Egypte > provenance inconnue
Les derniers temps > Époque Hellénistique et romaine
H. 20: CM; D. 6,7CM
Terre cuite
Co. 3604
Egypte > provenance inconnue
Les derniers temps > Époque Hellénistique et romaine
H. 20: CM; D. 6,7CM
Terre cuite
Co. 3604
L'œuvre est en mauvais état de conservation. Elle est cassée aux deux extrémités, fissuré en de nombreux endroits.
Il s’agit d’un tuyau réalisé en terre cuite. L’objet est de facture frustre et relativement grossière (la coupe du tuyau permet de voir que l’épaisseur de l’argile est inégale). L’argile est dégraissée par de nombreuses inclusions de gros module, indiquant tout à la fois un manque d’intérêt esthétique et peut-être une volonté d’obtenir une certaine efficacité en termes de conduction thermique. En effet, l’utilisation de paille comme dégraissant (si c’est bien ce dont il s’agit ici) permet de rendre la terre cuite plus poreuse. L’objet est constellé de marques de doigts et de stries en arc de cercle qui proviennent certainement de son serrage dans une natte tressée, permettant de maintenir la plaque d’argile en place le temps du séchage et ainsi d’assurer qu’elle conserve sa forme cylindrique (communication personnelle Sylvie Marchand).
Tous ces aspects formels indiquent un usage purement pratique ; il s’agit très certainement d’un tuyau, sans doute une conduite d’eau ou, alternativement, une tuyère de four, tels des fours de potier ou de métallurgiste. Cette deuxième hypothèse demeure cependant moins probable en raison de l’absence totale de traces de suie ou de noir de fumée sur l’intérieur du tuyau.
Certes, dans certains cas et selon la durée d’utilisation active de l’objet, les conditions d’enfouissement peuvent ne pas avoir permis la conservation des traces de combustion (Botwid et Pettersson 2016). Néanmoins, les fours incluant des tuyaux ne semblent pas avoir été les plus répandus en Egypte. Il s’agit surtout de fours à courants ascendants dans lesquels les tuyaux servent à oxygéner l’intérieur du fourneau et à empêcher le dépôt de cendres volantes sur les céramiques en cours de cuisson (NICHOLSON, 2010, p.6.). Des scènes de certaines tombes de l’Ancien Empire, comme dans le mastaba de la reine Meresankh III à Giza, montrent également des artisans métallurgistes affairés autour de fours à tuyères. Leur emploi est en effet indispensable afin d’oxygéner la flamme qui va permettre de fondre ou ramollir le métal.
Anépigraphe.
Égypte > provenance inconnue
IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,78 cm ; L. 2,98 cm ; P. 0,6 cm
Os long de boeuf
Co. 2450
Ce fragment d’applique présente un fendillement de la structure osseuse important et un état d’usure avancé. Deux fissures courent verticalement. On note également une petite perte de matière près du bord sommital. Seuls deux bords originels sont conservés : une partie du bord supérieur et la partie haute du bord senestre. Au revers, le tissu spongieux osseux est particulièrement présent.
La panthère orientée vers la droite détourne la tête vers l’arrière. Son pelage est constellé d’ocelles rendues par des petites perforations circulaires assez profondes, creusées à l’aide d’une pointe ou d’un fin trépan. Sa gueule largement ouverte est surmontée d’un œil simplement indiqué par une petite perforation. Son oreille en pointe surplombe des poils épais garnissant le cou. En partie supérieure, subsistent une tige et quelques grains, correspondant sans doute à un pampre de vigne, qui devait se poursuive sur la partie disparue de l’applique. La netteté du sciage au-dessus du rinceau laisse supposer que la scène se prolongeait sur une applique contiguë. La finesse de la sculpture, et le soin apporté aussi bien dans le rendu des détails anatomiques que dans la traduction du pelage, attestent une pleine maîtrise de la sculpture sur os.
Les espèces félines que sont les tigres, lynx, ou panthères, sont associées à Dionysos, conquérant de l’Inde. Chevauchées par le dieu de l’ivresse ou attelées à son char, elles participent à son triomphe sur les Indiens. La panthère (ou léopard), seule, accompagne également fréquemment la divinité représentée debout, au repos. Le fauve, en effet, apparaît souvent aux côtés de Dionysos, relevant le museau pour mieux boire le vin que ce dernier lui verse d’un canthare. Sur la majorité des appliques en os, la panthère conserve cette attitude bien que le dieu ne tienne pas de canthare. Elle semble donc tendre son museau vers lui, tout en l’observant.
Quoique le poitrail et la tête soient les uniques éléments épargnés, le félin rappelle par sa position les panthères accroupies à la droite de Dionysos sur cinq autres appliques du musée Rodin (Co. 2071, Co. 2077, Co. 2123, Co. 2232, Co. 2274-Co. 2314). Les taches de son pelage évoquent les perforations circulaires observables sur le corps de la panthère du relief Co. 2123, mais ses proportions presque deux fois plus importantes l’en démarquent. Le traitement soigné du pelage ponctué de trous circulaires est similaire au fragment d’applique sculpté d’une panthère, symétriquement inversée, mis en vente chez Christie’s (Londres, 26 novembre 1980, lot 141).
Malgré son état très lacunaire, ce qui reste de l’applique laisse envisager la présence, à la gauche de la panthère, d’une figure de Dionysos. En raison de sa taille importante, et du bord supérieur conservé, on peut imaginer que cette plaquette, réservée à la figuration de la panthère et de rinceaux de vigne, s’intégrait à une composition plus vaste. Celle-ci était sans doute formée de plusieurs plaquettes en os, à l’instar de celle conservée à l’Ashmolean Museum d’Oxford découverte à Shurafa (1912.603+610+613), composée de cinq parties (MARANGOU 1976, p. 87, pl. 3b ; PETRIE, MACKAY 1915, p. 42, pl. XLIX, fig. 5).
