment bleu ont été détectés sur la perruque, indiquant que le relief était polychrome. Des traces de terre d’enfouissement subsistent dans les creux. Un enduit avait initialement été déposé sur la face, peut-être dans un but de consolidation.
Coupée sous le menton, la figure représentée sur le bloc reste cependant reconnaissable : il s’agit d’une divinité féline, tournée vers la gauche et représentée en relief dans le creux. Le volume de la tête est profondément creusé par rapport au fond – plusieurs centimètres –, tandis que le modelé du museau, le bourrelet du cou, les fines gaufrures de la perruque (de type féminin) et l’œil sont exprimés en relief plus saillant. L’artiste a même pris soin d’esquisser les vibrisses.
Dans la partie supérieure, quelques traces permettent de comprendre que la tête de la déesse était très certainement surmontée d’un disque solaire (aujourd’hui disparu), orné d’un uraeus dont la courbe inférieure est conservée à gauche. Même si l’oreille, de forme triangulaire et pointue, rappelle plutôt la morphologie de la chatte, le reste de l’anatomie évoque clairement une lionne. Il s’agit donc là de l’une des nombreuses déesses léonines de l’Égypte ancienne, notamment Mafdet, Mehyt, Tefnout mais surtout de Sekhmet, dont l’identification semble ici la plus probable.
Sans surprise, les félins dans la pensée égyptienne sont d’abord appréhendés comme des figures dangereuses et violentes, potentiellement destructrices. La lionne cependant n’est que très rarement présentée comme une entité purement dangereuse, puisque, pour les anciens Égyptiens, sa capacité à la violence est canalisée au service du maintien de l’ordre et de la royauté, ainsi que dans un but protecteur : Sekhmet notamment n’est pas seulement une déesse guerrière, elle est aussi guérisseuse et patronne des médecins. Cette symbolique se maintient tout au long de l’époque dynastique, jusqu’à la Basse Époque où le lion assume désormais une fonction explicite de gardien au sein des temples, en étant figuré sur les verrous des portes (DE WIT, 1951, p. 83). Le musée Rodin conserve d’ailleurs un exemplaire de ces verrous en bronze ornés d’une tête de lion, le Co. 5783.
Cette ambivalence des félins – destructeurs envers leurs ennemis sous la forme de lionne, doux et bienveillants sous la forme paisible de la chatte – est à l’origine du schisme progressif entre Sekhmet et Bastet, au départ investies l’une et l’autre de ces deux aspects, mais polarisant dès le Moyen Empire une seule de ces valeurs : la combattivité pour Sekhmet, la sollicitude pour Bastet (MALEK, 2001, p. 143). Le rapprochement entre ces deux rôles des félins – violent et protecteur, dangereux et pacifique – s’illustre au Nouvel Empire, lorsque les deux cycles mythologiques de la transformation de la lionne, ramenée des pays lointains, en la vache Hathor, et de la rage de Rê envoyant son œil annihiler l’humanité, finissent par se confondre dans le fameux « Mythe de la Lointaine ». Dans ce récit, l’ « Œil de Rê », fille et protectrice du dieu, ivre de colère pour des raisons qui divergent selon les traditions, s’enfuit dans le désert (de Nubie dans certaines versions) sous la forme d’une lionne. Rê envoie alors un de ses fils (Thot, Shou ou Anhour, selon les versions) pour apaiser la déesse et la ramener en Égypte, auprès de lui, où se trouve sa place.
Les dimensions conséquentes de la représentation suggèrent que le relief proviendrait d’une paroi ornée, peut-être issue d’un temple. Dans la partie supérieure droite, une ligne de séparation intertextuelle suggère qu’une inscription hiéroglyphique surmontait la scène d’origine.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 100, "Fragment d’un bas-relief d’époque ptolémaïque représentant la tête d’une déesse léontocéphale. Calcaire 26 x 11. Estimé quarante francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.
