Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve - VIe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,8 cm ; l. 4,65 cm ; ép. max 0,5 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2078

Comment

State of preservation

L’applique est conservée dans son intégralité. On note l’existence de sédiments au sein du tissu osseux spongieux apparent au revers de la pièce. Un tiers de la surface interne, sur le côté dextre, présente une coloration légèrement ocre, que l’on retrouve de façon plus aléatoire sur le reste du dos.

 

Description

La position du personnage est identique à celle du satyre sculpté sur l’applique du musée Rodin Co. 2187. Entièrement nu, à l’exception d’un manteau ou d’une pardalide retombant en larges plis derrière son bras gauche, le jeune homme avance vers la droite en tournant brusquement sa tête vers l’arrière, sans doute pour suivre du regard les autres membres du cortège dionysiaque. Tandis que son bras droit, caché par un repli du drapé, maintient l’outre posée sur son épaule, le bras gauche, écarté du corps, semble retenir un autre pan de l’étoffe, soulevé par ses bonds impétueux.

 

Son corps, aux proportions courtes, offre un torse oblong, fortement cambré vers l’arrière, qui supporte une tête très inclinée, enfoncée dans les épaules. Des coups de ciseaux ayant engendré des arrachements de matière ont déterminé l’emplacement du sternum, de la ligne blanche et du nombril au centre du buste bombé. Le traitement synthétique des volumes se répercute dans la description du visage, qui paraît assez volumineux par rapport au reste du corps. Au sommet de la tête, quelques coups de burin suggèrent l’oreille et les cheveux. Deux incisions courbes dessinent l’œil dont le globe oculaire apparaît en relief, alors que trois enlèvements de matière obliques font naître la forme du nez et les lèvres. La scène est délimitée par une colonne qui s’élève le long du bord senestre. Son décor de torsades est rendu de façon allusive par de courtes incisions obliques redoublées qui scandent le fût.

 

L’applique presque carrée rappelle par ses dimensions les exemplaires Co. 2060 et Co. 2173 de la collection d’A. Rodin, sculptés d’un satyre askophoros, mais selon un schéma inversé. C’est, toutefois, avec le satyre de la pièce Co. 2187, progressant aussi vers la droite, que notre figure partage le plus d’affinités. Soutenant sur l’épaule droite une outre dont le fond arrondi encadre la tête rejetée vers l’arrière, il arbore un torse robuste de forme oblongue fortement arqué. Le visage très stylisé présente des détails anatomiques traités de manière analogue au nôtre. Seule la main gauche redressée sur notre applique, diffère.

 

Le relief s’intègre dans une série de petits éléments de placage peu épais, dédiés à des satyres askophoroi dansant vers la droite, qui a été en grande partie recensée par A. Loverdou-Tsigarida (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 271-273, n° 142-158). Mais parmi ces spécimens, la confrontation est avant tout frappante avec l’applique 18789 conservée au musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 273, n° 156). Des détails répliqués à l’identique, à l’image des trois tores du fût de colonne, ou encore la main gauche qui semble être appuyée sur un pilier, font songer à l’existence d’un modèle commun ou à une production au sein du même atelier. La proximité tant iconographique que stylistique entre ces deux œuvres nous invite à placer la fabrication de l’applique étudiée au cours du Ve-VIe siècle, période avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour la pièce qui en constitue la comparaison la plus éloquente.

 

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18789 (exacte analogie).

-Paris, Musée Rodin, Co. 2187 (type iconographique et style).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve - VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,55 cm ; l. 2,33 cm ; ÉP. max 0,6 cm

Os, côte de bœuf, face pleurale ?

Co. 2306

 

Comment

State of preservation

Ne subsiste de l’applique que la partie centrale correspondant au corps du personnage. Les bras et les attributs ont disparu en raison de la cassure des bords latéraux. Malgré un nettoyage, des traces noires sont encore discernables à la surface du fragment. En haut de la cuisse gauche du personnage est aussi visible une concrétion brune. La matière osseuse, très blanche, à l’aspect crayeux, présente un réseau de petites fentes longitudinales. Au dos, les trabécules du tissu osseux spongieux emprisonnent encore des sédiments.

Description

L’applique, avant d’être brisée, devait affecter une forme carrée ou rectangulaire. La figure d’homme, par sa cambrure et la tête tournée vers la droite, rappelle les figures de satyres des appliques Co. 2060 et Co. 2173, mais s’en démarque par bien des aspects. Si le jeune homme semble bien se retourner, comme tend à le signifier la rotation du haut du corps, il ne progresse pas énergiquement vers la gauche, à leur instar des satyres qui viennent d’être cités. Son attitude est marquée par davantage de nonchalance, le poids du corps reposant sur la jambe gauche en appui. La jambe droite, tendue vers l’arrière, accompagne le déhanchement du buste. Cette posture peu courante pour décrire les figures d’hommes s’observe sur deux appliques du musée Benaki. La première, de forme rectangulaire, est sculptée d’un satyre askophoros (18795 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 275, n° 171, pl. 49), et la seconde, lacunaire, accueillait un satyre poursuivant sans doute une ménade (18796 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 288, n° 259, pl. 68). On notera également que cette position des jambes est celle qu’adopte plus ou moins un satyre marchant vers la gauche sur l’applique Co. 2171 du musée Rodin. Le léger arc-boutement du buste de notre satyre, ainsi que la courbe encore discernable à proximité de son épaule, pourraient suggérer initialement la présence d’un attribut, comme une outre de vin, peut-être soutenue par le bras gauche. 

