Matière et technique

Le recours aux métapodes, pour réaliser les appliques de petites dimensions, au gabarit rectangulaire ou trapézoïdal, paraît moins fréquent, que celui aux omoplates. Pourtant, trois autres pièces de même typologie du musée Rodin, permettent d’identifier un métacarpe de bœuf. La détermination de l’organe osseux – ici un métacarpe gauche de bœuf – a été rendue possible par plusieurs critères. F. Poplin s’est basé à la fois sur le format allongé de la pièce, ses bords droits, et la dépression au centre du dos de celle-ci, encore marquée de façon peu visible par la couture des deux os du jeune bovin qui se soudent à l’âge adulte. La plus grande largeur de l’os primitif placé vers l’intérieur, par rapport à celui placé vers l’extérieur, constituait aussi un indice pertinent pour identifier un métacarpe gauche. Contrairement à la figure de l’applique Co. 2144, celle de cette plaquette est inscrite à l’inverse du sens anatomique de l’organe osseux. Sa tête et ses bras ont été sculptés dans la partie distale évasée, tandis que les jambes ont été placées dans la partie médiale de la diaphyse, plus étroite.

 

Quelques stries imprimées en biais dans la partie senestre du chant sommital indiquent peut-être l’usage d’une scie pour obtenir la matrice nécessaire à la sculpture de la plaquette. Les autres bords semblent avoir été aplanis par raclage. Au dos, les longs enlèvements parallèles de matière correspondent aussi à une opération de raclage, visant à éliminer le tissu osseux spongieux, présent sur le pourtour de la cavité médullaire.

 

Le façonnage au ciseau de la face principale se perçoit encore dans l’arrière-plan, sur lequel des butées de lame sont encore lisibles. L’usage un peu trop vif de l’outil a généré quelques manques ou éclats : l’un au-dessus du chignon, l’autre sur le pied gauche. Un fin burin a sans doute été employé pour déterminer les contours des membres, recreuser les plis du drapé, et préciser les détails anatomiques du visage.

Modification matérielle

Au dos de l’applique, côté senestre, en partie supérieure, est collée une petite étiquette octogonale à liseré bleu, marquée du nombre 57, à l’encre noire. Le même numéro semble être inscrit juste à droite de cette étiquette, à l’encre violette, mais est en partie effacé.

Etat de conservation

La face externe, tout comme le revers, révèle un fendillement de la matière osseuse. De nombreuses fentes courent verticalement, de la partie supérieure de la pièce, jusqu’au bas du vêtement de la figure. Un éclat dans l’angle supérieur dextre, résultant peut-être du façonnage assez brusque de la pièce, vient interrompre l’horizontalité du bord supérieur. Le chant inférieur est aussi marqué par de légères pertes de matière, notamment aux angles. Alors que la face principale propose une tonalité beige clair, le dos, notamment en son centre, montre une coloration ambrée plus soutenue.

Restauration

L’applique n’a fait l’objet d’aucune restauration car elle avait déjà dû être nettoyée par le passé.

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