Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,55 cm ; L. 4,15 cm ; P. 2 cm

Os, humérus gauche de boeuf, face médiale

Co. 2186

Comment

State of preservation

La partie inférieure de l’applique est brisée en biais. Manquent les jambes et le bras gauche du dieu, dont il ne reste que l’épaule. La surface du bord interne dextre présente deux courtes fentes longitudinales dans l’angle supérieur.

Description

Le bras droit qui dessine un arc au-dessus de la tête, accompagné d’un hanchement de la partie inférieure du corps, plaide en faveur d’une représentation de Dionysos Lycien. Bien que son torse soit orienté vers la droite, le dieu détourne la tête et porte son regard dans la direction contraire. Un manteau, dont les plis ne sont qu’esquissés, descend le long de son côté droit. La démarcation entre le vêtement et le bras droit levé est beaucoup moins explicite sur cette applique, que sur les autres pièces sculptées d’une figure de Dionysos, conservées dans l’ancienne collection d’Auguste Rodin. Il en résulte une atrophie de l’avant-bras droit.

 

L’artisan a dégagé, avec une certaine hardiesse, les volumes du corps et du visage, tout en les dotant d’un relief prononcé, et les a enrichis de détails profondément incisés. La ligne verticale du sternum et de la linea alba, barrée par l’oblique des pectoraux, structure ainsi, avec vigueur, le buste raide de la divinité. Elle descend jusqu’au nombril, lui-même déterminé par des petits enlèvements au burin. Les ellipses décrites par les muscles du thorax rappellent le dessin schématique du buste de l’applique Co. 2218, de celui d’une applique du musée Benaki à Athènes (18902 : MARANGOU 1976, p. 91-92, n° 26, pl. 11a) ou d’une pièce acquise en 1993 par le Metropolitan Museum of Art (1993.516.1 : EVANS, RATLIFF 2012, p. 20, n° 10A ; THOMAS 2016, p. 35, 37, 144, n° 5, fig. 1-1.22.). Cependant, par leur gonflement, leur inclinaison, et la notation de la malléole des seins, les pectoraux de notre pièce s’en démarquent très nettement. Cet accent porté sur le haut du torse semble se retrouver, dans une moindre mesure, sur une pièce passée dans le commerce de l’art à Nice en 2015. Des enlèvements de matière au ciseau ont donné naissance au pubis, qui s’inscrit au centre d’un bassin étroit.

 

Un haut cou tubulaire supporte un visage à la mâchoire carrée, dont la mise en place des différents plans et des détails ne s’est pas faite sans difficulté. Les globes oculaires en relief, enfoncés sous des arcades sourcilières saillantes, encadrent un nez rectiligne sous un front particulièrement bas. Animant d’ombre et de lumière les cavités oculaires, leur rendu se situe dans le prolongement de la tradition hellénistique. Au-dessus d’un menton fuyant sur lesquels se lisent les traces heurtées du ciseau, prend place une petite bouche aux lèvres entrouvertes. La faible maîtrise des raccourcis – notamment pour la représentation de trois-quarts –, a conduit l’artisan à déformer tous les organes du visage. Retenue sur le front par une mitra, la chevelure, recouvrant les tempes, est traitée en fines mèches parallèles incisées, tirées vers l’arrière du crâne. Ces cheveux rassemblés sur la nuque devaient donner naissance à un chignon. Un travail suggestif au burin permet d’entrevoir des mèches ondulant sur les épaules.

 

L’emphase portée aux détails anatomiques, la notation schématique des plis des drapés et des mèches de la chevelure, ainsi que la déformation du visage, nous orientent vers une réalisation au cours de la seconde moitié du IIIe ou du IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Paris, musée Rodin, Co. 2218 (pour la musculature du torse).

- New York, Metropolitan Museum of Art, 1993.516.1 (idem, bien que la ligne des pectoraux soit plus droite).

-Athènes, musée Benaki, 18907 (idem, même si les lignes sont plus fortement incisées).

-Vente Nice, Sarl4-Auction, Vente de prestige, 27/12/2015, lot 185 (détails anatomiques du buste assez appuyés et coiffure avec mèches individualisées).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,38 cm ; L. 3,5 cm ; P. 1,55 cm

Os, humérus droit de boeuf

Co. 2135-Co. 2152

Comment

State of preservation

Le bord dextre de la pièce est manquant, ainsi que la partie inférieure. Les cassures ont entraîné la perte des jambes et du bras droit du personnage. Le bord senestre de l’applique présente plusieurs petits éclats. La pièce a fait l’objet d’un recollage puisqu’elle était brisée en deux au niveau du cou et de la ligne des épaules. Au revers, les trabécules contiennent d’infimes restes de sédiments, tandis qu'on observe aussi de petites taches brunes. Davantage de sédiments sont visibles sur la surface externe.

Description

Intégralement nu, Dionysos, ramène son bras droit au-dessus de la tête dans une attitude lascive, alors qu’il s’appuie du bras gauche sur un pilier, dont le fût est esquissé au couteau, par une simple entaille verticale. Son corps semble fortement hanché, presque en déséquilibre. Les mains, comme le bras gauche, présentent un dessin extrêmement simplifié. Mais c’est sans doute la tête, en faible relief, et complétement aplatie, qui témoigne le plus de l’inexpérience ou de la maladresse de l’artisan. Le volume du visage menu, aux traits ramassés, autour d’un nez écrasé, se dégage peu du cou large sur lequel retombent les mèches bouclées de la chevelure. La masse capillaire s’organise de façon symétrique de part et d’autre du visage. Les cheveux roulés autour de la tête, pour former un chignon sur la nuque, encadrent un front triangulaire. Le traitement de la chevelure, marqué par un aplat sur le haut du front, est à rapprocher de celui des appliques Co. 2071, Co. 2232, et Co. 2242, même si la sculpture en est bien plus malhabile. On le retrouve également sur l’applique fragmentaire 71.1118 du Walters Art Museum (RANDALL 1985,  p. 102-103, n° 174), un fragment du musée Benaki (18910 : MARANGOU 1976, p. 90, n° 19, pl. 8c), ainsi que sur une applique conservée à la Getty Villa de Malibu (71.AI.190).

