Reliquaire

Poissons barbus bynni

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,8 cm ; L. : 3,7 cm ; P. : 7,3 cm

Co. 2435

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation. Le métal oxydé s’effrite au contact des doigts. Les détails décoratifs de l’objet ont complètement disparu. De nombreuses fissures, ayant créé des écailles, parsèment l’œuvre. Celle-ci devait à l’origine reposer sur un réceptacle recevant les restes momifiés (ou leur simulacre) de l’animal représenté. L’objet Co. 2435 est donc incomplet. Le reliquaire est très altéré par les chlorures et les sulfates. Les parties manquantes du réceptacle ont été reconstituées à l’aide de plâtre qui a contribué à la sulfatation et à l’altération de l’œuvre. La plâtre a été peint de la couleur de la surface de l’œuvre. 

Description

L’œuvre figure deux poissons de dimensions et de genre identiques. Il s’agit de poissons barbus bynni, connus également sous le nom lepidotos, reconnaissables à leur petite nageoire dorsale triangulaire. Ils sont placés parallèlement sur le ventre, reposant sur une base rectangulaire. Un espace d’environ un centimètre les sépare au niveau de la queue.

Les deux poissons présentent les mêmes caractéristiques. Le museau est pointu et légèrement relevé alors que la bouche  est marquée par une simple ligne horizontale. Triangulaire et épineuse, la nageoire dorsale se dessine dans le prolongement du front. Le corps se rétrécit de façon progressive et naturelle jusqu’à la nageoire caudale. On note l’absence des nageoires pectorales.

Originellement, les poissons ne touchaient la base qu’au niveau de l’estomac et de la pointe inférieure de la nageoire caudale. Aujourd’hui, l’oxydation du métal a comblé tous les espaces autrefois vides, à l’exception du dessous de la tête du poisson de gauche et de la naissance de la queue de celui de droite.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2435 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

Le poisson bardeau (barbus bynni Forskal) ou lépidote (lepidotos, du grec ancien signifiant « écaille ») est plus communément connu sous l’appellation de « carpe du Nil » (voir VERNUS Pascal, « Barbeau lépidote », in P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des Pharaons, Paris, 2005, p. 204-205 et bibliographie p. 756).

Le matériel votif attestant de sa dévotion est multiple dès le Nouvel Empire mais particulièrement abondant à l’époque tardive (amulettes, figurines, momies, sarcophages et reliquaires similaires au Co. 2435). Il était associé à la déesse lionne Mehyt, « Maîtresse de Thinis, ville de Haute-Égypte et capitale politique à l’époque thinite, 3100 - 2700 avant J.-C., (voir « Mehyt », in J.-P. Corteggiani, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 314-315). Comme toutes les déesses lionnes, Mehyt est une divinité dangereuse, colérique et destructrice que seul l’exercice de son culte peut apaiser. 

 

D’autres reliquaires présentant un ou plusieurs poissons sont conservés dans différents musées du monde. Le type de poisson le plus fréquemment représenté est le poisson oxyrhynchus, par exemple au Museo Egizio di Torino (n° d’inventaire S. 18097) ou au MMA de New York (n° d’inventaire 03.4.30 et 04.2.660). Sa longue nageoire dorsale le différencie du poisson barbus bynni.

On note néanmoins un nombre conséquent de poisson barbus bynni notamment au Musée du Louvre (n° d’inventaire E 3099, AF 283, N 4014 D, E, F, G, H et I).

Au Penn Museum de Philadelphie, quelques figurines en bronze de poisson sont conservées, toutefois aucune information quant à leur type n’est précisée (n° d’inventaire 69-29-796, 69-29-780, 69-29-794, 29-85-589 et 29-70-726).

Un porte-enseigne en bronze, destiné à être fichée au bout d’un bâton, présente l’iconographie similaire de deux poissons (Berlin, numéro d’inventaire 2570, ROEDER Günter, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 451 § 616 c, fig. 673 et pl. 61 i). Les poissons du porte-enseigne de Berlin sont de dimensions nettement supérieures (10,5 cm de long) à ceux du Co. 2435 (environ 3 cm).

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin ne conservent que ce seul exemple de reliquaire de poisson sacré.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 11, 402, "Deux poissons sur une base rectangulaire creuse très abimée. Bronze. Long. 72 millim. Estimée vingt francs."

Donation à l’État français en 1916.

Commentaire historique

L'objet fut exposé dans une vitrine de l'atlier de peinture à Meudon, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Reliquaire

Musaraigne

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,5 cm ; L. : 2,1 cm ; P. : 7,6 cm

Co. 2428

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre présente un bon état de conservation. 

L’œuvre est entière, mis à part le bout de la queue. L’oxydation du métal est visible sur le ventre de l’animal, toutefois les détails de la fourrure sont toujours reconnaissables. 

Description

L’œuvre représente une musaraigne debout sur une base plate rectangulaire. Les égyptiens étant de fins naturalistes, les caractéristiques de l’espèce sont soigneusement détaillées.