Ce bas-relief fut probablement acheté auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi : « rayé 1 tête lion bas relief en creux manque le corps » (ALT 147, archives musée Rodin).
L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.
Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont le relief Co.3423 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.
Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
La pierre est en mauvais état de conservation, altérée et pulvérulente. L’humidité est probablement à l’origine de ces altérations et de la migration des sels. Le revers est bombé, il n’a pas été aplani. Des traces d’ocre rouge ont pu être identifiées. Le bloc ayant été sectionné suivant un plan carré, la partie supérieure droite du personnage est seule conservée.
Anépigraphe
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 84, "Bas relief fragmentaire, en très mauvais état de conservation, représentant un roi tourné vers la gauche, vu jusqu’à mi-corps. Il est coiffé de la nemsit et élève le sceptre [dessin] au bout de son bras droit. La coiffure a été maladroitement prolongée sur la bordure qui encadrait le monument, lequel est des plus suspects."
Donation Rodin à l’État français 1916.
Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français. Il y était posé à même le sol, appuyé contre le mur. Il y fut photographiée par Eugène Druet après mai 1913 (Ph.02474).
Égypte > provenance inconnue
Epoques tardives ? > indéterminé
Pierre dure noire
H. 8,8 cm ; L. 5,9 cm ; P. 5 cm
Co. 6007
Seul subsiste le visage d’une statue, autrefois complète. En plus de la disparition de la totalité du corps, on notera l’absence du front, du nez et du menton, disparus dans un éclat. La partie arrière de la tête a complètement disparu.
Seule partie conservée d’une statue, un visage aux traits qui semblent masculins atteint presque 9 cm de hauteur. L’homme devait être assez rond et presque joufflu, comme en témoignent les joues pleines, les pommettes hautes et le menton arrondi. Les yeux arborent une caroncule lacrymale particulièrement marquée. Le coin opposé de l’œil remonte quant à lui légèrement vers le haut. Au centre, les globes oculaires ont été légèrement modelés. Sous les yeux et avant la saillie des joues, les dépressions sont bien marquées. Le nez est assez large, avec des narines bien développées. Enfin, on voit bien malgré l’état de conservation que la bouche, symétrique et schématique, ne marque pas le sillon naso-labial. Les lèvres apparaissent alors bombées, un effet accentué par les très profondes commissures. L’utilisation d’une pierre dure noire soigneusement polie et le soin avec lequel les traits du visage ont été rendus attestent de la qualité d’origine de cette statue. Ce qui est conservé indique une grande taille, mais il est néanmoins difficile d’affirmer s’il s’agit de la statue d’un roi ou d’un particulier. Bien qu’il semble le plus probable d’y voir la représentation d’un particulier de haut rang, la disparition du crâne dans un éclat ne permet en effet pas de reconstituer la coiffe ou la coiffure du personnage, indice potentiel de sa fonction. Cette tête présentant les stigmates de chocs violents, la statue aurait subi un débitage, ou alors proviendrait d’une « cachette » de temple. Dans ce type de fosses, les prêtres entassaient les statues de fidèles antérieurement déposées dans le sanctuaire, devenues obsolètes certes, mais néanmoins conservées dans l’enceinte du domaine divin.
En l’absence d’inscription et étant donné le très mauvais état de cet objet, il demeure difficile de proposer une datation. D’après les dimensions du visage, les hautes pommettes et le nez large, il est possible que cette statue soit à attribuer aux époques tardives et d’y voir une réalisation comprise entre la XXVIe dynastie et la XXXe dynastie, époques où la statuaire privée en pierre dure noire connut une popularité sans précédent.
Anépigraphe
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 8, 359, "Fragment (masque) d'une tête saïte en granit noir. Le nez est abimé, le menton a été refait au plâtre. Haut. 8 cent. 1/2. Estimé cinq francs.
Donation Rodin à l’État français 1916.
La tête était exposée du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.
Égypte > provenance inconnue
Basse Époque, ou antérieur ? > indéterminé
Grès silicifié ?
