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Sirène

Élément de mobilier

Provenance > Égypte ?
Datation > Époque romaine
H. 19 cm (avec la base) / 17,5 cm (sans la base) ; L. 15 cm
Alliage cuivreux
Co. 1915

Comment

State of preservation

La statuette est en mauvais état de conservation. Le métal est oxydé sur toute la surface. La base sur laquelle repose la patte présente un manque sur le pourtour inférieur. Une large perforation circulaire est visible au-dessus de la patte, sur le côté droit de la sirène, et une perforation rectangulaire un peu moins étendue est présente sur son côté gauche. En dessous de celle-ci le métal est légèrement enfoncé, il est fissuré et présente un petit manque. Une perforation traverse le métal entre les deux griffes médianes de la patte. Une perforation un peu plus large traverse la base.
L’extrémité de l’aile gauche a été cassé et remise en place lors d’une intervention ancienne, un bouchage vert a été appliqué le long de la cassure pour dissimuler le collage. La corrosion du métal est constituée de cuprite, recouverte d’une couche vert sombre de carbonates sous forme de malachite. Des concrétions dont certaines sont imprégnées de sels métalliques donnent à la surface un aspect irrégulier en de nombreux endroits, seul le dessous du corps, qui a peut-être fait l’objet d’un nettoyage plus poussé, a un aspect assez lisse. La feuille métallique fixée par un rivet sur l’aile gauche présente une corrosion ponctuelle vert clair, due vraisemblablement à une chloruration du cuivre.
 

Description

Cette statuette en alliage cuivreux est à l’effigie d’une sirène, une chimère de la mythologie grecque mi-femme mi-oiseau. Ici, elle est figurée avec une tête et un buste de femme ailée se terminant par une imposante griffe d’oiseau dont les serres se referment sur un socle cylindrique et concave au centre. 
La sirène est représentée selon les canons de l’Antiquité classique, comme en témoigne sa coiffure, un chignon volumineux donnant l’illusion qu’une couronne tressée encercle la tête de la sirène. L’érosion de la statuette ne permet pas d’en apprécier les particularités, mais on constate encore le détail des mèches qui entourent le visage. Celui-ci est rond et peu détaché d’un large cou. Les sourcils, le nez et les lèvres sont traités en relief, tandis que les yeux et les détails de la bouche sont incisés. Le buste est très peu détaillé et apparaît plutôt comme un tronc sur lequel les seins sont signalés au moyen de deux petites incisions circulaires destinées à indiquer l’emplacement des tétons. De ce buste, deux ailes se développent de part et d’autre du corps. Les plumes sont sommairement signifiées au moyen d’incisions géométriques. 
 
À l’arrière, aucun détail anatomique n’est visible. La partie haute de la figurine est absente, laissant entrevoir l’intérieur. À mi-hauteur, une petite plaque se développe perpendiculairement. Elle est soutenue au moyen d’une tige de section ronde. Cet ensemble devait permettre la fixation de la statuette à un meuble, qui pouvait s’encastrer dans l’espace laissé vide. Le haut de la sirène était alors fixé au bois grâce aux rivets qui transpercent les ailes.
 
La sirène à griffe d’oiseau a été coulée, vraisemblablement selon une fonte indirecte à la cire perdue avec noyau. Sur la paroi interne, on discerne, en effet, le bord découpé de ce qui devait correspondre à des bandes de cire appliquées à l’intérieur du moule. On distingue également deux gouttelettes sur le bord interne de l’aile droite, sous la tête, celles-ci témoignent qu’une première couche de cire liquide a été appliquée avant la mise en place des bandes de cire posées alors qu’elles étaient vraisemblablement molles. Une sur-coulée a été effectuée à la naissance de la plaque perpendiculaire qui se développe à l’arrière. Très schématique, le rendu des plumes des ailes a probablement été réalisé dans la cire car la matière ramenée sur le bord des incisions semble avoir été molle. Deux rivets traversent ces ailes, chacun d’une dimension différente. Celui placé sur l’aile gauche, beaucoup plus large, retient encore le fragment d’une feuille d’alliage cuivreux.
 
 
La sirène antique est un hybride, une composition imaginaire combinant des éléments de la femme et de l’oiseau. La première occurrence du terme « sirène » apparaît chez Homère dans l’Odyssée, mais aucune description n’est donnée. Il faut attendre le VIe siècle av. J.-C. pour que la première mention de ce terme soit associée à des figuration d’oiseaux anthropocéphales féminins ou masculins. L’origine de ce motif iconographique a alimenté de nombreux débats académiques, opposant les partisans de l’influence égyptienne et ceux de l’influence proche-orientale. Cependant, les résultats les plus récents tendent à montrer que la sirène grecque serait héritière d’une fusion d’éléments iconographiques de tradition égyptienne, déjà assimilés au Proche-Orient, et de figures de monstres et de démons d’influence égéenne datant du IIe millénaire. 
Dans l’iconographie grecque, les sirènes sont essentiellement représentées sur des vases qui illustrent le périple d’Ulysse. Elles peuvent aussi être figurées en trois dimensions, sur  des petites figurines en terre cuite (Louvre MNB1731), ou encore des appliques décoratives de vases ou de miroirs (Louvre Br3142.13).
À l’époque romaine, des figurines de sirène en alliage cuivreux sont façonnées afin de renforcer et décorer certaines parties de meubles en bois, comme les pieds ou les accoudoirs de chaise (Louvre Br264, Louvre AO1982). En Égypte, plusieurs figurines semblables à l’objet Co. 1915 ont été découvertes, comme (CGC 27836, EDGAR 1904, p. 53, pl. XVI).

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913. Donation Rodin en 1916.

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Harpocrate au pot

Provenance > Égypte
Datation > Époque romaine
H. 3,9 cm ; L. 3 cm ; P. 1,6 cm
Alliage cuivreux
Co. 2391
 

Comment

State of preservation

La statuette est en mauvais état de conservation. Le métal est oxydé sur toute la surface.

Description

Cette figurine miniature (moins de 4 cm de haut) en alliage cuivreux représente le dieu-enfant Harpocrate. Il est assis sur un socle cylindrique, la jambe gauche étendue vers l’avant et la droite ramenée vers sa poitrine. L’enfant porte sa main gauche à sa bouche, tandis que son bras droit – qui repose sur son genou – enserre un petit pot rond.
Les détails du visage du dieu sont très peu visibles, du fait du mauvais état de conservation. Il est coiffé d’un bandeau tressé qui enserre sa tête et cache ses oreilles. Celui-ci s’achève par deux boutons disposés au sommet de son front. Une cavité, visible à l’arrière de son crâne, suggère qu’un élément de coiffure supplémentaire était fixé, peut-être une couronne pschent ou une mèche de l’enfance. Enfin l’enfant est vêtu d’une large tunique, dont les détails sont difficilement perceptibles. Son phallus, peu proéminent en comparaison d’autres représentations (Louvre STG 39), est néanmoins visible.
 