 

Compte tenu de l’exécution très hésitante de cette applique, qui apparaît de loin comme la moins soignée de tout le corpus consacré à la figure de Dionysos au musée Rodin, nous sommes en droit de nous demander si celle-ci a vraiment fait l’objet d’une commercialisation. Ne pourrait-on pas imaginer qu’elle soit venue rejoindre les rebuts d’un atelier, tant les volumes du visage sont atrophiés et disgracieux ? Bien qu’il soit très difficile de se prononcer sur la datation, rien n’incite à dater cette pièce avant le IVe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18910.

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.1118

-Malibu, Getty Villa, 71.AI.190.

-Paris, musée Rodin, Co. 2071Co. 2232, Co. 2242.

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Apollon ou Dionysos retenant un rinceau de vigne

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du IIIe siècle - IVe siècle 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,03 cm; L. 4,3 cm; P. 1,45 cm

Os, tibia de boeuf ?

Co. 2125

Comment

State of preservation

L’applique n’est conservée que dans sa partie supérieure. La ligne de cassure épouse les contours du visage du personnage masculin. Le bord dextre est ponctué de quelques éclats. L’intérieur de la cavité médullaire, sur la partie inférieure, comporte quelques traces de radicelles. De petites taches de couleur ocre rouge, peut-être d’oxyde de fer, s’observent à plusieurs reprises sur les feuillages. Des marques noires grasses couvrent la surface de l’applique, essentiellement les parties saillantes, alors que des restes poudreux grisâtres sont discernables dans les creux.

Description

Le bras relevé au-dessus de la tête agrippant un rinceau de vigne constitue une variante du type du Dionysos Lycien. Emprunté à la statue de bronze de l’Apollon Lykeios, attribuée à Praxitèle, à Euphranor ou à un sculpteur du IIe siècle av. J.-C., ce schéma est adapté à la représentation de Dionysos dès l’époque hellénistique. Des exemples de statuettes en terre cuite ou en bronze attestent la réception de ce prototype. Dionysos, le corps alangui, s’appuie  sur un support ou sur son thyrse, alors qu’il encadre sa tête de son bras levé. Cette posture nonchalante se matérialise par un contrapposto très accusé. Le dieu, généralement nu, à l’exception d’un himation retombant parfois sur ses épaules, offre habituellement un corps juvénile à la ligne sinueuse.

 

Ne subsistent du personnage masculin que son bras droit et son visage, surmontés de souples rinceaux de vigne se terminant par des feuilles à cinq lobes. Tourné de trois-quarts vers la gauche, l’ovale du visage assez plein, est structuré par un nez droit. Celui-ci est prolongé par une petite bouche fermée, aux lèvres pincées et aux commissures tombantes, placée au-dessus d’un menton légèrement prognathe. Les yeux grands ouverts, à la pupille marquée par une faible perforation, se logent sous un front bas. Ce front est couronné par une chevelure traitée en mèches ondulées, s'organisant en bandeaux à partir d’une raie médiane. La mitra, qui ceint fréquemment la tête des divinités, ne se distingue pas ici aisément. La chevelure soignée travaillée en mèches parallèles, souvent ramenées sur la nuque pour former un chignon, correspond à la coiffure féminine qu’adoptent Dionysos ou Apollon à partir de l’époque hellénistique.

 

Aucun élément ne permet d’identifier de manière formelle Dionysos, et donc d’exclure une représentation d’Apollon. Toutefois, la vigne invite davantage à identifier le dieu de l’ivresse et des plaisirs. Plusieurs reliefs en os situent le dieu dans un cadre bucolique, entouré de pampres : le relief en os sculpté d’une figure de Dionysos accostée d’un amour du Walters Art Museum à Baltimore (71.47 : RANDALL 1985, p. 92-93, n° 144), une applique du musée Benaki (18907 : MARANGOU 1976, p. 90-91, n° 20, pl. 9a), l’élément de placage en cinq parties de l’Ashmolean Museum d’Oxford (1912.603+610+613 : MARANGOU 1976, p. 87, pl. 3b; PETRIE, MACKAY 1915, p. 42, pl. XLIX, fig. 5), et un fragment d’os sculpté appartenant au Kelsey Museum (1962-0-0001).

Deux autres pièces convoquant une technique de décor différente proposent aussi cette iconographie. Ces appliques en os ne sont plus sculptées en relief, mais incisées et incrustées de matière cireuse ou résineuse colorée en noir. Sur l’applique conservée au musée du Louvre, le rinceau de vigne se déploie à la droite du dieu (département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, MND 633 : MARANGOU 1976, pl. 4a), alors qu’il jouxte le visage de la divinité portant une couronne égyptisante, sur le fragment conservé dans une collection particulière allemande (RODZIEWICZ 2016, p. 71, fig. 69).

