Matière et technique

Les bords droits de l’applique, sa relative épaisseur, ainsi que la présence de la couture matérialisant la jonction des deux os du métacarpe du jeune bovin se soudant à l’âge adulte, ont été déterminants pour l’identification à laquelle est parvenu F. Poplin. La courbure moins prononcée en partie distale du métacarpe, par rapport au métatarse, apparaît comme un critère distinctif. De même, le fait que la partie soudée, située à l’intérieur, soit un peu plus large que celle placée à l’extérieur, a achevé de convaincre F. Poplin qu’il s’agissait de la face postérieure d’un métacarpe gauche.

 

Quoique la plupart des appliques de petites dimensions de format rectangulaire ou trapézoïdal soient façonnées à partir d’omoplates de bœuf, trois autres pièces du musée Rodin ont été sculptées dans des métacarpes : Co. 2141, Co. 2160, Co. 2244. L’artisan a eu recours comme pour les appliques Co. 2141 et Co. 2244 à la face postérieure d’un métacarpe gauche de bœuf, et a choisi de sculpter la silhouette de ménade dans le sens anatomique de l’os. Les jambes, au mouvement très ample s’inscrivent dans la partie distale plus évasée, alors que la tête se situe dans la zone médiale de la diaphyse.

 

Seul le bord sommital semble conserver le souvenir très ténu du sciage de l’applique. Des traces de butée d’une lame de ciseau assez large sont visibles sur la surface des bords internes de l’exemplaire. La matière de ses bords a été aplanie pour être appliquée avec plus de facilité sur le support de bois que recouvrait la pièce. Les à-coups successifs d’une lame, associés à de petites aspérités ou à un éclat, recouvrent les tranches latérales. Peu de stigmates d’outils apparaissent encore sur la face principale en raison de sa forte abrasion. L’usage d’un burin à pointe fine se lit encore dans les contours de la figure, et l’indication des plis des drapés.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

L’applique est fendillée sur toute sa hauteur. Cette fragilité de la matière osseuse a sans doute généré la cassure qui partageait la pièce en deux fragments avant la restauration. Le long de la ligne de brisure s’observent aujourd’hui des pertes de matière. Celles-ci sont situées au niveau du coude droit du personnage, sur son ventre et sur les plis du drapé recouvrant sa jambe gauche. On peut également remarquer un certain délitement de l’os, le long du bord supérieur, derrière la tête de la figure.

 

Ce délitement se retrouve également en partie inférieure, au revers de la pièce. La face principale, à la tonalité crayeuse, est ponctuée de minuscules taches ocre orangé, tandis que le dos se teinte d’une coloration légèrement beige au niveau des deux bords internes qui devaient être appliqués sur l’âme du bois que décorait l’applique.

Restauration

Lors de l’opération de restauration menée en 2018-2019, V. Picur a procédé à un nettoyage enzymatique au coton-tige des deux fragments, parachevé par un rinçage à l'éthanol. Cette intervention a permis d’estomper la couche de salissure. Les deux parties ont ensuite été recollées au Paraloïd B44 à 40% dans une solution acétone/éthanol 1/1. Enfin, un bouchage avec un mélange micro ballon/ Paraloïd B72 à 30% a été nécessaire pour combler les manques de matière. La teinte de ce bouchage a été harmonisée à celle de l’os, très claire, par une retouche à l'aquarelle Winsor & Newton.

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