Osiris

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 18,5 cm ; L. : 4,7 cm ; P. : 6,7 cm  

Co. 792

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre présente un état de conservation correct.

La statuette est entière à l’exception des parties hautes et basses des plumes de la couronne. Le métal est très oxydé et a pris une teinte uniformément verte. L’uraeus est très arasé, seul son contour est encore visible. 

Description

L’œuvre figure le dieu Osiris debout, jambe serrée, sur une petite base carrée. Le dieu est en léger déséquilibre vers l’arrière. Les pieds joints et les mains placées sur le ventre, il est coiffé de la couronne atef, attribut caractéristique d’Osiris. Cette couronne se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche et ornée d’un uraeus frontal. Celui-ci a presque entièrement disparu. On note cependant que sa queue formait deux boucles puis remontait le long de la mitre. Les plumes d’autruche, largement endommagées par le temps, sont striées obliquement. Des traces d’un arrachage sont visibles au sommet de la mitre. Il pouvait y avoir à l’origine un disque solaire. Osiris est habillé d’un linceul moulant ne laissant paraître que le profil des bras, des jambes et des fessiers. Le linceul, très enveloppant, remonte haut sur sa nuque. Les poignets, ornés de bracelets, se dégagent du tissu pour serrer le flabellum et le sceptre heqa. Le flabellum se compose d’un manche double et de trois lanières pendantes sur le bras droit, au niveau du coude. Le sceptre heqa est orné d’un décor de deux stries successives, régulièrement espacées. Les manches des deux sceptres se rejoignent dans la main gauche et se prolongent sur l’aine du dieu (sur cette disposition des sceptres, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, pl. 22, fig. e à h). Le cou est orné d’un large collier ousekh à trois rangées de perles. Le menton est rallongé d’une épaisse barbe postiche divine tressée. Enfin, un ensemble de lignes creusées sur les poignets suggèrent la présence de bracelets.

Osiris a un visage rectangulaire aux joues potelées. Un grand front surmonte des sourcils fins. Les yeux sont légèrement tombants et cerclés de fard. Les pupilles sont globuleuses et prennent presque tout l’espace formé par le contour de l’œil. Le nez est large et empâté. La petite bouche aux lèvres pulpeuses est flanquée de sillons labio-nasaux profonds. Enfin, le menton est petit et la mâchoire carrée. Le cou massif et court se poursuit sur des épaules légèrement tombantes. Notons que la gauche est plus large que la droite. Mis à part les coudes qui se discernent au travers du vêtement, aucun autre détail anatomique n’est perceptible.

 

Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier. 

Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe à Abydos.  Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétant en calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (Musée Rodin Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.

 

Le type de figurine dont relève la statuette Co. 792 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto,déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à l’époque tardive et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée, à l’époque romaine.

Les traits du visage que l’on peut considérer comme réalistes ou du moins naturalistes laissent supposer une datation de l’œuvre vers l’époque koushite ou saïte. 

Œuvres associées

Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris similaires à l’œuvre Co. 792, notamment Co. 772Co. 790Co. 806Co. 2368Co. 2382Co. 2383Co. 2384Co. 2387Co. 2394Co. 2412 et Co. 2426.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon/pavillon de l'Alma/vitrines 23 et 24,  518a, Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation savoir : deux Osiris debout (haut. 18 cent. 1/2 et 11 cent. 1/2), un Amon debout (78 millim.), un Harpocrate assis (7 cent.), une Sokhmit fragmentaire debout (9 cent.), un Bès debout (6 cent.), un Nofertoum debout (9 cent. 1/2), un bas de divinité assise (9 cent.). Estimé vingt cinq francs."

Donation à l’État français en 1916.

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