La qualité de facture de la pièce, les ocelles profondément perforées du pelage du félin, sa taille et le soin tout particulier porté aux détails anatomiques, sont des arguments de choix pour envisager une datation dans les premiers siècles de l’Empire romain. En croisant les datations proposées par L. Marangou pour les appliques sculptées d’un Dionysos Lycien à la panthère au pelage minutieusement reproduit, et les arguments avancés par E. Rodziewicz en faveur de l’appartenance des pièces trouées de profondes perforations à une première phase de production (RODZIEWICZ 2007, p. 22), on peut imaginer raisonnablement que l’œuvre fut façonnée à partir du IIe siècle. Pourtant, une applique découverte dans un contexte archéologique daté de la fin du IIIe-début du IVe siècle à Alexandrie présente ce même type de perforations (RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8). Il faut sans doute y voir une spécificité technique, ou un recours à des modèles hellénistiques.
Comparaisons :
-Oxford, Ashmolean Museum, 1912.603+610+613.
-Paris, musée Rodin, Co. 2123.
-Vente Londres, Christie’s, South Kensington, Furniture, carpets and objects of art…, 26/11/1980, lot 141.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,12 cm ; L. 2,5 cm ; P. 1,87 cm
Os, tibia de boeuf
Co. 2316
Ce fragment correspond à l’angle supérieur dextre d’une applique assez plate. La bordure dextre est conservée sur la moitié de sa hauteur. On note un fendillement longitudinal de l’os.
Le bras droit relevé et l’inclinaison de l’avant-bras sont autant d’indices favorables à l’identification de Dionysos adoptant la pose alanguie de l’Apollon Lycien. Ce qui subsiste de la chevelure aux mèches enroulées, de laquelle se détachent deux mèches libres ondulées, conforte cette détermination iconographique. Le bras droit était dressé de façon à ramener la main au-dessus de la tête, dans un geste exprimant le délassement (MARANGOU 1976, p. 87-91, n° 3-26, pl. 2-9). Du coude du dieu descend un himation qui se déploie en plis courbes, le long de son côté droit.
Ce fragment peut être mis en rapport avec les appliques de la collection d’A. Rodin Co. 2109, Co. 2120, Co. 2240, et la pièce du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 6571 : QUONIAM, PICARD 1970, p. 187, n° 244 ; MARANGOU 1976, p. 90), sur lesquelles le bras droit arqué au-dessus de la tête, ainsi que le plissé de l’himation accompagnant le geste de la divinité, proposent un traitement analogue. Toutefois, sur la pièce étudiée, le bras modelé avec justesse frôle une chevelure aux mèches rendues avec une certaine rigidité, comme sur les appliques Co. 2232 et Co. 2242 du musée Rodin. Une réalisation au cours du IVe siècle peut donc être avancée, avec toutes les réserves que cela suppose puisqu’il s’agit d’un fragment de petite taille.
Comparaisons
Pour le modelé du bras et le drapé :
-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6571.
-Paris, musée Rodin, Co. 2109, Co. 2120, Co. 2240.
-vente en ligne, Artemis Gallery (Louisville, CO, États-Unis), Ancient, Ethnographic & Religious Art, 07/01/2016, lot 25.
Pour la coiffure :
-Malibu, Getty Villa, 71.AI. 190.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 10,23 cm ; L. 3,65 cm ; P. 1,8 cm.
Os, humérus de bovidé ?
Co. 2274-Co. 2314
L’applique est conservée sur la moitié de sa hauteur, mais la bordure senestre est brisée. Ne sont préservées qu’une partie des jambes de la figure masculine, et la panthère qui l’accompagne. Une cassure suivant la ligne de séparation des jambes a nécessité un recollage de la pièce composée de quatre fragments. Des sédiments subsistent dans le tissu spongieux osseux, abondant au revers.
De la figure ne subsistent qu’une partie des jambes, le pubis et le ventre. La panthère qui l’accompagne permet de déduire son identité, à savoir Dionysos. Bien que le haut du corps du dieu soit manquant, la tension de la jambe droite, en appui sur les orteils bien individualisés, ainsi que l’inclinaison du bassin, sont autant d’éléments distinctifs de l’iconographie de Dionysos Lykeios. Ce schéma est en effet celui le plus couramment sculpté sur les reliefs en os mis au jour en Égypte à la fin de l’époque romaine. Contrairement à de nombreuses images de Dionysos Lycien croisant sa jambe gauche, dans une attitude de délassement, la figure la porte légèrement en avant, à l’instar de ce qu’on peut observer sur d’autres appliques du musée Rodin : Co. 2074, Co. 2077, Co. 2123. Cependant, les jambes s’avèrent très rapprochées, voire quasiment collées, alors que sur les reliefs Co. 2077 ou Co. 2123, la jambe gauche, détachée, ouvre davantage la composition. Le ventre au nombril de forme triangulaire laisse supposer un mouvement du buste vers la gauche, que contrebalançait une draperie tombant le long de la jambe droite.
La panthère, tournée vers la droite, lève son museau vers le dieu. La ligne souple et allusive qui en définit les contours, et la traduction sommaire des taches de son pelage, contrastent avec le modelé subtil et le poli des membres inférieurs de Dionysos. L’attention accordée aux détails anatomiques qui transparaît dans la précision du nombril, de l’articulation du genou droit et la justesse du pied posé sur la pointe, sont les fruits d’une évidente habileté dans le travail de l’os. Les mêmes caractéristiques se lisent sur une applique du musée Benaki conservée presque dans son intégralité (18897 : MARANGOU 1976, p. 89, n° 13, pl. 6c). Une seconde pièce peut constituer une analogie intéressante malgré son aspect de surface altéré marqué par une desquamation et une rugosité de la matière osseuse. Mise en vente en ligne par une galerie américaine (Artemis Gallery, Louisville, Ancient, Ethnographic & Religious Art, 7 janvier 2016, lot 25), elle révèle une divinité à la posture similaire, et surtout un félin au traitement du pelage assez proche.
