Satyre

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Fin du III -IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,65 cm ; l. 5,1 cm ; P. max 1,2 cm

Os, tibia de bœuf, face postérieure.

Co. 2097

Comment

State of preservation

Une cassure en diagonale a coupé le personnage à mi-corps, et a engendré la perte de la partie supérieure de l’élément de placage. On observe également une lacune sur l’angle inférieur dextre. La face interne de la pièce comporte en partie basse des traces de tissu osseux spongieux, qui réapparaissent aussi faiblement dans l’angle supérieur dextre. Les trabécules visibles sur la face interne sont encore emplies de sédiments. Les faces externe, et surtout interne, dont les bords sont particulièrement émoussés, offrent un aspect très lustré. Une tache ocre brun marque l’intérieur de la cavité médullaire, correspondant peut-être à l’emplacement d’une ancienne étiquette.

 

Description

Le satyre évolue vers la droite d’un pas leste, mais ses jambes croisées, ainsi que la rotation accomplie par sa jambe gauche, laissent à penser qu’il amorçait un mouvement de torsion afin de porter son regard vers l’arrière. Sur un grand nombre d’appliques, les jeunes faunes égayant le cortège dionysiaque adoptent une attitude tournoyante (LANCESTREMÈRE BELLOW, BIASS-FABIANI 2018, p. 154, cat. 106). Les jambes accompagnent donc le pivotement du buste et de la tête. Si seules trois appliques du musée Rodin (Co. 2068, Co. 2093 et Co. 2262-Co. 2313) présentent encore, conservés presque sur toute leur hauteur, des satyres avançant d’un pas cadencé vers la droite, d’autres fragments devaient accueillir le même type iconographique (Co. 2145, Co. 2055, Co. 2063, Co. 2101, Co. 2116, Co. 2148).

 

La nudité du personnage est tempérée par le port d’une peau de bête retombant en pans ondulés de part et d’autre des jambes. L’un de ces pans est retenu par la main gauche. Contrairement aux pardalides arborées par les satyres des appliques Co 2262-Co. 2313 et Co. 2275, les mouchetures de la peau de fauve n’ont pas été indiquées par de minuscules perforations circulaires, mais par de petites encoches en V, à l’aide d’une fine pointe métallique (DELASSUS 2020, p. 51 n. 22). Cet autre procédé ornemental se distingue également sur plusieurs reliefs réservés à la description des partenaires de Dionysos, conservés dans les collections du musée Benaki (MARANGOU 1976, 18931, p. 96, n° 51, pl. 14c ; 18966, p. 96, n° 52, pl. 15a ; 12750, p. 96, pl. 15b). On peut encore citer, parmi d’autres exemples, les pièces 12109 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281, pl. XXXV-2 ; TÖRÖK 2005, p. 56-57, n° 11), et 822-1905 au Victoria & Albert Museum de Londres (LONGHURST 1927, p. 21 ; BECKWITH 1963, p. 12, fig. 26 p. 49), ou les deux appliques appartenant autrefois aux musée de Berlin (I. 2982 et I. 2905 : WULFF 1909, p. 113-114, n° 394, 396, pl. XVII).

 

 

Les jambes fines et allongées se caractérisent par une musculature très saillante au niveau des mollets. La jambe droite paraît d’ailleurs anormalement maigre à l’arrière du genou, tandis que le mollet semble soudainement très gonflé. Le sculpteur a pris soin d’indiquer par deux incisions l’emplacement de la rotule sur le genou gauche. Un modelé soigné et un polissage poussé contribuent à doter la partie inférieure du corps de ce satyre d’une plasticité incontestable. Si par la position des jambes et leur élongation, cette pièce peut être rapprochée de l’applique Co. 2068 du musée Rodin, la qualité du relief ainsi que l’attention accordée au polissage l’en démarquent. Deux appliques du musée Rodin, déjà citées, sculptées d’un satyre esquissant un pas de danse vers la droite, peuvent être également mises en parallèle avec notre exemplaire : Co. 2093 et Co. 2262-Co. 2313. Le rythme des satyres qu’elles supportent s’avère plus rapide et agité, comme tendent à le démontrer l’écart important existant entre les deux jambes, ainsi que le pied gauche posé sur la pointe du relief Co. 2262-Co. 2313. Ces figurent se différencient sensiblement de la nôtre, malgré une musculature accentuée, par un corps aux jambes plus courtes, davantage en déséquilibre. La justesse d’observation des jambes de l’applique étudiée rappelle davantage l’approche illusionniste de deux exemplaires du musée Benaki (12757 et 18914 : MARANGOU 1976, p. 93, n° 37-38, pl. 12b-c), malgré un fessier moins développé.

 

La forme ovoïde placée entre les jambes du personnage, correspond sans doute à un tympanon tombé au sol. Une autre occurrence de la présence de cet instrument, placé pour combler le vide entre les jambes croisées d’un satyre, peut être relevée sur une pièce exhumée lors des fouilles menées sur le site du théâtre Diana à Alexandrie (DI 96. 3144.37.2 : RODZIEWICZ 2007, n° 7, p. 64-65, n° 7, pl. 4, pl. 86-4). Il n’est pas rare de trouver ces petits tambourins, jonchant le sol. Les décors de placage en os composés de plusieurs plaquettes, comme celui du musée du Louvre (MND 1866, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines : MARANGOU 1976, pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, pl.) ou celui découvert à Pergé en Turquie (K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-77, fig. 2), montrent plusieurs de ces disques se logeant entre les jambes des figures.

 

Le naturel de la pose empruntée par le satyre, comme la souplesse de ses jambes, sont les signes d’une fine compréhension du mouvement. S’ajoutent à ces qualités, un sens du relief et des finitions attribuables à un artisan en pleine possession de son savoir-faire. Le rendu des textures, notamment des ocelles des peaux de panthère a été avancé comme un possible indice de datation par E. Rodziewicz (RODZIEWICZ 2007, p. 22). La première phase de production alexandrine aurait privilégié les cavités circulaires perforées délicatement, tandis qu’une seconde période aurait préféré des taches de forme triangulaire, imprimées par percussion d’une lame de métal sur la matière osseuse. Il semble néanmoins difficile de se baser sur cette variation décorative pour déterminer une date d’exécution.

 

Sachant que L. Marangou renvoie à la période sévérienne pour les deux appliques sculptées d’une figure de satyre, à la plasticité affirmée, du musée Benaki (12757 et 18914 : MARANGOU 1976, p. 93, n° 37-38, pl. 12b-c), et qu’elle n’hésite pas à dater de la fin du IIIe siècle ou du début du IVe siècle certaines pièces portant de petites encoches triangulaires, nous pouvons proposer de manière un peu arbitraire une datation à la fin du IIIe ou au cours du IVe siècle pour notre relief.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles du théâtre Diana, DI 96. 3144.37.2 (tympanon).

