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Cylindre long de charnière

Provenance inconnue

Ier-IIe siècle ap. J.-C.

L. 10,19 cm ; D. max. 2,5

Os, tibia de bœuf

Co. 6558

Commentaire

Etat de conservation

L’état de surface de l’os est très altéré. Une fente longitudinale court entre le décor de rainures et le trou placé en-dessous. Le cylindre est recouvert d’une couche de sédiments tant sur sa face externe, que sur sa partie interne. On note aussi quelques pertes de matière.

Description

Cet élément cylindrique de charnière, de dimensions importantes, présente une base sciée légèrement en oblique, alors que l’autre extrémité est tournée. On y distingue trois fines stries concentriques. Juste au-dessous sont alignées deux perforations latérales.

 

Répandues dans le monde classique depuis l’époque hellénistique, les charnières étaient utilisées sur de meubles à battants tels des armaria, des coffres, des coffrets. Etant donné qu’elles ont souvent été retrouvées désolidarisées de leur support d’origine en bois, leur articulation à la structure du meuble, demeure imprécise. La découverte de deux meubles pourvus encore de leur système de charnière à Herculanum a permis de mieux appréhender les spécificités de montage de ces éléments cylindriques.

 

Fabriqués à partir de la diaphyse d’os longs de mammifères, les cylindres de taille identique, sans doute façonnés en série, étaient assemblées grâce à une âme en bois, que l’on introduisait dans leur cavité, correspondant au canal médullaire de l’os. Cette âme était pourvue à l’une de ses extrémités, d’un tenon saillant, et à l’autre d’une cavité cylindrique. Ainsi, ces cylindres pouvaient être emboîtés les uns dans les autres, et tourner sur eux-mêmes. Le mouvement de rotation était sans doute favorisé par une application de cire. Dans les trous latéraux venaient se loger des fiches en métal, en bois ou en os, qui rattachaient alternativement les cylindres au montant et au battant du meuble (voir les schémas dans BÉAL 1984 (1), p. 25 ; BÉAL 1984 (2), p. 10). Les extrémités supérieures pouvaient être décorées d’un disque mouluré rehaussé d’une tige galbée.

 

Ce cylindre appartient à la catégorie des éléments longs souvent ornés de deux, trois ou cinq perforations. Il est incisé de rainures creuses sous son extrémité supérieure, renfermant une matière cireuse ou résineuse noire. Il est probable que ce type de décor ait pu être mis à profit pour le montage de la charnière, ou le forage des trous recevant les chevilles, qui permettaient d’articuler le tout au corps du meuble (ANDERES 2015, p. 49). Des analyses ont mis en évidence l’utilisation de brai de bouleau pour des cylindres de charnières gallo-romains découverts à Fréjus (MAZUY, RODET-BELARBI, RAGEOT & REGERT 2014, p. 26-27).

 

Si elles connaissent une très large diffusion, les charnières semblent essentiellement attestées entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. Mais leur usage semble se raréfier au cours du IIIe siècle, et elles sont souvent absentes des contextes archéologiques du IVe siècle (SCHENK 2008, p. 84 ; ANDERES 2015, p. 50).

 

Comparaisons

-Avenches, musée romain, inv. 70/7243, inv. 87/7414-7.

-Lausanne-Vidy, musée romain, inv. VS90/8107-2.

-Lyon, Lugdunum - musée et théâtre romains, inv. 382 (BÉAL 1983, n° 150 p. 106, pl. XXI).

-Paris, musée Carnavalet (DUREUIL 1996, cat. 171-172 p. 80).

-Paris, musée Rodin, Co. 6557.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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