La tête, de forme triangulaire, est bilobée. Le premier lobe, qui comprend l’espace entre les oreilles et les yeux, adopte la forme d’une cloche. La seconde partie de la face, qui correspond au museau, a une forme plus étirée. L’extrémité du museau se compose de deux narines nettement distinctes l’une de l’autre. Sous le museau une grande incision en arc de cercle crée l’ouverture de la gueule. Les oreilles, triangulaires et courtes, dépassent de part et d’autre de la boîte crânienne. En leur centre, deux dépressions parallèles en restituent la profondeur. Cette dépression est observée en particulier à l’intérieur de l’oreille gauche. Le front est court et bombé. Les yeux mi-clos de la musaraigne, animal nyctalope, sont indiqués par deux incisons qui surmontent les bajoues de l’animal. Une collerette de fourrure encadre le bas de la tête, créant une rupture entre la tête et le cou assez grêle. Le dos est rond et potelé, les flancs sont rebondis, le ventre légèrement convexe. L’appendice caudal est sectionné à mi-hauteur. De multiples entailles dessinent le pelage, en particulier au-dessus de l’épaule gauche. On remarque que chaque membre, que cela soit les pattes ou la queue, est introduit par un resserrement qui sépare ainsi nettement chaque partie du corps. Les pattes sont longues, fines et arquées. Les caractéristiques morphologiques qui permettent de différencier les musaraignes des mangoustes, assez proches sur ces petites figurines en bronze, sont à chercher dans le tableau rédigé par OSBORN Dale J., OSBORNOVÁ Jana, The Mammals of Ancient Egypt, The Natural History of Egypt, Vol. IV, Warminster, 1998, p. 27. Les pattes se terminent par des pieds longs et plats sur lesquels quelques entailles matérialisent les doigts, en particulier sur la patte avant gauche. Un bourrelet de graisse entoure la naissance de la queue. Sous la queue, entre les pattes postérieures, notons la présence d’un ressaut de métal représentant probablement les testicules de l’animal.

Enfin, des éclats dorés parsèment de manière aléatoire le pelage de l’animal. Sous la base, au centre, un tenon de métal permettait le placement de l’animal sur un socle plus grand, comme un reliquaire par exemple. Ce tenon est actuellement fiché dans un socle en bois trapézoïdal, vraisemblablement contemporain de l’arrivée de l’objet sur le marché de l’art.

 

La musaraigne est un animal nocturne se nourrissant d’insectes et de petits lézards. Cette petite souris est aveugle, symbolisant ainsi l’obscurité et les ténèbres. Elle obtient par conséquent le rôle de guide dans l’au-delà. La musaraigne est aussi étroitement associée à l’ichneumon, dont le musée Rodin conserve un exemplaire en bronze (Co. 2413). En effet, selon la mythologie égyptienne, chaque matin la musaraigne se transforme en ichneumon, symbolisant le lever du soleil et inversement, l’ichneumon se transforme en musaraigne chaque soir au moment du crépuscule. La musaraigne, animal nocturne, représente « l’Horus aveugle » et l’ichneumon, prédateur diurne, « l’Horus voyant » (sur la musaraigne en Égypte ancienne, voir YOYOTTE Jean, VERNUS Pascal, Bestiaire des Pharaons, Paris, 2005, p. 614 et 791). Cette souris possède également des vertus thérapeutiques. Sa graisse était utilisée dans les préparations médicinales pour guérir certaines blessures et des problèmes auriculaires (cf. OSBORN Dale J., OSBORNOVÁ Jana, id., p. 26).

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2428 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion. 

 

Pour comparaison, un reliquaire est publié au Penn Museum de Philadelphie (E 12552) et au Metropolitan Museum of Arts de New York (1985.14). Le Musée de la Vieille Charité de Marseille conserve aussi une musaraigne en bronze (n° d’inventaire inconnu), ainsi que la Ny Carlsberg Glyptotek (ÆIN 762 et ÆIN 763).

Le Museo Egizio de Turin possède plusieurs objets de même type (Cat. 0926, Cat. 0927, Cat. 0928 et Cat. 0930) et le Musée égyptien du Caire compte parmi ses collections quatre exemples de cercueil de musaraigne, tous surmontés de la représentation en relief de l’animal en question. Notons toutefois que ces sarcophages sont en bois (CG 29786, CG 29787, CG 29788 et CG 29789). 

Œuvres associées

Cet exemple de statuette de musaraigne en bronze est unique dans la collection d’antiques du musée Rodin. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913. Les traces d’une étiquette ancienne, carrée, sont visibles sous le socle. Cette étiquette a disparu.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Ichneumon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,2 cm ; L. : 2,2 cm ; P. : 11,3 cm

Co. 2413

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre présente un état de conservation correct bien que le métal soit oxydé, particulièrement sous le ventre de l’animal.

La partie antérieure de la base est fragmentée et les détails anatomiques sont patinés. Mis à part le socle ou réceptable sur lequel l'animal se tenait, l'oeuvre est complète.

 

Le reliquaire présente une surface brun sombre composée d’oxydes bruns et des traces de sulfates. La surface est assez lisse. De petites traces de terre d’enfouissement sont encore visibles. Des chlorures sont disséminés sur la surface. 

Description

L’œuvre représente un ichneumon en position de marche. Sur l’Herpestes ichneumon, grande mangouste égyptienne à longs poils très représentée dans les scènes nilotiques des chapelles funéraires, (voir OSBORN Dale J., OSBORNOVÁ Jana, The Mammals of Ancient Egypt, The Natural History of Egypt : Vol. IV, Warminster, 1998, p. 92-96 et VERNUS Pascal, « Ichneumon », in P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des Pharaons, Paris, 2005 p. 610-613, notice et p. 790-791, bibliographie). L’animal est placé sur une longue et fine plaque en bronze sous laquelle un tenon fait du même matériau servait originellement à maintenir l'oeuvre sur un socle plus imposant, probablement un reliquaire. Il a été réutilisé pour son insertion dans un socle rond en pierre rouge et blanche de type marbre. La plaque en bronze épouse les contours de l’animal, s’affinant progressivement jusqu’à l’extrémité de la queue. Ils forment un ensemble indissociable. 