-Alexandrie, 12109 (traitement de la pardalide).

-Athènes, musée Benaki, 12750, 18931, 18966 (traitement de la pardalide), 12757, 18914 (plasticité des jambes).

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I 2982 et I. 2905 (pardalide).

-Paris, musée Rodin, Co. 2068, Co. 2093 et Co. 2262-Co. 2313 (iconographie et attitude).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre tenant une grappe de raisin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 8,32 cm ; l. 3,8 cm ; P. 1,8 cm

Os, humérus gauche de bœuf.

Co. 2093

Comment

State of preservation

L’applique est cassée à la fois en partie supérieure, le long du bord dextre et en partie inférieure. La tête du satyre et le bas de ses jambes ont donc disparu. Un manque de matière s’observe sur le grain gauche du rang supérieur de la grappe de raisin. Au revers, on remarque également un léger fendillement longitudinal de la surface interne du bord senestre.

 

Une large tache de couleur verte, résultant de l’oxydation d’un objet métallique ayant été en contact avec la pièce, s’étend sur la jambe droite, la partie gauche de la grappe de raisin et la feuille de vigne qui l’agrémente. De petites taches ocre brun apparaissent sur l’épaule et sur la paroi de de la cavité médullaire. La face externe de l’œuvre est recouverte d’une couche de salissure importante, et présente en divers endroits des marques noirâtres d’aspect gras. Il subsiste quelques sédiments dans les incisions pratiquées sur la face principale, et dans les trabécules visibles sur la face interne.

 

Description

La figure de jeune homme se dirige d’un pas alerte vers la droite. L’inclinaison du buste, jointe aux jambes croisées, traduit l’amorce d’un mouvement vers l’arrière. A l’instar des satyres sculptés sur une série d’appliques du musée Rodin (Co. 2145, 2068, 2097, 2262-2313, 2063, 2055, 2101), le personnage devait pivoter la tête vers la gauche de façon à regarder derrière lui et à entrer en relation avec les autres suivants de Dionysos composant le thiase. À l’origine, il supportait sur l’épaule droite soit une outre remplie de vin, soit une corbeille garnie de fruits, ou levait le bras droit au-dessus de la tête, dans une attitude imitant celle de Dionysos Lykeios. Nu, à l’exception d’un himation tombant des épaules, dont on aperçoit les plis pesamment accentués de part et d’autre du torse et entre les jambes, il tient une imposante grappe de raisin dans sa main gauche. Cet attribut s’observe sur une autre applique du musée Rodin : Co. 2057, mais le jeune faune qui en est pourvu évolue vers la gauche.

 

La singularité du relief réside ici dans la taille disproportionnée du fruit et le soin apporté à sa restitution dans la matière osseuse. Les gros grains définissant une forme triangulaire assez régulière sont surmontés d’une feuille à cinq lobes aux nervures soulignées par des incisions. Le relief inv. 30.62 conservé dans les collections du musée Pouchkine de Moscou (Bank &, Bessonova 1977, n° 304 p. 161-162), propose un type iconographique proche, hormis le fait que ses jambes ne sont pas croisées. Une grappe de raisin tout aussi volumineuse que sur l’exemplaire du musée Rodin apparaît sur une pièce conservée au Virginia Museum of Fine Arts de Richmond (inv. 66.12.3, Gonosová & Kondoleon 1994, n° 68, p. 206-207), ainsi que sur l’élément de mobilier en os inv. KK 991 du Suermondt Ludwig Museum d’Aix-la-Chapelle (Sporn 2005, n° 373 p. 248).

 

C’est avec cette pièce et le relief Co. 2262-Co. 2313 du musée Rodin que la confrontation s’avère la plus frappante. Le mouvement de torsion du buste et l’impression de déséquilibre du corps dans l’espace se retrouvent presque à l’identique sur les trois appliques. Si la position des jambes rappelle aussi les pièces Co. 2068 et Co. 2097 du musée Rodin, leur musculature affirmée et leur solidité les en distinguent. Le pas de danse semble également plus rythmé.

 

Sur ces trois appliques, les sculpteurs ont doté les figures d’une indéniable consistance plastique, en détachant fortement le corps de l’arrière-plan occupé par le drapé. La musculature exacerbée est rendue à la fois par un profil senestre suivant le mouvement des muscles et un modelé du torse séparant nettement les pectoraux de l’abdomen. Les mamelons sont transcrits par deux petits cercles incisés de façon un peu systématique, séparés par une profonde incision indiquant le sternum, se poursuivant plus bas jusqu’au nombril pour signaler la linea alba. On notera que les détails anatomiques sont davantage appuyés sur notre pièce que sur les deux spécimens de comparaison. Les appliques, dont la taille avoisinait sans doute 12 cm de haut à l’origine, accueillent une figure assez trapue ; toutefois, celle qui nous intéresse offre un buste plus étroit, marqué par une certaine frontalité et une plus grande rigidité.

 

Bien que la manière de noter avec minutie certains détails anatomiques, tels les mamelons, renvoie à des appliques datées de l’époque sévérienne par L. Marangou : inv. 12757 et inv. 18914 du musée Benaki (Marangou 1976, n° 37-38 p. 93, pl. 12b-c), le traitement moins subtil de l’articulation des muscles du torse, la raideur affectant le haut du buste, ainsi que la rudesse visible dans le traitement du drapé et de la grappe de raisin, plaident en faveur d’une réalisation au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Aachen, Suermondt Ludwig Museum, inv. KK 991 (iconographie et style).

-Athènes, musée Benaki, inv. 18914 (position et détails anatomiques).

-Moscou, musée Pouchkine, inv. 3120 (position et détails anatomiques).

-Paris, musée Rodin, Co. 2057 (grappe de raisin), Co. 2262 - Co. 2313 (position et buste).

-Richmond, Virginia Museum of Fine Arts, inv. 66.12 (grappe de raisin).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre dansant

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,62 cm ; l. 3,15 cm ; Ép. max 0,3 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2079

Comment

State of preservation

La partie dextre de l’applique a disparu en raison d’une cassure se situant le long du visage et du buste du personnage. La cassure a fait naître une fente transversale dans la partie inférieure de la face principale de la pièce. Un petit éclat, datant peut-être de la mise en forme de la matrice, s’observe le long du bord, dans l’angle inférieur senestre.

