Reliquaire ?

Tête de Thot sous sa forme d'Ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

NOUVEL EMPIRE OU TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE > XVIII– XXVdynastie > 1550 - 656 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 9,3 cm ; L. : 2,7 cm ; P. : 10,7 cm 

Co. 800

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un bon état de conservation. Bien qu’elle soit oxydée et ait pris une teinte rougeâtre, les détails finement modelés sont encore bien visibles. Elle est entière à l’exception de la majeure partie du tenon qui s’échappe au niveau du cou. Cette partie, qui était censée être cachée puisqu’insérer dans un corps d’ibis, est particulièrement oxydée. On y remarque encore des traces de terre d’enfouissement. Les incrustations des yeux et du front ont également disparu.

Description

L’œuvre Co. 800 figure une tête d’ibis prolongée par un tenon, situé à la base du cou. Aujourd’hui il n’en reste que l’amorce. Ce tenon permettait d’insérer la tête dans un corps d’ibis, en bronze ou en bois (pour une statuette complète, voir celle en bronze ÆIN 270, cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, n° 84.1 p. 240-241).

 

La tête, aplatie au niveau du front, est prolongée d’un bec élancé à la cambrure naturelle. De nombreux sillons et arêtes rendent avec réalisme les détails anatomiques. La pointe du bec est arrondie. Sur celui-ci, de fines lignes continues entourent l’arête supérieure du bec traitée en relief. Les yeux sont encadrés de ces deux lignes. Elles se prolongent sur les arcades sourcilières plus épaisses. De même, on remarque une autre cavité sur le front, permettant d’y insérer une incrustation de même type ou un élément de couronne divine. Aujourd’hui, elle est comblée de plâtre blanc moderne. Un autre sillon, profond, marque l’ouverture du bec. Le dessous de celui-ci est concave et met en relief les mâchoires, particulièrement sous l’œil. Le cou présente une courbure et une épaisseur naturelles bien que la cambrure à la base du cou soit un peu forcée. On note enfin les traces de la coulée du bronze le long du cou. En effet, une arête allant de sous la gorge jusqu’à la base du cou et se décalant vers la droite est encore visible. 

 

L’œuvre présente une attitude et un traitement très naturaliste et détaillé qui mettent encore en évidence les qualités d’observation du peuple pharaonique. L’expression générale de cet ibis est particulièrement réaliste. 

 

La qualité d’exécution de l’œuvre, ainsi que sa teinte rouge laissent supposer qu’il s’agit ici d’un bronze noir.

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » ou ibis sacré (thrskiornis aethiopica) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs.

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltent, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». On retrouve souvent des statuettes en bronze d’ibis couchés pour que les pattes représentent le signe du bras qui était utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à quatre types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. L’œuvre Co. 800 représentant peut-être une figure de reliquaire, il est possible qu’elle provienne de ce site. 

 

Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient un type d'animal, les « multiples ». L’œuvre Co. 802 pourrait être un reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré mais c’est par les rites de leur mise à mort, leur momification et les prières récitées à cet instant que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis, les rapaces, les musaraignes, les scarabées et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était vénéré. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Ils étaient courants afin de subvenir aux besoins des commanditaires. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, certaines bêtes étaient ainsi élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objet de dévotion.

 

 

Les figures d’ibis sont des objets très nombreux. Les simples têtes d’ibis à insérer dans un corps sont en revanche moins représentées. On citera pour l’exemple les œuvres du Metropolitan Museum of Art, New York : 53.185a et 90.6.59. Celles du Penn Museum de Philadelphie : E12550 et E12577. Et enfin, les statuettes du Brooklyn Museum : 37.385Eb37.385Ea08.480.7116.580.156 et 39.94.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes d’ibis en bronze, Co. 211Co. 776Co. 802Co. 2425Co. 2380 et Co. 5785. Malheureusement, aucune de ces œuvres n’est complète. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 6, 326, "Tête d’ibis en bronze. Haut 9 cent. 30 fcs."

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.

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Reliquaire

Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE > XXVI– XXXIdynastie > 656 - 323 AVANT J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 14 cm ; L. : 5,5 cm ; Pr. : 18 cm 

Co. 793

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un bon état de conservation.

Bien que le métal soit oxydé et ait pris des teintes vert-de-gris et rouille, les nombreux détails et décorations de ce reliquaire sont encore bien visibles. Originellement occupé par la momie d’un faucon, l'objet est aujourd’hui comblé de plâtre blanc. La plaque qui scellait le réceptacle est en grande partie détruite. La partie restante de la face inférieure est très corrodée et fissurée. On note quelques traces d’impacts et de perte de matière sur toutes les faces du reliquaire. Le coin supérieur gauche est écrasé, de même que la tige enroulée de la couronne. Il est probable que l’œuvre se soit déformée lors d’une chute vers l’avant, mais ces éléments s’étant patinés d’une manière similaire au reste de l’objet, il est aussi probable que la chute se soit produite à une époque antique. 

Description

L’œuvre Co. 793 est un reliquaire, originellement conçu pour abriter une momie de faucon, comme en témoigne la figuration de l’animal sur le coffre. La statuette de faucon, la base et le réceptacle creux sont tous solidaires les uns des autres et ont été moulés en une seule opération. 

 

Sur l'objet Co. 793, le faucon, en tant que symbole d’Horus, dieu monarchique, est coiffé de la double couronne de Haute et Basse-Égypte, le pschent. Une tige enroulée complète la couronne rouge, écrasée vers l’avant suite à une chute de l’objet. Comme sur les deux objets du British Museum, le faucon se tient sur une base dépourvue de décoration, au centre du réceptacle, lui-même non-orné à l’exception d’un fin tore sous le couvercle en ressaut et formant une légère corniche, et d’un rebord le long de la base. Seules deux lignes de texte incisées animent la face avant. 