 

Le corps nu, juvénile, se caractérise par une certaine androgynie. Si l’absence de poitrine et la solidité du buste engagent à reconnaître dans cette figure un jeune compagnon de Dionysos, l’absence de structure musculaire et d’organes génitaux, alliée à des chairs lisses, créé une réelle ambiguïté quant au genre du personnage. Mise en valeur par le drapé d’un long manteau que l’on distingue derrière les jambes, la silhouette offre des formes modelées avec douceur et parfaitement polies. Elle présente une petite tête ronde qui offre au regard son profil gauche, dans un mouvement de torsion du cou peu naturel. Sous une chevelure courte dont les boucles ou ondulations sont rendues par de petites incisions, le front droit se prolonge par un nez rectiligne. La cavité oculaire a été creusée par deux coups de burin. Enfin, une profonde incision courbe permet au menton plutôt rond de se détacher du cou.

 

À rebours de la partie supérieure du corps traitée avec une certaine finesse, les jambes semblent mal dégrossies et les pieds complètement informes. Alors que la jambe droite se démarque par une lourdeur disgracieuse, les contours de la jambe gauche se confondent avec le dessin du drapé qui l’environne. La position des jambes n’est pas sans rappeler la posture de certaines ménades nues dont seule la jambe gauche est recouverte d’un pan de chiton. On se réfèrera pour ce détail précis, par exemple, à l’applique 18811 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 284, n° 236, pl. 64). Sur de nombreuses pièces, des ménades vêtues d’un chiton ceinturé à la taille, empruntent également cette attitude. Sur l’une d’entre-elles aussi conservée au musée Benaki (18818 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 285, n° 236, pl. 65), la ménade se singularise par des jambes particulièrement épaisses, qui ne sont pas sans évoquer celles de notre figure. On peut encore proposer une mise en parallèle de la jambe gauche de notre figure se détachant sur un drapé aux plis recreusés à l’aide d’un burin, avec celle d’une ménade dansant sur l’applique 18839 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 288, n° 257, pl. 68).

 

De toutes les appliques de taille réduite ornées d’une figure de satyre conservées au musée Rodin, ce fragment est celui qui présente les plus petites dimensions. La délicatesse dans le traitement de la figure le fait se détacher également de la série, dont les éléments de placage révèlent, pour la plupart, des silhouettes à la sculpture plus frustre. Les traits du visage stylisés et la coiffure, qui rappellent étroitement la tête de la ménade 18839 du musée Benaki permettent d’envisager une datation proche de celle suggérée par A. Loverdou-Tsigarida. Ce rendu assez linéaire du profil, conjugué à une disproportion des jambes dans notre cas, nous orientent vers une datation au cours du Ve-VIe siècle.

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18795, 18796 (attitude et position des jambes).

-Athènes, musée Benaki, 18811, 18818 (rendu des jambes), 18839 (tête et jambe gauche).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Bras droit de satyre

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe – Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9 cm ; l. 2,5 cm ; P. max 0,9 cm

Os, humérus droit de bœuf

Co. 2283

Comment

State of preservation

Ne subsiste de l’applique que le bord senestre et une partie du chant supérieur. Des éclats sont identifiables sur le fragment restant. Un réseau de fentes longitudinales dans l’angle supérieur senestre accompagne les éclats, correspondant à un délitement de la matière osseuse.

 

Description

Le haut du torse et le bras gauche d’une figure d’homme sont les seules parties que l’on puisse encore discerner. Un drapé, dont les plis se logent au creux du bras, devait retomber dans le dos du personnage. La main gauche semble d’ailleurs en retenir un pan. L’inclinaison du haut du torse, dont la ligne du pectoral gauche est soulignée par un simple arc de cercle gravé, autorise un rapprochement avec les appliques Co. 2093 et Co. 2262-Co 2313 du musée Rodin, sculptées d’une athlétique figure de satyre. L’applique KK 991 du Suermondt Ludwig Museum d’Aix-la-Chapelle constitue aussi un parallèle intéressant (SPORN 2005, p. 248, n° 373 ).

 

L’inclinaison du buste et la position du bras sont analogues sur les trois œuvres de comparaisons citées. La vigoureuse musculature du bras rappelle également la musculature très prononcée de ces autres acolytes de Dionysos. Pourtant, la pièce qui nous préoccupe présente un relief moins accusé, un bras plus court, ainsi qu’une main tenant un pan de manteau, au lieu d’un pedum ou d’une grappe de raisin.

 

Puisque les proportions sont à peu près identiques, il nous est possible d’évaluer la hauteur d’origine de l’applique à environ 10-12 centimètres. Faut-il voir dans la forme allongée que l’on devine au-dessus de l’épaule du personnage, une évocation d’une outre de vin, comme en supportent un grand nombre de satyres ? L’état fragmentaire, la dégradation de l’os, et le manque de précision de la sculpture ne permettent pas de pousser plus loin le raisonnement.

 

En tout état de cause, ce fragment pouvait bien appartenir, à l’origine, à une applique mettant en scène un satyre évoluant avec dynamisme vers la droite, à l’image des pièces de comparaison déjà citées : Co. 2093 et Co. 2262-Co 2313. Le dégagement des volumes est cependant beaucoup moins abouti que sur ces exemplaires, et l’absence de soin dans la définition des contours du corps révèle une main plus rude ou pressée. L’aspect très parcellaire de l’élément de mobilier constitue un frein pour établir une datation. Nous ne pouvons donc suggérer que de manière assez arbitraire une exécution de la pièce au cours du IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Aachen, Suermondt Ludwig Museum, KK 991.

-Paris, musée Rodin, Co. 2093, Co. 2262-Co 2313.

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre tenant un pedum ?

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 8,85 cm ; l. 4,5 cm ; P. max 1,25cm.