Le corps de l’ichneumon est plus long que sa queue bien qu’elle soit, proportionnellement au corps, très longue. Sa longueur est d’environ 5,1 cm. la longueur totale de l’animal  étant de 11,3 cm. Large à sa naissance, elle s’amincit rapidement mais garde ensuite la même épaisseur jusqu’à sa pointe. Son extrémité se confond progressivement avec la plaque. Le museau, carnassier, est long et très pointu. Il est flanqué de deux dépressions ovales dessinant les yeux. Au niveau des paupières, des particules dorées sont observables. Les oreilles, figurées par un léger bourrelet, sont peu visibles. Malgré la corrosion, les mâchoires se devinent, étroites sous le museau dont le profil, presque anguleux sur son sommet, accorde à la statuette l’attitude d’un prédateur. Une dépression aplatie recouvre le sommet du crâne qui, particulièrement large, pourrait avoir été aménagé pour accueillir une incrustation. Un petit collier de fourrure encercle le cou de l’animal. Le dos, large et arrondi, se différencie du ventre, qui est de forme concave. Ce dernier semble être resté à l’état brut après le moulage car elle n’a pas été polie, de même que les faces internes des pattes courtes et épaisses, notamment les postérieures. Les pattes sont légèrement fléchies, la patte gauche s’avance, l’arrière-train de l’animal descend sensiblement. Les griffes des mangoustes ne sont pas rétractiles et le sculpteur a pris soin de bien les matérialiser au bout des doigts de l’animal dans la masse du bronze. 

 

Les statuettes de mangouste égyptienne ont été réalisées dès l’époque saïte. D’après les auteurs antiques, l’ichneumon, chasseur de rat et de serpent, était apprécié pour ses qualités de prédateur. Il était alors souvent associé au chat qui possédait les mêmes prérogatives de protecteur du foyer. Les égyptiens cherchèrent même à domestiquer certains individus. Dans l’une des scènes décorant la tombe d’un dignitaire de la XIe dynastie à Béni Hassan (tombe de Baqet, n° 29), un ichneumon est tenu en laisse dans un défilé animé de cinq chasseurs armés (NEWBERRY Percy E., Beni Hasan, Part II, ASE vol. II, Londres, 1893, p. 34 et pl. XXX, tombe n° 29, mur est).

 

Prédateur attesté, on le retrouve ainsi dans la mythologie égyptienne en tant qu’ennemi du serpent Apophis qui, chaque nuit, souhaite interrompre la course du Soleil et faire tomber le monde dans le chaos. La mangouste égyptienne était par conséquent attachée à une divinité solaire telle qu’Atoum ou Rê, mais également Horus. Dans l’oasis de Kharga, sur un relief du temple d’Amon à Hibis, Horus prend ainsi la forme d’une mangouste. La musaraigne est étroitement associée à l’ichneumon. En effet, selon la mythologie égyptienne, chaque matin la musaraigne se transforme en ichneumon, symbolisant le lever du soleil et inversement, l’ichneumon se transforme en musaraigne chaque soir au moment du crépuscule. Ils représentent respectivement « l’Horus aveugle » (la musaraigne, animal nocturne, ne supportant pas la lumière du jour) et « l’Horus voyant » (l’ichneumon, prédateur diurne). Un tableau comparatif des caractéristiques anatomiques différenciant les ichneumons des musaraignes est à trouver dans OSBORN Dale J., OSBORNOVÁ Jana, The Mammals of Ancient Egypt, The Natural History of Egypt, Vol. IV, Warminster, 1998, p. 27.

 

Les statuettes en bronze d’ichneumon figurent le plus souvent l’animal debout, dressé sur ses pattes arrières et couronné d’un disque solaire orné d’un uraeus (par exemple à la Ny Carlesberg Glyptotek ÆIN 622). Expression de sa complexité et de sa sophistication, la mythologie égyptienne associa la mangouste à la déesse Ouadjet, divinité à tête de serpent et représentée à partir de la Basse-Époque comme une femme léontocéphale portant le disque solaire. La mangouste était son animal sacré. Un bel exemple de cette association est conservé au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles (Inv. N° E. 7074). Datant probablement de la XXVIe dynastie, il s’agit d’une statue en bois de la déesse léontocéphale assise, à l’intérieur de laquelle fut retrouvée la momie entière d’un jeune ichneumon.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2413 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Transformés en ba de la divinité, ils acquéraient un rôle de médiateur et transmettaient les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer soit un animal entièrement momifié, soit une partie de cette momie, voire même un paquetage simulant la forme de l’animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir d’objet de dévotion après leur mise à mort rituelle. 

 

Deux œuvres d’un type similaire à la statuette Co. 2413 sont conservées au British Museum de Londres (EA 6770 et EA 59056), et au Metropolitan Museum of Arts de New York (04.2.464 et 04.2.658), trois au Museo Egizio de Turin (S. 18099, S. 18098 et Prov. 3310). L’iconographie de deux reliquaires du Musée du Louvre (E 17227, E 22877) est légèrement différente de l’œuvre Co. 2413. La mangouste est accompagnée d’un homme en prière, placé devant (E 22877) et derrière (E 17227) l’animal. Au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles, l’œuvre E. 6662 représente également un ichneumon sur une base rectangulaire.

À la Ny Carlsberg Glyptotek, deux reliquaires d’ichneumon correspondent au type de l’œuvre Co. 2413 : ÆIN 261 et ÆIN 1779.