 

L’anatomie du faucon est assez fidèlement rendue, bien que les pattes soient un peu hautes et épaisses. Les détails sont abondants : l’ouverture du bec crochu est bien visible, un sillon incisé en arc de cercle délimite la région parotique (pour le vocabulaire de l’anatomie des oiseaux, voir http://www.cosmovisions.com/oiseauxAnatomie.htm) et les sourcils sont striés de petites lignes verticales. Le plumage de la nuque et de la partie haute des ailes sont rendus de manière identique, par de petites plumes en forme de gouttes ; à partir du milieu du dos, les plumes se font longues et fines. La séparation entre l’aile droite et l’aile gauche est sensible dans le modelé, mais n’est pas rendue dans la décoration incisée car les plumes couvrant toute la surface uniformément. Ce même type de décor se retrouve sur d’autres statues de faucons en bronze contemporaines, au Metropolitan Museum of Art de New York (25.2.11, 30.8.233) ou au Penn Museum de Philadelphie (E14287). Les pennes des ailes se croisent sur la queue, dont le traitement est en revanche différent. En effet, elle est constituée de six larges plumes, dont les rachis entourés des barbes sont clairement dessinés. Le ventre de l’oiseau et le haut des pattes sont dénués de décoration, tandis que la peau est rendue par des stries horizontales sur la face avant et traduite par un quadrillage sur la face arrière des pattes. Les serres, acérées, sont clairement figurées.

De nombreux exemples de ce type d’objet sont connus dans les diverses collections muséales, notamment au British Museum (EA68869, EA67196). Ceux-ci étaient produits en série afin d’accueillir des momies animales offertes en ex-voto.

 

Le faucon est l’animal sacré du dieu Horus, lui-même représenté hiéracocéphale sur la plupart des reliefs où il apparaît. Il prête également son apparence à Montou, dieu guerrier de la région thébaine, à Rê, le dieu solaire, à Sokar, faucon momifié associé à Osiris, ainsi qu’à d’autres divinités moins connues, comme les dieux Harmakhis ou le dieu Houroun, d’origine cananéenne. Ici cependant, il ne fait que peu de doute que c’est le dieu Horus qui est associé à ce faucon sacré, dans la mesure où c’est ce dieu monarchique par excellence qui est le plus fréquemment représenté coiffé de la double couronne. Dans la théologie égyptienne, le dieu Horus a deux persona différentes : un des dieux les plus anciens du panthéon égyptien, « Horus l’Ancien » est le prototype du souverain auquel il s’assimile souvent, car il règne sur l’Egypte après avoir défait son rival Seth. C’est seulement vers la fin de l’Ancien Empire, avec la montée en popularité du mythe osirien, qu’il s’assimile à un « Horus le jeune », fils d’Isis et d’Osiris, cherchant à venger ce dernier, assassiné par son frère Seth par jalousie. Plus tard encore, surtout à partir de la fin du Nouvel Empire, l’accent est particulièrement mis sur l’enfance d’Horus, élevé en cachette dans les marais de Chemnis par sa mère Isis pour le protéger de Seth. Les épisodes mythologiques mettant en scène Horus enfant, aussi appelé Harpocrate, lui prêtent des pouvoirs de guérison envers diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux : il devient donc particulièrement important dans les pratiques médicales et magiques, comme en témoignent notamment les nombreux exemples de stèles dites « d’Horus-sur-les-crocodiles » (ainsi celle du Louvre E10777) qui devaient infuser de propriétés curatives l’eau ayant coulé sur leurs inscriptions magiques. 

 

Les reliquaires comme celui-ci, renfermant des faucons, mais aussi d'autres animaux (ibis, chats, crocodiles, babouins, serpents, etc.), sont très bien connus. Ils comprennent deux types d’animaux, les "uniques" et les "multiples" (voir Alain Charron, 2002, p. 176). Les uniques regroupent des animaux individualisés, nommés et bénéficiant d’un culte en propre, choisis à raison d’un exemplaire sacralisé parmi l’ensemble de ses congénères – comme les taureaux Mnévis et Apis. Dans le cas de l’œuvre Co. 793, il s’agit au contraire du reliquaire d’un « multiple » : ces animaux-ci n’étaient pas sacralisés de leur vivant, ni choisis parmi d’autres, mais servaient d'hypostases du dieu associé à cet animal. C’est donc par les rites de leur momification et les formules récitées à cette occasion que leur caractère sacré leur était conféré. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquérant un rôle de médiateur, et étaient offerts en ex-voto ou offrandes auprès de ce même dieu. Avec la formidable montée en popularité de telles pratiques à la Basse Époque, les demandes devenaient si nombreuses que les bêtes étaient alors élevées dans le seul but de servir à leur mort d’objets de dévotion, provoquant la naissance d’une véritable industrie de la mise à mort animale. L'engouement était tel que certains reliquaires ne contenaient plus une momie complète, mais seulement une partie de celle-ci, voire un paquetage imitant la forme de l’animal ou bourré avec les ossements de plusieurs animaux différents. 

 

Il serait tentant de proposer comme provenance d’origine de ce reliquaire le site de Saqqara, ou la ville de Bouto (où Horus était particulièrement vénéré), d’où proviennent respectivement les deux parallèles conservés au British Museum.

Related pieces

Les oeuvres Co. 3035 et Co. 801 du musée Rodin représentent des statuettes de faucon ; seule la première possède encore ses pattes, mais la seconde, qui présente un décor de plumes incisé, est de meilleure facture. Ces deux statuettes ne sont pas nécessairement liées à un reliquaire comme le Co. 793. Les collections du musée Rodin conservent en revanche plusieurs reliquaires complets sous les espèces des Co. 2403Co. 2406Co. 2435Co. 2436Co. 5643 et Co. 5786. En revanche, Co. 793 est le seul reliquaire complet d’un faucon. 

Inscription

Il y a deux lignes de texte sur la face avant du reliquaire. Il est incisé. 

Historic

Acquis par Rodin chez l'antiquaire Étienne Pennelli le 13 mars 1905.
 
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 369, "Faucon debout sur une base en forme creuse ayant servi de sarcophage. Il est coiffé du pschent. Haut 15 cent. Dimensions de la base 17 ½ x 5 ½ x 5. 150 fcs."
 
Donation à l’État français en 1916.
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Apis

sous sa forme de taureau

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXdynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 12,7 cm ; L. : 4 cm ; Pr. : 13,4 cm 

Co. 685

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un bon état de conservation.

Le métal est oxydé, notamment sur la tête, à la naissance de la queue et sur le flanc droit. Les détails anatomiques et iconographiques sont cependant toujours visibles. L’œuvre est complète, à l’exception du socle qui la soutenait. Des taches rouge foncé et vert clair sur l’ensemble de l’objet marquent la présence d’oxydes et de carbonates. 

Description

L’œuvre Co. 685 figure le dieu Apis sous sa forme bovine. Il se tient debout, les deux pattes avant légèrement avancées. On note la présence d’une petite plaque sous les sabots avant et sous les sabots arrière, sous laquelle un tenon est visible. Ces deux tenons, un à l’avant, le second à l’arrière, permettaient de maintenir le taureau dans un socle plus grand, aujourd’hui disparu. 