Harpocrate est assis sur un cylindre, comme l’objet Louvre E2160. Cet élément possède en son centre deux motifs verticaux, qui sont visibles sur les deux faces, et deux petites excroissances en bas à gauche. Si l’identification de ce socle pose problème, il pourrait néanmoins constituer un élément d’accroche sur un support ou d’insertion sur une composition plus vaste. La présence de petits négatifs ronds, sur le dos et le ventre de l’enfant, pourraient aller aussi dans le sens de cette interprétation, puisque ces cavités permettraient la fixation d’un élément supplémentaire.
 
Le nom grec « Harpocrate » provient de l’égyptien Hor-pa-Chered, littéralement « Horus l’enfant », qui sert à désigner une forme particulière du dieu Horus. Si l’enfant Horus est déjà attesté dans les Textes des pyramides, la première attestation d’un dieu Hor-pa-Chered date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (FORGEAU 2010, p. 308). Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus-l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Durant l’époque gréco-romaine, son culte va se développer dans toute la Méditerranée en parallèle du culte d’Isis. Cependant, avec la diffusion du dieu dans le monde antique, l’Harpocrate gréco-romain va connaître de nombreux changements et profiter d’un enrichissement progressif de sa personnalité.
 
La figurine Co. 2391 est celle d’un « Harpocrate au pot », une iconographie particulièrement bien répandue à l’époque gréco-romaine, et essentiellement représentée par des terres-cuites (Louvre 447, Louvre 367). On connaît cependant quelques figurations en alliage cuivreux (par exemple, BM EA1814,0704.767).
 
De très nombreuses variantes du thème de l’« Harpocrate au pot » sont connues. Le dieu-enfant peut être assis (sur un lotus ou un siège), chevaucher des animaux (lion, oie, éléphant, bélier, paon, âne, cheval, chameau, etc.), se tenir debout appuyé à un pilier, accroupi ou agenouillé, et même être allongé sur un lit. Ses habits peuvent aussi être très variés. Généralement, il plonge sa main dans le pot qu’il détient, bien que celui-ci puisse être renversé sur le sol. Michel Malaise a démontré que le récipient tenu par l’enfant ne contenait pas l’eau du Nil, comme on l’a longtemps pensé, mais une bouille. Ainsi, Harpocrate est-il représenté en train de manger avec ses doigts, et non pas en train de sucer son index comme pour d’autres représentations du dieu. La bouillie contenue dans le pot à été identifiée grâce aux textes comme étant l’athéra. Cet aliment, typiquement égyptien et désigné ainsi par les grecs, était réservé aux jeunes enfants. L’iconographie d’« Harpocrate au pot » est donc typiquement égyptienne. En effet, dans les autres pays de la Méditerranée antique, Harpocrate est plutôt représenté tenant une corne d’abondance ou une lyre. Cependant, des variantes de ce thème combinent parfois le motif égyptien du pot à ces attributs gréco-romains.
La coiffure du dieu-enfant est souvent composée d’éléments floraux, pour laquelle deux simples boutons de lotus, parfois déformés, sont seulement identifiables. C’est ainsi qu’il faut interpréter les deux petites excroissances visibles sur la tête de cet Harpocrate conservé au musée Rodin.
 
 
Les figurations d’ « Harpocrate au pot », essentiellement produites en terre cuites, étaient des objets courants dans les foyers égyptiens durant l’époque gréco-romaine. Elles avaient pour vocation de protéger les jeunes enfants et leur assurer une bonne alimentation.
 
 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Thot accroupi

Sous sa forme de babouin

Égypte > provenance inconnue
Datation > Époque romaine ?
H. 5 cm ; L. 3,5 cm ; P. 4 cm 
Alliage cuivreux
Co. 1543

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un état de conservation médiocre. Le métal est oxydé sur toute la surface. Malgré cela, quelques détails en relief ou incisés sont encore perceptibles. La statuette est aujourd’hui positionnée sur un socle en bois verni, ajouté à l’époque moderne.

Description

La figurine Co. 1543 représente le dieu Thot sous une de ses formes zoomorphique : le babouin. L’animal se tient assis sur un piédestal quadrangulaire. Son encastrement dans un socle moderne, en bois verni, masque sa structure. 
La tête du babouin est volumineuse, un sentiment renforcé par la présence d’un museau protubérant. Les yeux sont traités en relief, tandis que les paupières et les contours des globes oculaires ont  été distingués sommairement par des incisions. La tête de l’animal est surmontée d’un disque lunaire. Devant ce disque, dont la réalisation sommaire empêche de distinguer s’il est ou non encadré d’un croissant de lune, une excroissance en forme de triangle reste inexpliquée. De part et d’autre de la tête, des excroissances en forme d’ailes sont légèrement incisées de motifs semi-circulaires.
Le corps du babouin est très peu détaillé, hormis quelques incisions sur les côtés de la figurine pour suggérer les membres. Les genoux, qui apparaissent écartés, sont totalement recouverts par les pâtes de l’animal. Le camail, le pelage, bien caractéristique des représentations de Thot-babouin n’est pas spécifiquement mis en valeur. 
L’arrière de la statuette est plate et non travaillée. Cette différence de traitement pourrait signaler que cette face n’était pas destinée à être visible. Cette figurine était peut-être inclue dans une composition plus vaste, réunissant plusieurs divinités.
 
Le babouin représenté ici appartient au genre hamadryas (Papio hamadryas). Il est reconnaissable à son pelage qui diffère de celui des autres espèces, notamment du babouin « drogera » (aussi appelé « olive », Papio anubis drogura) dont la taille est également plus grande. Les singes, et plus particulièrement les babouins, sont bien présents dans l’iconographie égyptienne. Parmi toutes ces productions, il est nécessaire de distinguer les représentations animales, souvent décoratives ou parodiques, et celle du babouin en lien avec le dieu Thot. En effet, la gourmandise des singes et leurs pitreries sont régulièrement représentées dans l’art égyptien, dans les tombes ou sur les objets du quotidien. Mais, le babouin est également un animal associé à plusieurs divinités. Dans un premier temps il est lié au dieu égyptien Baba, avant que celui-ci soit associé au chien au Nouvel Empire notamment dans le Livre des Morts. Le babouin devient alors une manifestation du dieu Thot, dieu de l’écriture, du calcul et du calendrier, et plus largement maître de tous les savoirs. Uniquement associé à l’ibis durant les hautes époques, Thot est représenté sous l’aspect d’un babouin à partir de la XVIIIe dynastie, et plus particulièrement sous le règne d’Amenhotep III. La mise en avant des singes durant cette période est probablement liée au développement du culte solaire associé à la personne royale. En effet, les babouins réagissant particulièrement au lever du soleil en gesticulant, en criant, voire en aboyant, les anciens égyptiens y ont vu une manifestation en l’hommage du dieu solaire. C’est probablement pour cette raison que des statues de babouins sont parfois disposées à la base des obélisques, symboles de la lumière solaire (Louvre D31, BARBOTIN 2007, p. 194-195). Thot, maître de la norme et de la régularité, assure alors le bon fonctionnement du cycle solaire. À l’époque ramesside, le dieu est à nouveau représenté sous la forme d’un ibis dans la production royale, mais le babouin perdure dans les productions privées. À partir de la XIXe dynastie, un nouveau thème se développe alors : Thot-Lune. C’est ainsi, que de nombreuses statuettes et reliefs montrent Thot à tête d’Ibis ou Thot-babouin surmonté d’un disque lunaire. 
 