Œuvres associées

Les collections du Musée Rodin ne possèdent qu’un seul reliquaire d’ichneumon. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

Commentaire historique

L’objet a été fiché sur un socle rond en pierre rouge et blanche de type marbre, vraisemblablement contemporain de sa mise en vente sur le marché de l’art.

Une étiquette ancienne, sur laquelle est écrit « B n°33 », a été collée sous le socle. Entourée d’un liseré bleu, elle est de forme carrée.

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Reliquaire

Lézard

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,8 cm ; L. : 2,2 cm ; P. : 6,1 cm 

Co. 2406

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation.

Le métal est très oxydé. Le reliquaire, creux, est toujours scellé par une plaque de bronze qui a été apposée à l’arrière. Ce scellement est très détérioré. Il est impossible aujourd’hui, sans effectuer d’analyses, de déterminer si le reliquaire est vide. Un trou circulaire perce le dessous du socle en son centre. De part et d’autre de cette ouverture, on note plusieurs plaques de cire marron, ainsi que l’abrasion du métal qui a pris une teinte blanche. Ces éléments semblent indiquer qu’un soclage moderne, grâce à l’utilisation d'une tige métallique probablement, a été pratiqué à une époque récente. 

 

Le reliquaire présente une couche de carbonates verts assez vifs (malachite) avec des oxydes bruns sur une paroi du socle. La surface est assez lisse. Des traces de terre d’enfouissement sont encore bien visibles. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Il a été peut-être soclé autrefois dans la collection car il présente un percement sous la base et deux spots d’adhésif.  

Description

L’œuvre figure un lézard allongé, la tête relevée, sur un socle creux rectangulaire. Le reptile est légèrement décalé sur le côté gauche.  

Le corps de l’animal est d’une longueur équivalente à celle de la queue. Celle-ci, longue et fine, s’étire jusqu’à l’arrière de la base. L’équilibre des proportions de l’objet ayant été soigneusement pensé, on constate en effet que la longueur de la tête de l’animal a été calculée en fonction de son attitude. L’animal ayant la tête redressée, elle est figurée légèrement en retrait de la base. Cela suggère que si celle-ci reposait à plat, sa longueur s’accorderait avec celle du socle et elle s’étirerait jusqu’à l’extrémité avant du reliquaire. De part et d’autre, deux bélières ont été rapportées sur l’objet. L’une, à l’avant, est située du côté droit ; l’autre, à l’arrière, est placée à gauche. Elles permettaient de suspendre le reliquaire par un système aujourd’hui inconnu. Sur la tête, deux sillons horizontaux dessinent les yeux. Les pattes, posées à plat, s’évasent en X de chaque côté du corps. Une légère dissymétrie est visible dans les proportions. En effet, les pattes du côté droit de l’animal sont plus courtes que celles du côté gauche. Le corps de l’animal se confond avec le dessus du reliquaire. L’artisan a soigneusement complété la physiologie de l’animal. Si la décoration des pattes antérieures a disparu, de fines entailles en épis recouvrent les pattes postérieures pour y voir la représentation des écailles du reptile. De légers points ont été ponctionnés sur le dos, les flancs et la queue de l’animal, matérialisant également des écailles.

Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve deux beaux exemples de reliquaire lézard, 04.2.510 et 04.2.513.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2406 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

Le lézard est un des animaux les plus représentés dans l’iconographie égyptienne et ce grâce à son utilisation dans l’écriture égyptienne comme signe hiéroglyphique signifiant « nombreux, multiples, beaucoup ». Il était également utilisé en médecine de façon prophylactique ou comme ingrédient entrant dans la fabrication de potions favorisant la repousse des cheveux ou l’élimination de problèmes oculaires (cf. papyrus médical Ebers 66, 18 ; 63, 13-18). Il entrait régulièrement dans la composition de préparations destinées à la protection de la maison, le lézard étant naturellement un prédateur de nuisibles tels que les insectes. Il acquiert alors un rôle protecteur, notamment contre les serpents. En effet, dans la mythologie égyptienne, il chasse le serpent Apophis qui souhaite stopper le voyage nocturne de Rê avant sa renaissance à l’aube (cf. le Texte des Sarcophages, chap. 1069). C’est sans doute pour cette raison que le lézard est parfois associé à une divinité solaire comme Atoum. Bien que présent sur de nombreux supports tels que des vases (British Museum EA 53885), des sceaux (PETRIE W. M. Flinders, Buttons and design Scarabs, BSAE 38, Londres, 1925, n° 293-4, p. 2, pl. V) ou des bijoux (collier en or de la XVIIIe dynastie, British Museum EA 3081), c’est dans le contexte funéraire que le lézard est le plus représenté. Il accompagne, en tant qu’attribut, les génies gardiens du défunt sur les sarcophages et les reliefs des tombes royales (pour une étude plus poussée du contexte funéraire des lézards, voir la communication de Nadine GUILHOU à la IVe Rencontres archéozoologiques de Lattes du 26 juin 2009).

 

Le reliquaire Co. 2406 étant issu d’une commande privée, il semble probable d’imaginer qu’il avait pour fonction de protéger la maison des nuisibles, ou bien de prévenir ou de guérir une maladie. 

 

Au British Museum (EA 71433, EA 71441, EA 71436, EA 71435, EA 71431, EA 71429, EA 71437, EA 36159, ...), au Museo Egizio di Torino (S. 18071, Cat. 2397, Cat. 2398), au Musée archéologique d’Aix-les-Bains (n°200) et à la Glytotek Ny Calrsberg de Copenhague (A 440) sont conservés des exemples de reliquaires de lézard.

