Sekhmet léontocéphale

Égypte > provenance inconnue

Époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[VOIR CHRONOLOGIE]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 9 cm ; l. : 3,2 cm ; p. : 2,8

co. 773

Commentaire

Etat de conservation

Le métal est partiellement oxydé. La partie inférieure de la statuette est brisée au-dessus des genoux et la couronne qui surmontait à l’origine la déesse a disparu. Deux petits trous circulaires sous la cassure des jambes sont probablement les traces d’un soclage antérieur. Le métal au niveau des yeux et entre les deux pans de la coiffe qui descendent sur la poitrine est particulièrement effrité ce qui suggère peut-être une incrustation de pierre. 

Description

Cette statuette représente la déesse Sekhmet léontocéphale. Elle se tient debout, les jambes jointes, les bras tendus le long du corps.

Elle est coiffée d'une perruque tripartite striée verticalement dont les pans descendent de chaque côté du cou et s’arêtent au-dessus de la poitrine. Un espace entre les deux pans de forme trapézoïdale laisse supposer une incrustation de pierre. L’arrêt de la perruque est nettement marqué sur le haut du crâne. Elle fut probablement surmontée d’un large disque solaire, dont la base est toujours visible entre les deux oreilles, comme c’est le cas pour la statuette de Sekhmet Co. 788 conservée au musée Rodin. Elle porte une longue robe moulante laissant apparaître ses formes féminines. Elle n’est parée d’aucun bijou. Deux ressauts de métal visibles à l'arrière laissent découvrir le dos légèrement arasé de la déesse. Ils semblent indiquer que la statuette était adossée à une plaque métallique ou un support peut-être plus important comme un obélisque par exemple.

Deux arêtes forment un triangle encadrant le front arrondi. Les oreilles sont creusées de deux sillons pour donner du volume. Les yeux, de profondeur différente, surplombent un museau court et plat et des pommettes saillantes. La gueule est dessinée par un sillon horizontal et le menton par une ligne arrondie en U. Les épaules tombantes se poursuivent sur de longs bras disproportionnés au reste du corps. Le bras gauche est légèrement plus long que le droit. Les bouts des doigts de la main droite sont arrondis alors que ceux de la gauche s’arrêtent net. La poitrine est généreuse, les hanches sont clairement marquées et le bas-ventre est bombé. Cette morphologie particulière du corps féminin laisse penser que l’œuvre daterait de l’époque ptolémaïque, période durant laquelle cette iconographie était appliquée.

On note une dissymétrie dans le visage, le placement des oreilles, la hauteur des épaules et la longueur des bras.

 

La déesse Sekhmet, le plus souvent représentée sous l’apparence d’une femme à tête de lionne, est une divinité agressive et destructrice. De nombreux mythes égyptiens la présentent ainsi, attaquant les Hommes par vengeance ou par punition, et qui ne peut être apaisée que grâce aux offrandes et aux rites. Elle est également la fille et l’œil de Rê, dieu solaire. Aucune cité égyptienne n’est dédiée à son unique culte, au contraire, Sekhmet est une déesse aimée et crainte sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’Histoire pharaonique. 

La représentation statuaire de Sekhmet n’est pas rare. Par exemple, au temple de Kom el-Hattan, temple de millions d’années du pharaon de la XVIIIe dynastie Amenhotep III, sur la rive gauche du Nil à Louxor, furent découvertes une cinquantaine de statues colossales de Sekhmet. Malgré son caractère non exceptionnel, les nombreuses œuvres de la divinité mises au jour, datant de toutes époques confondues, sont en pierre. En revanche, les statues de Sekhmet en bronze sont des objets plus rares. Ils possèdent des dimensions inférieures à celles des statues issues de commandes royales. La rareté de ces œuvres, ainsi que leurs petites dimensions, suggèrent que ces statuettes sont les résultats de commandes privées. Elles avaient alors certainement la fonction d’ex-voto ou étaient placées sur un reliquaire. 

 

Le musée du Louvre, le British Museum, le Metroplitan Museum of Arts de New York, le musée égyptien de Turin et le Penn Museum regroupent plus d’une quinzaine d’œuvre semblables. En revanche, les dimensions sont différentes (généralement plus de 15 cm de haut). Les œuvres qui présentent des dimensions similaires à celles de Co. 773 sont les suivantes :

Au Museo Egizio di Torino : Cat. 0235.

Au Penn Museum de Philadelphie : 30-62-5 (13 cm).

La statuette N 5178 exposée au musée du Louvre présente un ressaut de métal dans le dos similaire à celui de Co. 773. L’œuvre du Louvre est assise sur un siège de forme rectangulaire et est adossée à un obélisque. Co. 773 pourrait avoir été adossée de la même manière à un élément aujourd’hui disparu. 

Œuvres associées

Dans la collection du musée Rodin, les statuettes Co. 788 et Co. 5641 sont toutes deux des statuettes léontocéphales de Sekhmet, en revanche la position des bras, les attributs que la déesse maintenait dans ses mains et le fait qu’elle soit marchante sont des éléments qui diffèrent de Co. 773.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 518, "Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation : deux Osiris debout (haut. 18 cent. 1/2 et 11 cent. 1/2), un Amon debout (78 millim.), un Harpocrate assis (7 cent.), une Sokhmit fragmentaire debout (9 cent.), un Bès debout (6 cent.), un Norfitonn ? debout (9 cent. 1/2), un bas de divinité assise (9 cent.). Estimé vingt cinq francs."

Donation à l’État français en 1916. 

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