Le taureau est coiffé d’un disque solaire orné d’un uraeus dont la tête s’élève jusqu’au centre du disque. La partie centrale du corps du cobra présente de petites lignes horizontales. Celles-ci démarquent le corps dressé de ses ailerons, déployés de chaque côté. 

 

La tête du taureau, approximativement triangulaire, présente un museau pointé vers le bas. Les deux narines rondes et l’ouverture de la gueule se discernent sur le museau. Ce dernier est séparé de la partie frontale, aplanie, par un modelage du métal créant un relief, particulièrement visible de profil. Les yeux, incisés et légèrement globuleux, sont rehaussés d’arcades sourcilières proéminentes bien que naturelles. Les oreilles triangulaires et creusées en leur centre se dégagent à l’arrière. Une incision en forme de triangle s’observe sur le front. Cette marque permettait aux prêtres en charge du culte d’Apis de distinguer son héraut du reste du troupeau. Plusieurs œuvres présentent cette marque distinctive, notamment certaines conservées au British Museum de Londres, inv. n° EA58963, inv. n° EA61615 ou encore inv. n° 1898,0225.1. Enfin, deux cornes pointues soutiennent la base du disque solaire. 

 

Conformément à l'iconographie d’un taureau Apis, l’artisan a incisé des éléments sur le corps du taureau, après la fonte de l’objet. Le cou de l’animal est paré d’un large collier, à cinq rangs. Les rangs extérieurs, ainsi que la rangée centrale, sont décorés de fines lignes, qui créent ainsi des sections. Un tapis central recouvre son dos. Décoré de losanges, ses deux extrémités sont frangées. Deux éléments ailés se distinguent de part et d’autre, étendus sur les épaules et les flancs du taureau. Au garrot, il peut être restitué un scarabée ailé, comme on le voit sur une figurine du Musée d’archéologie méditerranéenne de Marseille (inv. n° 620, in Musée d'archéologie méditerranéenne : guide des collections, 2013, p. 30) ou sur l’œuvre inv. n° EA58963 du British Museum. Malheureusement, l’état de conservation du métal à cet endroit ne permet pas de l’affirmer. Sur la croupe, il s’agit d’un vautour ailé, également visible sur les deux œuvres de Marseille et de Londres précédemment citées. Pour un schéma des caractéristiques décorant le corps des taureaux Apis en bronze, voir la notice de la statuette inv. n° B.485 du musée royal de Mariemont, très proche de celle de Rodin (Luc DELVAUX, « Apis », in DERRIKS, DELVAUX 2009, p. 185-186).

 

Le corps du taureau est traité de façon naturaliste, les détails anatomiques sont réalistes et représentés avec soin. Les proportions du corps sont naturelles. En effet, le cou épais annonce un corps fin mais musclé. Légèrement bombé sur le dessus, il se poursuit sur des épaules aux omoplates dessinées. La pointe de l’épaule est clairement visible, de même que les hanches sur la croupe (pour le vocabulaire général anatomique des bovidés, voir le site internet suivant). De celle-ci se dégage la queue qui longe la patte arrière droite et s’arrête sur le jarret. Á son extrémité, la touffe de poil finale a soigneusement été soigneusement figurée. Conformément à l’anatomie d’un bovin, deux pans de peau sont représentés au niveau du poitrail et sous le ventre, devant les parties génitales. Les pattes, quant à elles, présentent de nombreux détails anatomiques suggérant que l’œuvre devait à l’origine avoir une manufacture de qualité, notamment les genoux, les canons, les ergots, ainsi que la démarcation entre les paturons et les sabots fendus en deux. Les pattes du taureau adoptent une allure assez inhabituelle, plus proche de celle du veau que du mâle adulte (voir la notice de la statuette du musée du Louvre inv. n° N 5073 par Noëlle TIMBART, « Statuette d’Apis [cat. 311b] » dans Des animaux et des pharaons, 2014, p. 283 ou la statuette en bronze Berlin, inv. n° 2585, dans ROEDER 1956). La jeunesse de l’animal semble être confirmée par la représentation peu saillante des parties génitales.

 

Attesté dès le règne de l’Horus Aha à la première dynastie, le culte du taureau Apis est aussi ancien que l’est la civilisation égyptienne. De par cette longévité, il s’enrichit de nombreuses associations avec d’autres dieux. Vénéré particulièrement à Memphis, il est naturellement associé à Ptah, dieu local, dont il devient le « héraut » à partir du règne d’Amenhotep III à la XVIIIdynastie. Lié à l’origine à la fécondité et par conséquent à la fonction royale, il ajoute à ses marques reconnaissables un disque solaire entre ses cornes, orné d’un ou de deux uraei symbolisant son affiliation au dieu Rê. Cette association au dieu solaire se retrouve chez un autre bovidé, le taureau Mnévis d’Héliopolis, possédant également un disque solaire entre les cornes. En l’absence d’inscription qui identifierait clairement le dieu figuré, ces deux taureaux sont bien souvent confondus. Apis obtient aussi des prérogatives funéraires en se fondant avec Osiris et devient Osirapis, qui bien plus tard donnera le dieu Sérapis (pour un exemple de ce syncrétisme, voir la statuette d’un Osisis-Apis présumé, conservée au musée du Louvre et où le triangle d’or incrusté sur le front de la divinité inciterait à y voir une forme d’Apis (inv. n° E 3736 in GOMBERT-MEURICE Florence, « Statuette d’Osiris-Apis ? [cat. 310] » dans Des animaux et des pharaons, 2014, p. 282).

Pour reprendre l’appellation d’Alain Charron, Apis faisait partie des « uniques », c’est-à-dire « une bête choisie parmi ses congénères de la même espèce pour être l’hypostase de la divinité de la cité » (cf. La mort n’est pas une fin, 2002, p. 176). L’animal bénéficiait d’un statut à part. Soigneusement traité, il portait couronne, un culte propre lui était rendu, et il bénéficiait de funérailles dignes d’un dieu.Toutefois, ces uniques n’étaient pas des dieux à part entière mais des ouhem. Ce mot, traduit généralement par « héraut », faisait de l’animal un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il avait un rôle de médiateur, chargé de transmettre au dieu les prières des dévots et il assurait parfois la fonction d’oracle. 