Malgré un soin accordé aux détails anatomiques, les contours suggestifs, et les volumes à la plasticité beaucoup moins accentuée que ceux de l’applique Co. 2123, nous orientent vers une réalisation plutôt tardive. Les coups de burin ayant imprimé au pelage de la panthère des ocelles assez allongées de forme triangulaire se retrouvent sur un grand nombre d’appliques (DELASSUS 2020, p. 60, n. 86, p. 66, p. 80, fig. 8). Ils ponctuent les nébrides ou les outres de cuir que portent les satyres, ou animent les peaux des animaux marins. Si L. Marangou date certaines œuvres portant ces marques de la fin du IIIe siècle ou du début du IVe siècle, elles pouvaient rehausser certaines œuvres légèrement plus tardives comme l’applique sculptée d’un Dionysos Lycien mise au jour à Alexandrie (cf. RODZIEWICZ 2007, p. 22, p. 76-77, n° 22a). Par conséquent, le champ chronologique pour la création de cette applique pourrait correspondre au IVe siècle.
Comparaisons :
-Athènes, musée Benaki, 18897.
-Paris, musée Rodin, Co 2074, 2077, 2123, 2274 (position des jambes)
-Vente en ligne, Artemis Gallery (Louisville, CO, États-Unis), Ancient, Ethnographic & Religious Art, 07/01/2016, lot 25.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,5 cm ; L. 2,8 cm ; P. 0,65 cm
Os, métacarpe gauche de bovidé, face postérieure
Co. 2245
Ce fragment constitue l’angle supérieur droit d’une applique de plus grande dimension. Le revers est entièrement couvert de stigmates de radicelles et présente un léger délitage de la surface. Des fentes longitudinales s’observent sur les faces externe et interne. Les cassures ont engendré la perte du visage, du bras droit et des jambes à partir des genoux. La ligne de cassure épouse les contours du côté droit, de la hanche et de la cuisse droite du personnage. La vascularisation de l’os est légèrement visible sur le côté senestre de l’applique, en particulier sur l’attribut que tient la figure.
En appui sur la jambe gauche, la figure masculine adopte une posture hanchée, le torse fortement déversé vers la droite. La nudité du personnage, ainsi que les contours sinueux de son corps, concordent avec les caractéristiques iconographiques immédiatement reconnaissables de Dionysos, sculpté selon le schéma de l’Apollon Lycien. Une mèche ondulée incisée sur l’épaule droite pourrait conforter cette hypothèse. Ces indices s’avèrent, cependant, assez minces pour assurer l’identification.
Le contrapposto assez prononcé du personnage est similaire à celui qu’on peut noter sur la plupart des appliques consacrées à la représentation de Dionysos, mais au sein de ce groupe, les figures en appui sur le pied gauche sont en faible nombre. L’inclinaison ou le léger rejet du buste vers l’arrière reflète une bonne compréhension de l’attitude du corps humain dans ce cas précis. On retrouve cette même interprétation sur un fragment du musée gréco-romain d’Alexandrie (16620) aujourd’hui exposé au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina (BAAM 0368). Ceci signifie que notre figure, en déséquilibre, devait trouver un soutien du côté droit.
La divinité sculptée ne semble pas souscrire au schéma le plus courant. Elle ne décrit pas un arc-de-cercle avec son bras autour de la tête, dans une posture d’abandon, mais paraît tenir un attribut. Celui-ci pourrait correspondre à une corne d’abondance dont l’extrémité évasée coïnciderait avec la bordure supérieure. Le bras gauche et la main qui retenaient cet attribut ne sont en revanche pas discernables. Ce type iconographique est connu par quelques appliques : la pièce conservée à Alexandrie déjà citée malgré le fait que la cornucopia ne soit pas véritablement bien identifiable, une applique du musée Benaki à la plasticité très affirmée (18918 : MARANGOU 1976, p. 87, n° 2, pl. 2b), une seconde au Museum of Fine Arts de Boston (57699). Un relief sculpté conservé autrefois à Berlin propose une vue complète qui permet d’imaginer ce à quoi pouvait ressembler la figure de notre plaquette (I. 3751 : WULFF 1909, p. 114, n° 398, pl. XVII). Il offre une représentation de Dionysos en appui sur la jambe gauche, soutenu par un support à droite, alors qu’il tient dans sa main gauche une courte corne d’abondance. La simplification des formes le rapproche davantage de notre fragment que les autres analogies.
La musculature des pectoraux, en légère saillie, ainsi que le sternum, sont discrètement mis en valeur par un travail au ciseau. L’artisan a précisé par des enlèvements de matière plus marqués la présence des côtes et des hanches. Le nombril, qui surmonte le pubis délimité par deux incisions, n’est suggéré que par un enfoncement. Ce style allusif n’est pas sans rappeler celui de certaines appliques rectangulaires de petites taille datées du Ve-VIe siècle par A. Loberdou-Tsigarida (18802, musée Benaki : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 270, n° 138, pl. 41). Toutefois, le rendu anatomique est quelque peu moins schématique sur notre pièce. Une réalisation au cours du IVe siècle serait possible étant donné ces éléments de comparaison, malgré tout très ténus.
Par ses dimensions et sa relative planéité, cette pièce se rapproche de l’applique Co. 2077 du musée Rodin. Elle ne devait pas excéder 10 cm de hauteur. Le dieu offre, par contre, un corps plus souple et plus svelte que sur la comparaison citée. Cette plaquette appartient donc à une catégorie assez peu représentée d’appliques, se démarquant des grandes pièces souvent convexes dont la hauteur se situait entre 14 et 18 cm, et des petites appliques quadrangulaires très plates, longues d’environ 6 à 7 cm (pour des exemples, consulter LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 269, n° 128-130, pl. 38-39).
Comparaisons
-Alexandrie, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, BAAM 0368 (anciennement au musée gréco-romain, 16620)
-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 3751.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 13,8 cm ; L. 4,53 cm ; P. 1,2 cm
Os, tibia de bovidé ou de dromadaire ?
Co. 2242
L’os présente, en surface, un fendillement dans le sens des fibres (longues fentes parcourant l’applique dans le sens de la hauteur). La partie inférieure de l’applique est manquante, la cassure n’ayant laissé subsister que la partie supérieure du corps de la figure masculine. On remarque également un éclat sur le coude du bras droit qui se prolonge au-dessus. Une partie de l’angle supérieur senestre a disparu. Des sédiments sont encore observables dans les creux.
