Matière et technique

Le vase et le bouchon sont en albâtre calcaire. La couleur n’est pas homogène, la pierre présente des veines grises et des taches blanches. Les auréoles de couleur brune à beige sont le fait d’oxydes de fer présent dans le matériau à des concentrations plus ou moins grandes.

 

Chaque élément est sculpté dans un seul bloc de pierre, la taille directe étant la technique de réalisation. L’objet est poli jusque dans sa partie creuse ; seul l’envers du vase et du couvercle est exempt de finition. Le vase a été foré, des stries concentriques résultant du forage sont encore visibles à l’intérieur. L’évidement est de forme tubulaire, le fond est arrondi.

 

Les hiéroglyphes sont gravés dans le matériau. Leur exécution a été rendue difficile par la présence de gros cristaux à cet endroit (cela se traduit par de petits éclats). La polychromie de l’inscription est déposée directement sur le support ; très localisée, elle laisse une large place au jeu de couleurs du matériau lui-même. Elle se limite aux incisions qui forment les hiéroglyphes ; elle est constituée :

- de pigments rouges pour les lignes délimitant les bandes verticales – sans doute de l’oxyde de fer,

- de pigments bleus pour les signes hiéroglyphiques, semblables au bleu égyptien (carbonate double de cuivre et de calcium).

 

La circonférence du col du vase et les colonnes d’inscriptions de la panse ne sont pas rectilignes, tout comme le vase canope Co. 5899 provenant vraisemblablement du même lot.

 

Sous le couvercle adhère encore une pellicule noire, brillante et dure de consistance. Il pourrait s’agir de bitume ayant servi à la momification des viscères. De même, la présence d’un badigeon blanc sous le couvercle correspondrait peut-être au mortier de scellement de la panse et du bouchon. Un test a permis de l’identifier comme un matériau carbonaté.

 

Analyses :

Aucune.

Etat de conservation

L’œuvre présente quelques manques, éclats et épaufrures. Ces dommages sont notamment visibles sur le vase au niveau de l’ouverture et de la base, à la pointe des oreilles, à l’extrémité du museau et à la base du bouchon.

La polychromie rouge et bleue de l’inscription est assez lacunaire et se concentre surtout dans les plages incisées les plus étendues. Elle semble présenter une bonne adhérence au support.

Le museau du chacal, cassé, a été restauré à une époque encore à déterminer. Par endroits, le tracé noir qui souligne les détails de la tête de chacal est estompé jusqu’à disparaître complètement (œil et oreille droits ainsi qu’une partie de l’oreille gauche). Cela crée une discontinuité de la ligne qui ne gêne pas pour autant la signification du dessin.

 

Altérations spécifiques au matériau :

Au-dessus et à gauche des hiéroglyphes, une décimentation des cristaux d’albâtre engendre la formation de petites cuvettes plus ou moins circulaires. Différentes zones apparaissent comme piquetées ; ce phénomène, typique de l’altération des albâtres, s’explique par la présence d’impuretés plus solubles au sein du matériau. La panse du vase apparaît localement très fissurée ; cet état est principalement la conséquence du cycle dissolution – évaporation subi par l’œuvre. La différence de coefficient de dilatation thermique des minéraux constitutifs de la pièce (oxyde de fer, de magnésium…) doit aussi être prise en compte comme un facteur de cette altération.

Restauration

Interventions antérieures :

Le museau du chacal, cassé, a été restauré à une époque encore à déterminer. Le fragment rajouté se rapproche d’un museau de babouin, modifiant ainsi le profil de l’animal. Il pourrait s’agir d’une exécution maladroite ou d’un indice de l’utilisation d’un fragment de la tête d’un vase canope de la même série que Co. 5898. S’agit-il d’une restauration contemporaine de l’objet en vue de sa vente ou d’un travail antique ?

La question de l’ancienneté du dessin en noir sur la face et le cou de l’animal se pose également. En effet, des bouchages blancs sont visibles au coin interne de l’œil droit, sur le trait placé sur le museau de l’animal et sur une partie du quadrillage sur le cou. La présence du tracé noir sur ces bouchages indique l’antériorité de ces derniers. Il est donc fort probable que le dessin ne soit pas d’origine. Le musée conserve un autre vase de la série – Co. 5899 – dont le bouchon est à tête de faucon ; malheureusement, les traits de la face du faucon n’ont pas été dessinés en noir.

Au cours de la restauration de 1999 il est apparu qu’un filmogène, apparenté à un vernis, avait été appliqué sur l’ensemble de la pièce.

 

Dépoussiérage et nettoyage effectués en mai-juin 1999 (rapport de stage de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Tours – Cycle de conservation-restauration des œuvres sculptées).

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