 

« Cet Apis-Épaphos est un taureau né d’une vache qui ne peut plus par la suite avoir d’autre veau. Les Égyptiens disent qu’un éclair descend du ciel sur la bête qui, ainsi fécondée, met au monde un Apis. Le taureau qui reçoit les nom d’Apis présente les signes suivants : il est noir, avec un triangle blanc sur le front, une marque en forme d’aigle sur le dos, les poils de la queue double et une marque en forme de scarabée sous la langue. » Bien qu’Hérodote (L’Enquête, III, 28, trad. A. Barguet) le décrive comme tel, les Apis représentés sur les très nombreuses stèles découvertes par Mariette au Sérapeum possèdent une robe blanche tachetée de noir. 

Né d’une vache elle-même considérée comme manifestation d’Isis (voir CASSIER 2012, p. 15-20), Apis vit entouré de son harem et de sa mère dans un enclos sacré, appelé le sekos, dans l’enceinte du temple de Ptah à Memphis. À sa mort, il recevait tous les hommages généralement réservés aux hommes et était enterré dans des tombes indépendantes à Saqqârah jusqu’au règne de Ramsès II. Son culte prenant une importance considérable, notamment à la Basse Époque, période à laquelle on retrouve d’innombrables statuettes en bronze le représentant, un immense réseau de couloirs souterrains a été aménagé dans la nécropole memphite : l’actuel Sérapeum. Après 70 jours, période d’accomplissement des rites funéraires, un nouvel héraut était recherché parmi les troupeaux d’Égypte. 

 

La plupart du temps, Apis est représenté sous la forme d’un taureau passant, un disque solaire entre ses cornes. Mais d’autres figurations de ce dieu ont pu être utilisées. Par exemple, un homme à tête de taureau tenant le sceptre ouas et la croix ankh, ou encore une momie humaine à tête de bovidé. C’est à partir de la Basse Époque que de nouveaux attributs viennent compléter l’iconographie du taureau, notamment un scarabée ailé sur son garrot, un vautour ailé sur sa croupe et un tapis aux bords frangés sur son dos. 

 

L’œuvre Co. 685 relève du domaine de la dévotion personnelle. À la mort du dieu bovidé, de nombreuses statuettes en bronze étaient commandées, moulées puis présentées en offrandes sur les lieux de culte afin de demander au dieu d’accorder ses bienfaits et sa protection au commanditaire. 

De par sa qualité d’exécution et les nombreux détails anatomiques et iconographiques qui l’ornent, cette statuette serait à dater le plus probablement  de la Basse Époque. 

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes du dieu Apis sous la forme bovine, Co. 798Co. 807Co. 1234Co. 2369Co. 2395Co. 2422 et Co. 5629. Les œuvres Co. 2369 et Co. 5629 sont à rapprocher de Co. 685 par la présence du disque solaire et de tapis frangé sur le dos. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 10, 386, "Taureau Hapi en bronze. 13 x 13. Estimé quatre cents francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Reliquaire

Paire d'ailes repliées provenant d'un Thot sous sa forme d'Ibis

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXIdynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,8 cm ; L. : 9,7 cm ; Pr. : 18,5 cm 

Co. 656

Comment

State of preservation

L’œuvre présente un bon état de conservation. 

Bien que le métal soit oxydé et ait pris une teinte uniformément verte, tous les détails sont encore clairement visibles. On remarque quelques fissures sur les bords et un léger manque de matière à l’avant. Sur le côté gauche particulièrement et sur une petite zone du côté droit au niveau de la pointe, le métal a perdu sa première couche sur une large partie, une observation des couches inférieures est ainsi rendue possible.

Description

L’œuvre Co. 656 représente la partie supérieure d’un corps d’ibis, des épaules à la pointe des ailes. Modelée à part, elle était rapportée sur le dos d’une figure d’ibis, ou placée sur une momie (voir, pour comparaison l’ibis du Metropolitan Museum of Art de New York 43.2.2. Ce plumage correspond à une grande paire d’ailes repliées, formant un plan continu. Bombé à l’avant, il s’étend progressivement pour s’achever en deux longues pointes, largement séparées l’une de l’autre. Cet espace laissait apparaître la queue de l’oiseau, dont le corps a disparu aujourd’hui.

 

Un décor finement incisé occupe la surface ; il reproduit quatre plumes, longues et larges. Arquées au niveau des épaules, elles s’étirent jusqu’aux pointes. Sur chaque plume, le rachis entouré de ses barbes a été méticuleusement matérialisé. Les extrémités inférieures de ces quatre plumes n’ont pas été représentées ; les extrémités supérieures sont au contraire bien visibles, l’arrondi étant mis en valeur par un espace laissé vierge de tout décor entre chacune. Bien que ce ne soit pas visible à première vue, il est à noter que l’implantation de ces plumes est contre nature. Suivant une orientation horizontale, les rémiges sont implantées au bas des ailes, remontant ainsi vers les épaules au lieu de se diriger vers l’extérieur et l’arrière de l’aile. Cet artifice, qui déconnecte curieusement les plumes de leur ossature, permet de rendre le gonflement des longues barbes qui recouvrent le dos du volatile (sur le cliché d’un ibis sacré saisi en pleine marche, voir GUICHARD Hélène, « Le règne animal au royaume des pharaons », in H. GUICHARD (dir.), Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne, Lens, Musée du Louvre-Lens, Barcelone, Paris, 2014, p. 24, fig. 3). 

Le dessous de l’œuvre est concave. Il n’a reçu aucune finition et ne présente aucun décor. 

 

Il existait deux sortes d’ibis en Égypte, l’« ibis blanc » (ibis aethiopica sive religiosa) et l’« ibis noir » (ibis falcinellus), auxquels Hérodote consacre son chapitre 76. Le premier affiche un plumage entièrement blanc et un bec rose, alors que le second a le cou, la tête, le bec, les pattes et la queue noirs (sur des spécimens d’ibis noirs voir GUICHARD Hélène, « À propos de l’exposition au Louvre-Lens : Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Égypte ancienne », BFSE 191-192, 2015, p. 14-15, fig. 3).