 

La façon dont la figure masculine saisit la tige ondulante mérite d’être précisée. Le sculpteur a pris soin de figurer cette branche contre la paume, emprisonnée par les doigts recroquevillés. Ce détail apparaît par deux fois sur des appliques en os mettant en scène Apollon. La première, qui appartient au Walters Art Museum de Baltimore (71.43 : RANDALL 1985, p. 84-85, n° 121), le montre au repos, reprenant le schéma de l’Apollon Lycien. Son bras gauche est appuyé sur le trépied qui supporte la cithare, tandis que son bras droit recourbé au-dessus de sa tête, retient une branche de l’arbre qui s’élève à sa gauche. La même iconographie se devine sur une pièce lacunaire provenant de l’ancienne collection d’E. von Sieglin conservée à l’Albertinum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LIV-4). Ce particularisme dans la position de la main se rencontre aussi sur l’une des deux appliques de la chaire de la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, sculptées d’une figure de Dionysos Lycien environné de rinceaux de vigne (VOLBACH 1976, p. 60, n° 74, pl. 42 ; LEPIE, MÜNCHOW 2006, p. 30). Cette caractéristique iconographique est donc commune aux images d’Apollon et de Dionysos, et perdure jusqu’à la période omeyyade, à laquelle peuvent être assignés les ivoires d’Aix-la-Chapelle.

 

La transcription du rinceau de vigne demande également qu’on s’y attarde. Les tiges décrivent des volutes qui s’inscrivent dans le cadre contraint de la matrice osseuse. Si elles donnent naissance à plusieurs pétioles ou à de larges feuilles, les grappes de raisin ne s’identifient pas clairement sur notre objet. Le schéma général rappelle, en moins soigné, le généreux rinceau chargé de fruits qui s’épanouit sur une applique en os du Brooklyn Museum (37.1631E : COONEY, RIEFSTAHL 1941, p. 35, n° 99). La forme des feuilles à cinq digitations évoque aussi celles qui sont sculptées avec plus de minutie sur une applique du musée du Louvre (Département des Antiquités égyptiennes, E 12610 : DESROCHES-NOBLECOURT, VERCOUTER, 1981, p. 307, n° 334d).

 

Proposer une datation pour cette applique très fragmentaire paraît délicat. Les figures de Dionysos Lykeios environnées d’une vigne luxuriante sont fréquentes sur les oinophoroi aux IIe-IIIe siècles, mais aussi sur certains sarcophages à décor de strigiles du IIIe siècle. La stylisation des mèches de la coiffure du dieu, comme le traitement abrupt des rinceaux de vigne, permettent d’envisager une création dans la seconde moitié du IIIe siècle, ou au cours du IVe siècle. Ces appréciations de style ne s’avèrent pas suffisantes pour établir une datation satisfaisante.

 

Comparaisons 

Pour la figure au bras levé :

-Allemagne, collection privée.

-Ann Arbor, Kelsey Museum, 1962-0-001.

-Athènes, musée Benaki, 18907.

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.47.

-Oxford, Ashmolean Museum, 1912.603+610+613.

-Paris, musée du Louvre, DAGER, MND 633.

 

Pour les feuillages :

-New York, Brooklyn Museum, 37.1631E.

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 12610.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos accompagné de la panthère

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,8 cm ; L. 3,4 cm ; P. 1,68 cm

Os, tibia de boeuf, face postérieure

Co. 2123

Comment

State of preservation

Le fragment conservé correspond au centre et à la partie inférieure d’une applique dont un seul bord est préservé, le bord dextre. Si les lignes de cassures sont assez franches au niveau du corps de Dionysos, elles sont accompagnées d’éclats le long du bord dextre. Des petites taches ocre rouge peuvent être observées sur la surface, au niveau du thorax du personnage, et sur la tranche d’une cassure. Sur le bord senestre, à hauteur de la hanche de la figure, une légère tache d’oxydation métallique est aussi identifiable.

Description

Le personnage nu, privé de buste, de visage et de bras, est flanqué d’une panthère, appuyée contre sa jambe droite. La présence de cet animal est un argument en faveur d’une identification de la figure masculine à Dionysos. La jambe droite tendue supporte le poids du corps, alors que la jambe gauche fléchie est tournée vers l’extérieur. Cette posture est couramment adoptée par le dieu, comme le prouvent plusieurs appliques conservées au musée Rodin : Co. 2074, Co. 2077, Co. 2274-Co. 2314. La position des jambes engendre un mouvement de torsion du buste vers la gauche. Les restes du drapé de l’himation, tombant des épaules disparues du dieu, sont distinguables le long de sa hanche droite.

 

Puisque l’attitude qu’emprunte le plus fréquemment Dionysos est celle consistant à redresser le bras au-dessus de la tête, il est fort probable que notre figure tronquée renvoie au schéma iconographique de l'Appolon Lycien. La ligne ondulante du bassin et son fort hanchement s’y accordent d’ailleurs pleinement. La panthère, le corps orienté vers la droite, une patte étendue, détourne et lève son fin museau en direction de la divinité. Sa posture reprend celle des félins des appliques Co. 2071, Co. 2077, Co. 2274-Co. 2314, Co. 2450. Sa peau tachetée est ponctuée de profondes perforations qui en reproduisent les ocelles. Sous ses pattes antérieures court une plinthe lisse.

 

La qualité de la sculpture et des finitions mérite d’être relevée. Les volumes du buste et des membres de Dionysos sont dégagés en fort relief, tandis que le corps de la panthère montre un traitement plus décoratif que véritablement plastique (DELASSUS 2020, p. 60, n. 86, p. 66, 80, fig. 8). Pour accentuer davantage le relief, l’artisan semble avoir repris en biais et en dessous la matière osseuse, livrant une impression de projection du corps vers l’avant. Il a fait preuve ici d’une parfaite maîtrise dans le rendu des effets de volumes. La grande délicatesse qui caractérise le modelé des chairs est rare, et on doit à un soigneux polissage de la mettre particulièrement en valeur. Ce lustre parfait renforce l’aspect lisse du corps juvénile de Dionysos et sublime la matière osseuse à la couleur ivoirine.

