Masque funéraire de femme

Égypte > Touna el-Gebel ? (d’après le style)

L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > Règne d’Hadrien (117-138 après J.-C.) (d’après le style)

[voir chronologie]

Stuc polychromé

H. 20 CM : l. 15,5 CM : P. 11,5 CM

Co. 3250

Commentaire

Etat de conservation

Le visage est complet. A droite, un fragment du dosseret est conservé.
Une partie du dosseret et de la base du cou, ainsi qu'une grande partie de la plaque formant coque, au revers, sont manquantes.
La presque totalité de la polychromie a disparu. Des restes minimes de rose subsistent sur les carnations (dans le cou, au creux du menton, sur les oreilles et les joues, autour des boucles d’oreilles, dans le creux des narines). A la commissure des lèvres et dans un creux de la lèvre supérieure, demeurent des traces de rehauts rouge ou rose foncé. Du bleu est visible dans le cou et sous les oreilles. Les restes de noir sont plus conséquents sur les cheveux.

Description

Le masque représente une femme aux cheveux noirs.

La coiffure, rapportée, se compose à l’avant d’une rangée compacte de mèches formant un bourrelet sur le front. Le chignon large en forme de turban est fait d’une torsade de cheveux, placée haut sur le crâne en raison de la position inclinée de la tête et du voile couvrant la nuque, encore en partie visible derrière l’oreille gauche. Des traces de couleur bleue, appartenant certainement au voile funéraire, apparaissent derrière les oreilles. Une épingle à cheveux, cassée, ornait autrefois le sommet du chignon. La coiffure et la coiffe laissent les oreilles découvertes.

Le visage est plein. Les sourcils et les contours des yeux sont en relief ; les détails des yeux, qui devaient être uniquement peints, ne sont aujourd’hui plus visibles.

Le nez triangulaire est relativement large ; la bouche très petite et souriante.

Les pavillons des oreilles sont indiqués ; les lobes sont ornés de boucles d’oreilles en forme d’anneau, muni de deux perles à l’avant.

 

 

Le visage est standard, typique de la fabrication en série de Touna el-Gebel, et donc analogue à de nombreux masques, aussi bien masculins que féminins (GRIMM 1974, p. 71 sqq ; AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 181). Voir à titre de comparaison les masques Co. 3252 et Co. 3430 de la même collection, le masque AF 12736 conservé au musée du Louvre (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 181, F4) et le masque M.P. 3057.369 du musée d’Amiens (PERDU 1994, p. 53, n° 60).

Un masque similaire à Co. 3250 se trouve actuellement à la Liebieghaus de Francfort, Inv. n° 2568 (BAYER-NIEMEIER 1993, p. 440-1, cat. n° 111, fig. 111, p. 442). La coiffure est composée à l’avant de trois bourrelets torsadés (au lieu d’un), mais le chignon, le voile et le visage sont semblables. Il provient de Touna el-Gebel et est daté de la première moitié du IIe s. après J.-C.

La datation est assurée par l’identification de la coiffure avec celle de l’impératrice Sabine, épouse d’Hadrien (vers 86-137 ap. J.-C.), telle qu’on peut l’observer sur un buste en marbre conservé au musée du Prado (Ca. 130) (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 21 et GRIMM 1974, p. 83-4).

Pour d’autres exemples de la coiffure de Sabine, avec des variantes, voir GRIMM 1974, pl. 82-3.

 

Le chignon était autrefois orné en son sommet d’une épingle, sans doute en os, d’après les fragments toujours visibles, en place à l’intérieur du trou laissé par l’épingle. Un autre masque de la collection Rodin, Co. 661, a conservé les restes de deux épingles en os, fichées au sommet du chignon situé à l’arrière du crâne. Pour ce type d’objet, il ne s’agit pas de représentations, comme pour les bijoux, mais de véritables épingles en os insérées dans le stuc frais. (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 28.) On peut en trouver de nombreux exemples dans les musées et en fouilles archéologiques, aussi bien en Egypte, sur les sites d’époque préhistorique à romaine, que sur les sites gallo-romains en France. Voir les exemplaires découverts sur le site du vicus de Ville sur Lumes/Saint-Laurent dans les Ardennes, ainsi qu’une épingle en os faisant partie de la collection d’antiquités égyptiennes du musée du Louvre, provenant du cimetière ouest de Gournet Mourraï, et datée d’environ 1450 avant J.-C.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

 

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation Rodin à l'État français 1916.

< Retour à la collection