 

L’ibis était considéré comme un ami des hommes car il détruisait les chenilles et les sauterelles qui menaçaient les récoltes, mais aussi d’après Hérodote, les serpents ailés venus d’Arabie et les scorpions. Il est étroitement et uniquement associé au dieu Thot, dieu lunaire, maître des « paroles divines » et seigneur d’Hermopolis. Thot, forme divinisée de Djéhouty identifié à Hermès par les Grecs, est le plus important des dieux lunaires. Il possède une personnalité complexe comprenant de nombreuses facettes. Il est à la fois la personnification de la Lune, mais aussi son protecteur, son gardien et parfois son adversaire. L’association à l’ibis se fait ici par la forme de son bec qui évoque le croissant de Lune, ainsi que par son plumage bicolore. Dans le Livre de la Vache céleste, Rê en fait son vizir et son substitut en déclarant : « Tu seras à ma place, mon remplaçant. On dira de toi : Thot, le remplaçant de Rê ». En tant que gardien et protecteur de la Lune, elle-même assimilée à l’œil d’Horus, Thot est « Celui-qui-compte-les-parties-[de-l’œil] » dans ses phases croissante et décroissante. Il possède ainsi des dons de calculateur et de mesureur. Les égyptiens ayant avancé que le pas de l’ibis faisait exactement une coudée, il est alors utilisé comme étalon type et Thot devient « maître de la coudée ». Des statuettes en bronze prennent ainsi la forme d’un ibis couché, ses pattes étirées représentant le signe du bras, idéogramme  utilisé pour écrire une coudée. Les collections du musée Rodin conservent un exemple l’illustrant, Co. 5977.

De par l’observation rigoureuse et minutieuse des phases de la Lune, Thot devient le « savant » par excellence qui fait de lui le maître des écrits et du calame et le patron des scribes. Il établit le cadastre général de l’Égypte, inscrit le nom des rois sur l’arbre iched, légitimant leur accession au trône, et enregistre les résultats de la pesée du cœur. Enfin, il est juge et arbitre entre les dieux, notamment en prenant le rôle de médiateur dans le conflit qui oppose Seth et Horus. 

 

Les innombrables représentations de Thot se limitent à trois types différents. Le plus souvent, le dieu est ibiocéphale. Il peut être également zoomorphe en prenant l’aspect d’un ibis ou d’un babouin assis, second animal sacré du dieu. Il est rare de le rencontrer entièrement anthropomorphe, ou cynocéphale bien que quelques exemples peuvent être cités, notamment dans la sixième heure du Livre de l’Amdouat, face à Nectanébo Ier dans les catacombes de Touna el-Gebel, ou sur la façade du tombeau de Pétosiris sur ce même site. 

Touna el-Gebel est connu pour être le centre culturel de Thot où la cosmogonie hermopolitaine s’est mise en place. On y trouve un ibiotapheion, immense nécropole animale où ibis et babouins y étaient momifiés et inhumés dans des jarres en terre cuite ou dans des cercueils en bois ou en calcaire. 

 

La datation de l’objet est incertaine, à placer vraisemblablement aux époques tardives. Il est à supposer que le plumage Musée Rodin Co. 656 complétait une statue du dieu ou bien était posé sur sa momie, insérée dans un cercueil puis inhumée dans une nécropole animale spécifique. Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples ». La première catégorie regroupe des animaux choisis, parmi ses congénères et par les prêtres grâce à une statue divine qu’ils manipulaient, pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis dont la plus ancienne attestation d’inhumation date du règne d’Amenhotep III. Ici, avec l’œuvre Co. 656 il s’agit de l’élément du reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples »n’étaient pas choisis pour leur caractère sacré, mais c’est par les rites que leur était conféréun caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était encensé. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur et devenaient capables de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. 

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes d’ibis, de têtes ou de pattes d’ibis, Co. 211Co. 776Co. 800Co. 802Co. 2380Co. 2425Co. 5785Co. 5977 et Co. 5994. En revanche, l’œuvre Co. 656 reste unique en son genre. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

Historic comment

Rodin exposait dans son atelier de la Folie Neufbourg ses tout premiers objets, achetés à la fin des années 1880 ou au début des années 1890. Il en choisit quelques-uns, dont les ailes de bronze, pour accompagner son travail dans l’atelier du dépôt des marbres : « Pour un profane, il ne s’entasse là que des tessons sans valeur ; pour qui sait voir ; là gît la preuve que la représentation de la vie par la main de l’homme n’est pas un mythe. De là sont peut-être sortis l’enfant (torse marbre) et l’oiseau (ailes de bronze) que Rodin montre au grand jour avec tant d’orgueil rue de l’Université. Dans la pièce voisine, avec la même disposition de planchettes, mais avec plus de lumière et moins de heurt, nous entrons dans le royaume du plâtre […]. » (BRAISNE 1894, p. 4).

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Osiris

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,5 cm ; L. : 1,2 cm ; P. : 0,6 cm 

Co. 1482

Comment

State of preservation

L’œuvre est en très mauvais état de conservation. 

Elle est très oxydée et corrodée. Plus aucun détail n’est visible. L’ensemble de la statuette est aplatie et patinée. 

Description

L’œuvre représente le dieu Osiris. Il a les jambes jointes, les bras croisés sur la poitrine, serrant très certainement les sceptres habituels de son culte, le sceptre heqa et le flabellum. Osiris est coiffé de la couronne atef qui se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche et surmontée d’un disque solaire. Il est possible de restituer, malgré l’état de conservation, que les plumes reposent sur deux cornes torsadées de bélier et que la coiffe est ornée d’un uraeus frontal. Une barbe postiche divine prolonge le menton. Enfin, le corps d’Osiris, qui se dresse sur une base allongée, est entièrement recouvert d’un linceul moulant. 

 

Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, se répandit très largement à classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier. 

Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe en Abydos. Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétanten calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak(Musée Rodin Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.

 

Le type de figurine dont relève la statuette Co. 2383 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto, déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à l’époque tardive et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée à l’époque romaine. 

 

Notons enfin que la statuette, dont la face arrière est entièrement plate, est très fine et petite, donc légère, ce qui laisse supposer qu’elle servait d’amulette à un dévot. 

 

Les statuettes d’Osiris étaient très nombreuses à l’époque pharaonique et le sont toujours dans les collections des musées. En voici quelques exemples. 

Musée du Louvre, Paris : E 3753, AF 12858, N 3951C.

Penn Museum, Philadelphie : 29-70-677, E 3231, E 3236, E 3228, E 3226, E 11558, E 11559, 29-70-646, …

British Museum, Londres : EA 90438, EA 36063, EA 58376, EA 59747, EA 60717, EA 11117, EA 11054, EA 67159, EA 34868, EA 24718…

Walter Art Museum, Baltimore : 54.551.

