Osiris

Égypte > Provenance inconnue

Basse Époque > XXVI- XXXdynastie > 656 – 332 avant J.-C.

[voir chronologie]

Pierre dure noire (basalte ?)

H. : 44,5 cm ; L. : 10 cm ; P. : 24 cm

Co. 5765

Commentaire

Etat de conservation

La statuette, qui se présentait en plusieurs fragments, a été recollée par le passé, comme en attestent les longues fissures encore visibles, remplies d’un matériau de comblement noir ou rougeâtre par endroits, légèrement plus brillant que la pierre d’origine. Une importante lacune au niveau du bas-ventre est remplie du même matériau. L’arrière du pilier dorsal présente des traces de collage bien visibles et renseigne sur l’état très mauvais de la statue avant remontage. La partie arrière gauche de la base rectangulaire est perdue, de même que le haut de la couronne blanche qui orne la tête du personnage et le fragment de pilier dorsal associé, ainsi que l’oreille droite ; la partie arrière droite de la base est également très abîmée. Quelques traces à la base du cou, au niveau du front mais aussi sur le corps de l’uraeus et sur le pilier dorsal indiquent que la statuette était dorée (entièrement ou partiellement). 

Description

Le personnage représenté est le dieu Osiris, qui se tient debout les pieds joints, gainé dans un linceul. Il repose sur une base rectangulaire et s’appuie à un pilier dorsal légèrement penché vers la droite et dont les bords semblent converger dans la partie supérieure, malheureusement presqu’entièrement manquante : ceux-ci formaient peut-être un triangle, conférant ainsi au pilier l’aspect d’un obélisque auquel Osiris était adossé. Le dieu a les deux bras croisés sur la poitrine et tient dans la main droite un sceptre heqa et dans la main gauche un fouet nekhakha, insignes de la royauté pharaonique et attributs très fréquents d’Osiris, le premier roi d’Égypte, qui fut, après sa résurrection, amené à gouverner le royaume des morts. Le menton du dieu est orné de la barbe postiche recourbée dont les détails du tressage sont incisés. Cet attribut souligne de par sa courbure sa nature divine. La barbe est maintenue par une jugulaire, elle aussi incisée dans la pierre. Osiris porte encore un autre marqueur de la royauté : la couronne blanche de Haute-Égypte, très bombée sur les côtés, ornée d’un uraeus frontal, dressé, dont la queue remontait très haut sur la couronne et se perd aujourd’hui dans la lacune.

 

Le visage de la divinité est sculpté avec une grande finesse. Les yeux présentent un aspect très proche du signe hiéroglyphique associé, leur coin interne plongeant vers le bas et l’autre remontant vers le haut. Ils sont doublés d’un liseré de fard qui se prolonge jusqu’au départ des tempes. Les sourcils en suivent la forme. Presque horizontaux, ils vont en s’inclinant sur les côtés et se redressent légèrement à leurs extrémités. Les oreilles sont sculptées avec soin, le lobe se détachant particulièrement. Le nez est très légèrement busqué, le front court, la bouche peu charnue mais aux commissures marquées et esquissant un léger sourire qui rappelle la statuaire saïte. 

 

En l’absence d’inscription, il est possible de proposer une datation pour cette œuvre essentiellement sur des bases stylistiques, mais celle-ci s’avère difficile, faute de critères suffisants. L’époque saïte paraît probable. Le visage d’Osiris présente des caractéristiques proches de la statuaire thoutmoside, mais ceci pourrait s’interpréter comme un trait archaïsant, hommage au passé fréquent à la fin de la XXVet au début de la XXVIdynastie. Osiris, divinité très ancienne du panthéon pharaonique, connut un engouement particulier au premier millénaire avant J.-C., qui se traduisit notamment par une production massive de statuettes en métal mais aussi en pierre. La statuette du musée Rodin en serait vraisemblablement un témoignage. La XXVet la XXVIdynastie correspondent à l’âge d’or de la production des statuettes d’Osiris en pierre, souvent dorées, dont on a retrouvé plusieurs exemplaires notamment dans la Cachette de Karnak (COULON Laurent, « Les statues d’Osiris en pierre provenant de la Cachette de Karnak et leur contribution à l’étude des cultes et des formes locales du dieu », in L. COULON (éd.), La Cachette de Karnak. Nouvelles perspectives sur les découvertes de Georges Legrain, BdE 161, 2016, p. 505-563). La statuette du musée Rodin est donc probablement à dater de cette époque et à rapprocher de ce corpus : du point de vue du style, une comparaison avec la statuette Caire JE 37010 paraît ainsi pertinente, cette dernière étant datée du règne de Psammétique Ier.

 

Les traces de dorure encore observables suggèrent que celle-ci ne se limitait pas aux carnations du dieu et à ses parures, mais devait être généralisée, une pratique attestée par ailleurs. Destinée à être déposée dans un temple ou dans une tombe, il n’est pas certain que cette statuette ait été achevée malgré le soin porté à sa réalisation, compte tenu de l’absence d’inscriptions.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 62, "Osiris debout sur une base adossé à un pilier. Il est coiffé de la couronne blanche et tient les attributs habitueles. Le haut de la coiffure manque, ainsi qu'un des angles de la base. Le monument est anépigraphe, il est cassé en un très grand nombre de morceaux qui ont été réassemblés. Basalte. haut. 45 cent. Estimé quatre cent francs."

Donation à l’État français en 1916.

Commentaire historique

La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

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