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, l’œuvre Co. 2406 présente une iconographie unique. En revanche, on retrouve ce type de reliquaire dans différents musées.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 406, "Lézard sur une base quadrangulaire creuse à double bélière. Bronze six cent. Sur 2. Estimé vingt-cinq francs."

Donation à l’État français en 1916.

Commentaire historique

L'objet était exposé du vivant de Rodin, en 1913, dans la vitrine 11 de l'atelier de peinture à Meudon.

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Reliquaire

Uraeus dressé

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 4,1 cm ; L. : 2,1 cm ; P. : 3,7 cm 

Co. 2403

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre présente un bon état de conservation. L’œuvre est complète à l’exception de ce que contenait le reliquaire. Le travail d’ornementation, bien que toujours discernable, est érodé. Le scellement de la cavité intérieure, situé sur la face arrière du réceptacle servant de sarcophage, a disparu. La cavité est large et de forme arrondie et ses contours, irréguliers, sont très oxydés. Sur la face avant, on note une fine fissure horizontale traversant le réceptacle de part en part. Une fissure coupe la queue transversalement derrière la bélière. On remarque également que le bronze sur toutes les arêtes est moins oxydé que sur le reste du parallélépipède. Il semble donc que le métal au niveau des arêtes soit plus épais qu’ailleurs. 

Description

L’œuvre figure un uraeus dressé avec élégance sur une base creuse rectangulaire. La fine queue du reptile s’enroule délicatement sur elle-même formant un 8. Elle est d’épaisseur égale sur toute sa longueur et finit en pointe. Elle est décorée de fines entailles rendant les écailles. La partie antérieure du reptile, c’est-à-dire le ventre déployé et la tête de l’animal, dessine une gracieuse ondulation. Le ventre est décoré de plusieurs entailles horizontales et d’une unique verticale centrale, découpant ainsi le corps en deux parties asymétriques. Deux sillons de chaque côté de la tête, légèrement décalée sur la gauche, mettent en valeur les yeux globuleux. Ces encoches se prolongent, de façon moins accentuée, sur les pans de peau flanquant le ventre et encadrant la colonne vertébrale. Une unique bélière est présente dans le dos du reptile, lui donnant ainsi deux utilités : permettre le maintien du reliquaire en hauteur grâce à des ficelles probablement ; et servir de renfort au corps dressé.  

On note quelques erreurs morphologiques dans le rendu de l’uraeus. La queue de l’animal qui est censée allonger la partie dressée, prend son départ trop haut dans le dos. En effet, elle n’est pas dans son prolongement mais semble collée au corps sous la bélière. La partie du corps dressée est quant à elle directement dans le prolongement d’une des boucles de la queue à l’avant de l’ensemble.

L’œuvre Co. 2403 devait être d’une grande finesse à l’époque de sa création.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition 28 septembre 2002-5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi leurs congénères par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 2403 il s’agit du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés au regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

Sur le reliquaire Co. 2403 est représenté un cobra dressé. Ce reptile est l’animal sacré de plusieurs divinités, notamment Atoum, Ouaset ou Renenoutet entre autres. Ici, sans inscription ni attribut spécifique, nous ne pouvons déterminer quel dieu est vénéré. Le serpent avait une symbolique très forte dans la mythologie égyptienne. Les forces dangereuses étaient vénérées soit pour gagner leurs bonnes grâces, soit pour vaincre les ennemis. Il s’agit alors probablement d’une commande privée afin de se protéger ou de prévenir un futur malheur.

 

D’après la petite taille du reliquaire, il ne devait seulement contenir qu’une partie du reptile momifié. 

 

Au British Museum, quelques œuvres semblent correspondre à l’iconographie et au style de l’objet Co. 2403 bien qu’il y ait quelques nuances, notamment dans le développement de la queue ou la présence d’une couronne : EA 6879, EA 71439, EA 36161, EA 36168, EA 49139 (la queue est allongée), EA 49140 (la queue est allongée) et EA 71425 (l’uraeus est couronné).

Au Penn Museum de Philadelphie, plusieurs uraei en bronze sont répertoriés, malheureusement aucune information n’est donnée quant à leur attitude sur le reliquaire ou leurs attributs : 29-70-840, 29-70-842, E 1000 et E 529. Ce dernier exemple correspond à la statuette Co. 2403 à la différence que la bélière est remplacée par un renfort métallique simple. 

 

Acquis à la vente de la collection Hilton-Price à Londres en 1911, le reliquaire de la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague ÆIN 1361, de dimensions légèrement plus importantes, présente une longueur tronquée similaire au reliquaire Co. 2403, accordant ainsi au reptile lové sur lui-même une position ramassée. La cavité de l’exemplaire de Copenhague possède encore son scellement en bronze. 

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, l’œuvre Co. 2403 est unique. Les reliquaires Co. 5786 et Co. 5643 figurent également des reptiles toutefois, sur le premier il s’agit de deux cobras et sur le second, d’un unique serpent d’espèce indéterminé lové sur lui-même.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913, Meudon, pavillon de l’Alma, vitrine 8, 357, "Uraeus dressé sur une boîte rectangulaire ayant servi de sarcophage. Bronze. Haut. 5 cent. Estimé vingt francs."

Donation à l’État français en 1916.

Commentaire historique

L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.

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Reliquaire ?

Félin

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,9 cm ; L. : 1,5 cm ; Pr. : 8,2 cm 

Co. 799

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en bon tat de conservation. Le métal est oxydé, particulièrement sur le flanc gauche et entre les pattes postérieures de l’animal où le métal a pris une coloration verte-bleue. Deux vis percent les pattes avant et arrière droites du félin pour maintenir l’animal sur un socle en bois contemporain. L’œuvre est incomplète et reposait à l'origine sur un socle antique. 