Description

Effectuant un pas de danse très enlevé vers la gauche, le satyre s’apprête à se retourner, ce qu’indiquent son buste vu de trois-quarts et son regard porté vers l’arrière. Son corps contorsionné traduit avec justesse l’agitation qui anime les membres du thiase dionysiaque. Le mouvement que le compagnon de Dionysos esquisse de la jambe droite, légèrement fléchie et portée assez haut, est rare sur cette typologie d’appliques. Il constitue le seul exemple répertorié au sein de la collection du musée Rodin.

La disposition des jambes, qui confère au faune une allure dynamique et sautillante, peut trouver un écho sur l’applique 18806 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 274, n° 166pl. 48), mais l’aspect général de la figure demeure assez éloigné. Elle n’est pas sans évoquer aussi le pas dansant des figures de deux appliques mises au jour dans les fouilles archéologiques du théâtre Diana à Alexandrie : celle sculptée d'après un prototype représentant Ptolémée Aulète (DI 96. 3256.5.7 (110) : RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8, pl. 5, pl. 86-5), et une autre mettant en scène un satyre portant une corbeille (DI 96. 3091.273 (73) : RODZIEWICZ 2007, p. 78-79, n° 24, pl. 12-24, pl. 93-2).

 

Contrairement aux satyres askophoroi, au mouvement plus assagi, ce satyre effectue de sa main gauche levée un geste plein d’entrain. Ce geste également inhabituel se distingue sur l’applique 18780 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 272, n° 153, pl. 46), complété par la forme oblongue d’une outre à l’arrière-plan. Nous pouvons donc postuler que cette main levée a été inspirée par la main soutenant l’outre de vin sur l’épaule. Le contenant n’ayant pas été sculpté sur notre pièce, il n’a donc subsisté qu’une main ouverte.

 

 

Sa nudité masquée par une pardalide ou une nébride ceignant ses reins, le compagnon de Dionysos arbore un buste large dont les pectoraux sont soulignés par une incision en accolade. Au-dessus du vêtement, le nombril est matérialisé par une dépression creusée à l’aide d’un fin burin. Le visage qui se raccorde au buste, sans véritablement de cou, est dessiné par des traits simplifiés à l’extrême. Deux courtes incisions dotent le satyre d’une bouche un peu trop grande, alors qu’un enlèvement de matière suggère un œil à la ligne très étirée. Une courte chevelure en calotte, qui jouxte le bord sommital, couronne le front.

 

Malgré l’absence de parallèle éloquent pour cette applique, son style très graphique jouant sur une forte incision de la matière nous engage à envisager une fabrication au cours du Ve-VIe siècle, période à laquelle est attribué un grand nombre d’appliques rectangulaires publiées par A. Loverdou-Tsigarida. Un relief décoré d’une silhouette de satyre askophoros exhumé à Alexandrie (FOU 01. 10131.172 : RODZIEWICZ 2007, p. 79, n° 25, pl. 12-25, pl. 93-3 ; RODZIEWICZ 2008, p. 250, p. 259, fig. 5-8), participe à cette même tendance stylistique qui consiste à simplifier fortement l’anatomie et à cerner les formes de sillons très marqués. Bien que ces caractéristiques soient encore plus accentuées sur cette pièce que sur celle du musée Rodin, elle en partage l’attrait pour une indéniable linéarité. Datée du milieu du Ve - début du VIe siècle grâce à son contexte de découverte, elle livre un indice précieux sur le plan chronologique.

 

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18806 (position des jambes).

-Athènes, musée Benaki, 18780 (main levée).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe – Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H.15, 3 cm ; l. 5,35 cm ; P. max 2,8 cm

Os, humérus droit de bœuf, face postérieure ou latérale.

Co. 2068

Comment

State of preservation

L’applique est lacunaire dans sa partie inférieure. Une cassure en diagonale a fait disparaître une partie de la jambe gauche, et le décor de la partie dextre de la pièce. Le bord inférieur senestre est également cassé. Un éclat de surface altère l’angle supérieur dextre. Des petites taches ocre orangé sont repérables sur la surface des bords externe et interne.

Description

Le personnage masculin qui s’avance vers la droite, s’inscrit dans la typologie des satyres askophoroi, qui animent le thiase dionysiaque de leur danse frénétique. Sur son épaule droite, est chargée une outre de vin, qui se signale par une simple masse ovoïde. Un manteau, ou plutôt une peau d’animal, semble être posée sur ses épaules, et retombe de part et d’autre des jambes. Si la main gauche retient un pan du drapé, la main droite est en revanche masquée par le vêtement, comme sur les appliques Co. 2055, Co. 2056, Co. 2058, Co. 2101, Co. 2145 et Co. 2195 du musée Rodin. La peau de bête se déploie en larges plis souples, accompagnant la courbe décrite par le buste et la jambe droite du satyre.

 

Le jeune faune progresse d’un pas enlevé vers la droite, mais détourne violemment la tête dans la direction opposée. Ce pivotement du cou se transmet progressivement au reste du corps qui adopte une attitude tournoyante. Cette pose en suspens de la figure génère comme un déséquilibre du corps dans l’espace. Un certain nombre de pièces du musée Rodin présentent des satyres porteurs d’outres, au mouvement identique, marchant vers la droite : Co. 2055, Co. 2063, Co. 2101, Co. 2145. Quant à l’applique conservée dans la même collection, Co. 2056, elle constitue le pendant de la pièce qui nous intéresse. Outre une posture identique, elle partage avec elle plusieurs caractéristiques : l’élongation du corps, la finesse des membres, l’outre sans piquetage de la surface, et le drapé retenu d’une main tombante.

 

Le cou massif et raide supporte un visage plein qui offre son profil droit. Celui-ci est marqué par un nez placé dans l’exact prolongement du front, des lèvres épaisses et un menton plutôt prognathe. L’œil indiqué par un vif coup de fin burin se loge sous une large arcade sourcilière. Le front bas est surmonté d’une chevelure courte et bouclée, qui pourrait être bordée d’une oreille pointue, à la forme peu reconnaissable. Fortement simplifié, le dessin des boucles de la coiffure mérite d’être comparé aux chevelures en calotte visibles sur les reliefs de la collection Rodin Co. 2101 et Co. 2116, dégageant la nuque des personnages. Le maniement hâtif du ciseau par l’artisan a conduit à une simplification et une géométrisation des formes du visage. Le creusement de la bouche a contribué a créé une petite anfractuosité sur la lèvre inférieure.

 

Le corps est construit en de larges plans dégagés au ciseau. Les pectoraux indiqués par une saillie, dont l’ondulation traduit la torsion et l’inclinaison du buste, recouvrent le départ de la ligne blanche, qui divise verticalement le torse. Le haut du buste prend l’aspect d’une grande plage lisse. Les organes génitaux sont sculptés de façon sommaire, alors que le nombril n’est pas précisé.

