Reliquaire

Bastet sous sa forme de chatte

égypte > provenance inconnue

époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[voir chronologie]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 14 cm ; l. : 10 cm ; p. : 5,4 cm 

co. 769

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en bon état de conservation.

La statuette est entière bien que le métal ait presque entièrement pris une teinte verte.

Au niveau de la cuisse droite, deux trous bien marqués résulteraient peut-être d’un défaut de fonte. Le travail de finition de l’arrière des pattes antérieures et du poitrail n’est pas fini, entrainant une dépression conséquente à la pointe du sternum.

Description

La statuette en bronze représente une chatte délicatement assise sur ses pattes arrière.

Le félin présente de bonnes proportions et des lignes élégantes. Il possède de grands yeux ouverts délimités par une simple ligne creusée dans le métal, le gauche étant plus ouvert et moins enfoncé que le droit, et de grandes oreilles percées aux lobes. Les contours intérieurs des oreilles sont doublés d’un fin sillon rendant une certaine profondeur. Les hautes pommettes surmontent des joues creuses et un pinch marqué. Le museau et la gueule sont finement modelés bien que l’on note l’absence de moustaches. Le nez est court et fin.

La musculature et l’ossature des épaules sont rendues avec sensibilité. Ces dernières se poursuivent sur de longues pattes antérieures sur lesquelles les carpes sont modelés. L’espace entre les épaules montre un léger creusement provoquant dans sa face ascendante l’arrondi naturel du dos. Les cuisses arrière sont esquissées par deux paires de légers bourrelets obliques partant du haut des cuisses pour finir au milieu du dos formant ainsi deux V. Les pattes en elles-mêmes, fondues dans le reste du corps, ne sont pas dessinées. La queue de l’animal suit les courbes du chat du côté droit pour finir au devant du pied avant droit. Une légère asymétrie est visible, les pattes avant étant légèrement décalées sur le côté droit pour rejoindre l’extrémité de la queue.

Deux épais ressauts verticaux faisant partie intégrante de l’œuvre ont été moulés sous les pattes avant et sous la naissance de la queue. Ces deux tenons permettaient le placement du félin dans un socle antique, aujourd’hui disparu et remplacé par un socle moderne en bois.

(En ce qui concerne les termes utilisés pour la description de l’anatomie des félins).

 

Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période Intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqarah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des centaines de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée, en tant qu’ornement (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., in Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet. Mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.

 

La statuette Co. 769 étant trop petite pour contenir la momie de l’animal qu’elle représente, elle devait soit surmonter un coffre dans lequel était entreposé une momie, soit contenir seulement une partie de félin. 

 

De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres. En revanche, les dimensions diffèrent d’une statuette à une autre. Seuls quelques exemples correspondent aux caractéristiques et aux dimensions de la statuette Co. 769. Par exemple, l’objet du musée Rodin est très similaire à la figure de Bastet provenant de la collection d’Antoine Barthélémy Clot, dit Clot-Bey exposée à Marseille, au musée d’Archéologie Méditerranéenne du Centre de la Vieille Charité (Inv. n° 733). Un exemple de même dimension que celui de Rodin est conservé au musée de Liverpool (Liverpool Museum n° M11490). L’une des oreilles est ornée d’un anneau d’or.

 

La notice en ligne de Lili Aït-Kaci présente une figurine de Bastet d’époque saïte, nettement plus grande, dont le socle d’origine, inscrit, est conservé (Musée du Louvre, Département des Antiquités égyptiennes n° E 2533).

 

Mais aussi, au British Museum de Londres : EA 11556 (12,7 cm) et EA 47547 (16,7 cm).

Au Musée du Cinquentenaire de Bruxelles : E.07643 (13,5 cm), E.07642 (14 cm) et E.06935 (14,5 cm).

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, Co. 813, Co. 2371, Co. 804, Co. 212, Co. 2337, Co. 2424 et Co. 771 sont également des statuettes de chatte assise sur ses pattes postérieures. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 7, 333, "Chat assis en bronze. Haut. 14 cent. 1/2. Estimé soixante quinze francs."

Donation à l’État français en 1916. 

Commentaire historique

La qualité d’exécution de l’œuvre, alliée à son parfait état de conservation, ont fait de cette statuette une figure remarquée dans la collection. Cette statuette était exposée en 1913 dans une vitrine du pavillon de l’Alma à Meudon. Choisie pour l’exposition Rodin Collectionneur en 1967 (N° 92 du catalogue Rodin Collectionneur, sous son ancien numéro d’inventaire DRE 333), elle a été à cette occasion fixée sur un socle en bois. A partir de 2003, la statuette a été exposée de façon permanente à l’hôtel Biron.

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