 

La subtile traduction de la structure du corps et de la musculature estompée du jeune dieu trouvent des comparaisons éloquentes dans deux reliefs en os du musée du Louvre (Département des Antiquités égyptiennes, AF 6565 et AF 6566 : MARANGOU 1976, p. 89, pl. 5b ; QUONIAM 1970, p. 187, n° 244), sans qu’on puisse identifier ceux-ci avec certitude comme des représentations de Dionysos. La sveltesse du buste et l’élongation des jambes trahissent une dette envers la sculpture hellénistique. La facture, par sa qualité, se rapproche également d’un des volets en ivoire du Diptyque Querinianus daté du Ve siècle et supposé représenter Endymion et Séléné (Brescia, Musei Civici d’Arte e Storia, MR5768 : VOLBACH 1976, p. 57, n° 66, pl. 57). Malgré une figure plus élancée, on décèle des nuances dans les passages des plans, qui trouvent des équivalences sur notre pièce.

 

Parmi toutes les appliques recensées, l’oeuvre fragmentaire du musée Rodin livre une des meilleures expressions de l’esthétique illusionniste hellénistique. Celle-ci s’incarne à la fois dans la justesse des proportions et dans la saillie des volumes. E. Rodziewicz suggère de voir dans la façon dont sont rendues les textures des pelages ocellés un indice de datation (cf. RODZIEWICZ 2007, p. 22). Les cavités circulaires délicates correspondraient à la première phase de production alexandrine de ces appliques, tandis que les encoches triangulaires seraient les indices d’une phase plus tardive. Le rapprochement que suggère la qualité du travail de la pièce avec plusieurs appliques du musée Benaki, attribuées sur des critères stylistiques à l’époque d’Hadrien (117-138), ou influencées par les principes formels de l’art de cette époque (MARANGOU 1976, p. 78, pl. 2-3), nous conduit à placer la sculpture de cette pièce au cours du IIe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons 

-Brescia, Musei Civici d’Arte e Storia, MR5768.

-Oxford, Ashmolean Museum, 1912.603+610+613 (pelage de la panthère).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6565AF 6566.

-Paris, musée Rodin, Co. 2074, Co. 2077, Co. 2274-Co. 2314.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos accompagné d’un jeune satyre

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7 cm ; L. 4,78 cm ; P. 1,9 cm

Os, humérus droit de boeuf

Co. 2121

Comment

State of preservation

Seule la partie inférieure de l’applique, elle-même brisée dans l’angle dextre, nous est parvenue. De ce fait, les bustes et les visages des personnages ont disparu, tout comme le corps de la panthère, qui devait être blottie aux pieds de Dionysos. Quelques fentes transversales de surface sont discernables. La nature spongieuse de l’os transparaît très légèrement sur la cuisse du jeune personnage placé sur le côté gauche du dieu.

Description

Ne sont conservées du personnage principal que les jambes, sur toute leur longueur, et la main gauche. La jambe droite tendue, sur laquelle vient se croiser la gauche, ainsi que la main à la position relâchée plaident en faveur d’une représentation de Dionysos Lykeios. Un motif peu intelligible, incisé à droite des jambes, suggère la présence d’une panthère accroupie tournant son museau vers la divinité qu’elle accompagne. La main gauche de Dionysos, aux doigts finement rendus, semble à la fois retenir l’étoffe d’un himation se déployant en plis amples, et contenir le corps d’un jeune satyre ou amour, qui s’appuie contre son côté gauche (DELASSUS 2020, p. 49 n. 8). On ne distingue de ce dernier que sa jambe droite vue de profil, et son ventre autour duquel s’enroule un drapé. Faut-il voir, dans le pan lisse contre le bord senestre de l’applique, son bras droit replié ?

 

La posture adoptée ici par Dionysos correspond à l’une des deux positions les plus répandues sur les reliefs en os mettant en scène le dieu du vin et de la fête. On la retrouve, au reste, sur plusieurs appliques du musée Rodin (Co. 2071, Co. 2102). Sur d’autres pièces, la jambe gauche, portée en avant, légèrement fléchie remplace la jambe croisée (Co. 2077, Co. 2123, Co. 2274).

La présence d’un jeune satyre ou Éros aux côtés du dieu est, par contre, peu fréquente sur ce type de mobilier. Son corps est ici complètement contraint par le cadre restreint de la matrice osseuse. Si l’élément en haut-relief du Walters Art Museum  dépeint un Dionysos Lycien sur fond de rinceaux de vigne, en compagnie d’un amour évoluant à sa gauche (71.47 : RANDALL 1985, p. 92-93, n° 144), il faut plutôt dans notre cas, considérer le jeune satyre comme un soutien éventuel au dieu amolli par l’ébriété. Le satyreau supportant le dieu renvoie à l’applique du musée Rodin Co. 2232 qui propose un schéma similaire. Le même motif a été également appliqué à la figure de Silène, comme l’attestent plusieurs œuvres sculptées dans l’os (Alexandrie, musée gréco-romain, 13291 ; Athènes, musée Benaki, 18952 : MARANGOU 1976, p. 97-98, n° 60, pl. 19c-d).