 

Le corps révèle un canon très étiré. À la finesse des jambes, répond la minceur du bras gauche, dont la ligne se poursuit dans le pan de drapé qui tombe verticalement. Par contre, la cambrure du dos et le bassin sont davantage marqués que sur d’autres pièces. Le sculpteur n’a pas pris la peine de détailler les mains et les pieds, qui se résument à de simples appendices, sans notation de détail, comme sur l’applique 18938 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 94-95, n° 44, pl. 13b). Par son allure générale, le satyre sculpté sur l’applique 5423 du musée de Manchester, provenant de Shurafa, en Moyenne-Égypte (PETRIE, MACKAY 1915, p. 44, pl. LII, fig. 13), offre un parallèle séduisant avec le nôtre. Doté toutefois d’une musculature plus puissante et d’une taille moins svelte, il propose une attitude identique, porte une outre dont les contours sont indécis, et présente un visage dont la confrontation avec la pièce de la collection Rodin est éloquente.

 

La structuration du corps par de vastes plans, obtenus par un maniement rapide du ciseau, confère à la figure de jeune satyre un caractère très stylisé. L’absence d’attention portée au modelé des chairs et à la notation des détails anatomiques s’inscrit dans le même esprit, et accentue encore davantage la géométrisation des volumes. La ligne particulièrement synthétique qui cerne la silhouette, couplée à la rudesse du travail de la matière première, est un indice qui ne permet pas d’envisager une sculpture de ce relief avant le IVe ou le Ve siècle.

 

Comparaisons

-Manchester, Museum, 5423 (iconographie et attitude).

-Paris, musée Rodin, Co. 2055, Co. 2063, Co. 2101, Co. 2145 (iconographie et attitude), Co. 2056 (exacte contrepartie), Co. 2101, Co. 2116 (traitement de la chevelure).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 16,5 cm ; l. 5,7 cm ; P. max 3,5 cm

Os de dromadaire, humérus, tibia ou fémur ?

Co. 2063

Comment

State of preservation

Cette applique, dont la taille devait être importante à l’origine, est brisée en plusieurs endroits. La fracture de l'os en haut des cuisses a engendré la disparition des jambes, tandis que toute la partie senestre de la pièce est manquante. La cassure longitudinale qui suit le galbe de la cuisse gauche, a consacré la perte du bras gauche. Une perforation, due à la minceur du tissu compact, peut être observée au-dessus de l’épaule gauche. D’ailleurs, le tissu spongieux réapparaît en surface sur la partie dextre du visage, le cou, et le haut du buste. Une fente part du poignet du bras droit, épouse le dos de la main du personnage, et se poursuit au niveau de l’outre. De petites taches ocre ponctuent en certains points la surface de la pièces et des traces de même couleur plus étendues marquent la surface interne.

 

Description

Alors qu’il progresse allègrement vers la droite, le satyre amorce une rotation vers la gauche, ou du moins, détourne le regard vers l’arrière. De sa main droite, aux doigts effilés, il retient l’outre de vin volumineuse qui repose sur son épaule. Le pan de drapé qui se déploie sous son coude, animé de trois plis et ponctué de petites incisions, indique la présence d’un manteau contrebalançant la nudité du jeune faune.

 

Contrairement à la plupart des pièces de mobilier convexes qui exploitent ce schéma iconographique, le bras est ici visible et non masqué par le manteau, comme sur les exemplaires du musée Rodin Co. 2055, Co. 2145, et Co. 2068. Outre le fait que ce détail permet d’insister sur la pression exercée par la main sur le contenant rempli de vin, ceci autorise la représentation de l’extrémité amincie de l’outre qui retombe en un appendice sur l’épaule droite. La texture de la peau de chèvre, à partir de laquelle l’outre a pu être confectionnée, est indiquée par des doubles incisions courbes (DELASSUS 2020, p. 51 n. 21). Cette volonté de traduire avec justesse les effets de matière se retrouve sur d’autres spécimens de la collection d’A. Rodin. En effet, les outres que portent les satyres des reliefs Co. 2055, Co. 2145 et Co. 2275 sont aussi parsemées de petites entailles plus ou moins profondes.

 

L’outre gonflée de vin circonscrit un visage large, représenté de trois-quarts. Entouré d’une chevelure formée de boucles stylisées entre lesquelles jaillit, sur le côté droit, une oreille pointue, il offre deux yeux globuleux. Ceux-ci surmontent un nez court, aplati et déformé. Les butées de la lame maniée par l’artisan pour déterminer les volumes des globes oculaires se lisent aisément sous les arcades sourcilières et le front bas. Les contrastes d’ombre et de lumière viennent jouer sur les yeux en forme de bille pour donner plus de vivacité à l’expression. Ce rendu, qui fait fi de la structure oculaire, s’inscrit d’un point de vue sculptural, d’après L. Marangou, dans la tradition illusionniste de la période hellénistique (MARANGOU 1976, p. 75).

 

La bouche, bordée de commissures enfoncées, se caractérise par une lèvre inférieure prononcée. Incisée sans grand soin, elle s’étire au-dessus d’un menton aplati, et d’une mâchoire carrée très marquée. La vue de trois-quarts du visage semble mal maîtrisée par l’artisan, et a été d’autant plus difficile à mettre en œuvre que le tissu osseux spongieux réapparaissait sur la joue gauche. La coiffure aux mèches serrées se démarque des chevelures aux boucles méticuleusement sculptées des satyres des pièces Co. 2055 et Co. 2086 du musée Rodin. La façon de recreuser l’intérieur des boucles, et le choix de leur conférer un contour anguleux par un geste nerveux, trouve un écho, peut-être plus raffiné, dans l’applique inv. 71.57 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128).

 

Au cou assez court, succède un torse allongé, vu de trois-quarts. Par sa posture, le buste renvoie à une série de reliefs de la même collection : Co. 2055, Co. 2068, Co. 2093, Co. 2101, Co. 2145, Co. 2195, Co. 2262-Co. 2313. Il procède également d’un modèle proche de celui qui a inspiré deux appliques du musée Benaki : 12757 (MARANGOU 1976, p. 93, n° 37, pl. 12b) et 18914 (p. 93, n° 38, pl. 12c). Pour autant, le traitement du corps nu du satyre l’éloigne de ces deux pièces à la plasticité affirmée.

Le torse étréci et étiré rappelle, par le caractère très appuyé de la notation des détails anatomiques, les éléments de placage Co. 2093 et Co. 2262-Co. 2313, mais s’en démarque par un manque de relief, et des volumes modelés avec bien moins de subtilité. Les profondes incisions matérialisant les clavicules, le sternum et la ligne blanche, ainsi que les muscles des côtes et les aréoles des seins, suppléent l’absence de souplesse des chairs. Un esprit similaire s’observe dans le traitement du buste de la pièce 3120 du musée Pouchkine de Moscou (BANK, BESSONOVA 1977, p. 161, n° 302). Le nombril n’est rendu que par une discrète incision surmontant un ventre très plat. Le bassin étroit s’accorde au reste du corps.