H. 15, 7 cm ; Largeur : 14,4 cm ; P. 16,6 cm
Co. 5578
Assez mauvais. Cette tête de roi provient d’une statue brisée, dont il demeure difficile de restituer l’apparence originelle complète. Le nez a disparu et seul le négatif en est encore visible. Une partie de la coiffure est absente. La statue est également assez érodée, rendant les détails du visage et les différents modelés peu lisibles.
La tête du souverain est coiffée d’un nemes, au centre duquel se dresse un uraeus qui s’allonge le long de son crâne. Cette coiffe royale est omniprésente dans l’iconographie égyptienne, tout au long de l’époque pharaonique de l’Ancien Empire à l’époque romaine. Du fait du mauvais état de conservation, aucun détail de la coiffe ne peut être observé.
De larges oreilles, imposantes, avec un lobe épais, et bien détaillées, se détachent du nemes et encadrent un visage massif, relativement carré. Malgré l’érosion du visage, il est possible de distinguer les sourcils légèrement arqués, qui se confondent avec l’arcade sourcilière jusqu’à la naissance du nez. Ce dernier, bien que très grandement détérioré, semble avoir été large et même épaté. Les yeux, en légère saillie, sont plutôt petits et enserrés par de lourdes paupières. La bouche est symétrique et très horizontale, mais aux lèvres épaisses, accentuées par de larges commissures.
En l’absence d’inscription, il demeure bien difficile de dater cette tête de roi. Elle a été attribuée à la Basse Époque par Jack A. Josephson (1997, p. 162), mais pourrait également être plus ancienne. Plusieurs parallèles sont à noter avec la statuaire de la Troisième Période intermédiaire, notamment celle d’Osorkon Ier (MYSLIWIEC 1988, pls. XVII et XVIII). Quelques remarques stylistiques peuvent être émises, malgré le mauvais état de conservation de l’objet. L’aspect massif du visage ou encore la représentation peu ondulée du corps de l’uraeus distinguent la tête Co. 5578 des représentations de rois de la XXVIe dynastie (PERDU 2012, p. 192-193, n°95). De même, l’absence du double uraeus semble exclure une datation à la XXVe dynastie.
Anépigraphe
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, Objets non en vitrine, salle des antiques, 543, "Tête royale coiffée du claft et de l'uraeus. La matière en est très usée, le nez manque complètement, ainsi qu'un morceau de la partie droite du crâne. Grès. Haut. 16 cent. environ. Estimée deux cent francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
La tête était exposée en 1913 dans la salle des antiques à Meudon et ne semblait pas faire partie des œuvres choisies pour le futur musée à l’hôtel Biron.
Elle fut déposée en 1933 au musée du Louvre où elle reçut le numéro E. 15549 et fut ainsi décrite par Charles Boreux dans l’Inventaire des monuments égyptiens transmis par le musée Rodin au département des antiquités égyptiennes (musée du Louvre) : « 5 – Tête en grès rouge cristallin, portant une coiffure ornée d’un ureus. Epoque de Nectabo ( ?). Haut. 0m26. ». L’œuvre revint au musée Rodin en 1967 pour l’exposition Rodin collectionneur.
Provenance inconnue
Datation indéterminée
Calcaire
H. 7,6 cm ; L. 3,3 cm ; P. 5,6 cm
Co. 2783
L’état de conservation de l’objet Co. 2783 est médiocre. L’objet est érodé, certains détails ne sont donc plus visibles. Une couleur rouge foncé reste présente par endroits, en particulier sous la chaise et les jambes du personnage. Il pourrait s’agir des pigments d’origine, mais aussi du résultat d’un enfouissement dans un sédiment ferrugineux. Une cassure est visible sur le haut du dossier de la chaise et sur l’angle avant droit de la base.
Un personnage est assis sur une chaise, sur une petite base rectangulaire mesurant 1,2 cm de hauteur.