Os, tibia de bœuf

Co. 2262 - Co 2313

Comment

State of preservation

Les cassures de la pièce en partie supérieure et sur le côté dextre ont entraîné la disparition de la tête du personnage ainsi que de son bras droit. De petits éclats affectent la bordure inférieure et l’extrémité du pied gauche. La pièce a fait l’objet d’un recollage qui a nécessité l’ajout de comblements permettant l’assemblage des quatre fragments qui étaient disjoints. La cassure verticale qui scindait en deux la figure du satyre a engendré une lacune sur la jambe droite, et une autre au niveau de la bordure inférieure. L’ensemble des cassures a favorisé l’apparition d’un réseau de fissures verticales et obliques présentes dans toute l’épaisseur de l’os. On note également des traces de délitement et de desquamation, notamment sur le bras gauche. Quelques petites taches de couleur ocre brun sont discernables sur les faces externe et interne.

Description

Tandis qu’il avance promptement vers la droite, le satyre amorce un mouvement dans le sens contraire. Le croisement des jambes, conjugué à une légère torsion du buste, suggère un regard porté vers l’arrière. Cette hypothèse, renforcée par l’arc-boutement du haut du tronc, ne peut être totalement validée en raison de la cassure du cou. Malgré tout, la plupart des satyres animant les éléments de mobilier en os adoptent une attitude tournoyante similaire. Cette posture transcrit le mouvement frénétique du corps des faunes dansant au son des tympana, cymbales ou crotales, agités par les ménades. Elle implique également une communication entre les participants au thiase dionysiaque sculptés sur différentes appliques.

 

Bien que le satyre soit aujourd’hui amputé de son bras droit, on peut supposer que ce dernier était relevé, éventuellement pour maintenir une corbeille ou une outre de vin (voir les appliques Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2101, Co. 2145 du musée Rodin). Il pouvait aussi décrire un arc-de-cercle au-dessus de la tête, à l’instar de l’applique 18914 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 93, n° 38, pl. 12c), sur laquelle le satyre fait sienne, par mimétisme, la pose nonchalante de Dionysos Lycien. Le bras gauche, disposé le long du corps, retient un attribut dont l’extrémité touche le sol. Il faut sans doute y reconnaître un pedum, quoique que le manche soit particulièrement large et l’extrémité recourbée difficilement identifiable. On peut citer à cet égard deux reliefs en os sculptés d’une figure de satyre tenant un pedum, dont le sommet en crochet est pointé vers le bas : l’applique 71.57 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128), et un élément fragmentaire appartenant au décor du coffret découvert dans le tombeau du légat Namosas à Haïfa (Musée du Louvre, département des Antiquités orientales, AO 3087 A).

 

La nudité du personnage contraste avec la pardalide qui retombe le long de ses jambes. Ponctuée de petites perforations circulaires, elle présente des extrémités effilées ondulantes, voltigeant au rythme de la danse du satyre. La confrontation avec le fragment d’applique Co. 2097 est éloquente sur le plan strictement iconographique : posture identique et présence d'une peau de léopard aux pans flottant le long des jambes. Le traitement stylistique s’avère néanmoins assez divergent. Aux jambes étirées et fuselées du satyre du relief Co. 2097 s’opposent celles aux cuisses courtes et à la musculature accentuée de notre figure. En outre, le fait que les talons ne prennent pas appui sur la ligne de sol, matérialisée ici par trois rainures, procure davantage de dynamisme à la silhouette qui nous intéresse.

 

Il émane de la physionomie de cet acolyte de Dionysos une impression de vigueur et de solidité. Celle-ci découle des muscles marqués qui structurent fermement le torse et accompagnent le mouvement des jambes. La tension de la musculature est particulièrement sensible dans le rendu des mollets, mis en valeur par une incision. Le buste, vu de trois-quarts, s’accorde par sa taille au canon légèrement trapu du personnage. Plus large que sur de nombreuses appliques, il est structuré par des détails anatomiques indiqués avec précision. Les pectoraux de forme elliptique, aux mamelons notés par deux petits cercles, forment une légère saillie surplombant l’abdomen, occupé en son centre par un profond nombril. La linea alba court du sternum jusqu’à l’ombilic sous la forme d’une ligne droite incisée. A travers les petites ondulations qui animent le flanc gauche, le modelé de l’abdomen révèle une compréhension subtile de l’anatomie masculine.

 

Alors que les organes génitaux sont évoqués de façon discrète, et que la main gauche semble sculptée rapidement, le travail du torse a fait l’objet d’une véritable attention. Les proportions du satyre, son attitude, ainsi que la notation scrupuleuse de certains détails anatomiques, sont autant de caractéristiques qui nous invitent à rapprocher notre pièce de l’applique Co. 2093 du musée Rodin. Cette applique également cassée en partie supérieure ne devait pas dépasser originellement 12 centimètres, à l’image de la nôtre. Elle témoigne, de surcroît, d’une même insistance sur la musculature, en l’exacerbant encore davantage. Elle offre cependant une traduction moins heureuse des masses musculaires, la silhouette affichant une plus grande rigidité.

 

C’est avec l’applique KK 991 du Suermondt Ludwig Museum d’Aix-la-Chapelle que l’élément de placage entretient le plus de parentés (SPORN 2005, p. 248, n° 373). Si l’iconographie diffère un peu en ce qui concerne les attributs, puisque le satyre tient ici dans sa main gauche une lourde grappe de raisin, l’attitude dansante du personnage est particulièrement proche de ce qu’on peut observer sur la pièce du musée Rodin qui nous préoccupe. Progressant du même pas leste, le satyre propose une silhouette aux similitudes frappantes : plasticité du corps aux proportions relativement courtes, ligne sinueuse du flanc gauche suivant l’articulation des masses musculaires, notation méticuleuse des détails anatomiques. Les mamelons sont en effet décrits à l’aide de petites incisions de forme circulaire, et le nombril soigneusement creusé à l’aide d’une très fin trépan-vrille. Cette manière d’indiquer les mamelons se retrouve d’ailleurs sur deux pièces du musée Benaki, sculptées de satyres à la posture analogue au nôtre (12757 et 18914 : MARANGOU 1976, p. 93, n° 37-38, pl. 12b-c).