 

Si le type iconographique s’inspire de modèles attribués à la période sévérienne selon L. Marangou (cf. appliques 12757 et 18914, MARANGOU 1976, op. cit.), l’artisan manifeste moins d’aisance dans la traduction des volumes dans la matrice osseuse. Il en découle une certaine raideur du tronc et des membres, une sécheresse dans le rendu des chairs, et une schématisation de certains détails du visage. Ces caractéristiques nous engagent à ne pas dater la réalisation de cette applique avant le IVe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 12757, 18914 (posture et torse).

-Baltimore, Walters Art museum, 71.57 (chevelure).

-Moscou, musée Pouchkine, 3120 (torse).

-Paris, musée Rodin, Co. 2055, Co. 2145 (posture et torse), Co. 2093, Co. 2262-Co. 2313 (anatomie appuyée du torse).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du Ve- première moitié du VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7,33 cm ; l. 3,2 cm ; ép. max 0,6 cm

Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure.

Co. 2060

Comment

State of preservation

L’applique est conservée dans son intégralité. Un éclat, qui s’accompagne d’un soulèvement stable, est repérable sur l’angle supérieur dextre, ainsi qu’au coin inférieur du bord senestre.

Description

S’intégrant dans une série d’une dizaine d’éléments de placage de petite taille à la surface relativement plane, l’applique affecte une forme légèrement trapézoïdale, comme le relief Co. 2249. Elle accueille la figure d’un satyre qui occupe tout l’espace offert par la matrice osseuse. Nu, à l’exception d’une nébride dont un pan flotte sous le bras qui retient l’outre, le personnage s’avance vers la gauche. La fente décrite par ses jambes transcrit avec une certaine justesse son pas dansant. Son corps juvénile, mais à la musculature développée, amorce un mouvement de rotation – ce qu’indique le torse vu de trois-quarts-, pour accompagner la tête tournée vers la droite. Le satyre détourne en effet le regard vers l’arrière. Cette attitude tournoyante révèle l’adaptation du satyre aux mouvements sans doute frénétiques des différents membres du thiase dionysiaque qui prenaient place sur les autres appliques décorant le coffret ou le cabinet.

 

Le buste ploie légèrement vers l’arrière pour supporter le poids de l’outre remplie de vin qui repose sur l’épaule gauche. Le satyre l’assure de sa main couverte d’un pan de nébride, tandis qu’il tient un attribut que l’étroitesse de l’applique n’a pas permis de sculpter en entier. Si la matrice osseuse avait été plus large, l’artisan aurait sans doute ajouté une grappe de raisin à l’extrémité de la main du jeune faune, à l’image des pièces 18793 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 168, p. 274, n° 162, pl. 47), 13345 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BAAM 0353, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina), ou Co. 2173 du musée Rodin, sur laquelle le fruit est plus suggéré que décrit.

Le visage plein aux joues rebondies est surmonté d’une chevelure courte peu détaillée. Les yeux faiblement incisés encadrent un nez large qui surplombe une bouche droite. Malgré un canon assez trapu, et une tête volumineuse par rapport au reste du corps, le jeune satyre offre des proportions plus harmonieuses que son condisciple de l’applique Co. 2173. La parenté qui existe cependant entre ces deux appliques mérite d’être soulignée. Bien qu’elles partagent le même format, le torse allongé, sur notre pièce, donne naissance à un bassin plus étroit. La structure osseuse et les masses musculaires sont rendues par des incisions également plus précises que sur l’applique précédente. De même, les contours moins simplifiés épousent davantage le modelé des chairs. Si ces deux appliques présentent donc le même gabarit et se réfèrent à un modèle iconographique identique, la qualité sculpturale de l’applique Co. 2060 apparaît comme légèrement supérieure.

 

Le type iconographique du jeune faune progressant vers la gauche apparaît également sur trois appliques de forme rectangulaire et de taille réduite de la collection du musée Rodin : Co. 2079, Co. 2176 et Co. 2306, mais les attitudes ou le style des figures révèlent trop de différences pour que ces pièces puissent servir d’analogies à celle étudiée. Par contre, le musée Benaki recèle trois autres pièces sculptées, dont la pose rappelle plus étroitement celle de notre satyre (18791-18793 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 146-147, p. 168-169, 274, n° 161-163, pl. 47-48). Si la douceur du modelé de l’applique 18793 l’éloigne de l’esthétique schématique de la pièce de la collection d’A. Rodin, les deux autres, 18791-18792, par leur silhouette aux contours simplifiés, y renvoient davantage.

 

C’est sans doute avec l’élément de placage 13345 du musée gréco-romain d’Alexandrie, aujourd’hui exposé au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, et avec celui Co. 2173 du musée Rodin, que l’applique Co. 2060 présente le plus d’affinités sur le plan stylistique. Le format approchant, le traitement rude de la matière, ainsi que le tracé confus des lames d’outils, finissent de réunir ces trois éléments de mobilier.

 

Malgré une approche moins linéaire des détails anatomiques, l’applique qui nous intéresse peut-être mise en rapport avec une pièce de taille et de forme très proches, découverte à Alexandrie. Exhumée des niveaux de destruction d’une maison romaine tardive située dans la partie orientale du secteur de Kôm el-Dikka, sa date de réalisation a été placée par E. Rodziewicz, grâce à la céramique trouvée à proximité, à la fin du Ve siècle - début VIe siècle (n° W1 2076/74 : RODZIEWICZ 1978, p. 329-330, n° 9). Cette datation confirme la date assignée par A. Loverdou-Tsigarida - à savoir le Ve-VIe siècle -, aux trois plaquettes comparables à la nôtre, conservées dans les collections du musée Benaki.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, BAAM 0353 (anciennement au musée gréco-romain, 13345).

-Athènes, musée Benaki, 18791, 18792, 18793.

-Paris, musée Rodin, Co. 2173.

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 7,33 cm ; l. 3,2 cm ; P. max 1,5 cm

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale

Co. 2055

Comment

State of preservation

Les parties senestre et inférieure de l’applique ont disparu en raison de plusieurs cassures. L’une suit le profil du visage et le contour du torse, tandis que la seconde a amputé le personnage de ses jambes. Des manques s’observent aussi au revers : un éclat est à noter en haut du bord qui subsiste, générant un fendillement de la matière dans le sens de la hauteur. Une petite tache d’un vert très pâle se distingue à dextre de l’outre que soutient le satyre. Une coloration ocre rouge, très ténue, s’observe dans les creux des trabécules, à la surface de la cavité médullaire.

