Osiris

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 8,7 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 1,5 cm  

Co. 2368

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation. Elle est entièrement oxydée, l’extrémité des pieds manque et les détails sont peu lisibles.

Description

L’œuvre figure le dieu Osiris debout, les jambes jointes et les bras croisés sur la poitrine. Le corps entièrement gainé dans un linceul dont seul ses bras émergent, croisés sur sa poitrine. Sa main droite serre le sceptre heka et sa main gauche un fouet nekhakha dont les lanières tombent le long du bras droit en dépassant le coude. Osiris est coiffé de la couronne atef qui se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche reposant sur deux cornes torsadées horizontales. Un imposant uraeus frontal complète la coiffe. Le corps de la divinité est enveloppé dans un linceul funéraire, habit traditionnel d’Osiris qui ne laisse transparaitre aucun détail anatomique mis à part le léger profil des muscles fessiers. 

Malgré la mauvaise conservation de la statuette, on remarque que le visage est ovale, les pommettes sont saillantes, le nez est large et la bouche est pulpeuse. Les yeux sont cernés d’un trait de fard et les oreilles sont larges. Une barbe postiche divine prolonge le menton jusqu’au sternum à la croisé des sceptres. Notons que la tête, la couronne et les sceptres sont disproportionnés au reste du corps, relativement frêle. Les sceptres dépassent largement de part et d’autre de la statuette, rejoignant les pointes des cornes de la coiffe probablement dans un souci de solidité. 

Comme la statuette Co. 806, cette figurine est fine (environ 0,5 cm d’épaisseur), et était destinée à être adorée de face.

 

Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier. 

Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe à Abydos. Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétant en calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (Musée Rodin Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.

 

Le type de figurine dont relève la statuette Co. 2368 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto, déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à la Basse-Époque et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée à l’époque romaine. Notons enfin que la statuette est très fine et petite, donc légère, ce qui laisse supposer qu’elle servait d’amulette à un dévot. 

 

Très nombreuses à l'époque pharaonique, elless font partie des statuettes en bronze les plus courantes dans les collections muséales. En voici quelques exemples. 

Musée du Louvre, Paris : E 3753, AF 12858, N 3951C.

Penn Museum, Philadelphie : 29-70-677, 29-70-704, E 2358, E 3231, E 3236, E 3228, E 3226, E 11558, E 11559, 29-70-646, …

British Museum, Londres : EA 90438, EA 36063, EA 58376, EA 59747, EA 60717, EA 11117, EA 11054, EA 67159, EA 34868, EA 24718…

Walter Art Museum, Baltimore : 54.551.

Metropolitan Museum of Art, New York : 41.6.4, 61.45, 04.2.438, 04.2.578, 90.6.10, 10.130.1339, 04.2.577, 04.2.439, X.609.9, X.609.10, X.609.1 …

Œuvres associées

Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris, notamment Co. 772, Co. 790, Co. 792, Co. 806, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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