Description

L’œuvre représente un grand félin à quatre pattes en position de marche. Il s’agirait de la représentation en bronze d’une panthère en marche, si on la compare avec les panthères en bois provenant de la tombe d’Amenhotep II (KV 35) ou de Thoutmosis III (KV 34) de la Vallée des Rois. La collerette entourant la face de l’animal est néanmoins à rapprocher des deux figures de guépard du lit funéraire de Toutankhamon (musée du Caire).

Les oreilles sont allongées et étirées vers l’arrière. Il est possible d’observer leur lobe intérieur. Le creusement interne des lobes est triangulaire, agrémenté d’incisions très fines pour dessiner les poils. La face du félin est entourée d’une crinière, similaire à celle des têtes de guépard représentées sur le lit funéraire de Toutankhamon. Les grands yeux sont arrondis et globuleux. L’artisan a réalisé une dépression circulaire qui a fait ressortir l’iris de chaque œil en relief. L’ouverture de la gueule est rendue par une longue incision. La commissure des babines remonte légèrement de part et d’autre du museau, fin et allongé. Les narines sont matérialisées par deux petites dépressions circulaires.

Le cou épais se prolonge sur une légère arête dessinant la colonne vertébrale. Le ventre, élancé, est légèrement arrondi vers le bas. Suivant la nature, l’arrière-train de l’animal est plus haut et plus large que sa partie avant. Les cuisses et les hanches ont été modelées dans le métal, ce qui a eu pour conséquence de déporter les pattes vers l’intérieur, accordant à l’animal une allure pataude. Les pattes sont petites et dépourvues de touffes de poils. Trois larges entailles façonnent les doigts. Une longue queue termine l’arrière-train. La représentation du félin Co. 799 suit le mouvement naturel de sa marche, patte avant gauche et patte opposée arrière droite avancée, queue balancée vers la droite, expression de l’observation précise et soigneuse de la nature par les anciens égyptiens. Cet artifice permet également de consolider l’attache de cette longue queue, qui repose ainsi en partie sur la patte droite.

Aucun détail n’est incisé sur le pelage de l’animal. Il s’agit d’une panthère s’avançant, à la démarche fluide et souple.

 

Notons que le dessous des pattes et le bout de la queue sont plats, ce qui suggère que l’animal devait à l’origine être placé sur un socle ou un réceptacle comme un reliquaire par exemple.

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. L'œuvre Co. 799 pourrait provenir du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples », », offerts en ex-voto, n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ces « meurtres » étaient pratiqués cachés du regard de la population car la loi égyptienne condamnait à mort toute personne ayant tué même accidentellement un animal. Quoiqu’il en soit, ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

Œuvres associées

Les collections du Musée Rodin ne conservent pas de parallèle à cet objet.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Verrou décoré d'une tête de lion

égypte > provenance inconnue

époque à déterminer

bronze (alliage cuivreux)

h. : 6,9 cm ; l. : 7,4 cm ; p. : 8,7 cm

co. 5783

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en très mauvais état de conservation. 

Le métal est très oxydé et abîmé. Le cube s’effrite sous les doigts et les détails de la face de lion sont patinés. Le verrou a perdu sa forme rigoureusement cubique.

 

La surface noire, fissurée et soulevée est caractéristique de bronze exposé au feu (incendie). Elle garde des traces de terre d’enfouissement sablonneuse et ocre rouge qui dans le futur pourront donner des informations sur le contexte de découverte. Des chlorures sont visibles sur l’œuvre, une partie de la paroi de l’arrière est entièrement rongée par ceux-ci. 

Description

L’objet consiste en un verrou fermé d’une douille carrée terminée par un masque de lion en haut relief. Le verrou a une forme approximativement cubique. La crinière est légèrement en saillie (les détails sont illisibles) alors que le visage est en haut relief. Les traits respectent les proportions naturelles de l’animal. Les grands yeux ouverts sont surmontés d’arcades sourcilières marquées qui se prolongent sur le large nez. La gueule est grande et presque souriante. Un anneau aujourd’hui bouché par l’oxydation du métal vient terminer la tête sous le menton. À l’origine, l’œuvre devait être de bonne qualité.

 

Le lion est associé à l’imagerie royale. À partir du règne de Ramsès II, un lion accompagne souvent le roi lors des scènes de bataille ou de chasse, toutes deux symboles de la puissance royale. La représentation du lion, moins fréquente que celle de la lionne, se retrouve cependant dans les détails architecturés des temples en tant que gargouille ou verrou. Le lion est ainsi chargé de protéger les espaces sacrés en évacuant d’une part les eaux de pluies qui sont les manifestations de Seth, et d’autre part, en préservant le sanctuaire d’attaques maléfiques.

Ici, il s'agit d'un verrou et non d'une gargouille, il fonctionnait ainsi à la manière d'une targuette et était logé à l'intérieur d'une cavité ménagée dans le montant de la porte. Lorsque le battant était poussé et plaqué contre le chambranle, on tirait le verrou qui reposait sur une attache fixée au vantail de bois. La porte était alors bloquée d'un côté par le chambranle contre lequel elle s'appuyait et de l'autre par le verrou. Ce système de fermeture condamnait l'accès aux salles du temple de l'intérieur, mais pas de l'extérieur. Le lion, animal féroce, joue ici un rôle protecteur en empêchant les forces maléfiques de prénétrer dans les salles au moment ou l'officiant les ouvrait.  