Description

Chargé d’une outre, le satyre se dirige vers la droite, comme le laisse supposer l’orientation de son torse. Il détourne cependant violemment la tête vers la gauche, à l’instar d’autres acolytes de Dionysos, sculptés sur les appliques du musée Rodin Co. 2063, Co. 2068, Co. 2101 et Co. 2145. L’outre de vin, dont seule l’extrémité ovoïde est visible, repose sur l’épaule droite du jeune faune. La main qui la supporte, semble voilée par un pan du drapé de l’himation, qui retombe en larges plis, le long du flanc du personnage. Ce particularisme se retrouve sur les appliques Co. 2068 et Co. 2145, ou encore sur la pièce Co. 2058, qui offre en miroir exactement le même modèle. La présence de cet attribut rempli de vin affilie notre figure à la série des satyres askophoroi, souvent représentés sur les éléments de mobilier en os.

 

Si le buste du satyre est figuré de trois-quarts, le visage présente une vue strictement de profil, révélant son côté droit. Doté d’une joue pleine, bordant une petite bouche aux lèvres épaisses et entrouvertes, ce visage est couronné d’une chevelure constituée de boucles serrées globulaires, sculptées méticuleusement. Cette coiffure n’est pas sans rappeler celle du satyre, porteur de corbeille, de l’applique Co. 2086 du musée Rodin, ou de la pièce AF 6570, conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976, p. 96 ; QUONIAM 1970, p. 186, n° 243), bien que les boucles, traitées comme de gros grains, soient, dans notre cas, encore plus régulières. Une précision et un rendu plastique similaires se remarquent aussi dans le traitement des chevelures des satyres de deux fragments d’appliques d’une grande qualité d’exécution : la pièce 05045 du musée d’Art et Histoire de Bruxelles, et l’élément de placage E 17197, appartenant aux collections du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976, p. 96). Un coup de petit burin a permis de creuser la cavité oculaire et de faire naître l’arcade sourcilière, alors qu’une deuxième incision de la matière a été nécessaire pour dessiner le contour de l’œil.

 

L’outre, dont la rotondité masque complètement l’épaule droite du satyre, sur laquelle elle prend place, offre un traitement de texture particulier. Comme sur les appliques Co. 2063, Co. 2145, ou encore Co. 2275, du musée Rodin, les aspérités de la peau animale sont transcrites par de courtes incisions qui ponctuent la surface de façon aléatoire (DELASSUS 2020, p. 51, n. 21). Elles se confondent d’ailleurs avec les cavités du tissu osseux spongieux qui réapparaît malencontreusement en partie supérieure. Le dessin de ces fines entailles ressemble étroitement à celui des motifs qui parsèment l’outre que porte le satyre de l’applique 18931 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 51, pl. 14c).

 

Le torse du satyre est rejeté vers l’arrière, pour accompagner le mouvement de torsion de la nuque et de la tête. Un cou haut et massif relie le visage au torse, dont la structure osseuse et musculaire est mise en exergue par des variations du relief et des incisions plus ou moins profondes. Le sternum court ici de la base du cou jusqu’au bas des pectoraux, pour se fondre dans la linea alba. Cette dernière descend jusqu’au nombril, matérialisé par une perforation de forme triangulaire. Le modelé tout en nuances du diaphragme et des muscles du ventre a été obtenu par un travail au ciseau, puis par un polissage très poussé. L’ondulation des chairs créée par l’articulation très prononcée des muscles obliques et droits de l’abdomen apparaît, de façon encore plus maîtrisée, sur l’applique 12757 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 93, pl. 12b) et la pièce du Louvre E 17197, déjà citée. Le traitement du buste renvoie également à celui du satyre de l’applique Co. 2063 du musée Rodin, mais ce dernier se distingue par un rendu plus graphique, et une moindre souplesse des chairs.

 

Le sens de l’expression anatomique, l’aisance dans la traduction des chairs, ainsi que l’attention portée au rendu des textures, sont autant de gages d’une facture de qualité, et d’une volonté de s’inscrire à la suite de la tradition hellénistique. Aussi pouvons nous proposer de dater la réalisation de cet élément de mobilier, sculpté avec un soin particulier, du IIIe-IVe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 12757 (musculature), 18931 (traitement de l’outre).

-Bruxelles, musée Art et Histoire, 05045 (chevelure).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6570 (chevelure), E 17197 (chevelure et musculature).

-Paris, musée Rodin, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2101, Co. 2145 (attitude et outre).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,12 cm ; l. 2,7 cm ; P. 1 cm

Os, mandibule de bœuf  ?

Co. 2275

Comment

State of preservation

Seule est conservée la partie senestre de l’applique, la plus grande partie du corps du satyre et de ses jambes ayant disparu. Un éclat vient endommager une partie du bord préservé. La face interne présente un feuilletage en partie inférieure. Au dos de la pièce, le bord supérieur est entaillé par une petite perte de matière. Quelques minuscules taches ocre parsèment aussi le revers.

Description

Ce qui subsiste d’un corps nu, svelte, et l’outre fermement maintenue par un bras gauche, nous autorisent à reconnaître un satyre askophoros. Le jeune acolyte de Dionysos devait avancer d’un pas rythmé vers la gauche, supportant une lourde outre de peau remplie de vin, sur l’épaule, à l’image des figures des appliques du musée Rodin Co. 2056, Co. 2058 et Co. 2201. Toutefois, à la différence des ces satyres, le bras n’est pas masqué par le vêtement en peau animale. L’artisan a mis l’accent, au contraire, sur la solidité du bras, et a choisi de représenter la main aux doigts repliés saisissant énergiquement l’askos par son extrémité.

 

Les chairs lisses du torse et du ventre sont animées de légères modulations, laissant transparaître une certaine tension musculaire. La courbure du haut du buste et la souplesse des contours permettent de déduire que le jeune faune amorçait un mouvement de torsion, à la manière des satyres sculptés sur les trois appliques précédemment citées. La douceur du modelé des chairs rapproche cette pièce encore une fois de l’applique Co. 2058 du musée Rodin et de l’applique 13242 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, pl. 15c), bien que la structure musculaire soit suggérée avec plus de subtilité sur notre pièce.