À partir du Nouvel Empire, de nombreuses statuettes de babouin sont produites dans différentes matières (faïence, bronze, pierres, etc.). Dès le milieu de la XVIIIe dynastie, on rencontre les premières statues privées intégrant des babouin-Thot : le propriétaire est agenouillé et tient entre ses mains un autel sur lequel est assis le babouin, ou il est assis en position de scribe devant un babouin perché sur l’autel. Également à la même époque, des statuettes individuelles du dieu Thot-babouin sont produites. Parmi les statues de babouin seul, on peut également distinguer plusieurs sous-catégories. La première distinction est l’attitude du babouin, dont les mains sont posées sur ses genoux, comme pour l’objet Co. 1543, ou levées dans un geste d’adoration au soleil (MMA 66.99.55, XIXe dynastie ou BM EA40, XIXe dynastie). Thot peut également porter un disque lunaire sur la tête, être assis sur un autel ou encore tenir l’œil oudjat (BM EA64599, XXVIe dynastie).
 
 
La statue Co.1543 montre donc Thot sous l’aspect du babouin assis, couronné du disque lunaire, dans une attitude simple et classique. Ce type de représentation est bien attesté pour de nombreuses périodes, dès la XVIIIe dynastie. Mais la présence de deux excroissances, de part et d’autre de la tête de l’animal, demeure étonnante. Il ne peut s’agir de touffes de poils, comme on en trouve sur de nombreuses figurines (MMA 10.130.1940, UC 52975) car leur forme est bien celle d’une aile. Bien que plusieurs passages des Textes des pyramides mentionnent le fait que Thot porte sur ses ailes l’œil divin (notamment, PT 594a-b, Spell 359 ; PT 978a, Spell 487), les images de Thot-babouin ne sont pas, à notre connaissance, accompagnées d’un disque ailé. 
 
Trois figurines sont conservées au musée de Los Angeles Country Museum of Art (LACMA 45.23.32M.80.203.105M.80.203.138). Datées probablement de l’époque gréco-romaine, elles offrent une iconographie très similaire à l’objet Co. 1543 du musée Rodin. 

Inscription

Anépigraphe

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Égypte > provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire, époques tardives et indéterminées
L. 32 cm ; l. 7 cm
Fibres végétales, bois, terre cuite émaillée, os, métal
Co. 6300
 

Comment

State of preservation

Les divers éléments constituant cet assemblage sont en assez bon état, à l’exception de l’ouchebti en faïence dont la partie inférieure est manquante. La cassure paraît très ancienne et précède assez probablement la composition de l’objet.
 
Les fils d’assemblage sont altérés et cassants. Le montage est serré et ne présente aucune souplesse. L’objet est donc extrêmement fragile, et de manipulation difficile.
 

Description

Cet objet composite est constitué de plusieurs éléments de différentes périodes, assemblés par un réseau de perles en terre cuite émaillée. On y distingue notamment un pilier djed en bois, un scarabée en terre cuite polychromée, un ouchebti émaillé en faïence bleu et un pendentif miniature évoquant l’effigie du dieu Bès. S’y ajoutent des éléments moins caractéristiques à l’Égypte antique, à savoir un objet circulaire en os, une perle biconique en faïence blanc-crème et deux petites perles annulaires en faïence (bleu-vert très altéré et blanc-crème)
 
 
La trame de l’objet est réalisée au moyen de perles, d’une tige métallique contemporaine et de liens en fibres végétales moderne (lin). Environ 110 perles tubulaires de différentes longueurs,  en faïence égyptienne bleu foncé et d’aspect mat, ont été employées pour ce montage. Mesurant entre 1,5 et 2 cm de longueur, ces perles sont enfilées sur un fil doublé. Une tige transversale métallique est positionnée transversalement et constitue l’un des bords d’un espace rectangulaire central, matérialisé par un faisceau de perles. L’objet adopte donc l’apparence d’un pseudo-collier, dont le décor est disposé en deux compositions, développées de part et d’autre de l’espace central. 
 
Une première partie est composée d’une grande amulette en bois mesurant 10,2 cm sur 5 cm, cassée à son extrémité inférieure. Il s’agit d’un pilier djed, caractérisé par un fût ponctué de 4 barres horizontales. La campagne d’analyse des bois menée par V. Asensi-Amorós a révélé que l’objet a été réalisé dans un morceau de figuier sycomore (Ficus sycomorus L.), espèce indigène à l’Égypte (ASENSI-AMORÓS, Rapport de 2019). Un réseau de perles tubulaires, soigneusement liées, reprend sur ce bois taillé en forme de pilier djed le motif des quatre barres sommitales qui lui sont caractéristiques. Percé intentionnellement dans la partie sommitale, un orifice permet de faire passer un lien et de raccorder le pilier djed à la trame de perles qui, en formant un double arc de cercle, couronne le tout. 
L’objet est suspendu au centre de la barre métallique, sur laquelle est nouée une perle. Cette grosse perle biconique (3 cm de diamètre) a été réalisée en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure très altérée. Un réseau de fils, assemblant des perles tubulaires, a été passé par l’orifice de la perle. 
 
L’assemblage des objets se révèle tout aussi complexe de l’autre côté du rectangle central. Dans sa partie supérieure, un scarabée est attaché au centre. Il a été réalisé en terre cuite polychrome, et, malgré un état de conservation médiocre, des traces de pigments – jaune, rouge et noir – sont toujours identifiables. Mesurant 4,5 cm sur 3,3 cm, il est flanqué de part et d’autre de deux perles de type annulaire, réalisées en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure de chaque anneau (bleu-vert et blanc-crème) très altérée. La perle blanc-crème présente un éclat conséquent, masqué en partie par une ligature. 
 
 
Un enchevêtrement de perles, formant comme pour l’autre partie du collier un arc de cercle, sépare ce premier ensemble d’objets du pendentif en tant que tel. La trame, composée de perles tubulaires, sert à maintenir un anneau en os. Cet objet, de 6,3 cm de diamètre, serait peut-être à voir comme un bracelet d’enfant. L’anneau est incomplet, et c’est dans le segment manquant qu’a été attaché un ouchebti fragmentaire. Réalisé en faïence égyptienne (pâte siliceuse et glaçure turquoise), l’ouchebti est brisé au niveau de la taille. Il mesure actuellement 6,5 cm de longueur (sa largeur maximale étant de 5 cm). Coiffé d’une longue perruque tripartite, le serviteur funéraire ramène ses bras sur son torse, mais ne les croise pas. Les outils agricoles qu’il tient généralement dans ses mains ne sont pas visibles. Au revers, complètement aplati, une inscription hiératique est tracée en noir, mentionnant le nom d’Ounefnéfer, un  père divin. 
Sur son cou, une petite figurine noire de 1,5 cm de hauteur, de type amulette (en pâte de verre ?), est bien visible. Elle est enfilée entre deux perles tubulaires en faïence bleue, ces perles étant nettement plus petites que les autres. Placée à la manière d’un pendentif protecteur, elle correspondrait peut-être à une effigie miniature du dieu Bès. 
 
