Nekhbet

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXXIe dynastie > 332 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 14,5 cm ; L. : 2,7 cm ; P. : 3,1 cm 

Co. 5619

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre présente un bon état de conservation. 

Le métal est oxydé, notamment au niveau du visage et de la couronne. L’œuvre est complète à l’exception de l’avant-bras droit et du bras gauche. 

 

La statuette présente une surface brune composée d’oxydes bruns avec des emplacements vert pâle composés de sulfates. La surface est assez lisse. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Sur la photographie de la liste d’œuvres, elle est soclée sur une base circulaire en marbre blanc mais actuellement elle n’a plus de socle. 

Description

L’œuvre Co. 5619 représente une déesse debout, les jambes jointes sur une petite base plate (2,2 cm x 2,2 cm) sous laquelle un tenon est visible. Il est possible que la déesse ait eu les deux bras sont levés vers l’avant, dans une position d’adoration et de protection. Elle pouvait alors tenir dans ses mains des objets rituels, égides divines ou instruments de musique par exemple (voir pour comparaison la statuette en bronze du Pelizaeus-Museum d’Hildesheim, Inv. N° 0057, datée de l’époque gréco-romaine à romaine, où Isis tient un objet dans sa main droite).

La figure est coiffée d’une perruque striée sous laquelle un bandeau frontal est visible. Il accueille un imposant uraeus sur lequel les écailles du cobra ont été soigneusement rendues. La perruque revêt une forme particulière, sa partie antérieure se limitant à un carré au niveau des épaules. Notons également qu’elle s’arrête nettement dans le dos au niveau des omoplates. Une fine mitre centrale fine surmonte la perruque. Elle est flanquée de deux très hautes plumes de Maât. L’élément central de la coiffe, dont l’extrémité est perdue, est ondulé. Masqué par la corrosion, son identification est difficile en l’état. Il est à remarquer également qu'aucun pan de la perruque ne tombe sur la poitrine contrairement aux représentations plus communes de cette coiffe. Le fait que les bras soient levés en avant a sûrement participé à ce choix de figuration. Trois sillons obliques dans le cou suggèrent la présence d’un collier en pendeloque. La divinité est vêtue d’une longue robe moulante. Cette robe s’arrête aux chevilles et laisse apparaître ses caractéristiques physiques, citons notamment le pubis, le nombril, le creux des reins et les muscles abdominaux, dorsaux et fessiers. 

Le visage plein de la déesse est particulièrement en saillie et ce à cause du creusement prononcé au niveau des oreilles et de l’absence de pans de perruque sur la poitrine. Les arcades sourcilières proéminentes surmontent des yeux globuleux, leur contour et la pupille étant simplement dessinés par des sillons fins, approximativement horizontaux. Le nez, légèrement en trompette, est fin à sa naissance puis s’élargit à sa base. Il couronne une petite bouche pulpeuse, traitée de la même manière que les yeux. La lèvre supérieure est plus proéminente que la lèvre inférieure. On note une très nette dissymétrie dans le visage de la divinité, notamment en ce qui concerne les yeux. Les épaules hautes laissent peu de place au cou. Elles introduisent des bras fins et présentant un léger gonflement au niveau du biceps et le pli du coude. Les formes féminines sont mises en valeur grâce au modelé de la poitrine, de la taille fine, des hanches et du pubis. Le dessin des longues jambes est visible au travers de la robe. Enfin, la forme des pieds suit nettement le style dit « égyptien » (orteils en angle décroissant régulier, alignés du plus gros au plus petit). Les orteils, longs et fins, sont dissociés les uns des autres par un léger sillon. 

Le modelé général de la statuette, qui dévoile l'anatomie, laisse supposer une manufacture hellénistique.

L’épais tenon métallique sous la petite base permettait à l’origine d’insérer l’œuvre, instable, dans un socle plus grand. Le musée Rodin conservant une petite figure de la déesse Maât assise (Co. 2427) et plusieurs figurines d’Osiris siégeant, il est tentant d’évoquer au sujet de la déesse du musée Rodin Co. 5619 le groupe en bronze de l’ancienne collection Drovetti conservé au musée égyptien de Turin (Cat. 514) représentant la triade osirienne devant Maât et daté de la XXIIe-XXIIIe dynastie (CORTESE Valeria, « Gruppo bronzeo raffigurantte la triade osiriaca davanti alla dea Maat », Iside, 1997, p. 54). La déesse du Co. 5619 serait dans ce cas une Isis. Par ailleurs, deux statuettes de Nekhbet conservées au musée du Louvre présentent la même couronne que Co. 5619, une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes de Maât, N3563 (cf.CHAMPOLLION Jean-François, Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X, Paris, éd. 2013, p. 87, A. 134-135) et E27210. Son identification à Nekhbet est l'hypothèse que nous favorisons ici. 

Bien que cela ne soit pas prouvable aujourd'hui, cette statuette servait probablement d'ex-voto à un dévot. 

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin conservent la statuette Co. 5612 qui présente des similitudes avec la présente œuvre, notamment dans le modelé du visage et le traitement de la perruque. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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