Amulette ?

Harpocrate assis

Égypte > Provenance inconnue

Époque hellénistique ou romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H : 8,3 cm ; L : 2,9 cm ; P : 3,4 cm (Œuvre hors socle)

Terre cuite

Co. 3090

Commentaire

Etat de conservation

Bon état. Sommet de la coiffure ébréché.

Description

Le personnage représenté est nu, assis, les jambe jointe, la main gauche posée sur la cuisse et la main droite portée au visage, l’index devant la bouche, une attitude associée à l’enfance. Il a les cheveux longs et ondulés et porte une couronne très usée et difficilement identifiable mais qui pourrait être reconnue comme un pschent, la couronne de Haute et de Basse-Egypte, le pschent. Cette couronne, associée l’attitude de ce personnage, l’index devant la bouche, suggère qu’il s’agit d’une représentation du dieu enfant Harpocrate. D’autres représentations connues par ailleurs représentent Harpocrate n’arborant que le pschent sur une chevelure longue et bouclée ou ondulée (Fischer 1994, Nr 655, p. 287, pl. 68). et permettent d’étayer cette identification. Une bélière horizontale a été façonnée dans le dos à l’aide d’une tige épaisse.

Harpocrate, ou « Horus l’enfant », est une divinité égyptienne de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il ne fait que partager l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine.

Les images en elles-mêmes sont également témoin de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses caractéristiques d’origine, dans le panthéon grec. C’est le cas de la figurine Co. 2469, qui présente Harpocrate le doigt porté à la bouche comme le veut la tradition iconographique égyptienne, mais qui en propose néanmoins une version hellénisée par le style. En effet, les chairs du dieu sont potelées voire grasses, son corps est trapu et le visage est très rond. Ces caractères physiques relèvent de la représentation du jeune âge, qui fait son apparition dans la plastique grecque à l’époque hellénistique (les enfants étaient auparavant représentés comme des adultes miniatures). Il a été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).

La bélière située dans le dos de la figurine indique que celle-ci était suspendue, peut-être pour en faire une amulette. Protecteur des enfants et divinité associée à la fertilité (il est très souvent affublé d’une corne d’abondance aux époque hellénistiques et impériales, comme avec le Co.02503) Harpocrate aurait peut-être constitué, pour celui ou celle arborant son effigie, un gage de prospérité.

Les représentations en terre cuite d’Harpocrate sont très nombreuses à Alexandrie, où les figurines proviennent majoritairement des nécropoles orientales. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna en Moyenne-Egypte, ou encore quelques exemplaires découverts à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Egypte, à Délos, Myrina ou Tarse par exemple.

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