La gestuelle du personnage, ainsi que sa coiffure, incitent à reconnaître Dionysos. Toutefois, aucun élément ne permet de le distinguer de l’Apollon Lykeios, auquel est emprunté le mouvement du bras droit. Le dieu se trouve ici surmonté d’un motif identifiable par son contour festonné et ses nombreuses nervures à une de la coquille, motif qui orne fréquemment les frontons semi-circulaires ou triangulaires surmontant des divinités (DELASSUS 2020, p. 61, n. 90, p. 80, fig. 9). Souvent associée à Aphrodite, en référence à sa naissance, la conque peut la couronner, placée, en effet, au centre d’un fronton (cf. collection Grüneisen, MARANGOU, 1976, pl. 38a ; Moscou, musée Pouchkine, 3134 : BANK, BESSONOVA 1977, p. 162-163, n° 308), ou se déployer derrière sa chevelure (Vienne, collection Tamerit, B63 : FROSCHAUER, HARRAUER 2004, p. 61, n° 1). Parmi les exemples dédiés à Dionysos, cette plaquette fait figure d’unicum.
Les coquilles peuvent être aussi sculptées sur des plaquettes isolées (WULFF 1909, p. 121-122, n° 439-442, pl. XIX ; Alexandrie, musée gréco-romain, 13349 : SHAHIN 1998, p. 375, fig. 4 p. 372 ; Alexandrie, musée gréco-romain, 12043 : TÖRÖK 2005, p. 149-150, n° 95 ; Alexandrie, fouilles du théâtre Diana, DI 94. 1163.2.1 (33) : RODZIEWICZ 2007, p. 87-88, n° 39, pl. 19, pl. 98, n° 3 ; Aboukir: BRECCIA 1926, p. 80, pl. LXIV-4). Cet ornement se retrouve également à de multiples reprises sur des diptyques en ivoire à sujets profanes et mythologiques (VOLBACH 1976, p. 57-58, n° 66, 68, pl. 38-39), des diptyques consulaires (VOLBACH 1976, n° 16-21, 44), ainsi que sur des ivoires sculptés de figures ou de scènes chrétiennes, tels ceux ornant la chaire de Maximien ou appartenant au groupe dit "de la chaire dite de Grado" (VOLBACH 1976, n° 137, 140, 150, 153-154, 237, 242). Enfin, une dizaine d’appliques datant des VIe-VIIe siècles livrent des figures aux proportions raccourcies, directement surmontées d’un motif de coquille au dessin très stylisé. Dans ces cas précis, les représentations se limitent à Aphrodite, Éros, ou un homme tenant une lance (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 363, 366, 382, 391, 395, 397-398, 419-421).
L’étroitesse de la matrice allongée a contraint l’artisan à comprimer les formes. La coquille paraît étirée en hauteur, alors que sur les lunettes qui surmontent les appliques rectangulaires, elle se déploie en largeur. Le bras droit de Dionysos vient mordre sur le bord dextre, tandis que le bras gauche est ramené sur le devant du corps. L’épaule gauche présente une ligne tombante et paraît très atrophiée. Le corps du dieu est orienté vers la droite, contrairement à son visage tourné de trois-quarts vers la gauche. Un himation aux plis obliques semble draper l’épaule gauche et recouvrir en partie le torse (cf. carré en tapisserie, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, AF 6109), à moins qu’il ne faille y voir un baudrier. Cet accessoire rarement représenté sur les appliques en os (18903 : MARANGOU 1976, p. 92, n° 27, pl. 11b ; musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, AF 6565), trouve des échos sur plusieurs étoffes égyptiennes d’époque byzantine (cf. musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, E 26570).
La chevelure reprend le schéma habituel présent sur ce type d’appliques, à savoir des cheveux séparés par une raie, attachés à l’arrière, retombant en boucles sur les épaules. La zone lisse qui constitue le sommet de la tête correspond à la présence du bandeau ou au reste de la masse capillaire. Le même traitement sommaire de la coiffure peut-être relevé sur une pièce du Getty Museum de Malibu (71.AI.90), ou dans une moindre mesure, sur une autre appartenant autrefois aux musées de Berlin (I. 2892 : WULFF 1909, p. 113, n° 392, pl. XVII). Les organes du visage sont rendus de façon assez imprécise par des incisions au burin. Au centre d’un visage large à la mâchoire carrée, se dessinent des yeux aux paupières tombantes entourant un nez assez fort. Des incisions cernent le contour du globe oculaire et résument l’œil à une excroissance, sur laquelle vient jouer l’ombre et la lumière (cf. MARANGOU 1976, p. 75). La joue gauche, qui ne devrait être qu’à moitié visible, révèle ici une mauvaise maîtrise du rendu de trois-quarts.
Le visage, par sa morphologie et son expression, entretient un lien stylistique étroit avec celui de l’applique Co. 2232. Comme sur cette pièce, les cheveux rassemblés en mèches de part et d’autre d’un axe central, dégagent un front triangulaire, marqué par un aplat s’étendant sur le haut du crâne à la place de la raie médiane. Ce trait s’observe sur plusieurs appliques de la collection du musée Rodin (Co. 2071, Co. 2099, Co. 2135-2152), et la pièce 18910 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 75, 90, n° 19, pl. 8c). La reprise des détails et le polissage sont peu poussés. Si la figure renvoie à un modèle hellénistique, il nous paraît imprudent de l’assigner au IIe siècle, à l'instar de l’applique comparable du Getty Museum. Quoique la déformation du visage soit sans doute imputable au manque d’adresse de l’artisan, il semble tout de même difficile de placer la réalisation de l’applique avant le IVe siècle en raison d’une forte stylisation.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18910.
-Malibu, Getty Villa, 71.AI.90.