D’une taille proche, l’applique du musée du Caire 7093, mise au jour à Oxyrhynchos, en dépôt au musée de Port-Saïd, constitue une variante intéressante de notre pièce (STRZYGOWSKI 1904, p. 185, n° 7093, fig. 241). Le compagnon de Dionysos qu’elle supporte, par son allure générale et son buste tournoyant, rappelle la silhouette du musée Rodin ; la forte stylisation des volumes et la sécheresse dans le rendu anatomique l’en éloignent cependant.

 

Notre applique semble appartenir à une série de reliefs avoisinant les 10-12 centimètres de haut. Le sens du modelé et du mouvement qu’elle partage avec l’exemplaire aixois, ainsi que le soin accordé à la transcription des détails anatomiques, participent à en faire une œuvre de qualité. Le rapprochement de la pièce 18914 du musée Benaki, assignée à l’époque sévérienne (193-235 ap. J.-C.) par L. Marangou, et de celle d’Aix-la-Chapelle précédemment citée, datée du IIIe-Ve siècle, nous incite à placer la réalisation de cette pièce au cours des IIIe et IVe siècles.

 

Comparaisons 

-Aachen, Suermondt Ludwig Museum, KK 991 (iconographie et style).

-Athènes, musée Benaki, 18914 (position et détails anatomiques).

-Paris, musée Rodin, Co. 2093 (position et buste), Co. 2097 (posture et pardalide).

-Port-Saïd, musée national, anciennement au musée du Caire, n° 7093 (iconographie).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre dansant

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve - VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale

H. 8,1 cm ; l. 3,18 cm ; P. max 1,86 cm

Co. 2195

Comment

State of preservation

Une cassure oblique au niveau du haut des cuisses de la figure masculine a engendré la disparition des jambes. Des éclats endommagent les angles supérieurs, tandis que le bord senestre est aussi lacunaire en partie inférieure, à proximité de la cassure.

 

Quelques taches ocre brun ponctuent la surface de la pièce, alors qu’au revers, des taches brunes d’aspect gras maculent le milieu du bord dextre. Des sédiments sont encore discernables dans les trabécules de la cavité médullaire. On remarquera également la présence, sur la surface externe, de la structure spongieuse de l’os, au-dessus de la tête du personnage.

 

Un éclat s’est détaché sur le bras droit du personnage. Sur la surface interne, une fente longitudinale court dans l’épaisseur du bord dextre ; un fendillement plus léger, qui suit la même orientation, lui fait écho sur le bord senestre.

Description

Le personnage masculin est difficile à caractériser, faute d’attribut distinctif. Son bras droit, masqué par un pan de manteau, l’associe aux satyres askophoroi, mais il lui manque l’outre remplie de vin. Son attitude rappelle également celle des satyres, dansant vers la gauche, et rejetant leur tête vers l’arrière. La chevelure courte aux mèches bouclées n’est pas sans faire songer également à celle des jeunes suivants de Dionysos. Son bras gauche, amputé par la cassure, devait tenir, soit un pan de drapé, soit une grappe de raisin.

 

Le jeune homme se présente de face ; le buste, très étroit, qui tend à amorcer un mouvement vers la droite, est sculpté de manière à suggérer une vue de trois-quarts. Le visage, dont la taille est disproportionnée par rapport au tronc, est ceint d’une coiffure formée de boucles épaisses, dégageant le front. Son ovale est occupé par des yeux rapprochés, placés de part et d’autre d’un nez large et épaté. Des joues rebondies encadrent une grande bouche aux lèvres charnues.

 

Un cou assez haut et droit relie la tête au buste trop court et effilé. En haut de celui-ci, deux courbes incisées marquent les clavicules. Les pectoraux sculptés en légère saillie, et faiblement inclinés, surmontent la verticale de la linea alba, peu visible. La simplification des volumes et l’accentuation des contours conduisent à une réelle géométrisation du corps. Ainsi, le ventre enflé et le pubis affectent une forme fuselée, séparée de l’amorce des cuisses par de profondes incisions, indiquant les plis inguinaux.

 

Aucune pièce véritablement analogue ne peut être rapprochée de cette applique. Les disproportions, ainsi que le traitement schématique du visage et de l’abdomen, dénotent tout autant une méconnaissance de l’anatomie masculine qu’un manque de maîtrise des techniques de la sculpture sur os. La frontalité de la figure et sa rigidité l’éloignent des silhouettes tournoyantes de certains faunes qui animent le défilé dionysiaque. Tous ces critères plaident en faveur d’une date de création assez tardive, au cours du Ve-VIe siècle.

 

Comparaisons :

-Paris, musée Rodin, Co. 2101, Co. 2145 (face latérale d’humérus gauche de bœuf).

 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,58 cm ; l. 3,92 cm ; P. max 1 cm

Os, tibia de bœuf ?

Co. 2176

Comment

State of preservation

L’applique légèrement convexe est lacunaire dans sa partie dextre. L’angle supérieur droit est manquant et la cassure se poursuit jusqu’aux deux-tiers de la hauteur de la pièce. Un fendillement longitudinal se développe sur toute la pièce. On note un éclat dans l’angle inférieur senestre. Deux autres petits éclats endommageant le bord inférieur semblent avoir accentué le fendillement de la pièce en partie basse.