Le siège présente un dossier épais dont le haut est légèrement incurvé vers l’arrière, ainsi que deux pieds parallèles à l’avant et à l’arrière. Le dessous du siège est évidé. La posture du personnage est originale : les hanches avancées au bord de l’assise et le buste penché en arrière pour s’appuyer au dossier. Les bras sont positionnés le long du corps et les mains sont plaqués contre ses genoux, posture là encore peu canonique.
Aucun vêtement particulier, aucun détail anatomique ne permet de déterminer avec exactitude le sexe du personnage. Sa tête est arrondie et il porte une coiffure ronde également. Les traits du visage sont discernables, mais traités avec un style inhabituel : deux cavités rondes pour les yeux, des paupières en forme d’accent circonflexe, un nez droit et une petite bouche incisée.
L’absence de cou et l’aspect aplati du dessus de la tête achèvent de conférer une impression générale de maladresse à l’ensemble. Les épaules ne sont pas véritablement marquées et les bras, recourbés vers l’avant évoquent la silhouette d’un personnage difforme, bossu. Les jambes sont courtes et écartées, l’espace entre elles est évidé. Une ligne horizontale a été incisée au niveau des mollets et des chevilles. Mains et pieds ne sont pas détaillés.
Le style de cette statue ne correspond pas aux canons égyptiens. Outre l’aspect grassouillet et le traitement inhabituel du corps comme du visage, la position diffère grandement de la représentation de l’homme assis qui, dans l’art égyptien, se tient toujours bien droit même en l’absence de dossier. De même, la chaise avec ses pieds distincts se distingue radicalement des sièges pharaoniques, normalement caractérisés par un bloc quadrangulaire sans dossier ou à dossier court (par exemple, la statue de Siamon conservée au Metropolitan Museum de New York 65.115 et datée de la Deuxième Période intermédiaire). La statuette, qui semble avoir été badigeonnée d’une sous-couche préparatoire à la polychromie (pour comparaison, voir la statuette en calcaire polychrome de cuisinier musée Rodin Co. 6434, datée de l’Ancien Empire ou de la Première Période intermédiaire), est recouverte de concrétions brunâtres, liées à un enfouissement potentiel. Faut-il y voir une réalisation antique malhabile voire inachevée, ou bien un objet confectionné à la mode égyptienne, dont la circulation à la fin du XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe siècle était particulièrement active ? Sans connaître la provenance et le circuit d’achat de cet objet, rien ne semble pouvoir être tranché.
Anépigraphe
Donation 1916
Bien que fragmentaire, le relief est en bon état général. De nombreux manques et éclats en surface sont consécutifs à une desquamation de l’épiderme de la pierre. Trois des chants correspondent à des cassures, avec quelques reprises sommaires au ciseau. Le chant senestre est bien dressé avec des traces de piquetage et de râpe. Le revers est sommairement aplani comme en attestent des traces de ciseau. Des restes de polychromie ocre-rouge sont observables sur les carnations (pieds et mains).
Le bas-relief laisse apparaître les membres inférieurs de deux personnages masculins, représentés à même échelle. Placés debout sur une ligne de sol, ils se font face. Le personnage principal est celui orienté vers la droite. L’homme de droite, aux carnations plus sombres, a le pied gauche vu en miroir, glissé derrière le pied gauche du personnage qui lui fait face. Le personnage de gauche est vêtu d’un pagne court, tandis que celui de droite porte un pagne long, dont la finesse du lin laisse transparaître les jambes. La tonalité blanc-crème qui matérialisait le tissu en lin avec lequel ces pagnes étaient confectionnés n’est pas visible aujourd’hui.
Le découpage actuel du relief accorde au personnage de droite une position centrale. Cette impression est accentuée par la frise décorative qui clôture verticalement la scène derrière lui. Il est plus corpulent et semble avoir été pourvu d’un ventre rebondi. La ceinture de son pagne, placée bas sur l’amorce d’un ventre dont la silhouette courbe est encore perceptible, en atteste. Ses deux poignets sont ornés d’un large bracelet, seule parure visible sur ce fragment.