 

Les doigts effilés de la main gauche contredisent la hardiesse avec laquelle sont sculptés le corps de Dionysos et celui du satyreau. Celle-ci s’assortit de certaines maladresses : la cuisse droite se poursuit par un mollet trop large. De surcroît, la jambe se trouve interrompue en-dessous de la cheville. L’artisan n’a sans doute pas pris soin de réserver assez de place pour sculpter le pied en entier. La position des jambes permet de rapprocher ce fragment d’une applique du musée Benaki (18920 : MARANGOU 1976, p. 88, n° 4, pl. 3a) et d’une autre, autrefois conservée aux Staatliche Museen de Berlin (WULFF 1909, p. 113, n° 390, pl. XVII), bien que la sculpture soit d’un caractère résolument plus frustre que celle de ces deux pièces.

 

L’état fragmentaire de l’applique ne favorise par la détermination d’une date de réalisation. Compte-tenu des contours accusés et des maladresses, et par comparaison avec l’applique Co. 2071 à la rugosité plus affirmée, nous pouvons proposer une phase de fabrication au IVe siècle.

 

Comparaisons

Pour la position des jambes :

-Athènes, musée Benaki, 18920.

-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 2883.

-Paris, musée Rodin, Co. 2071Co. 2102.

 

Pour la présence du jeune satyre :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13291.

-Paris, musée Rodin, Co. 2232.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Fin du IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 8,76 cm; L.4,82 cm; P. 1,16 cm

Os, tibia de boeuf, face postérieure

Co. 2120

Comment

State of preservation

L’applique révèle un état d’usure prononcé, à la fois sur la face externe et la face interne, à tel point que les angles sont fortement émoussés. Elle présente plusieurs traces d’arrachements : l’une au niveau du ventre du personnage et de son poignet gauche, l’autre le long du bord dextre. Aussi plusieurs manques sont à déplorer : une partie du manteau, la jambe gauche en totalité, la jambe droite sous le genou, et la main gauche. Un petit arrachement est visible au milieu du sternum. La cage thoracique et le haut de l’abdomen comportent une série de rayures multidirectionnelles.

 

La surface comme le revers sont marqués par un fendillement de la matière osseuse. Celui-ci se matérialise au dos de la pièce par une fente et quelques fissures courant à la verticale, à partir du pan de fracture situé en partie inférieure senestre. L’avant-bras gauche porte une tache ocre qui s’étend sur la hampe du thyrse.

Description

Le caractère androgyne de la silhouette à la ligne sinueuse s’accorde avec l’un des types iconographiques dionysiaques connus depuis le IVe siècle av. J.-C. Le dieu exhibe un corps d’éphèbe aux chairs lisses. Cet aspect juvénile se trouve renforcé par la forte usure de la sculpture. Le bras droit de la divinité replié au-dessus de la tête, dans la pose de l’Apollon Lycien, exprime l’abandon à la torpeur engendrée par l’ivresse. Supporté à l’origine par une demi-colonne, son bras gauche retenait un thyrse feuillu. L’attribut est doté à son extrémité d’une volumineuse pomme de pin, aux écailles précisées par des incisions. Le fruit, plutôt ici arrondi que conique, parvient à la hauteur de la main droite levée, comme sur deux appliques du musée Benaki (12743 : MARANGOU 1976, p. 75, p. 88, n° 7, pl. 4b ; 18906 : MARANGOU 1976, p. 79, p. 91, n° 22, pl. 9b). La fine tige se terminant par une inflorescence se retrouve également sur deux autres appliques conservées autrefois à Berlin (WULFF 1909, p. 113, n° 390-391, pl. XVII). La pomme de pin est brisée sur la seconde, ce qui semble être aussi le cas sur un os sculpté présent dans les collections de l’Albertinum de Dresde au début du XXe siècle (PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LIV-3). Le motif en dents de scie, encore reconnaissable sur la partie inférieure conservée du thyrse, semble être spécifique à de nombreuses appliques. Il traduit l’enroulement d’un ruban autour de la hampe du thyrse. Ce détail s’observe aussi sur toute la hauteur de la tige de l’attribut de Dionysos, sur une applique du Walters Art Museum de Baltimore (71.28 : RANDALL 1985, p. 86-87, n° 127), sur les deux appliques berlinoises et celle de Dresde déjà citées (WULFF 1909, p. 113, n° 390-391, pl. XVII ; PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LIV-3), et sur un fragment du musée du Louvre (AF 6566 : MARANGOU 1976, p. 89). On identifie encore une fois le même motif gravé sur le thyrse que tient Dionysos sur un exemplaire du musée Benaki (12743 : MARANGOU 1976, p. 88, n° 7, pl. 4b)

 

La souplesse du corps de Dionysos répond à un fort hanchement. Tandis qu’il tourne légèrement son buste vers la droite, son visage regarde dans le sens contraire. En cherchant à traduire au mieux la torsion du buste et à appliquer le thyrse contre l’épaule gauche, l’artisan semble avoir exagéré la carrure de la figure. L’himation qui couvre son dos retombe le long de son flanc droit en larges plis. Seule la cuisse de la jambe d’appui a subsisté, la jambe gauche qui devait être croisée est perdue. Malgré une forte abrasion de la surface qui a entraîné la perte de détails anatomiques, la qualité de facture de l’applique est perceptible, tant dans la justesse de proportions, que dans la plasticité de la figure aux volumes bien déterminés. En effet, le buste est moins allongé que sur un certain nombre d’appliques (Co. 2107, Co. 2109, Co. 2232). La musculature, estompée par l’usure de la matière, demeure sensible dans le traitement des chairs. Le nombril est indiqué par une minuscule perforation pratiquée au burin.

