Apis - taureau

Ex-voto

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE 

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 2,1 cm ; L. : 1 cm ; P. : 5 cm 

Co. 2422

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre présente un très mauvais état de conservation. Le métal est extrêmement oxydé et se délite sous les doigts.

La statuette est entière mais aujourd’hui séparée en deux parties, le corps et le haut des pattes d’une part, et la base et les sabots d’autre part. Les pattes sont brisées et le corps du boviné présente de nombreuses fissures et piqures, des éléments qui indiquent que l’alliage de mauvaise qualité a été fondu trop rapidement.

Description

L’œuvre Co. 2422 figure un dieu sous la forme d’un taureau, probablement Apis, debout sur une base plate. Un tenon est visible sous cette fine plaque. Il permettait d’insérer l’œuvre dans un soclage plus grand. Les deux pattes gauches sont en avant.

L’œuvre présente un état de conservation très mauvais. Les détails qui étaient représentés sur la figurine à l’origine ont aujourd’hui disparu. On note cependant que le corps est très fin, de même que la tête de l’animal. Deux formes rondes marquent les yeux globuleux. Les oreilles pointues s’étirent sous les cornes. Comme sur de très nombreuses statuettes en bronze de taureaux sacrés, un élément décoratif de forme triangulaire est visible sur la tête de l’animal (ROEDER 1956, §411b-f). Le museau est long et fin. Le dos a été modelé de façon à dessiner les épaules et la croupe, cette dernière étant trop haute pour être naturelle. De la croupe se dégage la queue qui longe la patte arrière droite, comme c’est le cas généralement pour ce type d’œuvre, voir par exemple les statuettes du musée Rodin, Co. 685, Co. 798, Co. 807, Co. 1234, Co. 2369 et Co. 5629.

 

La statuette est de manufacture assez rudimentaire, témoignant d’un moulage à la chaine. En effet, à partir de l’époque tardive, les petits bronzes sont diffusés dans toute la méditerranée depuis les principaux centres religieux égyptiens. Les inscriptions hiéroglyphiques présentes sur quelques unes des statuettes de taureau signalent que différentes divinités pouvaient être figurées ainsi, tel le dieu Apis – ou certaines de ses formes comme Horus-Apis ou Osiris-Apis –, mais aussi le taureau Mnevis ou Osiris-Mnevis (AUBERT, AUBERT 2001, p. 287). Dès lors, en l’absence d’inscription, il demeure difficile d’associer une divinité à l’objet Co. 2422.

Le taureau est un animal vénéré en Égypte depuis le prédynastique, et symbolise la force divine et la fécondité. Pour ces raisons, il fut rapidement associé à la crue du Nil et à Osiris. Considérés comme les apparences de certaines divinités, plusieurs taureaux sacrés sont connus dans le pays, comme le taureau blanc de Min, le Mnevis de Rê à Héliopolis, mais aussi Hormerty en Chedenou, le grand Kemour noir à Athribis, et Bouchis à Hermopolis et Médamoud. Le plus connu demeure sans nul doute le taureau Apis, représentant le dieu Ptah, et animal régulièrement représenté dans l’art égyptien des époques tardives.

 

La statuette est assez statique bien que l’artisan ait essayé de rendre le mouvement.

 

Attesté dès le règne de l’Horus Aha à la première dynastie, le culte du taureau Apis est aussi ancien que l’est la civilisation égyptienne. De par cette longévité, il s’enrichit de nombreuses associations avec d’autres dieux. Vénéré particulièrement à Memphis, il est naturellement associé à Ptah, dieu local, dont il devient le « héraut » à partir du règne d’Amenhotep III à la XVIIIe dynastie. Lié à l’origine à la fécondité et par conséquent à la fonction royale, il ajoute à ses marques reconnaissables un disque solaire entre ses cornes, orné d’un ou de deux uraei symbolisant son affiliation au dieu Rê. Cette association au dieu solaire se retrouve chez un autre bovidé, le taureau Mnévis d’Héliopolis, possédant également un disque solaire entre les cornes. Ces deux taureaux sont souvent confondus en l’absence d’inscriptions qui identifieraient clairement le dieu figuré. Apis obtient aussi des prérogatives funéraires en se fondant avec Osiris et devient Osirapis, qui bien plus tard donnera le dieu Sérapis.

 

Pour reprendre l’appellation d’Alain Charron, Apis faisait partie des « uniques », c’est-à-dire « une bête choisie parmi ses congénères de la même espèce pour être l’hypostase de la divinité de la cité. » (CHARRON 2002, p. 176). Ce qualificatif lui offrait de nombreux avantages, notamment le fait d’être couronné, de posséder un culte propre, d’être entretenu et bien traité, ainsi que d’avoir des funérailles dignes d’un dieu. Toutefois, les uniques n’étaient pas des dieux à part entière mais étaient des ouhem. Ce mot traduit généralement par « héraut » faisait de l’animal un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il avait un rôle de médiateur, chargé de transmettre au dieu les prières des dévots et parfois possédait un rôle d’oracle.

 

La plupart du temps, Apis est représenté sous la forme d’un taureau marchant, un disque solaire entre ses cornes. Mais d’autres figurations de ce dieu ont pu être utilisées. Par exemple, un homme à tête de taureau tenant le sceptre ouas et la crois ankh, ou encore une momie humaine à tête de bovidé. C’est à partir de la Basse-Époque que de nouveaux attributs viennent compléter l’iconographie du taureau, notamment un scarabée ailé sur son garrot, un vautour ailé sur sa croupe et un « tapis » frangé sur son dos.

 

L’œuvre Co. 2422 tenait de la dévotion personnelle. À la mort du dieu bovidé, de nombreuses statuettes en bronze étaient commandées, moulées et présentées en offrandes sur les lieux de culte du Sérapeum afin de demander au dieu d’accorder ses bienfaits et sa protection au commanditaire.

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples de statuettes de taureau en alliages cuivreux, Co. 685, Co. 798, Co. 807, Co. 1234, Co. 2369, Co. 2395 et Co. 5629.

La statuette Co. 2422 est à rapprocher de Co. 1234 de par son traitement et la finesse du corps.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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