 

La notation minutieuse des détails anatomiques du corps du jeune homme, comme la ponctuation de la pardalide par de petites ocelles perforées, trouvent un écho convaincant sur deux reliefs en os sculptés du musée Rodin, mettant en scène un satyre dansant vers la droite : Co. 2097 et Co. 2262-Co. 2313. En effet, le rendu des mamelons des seins et le nombril perforé du satyre de la seconde pièce mentionnée, est analogue à celui de l’applique qui nous intéresse. On retrouve également ce traitement du nombril et de la peau de panthère sur d’autres appliques accueillant une figure de satyre : 18914 et 18925 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 93, n° 38, pl. 12c, p. 95, n° 48, pl. 14a), 13298 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 281, pl. XXXV-5), 71.57 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128), PJG 335 du Landesmuseum de Mayence (HEIDE, THIEL 2004, p. 160-161, III. 5.6), une pièce exposée au musée national de Port-Saïd appartenant autrefois aux collections du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, p. 185, n° 7093), un relief vendu à Paris chez Piasa en 2003 (Piasa, Archéologie, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415).

 

L’intérêt porté aux différentes textures s’exprime aussi dans les courtes incisions qui constellent la surface de l’outre de vin. Par un motif de doubles virgules, l’artisan a tenté de traduire au mieux la surface du cuir à partir duquel est fait le contenant (DELASSUS 2020, p. 51, n. 21). Ce même procédé a été mis en œuvre de façon similaire sur l’applique 12109 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281, pl. XXXV-2), sur le fragment de relief en os 21876 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 50, pl. 15d) et la pièce 05045 du Musée royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Au moins quatre pièces sculptées d’une figure de satyre askophoros, conservées au musée Benaki, révèlent un travail proche d’incisions sur la surface de l’outre. Toutefois, le caractère plus systématique de ces coups de burin les éloigne du geste précis et soigné porté par l’artisan sur notre pièce.

 

L’état très lacunaire de l’applique fait obstacle à une analyse stylistique complète. Cependant, la justesse d’observation et la facture soignée révèlent une œuvre de qualité. Si E. Rodziewicz relie les pièces trouées de profondes perforations à une première phase de production (RODZIEWICZ 2007, p. 22), certaines découvertes incitent à nuancer cette hypothèse. Une applique, exhumée à Alexandrie, issue d’un contexte archéologique daté de la fin du IIIe-début du IVe siècle, présente, en effet, ce même type de perforations (RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8). Cette traduction dans la matière osseuse des différentes textures semble davantage correspondre à une particularité technique qu’à une spécificité stylistique permettant de dater avec assurance les pièces. Le type iconographique ainsi que la facture de l’applique nous orientent vers une réalisation au IIIe-IVe siècle, sans que nous puissions aller plus avant dans la datation.

 

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12109 (outre).

-Athènes, musée Benaki, 13242 (torse et ventre) ; 21876 (outre).

-Bruxelles, Musée royal d’Art et d’Histoire, E 05045 (outre).

-Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2058, Co. 2201 (iconographie, posture) ; Co. 2097 et Co. 2262 - Co. 2313 (détails anatomiques et pardalide).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin et un panier

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IVe - Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 12,6 cm ; l. 5 cm ; P. 2,2 cm

Os, humérus droit de bœuf, face latérale

Co. 2201

Comment

State of preservation

Les parties supérieure et inférieure sont cassées, ce qui occasionne une perte des jambes du personnage. Des cassures et arrachements ont endommagé le bras droit de la figure. Un réseau de fentes longitudinales et transversales s’observe aussi bien sur la face externe de la pièce que sur la partie interne du bord dextre. L’applique présente une patine beige-jaune clair à l’exception d’une zone située le long du bord dextre qui s’avère plus pâle. Cette partie non patinée ou décolorée se retrouve sur la face interne de la section de diaphyse, où elle se double d’une coloration rosée.

On remarque également sur la zone claircie de la cavité médullaire un feuilletage de l’os, en raison de la cassure du bord dextre. Sur la partie supérieure, au dos, la patine révèle un ton plus verdâtre. Des petites taches brun-orangé ponctuent la surface externe, alors que des taches brunes sont clairement lisibles le long de la bordure dextre.

Description

Portant une outre volumineuse sur l’épaule gauche et retenant un panier rempli de fruits de la main droite, le satyre évolue vers la droite, tout en détournant son regard vers l’arrière. Son corps nu reprend la pose des satyres des appliques Co. 2056, Co. 2057, Co. 2058, Co. 2066 du musée Rodin. Le mouvement de torsion du buste, vu de trois-quarts, le rapproche des figures des pièces Co. 2056 et Co. 2058, tandis le bras droit tendu renvoie aux reliefs Co. 2057 et Co. 2066. C’est sans doute avec la silhouette de l’applique Co. 2056 que notre personnage manifeste le plus de ressemblances. Toutefois, le degré de qualité de la sculpture en est cependant bien inférieur. Ici, la concavité de la matrice a obligé l’artisan à s’adapter à une faible épaisseur d’os compact, ce qui s’est traduit par la création d’une silhouette en faible relief aux contours fortement incisés.

 

La tête est située sur le même plan que le cou, n’ayant pas été dégagée en relief. Le visage, vu strictement de profil, est traité de façon rapide, offrant un nez situé dans le prolongement exact du front. Le rendu très schématique de la chevelure bouclée joue davantage sur les vides que sur le travail en volume de la matière. Ce sont deux courtes incisions qui permettent d’indiquer l’emplacement de l’œil. Le visage se détache sur une outre ovoïde gonflée du breuvage dionysiaque, dont la forme se distingue peu du fond.

 

Le traitement du torse, très arqué, est lui aussi simplifié. La ligne ondulante des pectoraux vient croiser une oblique descendante qui symbolise le sternum, ainsi que la linea alba qui le prolonge visuellement. L’excroissance du pectoral droit, voulue par l’artisan pour suggérer le fort mouvement de torsion de la partie supérieure du buste, n’est pas heureuse et va presque à l’encontre de l’effet escompté, en conférant aux chairs un aspect flasque. L’attitude tournoyante du corps, ainsi que l’accentuation de la musculature, paraît être une variante moins maîtrisée des figures des appliques AF 6569 et AF 6570 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976, p. 94, 96, QUONIAM, CHARLES-PICARD 1970, p. 186, n° 243), du relief 1913, 1027.9 du British Museum (PETRIE, MACKAY 1915, p. 43, pl. L, fig. 1), et d’une œuvre du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128).