Le modelé du personnage de droite qui n'est pas vraiment classique attitude relève du style de la XVIIIe dynastie. De ses deux mains, il tient fermement un sceptre-ouas placé horizontalement. À l’extrême-droite du relief, la partie inférieure du sceptre-ouas se superpose à la frise ornementale qui marque la fin de la scène d’où ce relief provient. Au niveau de sa main droite, un élément court s'adjoint à ce sceptre. L’interprétation des objets tenus par le personnage et leur position horizontale est peu commune. La qualité d’exécution du relief semble écarter l’idée d’y voir un repentir, laissé apparent. S’agit-il de la matérialisation d’un bâton court accolé à un sceptre-ouas, ou celle d'un sceptre-ouas à la tête dédoublée ? Un exemple de dédoublement est attesté sur un pilier provenant de la tombe d’Imeneminet à Saqqara-Nord (fin XVIIIe dynastie, règnes de Toutankhâmon-Ay), sur la hampe de la canne tenue par la statue d'un roi de la Ve dynastie, Menkaouhor (musée du Louvre, E 3028a et B 48, N 151, IM 2614 in DELANGE 2019 p. 304-308 N° 103). Si les rois peuvent tenir dans une main plusieurs regalia, l'iconographie du relief Co. 3485 demeure, en l’état actuel de nos recherches, unique. Autre interrogation, le fait que ce sceptre soit tenu horizontalement, et à deux mains, est un élément singulier, pour lequel les parallèles sont encore à établir.
Il semble possible de restituer que l'homme placé à droite se tient légèrement incliné vers le personnage qui lui fait face. Dans l’iconographie pharaonique, les dieux sont vêtus d’habits classiques, costumes archaïques remontant aux débuts de l'histoire égyptienne. Ainsi, les dieux masculins étaient-ils le plus souvent vêtus de simples pagnes, tandis que les déesses arboraient des robes fourreaux à bretelles. Inversement, les humains, y compris la famille royale, se faisaient représenter avec des vêtements de leur époque. Le personnage de droite, vêtu d’un costume ample et complexe, était donc très probablement un pharaon, tourné vers une divinité masculine, reconnaissable à son pagne traditionnel court. En l’absence du reste du monument, d’attribut ou autre élément de costume, il n’est pas possible d’identifier cette divinité. En raison de l’aspect fragmentaire du monument, et sans connaissance de son contexte de découverte, les seuls éléments représentés ne permettent pas de situer avec précision la scène et le rite dépeint. Il est néanmoins possible de suggérer que ce relief provient d’une scène d’hommage rendu par un roi à un dieu, insistant sur la relation de proximité unissant les deux protagonistes comme en témoigne la superposition de leurs pieds. La présence du sceptre-ouas se justifie ici, puisqu’il s’agit d’un insigne du pouvoir, symbole de la puissance que les dieux offrent au souverain.
Cet objet a été classé initialement comme faux dans l’inventaire de Boreux en 1913, vraisemblablement en raison des détails singuliers de son décor. Mais il semble bien probable d’y voir une réalisation de la fin de la XVIIIe dynastie. L’apparence du roi apporte plusieurs indications quant à la datation potentielle de la scène. La représentation d’un souverain « grassouillet », pour emprunter l’expression de J.-L. Chappaz, avec un ventre proéminent et des fessiers affirmés, est caractéristique de l’iconographie de la fin du règne d’Amenhotep III et de l’époque amarnienne. Le style assez classique et canonique de ce relief permet donc de suggérer une datation assez probablement comprise entre la fin du règne d’Amenhotep III et les premières années de règne de son fils Amenhotep IV. Tenir horizontalement l’un des regalia ne semble pas réellement étonnant pour cette période. En effet, parmi les blocs datés du début du règne d’Amenhotep IV découverts à Thèbes, le bloc KHES 64 montre le souverain tenant le sceptre-héqa par la crosse et non pas par le manche.