L’assemblage Co. 6300 est composé de plusieurs éléments antiques pour lesquels des significations spécifiques peuvent être proposées. Les amulettes sont des objets couramment découverts sur les sites archéologiques égyptiens, essentiellement dans les tombes mais aussi en contexte d’habitat. Cette fréquence s’explique par leurs usages multiples, lors de rites liés à la survie du défunt dans l’au-delà ou encore au quotidien pour protéger ou guérir celui qui les porte. Les amulettes pouvaient être portées en collier ou bracelets, combinés avec des perles et des pendentifs ornementaux (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 24-25). Des éléments organiques aussi fragiles que des fils sont souvent les premiers à se décomposer, mais de rares exemplaires ont conservé leur montage d’origine sur fibres végétales nouées (par exemple, le Metropolitan Museum Inv. N° MMA 25.3.191b). Il existe également d’autres montages, composés de fibres végétales beaucoup plus grossières ; ils ne semblent pas avoir été réalisés pour être portés (voir au British Museum l’Inv. N° EA 46595).

 

La fonction du pilier djed est, encore à ce jour, peu connue. Ce poteau, composé d’éléments végétaux, semble avoir joué un rôle de fétiche ou de symbole (ANDREW 1994, p. 83 ; HERMANN, STAUBLI 2011, p. 147 ; MÜLLER-WINKLER 1987, p. 336-338). Il est directement assimilé au mythe d’Osiris dès le Nouvel Empire. Il sert également à signifier la durée et la constance, dans le système d’écriture égyptien. Par conséquence, sous forme d’amulette, le pilier djed est lié au désir de vie éternelle. Ce type d’amulette se rencontre essentiellement en Égypte, bien que certains spécimens ont circulé au Proche-Orient puis se sont répandus en Europe occidentale durant l’Antiquité classique.
Taillée assez sommairement, cette amulette de grande taille est dans un bon état de conservation. Ce type d’objet, réalisé en matériau périssable, nous est rarement parvenu (voir un exemplaire de Basse Époque, proposé à la vente en 2017 (Hôtel des Ventes de Monte-Carlo, 11 mars 2017).
 
Les premières amulettes en forme de scarabée sont attestées à partir de l’Ancien Empire. Employées comme protection, ces talismans sont étroitement liés au dieu solaire Rê. Symbole du renouvellement et de l’éternel retour, ils possèdent également un rôle apotropaïque. Ils doivent être distingués d’autres scarabées, sur lesquels le nom et le titre d’un fonctionnaire sont indiqués. On différencie également ces simples amulettes, sans inscription, des scarabées de cœur pour lesquels des « chapitres de cœurs » extraits du Livre des morts sont inscrits. Les scarabées ne sont pas uniquement présents en Égypte, puisque l’on en retrouve dans toute la Méditerranée, en Asie occidentale, en Afrique du Nord, en Nubie et en mer Noire (GLÖCKNER 2017, p. 13). Leur popularité est telle que, dans certaines contrées où les importations égyptiennes ne suffisent plus, une production locale est organisée. 
 
Les ouchebti sont des serviteurs funéraires, destinés à réaliser des travaux dans les champs de l’au-delà à la place du défunt. Les colliers comprenant un ouchebti sont attestés en Égypte ancienne. Au Petrie Museum, par exemple, ils sont bien moins complexes que l’assemblage du musée Rodin (Inv. N° UC42909 ; UC51963 ; UC71650 et UC74308, datés de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse Époque). Il s’agit essentiellement de colliers simples à perles tubulaires bleues en faïence égyptienne, assortis d’une ou deux amulettes. De part leur petite taille, les ouchebti utilisés dans ces compositions semblent avoir été fabriqués pour cet usage car certains ont un orifice ménagé pour la suspension (voir, en particulier, l’Inv. N° UC71650). Mais dans le cas du pseudo-collier Co. 6300, il ne s’agit pas d’une amulette mais d’un réel serviteur funéraire. Un ouchebti en tout point semblable est actuellement conservé au Manchester Museum (Inv. N° MM 1977.1147), au nom d’un père divin d’Amon nommé Ouennéfer. Cet objet, en faïence égyptienne bleu-vert, est daté de la XXIIe dynastie et provient de la tombe 15G du cimetière D d’Abydos (JANES 2012, p. 198, n°107). Par cette comparaison, il semble possible de situer la fabrication de l’ouchebti utilisé dans la composition de l’assemblage Co. 6300 à la XXIIe dynastie. 
 
Bès n’appartient pas au panthéon des dieux officiels de l’État égyptien, adorés dans des temples, mais plutôt à la croyance populaire bien qu’il apparaisse également dans des rituels royaux. En Égypte, il est attesté depuis l’Ancien Empire et plus largement dans toute la région méditerranéenne à partir de l’âge du Bronze récent et durant tout l’âge du Fer (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 69). Divinité protectrice, il apparaît dans plusieurs contextes : amulettes, objets magiques ou encore sur des meubles de la chambre à coucher. Nain représenté de face, il exerce un pouvoir apotropaïque, une défense contre les dangers et les puissances hostiles (HERMANN 1994, p. 316). 
 
 
L’assemblage Co. 6300 semble, à notre connaissance, unique en son genre, à la fois du fait de sa composition générale, mais aussi par la nature des objets réunis. 
S’il est clair que le montage est moderne, réalisé en réunissant différents éléments antiques sur un réseau de perles tubulaires, faut-il y voir un talisman local contemporain ou encore un aegyptiaca européen, destiné à des réunions de spiritisme ?
il est difficile de trancher hors parallèle, ni connaissance de la provenance ou du circuit d’achat de l’objet.  Quoi qu’il en soit, il semble tout à fait surprenant de trouver un tel montage dans la collection d’objets égyptiens réunie par Rodin. 
 

 

Inscription

Une inscription est présente au dos de l’oushebti.

L’inscription, incomplète car seule la partie supérieure de l’ouchebti est conservée,  a été tracée à l’encre noire au dos de l’ouchebti. Les signes, rédigés de droite à gauche sous la glaçure de l’objet, sont disposés en quatre lignes. Bien que les signes soient facilement reconnaissables, la lecture du texte demeure obscure 

Historic

Sans

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Socle ?

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXIdynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 23,6 cm ; L. : 4,5 cm ; Pr. : 7,2 cm 

Co. 6251

Comment

State of preservation

L’objet est en mauvais état de conservation. 