 

La torsion du bras droit ainsi que du poignet révèle encore une maladresse. Bien que très schématique, le dessin du panier l’est moins que celui que tient le satyre de l’applique Co. 2066. La forme évasée de la corbeille de vannerie accueillant des fruits globulaires se rapproche des paniers repérables sur un certain nombre de reliefs en os : la pièce 1913, 1027.9 du British Museum (op. cit.), l’applique 18925 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 95, n° 48, pl. 14a), un relief mis en vente par Christie’s à New York (Christie’s, Antiquities, New York, 12/12/2002, lot 216), et un autre vendu à Paris chez Piasa en 2003 (Piasa, Archéologie, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415). Deux pièces de plus petite taille passées en vente publique montrent un panier du même type : vente Sotheby’s, Antiquities and islamic art, New York, 17/12/1998, lot 380 et vente en ligne, Liveauctioneers, M. Malter, Encino, CA, 29/02/2004, lot 75). Les satyres des reliefs fragmentaires 13242 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, pl. 15c), et 21876 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 50, pl. 15d), devaient retenir l’anse de corbeilles similaires.

 

La place que le sculpteur sur os a choisi d’accorder au panier, et la largeur extrême du haut du buste, l’ont contraint à atrophier la jambe gauche et le bras agrippant l’outre à son extrémité. Comme sur l’applique Co. 2056, la taille de la tête paraît réduite par rapport au reste du corps. Toutefois, la carrure du satyre étudié, ainsi que la solidité de ses cuisses, le dissocient de la figure aux jambes grêles de la pièce Co. 2056. La difficulté à inscrire la figure dans le cadre défini par la largeur de la diaphyse d’humérus, et à rendre un mouvement complexe, se lisent aisément sur cette pièce. Le tracé hésitant conjugué à des déformations anatomiques, et à un traitement abrupt des volumes, nous incitent à ne pas placer le façonnage de ce relief avant le IVe - Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13242 (type iconographique).

-Athènes, musée Benaki, 21876 (type iconographique).

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.57 (mouvement du torse).

-Londres, British Museum, 1913, 1027.9 (type iconographique).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6569, AF 6570 (mouvement du torse).

-Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2058 (attitude générale), Co. 2066, Co. 2057 (position du bras droit).

-Vente Christie’s, New York, 12/12/2002, lot 216 (type iconographique).

-Vente Piasa, Paris, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415 (type iconographique).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

 

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Figure d'homme

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

[VOIR CHRONOLOGIE]

IVe – Ve siècle ap. J.-C. ?

H. 13,4 cm ; l. 4,5 cm ; P. max 1,5 cm

Os, fémur de bœuf ou de dromadaire ?

Co. 2200

Comment

State of preservation

L’applique fragmentaire a perdu entièrement son bord dextre, ainsi que sa partie inférieure. De ce fait, ont disparu une grande partie de la tête du personnage, son bras droit, et ses jambes. Une des cassures épouse la courbe de sa cuisse droite. De nombreux éclats viennent interrompre la verticale du bord qui subsiste. L’angle supérieur senestre est également endommagé par un éclat. L’applique offre sur ses deux faces une coloration légèrement ambrée, plus soutenue en certains endroits que d’autres. Des traces noires correspondant à un type de salissure spécifique s’étendent sur toute la surface externe.

Description

Le personnage masculin évolue vers la gauche, comme semblent l’indiquer l’orientation de son visage et de son corps. Contrairement aux figures de satyres askophoroi dansant frénétiquement vers la gauche, telles celles des appliques Co. 2056, Co. 2058 et Co. 2201 du musée Rodin, la tête n’est pas brusquement tournée vers l’arrière, mais accompagne le mouvement du corps. De même, le torse vu presque frontalement, et les cuisses serrées, contrastent avec l’attitude tournoyante de nombre de compagnons de Dionysos.

 

La figure d’homme se présente entièrement nue, à l’exception d’un drapé dont les plis décrivent plusieurs courbes parallèles à celle de la cuisse gauche. Le caractère statique de la silhouette se trouve renforcé par l’impression de solidité et de puissance qui se dégage de l’anatomie masculine. L’artisan a en effet choisi d’exacerber la musculature. Le haut du buste est structuré par une ligne double marquant la clavicule gauche, se poursuivant en une ligne verticale moins appuyée pour suggérer le sternum. Les pectoraux en forte saillie, surmontent une cage thoracique dont les muscles s’étirent en arc de cercle. La notation aussi précise du diaphragme, qui fait écho aux muscles du ventre, est peu courante. Seule l’applique 1913, 1027.9 du British Museum (PETRIE, MACKAY 1915, p. 43, pl. L, fig. 1), et le fragment de relief  UC71151 découvert à Shurafa et conservé au Petrie Museum (PETRIE, MACKAY 1915, p. 44, pl. LI, fig. 2), au travail beaucoup plus frustre, insistent autant sur ce détail. Si les mamelons des seins sont transcrits par des petites incisions circulaires, le nombril est profondément creusé en triangle. Logé au centre d’un ventre renflé, il surplombe un pubis clairement délimité par des incisions, doté d’organes génitaux en relief. L’insistance sur les masses musculaires transparaît également dans les différents plans qui donnent naissance à l’avant-bras. De profonds coups de ciseaux, en creusant la matière osseuse, font ressortir tout particulièrement le deltoïde et le biceps.

 

Le travail de la main à la longueur démesurée, aux deux doigts vus de profil, participe de cette même approche stylistique inaccoutumée. Cette main relevée soutient l’extrémité d’une forme ovoïde remplie d’éléments globulaires. Un cordon en arc de cercle la sépare très nettement du visage. Cet élément pose un réel problème d’identification. On aurait tendance à vouloir y reconnaître une outre, assimilant la figure d’homme à un satyre askophoros, mais l’interstice existant entre le profil du visage et le contenu, ainsi que les petites formes globulaires, ne correspondent pas aux descriptions traditionnelles des outres de vin. Faut-il y voir plutôt une corbeille dont la charge aurait tendance à se renverser ? Aucune applique n’offre d’élément de comparaison qui pourrait nous permettre de fournir une explication satisfaisante.

 

Le visage est lui aussi sculpté dans un style vigoureux. Le profil droit, présente sous un front bas, un nez long et rectiligne. Ce dernier surmonte une bouche aux lèvres particulièrement épaisses, séparées par un sillon profond. Un menton carré sculpté avec rudesse termine le bas du visage.

 

Le fort dégagement des volumes, mis en valeur par un graphisme appuyé, octroie une place tout à fait à part à cette applique. Si elle n’est pas sans rappeler la pièce Co. 2186 sculptée d’une figure de Dionysos, par ses formes solides et structurées, elle s’en démarque par le soin apporté aux détails et au modelé des chairs. Le contraste qu’offrent les formes en assez haut-relief avec la stylisation de certains éléments, tels le coude angulaire, ou le menton massif, est bien révélateur d’un style particulier. Celui-ci ne rencontre guère d’équivalent dans la production d’appliques en os de la fin de la période romaine. Ces critères esthétiques nous amènent à envisager une datation au cours du IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Londres, British Museum, 1913, 1027.9 (anatomie).

-Londres, Petrie Museum, UC71151 (anatomie)

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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