 

Description

La figure d’homme qui occupe tout l’espace fourni par la plaquette en os rappelle par sa posture les satyres des appliques Co. 2060 et Co. 2173. Tandis qu’il progresse vers la gauche, son torse légèrement arqué accompagne le mouvement de la tête qui regarde vers l’arrière. L’attitude tournoyante du corps, accompagnant le rejet de la tête sur l’épaule droite dans un mouvement exempt de naturel, est celle couramment adoptée par les satyres sur les appliques en os d’époque romaine et protobyzantine.

 

Cependant, la posture de notre faune diffère de celle de ses homologues qui ornent les autres éléments de placage de petite taille du musée Rodin. Si son bras droit retenait peut-être un pan de nébride, comme sur l’applique Co. 2060, le gauche est relevé au-dessus de la tête, décrivant un arc de cercle. En raison de la perte de l’angle droit de la pièce, il paraît difficile de déterminer si la figure retenait une outre gonflée de vin, à l’image de la majorité des satyres sculptés sur les éléments de placage en os. Dans la collection du musée Rodin, seul un satyre sculpté sur une applique rectangulaire de type proche, présente un bras relevé à la manière des représentations de Dionysos Lycien. L’indolence que cette posture est censée traduire s’accorde mal avec le mouvement de fente qu’esquissent énergiquement les jambes du satyre. Cette pose en appui sur la jambe gauche fléchie se distingue, combinée au bras levé, sur le relief 13257 conservé au musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012, p. 41, 45, fig. 7). Le faune qui surmonte une frise d’oves sur cette pièce trouve, par ailleurs, son exacte contrepartie en l’applique 1966.01.0226 du Kelsey Museum à Ann Arbor (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 286, n° 247, pl. 66). La même position encore plus accentuée est reprise par un satyre surplombant une fois de plus une frise d’oves sur une petite applique du musée gréco-romain d’Alexandrie (13289 : BONACASA-CARRA 2000, p. 356, fig. 6), aujourd’hui exposée au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina (BAAM 0379). Les éléments de décor architectural associés au satyre sur ces trois exemplaires renvoient de toute évidence à un modèle commun. Bien que notre satyre ne soit environné d’aucun détail emprunté au vocabulaire de la sculpture décorative, son attitude atteste qu’il dérive d’une formule iconographique proche des trois faunes cités ci-dessus.

 

Doté d’un corps aux proportions très courtes, le jeune acolyte de Dionysos présente des membres à la musculature affirmée qui l’ancrent solidement dans le sol. Son visage rond cerné d’une chevelure aux mèches bouclées est abrité par l’arc formé par le bras relevé. Le nez informe, vu de profil, s’apparente à un appendice rectangulaire qui jouxte l’œil droit, signalé par une perforation circulaire. Raccordé à la tête presque sans cou, le torse est structuré par la ligne incurvée du sternum et de la linea alba. La sculpture hâtive de la silhouette, et la rareté des détails anatomiques, confèrent à l’applique un aspect stylisé très prononcé. D’une facture encore plus frustre que les appliques Co. 2060 et Co. 2173, ce placage en os semble correspondre à une production assez tardive. Par comparaison avec les pièces sculptées de satyres découvertes dans le secteur est de Kôm el-Dikka à Alexandrie dans des niveaux du Ve-VIIe siècle (RODZIEWICZ 1998, p. 143), et celle du Kelsey Museum datée du Ve-VIe siècle par A. Loverdou-Tsigarida (op. cit.), nous pouvons proposer une réalisation au cours du VIe siècle.

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13257, 13289 (BAAM 0379).

-Ann Arbor, Kelsey Museum, 1966.01.0226.

 

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre

Applique de mobilier (fragment)

Égypte > provenance inconnue

Fin du IVe  - Ve siècle ap. J.-C. ? 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7,18 cm ; l. 2,95 cm ; P. max 1,68 cm

Os, humérus droit de bœuf, face latérale.

Co. 2148

Comment

State of preservation

Ce fragment correspond à la partie supérieure d’une applique qui pouvait mesurer, à l’origine, au moins le double de la hauteur conservée. Subsistent la moitié du bord senestre et une infime partie du chant supérieur. Des petites taches ocre ponctuent les surfaces externe et interne. Une longue fissure, ainsi que d’autres plus courtes, courent sur toute la hauteur du fragment, dans l’épaisseur du bord senestre. La cavité médullaire est occupée par des trabécules encore légèrement chargées de sédiments. Un éclat de surface endommage le bas de la joue droite.

Description

Les multiples cassures n’ont permis de conserver que la tête et le bras gauche de la figure de jeune homme. La présentation de son profil droit laisse entrevoir une posture analogue à celle des satyres qui dansent vers la droite, tout en détournant la tête vers l’arrière. C’est cette attitude qu’adoptent nombre de satyres sur une série de reliefs du musée Rodin : Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2101, Co. 2116 et Co. 2145. Le bras gauche, à l’extrémité duquel s’observe l’amorce de la main, se trouvait le long du corps.

 

Une épaisse masse capillaire, dont les boucles sont traitées en faible relief de façon assez libre, vient coiffer un visage plein, dont les contours ont été sculptés sans grand soin. L’œil droit, lenticulaire, voisine avec un nez épaté, qui n’a pas été dégrossi. Ce nez proéminent surplombe une petite bouche aux lèvres charnues. Une facette détermine le menton qui semble être superposé directement au haut du buste. Le cou est absent, comme sur l’applique Co. 2145.