 

Au-dessus des clavicules marquées par des butées de la lame, un cou relativement court supporte un visage aux traits très effacés. Deux minuscules percées circulaires signalent les pupilles placées au centre de grands yeux lenticulaires, non alignés. Le reste des détails anatomiques du visage a disparu sous l’effet de l’usure. La chevelure aux fines mèches incisées a été rendue avec application. Surmontant un haut front, une large mitra, dont le renflement trilobé évoque les corymbes du lierre, retient des mèches coiffées symétriquement de part et d’autre du visage, probablement réunies en un chignon sur la nuque.

 

Le lustre de la surface externe n’autorise pas l’appréciation du relief à sa juste valeur, et de ce fait ne facilite pas les rapprochements iconographiques ou stylistiques. Des appliques proposent des similitudes concernant des points particuliers, comme la coiffure couvrant la nuque privée de boucles ; il en est ainsi d’une pièce du musée Pouchkine au large bandeau pourvu de gros fruits de lierre (3041 : BANK, BESSONOVA 1977, p. 161, n° 301). En dépit de l’indéniable recherche de volume, le canon un peu court du corps, la carrure assez large, ainsi que le rendu stylisé des mèches de la chevelure et du thyrse, sont autant de critères qui nous orientent vers une datation à la fin du IIIe siècle ou au cours du IVe siècle. L’applique du musée Pouchkine a d’ailleurs été assignée à cette période. Les yeux lenticulaires disposés en oblique, et rendus de façon schématique, confortent cette hypothèse de datation. La plus grande prudence s’impose face à cette analyse stylistique, forcément incomplète et faussée par l’abrasion extrême de la pièce.

 

Comparaisons

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 2883 (cf. WULFF 1909).

-Moscou, musée Pouchkine, 3041 (pour la coiffure).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,67 cm ; L. 4,96 cm ; P. 1,4 cm

Os, humérus gauche de boeuf, face médiale

Co. 2109

Comment

State of preservation

La partie inférieure de l’applique est cassée. Par conséquent, les jambes du personnage ainsi que sa main gauche ont disparu. Des petits éclats sont observables aux angles supérieurs et le long du bord senestre. Le fendillement de l’os, visible surtout sur le torse et la cuisse du personnage, est la marque d’un léger délitement de la matière, tout comme les fissures verticales qui courent au dos de la pièce.

Description

Le bras droit décrivant une courbe au-dessus de la tête, et le bras gauche sans doute appuyé sur un support, Dionysos, nu, à l’exception d’un himation tombant dans le dos, emprunte sa pose à la sculpture de l’Apollon Lykeios.

Le poids de son corps, tourné vers la gauche, repose sur sa jambe droite. Le buste du dieu est modelé avec douceur, les pectoraux n’étant soulignés que par deux arcs de cercles faiblement gravés. Sous un nombril indiqué par un coup de burin, l’artisan a pris soin de représenter les organes génitaux. On notera également la largeur significative du bassin contrairement à d’autres appliques de la collection du musée Rodin, telles Co. 2071 ou Co. 2232.

 

Le visage rond, légèrement orienté vers la gauche, est doté de joues pleines. Les yeux aux pupilles en relief – logés ici sous des arcades sourcilières bien marquées – se retrouvent sur plusieurs appliques conservées au musée Benaki (18905, MARANGOU 1976, p. 88, n° 8, pl. 4c, p. 90-91, n° 20-22, pl. 9). Cette tradition, qui consiste à rendre les yeux par deux petites formes globulaires, se veut l’héritière d’un procédé illusionniste datant de l’époque hellénistique.

Ces yeux entourent un nez assez large, qui surmonte une bouche menue dessinée par des lèvres charnues. Au-dessus d’un front dégagé, les cheveux s’organisent en mèches parallèles torsadées de part et d’autre d’un axe central, mais les boucles retombant habituellement ne sont pas réellement discernables. Les mèches tirées vers l’arrière présentent un aspect légèrement crêpelé qui transcrit de façon soignée l’enroulement des cheveux. Le haut de la chevelure est laissée lisse à l’instar des pièces Co. 2071, Co. 2099, Co. 2135-Co. 2152, Co. 2232, Co. 2242 du musée Rodin. Un certain nombre de ses caractéristiques formelles se notent également sur une applique du Keysey Museum (1962.01.0001), mais celle-ci présente une nette simplification dans le rendu des volumes par rapport à la nôtre.

 

L’attention portée au visage, la finesse des traits, la subtilité du modelé, ainsi que le poli du corps, distinguent cette applique d’autres exemplaires dont les maladresses reflètent le travail d’une main moins experte. Le rendu assez systématique des mèches de la chevelure, la solidité du buste et l’aspect plutôt statique du corps plaident en faveur d’une réalisation au cours des IIIe-IVe siècles.

 

Comparaisons 

-Ann Arbor, Kelsey Museum, 1962-0-001.

-Athènes, musée Benaki, 18905, 18906, 18907, 18909 (yeux).

-New York, Sadigh Gallery, en vente le 04/09/2018 (coiffure aux mèches ondulées qui dégage le bas du visage).

-Paris, musée Rodin, Co. 2232 (certains aspects de la coiffure : traitement des mèches et partie supérieure lisse).

-Vente Nice, Sarl4-Auction, Vente de prestige, 27/12/2015, lot 185 (coiffure aux mèches dentelées).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,22 cm ; L. 3,8 cm ; P. 1,8 cm

Os, humérus gauche de bœuf, bord latéral

Co. 2107

Comment

State of preservation

L’applique est conservée sur les deux-tiers de sa hauteur ; manquent le bas des jambes et le côté senestre, ce qui a entraîné la disparition du bras gauche du personnage. De nombreux éclats ponctuent la surface externe du bord dextre. Des marques noires alliées à d’importants restes de sédiments recouvrent la surface externe. Une tache d’oxydation métallique peut être repérée sur la hanche droite du dieu et quelques petites taches ocre sont visibles sur la face principale, comme sur le revers de l’applique.