Il présente une surface brune composée d’oxydes bruns et des emplacements verts vifs composés de carbonates (malachite) et plus pâles composés de sulfates. La surface est assez lisse. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Des restes de terre d’enfouissement sont visibles sur l’ensemble de l’œuvre. Elle est lacunaire à l’extrémité de la tige. L’objet qui était placé sur la base manque également ainsi qu’un fragment de la plaque à l’avant. 

Description

Cet objet semble être un socle sur lequel était placé une statue ou un autre objet. Co. 6251 se compose d’une base à la face inférieure concave. Seules les bordures de la base sont en contact avec le sol. La face avant est ouverte et est rehaussée d’une plaque originellement décorée. Aujourd’hui, cette ornementation est particulièrement corrodée. On note cependant un décor en chevrons séparé de deux lignes verticales. Au centre de la base, sur la face supérieure, un tenon en forme de sablier a été vissé. Il permettait de maintenir l’objet droit sur la base. Son équilibre était également assuré par une longue tige se déroulant légèrement vers la gauche à la l’arrière du socle. Elle a été insérée dans ce dernier après un moulage séparé. Mais aujourd’hui l’oxydation et la corrosion les rendent solidaires l’un de l’autre. La tige présente une base de section carrée au bord supérieur large et aplati. La tige est d’égale épaisseur sur toute sa hauteur. Elle se finit par une pointe légèrement conique au diamètre plus important que le fût de la tige. La pointe est annoncée par de fins bourrelets de métal. 

 

L’œuvre Co. 6251, s’il s’agit réellement d’un socle de statue, est particulièrement originale. En effet, les statues égyptiennes en bronze sont généralement équipées d’un tenon métallique qui permet de l’insérer dans un socle. Ici, c’est le socle qui possède le tenon ce qui implique que la statue devait présenter une ouverture pour y être placée. De plus, la tige pourrait être vue comme l’équivalent d’un pilier dorsal. Or ici, la tige est arquée vers l’avant suggérant que seule la pointe devait être en contact avec la statue. Ces différents éléments ne favorisent pas une identification de l’objet Co. 6251 en tant que socle de statue. Il pourrait s’agir en revanche d’une partie de lampe à huile, la tige servant ainsi de manche pour la déplacer, simple hypothèse sans comparatif similaire. 

Related pieces

Les collections du musée Rodin ne conservent pas d’œuvre similaire à Co. 6251. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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colonnette papyriforme

Scène mythologique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE GRECQUE OU ROMAINE > 332 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 14 cm ; L. : 2,1 cm ; Pr. : 1,4 cm 

Co. 2398

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. Le métal est oxydé et les détails sont patinés. De nombreuses concrétions blanchâtres, des chlorures, mélangées à de la terre d’enfouissement sont visibles sur l’ensemble de l’objet, particulièrement sur la tige de la partie inférieure. L’œuvre présente une surface composée de sels noirs et de carbonates de cuivre vert pâle avec des traces de sulfates. La surface reste cependant assez lisse. 

Description

L’objet présenté ici se compose de deux parties. La première est une colonnette papyriforme au fût bombé et à la base et au chapiteau circulaire. On note un resserrement du fût à l’amorce du chapiteau. Un animal est représenté grimpant le long du fût de la colonne. Il s’agirait soit d’un chat (d’après l’échelle), soit d’une musaraigne allongée. Son museau pointu annonce de hautes oreilles. Deux petites cavités marquent les yeux. Son dos, arrondi, précède une longue queue, fine et représentée étendue le long de la colonne. Les quatre pattes ont été figurées de chaque côté du corps. 

 

Le chapiteau de la colonnette sert de support à une seconde scène. Un personnage s’y tient debout, probablement soit une femme, soit un enfant d’après les rondeurs de son corps. Une autre figure, vraisemblablement animale, se tient le long de sa jambe gauche ; il est possible d’y voir peut être l’image d’un babouin, assis sur son postérieur, pattes avant reposant sur ses genoux. Son museau est carré et ses oreilles sont rondes. Une crinière recouvre ses épaules. On retrouve ici la position stéréotypée du babouin accroupi, animal sacré du dieu Thot. 

 

Surmontant le personnage auprès duquel l’animal est assis, un homme se tient debout, représenté à une échelle moindre. Les traits de son visage sont aujourd’hui peu discernables, mais il s’agirait de la divinité Bès. D’allure svelte, il est représenté de face, le bassin large et les jambes arquées. Il porte une perruque courte ronde qui encadre son visage, recouvrant ainsi les oreilles ; s’il s’agit bien d’un Bès, il faut y voir une crinière. Ses oreilles sont proéminentes, ses épaules sont larges, sa taille est fine et ses jambes massives. Une excroissance de métal suggère la présence de parties génitales, aujourd’hui masquées. Un objet épais, long et strié horizontalement est maintenu dans les mains du dieu, il s’agit certainement d’une lyre comme on peut le voir sur l’œuvre du Metropolitan Museum of Art 17.194.2234 ; voir également ROEDER Günter, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, § 140 d, t. 14 [g, h]. Plusieurs sillons obliques sont encore visibles sur son corps, marquant les pectoraux et l’aine, celle-ci étant surmontée d’un nombril rond. De dos, deux lignes dessinent les muscles fessiers. On remarque également que le creux des genoux est figuré. La divinité pose sa jambe gauche sur l’épaule gauche du personnage situé sous lui et sa jambe droite, fléchie, au sommet de son crâne. Bras gauche placé le long du corps, la femme, ou l’enfant, lève le bras droit pour saisir la cheville droite du Bès. 

 

Deux autres exemples peuvent être rapprochés de l’œuvre Co. 2398, où l’image d’un enfant est surmontée d’une figure de Bès. La figurine du musée de Berlin n° 13125 et celle du musée d’Athènes n° 596 (respectivement ROEDER Günter, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, § 138 i, t. 14 [q] et § 611 f, t. 87 [c]). On peut également citer celle du Penn Museum n° 29-71-747C

 

Tant l’objet que la scène est rare, mais attestée en Égypte ancienne. L’association de Bès au dieu Thot, représenté ici grâce à la présence du babouin, rappelle le Mythe de le Déesse Lointaine (cf. CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 298-299). Cette légende raconte une dispute, particulièrement violente, entre Rê et une déesse féline dont l’identification change selon les versions. Selon le Livre de la Vache Céleste, la colère de la déesse, souvent assimilée à Mout, Sekhmet ou Tefnout, est due à l’humiliation d’avoir été trompée par son père Rê. Celui-ci ayant ordonné à sa fille le massacre des humains, la déesse exauça les souhaits de son père au-delà de ses espérances. Pour calmer ses ardeurs, Rê décida d’enivrer la déesse avec de la bière rougie artificiellement, simulacre de sang humain. Humiliée, la déesse se refugia dans une lointaine contrée située en Nubie. Rappelée par Rê, la déesse orgueilleuse refusa de mettre fin à son exil volontaire. Rê envoya alors Thot sous la forme d’un babouin et Chou, appelé ici Onouris (« Celui-qui-ramène-la-Lointaine ») pour convaincre la déesse de revenir. Apaisée, la déesse retourna en Égypte, accompagnée de Bès qui la divertit en jouant et dansant tout au long du voyage.

