Tête masculine

Égypte > provenance inconnue

Basse Époque probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire

H. 4,2 CM ; L. 3,3 CM ; P. 3,4 CM

Co. 2329

Commentaire

Etat de conservation

Seule la tête de cette figurine est conservée au musée. Une large fissure entaille le sommet du crâne, courant d’une oreille à l’autre. Toute la surface est érodée, et les traits saillants du visage sont arasés. La moitié inférieure de l’oreille droite a disparu. Un éclat récent est visible à l’extrémité inférieure du nez. La statuette a été cassée en biseau au niveau du cou. L’objet est noirci sur sa partie droite.

Description

Le fragment de statuette Co. 2329 représente une tête d’homme au crâne rasé ou chauve. Aucune calotte, ni représentation de chevelure ne sont visibles. La tête se caractérise par un crâne arrondi et un visage rond, aux pommettes hautes.

 

Les traits du visage sont sculptés en relief avec une grande finesse d’exécution. Les arcades sourcilières, plutôt marquées, se rejoignent à l’arête du nez. Les yeux sont peu ouverts, avec des coins étirés, surtout sur le côté externe. Ils sont cerclés par un fin bourrelet qui figure les paupières ou une ligne de fard. Le nez, triangulaire, est légèrement épaté ; les narines sont indiquées. La bouche, horizontale, présente des lèvres fines dont les commissures tombantes (ce détail est bien visible sur la vue de profil). Le menton est arrondi. Les oreilles, plutôt petites, n’étaient pas détaillées. L’arrière du crâne a reçu moins de finition et de fines traces d’outils y sont encore visibles.

 

Le style de ce fragment de sculpture, en particulier les traits du visage, permettent de le rapprocher de la statuaire de la Basse Époque (entre le VIIe et le IVe s. av. J.-C.). Les effigies d’hommes au crâne rasé sont en effet très fréquentes à cette période (voir la série des « egg-heads », PERDU 2012, p. 86-89). Les détails du visage de Co. 2329 peuvent ainsi être comparés à ceux de la tête d’Ousirour, conservée au Brooklyn Museum de New York (Inv. N° 55.175, cf. PERDU 2012, notice 25 p. 82-83. Bien que réalisée en grauwacke et de dimensions plus importantes que celle du musée Rodin (15 cm de hauteur), la tête de Brooklyn présente des caractéristiques faciales similaires (yeux, nez et bouche). Par l’inscription gravée sur l’autre partie de la statue, conservée au musée du Caire, nous savons qu’Ousirour était prêtre du dieu thébain Montou.

 

L’absence de perruque ou de tout autre couverture capillaire peut signifier que l’homme représenté sur la statuette d’où provient la tête Co. 2329 était un prêtre. En effet, les prêtres égyptiens avaient l’obligation de se raser la tête. Lorsqu’ils n’officiaient pas, ils étaient autorisés à se couvrir d’une perruque, signe d’appartenance à une classe sociale aisée. Néanmoins, l’absence de perruque n’est pas l’indication exclusive de la fonction sacerdotale ; des membres masculins de l’élite égyptienne ont pu être figurés chauves (cf. les statues en bois du chancelier Nakhti conservées au musée du Louvre, datées du début de la XIIe dynastie. En ce qui concerne la tête Co. 2329, d’autres éléments tels que l’attitude, un vêtement (une peau de panthère, par exemple), une inscription comportant ses titres, ou un attribut (un collier amulette, par exemple), permettraient de déterminer si le personnage de la tête Co. 2329 appartenait à la classe sacerdotale.

 

De nombreuses représentations de prêtres de la période tardive, réalisées en bois, en bronze et dans diverses pierres sont connues. Un très bel exemple est la statue de Padiamon en bronze, dont les yeux sont incrustés (XXVe dynastie, musée du Louvre Inv. N° E 10586, ÉTIENNE 2009, notice 293 p. 334).

Parmi les exemplaires en pierre figurent la statue en grauwacke d’Hénat, prêtre de la déesse Neith à Saïs (Florence, Museo Archeologico Nazionale, Inv. N° 1784) (ÉTIENNE 2009, notice 259 p. 307) et celle d’un employé du temple de Ptah à Memphis appelé Djedhor, en diorite (musée du Louvre Inv. N° E 11604) (ÉTIENNE 2009, notice 271 p. 318).

Œuvres associées

Cette pièce peut être associée avec la tête féminine Co. 2330, réalisée dans le même matériau que la tête masculine Co. 2329, de style et de dimensions tout à fait semblables, et datée probablement de la même époque.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, "Dans la rotonde droite vitrine n° 35", 60, "Petite tête d'homme en calcaire.Tête rasée les oreilles sont indiquées assez grossièrement. Haut. 4 cent. Estimée 10 francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

La tête fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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