-Paris, musée Rodin, Co. 2071, Co. 2099, Co. 2135-2152, Co. 2232.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du IIIe siècle - début du IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 10,6 cm ; L. 4,63 cm ; P. 2,1 cm
Os, humérus gauche de boeuf, face médiale
Co. 2240
La partie inférieure de l’applique est brisée, ce qui a pour effet la perte d’une grande partie du bras gauche et des jambes de Dionysos. De petites taches ocre-brun sont observables sur la face principale (bras droit et épaule gauche), ainsi qu’au dos de la pièce. Le chant sommital de l’applique conserve des traces de rouge.
L’ivresse dans laquelle se trouve plongé Dionysos le conduit à adopter une attitude indolente : son bras droit dressé, avec la main ramenée au-dessus de la tête, accompagne un balancement de la ligne des épaules et du bassin. Au hanchement assez prononcé, répond cependant une faible inclinaison de la ligne des épaules. Cette pondération permet de restituer une jambe droite en appui et une jambe gauche fléchie ou croisée. Le déséquilibre de la figure rendait l’appui nécessaire du corps sur un pilastre ou une colonnette, éléments présents autrefois dans la partie inférieure senestre de l’applique. Seul le départ du bras gauche qui s’y accoudait est encore visible.
La longue chevelure féminine et le corps modelé avec délicatesse sont des caractéristiques de l’image du dieu du vin et de la fête dès le IVe siècle avant J.-C. Son état de langueur invite à mettre l’accent sur le dessin sinueux du corps. Outre l’introduction d’un support palliant l’instabilité de la pose, le visage imberbe associé à un corps nu d’adolescent situe ce relief en os dans la dépendance des types praxitéliens, fleurissant à partir de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Quant au bras ceignant la tête, il rappelle étroitement la posture adoptée par l’Apollon Lykeios, statue en bronze fondue pour le Lycée d’Athènes, célèbre gymnase ainsi dénommé en raison de sa proximité avec le temple élevé à Apollon Lykeios. Cette sculpture décrite par Lucien de Samosate au IIe siècle ap. J.-C. (Anacharsis, ou les Gymnases, 7), sans que l’auteur en soit mentionné, fut attribuée sans fondement, hormis sa ressemblance avec l’Hermès d’Olympie, au XIXe siècle, au sculpteur Praxitèle (vers 395 av. J.-C. - vers 330 av. J.-C.). Connu par des monnaies d’argent athéniennes du début du Ier siècle av. J.-C., et une trentaine de répliques en marbre, bronze et ivoire, ce prototype pourrait revenir à un sculpteur contemporain ou être une création plus tardive. La paternité à Praxitèle a en effet été remise en cause, au profit de l’œuvre de son contemporain Euphranor, ou d’un artiste du IIe siècle av. J.-C. Le canon moins allongé, l’ouverture de la composition, l’importance de la musculature et la solidité de la tête de certaines répliques, comme la statuette en ivoire mise au jour lors des fouilles archéologiques menées sur l’Agora d’Athènes (Athènes, musée de l’Ancienne Agora, BI 236), ne correspondent pas à ce qu’on connaît de l’art de Praxitèle appliqué au nu masculin éphébique (PASQUIER, MARTINEZ 2007, p. 55, 308-309, p. 338-339, n° 86)
Au sein du corpus d’appliques du musée Rodin dédiées à Dionysos, ce relief se distingue par des volumes bien dégagés, et une facture soignée allant de pair avec une attention portée aux détails. Malgré un bassin très large, contrastant avec les pièces Co. 2071 ou Co. 2232, les proportions du corps semblent harmonieuses. Les contours des membres sont cernés d’une ligne incisée destinée à accuser le relief. À hauteur des pectoraux, signalés par une légère saillie, le corps est légèrement tourné vers la droite. Les muscles du torse sont séparés par la ligne fortement incisée du sternum. Celle-ci court verticalement à partir des arcs qui matérialisent les clavicules, tout en enserrant le cou. Sous le sternum, descend jusqu’au nombril la linea alba, évoquée par une gravure pratiquée à la surface de l’os.
L’himation, qui retombe le long du bras droit de Dionysos, anime la partie dextre de l’applique, d’un réseau de plis fluides profondément creusés. Le visage, tourné vers la gauche est porté par un cou assez haut et plutôt épais. Le nez épaté et accidenté, révèle une légère faiblesse dans la maîtrise du rendu de trois-quarts. Les yeux attestent la même difficulté. Une bouche aux lèvres charnues et ourlées, aux commissures recreusées, surmonte un menton rond. S’agissant de la chevelure, l’artisan a fait preuve dans son traitement, d’un soin tout particulier. La tête est cerclée par une mitra ornée de corymbes, visible au sommet du front. On notera que les fruits du lierre agrémentant la bandelette ne sont identifiables que sur une autre applique de la collection Rodin (Co. 2120). Cette bandelette retient les cheveux, dont quelques mèches enroulées sur les tempes, doivent se rejoindre en un chignon sur la nuque, et d’autres ondulées, se déploient de façon naturelle sur les épaules. Sculptées en relief de part et d’autre du visage, les boucles prennent à leur extrémité la forme de délicates lignes ondoyantes gravées entourant le cou.
Notre applique offre une étroite parenté, tout autant sur le plus stylistique qu’iconographique, avec une pièce légèrement plus large et moins lacunaire, découverte lors des fouilles entreprises par la mission polonaise dans le secteur de Kôm el-Dikka à Alexandrie (R 1728/72 : RODZIEWICZ, p. 323-324, n° 3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 59, n° 51). Bien que la courbure du torse et l’inclinaison de la tête soient plus prononcées que sur notre œuvre, ce relief en os propose une chevelure presque identique, retenue sur le dessus du front, par une mitra garnie de deux renflements évoquant les grappes de lierre. Excepté la coiffure, d’autres ressemblances méritent d’être pointées : la main à l’index fléchi et aux doigts écartés, les pectoraux en légère saillie par rapport à la cage thoracique, aux mamelons ovales rendus par de petites incisions, l’indication de la structure osseuse par des lignes également incisées (clavicules et sternum) et l’agencement des plis de l’himation. Par contre, le traitement des yeux, en relief ici, alors qu’ils sont perforés sur la pièce du musée Rodin, s’avère différent.