Anépigraphe
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian en septembre 1912.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 96, "Fragment bas relief représentant la partie inférieure de deux personnages dont l’un tient un sceptre [dessin] dans la position horizontale. Objet faux. 40 x 28."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Le relief apparaît pour la première fois sur une liste d’objets égyptiens, expédiés par l’antiquaire Joseph Altounian à Rodin le 31 août 1912. Il s’agit d’un avis d’expédition de six caisses à dédouaner, avec, dans la caisse 8, « 1 Bas-rel. coul. deux hommes en marche manque à partir de la ceinture. Beau trav. de la IVe dyn. 200 » (ALT 147, archives musée Rodin).
La plupart des objets de ce lot provient de l’expédition d’Altounian à travers l’Égypte entre le 24 juillet et 7 août : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » (10 août 1912, ALT 147, archives musée Rodin). Le marchand avait parcouru la route suivante : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire.
J. Altounian achetait encore au Caire quelques œuvres dont « 1 bas relief couleur Bahari. » (Livre de vente 1912, archives Altounian) qui pourrait correspondre au relief Co.3485 de la collection de Rodin. Le 28 Août 1912, Altounian écrivait au sculpteur : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivé à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; pour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la fera suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.» (ALT 147, archives musée Rodin). Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont le relief Co.3485 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912 (ALT 147, archives musée Rodin).
Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
L’état de conservation de l’objet Co. 2486 est médiocre. La pierre est particulièrement pulvérulente. Toutes les surfaces sont très érodées. Par conséquent, de nombreux détails ne sont plus discernables, comme les visages des personnages ou les traces d’une éventuelle polychromie. La partie inférieure de la statuette (comprenant la base et les pieds des personnages) est brisée. La tête du deuxième personnage en partant de la gauche est tout à fait en lacune, tout comme l’arrière de la tête du premier.
Des inscriptions, disposées à l’arrière du groupe statuaire, sont aujourd’hui indéchiffrables.
Ce groupe statuaire conserve quatre personnages, assis sur une longue banquette rectangulaire. La banquette est munie d’un dossier, qui atteint presque la hauteur de leurs épaules. Ils semblent groupés par paire, puisque qu’un espace un peu plus important sépare deux couples. Chaque personnage passe un bras dans le dos de son voisin, l’autre bras reposant sur sa cuisse. Au vu de l’état de conservation actuel, le sexe de chaque personnage est impossible à déterminer. Bien que tous paraissent coiffés et habillés de la même manière (une perruque longue à mèches bien visibles de dos, un vêtement long qui s’arrête en-dessous des genoux et une large ceinture), il est à souligner que, le plus généralement, le geste d’accolade reste essentiellement confiné aux personnages féminins (FAROUT 2018).
Au revers de la statuette, centrée sur chaque paire, une stèle à sommet cintré est sculptée en creux dans le dossier, sur une profondeur de trois millimètres et une largeur de 2,3 cm. Sur chacune se trouvait une inscription en relief, aujourd’hui très effacée et illisible. Au centre du dossier, entre les deux stèles, on distingue une figure féminine (divinité ?), sculptée en relief dans un espace rectangulaire (largeur : 2,6 cm, profondeur max. 0,9 cm). On peut reconnaître un visage ovale et une chevelure, éventuellement une poitrine, mais il est impossible d’identifier le personnage. Les groupes statuaires représentant plusieurs personnages sont courants dans l’art égyptien dès l’Ancien Empire. Il s’agit très fréquemment d’époux représentés debout ou assis côte à côte, tandis que leurs enfants sont souvent figurés plus petits, debout et à proximité. L’un des exemples les plus célèbres est le groupe statuaire du nain Seneb, datant de la IVe dynastie et conservé au Musée du Caire (JE 51297). Lorsque les époux ne se tiennent pas par la main, la femme enlace généralement son mari, en enserrant sa taille et en posant l’autre main sur son épaule, dans un geste relativement similaire à celui schématisé sur la petite statuette du musée Rodin. Ces groupes statuaires étaient généralement de petite taille (quelques dizaines de centimes maximum, l’exemplaire de la collection Rodin semblant, par comparaison, particulièrement petit) et étaient placés dans les chapelles des tombes ou dans des lieux de pèlerinage.