S’il s’agit bien de ce mythe, l’animal représenté sur le fût serait plus vraisemblablement un chat et non une souris et le personnage serait plutôt l’image d’une déesse que celle d’un enfant. Les figures de Bès du British Museum EA20845 et du Metropolitan Museum of Art 04.2.103 racontent la même légende. 

 

La finalité de la colonnette Co. 2398 reste, en revanche indéterminée. Le plus probable serait d’y voir un manche fragmentaire ou le sommet d’un pavois.

Related pieces

Les collections du musée Rodin ne conservent aucun œuvre similaire à Co. 2398. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Isis-Aphrodite ?

PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE 

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 7 cm ; L. : 3,4 cm ; Pr. : 1,8 cm  

Co. 2659

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation.

Le métal est oxydé et a pris une teinte noire. Il manque le bras droit et les détails sont patinés.

Une tâche circulaire verte est visible au milieu du dos. Il pourrait s’agir d’un témoignage de l’ancien système de soclage. De la terre d’enfouissement est toujours incrustée dans les plis de la robe.

Description

L’œuvre Co. 2659 figure probablement la déesse Isis-Aphrodite debout en contraposto, les jambes côte à côte avec un très léger déhanché vers la droite, la tête tournée sensiblement vers la gauche. La statuette est très aplatie, la face arrière est concave. Son bras droit a disparu.

La divinité était originellement coiffée d’un diadème à trois pointes, comme la statuette conservée au Musée Rodin Co. 1441. Par comparaison, on devine que la pointe centrale était pentagonale et les deux pointes extérieures ovales. Cette couronne est posée au sommet du crâne sur un long tissu qui capuchonne la figure. Il descend en se plissant simplement dans le dos, recouvrant tout détail anatomique. À l’avant, le vêtement enveloppe le bras gauche, le bassin au niveau de la taille et tombe jusqu’en-dessous des genoux. Un second tissu est passé sous la cape. Il présence un décolleté en V bouffant et recouvre jusqu’aux pieds visibles uniquement par la présence de pointes de chaussures fermées. Il est décoré d’une succession de lignes obliques, créant un motif en dent de scie, séparées de points. Cette ornementation a pu être faite après moulage de l’œuvre. Seuls le visage, le bras droit et l’avant-bras gauche ne sont pas vêtus.

De larges mèches de cheveux, séparées de profonds sillons obliques, entourent le visage de la déesse en recouvrant les oreilles.  La face, très mal conservée, est grossièrement modelée. Le front est petit, les yeux sont simplement marqués par deux sillons parallèles, le nez est large et empâté et la bouche semble former un petit sourire. Le bras gauche est également modelé avec simplicité. Le bras est la partie de la statuette la plus épaisse, probablement parce que l’attribut qu’elle tient était l’élément le plus important, nécessaire à la reconnaissance de la déesse représentée. La main forme un ensemble compact sans dissociation des doigts, seul le pouce est distinct. La déesse saisit un objet circulaire assez épais qui serait probablement un miroir à boite. Une croix et plusieurs points placés entre les barres de la croix ont été dessinés sur le dessus. Le modèle d’Aphrodite se mirant est assez connu, on trouve un exemple au Musée du Louvre Br418. Au Penn Museum de Philadelphie, une autre statuette similaire à Co. 2659, provenant de Chypre, y est conservée, MS150. Elle est également très plate et tient un objet rond dans sa main droite. En revanche, le Penn Museum considère qu’il s’agit d’une vaisselle de type patère ou d’un tympanon et qu’il faut donc y voir la déesse Cybèle.

Il est possible que même avant l’époque hellénistique Isis soit associée à Aphrodite, à travers leur lien mutuel avec la déesse Hathor. À l'époque romaine, un culte important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Les récits mythologiques la font naître de l’écume de la mer devenue fertile grâce au phallus d’Ouranos, dieu du ciel, tranché suite à une dispute avec son fils le titan Cronos. Aphrodite est donc fille du Ciel et de la Mer. Elle symbolise l’âme sortant purifiée des eaux. Les chrétiens d’Égypte, les Coptes, y voyant un précurseur du baptême adoptent rapidement ce rite, de même que les égyptiens suivant encore l’ancienne religion qui rapprochent Aphrodite, ou Vénus pour les romains, des dieux démiurges émergeant des eaux primordiales.
 

Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère trouvés en Égypte comprennent, dans la liste des parapherna, une statuette en bronze, plus rarement en argent, de la déesse. Les laraires placés à l'intérieur des maisons pouvaient également contenir une effigie d'Aphrodite. Divinité protectrice des femmes et du mariage, elle y est présentée comme la forme hellénisée des déesses indigènes, Isis-Hathor et Astarté déesse proche-orientale dont le culte a été importé au Nouvel Empire.

Sœur-épouse d’Osiris et mère d’Horus (ou Harpocrate), Isis est aussi ancienne que  la civilisation égyptienne. Bien que ses origines restent floues, elle est la dernière divinité à avoir été vénérée sur le territoire égyptien et au-delà, grâce à la diffusion de son culte dans l’Empire romain. Isis est avant tout la « mère du dieu » qu’elle a conçu grâce à ses dons de magicienne. Elle est aussi une déesse rusée puisque dans la Légendes d’Isis et de Rê, elle réussi à faire révéler à Rê son nom secret en prenant l’apparence d’une vieille femme venue pour le soigner d’une morsure de serpent qu’elle avait elle-même créé. À la Basse-Époque, Isis est vénérée dans des temples qui lui sont propres. Elle se démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité par son image nourricière. Isis reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. À cause de toutes ces facettes de la divinité, l’iconographie d’Isis est extrêmement variée. Elle peut être à la fois totalement anthropomorphe, ou milan, ou vache, lionne et ou encore hippopotame, scorpion ou cobra.

Isis forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos, puis à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis – qui a supplanté Osiris – et d’Harpocrate.

Voir les notices des statuettes conservées au musée Rodin pour plus d’informations sur ces divinités : Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis).


Produites dans des ateliers locaux, ces figurines telles que l’œuvre Co. 214 sont généralement adaptées de célèbres statues de la déesse. Des représentations semblables se retrouvent dans le domaine de la terre cuite. L’image de la déesse se mirant est une lointaine adaptation de l’Aphrodite pséliounéné (attachant son collier) attribuée à Praxitèle, sculpteur grec du IVe siècle avant notre ère.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent une œuvre tout à fait similaire, Co. 1441.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Eros

PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > IIIe– 1er SIÈCLE AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,9 cm ; L. : 5,7 cm ; P. : 3,4 cm 

Co. 6303

Comment

State of preservation

L’œuvre est en assez mauvais état de conservation. 