La mise au jour de cet os sculpté, sur le monticule est du sondage pratiqué dans la partie orientale de Kôm el-Dikka, apporte un indice de datation, même si celui-ci doit être considéré avec prudence, en raison de la perturbation des niveaux stratigraphiques de ce secteur. D’une qualité sculpturale indéniable, cette pièce voisinait avec une figurine en stuc de Zeus-Sarapis, une base en pierre d’une figurine votive ainsi qu’une statuette en bronze d’un athlète, toutes assignables au IIIe siècle d’après E. Rodziewizc (op. cit.). En outre, de la céramique africaine du IVe siècle a été retrouvée en abondance à proximité. Ces indices laissent envisager une réalisation de l’applique dans la seconde moitié du IIIe siècle ou au début du IVe siècle, avant qu’elle ne soit abandonnée à la fin du IVe siècle (DELASSUS 2020, p. 62 n. 92).
Deux autres appliques, sans provenance, méritent d’être associées à celle du musée Rodin. Certains détails comme la forme du visage, la chevelure, ou l’indication des pectoraux renvoient de toute évidence à un modèle commun malgré un travail moins méticuleux. La première, appartient aux collections du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 6571 : QUONIAM 1970, p. 187, n° 244 ; MARANGOU 1976, p. 90). La même traduction moins appliquée se retrouve sur la seconde, mise en vente en ligne par une galerie américaine (Artemis Gallery, Louisville, Ancient, Ethnographic & Religious Art, 7 janvier 2016, lot 25). Cette dernière applique s’avère la plus complète de la série, même si elle offre un aspect de surface rugueux ou altéré. Accompagné de la panthère, Dionysos, au buste plus raide, est accoudé à une colonnette torse.
Le rapprochement effectué par L. Marangou entre l’applique du Louvre et une pièce du musée Benaki (18899 : MARANGOU 1976, p. 75, 78, p. 90, n° 17, pl. 8a), ne paraît pas totalement pertinent. Si la robustesse du corps, et plus encore, la façon analogue dont l’artisan a traité la coiffure sont proches, l’applique du musée Benaki s’écarte de celle du musée Rodin et des trois œuvres comparables citées ci-dessus, par le mouvement inverse de la tête, et l’apparence du visage aux yeux globuleux.
Comparaisons
-Alexandrie, fouilles de Kom el-Dikka, R 1728/72.
-Musée du Louvre, DAE, AF 6571.
-Vente en ligne, Artemis Gallery, Louisville, (Californie), Ancient, Ethnographic & Religious Art, 7 janvier 2016, lot 25.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du IIIe siècle - IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 12,88 cm ; L. 4,15 cm ; P. 1,55 cm
Os, humérus gauche de boeuf
Co. 2232
L’applique est conservée aux deux-tiers de sa hauteur. Des manques sont observables en partie inférieure (jambes lacunaires), sur le bord dextre et surtout sur le bord senestre. Le coude du bras droit est brisé tandis que le bras gauche n’a pas subsisté. La partie inférieure du bras droit est constituée d’un éclat engendré par le délitement de la matière osseuse, qui a été recollé.
Dionysos, au corps gracile et aux traits juvéniles, est figuré nu, accompagné sans doute d’un jeune satyre dont on ne distingue que la tête, appuyée sur le côté gauche du torse du dieu. Le bras droit relevé au-dessus de sa tête, ainsi que la forte inclinaison de son buste, sont calqués sur les nombreuses versions existant du type de l’Apollon Lykeios, décrit au IIe siècle ap. J.-C. par Lucien de Samosate (Anacharsis, ou les Gymnases, 7). Un contrapposto appuyé accompagne le bras plié nonchalamment au-dessus de la tête.
La figure de Dionysos ivre, supportée par un silène ou un satyre, se rencontre couramment dès l’époque hellénistique, dans la plastique de petite taille, essentiellement dans les domaines de la céramique et de la toreutique, puis semble gagner la statuaire au cours du Ier siècle av. J.-C. Ce groupe, dont les variantes vont être multiples à l’époque impériale, puis dans l’Antiquité tardive, pourrait être le fruit d’une transposition de modèles athéniens célèbres du IVe siècle av. J.-C : le groupe d’Éros et Dionysos de Thymilos cité par Pausanias (Description de la Grèce, I. Attique, 20, 2), et de Dionysos ivre soutenu par un satyre de Praxitèle, évoqué par Pline l’Ancien (Histoire naturelle, XXXIV, 69-70). A la figure abandonnée de Dionysos, se substitue parfois, à l’époque romaine, la figure de Dionysos Lycien issue du cercle praxitélien (cf. SCHRÖDER 1989 ; GASPARI 1986, LIMC III, p. 449-450 ; HOLTZMANN 1993, p. 251-256). Cette formule iconographique apparaît sur deux groupes statuaires en marbre de petite taille découverts en Égypte, rappelant le type Grimani : le groupe décoratif Ma 2629 du musée du Louvre, mis au jour en Basse-Égypte (GASPARI, 1986, LIMC III, n° 280, p. 450, n° 280, pl. 326), et un trapézophore exhumé à Abou Mina (cf. ENGEMANN 1998). Cette dernière œuvre, datable de l’époque antonine, s’inscrit dans la production des trapézophores attiques qui exploitent souvent ce thème. Au cours du IIIe siècle, nombre de sarcophages à iconographie dionysiaque incluent aussi, au sein du cortège, un satyre enlaçant Dionysos pour mieux le retenir (cf. GASPARI 1986, LIMC III, p. 550, n° 119, p. 554,n° 186).
Sur notre applique, le satyreau dont ne subsiste que le visage, paraît particulièrement proche de Dionysos. Une applique en os du musée gréco-romain d’Alexandrie, sculptée d’une représentation de Silène plongé dans un état d’ébriété avancé, secondé par deux jeunes satyres, révèle la même proximité entre la figure adulte, et le faune dont la tête s’appuie contre les chairs affaissées de son compagnon (13291 : BONACASA-CARRA 1995 p. 280, pl. XXV-1 ; TÖRÖK 2005, p. 57-58, n° 12).
