Relief funéraire

Homme debout, s'avançant vers la gauche

Égypte > provenance inconnue (région memphite ?)

Ancien Empire > Ve ou VIe dynastie

[voir chronologie]

Bas-relief funéraire sculpté en relief levé

H. 42,4 CM ; L. 34,7 CM ; P. 4,5 CM

Co. 3075

Commentaire

Etat de conservation

Assez bon état de conservation.

 

Outre la partie supérieure manquante, on remarque de nombreux éclats en surface (notamment sur la tranche droite et la partie inférieure du monument).

Description

De format rectangulaire (la partie supérieure est manquante), ce bas-relief figure un homme debout, dans l’attitude de la marche, la jambe gauche en avant. La figure, tournée vers la gauche, est placée sur une large bande en relief que l’on distingue par endroits. Le tableau devait être encadré d’une baguette, en relief également, encore visible à gauche.

L’extrémité supérieure est aujourd’hui en lacune, la cassure intervenant au niveau du cou de la figure masculine. Le bloc présente de nombreuses éraflures en surface et des éclats sur la tranche droite et la partie inférieure.

 

Ladite figure masculine est vêtue d’un pagne à devanteau triangulaire, ainsi que d’une peau de félin, vraisemblablement ornée d’un nœud sur l’épaule droite. Le bras droit est replié sur la poitrine, la main fermée sur la retombée du nœud du vêtement, tandis que le droit est le long du corps, la main tenant un sceptre sekhem (ou âba), expression de l’autorité de son détenteur (sekhem signifiant « pouvoir » en égyptien). Ce dernier présente une forme caractéristique de la fin de l’Ancien Empire, à savoir une extrémité épanouie en ombelle de papyrus (CHERPION 1984, p. 38).

Le relief levé est peu accentué, si ce n’est certains détails de la morphologie, tels que le rendu de la musculature au niveau des jambes.

 

Le format et la composition suggèrent que ce bas-relief ornait les parois d’un tombeau privé de la fin de l’Ancien Empire ; il appartenait sans doute à un montant de stèle fausse porte ou de porte à l’intérieur de la chapelle.

Le modelé des jambes, la forme du sceptre sxm et le pagne à devanteau triangulaire permettent de suggérer une datation au sein de l’Ancien Empire, entre le milieu de la Ve dynastie et la VIe dynastie (voir ZIEGLER 1990, p. 282, no 55).

Œuvres associées

Il peut être comparé à un relief de mêmes dimensions et au décor symétrique (Co. 985), où la partie supérieure donne à voir un large collier, un nœud sur l’épaule et les griffes du vêtement en peau de félin.

Le modelé et l’iconographie laissent penser que ces deux reliefs sont issus du même ensemble.

Historique

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 231, "Bas relief analogue, représentant le même personnage de profil à gauche et est en moins bon état que le précédent ; en outre il manque un plus grand morceau de la partie supérieure. Haut. max. 35 cent. Larg. max. 22 cent."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

 

Commentaire historique

Ce bas-relief fut acheté avec le bas-relief Co.985 auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi :  « 1 Bas relief homme debout IVe dynan » ou  « 1 bas-relief homme deb. IVe dyn.» (ALT 147, archives musée Rodin).

 

L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.

 

Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont les deux bas-reliefs Co.985 et Co.3075 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.

Les deux reliefs furent exposés ensemble dans une vitrine à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne (musée Rodin, Ph. 13260), là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 



 

 


 

 

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