Le métal a pris une teinte noire à force d’oxydation. Quelques concrétions sont visibles sur le genou droit, le pied gauche, le bras droit et entre les cuisses. La main droite et la pointe de l’aile droite sont manquantes. Le coude gauche est largement fendu dans sa largeur. 

Description

L’œuvre Co. 6303 figure le dieu enfant Éros, entièrement nu conformément à son iconographie. Placé aujourd’hui en position couchée sur un socle contemporain de son arrivée dans la collection, une comparaison avec les statuettes du Metropolitan Museum of Art Inv. N° X.377 et du Walter Art Museum Inv. N° 54.1182, laissent supposer que le petit Éros du musée Rodin se tenait originellement debout. Le bras droit, levé au-dessus de la tête, est partiellement perdu, tandis que le bras gauche est replié vers le visage.

 

Eros, Cupidon chez les Romains, est la divinité associée à l’amour, à la passion et au désir. Originellement dénué de genre ainsi que de géniteurs, la mythologie s’accorde par la suite à lui attribuer des parents en la personne d’Aphrodite, déesse de l’amour, et d’Hermès, dieu messager. Représenté sous les traits d’un jeune garçon nu, il a pour attribut une paire d’ailes, à laquelle s’ajoute, bien souvent, un arc et des flèches qu’il tire au hasard pour susciter le désir amoureux. 

 

Dans l’Égypte gréco-romaine, Eros est rapidement associé à un autre dieu enfant, Harpocrate, divinité protectrice de la maternité et de l’enfance ; en accord avec la mythologie de ce dernier, il est considéré comme un dieu créateur, né de l’œuf primordial. On note dans l’œuvre Co. 6303 l’association de ces deux univers culturels : les ailes et l’attitude générale en contrapposto rapprochent cette figurine de l’art hellénistique, tandis que le doigt porté à la bouche le rattache clairement à l’imagerie égyptienne, puisque c’est là l’attitude qui caractérise l’enfance tant dans le répertoire hiéroglyphique que dans les productions iconographiques, ce qui est la même chose dans la pensée pharaonique.

 

Malgré sa petitesse et son assez mauvais état de conservation, l’œuvre présente de nombreux détails. Les courtes ailes qui s’échappent des omoplates de l’enfant sont striées de fines lignes parallèles, rendant les plumes. La chevelure qui entoure le visage aux traits poupins est courte et bouclée, en accord avec les canons stylistiques hellénistiques. Son rendu est traité plus simplement à l’arrière du crâne. Les détails du visage sont représentés : les sourcils sont traités en creux sur le front court, le nez bien que petit et empâté est modelé de narines profondes, la pupille des yeux a été creusée d’un trou, les lèvres charnues sont rehaussées d'une fossette mettant en valeur le menton. Le nombril, les orteils et l’aine sont figurés, ainsi que les parties génitales, minimisées. En revanche, les membres sont caractérisés par un modelé minimal, reflétant les rondeurs potelées du dieu enfant (coudes, genoux et chevilles ne sont pas indiqués). 

 

Ce type d’œuvre pourrait avoir appartenu à un ensemble plus grand, déposé au sein d’un autel privé et destiné à assurer au foyer la protection d’un dieu très intime. Il est aussi possible que, comme c’est le cas de nombreuses statuettes en bronze ou en terre cuite de si petite taille, il s’agisse d’un objet votif, moulé en série afin d’être vendu à des dévots et déposé dans un temple comme offrande. 

Related pieces

Aucune œuvre n’est similaire au bronze Co. 6303 dans les collections du musée Rodin. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Isis-Aphrodite ?

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > 332 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 9 cm ; L. : 3,9 cm ; Pr. : 1,7 cm  

Co. 1441

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal est oxydé et a pris une teinte noirâtre. Il manque le bras droit et les détails sont patinés. Une tache circulaire verte est visible au milieu du dos. Il pourrait s’agir du témoignage d'un ancien système de présentation. De la terre d’enfouissement est encore incrustée dans les plis de la robe. 

Description

Cette statuette représente une déesse, probablement Isis-Aphrodite, placée debout, la tête légèrement tournée vers la gauche. La figurine est aplatie, la face arrière étant concave.

De larges mèches de cheveux ondulés, séparés d’une raie centrale, entourent le visage de la déesse et recouvrent les oreilles. Les membres et la face sont grossièrement modelés : les yeux semblent avoir été laissés sans finition, aujourd'hui simplement notés par leur contour, le nez est large.  La divinité est coiffée d’un diadème à trois pointes. Ce diadème, très érodé, serait peut-être à voir comme un basileion, couronne isiaque par excellence de la période hellénistique. Elle est formée d’un disque solaire encadré de deux cornes de vache lyriformes et surmonté de deux hautes plumes (Malaise 1976 ; cf. Co. 1333). Ce diadème est posé sur un long manteau, l’himation, qui capuchonne la tête, à la mode grecque, et enveloppe de ses plis le dos jusqu’aux genoux, masquant tout détail anatomique, et le bras gauche. L’avant-bras et la main gauche semblent recouverts par un pan du manteau de la déesse. Un second vêtement est visible en-dessous : un chiton, qui présente un décolleté en V et tombe jusqu’aux pieds, protégés dans des chaussures fermées dont seules les pointes émergent des plis du vêtement . L'étoffe du chiton est ornée d’une succession de zigzags verticaux, scandés de points ; ces motifs ont pu être incisés après moulage de l’œuvre.

La déesse de la figurine tient à la main droite un objet circulaire, épais, généralement identifié comme un miroir à boîte, orné d’un motif de croix et de pointillés. L’objet qu’elle tient et l’attitude de la déesse y mirant son reflet sont plus identifiables sur un exemplaire d’époque romaine du Musée du Louvre (Inv. N° Br 418, http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=10063&langue=fr). Produites dans des ateliers locaux, l’iconographie de telles figurines en alliage cuivreux s’inspiraient bien souvent de statues renommées, les mêmes types iconographiques étant également repris sur les statuettes en terre cuite. On considère souvent que l’image de la déesse se mirant serait une adaptation de l’Aphrodite pséliouméné (ce qui pourrait vouloir dire « attachant son collier » ou « son bracelet ») du célèbre sculpteur du IVème siècle Praxitèle, œuvre aujourd’hui perdue. Au Penn Museum de Philadelphie une statuette similaire provenant de Chypre est elle aussi fortement aplatie (Inv. N° MS150, https://www.penn.museum/collections/object/307436). Mais l’objet circulaire qu’y tient la déesse représenterait plutôt une vaisselle de type patère ou alors un tympanon. Il faudrait donc dans ce cas voir une figure de la déesse Cybèle et non d’une isis-Aphrodite sur la statuette de Philadelphie).