Le visage du satyreau préservé sur l’élément de placage du musée Rodin renvoie non pas à satyre adolescent de taille presque égale à celle de Dionysos, comme sur certains sarcophages (cf. Baltimore, Walters Art Museum, 23.37), ou diverses mosaïques (pavement du triclinium de la maison de l’Aiôn, site de la verrerie, quartier de Trinquetaille à Arles), mais d’un jeune âge ou de très petite taille (cf. sarcophage conservé à la Villa Médicis : MATZ 1969, vol. 3, p. 378-380, n° 210 ; mosaïque du musée archéologique d’Hatay, Antakya, 861A : AUGÉ & LINANT DE BELLEFONDS 1986, p. 522, n° 82, pl. 413). Cet os sculpté du musée Rodin semble bien être le seul, peut-être avec le Co. 2121, parmi les collections à ce jour répertoriées, à convoquer le détail iconographique du jeune satyre (DELASSUS 2020, p. 49, n. 8, p. 61, n. 90, fig. 9 p. 80).
Derrière le bras droit de Dionysos, retombe un pan de l’himation qui couvre son dos. La cassure du bord droit, qui semble suivre la ligne du bassin et de la cuisse gauche, confère une position peu naturelle aux jambes, qui devaient, selon toute vraisemblance être croisées, le poids du corps reposant sur la jambe droite. On notera également l’exceptionnelle étroitesse du bassin. La ligne sinueuse du corps, ainsi que les formes douces du torse, sans indication de la musculature, répondent aux critères de représentation de Dionysos qui prévalent à partir du IVe siècle av. J-C. Les chairs lisses du buste effilé et souple, renvoient aux appliques Co. 2071, Co. 2135-2152, Co. 2099 de la collection Rodin, ou 18920 du musée Benaki à Athènes, sur lesquelles la structure musculaire du torse ne transparaît presque pas (cf. MARANGOU 1976, p. 88, n° 4, pl. 3a).
Le visage est orienté de trois-quarts vers la gauche, la torsion des muscles du cou et les clavicules étant matérialisées par des incisions. La chevelure partagée en deux à partir du sommet du front, s’organise en mèches torsadées, nouées probablement en un chignon sur la nuque et venant pour certaines, mourir sur les épaules. Un aplat non sculpté marque le sommet du front, comme sur les appliques Co. 2071, Co. 2135-2152, Co. 2099 et Co. 2242 du musée Rodin. Autour d’un nez fort, des yeux rapprochés au dessin tombant se logent sous des arcades sourcilières accentuées. Le traitement des yeux rappelle fortement ceux de la divinité sculptée sur l’applique Co. 2242.
Le visage aux joues pleines et à la mâchoire carrée se termine par une petite bouche fermée aux lèvres épaisses, dont la commissure droite a été profondément creusée de façon quelque peu maladroite. L’hésitation dans le rendu de trois-quarts du visage a généré un léger enflement de la joue gauche, trait que l’on remarque également sur l’applique Co. 2242, mais de façon encore plus prononcée. L’étroite analogie formelle existant entre les visages des deux appliques mérite d’être soulignée. La ressemblance dans le traitement de la coiffure, ainsi que dans l’aspect du visage, invite à se demander si les deux œuvres ne seraient pas nées des ciseaux du même artisan. Toutefois, la qualité sculpturale ainsi que le degré d’achèvement des deux pièces diffère grandement.
Le visage et la coiffure relèvent d’un style observable sur les appliques 18910 du musée Benaki (cf. MARANGOU 1976, p. 75, 90, n° 19, pl. 8c), de l’applique vendue en 2013 par Royal Athena Galleries, et une pièce exposée à la Getty Villa de Malibu (71.AI. 190), même si la sculpture de cette dernière apparaît beaucoup plus frustre, indiquant peut-être que la pièce n’a pas été achevée. Le traitement du corps pourrait rappeler des appliques attribuées au milieu du IIe siècle par L. Marangou, mais la déformation du visage, la stylisation des mèches de cheveux, comme celle du museau de la panthère, ne permettent pas réellement d’envisager une datation avant la fin du IIIe siècle ou le IVe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18910.
-Malibu, Getty Villa, 71.AI. 190.
-Paris, musée Rodin, Co. 2099, Co. 2242.
-Vente New York-Londres, Royal Athena Galleries, 2013, HG1286C, ancienne collection du Dr. G. H., El Cajon, Californie, acquis de Royal-Athena Galleries, juillet 1982.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 4,2 cm ; L. 3,8 cm ; P. 0,45 cm
Os, omoplate de boeuf ?
Co. 2226
Seul un petit fragment d’une plaquette qui accueillait sans doute deux personnages est conservé. Une partie du bord supérieur subsiste.
La figure d’homme se présente nue, à l’exception d’un himation attaché sur l’épaule gauche, couvrant en partie le haut du buste. Son bras gauche tient un thyrse, au dessin très simplifié, par sa partie sommitale. La présence de cet élément d’appui, sur la gauche du personnage, semble indiquer que le poids du corps reposait sur sa jambe droite. Le torse vu presque de face, le jeune homme tourne la tête vers la gauche, regardant peut-être un autre membre du cortège dionysiaque. Une main située le long du bord senestre cassé suggère, en effet, la présence d’une seconde figure.
Le buste, très court, est sculpté en faible relief. Le nombril est indiqué par une légère dépression en V. De légères incisions soulignent les détails anatomiques : pectoraux, ligne du sternum et linea alba, limites du pubis. La chevelure, qui semble traitée en mèches torsadées, cerne un visage penché, au nez busqué, surmontant une bouche fermée et un menton tronqué, mal dégagé du cou.