Les verrous pouvaient être en bronze, en bois ou en pierre. Ils étaient destinés à des portes à un seul vantail. 

 

Les verrous en bronze sont des éléments de l’architecture égyptienne connus, en revanche, on ne recense que peu d’exemples exposés dans les musées.

Au British Museum : EA 16038, EA 25297 et EA 54391.

Au Musée du Louvre : E 11572 et N 885 A.

Au Musée du Caire : JE 48887, JE 37765, JE 49066, JE 49068 et JE 49069. 

Œuvres associées

Le musée Rodin conserve un autre élément de verrou en bronze. En forme de scarabée, sa longueur est d'environ 7 cm (Inv. N° Co. 2415). 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 250, "Extrémité de verrou, formée d'une douille carrée, terminée par un masque de lion. Bronze. Dimensions de la douille. 7 cent x 6 cent. 1/2. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Ce verrou avait été choisi par Rodin et Léonce Bénédite pour être exposé à l’hôtel Biron, dans la préfiguration du futur musée.

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Sekhmet léontocéphale marchant

égypte > provenance inconnue

époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[VOIR CHRONOLOGIE]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 20,3 cm ; l. : 8 cm 

co. 5641

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en très mauvais état de conservation.

Le métal est très oxydé et corrodé sur l'ensemble de sa surface. Les détails sont illisibles. De nombreux endroits sont encore recouverts de concrétions beiges. La statuette est toutefois complète à l’exception des attributs de main. 

 

La statuette est recouverte d’une épaisse couche de carbonates vert avec localement des restes de gangue d’enfouissement blanchâtre. Cette couche de terre d’enfouissement est plus épaisse entre le corps et le bras gauche à un emplacement qui n’a pas été nettoyé mais laissé en l’état. Des chlorures sont visibles sur l’œuvre. 

Description

La statuette représente la déesse Sekhmet debout sur une base plate rectangulaire, le pied gauche en avant. Le bras gauche est plié vers l’avant, la main fermée sur un objet aujourd’hui disparu. Le bras droit est placé le long du corps. L’axe de symétrie n’est pas parfaitement respecté car il semble que les épaules soient légèrement tournées vers la gauche.

La déesse est coiffée d’une couronne tripartite surmontée d’un grand disque solaire orné d’un uraeus imposant qui fait plus de la moitié de la hauteur du disque. La perruque descend en deux pans plat sur la poitrine et s’arrête nettement dans le dos au niveau des omoplates. L’état de conservation de l’œuvre ne permet pas de voir les détails de la coiffe ni de la crinière. Sekhmet est vêtue d’une longue robe moulante s’arrêtant au-dessus des chevilles.

Les détails de la face sont illisibles, on peut néanmoins remarquer que les oreilles semblent petites, que la crinière n’est pas imposante, que le museau est long et que les yeux paraissent trop rapprochés l’un de l’autre. Les épaules tombent naturellement ; elles se poursuivent sur des bras sans détail anatomique. Les formes féminines de la déesse, tels que le bas-ventre et la poitrine, sont modelées au travers de la robe, ce qui rappelle l’iconographie utilisée à l’époque ptolémaïque. À l’origine, les détails des jambes devaient être dessinés sous le tissu, aujourd’hui ils sont très diminués. On note toutefois que les chevilles sont larges et que les pieds sont longs et plats.

 

La déesse Sekhmet, le plus souvent représentée sous l’apparence d’une femme à tête de lionne, est une divinité agressive et destructrice. De nombreux mythes égyptiens la présentent ainsi, attaquant les Hommes par vengeance ou par punition, et qui ne peut être apaisée que grâce aux offrandes et aux rites. Elle est également la fille et l’œil de Rê, dieu solaire. Aucune cité égyptienne n’est dédiée à son unique culte, au contraire, Sekhmet est une déesse aimée et crainte sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’Histoire pharaonique. 

La représentation statuaire de Sekhmet n’est pas rare. Par exemple, au temple de Kom el-Hattan, temple de Millions d’années du pharaon de la XVIIIe dynastie Amenhotep III, sur la rive gauche du Nil à Louxor, furent découvertes une cinquantaine de statues colossales de Sekhmet. Malgré son caractère non exceptionnel, les nombreuses œuvres de la divinité mises au jour, datant de toutes époques confondues, sont en pierre. En revanche, les statues de Sekhmet en bronze sont des objets plus rares. Ils possèdent des dimensions inférieures à celles des statues issues de commandes royales. La rareté de ces œuvres, ainsi que leurs petites dimensions, suggèrent que ces statuettes sont les résultats de commandes privées. Elles avaient alors certainement la fonction d’ex-voto ou devaient être placées sur un reliquaire. 

 

D'après le traitement des formes de la déesse, on peut supposer que la statuette Co. 5641 daterait de l'époque ptolémaïque. Malheureusement, le très mauvais état de conservation de l'oeuvre ne permet pas de voir les détails et donc d'assurer la datation.

 

Quelques statuettes en bronze de la déesse Sekhmet ayant des dimensions similaires à celles de Co. 5641 sont exposées au Musée du Louvre (E 14252), au British Museum de Londres (EA 11029, EA 65247), au MMA de New York (89.2.574), ou encore au Musée égyptien de Turin (Cat. 0230).

Œuvres associées

Dans la collection de Rodin, Co. 788 est une statuette de Sekhmet présentant la même attitude. Co. 773 est également une statue de Sekhmet, toutefois, les bras sont maintenus le long du corps et les pieds sont joints.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 399, "Sokhmit debout. Bronze. Haut. 21 cent. 1/2. Estimé cinquante francs."

Donation à l’État français en 1916. 