Cependant, malgré le fait que ce type d’iconographie privée soit très répandu à toutes les périodes de l’époque pharaonique, très peu de statues montrent quatre personnages, disposés deux par deux et de même taille. La représentation de deux couples côte à côte est donc peu fréquente et quasiment limitée à la fin de la XVIIIe dynastie et à l’époque ramesside, comme en témoignent le groupe conservé au musée d’Athènes (TZACHOU-ALEXANDRI 1995, p. 127, n°21), ou encore celui de la famille de Huy, prêtre de Maât (Musée du Caire JE 11253 = CG 621 ; BORCHARDT 1925, p. 166-167, pl. 113). On notera néanmoins que les personnes alignées se tenant par la taille ne sont pas nécessairement des époux, mais peuvent également être les membres d’une même famille sur plusieurs générations (Stèle de Ptahmose et de Mery-Ptah conservée à Leyde, DEL VESCO et al. 2019, p. 11, fig. 16) ou même des divinités (Stèle familiale de Ouennefer, Louvre C 97, Idem., p. 11, fig. 17). Si l’état de conservation de cette statuette ne permet pas d’être plus précis quant à l’identité des personnages représentés ou de leurs relations, il peut être proposé – avec réserve – de voir dans ce groupe statuaire une réalisation du Nouvel Empire.
Anépigraphe
Donation de Rodin à l’État, 1916.
Égypte > provenance inconnue
Basse Epoque à Époque hellénistique et romaine, probablement
H. 18,9 CM; L. 21,2 CM; P. 7 CM
Granit rose
Co. 3180
Le matériau est sain, la surface du bloc relativement lisse. La tranche latérale gauche est cassée dans l’angle inférieur ; les autres tranches présentant également des cassures. On observe d’autres éclats à divers endroits. D’importants dépôts de terre de fouille sont incrustés sur la face. Aucun reste de polychromie n’est visible.
Ce bloc de granit rose d’épaisseur conséquente -7 cm maximum- pour ses dimensions restreintes, représente l’image d’un faucon, taillé en creux par rapport au plan. Les restes d’un badigeon sont encore visibles sur la surface mais se décèlent également sur les tranches.
Le rapace est tourné vers la gauche. Un soin particulier a été donné à la réalisation dans une pierre dure et granuleuse des plumes, du bec et de l’œil. Néanmoins, on constate que le bec semble anormalement court, déséquilibre imputable à la difficulté de graver en creux une figure dans ce type de pierre. L’image est sectionnée au niveau des pattes ; elles ne semblent pas avoir été gravées. Le relief Co. 3180 serait donc à voir comme un « modèle de sculpteur », représentant un faucon, à l’instar de celui du musée du Caire (VERNUS YOYOTTE 2005 p. 371). Cependant, l’utilisation d’une pierre à gros cristaux pour ce type d’objet surprend.
Le faucon ici représenté incarne souvent le dieu Horus, fils d’Isis et d’Osiris, divinité représentant et incarnant la royauté. Mais beaucoup d'autres divinités prennent cet aspect. Sans attribut, il est impossible de tirer une conclusion sur ce point.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 174, "Représentation de faucon tourné vers la gauche sculpté en creux dans un fragment rectangulaire en granit. L'oiseau a dû être jadis peint, le bec en est très maladroitement traité, et paraît avoir été remanié. Les pattes manquent. 20 x 18. Estimés soixante francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.
Le fragment fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français. Il fut photographié dans une vitrine, au centre d'une salle du premier étage de l'hôtel Drouot (voir images historiques, Ph.02475 et 2503).