La coiffure en mèches parallèles, ainsi que le corps juvénile à la musculature estompée, orientent l’identification vers Dionysos. Le thyrse, retenu ici par son extrémité, s’avère souvent son apanage ; à moins qu’il ne s’agisse d’une lance, comme celle que maintiennent par la pointe, des figures d’hommes sculptées sur six appliques. Trois d’entre-elles offrent l’image d’un jeune éphèbe, légèrement tourné vers la droite, la main sur la hanche : musée Benaki (12744 : MARANGOU 1976, p. 123-124, n° 206, pl. 61a) ; musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes (E 17203 : MARANGOU 1976, p. 124, pl. 61b) ; musée du Caire (7090 : STRZYGOWSKI 1904, p. 184, fig. 238 p. 183). La pièce 71.41 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 126) est construite sur le même schéma, avec une orientation vers la gauche de l’homme armé. Enfin, une applique en os découverte à Mampsis en Israël, emprunte cette figure tournée vers la gauche, mais lui adjoint, à droite, un bouclier (ROSENTHAL 1976, p. 98, pl. 22e). D’autres variantes plus tardives existent sur des appliques de petite taille (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 289, 313-315, n° 416-423, pl. 108-109).
Une seule plaquette de taille réduite, conservée au musée archéologique national d’Athènes, associe Dionysos tenant le thyrse, à une ménade jouant du tympanon (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 289, n° 265, pl. 70). L’attribut n’est d’ailleurs pas retenu par le sommet, mais coincé contre le bras gauche. Il s’avère donc ardu de se prononcer sur l’identité du personnage taillé sur cette applique très lacunaire.
Le style enlevé et suggestif de cette applique très plane se situe dans la lignée des petites appliques de forme rectangulaire ou trapézoïdale, convoquant les membres du cortège dionysiaque, datées pour beaucoup d’entre-elles du IVe au VIe siècle (voir à ce propos LOVERDOU-TSIGARIDA 2000). Toutefois, le rythme qui anime le personnage, et le rendu de l’œil, se retrouvent sur une longue applique que L. Marangou place dans la dépendance des modèles antonins (cf. MARANGOU 1976, 18770, p. 106, n° 106, pl. 32c). On peut donc proposer, sans aucune certitude, une fabrication au cours du IVe siècle, période marquée par un style assez hétérogène.
Comparaisons :
Pour l’iconographie :
-Athènes, musée archéologique national, ancienne collection Iliopoulou (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 289, n° 265).
-Athènes, musée Benaki, 12744.
-Baltimore, Walters Art Museum, 71.41.
-Israël, fouilles de Mampsis.
-Le Caire, anciennement au musée égyptien, 7090.
-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17203.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Ve - VIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,43 cm; L. 3,63 cm; P. 1,55 cm
Os, humérus ou fémur de boeuf
Co. 2218
Ce fragment, au relief assez usé, correspond à la partie supérieure d’une applique. Les jambes et le bras gauche du personnage sont manquants. D’importants dépôts de sédiments subsistent dans la cavité médullaire, ainsi que sur la surface de l’applique, dans les lignes profondément incisées qui cernent les volumes. On remarque également des marques noires, similaires à celles observables sur d’autres pièces de la collection (cf. Co. 2071, Co. 2107, Co. 2125). L’épaule gauche est maculée d’une tache brunâtre.
Le bras droit relevé nonchalamment au-dessus de la tête est souvent l’indice d’une représentation de Dionysos dans l’attitude de l’Apollon Lycien. En raison de la récurrence de ce modèle formel sur les appliques en os découvertes en Égypte, et en dépit de l’absence d’attributs significatifs, on peut raisonnablement identifier ainsi cette figure masculine.
La nudité du dieu de l’ivresse et de la fête est complète hormis un himation aux larges plis retombant le long de son bras droit. Il offre un torse fortement lustré, vu de face, à la structure musculaire simplifiée. Le dessin géométrisé des masses musculaires procure d’ailleurs une certaine rigidité à l’ensemble du buste. Les lignes qui matérialisent les clavicules dessinent un V et se rejoignent pour former le sternum, puis la ligne blanche. Ce rendu appuyé des muscles du thorax se remarque également sur une applique du musée Benaki à Athènes (18902 : MARANGOU 1976, p. 91-92, n° 26, pl. 11a), ainsi que sur un fragment passé en vente chez Ancient Resource Auctions (Montrose, Californie, 6 août 2017). Le traitement graphique du buste, combiné à une vue presque frontale, contribue à un élargissement du torse et du bassin. Les proportions du corps de la divinité paraissent en effet bien plus courtes et ramassées que sur les appliques Co. 2071 et Co. 2232. Le bras levé, qui se termine par une main aux doigts individualisés, semble, quant à lui, quelque peu frêle par rapport au torse, à la solidité accusée.
Le visage sculpté de façon assez frustre est également vu de face. Un nez informe très usé, totalement aplati, en occupe le centre, surplombant directement une bouche qui s’étire vers la gauche. Une des commissures a été maladroitement recreusée et seule la lèvre inférieure apparaît. Une mâchoire carrée achève de donner à ce visage une impression de lourdeur. Les yeux qui présentent un profil en amande, aux contours simplement incisés, sont placés de façon maladroite à des hauteurs différentes. La chevelure, qui s’apparente à un bourrelet, vient encadrer l’ovale du visage. Les mèches enroulées symétriquement à partir d’un axe médian étaient sans doute nouées derrière la tête en un chignon.
Cette pièce constitue l’une des appliques les moins soignées du corpus. L’extrême schématisation des formes, la chevelure au dessin symétrique s’apparentant à un bourrelet, ainsi que les yeux au contour en amande, sont des indices en faveur d’une datation à l’époque byzantine, voire au début de l’époque omeyyade.
Comparaisons :
-Athènes, musée Benaki, 18902 (détails anatomiques très marqués).
-Ismaïlia, musée, inv. 892 ? (visage large, dessin des yeux, et détails de la musculature).
-Paris, musée Rodin, Co. 2094 (visage large à la chevelure traitée de façon sommaire).
-Vente en ligne, Ancient Resource Auctions, Montrose (Californie), Fine Ancient Artifacts, n° 60, 06/08/2017, lot 201 (uniquement pour le dessin géométrique des pectoraux).
-Vente Nice, Sarl4-Auction, Vente de prestige, 27/12/2015, lot 185 (visage large, coiffure en forme de bourrelet, détails anatomiques assez appuyés).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.