 

Le mouvement anti-naturel qu’effectue le satyre, en cherchant à porter son regard derrière lui, s’observe, en miroir, sur le fragment Co. 2081 de la collection d’A. Rodin, sculpté cette fois-ci dans un humérus gauche de bœuf. Le cou disparaît également, puisque la tête semble inclinée vers l’avant. On remarquera que la même insistance a été portée sur l’épaule, assez développée, et que le débouché du canal nourricier se situe presque dans la même zone.

 

La tête semble être une version très maladroite et peu soignée des visages de l’applique Co. 2068 du musée Rodin, ou de ceux des exemplaires 18902 et 18917 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 91-92, n° 26, pl. 11a, p. 93, n° 35, pl. 12f). Les contours approximatifs du bras, la confusion des traits faciaux, ainsi que la stylisation de la chevelure, traduisent des gestes nerveux et peu assurés. Doit-on y voir l’œuvre d’un artisan en apprentissage ? Cependant, le manque de dextérité ne semble pouvoir expliquer à lui seul la schématisation des volumes et de l’anatomie du visage. Aussi, il est souhaitable de ne pas envisager une date de fabrication avant la fin du IVe ou le Ve siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2068 (face latérale d’humérus droit et iconographie), Co. 2081 (posture en miroir).

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?        

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,5 cm ; l. 3,3 cm ; P. max 2 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face postérieure ?

Co. 2145

 

Comment

State of preservation

Une cassure située à mi-hauteur des jambes a entraîné la perte de la partie inférieure du personnage. L’applique est également brisée sur le bord senestre, la cassure suivant plus ou moins de près les contours du corps du satyre. En outre, un important éclat a fait disparaître l’angle supérieur dextre. Des sédiments subsistent dans la cavité médullaire, et dans une moindre mesure, sur la surface externe de la pièce. Viennent s’ajouter des marques noires à l’aspect gras, atténuées par la restauration. On signalera enfin de minuscules taches ocre sur le ventre de la figure masculine et au revers, ainsi qu’une marque peu visible d’oxydation située sur la clavicule et l’épaule droite. La partie supérieure de la cavité médullaire révèle aussi une teinte légèrement verdâtre.

 

Description

Cheminant ou dansant vers la droite, le jeune homme au corps juvénile détourne le regard vers l’arrière. Une légère torsion du buste se perçoit dans sa partie supérieure, tandis que le visage pivote complètement sur la gauche, présentant ainsi son profil droit. Complètement nu, à l’exception d’un himation, dont un pan couvre sa main droite, il supporte sur son épaule droite, une outre de vin en peau animale, dont la forme rebondie se distingue derrière son visage. Si des satyres askophoroi peuplent les thiases dionysiaques couvrant les faces des sarcophages romains des IIe-IIIe siècles, peu d’entre eux semblent avoir inspiré directement les figures sculptées sur les éléments de mobilier en os. Pourtant, ce schéma iconographique est adopté par au moins la moitié des appliques dévolues à ce type iconographique au sein de la collection du musée Rodin.

 

Structuré par de larges plans, le visage est couronné de cheveux courts aux mèches hirsutes. Structuré par de larges plans, le visage est couronné de cheveux courts aux mèches hirsutes. Une couronne de feuilles de lierre agrémente peut-être la chevelure, mais celle-ci ne se distingue pas vraiment des boucles épaisses. Cette coiffure désordonnée surmonte un front bas, et enserre une oreille de faune bien mise en valeur. Le traitement de la masse capillaire légèrement ébouriffée renvoie à celui de l’applique Co. 2063. Il n’est pas sans évoquer également celui du satyre du relief 71.57 du Walter Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128). Si le visage de ce dernier regarde du côté droit et se présente de trois-quarts, l’agencement des mèches de cheveux sur deux niveaux, conférant un certain volume à la chevelure, constitue une version plus soignée de la coiffure de notre satyre.

 

Un nez petit et large voisine avec un œil grand ouvert marqué par une large dépression, meublée d’une pupille globulaire. Il surplombe des lèvres épaisses entrouvertes, au-dessus d’un menton qui prolonge une mâchoire carrée. Le choix de rendre la pupille par une bille minuscule, animée par l’ombre et la lumière, plutôt que par une incision, situe ce visage, tout comme les lèvres ouvertes, dans la lignée de la tradition de la sculpture hellénistique (cf. MARANGOU 1976, p. 75). Un rapprochement peut être une nouvelle fois opéré avec l’applique 71.57 du Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, op. cit), au sujet du traitement en relief de la pupille et des lèvres ourlées.

 

Raccordée au buste par un cou quasi inexistant, la tête est rejetée en arrière dans une pose peu naturelle. Elle se détache sur le cuir d’une outre gonflée du breuvage dionysiaque. Le souci de rendre la texture de la peau par de profondes incisions trouve des parallèles sur d’autres pièces du musée Rodin : Co. 2055, Co. 2275, et Co. 2063, mais c’est sans conteste la dernière applique de la série, qui se rapproche le plus de notre exemplaire par les vives incisions au dessin triangulaire, qui ponctuent la surface de l’outre de vin. Une double ligne, au-dessus de l’outre, semble indiquer la présence d’une arcade ou d’une moulure au sommet de l’élément de placage.