Description

Appuyé sur sa jambe droite, que venait croiser sa jambe gauche, Dionysos se présente nu, le bras droit ramené au-dessus de la tête. Malgré l’absence d’attributs significatifs, la figure qui adopte l’attitude nonchalante de l’Apollon Lycien peut répondre à une représentation de Dionysos appesanti par l’ivresse. La pondération est moins accentuée que sur certaines pièces sur lesquelles le buste du dieu est fortement incliné.

 

Un espace a été laissé libre entre le bras de la divinité et l’extrémité supérieure de la pièce, alors que sur la plupart des appliques, la ligne du bras est particulièrement proche, voire contiguë au bord supérieur. Le bras droit épouse le bord dextre alors que le bas du corps a été davantage dégagé de la matrice. Le milieu de l’abdomen est marqué par une ligne verticale indiquant la ligne blanche (linea alba), qui se situe visuellement dans le prolongement du sternum. Le pli inguinal est matérialisé par une longue courbe incisée de manière hâtive qui se poursuit sur la cuisse gauche.

 

Le visage du personnage est légèrement tourné vers la gauche mais le rendu malhabile de la torsion du cou quasi inexistant, et des traits, dénote un manque de dextérité évident. L’artisan n’est pas parvenu à rendre de manière satisfaisante la vue de trois-quarts qu’il avait adoptée.

 

Des petits yeux fortement enfoncés sont séparés par un nez large surmontant une bouche aux lèvres disjointes simplement incisées, située trop bas. L’œil droit à la pupille globulaire peut être mis en parallèle avec ceux qui animent les visages de deux représentations de Dionysos du musée Benaki (18899 et 18910 : MARANGOU 1976, p. 90, n° 17, pl. 8a ; p. 90, n° 19, pl. 8c). La joue droite gonflée, dote le dieu d’un rictus inhabituel et accentue l’aspect carré de la mâchoire. La déformation du visage trouve un écho dans celle du fragment Co. 2242 du musée Rodin.

 

Les cheveux sont coiffés en mèches torsadées s’organisant à partir d’une raie médiane, dégageant en partie supérieure une masse lisse importante. A titre de comparaisons, en ce qui concerne le traitement particulier de la chevelure, nous pouvons citer les appliques Co. 2099, Co. 2109, Co. 2135-Co. 2152, Co. 2232, Co. 2242 de la collection Rodin, l’os sculpté 18910 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, p. 90, n° 19, pl. 8c), l’applique 71.1118 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, n° 174 p. 102-103), et la pièce 71.AI.190 de la Getty Villa à Malibu. Les mèches ondulées faiblement incisées qui se répandent sur les épaules sont peu visibles. Une des mèches roulées au-dessus du front semble retomber sur l’œil gauche.

 

L’applique a été ébauchée par une main particulièrement rude et inexpérimentée. La raideur de l’attitude, la déformation du visage, tout comme le manque de soin flagrant apporté aux finitions doublé d’une absence de polissage, font songer au travail d’un élève en période d’apprentissage. Certaines distorsions ont peut-être conduit à l’abandon de la pièce avant son achèvement. Bien que le modèle se situe dans la dépendance d’un schéma élaboré à l’époque hellénistique, la facture assez grossière ne nous engage pas à le placer avant le IVe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18910.

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.1118.

-Malibu, Getty Villa, 71.AI.190.

-Paris, musée Rodin, Co. 2135-Co. 2152Co. 2232Co. 2242.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 12,58 cm; L. 4,4 cm; P. 1,4 cm

Os, tibia droit de boeuf

Co. 2102

Comment

State of preservation

L’applique cassée dans le sens de la hauteur a nécessité un recollage incluant un mince comblement. La surface externe de l’applique, comme le revers, présentent un fendillement, voire un délitement de la matière. De longues fentes longitudinales courent sur toute la hauteur au revers, accompagnées de courtes fentes multidirectionnelles. De nombreux petits éclats ponctuent la ligne extérieure des bords internes, et endommagent les angles. La partie inférieure dextre est manquante. Une quantité non négligeable de sédiments de couleur grise subsiste en surface. Malgré un nettoyage qui a permis d’éliminer la couche de salissure, ainsi que d’atténuer le voile blanchâtre présent en partie supérieure de la pièce, des traces blanches recouvrent encore certaines zones du buste et du cou.

Description

Dionysos, sculpté dans une attitude lascive, relève son bras droit au-dessus de la tête et s’appuie de son coude gauche sur un support assez haut, dont la forme, en ellipse, est plus suggérée que définie. La ligne ondulante de son corps, engendrée par un hanchement prononcé, est mise en valeur par le drapé de l’himation. En effet, les quelques traits incisés le long du bord dextre indiquent la présence d’un manteau reposant sur l’épaule droite, qui retombe en de larges plis, le long et derrière la jambe gauche du dieu, au-devant de l’élément qui le soutient. La silhouette de Dionysos souscrit ici en tous points au type de l’Apollon Lycien, modèle passé à la postérité grâce à la description qu’en a livrée l’auteur Lucien de Samosate. Ce type daté de la seconde moitié du IVe siècle ou du IIe siècle av. J.-C. semble avoir été fréquemment adopté pour représenter Dionysos à partir de l’époque hellénistique.