A l’époque romaine, un culte très important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie, suite notamment aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Fille du Ciel et de la Mer selon les récits mythologiques grecs, sa sortie des eaux l’associe pour les Égyptiens aux dieux démiurges émergeant des eaux primordiales. Quant à Isis, sœur-épouse d’Osiris et déesse magicienne puissante, elle est, très tôt dans l’histoire égyptienne et particulièrement dès le Nouvel Empire, surtout célébrée comme déesse-mère par excellence. Son fils Horus est en effet issu de l’union posthume avec Osiris, démembré par son frère Seth. Isis, après avoir rassemblé toutes les parties du corps de son époux grâce à des bandelettes, se transforme en milan pour ranimer la virilité d’Osiris et procréer Horus. Ainsi, à la Basse-Époque, son culte propre gagne en puissance et la démarque peu à peu du mythe osirien et de ses aspects funéraires. Dans la dévotion populaire, elle est de plus en plus étroitement associée à Hathor, déesse-vache nourricière dont elle était déjà souvent rapprochée par le passé. Elle reprend ainsi les attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire que l’on retrouve sur la couronne de la statuette Co. 214, et devient le symbole de la féminité par excellence, ce qui justifie son association avec Aphrodite après la conquête grecque. Son culte connaît un développement sans précédent à partir de la période ptolémaïque, en témoigne notamment son grand temple à Philae (Bricault 2013). Elle forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos et, à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis, qui a supplanté Osiris, et d’Harpocrate, l’Horus-enfant (pour plus d’informations sur ces divinités, voir les notices des statuettes Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis) conservées au Musée Rodin).

Cette figurine, visiblement produite en série, correspond aux objets votifs apportés par les dévots ou les pèlerins dans les sanctuaires, aux derniers temps de la civilisation pharaonique. Image réelle de la divinité, la forme aplatie de cette statuette allégeait la matière, donc le poids et le coût de l’objet.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent une œuvre tout à fait similaire, Co. 2659.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Aphrodite anadyomène

PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE ROMAINE > Ier – IIIAPRÈS J.-C. 

[VOIR CHRONOLOGIE]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 20,1 cm ; L. : 9,4 cm ; P. : 3,8 cm 

Co. 1418

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un état de conservation médiocre. 

Le métal est très oxydé et corrodé, les détails sont partiellement effacés et on note des restes de terre d’enfouissement sur l’ensemble de l’œuvre, particulièrement dans les cheveux. Plusieurs fissures craquèlent le visage et une perte de matière est visible sur le côté intérieur du genou gauche, laissant apparaître les surfaces internes du métal. Les pieds sont manquants, ainsi que la base sur laquelle l’œuvre était placée. 

Description

L’œuvre Co. 1418 figure la déesse Aphrodite anadyomène. Elle se tient debout en un léger contrappostosur la droite, la jambe gauche fléchie. Entièrement nue, elle porte pour seul attribut un diadème constitué de deux épais bourrelets et au devant duquel ses cheveux sont rassemblés en un chignon encadré de mèches ondulées. Les deux bras repliés vers les épaules saisissent deux épaisses mèches de cheveux torsadés afin de les essorer, puisqu’Aphrodite vient tout juste de sortir de l’océan dont elle est issue.

 

Les caractéristiques anatomiques de la déesse reprennent les canons de beauté romains, soit ceux d’une figure féminine aux formes voluptueuses. Le visage est ovale et la mâchoire épaisse, les joues pleines et le nez épais. Le front est largement caché par les mèches de cheveux ondulées, et les yeux sont couronnés d’un léger bourrelet rendant des arcades sourcilières légèrement tombantes, et des yeux qui paraissent creusés. Le cou est large et presque gras, le large buste est modelé de seins ronds cernés d’une incision ; malgré l’état de conservation actuel de l’œuvre, on note que les tétons étaient dessinés. Les hanches sont larges, les fesses et les cuisses dodues et plusieurs bourrelets sont modelés sur le ventre. Le nombril, originellement profond, est aujourd’hui empli de terre d’enfouissement. Le modelé des membres est minimal : les genoux sont discrets et les mollets ne présentent aucun détail anatomique, tandis que seuls les coudes sont rendus sur les bras très potelés. Les doigts sont séparés grossièrement les uns des autres et les phalanges ne sont pas marquées, leur conférant une allure boudinée. Seul le creux des reins est figuré, en accord avec les attributions érotiques et sensuelles de la déesse.

 

À l’époque romaine, un culte très important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie, à la suite notamment des conquêtes d’Alexandre le Grand. Fille du Ciel et de la Mer selon les récits mythologiques grecs, sa sortie des eaux la rapproche – pour les Égyptiens – des dieux démiurges émergeant des eaux primordiales. Elle est aussi associée à Isis, sœur-épouse d’Osiris et déesse magicienne puissante. À partir de la Basse Époque, le culte d'Isis gagne en puissance et elle se démarque peu à peu du mythe osirien et des aspects funéraires. Dans la dévotion populaire, elle est de plus en plus étroitement associée à Hathor, déesse-vache nourricière dont elle était déjà souvent rapprochée par le passé. Elle reprend ainsi les attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire que l’on retrouve sur la couronne de la statuette Co. 214, et devient le symbole de la féminité par excellence, ce qui justifie son association avec Aphrodite après la conquête grecque. Vénérée durant toute la période pharaonique, son culte connaît un développement sans précédent à partir de la période ptolémaïque (BRICAULT 2013). Les rois hellénistiques lui font notamment ériger un grand temple à Philae où sont soulignés son aspect cosmique et sa supériorité sur les autres dieux. Elle forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos et, à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis, qui a supplanté Osiris, et d’Harpocrate, l’Horus-enfant (pour plus d’informations sur ces divinités, voir les notices des statuettes Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis) conservées au Musée Rodin).

 

Produites dans des ateliers locaux, ces figurines étaient généralement adaptées de célèbres statues, et les mêmes types iconographiques se retrouvent dans les statuettes en terre cuite. L’image d’Aphrodite émergeant de la mer et essorant ses cheveux, figurée ici par le pendentif, a été fixée par un artiste grec du IIIe siècle avant notre ère nommé Doïdalses. Ce topos connaît des retentissements en Égypte jusqu’à l’époque copte (comme sur le relief du Louvre inv.no. E14280), où elle est associée à une métaphore du baptême et de la renaissance chrétienne. 

 

Au vu de la qualité de la manufacture de l’œuvre, il s’agit probablement d’un ex-votoexposé dans un temple ou sur l’autel particulier d’un foyer fortuné. Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère et trouvés en Egypte incluent des cadeaux complétant la dot, les parapherna, destinés à l’usage quotidien de l’épouse. Parmi eux se trouve souvent une statuette en bronze ou, plus rarement, en argent, de la déesse Isis-Aphrodite. Les laraires placés à l’intérieur des maisons, en particulier, pouvaient contenir une image de cette déesse, en tant que divinité protectrice des femmes et du mariage, forme hellénisée des déesses Isis et Hathor, ou Astarté au Proche-Orient.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent deux statuettes de la déesse Aphrodite en bronze, Co. 214 et Co. 1435. Cette dernière figure également Aphrodite anadyomène mais vêtue d’un tissu entourant ses hanches. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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