 

La posture du satyre se retrouve de façon analogue sur une série de pièces du musée Rodin : Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2101. L’himation, qui retombe dans son dos, dissimule sa main droite maintenant fermement l’ouverture de l’outre, comme sur la plupart des pièces mentionnées à titre de comparaisons, hormis sur la pièce Co. 2063. Le buste fortement arqué accompagne le mouvement de la tête tournée vers l’arrière. Cette torsion et flexion du haut du torse, trouve des échos éloquents sur les figures des pièces Co. 2055 et Co. 2063. Malgré une moindre accentuation de l’articulation des muscles, l’artisan est parvenu à suggérer le même arc-boutement du corps, en léger déséquilibre. Contrairement à la notation appuyée des détails anatomiques des corps des satyres des appliques Co. 2055 et Co. 2063, la structure musculaire se devine à travers les dépressions créées par les enlèvements de matière. Ainsi, le sternum, les pectoraux, les côtes, la ligne blanche ou les muscles de l’abdomen apparaissent de manière relativement discrète. Le nombril, noté par une timide perforation, surplombe un pubis et des organes génitaux aux contours très accidentés et confus. On notera que le torse large se poursuit en un bassin assez étroit, sans que la taille ne soit indiquée.

 

Malgré sa proximité avec les appliques Co. 2055 et Co. 2063, ce relief propose une facture moins aboutie. La plasticité du visage contraste avec un corps, non dénué de volume, mais caractérisé par un manque de finition. Ces différentes composantes, ainsi que le rappel de certains éléments du visage de l’applique 7157 du Walters Art Museum de Baltimore, assignée par R. H. Randall au IVe siècle, laissent penser à une production au cours de ce même siècle.

 

Comparaisons

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.57 (visage et chevelure).

-Paris, musée Rodin, Co. 2055 (posture et traitement de l’outre), Co. 2063 (posture, anatomie, et traitement de l’outre), Co. 2068 (attitude), Co. 2101 (posture).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 8,44 cm ; l. 3,5 cm ; P. max 1,9 cm

Os, humérus droit de bœuf, face antérieure.

Co. 2116

Comment

State of preservation

Deux pans de fracture en biais ont entraîné la perte de la partie inférieure de l’applique. En conséquence, seul le haut des jambes du personnage est encore conservé. Si le bord senestre est préservé sur une bonne partie de sa hauteur, il n’en est pas de même du bord dextre, endommagé par de nombreux petits d’éclats. On note également une large perte de matière dans l’angle supérieur senestre, tandis qu’un éclat ampute aussi l’angle supérieur dextre.

 

L’élément de mobilier était recouvert d’une couche importante de salissure atténuée par la restauration, mais encore perceptible en surface de l’os à cause de la nature spongieuse de la matrice retenue. Plusieurs taches ocre brun ponctuent la surface : près de la tête du personnage, sur les bras, ainsi que sur le pubis. Des sédiments subsistent dans les trabécules, au dos de l’applique.

 

Description

L’identification du personnage n’apparaît pas évidente de prime abord. Le gonflement du haut du buste, ainsi que la coiffure, font naître une hésitation quant au genre à lui attribuer. Toutefois, l’aspect bouclé de la chevelure, et la notation discrète des organes génitaux, nous oriente plutôt vers un personnage masculin. Il pourrait s’agir d’un satyre tenant un attribut difficile à déterminer. Le bras gauche, barrant le torse, porté assez haut, semble soutenir une corbeille, ou frapper un tympanon au dessin très simplifié. L’applique 18938 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 94-95, n° 44, pl. 13b) nous offre un élément de réponse en proposant la contrepartie de notre relief. D’après L. Marangou, le satyre nu, dansant vers la gauche, lève un grand tympanon de forme oblongue à la hauteur de son visage. Cet instrument est habituellement davantage réservé aux ménades, et la posture du satyre aux bras pliés et relevés ne s’observe que rarement sur les reliefs en os.

 

Le corps svelte du satyre de notre applique s’accorde à l’étroitesse de la matrice osseuse. Vu de trois-quarts, le personnage s’avance vers la droite, alors que sa tête pivote brusquement vers la gauche. Il porte son regard derrière lui, suivant probablement des yeux les autres membres du cortège dionysiaque qui le rejoignaient. Doté d’une tête relativement petite, il présente son profil droit, marqué par une joue rebondie et un menton fuyant. Un nez informe surmonte des lèvres épaisses aux contours mal définis. Sous une arcade sourcilière fortement incisée, vient se loger l’œil droit dont la pupille est en légère saillie. La chevelure en calotte aux mèches bouclées dégage une nuque raide. Le visage n’est pas sans rappeler, par son orientation et son traitement, cependant moins en finesse, celui du satyre supportant une ciste sur l’applique 18917 conservée au musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 93, n° 35, pl. 12f).

 

Le visage se greffe sur un corps juvénile aux chairs lisses par l’intermédiaire d’un cou étiré. La courbure du dos et des épaules a été très accentuée, sans être aussi appuyée que sur l’applique Co. 2081 du musée Rodin. La figure de faune de cette pièce de comparaison offrait sans doute une position analogue, bien qu’en miroir, à celle de notre pièce. Un himation retombe dans le dos du jeune homme, uniquement visible le long des hanches et de la cuisse gauche. La notation des détails anatomiques demeure discrète : la musculature du biceps du bras gauche est légèrement développée tandis que le nombril est absent. Une incision courbe traduit de façon quelque peu maladroite le gonflement des pectoraux.

 

Le corps tourné vers la droite du satyre le rapproche –, pour la partie inférieure –, des figures des appliques Co. 2101 ou encore Co. 2068, même s’il s’en démarque par une attitude plus statique. Sa jambe gauche devait probablement être projetée en avant, à l’image des postures des satyres des appliques Co. 2068, Co. 2097, Co. 2262-Co. 2313, Co. 2093.

