Matière et technique

Une matrice prélevée dans un segment de diaphyse de tibia de bœuf a été choisie pour accueillir la figure de satyre. Elle présente, sur sa face interne, en partie inférieure, une zone marquée par la réapparition du tissu osseux spongieux.

 

Des sillons obliques se lisent encore sur le chant inférieur de la pièce. Ils correspondent à la phase d’élimination de l’extrémité articulaire du tibia. La surface des bords internes a dû être raclée, dans un premier temps, puis abrasée, comme tendent à le laisser penser les profondes stries obliques situées le long des bords.

 

Les traces des petits ciseaux nécessaires à la détermination des volumes du corps du satyre ont en grande partie disparu en raison d’un polissage poussé, mais aussi de l’usure de la pièce. Elles sont encore pourtant perceptibles sur les contours de la silhouette, du creux de l’aisselle jusqu’au mollet. Le dégagement des volumes en fort relief a permis de conférer une réelle plasticité à la figure. La lame d’un fin burin est venue préciser, par des incisions en surface, les détails anatomiques. La partie inférieure trahit une plus faible attention portée à la finition : la bordure inférieure ainsi que l’espace entre les jambes montrent, en effet, un travail de la matière moins abouti.

 

Malgré l’état de conservation de la pièce, on peut encore distinguer de petites perforations circulaires en guise d’ocelles, parsemant les deux pans au dessin sinueux de la peau de panthère (DELASSUS 2020, p. 51 n. 22). Ces petites cavités ont vraisemblablement été obtenues par l’emploi d’un minuscule foret ou trépan-vrille. Elles peuvent être mises en regard du nombril, creusé à l’aide d’un outil similaire, mais manié plus profondément. E. Rodziewicz a proposé de voir dans les différents traitements des textures des peaux animales, un indice de datation (RODZIEWICZ 2007, p. 22). Les cavités circulaires forées avec délicatesse appartiendraient à la phase la plus précoce de la production alexandrine, alors que les encoches triangulaires seraient les indices d’une fabrication plus tardive. Cependant, un contexte archéologique daté de la fin du IIIe-début du IVe siècle à Alexandrie a livré une pièce avec ce même type de perforations (RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8). Peut-être faudrait-il interpréter ces différents procédés comme des spécificités techniques entretenant un lien étroit ou plus distant avec les modèles hellénistiques.

 

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

Les cassures de la pièce en partie supérieure et sur le côté dextre ont entraîné la disparition de la tête du personnage ainsi que de son bras droit. De petits éclats affectent la bordure inférieure et l’extrémité du pied gauche. La pièce a fait l’objet d’un recollage qui a nécessité l’ajout de comblements permettant l’assemblage des quatre fragments qui étaient disjoints. La cassure verticale qui scindait en deux la figure du satyre a engendré une lacune sur la jambe droite, et une autre au niveau de la bordure inférieure. L’ensemble des cassures a favorisé l’apparition d’un réseau de fissures verticales et obliques présentes dans toute l’épaisseur de l’os. On note également des traces de délitement et de desquamation, notamment sur le bras gauche. Quelques petites taches de couleur ocre brun sont discernables sur les faces externe et interne.

Restauration

Lors de l’opération de restauration menée en 2018-2019, V. Picur a d’abord procédé à un nettoyage enzymatique au coton-tige, suivi d’un rinçage à l’éthanol, pour éliminer la couche de salissure. Le recollage des quatre fragments appartenant à l’applique a été effectué au Paraloïd B44 à 40% dans acétone/éthanol 1/1. Dans un second temps, les manques ont été comblés avec un mélange micro ballon/ Paraloïd B72 à 30%. Enfin, ces bouchages ont été retouchés à l'aquarelle Winsor & Newton pour mieux s’harmoniser avec la patine de l’os.

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