Roi sous la forme d'Harpocrate, tourné vers la droite 
Provenance > Égypte
Datation > Basse Époque ou Ptolémaïque
H. 45 cm ; L. 38 cm, P. 9 cm
Calcaire
Co. 6555
 

Commentaire

Etat de conservation

Le bloc a été découpé de manière arbitraire, sans tenir compte des deux colonnes de hiéroglyphes qui encadrent la figure royale. Les signes apparaissent donc tronqués et détériorés par les impacts d’outils. Des cassures et des épaufrures sont également visibles sur la totalité du relief. Malgré cela, la figure royale est encore bien identifiable et les détails qui composent la coiffure du souverain sont visibles.

Description

Le fragment est isolé de son contexte, mais il semble qu'il faut y voir la représentation d'un souverain sous forme d'Harpocrate. Le pharaon est coiffé de la double couronne, le Pschent, posée sur une perruque ronde à boucles. Un uraeus se dresse sur son front. Cet ornement royal a été fixé au moyen d’un bandeau, dont le nœud est identifiable à l’arrière de la tête du roi. Une tresse, ou « mèche de l’enfance » s’enroule autour de l’oreille droite du roi. Enfin, le cou du pharaon est ceint d’un collier ousekh à trois rangs de perles. En comparaison de l’aspect massif de sa coiffure postiche, surmontée d'une volumineuse couronne, cou et visage du roi semblent graciles. Figuré selon les canons de l’art égyptien, l’œil droit est visible de face, contrairement aux autres éléments de la face. Le nez est peu identifiable du fait d’une épaufrure. La bouche, petite et charnue, a été positionnée par le sculpteur assez haute, laissant ainsi de la place pour un large menton charnu. À l’avant de la bouche du roi, son index est encore visible mais tronqué par la découpe du bloc.
 
Les signes conservés suggèrent d'identifier sur ce relief Nectanébo Ier, couronné en 379 av. J.-C. et premier roi de la XXXe dynastie. Grand bâtisseur, il lança un programme de restauration des monuments dégradés durant la domination perse et d’édification de larges enceintes en briques dans le but de protéger les temples et les villes. Dans des sanctuaires, Nectanébo Ier poursuivit la tradition constructrice des roi égyptiens, en intervenant à Philae, Elkab, Moalla, Karnak, Abydos, Hermopolis Magna, Létopolis, Tanis, Mendès et Sébennytos.
 
Sur ce relief, le pharaon porte la « tresse de l’enfance », en référence au dieu Horus. Tout comme le dieu-enfant, il porte son index à la bouche. Sur ce relief, le pharaon est donc représenté suivant l'iconographie du dieu Harpocrate, dont le culte se développe au cours des périodes tardives. Sous son règne, plusieurs monuments témoignent de cet hommage (stèle Louvre IM2).
 
 
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère. Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne. 
 

Inscription

Devant le roi, et dans le reste du cartouche, on devine quelques minuscules traces qui pourraient correspondre au bord d’une forme circulaire, un soleil, et une patte de scarabée. Il serait alors possible de rétablir « Khéperkarê » (« Celui dont le ka s’est manifesté, c’est Rê »). Il s’agirait alors de Nectanébo Ier.

Derrière le roi, aucune restitution du texte à l'heure actuelle.

Historique

Sans.

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