Metropolitan Museum of Art, New York : 41.6.4, 61.45, 04.2.438, 04.2.578, 90.6.10, 10.130.1339, 04.2.577, 04.2.439, X.609.9, X.609.10, X.609.1 …

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Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris similaires à l’œuvre Co. 1482, notamment Co. 772, Co. 790, Co. 792, Co. 806, Co. 2368, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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Horus marchant

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE > XXVI– XXXdynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 6,6 cm ; L. : 2,2 cm ; P. : 1,9 cm 

Co. 2386

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. Le métal est extrêmement oxydé et corrodé, les détails sont totalement illisibles. Il manque les pieds. Un tenon métallique à l’arrière de la statuette suggère qu’elle faisait partie originellement dans ensemble plus grand et qu’elle pouvait être adossée à une structure aujourd’hui disparue. 

Description

La statuette figure le dieu Horus hiéracocéphale debout dans la position de la marche apparente. Son bras droit est replié sur la poitrine. Son poing devait probablement serrer un objet ou un sceptre aujourd’hui disparu. Son bras gauche est allongé le long du corps, poing serré. Ici, le poing devait tenir une croixankhcomme c’est le cas pour une statue d’Horus du musée du Louvre en diorite (N 5149). 

Le dieu est coiffé du pschent, couronne qui combine la couronne blanche de Haute-Égypte et la couronne rouge de Basse-Égypte. Une masse de métal sur le devant de la couronne suggère la présence d’un uraeus frontal. La coiffe repose sur une perruque dont deux pans tombent sur les pectoraux et qui descend dans le dos jusqu’aux omoplates. 

L’état de conservation de l’œuvre ne permet pas d’en donner une description plus précise. Nous ajouterons simplement que le dieu est habillé d’un pagne court s’arrêtant au-dessus des genoux qui semblent modelés dans le métal. 

Un épais tenon métallique derrière la jambe droite laisse penser que la statuette était adossée à un ensemble, peut-être un obélisque. 

 

Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut revêtir plusieurs formes. Dans la cosmogonie héliopolitaine, Osiris fut assassiné par son frère Seth par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Celui-ci est élevé caché de Seth dans les marais de Khemnis. Cette enfance donne lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux. Horus servira ainsi de modèle pour plusieurs prescriptions médicales. Et alors créée une personnalité distincte d’Horus fils d’Osiris. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, appelé à rester enfant et à les représenter et les protéger. En tant qu’Horus fils d’Osiris, il combat Seth et gagne la victoire lui permettant ainsi de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, tandis que son père obtient la royauté dans l’Au-delà. Le dieu Horus représente alors le premier de la lignée royale, le modèle divin du roi. Il donne naissance à cette lignée et devient le protecteur de la royauté et s’incarne en la personne du roi qui est son représentant terrestre. Celui-ci doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage divin, son oncle Seth.

 

Quelques œuvres de mêmes dimensions et faites du même matériau complètent les collections des musées internationaux. Au Museo Egizio de Turin, P. 5911, au British Museum EA 11512 et au Penn Museum de Philadelphie, 29-70-702, 29-70-645 et 42-21-15

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Les collections du musée Rodin ne conservent pas d’autres exemples de ce type de statuette d’Horus en bronze. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

Bronze (métal cuivreux)

H. : 9,3 cm ; L. : 5 cm ; P. : 16,4 cm 

Co. 3035

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal est très corrodé et abîmé, particulièrement sous le ventre où l’oxydation semble plus avancée que sur le reste de l’objet. La surface est très rugueuse. Deux fissures sont visibles sur l’aile gauche. Ainsi fragilisée, l’œuvre a subi des pertes de matière laissant voir les couches intérieures du métal. La tête, également très corrodée ne présente presque plus de détails.  

Description

La statuette Co. 3035 figure un faucon debout, les ailes repliées de chaque côté du corps. 

Il était dressé sur deux pattes rapportées, conservées au musée Rodin sous les numéros d’inventaire Co. 5996 et Co. 5997. Pour une description de celles-ci, voir leur notice respective. 

Le cou, le dos et la queue sont dans le prolongement les uns des autres de façon presque rectiligne, ce qui donne à la statuette un air rigide. La tête, bien proportionnée, est décorée d’une ligne arrondie qui prend sa course au-dessus de l’œil et qui la termine au niveau de l’épaule. Cette démarcation est aujourd’hui mieux conservée sur le côté gauche de la face. Deux cavités circulaires, profondes, indiquent l’emplacement des yeux. Ils étaient incrustés de pâte de verre ou de pierre semi-précieuse. Un resserrement du métal marque la naissance du bec. Celui-ci, petit et crochu, est rendu de façon réaliste. Les épaules et le départ des ailes se différencient clairement du corps. En effet, les contours extérieurs des ailes sont traités en arêtes peu naturelles. Les épaules et le départ des ailes se différencient clairement du corps, les contours extérieurs des ailes étant modelés en arêtes peu naturelles. Elles se croisent au niveau de la queue, s’achevant à son extrémité. La zone sous-caudale a été renforcée par plaque métallique, fine, qui était en contact avec le socle sur lequel le faucon était placé. La gorge et le ventre sont plats et ne présentent aucun détail anatomique. Les cuisses, bien droites, sont creuses afin de permettre l’insertion des deux pattes rapportées citées plus haut. On note, à l’intérieur de ces cuisses, des traces d’un matière plâtreuse banche, provenant peut-être des ateliers de Rodin. L’aspect dépouillé de la surface incite à penser qu’elle était préparée pour recevoir un décor en feuille d’or.

 

Le faucon est l’animal sacré du dieu Horus, lui-même représenté hiéracocéphale dans les reliefs. Horus est un dieu solaire majeur en Égypte et peut prendre plusieurs formes. Dans la cosmogonie Héliopolitaine, Osiris a été assassiné par son frère Seth, par jalousie. Après sa mort, Isis, sœur et épouse d’Osiris, réanima son mari le temps de la conception d’Horus. Afin de le tenir éloigné des fureurs de Seth, celui-ci fut élevé bien caché dans les marais de Chemnis. En tant que fils, donc héritier d’Osiris, Horus affronta Seth. Sa victoire lui permit de maintenir la création en rétablissant l’équilibre et d’obtenir la royauté terrestre, son père obtenant la royauté dans l’Au-delà. A ce titre, Horus représente le modèle divin du roi, premier de la lignée royale. Il est protecteur de la royauté, tout en s’incarnant en la personne même du roi, son représentant terrestre qui doit maintenir la cohésion du pays en détruisant les ennemis de l’Égypte, de la même manière qu’Horus a détruit l’ennemi de son héritage, son oncle Seth. L’enfance d’Horus donna lieu à de nombreux épisodes mythologiques, notamment concernant la guérison de diverses maladies, piqûres et morsures d’animaux dangereux, hôtes des zones marécageuses. Cette caractéristique suscita l’apparition d’un autre dieu, homonyme. Il s’agit d’Harpocrate ou Horus l’Enfant, divinité appelée à rester un enfant, icône protectrice de cet âge fragile et personnalité distincte d’Horus fils d’Isis et d’Osiris.