 

La pose peu courante qu’adopte notre satyre le met indiscutablement en lien avec l’applique 18938 du musée Benaki (MARANGOU 1976, op. cit.), sur laquelle la figure évolue en sens opposé. La pièce 18942 appartenant à la même collection (MARANGOU 1976, p. 93, n° 33, pl. 14d), a l’avantage d’offrir une silhouette à l’attitude particulièrement proche, la main relevée à hauteur du visage. Malgré cette proximité en matière de posture, le rendu de l’exemplaire du musée Rodin est bien différent de celui, assez subtil, des pièces citées. L’attitude manquant de naturel, la stylisation extrême de l’attribut tenu par le satyre, ainsi que l’approche indécise dans le travail de la matière, incitent à ne pas placer la réalisation de cet élément de mobilier avant le IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18938 (attitude et attribut), 18942 (attitude), 18917 (visage).

-Paris, musée Rodin, Co. 2068Co. 2097Co. 2262-Co. 2313Co. 2093 (position des jambes).

 

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Satyre portant une outre de vin

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe - début du Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,8 cm ; l. 4,15 cm ; P. max 2,5 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale.

Co. 2101

Comment

State of preservation

La partie inférieure de l’applique est perdue en raison d’une cassure à deux pans de fracture, qui ampute le personnage de ses jambes au-dessus des genoux, et de l’extrémité de son bras gauche. Quelques petits éclats sont visibles en partie supérieure : sur une boucle de cheveux, ainsi que le long du chant sommital.

 

Les profondes trabécules, qui occupent la cavité médullaire au revers de la pièce, sont encore pleines de sédiments. Les bords internes de l’applique sont parcourus par un réseau de fentes longitudinales, qui se développe dans l’épaisseur du tissu compact. Un fendillement s’observe également sur la surface externe. Des petits éclats pourraient même correspondre à un délitage de la matière osseuse, en certains points du torse.

 

Une coloration ocre brun recouvre une grande partie de la pièce : elle s’étend sur tout le côté senestre et sur la zone inférieure. La même teinte se retrouve, dans un ton moins soutenu, sur la surface interne de l’objet.

 

Description

Le satyre se dirige vers la droite mais regarde dans la direction opposée, affectant une pose qui manque de naturel. Son bras droit, masqué par le drapé d’un himation, soutient une outre de vin placée sur son épaule. L’autre bras, aujourd’hui lacunaire devait, soit retomber le long du corps, soit soutenir un pan du manteau. Cette posture est celle qu’adoptent plusieurs jeunes faunes sur les pièces de la collection Rodin : Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2145. Dans notre cas, la forme de l’outre n’est que suggérée et semble se confondre avec l’arrière-plan.

 

Pourvu d’une musculature vigoureuse, le satyre présente une large carrure. L’extension extrême de l’épaule, comme l’hypertrophie du pectoral gauche, trahissent une mauvaise perception de la torsion du buste, ou une erreur dans la mise en place du raccourci. Vient se greffer sur ce buste fortement charpenté, un long cou soutenant une tête relativement petite. A la différence d’autres satyres à la tête inclinée et au torse arqué, celui-ci offre un buste et une tête droite, montrant son profil droit. Le visage, à la mâchoire solide et volontaire, est couronné d’une épaisse masse capillaire, aux boucles fournies, dont émerge une oreille effilée. Un travail heurté au ciseau a fait naître un nez légèrement retroussé, voisinant avec un œil enfoncé, puis une large bouche, surmontant un menton prognathe.

 

A la tête à la plasticité affirmée, répond un buste dont se dégage une impression de puissance et de robustesse. Les pectoraux bombés, séparés par des enlèvements de matière symbolisant l’emplacement du sternum, surplombent un abdomen aux chairs fermes. Sans être aussi subtil dans la transcription de l’articulation des muscles, le torse de notre satyre peut être comparé à celui du relief F 1937/9.3 conservé au Rijksmuseum van Oudheden de Leyde. En partie inférieure, des cuisses stables, vues presque de profil, indiquent peut-être que l’écartement des jambes était moins important sur ce relief que sur d’autres pièces.

 

Le fragment renvoie par l’atttitude du satyre à une applique découverte à Shurafa en Moyenne-Egypte et désormais conservée au musée de Manchester sous le numéro d'inventaire 5423 (PETRIE, MACKAY 1915, p. 44, pl. LII, fig. 13). Malgré une structure musculaire bien dessinée, le jeune acolyte de Dionysos se distingue du nôtre par une grande stylisation du visage et du corps.

La mise en valeur des volumes par une accentuation et une variation du relief permet de rapprocher l’applique qui nous intéresse de l’exemplaire AF 6570 conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (QUONIAM, CHARLES-PICARD 1970, p. 186, n° 243 ; MARANGOU 1976, p. 96). En dépit d’un polissage très peu poussé, on devine la tension musculaire sous les chairs, comme sur ce relief. La comparaison peut être étendue également à la chevelure formée de boucles à la fois gonflées et légèrement lâches. Le fragment du Louvre semble constituer la contrepartie de notre pièce, jusque dans le choix du segment d’humérus, puisqu’on repère également le débouché du canal nourricier sur l’abdomen.

 

Le sens plastique dont a fait preuve l’artisan dans la sculpture de cet athlétique satyre compense le manque de soin apporté aux précisions de l’anatomie et au lustrage des chairs. Cette maîtrise sculpturale, signe d’une compréhension du corps humain, et d’un certain savoir-faire, nous permet d’envisager la réalisation de cette pièce au cours du IVe siècle ou au début du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Leyde, Rijksmuseum van Oudheden, F 1937/9.3 (torse).

-Manchester, 5423 (iconographie et attitude).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6570 (contrepartie).

-Paris, musée Rodin, Co. 2055, Co. 2063, Co. 2068, Co. 2145 (iconographie et attitude).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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