Commentaire historique

Du vivant de Rodin, l'objet était exposé dans une vitrine de l'atelier de peinture à Meudon.

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Anse en forme de chatte

égypte > provenance inconnue

époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[voir chronologie]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 4 cm ; l. : 6,1 cm ; p. : 1,8 cm

co. 5620

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation.

Les détails sont patinés et il manque les pieds avant. L’oreille gauche est cassée à sa base. Plusieurs écailles de bronze se sont détachées de l’œuvre. La couleur bordeaux recouvre presque entièrement la statuette. Le métal est particulièrement oxydé entre les pattes avant. 

Description

Cette petite statuette représente un chat assis sur ses pattes arrière. L’animal a la tête tournée vers la droite. Les détails de la face sont très abîmés. Les yeux sont rapprochés et le museau est aplati. Les oreilles devaient être à l’origine courtes et arrondies. Le cou est épais et les épaules ne sont que légèrement modelées dans le métal. Les pattes avant sont collées l’une à l’autre et ne présentent aucun détail anatomique. Le dos est trop long et fin pour respecter les proportions naturalistes mais parfaites pour servir d'anse. La cuisse gauche est esquissée, le modelé de la cuisse droite est caché par la queue de l’animal qui suit son contour jusqu’au milieu du dos. Les pieds arrières sont simplement rendus par deux ressauts de métal joints. Sous ces derniers, un tenon de métal rond est visible. Il permettait son placement sur une anse également en bronze ou directement sur le récipient.

 

Au Museo Egizio di Torino et au Metropolitan Museum of Art de New York, sont exposées deux anses en bronze sur lesquelles un chat est figuré, respectivement Cat. 3205 et 04.2.602. Toutes deux sont datées de la Basse Époque ou de l’époque ptolémaïque. Certains éléments diffèrent de la statuette Co. 5620. D’une part, l’œuvre du musée Rodin présente un chat avec un corps très allongé et arrondi alors que celles de Turin et de New York ont leurs pattes rassemblées et des proportions naturalistes. D’autre part, la queue du chat Co. 5620 remonte sur la cuisse droite. La photographie du musée du Turin ne laisse pas voir la disposition de la queue, en revanche, celle du Metropolitan Museum of Art montre que la queue est étendue sur l’anse et non sur le corps du félin. Malgré ces variations, on peut supposer que la statuette Co. 5620 date également de la Basse Époque ou de l’Époque Ptolémaïque.

La forme allongée du corps de Co. 5620 laisse penser que le félin servait d’anse et qu’il n’était donc pas posé sur cet élément, comme c’est le cas pour les statuettes de Turin et de New York. L’alignement supposé entre le tenon sous les pieds postérieurs et le dessous des pattes antérieures offre également un argument en faveur de cette hypothèse. En effet, ces deux parties du corps auraient été directement placées sur le récipient.

 

Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis.

 

Le récipient que la statuette Co. 5620 ornait à l’origine servait probablement aux services rituels dédiés à la déesse féline. 

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin ne conservent que cet exemple d'anse en bronze. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916. 

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Bastet - Tête

Ex-voto ou figure de reliquaire

égypte > provenance inconnue

époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[voir chronologie]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 7,2 cm ; l. : 4,6 cm ; p. : 4,7 cm 

co. 2423

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation, le métal étant très oxydé.

Le bout supérieur de l’oreille gauche est manquant. Une fissure sur l’épaule droite remonte vers le cou. Le bronze s’effrite au contact des doigts. Bien que la statuette soit complète, deux fragments non restaurés, appartenant à l’épaule droite, ont été placés à l’intérieur de la tête. 

Description

La statuette représente une tête de chatte portant un collier fait de deux registres striés verticalement et de perles en forme de goutte.

Les oreilles étaient originellement percées. Les parties excavées de celles-ci laissent apparaître une série de lignes rendant les poils. Les yeux sont simplement incisés dans le métal, le droit est plus ouvert que le gauche. Ils surplombent de hautes pommettes saillantes. Le nez est fin, les narines sont creusées. Les moustaches, rendues par des sillons horizontaux, surmontent l’ouverture de la gueule nettement dessinée.

(En ce qui concerne les termes utilisés pour la description de l’anatomie des félins).

 

Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période Intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqarah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des centaines de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée, en tant qu’ornement (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., in Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet. Mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.

 

La tête Co. 2423 surmontait probablement un coffre ou un sarcophage de chat. Ses dimensions très petites ne lui permettraient pas de contenir une momie de l’animal qu’elle représente. De plus, le cou rectiligne et dont l’extrémité s’achève en bourrelet, semble conçu pour s’emboîter sur une forme et être recouvert de tissus, maintenus en place par le bourrelet.

 

De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres. En revanche, il s’agit de figurations de chatte entières alors que l’œuvre Co. 2423 est une tête seule. Le Museo Egizio di Torino conserve aujourd’hui un exemple de même dimension, Cat. 0894 (7 cm). 

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, Co. 681, Co. 808, Co. 809, Co. 811, Co. 812 et Co. 2414 sont également des têtes de chattes qui présentent le même bourrelet rectiligne au niveau du cou que Co. 2423. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX, 1913 : Meudon, atelier  de peinture, vitrine 11, 405, "Tête de chat (avec le cou et le haut de la poitrine). Le bout de l'oreille gauche est cassé. Bronze. Haut. 7 cent. Estimée soixante francs."

Donation à l’État français en 1916. 

Commentaire historique

Cette tête de chatte était exposée à Meudon en 1913, dans une vitrine de l’atelier de peinture, dans la villa.

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