 

Le corps nu laisse entrevoir des chairs plutôt molles, qui s’accordent à la forme d’abandon qu’affecte le dieu. Son buste, vu presque de face, offre un modelé particulièrement doux, dans lequel ne transparaît pratiquement pas la structure musculaire. En outre, les détails anatomiques comme le nombril, ne sont qu’évoqués. Les organes génitaux et les mains révèlent la même volonté de simplification : les bras se terminent par des appendices aux doigts non individualisés.

 

Le visage tourné de trois-quarts vers la gauche est traité lui aussi de façon très schématique. De forme pleine, il accueille en son centre un nez long et fort, au-dessus d’une bouche simplement transcrite par un petit sillon. Les yeux sont rendus par une économie de moyens : deux traits fortement incisés rejoignant les ailes du nez. Quant à la chevelure, elle circonscrit le haut de la tête telle une couronne. Les stries qui la marquent déterminent les mèches torsadées sans doute retenues sur la nuque par un chignon. Sa stylisation est telle que la coiffure féminine de Dionysos n’est pas aisément reconnaissable.

 

Si le corps conserve une certaine souplesse, le visage présente un traitement synthétique rarement mis en évidence sur les appliques dédiées à Dionysos. Il est donc difficile de trouver une applique offrant la même approche. On peut citer tout de même l’applique 19006 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 89, n° 14, pl. 7a), au corps aux formes déliées et cernées de lignes profondément incisées. L’inclinaison de la tête et du buste à la musculature estompée est assez similaire, tout comme la retombée de l’himation, mais le rendu du visage plus soigné diffère de celui de notre applique. Compte tenu de la mise en rapport par L. Marangou de cette applique de comparaison avec des critères formels de l’époque sévérienne, nous pouvons supposer que la pièce du musée Rodin, plus stylisée, a dû être sculptée au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 19006.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Dionysos Lykeios

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe- IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,68 cm ; L. 3,95 cm ; P. 1,77 cm

Os, tibia de boeuf ?

Co. 2099

Comment

State of preservation

Seule la partie supérieure de l’applique est conservée. Elle se caratérise par une teinte ivoirine assez claire. Une cassure, qui part du coude droit du personnage et qui se poursuit en biais jusqu’à la cuisse gauche, a entraîné la disparition de son bassin et de ses jambes. Le bord supérieur de la pièce est échancré par un éclat situé au-dessus de la main droite de Dionysos. On observe un léger fendillement longitudinal de la matière osseuse et quelques marques noires sur les parties les plus saillantes du relief.

 

Description

Le bras droit dressé au-dessus de la tête, dans une attitude exprimant le délassement, Dionysos fait sienne une pose attribuée à l’Apollon exposé dans un gymnase athénien, le Lycée, loué par Lucien de Samosate au IIe siècle ap. J.-C. (Anacharsis, ou les Gymnases, 7). Son bras gauche faiblement plié repose peut-être sur un pilier qui n’est que suggéré. L’avant-bras assez large, notamment au niveau du poignet, laisse penser à un mouvement d’inclinaison de la main le long de ce dernier.

 

La douceur du modelé du torse, qui met en valeur l’apparence juvénile du dieu, autorise à rapprocher la pièce de l’applique Co. 2232 du musée Rodin, bien que le polissage soit moins accentué. On peut également la mettre en parallèle avec une figure acéphale du musée Benaki (18920 : MARANGOU 1976, p. 88, n° 4, pl. 3a). Les bustes de ces deux pièces présentent d’ailleurs une inclinaison similaire. Cette position, et le reste de la cuisse gauche encore visible, invitent à penser que la figure croisait les jambes. Le nombril est indiqué par une petite perforation, surmontant un ventre faiblement renflé.

 

Le visage dont les traits apparaissent comme plus confus au premier abord, en raison de la conservation de nombreux stigmates d’outils, s’avère plus harmonieux dans ses proportions. Orienté très légèrement vers la gauche, il offre un bel ovale obtenu par des joues pleines. On notera, pour seul défaut, une joue droite un peu large contredisant l’amorce de vue de trois-quarts souhaitée par l’artisan. Encadré de mèches ondulant sur les épaules, il rappelle par son aspect général ceux des pièces conservées au musée Rodin Co. 2232 et Co. 2242, mais il s’en distingue par une plus grande finesse et un côté plus menu. Il renvoie également au visage, légèrement plus large d'un fragment d'applique conservé à Philadelphie, à la Fondation Barnes (A98g). Les yeux, aux contours simplement incisés sous un front bombé, encadrent un nez large surmontant une petite bouche aux lèvres charnues légèrement entrouvertes.

 

Les cheveux sont séparés en leur milieu et coiffés en bandeaux enroulés, sans doute rassemblés en un chignon sur l’occiput et retombant en longues boucles sur les épaules. Ces boucles sont signalées par de profondes incisions courbes. Quant au haut de la chevelure, il est laissé lisse comme sur les appliques Co. 2071, Co. 2109, Co. 2135-Co. 2152, Co. 2232, Co. 2242, formant en quelque sorte une calotte. Un aplat s’observe aussi en lieu et place de la raie. À la naissance du cou, de petite taille, l’artisan a suggéré, à l’aide d’une fine lame, les clavicules.

 

La sveltesse du corps et les chairs lisses traitées avec un certain raffinement ne sont pas sans rappeler l’applique 18920 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 88, n° 4, pl. 4a) dont les principes formels correspondent au canon sculptural du règne de l’empereur Hadrien. Cependant, la plus grande raideur des membres, ainsi que la légère déformation du visage, nous orientent vers une datation plus basse : IIIe ou IVe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18910, 18920.

-Paris, musée Rodin, Co. 2232, Co. 2242.

-Philadelphie, Fondation Barnes, A98g.

-Vente Christie's, Londres, 29/10/2003, n° 9723, lot 142.

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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