 

Le faucon prête également son apparence à Montou, dieu guerrier dont la tête est surmontée du disque solaire orné d’un double uraeus et de deux hautes plumes, à Rê, dieu soleil hiéracocéphale, et à Sokar, faucon momifié associé à Osiris. 

 

La figure de faucon Co. 3035, accompagnée de ses deux pattes Co. 5996 et Co. 5997, correspond à un reliquaire (ou sarcophage votif). Les reliquaires de l’Antiquité égyptienne sont des objets archéologiques assez bien connus, les cimetières d’animaux sacrés étant nombreux sur le territoire égyptien. Ils comprenaient deux types d’animaux, les « uniques » et les « multiples » (cf. CHARRON Alain (dir.), La mort n’est pas une fin, Pratiques funéraires en Égypte d’Alexandre à Cléopâtre, Catalogue d’exposition, 28 septembre 2002 - 5 janvier 2003, Musée de l’Arles antique, Arles, 2002, p. 176). La catégorie des « uniques » regroupe des animaux choisis par les prêtres pour représenter de son vivant une divinité particulière. Les « uniques » les plus connus sont les taureaux Mnévis et Apis, dont la plus ancienne attestation d’inhumation remonte au règne d’Amenhotep III. L’Horus en bronze Co. 3035 correspondrait au reliquaire d’un « multiple ». Ces « multiples » n’étaient pas sélectionnés pour leur caractère sacré mais c’est par les rites et les récitations accompagnant leur mise à mort et leur momification que leur était conféré un caractère divin. Les animaux les plus représentés sont les serpents, les chats, les chiens, les ibis et les crocodiles, etc. Ils n’avaient pas de pouvoir à part entière, c’était le dieu qu’ils représentaient à leur mort qui était adoré. Ils devenaient alors un ba de la divinité, acquéraient un rôle de médiateur capable de transmettre les doléances de la population. Les reliquaires étaient créés sur demande des dévots et les prêtres se chargeaient d’y insérer l’animal entièrement momifié, soit une partie de sa momie, voire même un paquetage imitant la forme de l’animal. Au fil du temps, les commandes devenant de plus en plus nombreuses, l’organisation de l’élevage de ces animaux, objets de dévotion après leur mort, monta en puissance et le choix des espèces se structura. Il est à noter que c’est grâce à l’évolution des techniques de momification qu’il devint progressivement possible de momifier des animaux de grandes tailles, l’une des difficultés à vaincre ayant été la dessiccation de leurs humeurs.

 

Les figures de reliquaire représentant un faucon sont des objets relativement bien connus. Il est possible d’en trouver dans beaucoup de musées : 

Metropolitan Museum of Art de New York : 25.2.1130.8.233, 89.2.513

Penn Museum de Philadelphie : E14287, LO-1850-1, E3311, 81-22-9.

Walter Art Museum de Baltimore : 54.2120 et 54-547.

 

Il existe également des exemples de rapaces couronnés. 

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Les collections du musée Rodin conservent deux autres statuettes de faucon en bronze, Co. 801 et Co. 1939. Cette dernière est une figure d’enseigne et n’avait par conséquent par le même but et rôle que les objets Co. 801 et Co. 3035 qui sont des figures de reliquaire. L’œuvre Co. 793 figure également un faucon mais ici s’agit ici d’un reliquaire complet.

Les deux pattes Co. 5996 et Co. 5997 créent une œuvre complète avec Co. 3035.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Patte droite d'Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

Bronze

H. : 5 cm ; L. : 2,2 cm ; Pr. : 6,1 cm 

Co. 5997

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. On note des traces d’oxydation sur l’ensemble de l’objet ainsi que de la terre d’enfouissement à son sommet. Des paillettes d’or sont visibles autour du tenon supérieur et au dos de la patte. Enfin, quelques pertes de matière au niveau de la cheville laissent apparaître les couches inférieures du métal. 

Description

L’œuvre Co. 5997 figure une patte de faucon. Elle se compose du tarse et de quatre doigts, dont les griffes acérées sont recourbées avec naturel et réalisme. Ces griffes se démarquent clairement des doigts. Ceux-ci, fins à la naissance puis s’élargissant à la pointe, sont légèrement cambrés. Le tarse quant à lui prend une forme ovale, formant une arête dans le prolongement du doigt arrière. Au niveau de la cheville, un liseré net marque la séparation entre le tarse et le pied. Il suggère que la patte est composée de deux parties distinctes, moulées séparément puis assemblées. Le tarse a été réalisé en fonte creuse, le pied en fonte pleine. 

Deux tenons sont situés à chaque extrémité. L’un, placé au sommet, permet à la patte d’être attachée au corps de faucon inventorié sous le numéro Co. 3035. Remarquons que ce tenon ne bouche pas complètement la cavité dans laquelle il est placé. Un autre tenon se situe sous la patte, facilitant ainsi son maintien sur un socle. 

Le musée conserve une autre patte qui est à apparier avec la Co. 5997, l’objet Co. 5996. Pour une description du corps auquel ces pattes sont rattachées, voir la notice dédiée à la statue de faucon Co. 3035.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent une autre patte en bronze, Co. 5996. Ces deux éléments forment avec le corps de faucon Co. 3035 une statuette complète.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Reliquaire

Patte droite d'Horus sous sa forme de faucon

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

Bronze

H. : 4,9 cm ; L. : 2,2 cm ; Pr. : 6,1 cm 

Co. 5996

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. On note des traces d’oxydation sur l’ensemble de l’objet ainsi que de la terre d’enfouissement à son sommet. Des paillettes d’or sont visibles autour du tenon supérieur et au dos de la patte. Enfin, quelques pertes de matière au niveau de la cheville laissent apparaître les couches inférieures du métal. 

Description

L’œuvre Co. 5996 figure une patte de faucon. Elle se compose du tarse et de quatre doigts, dont les griffes acérées sont recourbées avec naturel et réalisme. Ces griffes se démarquent clairement des doigts. Ceux-ci, fins à la naissance puis s’élargissant à la pointe, sont légèrement cambrés. Le tarse quant à lui prend une forme ovale, formant une arête dans le prolongement du doigt arrière. Au niveau de la cheville, un liseré net marque la séparation entre le tarse et le pied. Il suggère que la patte est composée de deux parties distinctes, moulées séparément puis assemblées. Le tarse a été réalisé en fonte creuse, le pied en fonte pleine. 

Deux tenons sont situés à chaque extrémité. L’un, placé au sommet, permet à la patte d’être attachée au corps de faucon inventorié sous le numéro Co. 3035. Remarquons que ce tenon ne bouche pas complètement la cavité dans laquelle il est placé. Un autre tenon se situe sous la patte, facilitant ainsi son maintien sur un socle. 

Le musée conserve une autre patte qui est à apparier avec la Co. 5996, l’objet Co. 5997. Pour une description du corps auquel ces pattes sont rattachées, voir la notice dédiée à la statue de faucon Co. 3035.

Related pieces

Les collections du musée Rodin conservent une autre patte en bronze, Co. 5997. Ces deux éléments forment avec le corps de faucon Co. 3035 une statuette complète.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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Verrou en forme de scarabée

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 3,9 cm ; L. : 4,5 cm ; Pr. : 7,1 cm 

Co. 2415

Comment

State of preservation

L’œuvre est en très mauvais état de conservation. Elle est particulièrement oxydée et corrodée, les détails sont très effacés. De nombreuses fissures parsèment l’objet dans sa longueur. Une fissure horizontale traverse la tête de part en part. Les deux anneaux présents sous le scarabée sont bouchés de corrosion. L’œuvre présente une couche de carbonates verts assez vifs (malachite) sur des oxydes qui sont peu visibles. De toutes petites plages noires ponctuent la surface. Cette dernière est grenue et n’a vraisemblablement jamais été nettoyée. Des traces de gangue d’enfouissement terreuse sont encore visibles en particulier sur le revers où les deux bélières sont remplies d’un matériau compact (terre et produits d’altération). Des chlorures sont disséminés sur la surface mais il n’est pas certain qu’ils soient encore actifs. Des restes de sédiments (ou d’oxydes de métal ?) plus ocres sont visibles localement sur le revers et sur les bélières. 

Description

L’œuvre Co. 2415 figure un scarabée d’une longueur de 7,1 cm dont le corps repose deux épaisses bélières. En raison de son état actuel, le rendu de l’insecte est sommaire ; silhouette et proportions sont conservées mais les détails sont masqués. La carapace protégeant la tête est sensiblement plus bombée que celle recouvrant le thorax et l’abdomen. Le décor des élytres est encore partiellement visible, des lignes fines et également espacées qui s’étirent sur toute la longueur. Les deux gros anneaux de fixation situés sous le scarabée, au centre de son thorax, permettent de restituer la fonction initiale de cet objet. Leur épaisseur conséquente suggère qu’une barre de bois ou de métal pouvait y être glissée, assurant ainsi la fermeture de deux vantaux. Le scarabée Co. 2415 correspond donc très vraisemblablement à l’élément d’un verrou. 

 

La richesse de la symbolique du scarabée en fait une des amulettes les plus prisées par les Égyptiens. La minutie avec laquelle ils observaient la nature, s’est tout naturellement tournée vers ce coléoptère extrêmement présent sur le terrain désertique égyptien. La boule de fumier, parfaitement ronde, que l’insecte fait voyager a donc été tout simplement perçue comme une image du Soleil. Plusieurs analogies entre le cycle quotidien du Soleil et le comportement du scarabée sont alors faites. Le coléoptère est essentiellement actif au petit matin, ce qui l’associe directement au soleil naissant. De plus, il enterre sa boule de fumier dans le sol après sa journée de travail, de la même manière que Nout avale le Soleil chaque soir pour le faire resurgir au matin. Enfin, les différentes étapes de mutation de l’insecte, qui pond dans sa boule de fumier et où les larves se développent et se transforment, sont alors une transposition directe de la métamorphose et de la renaissance spontanée du Soleil durant la nuit et au matin. C’est ainsi que le scarabée est associé à Khépri, le dieu « venu de lui-même à l’existence » (Textes des Pyramides, § 1587b). De par ses capacités d’auto-création, l’insecte peut également évoqué le dieu Ptah en tant que démiurge. Mais aussi, selon le papyrus Jumilhac, à Osiris et à sa ville Abydos, dans lequel elle est appelée la « Ville du scarabée ». C’est cette association au dieu des morts qui a rendu aussi populaire la présence d’amulettes de scarabée placées sur les momies, notamment les amulettes de cœur permettant au défunt de renaître dans l’Au-delà. 

Related pieces

Le musée Rodin conserve un autre élément de verrou en bronze de forme cubique, le Co. 5783. Il est décoré d’une tête de lionne. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 409, "Scarabée en bronze. Double bélière sous la base. Long. 7 cent. Estimé deux cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine de l'atelier de peinture à Meudon. Rodin aimait le prendre dans sa main : « Laissant de côté ses tableaux, il ouvrit une vitrine et en tira un scarabée égyptien. Ce petit bronze, que l'oxydation des siècles avait coloré d'un vert splendide, présentait ces lignes divinement simples et l'on pourrait dire majestueuses par lesquelles les anciens riverains du Nil savaient résumer toutes les formes vivantes. Il me le mit dans la main pour le me faire mieux admirer. « Quelle idée cet insecte évoque-t-il en vous ? - Peu importe ! dis-je en souriant ; mais apprenez moi celle qu'il vous suggère. - Eh bien !... l'idée d'un prêtre officiant à son autel. Regardez la tête engoncée dans le thorax... tout à fait le plongeon devant l'hostie... Et l'incurvation du dos... Et la carapace métallique des élytres... tout à fait la chasuble aux broderies étincelantes. Les Égyptiens en symbolisant l'éternité dans cet animal ont certainement soupçonné dans sa forme une posture d'adoration. Et notre Eglise catholique a inconsciemment imité cet insecte... Les hommes ne trouvent rien de beau qu'en copiant la nature » (Paul Gsell, « Propos de Rodin sur l'Art et les Artistes », La Revue, Paris, n° 21, 1er novembre 1907, p. 99-100).

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