Matière et technique

L’état très lacunaire de la pièce constitue un frein majeur à l’identification de l’organe osseux exploité pour son façonnage. Néanmoins, il est fort probable qu’il s’agisse d’un os long, les signes de la proximité d’une extrémité articulaire étant visibles au dos de l’applique, en partie inférieure.

 

Le relief, assez plat, présente des traces de sciage transversal sur les chants supérieur et inférieur. L’artisan lui a donné une forme évasée en partie basse, tandis qu’il a rétréci sa partie supérieure par un sciage en biais, à hauteur de la main de Pan. La ligne brisée du bord subsistant permet donc de restituer un contour légèrement trapézoïdal. La pièce d’origine se réduisait en partie haute, du moins sur un côté, pour s’adapter à la configuration du support qu’elle ornait. Un pan coupé s’observe également sur un fragment d’applique conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 6568 : QUONIAM 1970, 1970, p. 185, n° 242). Il est intéressant de relever que les iconographies de ces os sculptés sont proches. La pièce du Louvre, assez plane, accueille le buste d’un satyre allant dans le sens opposé à notre Pan, mais portant aussi devant lui une corbeille.

 

Le dessin de l’applique du musée Rodin est à rapprocher de plusieurs œuvres conservées au Musée copte du Caire, affectant une forme trapézoïdale (5398 : STRZYGOWSKI 1904, p. 177, n° 7067, fig. 234 ; 8478, 9086 : STRZYGOWSKI 1904, p. 182, n° 7086-7088, pl. XIV). Ces plaquettes décoraient les panneaux de couvercles coiffant des coffrets à âme de bois. La base de ces cassettes, la plupart du temps rectangulaire, était surmontée d’un toit en pyramide tronquée. Plusieurs exemplaires de ces coffrets dits « de mariage » permettent de mieux saisir la manière dont été agencées les appliques entre elles et comment elles s’adaptaient au support. On citera l’écrin du Walters Art Museum (71.40 : RODZIEWICZ 2016, p. 67, n° 62) dont la reconstitution livre une image très éloquente de cette typologie de boîtes, le coffret exhumé d’une sépulture à Hawara (PETRIE 1889, p. 12, pl. XVIII), ou encore les éléments de coffret appartenant aux collections du musée d’archéologie méditerranéenne de Marseille (2439.1-2 : DURAND, PIÉRINI 1997, p. 104-105, n° 105).

 

Si nous nous concentrons sur le fragment pour en examiner le revers, nous constatons la présence de stries obliques multidirectionnelles le long du bord conservé. Ces traces d’outils attestent sans doute une abrasion d’une partie de la surface interne. Sur la face principale, les volumes ont été soigneusement dégagés du fond à l’aide de fins ciseaux. La pointe d’un burin est venue souligner quelques détails (tressage de la vannerie et pilosité abondante de la jambe droite de Pan). Des marques triangulaires imprimées sur la peau animale rappellent les ocelles qui ponctuent la pardalide arborée par certains satyres. Une échancrure visible au bas de la cuisse du dieu pourrait indiquer la présence d’un trou foré pour l’insertion d’un tenon.

 

Etat de conservation

L'œuvre est en bon état de conservation. N’est conservée de l’applique que la partie senestre, puisque celle-ci est fracturée sur toute sa hauteur. Une fente partant du bord droit court en direction du poignet du personnage. La ligne de sol figurée en limite de la bordure inférieure est altérée par un petit éclat.

La surface de la pièce peu polie est encore recouverte d’une couche de sédiments assez uniforme. Le dos, détérioré, semble porter les stigmates laissés par des radicelles, auxquels se superposent encore quelques sédiments. Sa partie inférieure légèrement délitée, présente une coloration ocre rouge, qui s’étend vers le haut de manière discontinue. Sur la face principale, elle se remarque aussi en de multiples endroits, notamment le long du thorax du personnage, de la jambe velue, ainsi qu’au creux de son bras.

Restauration

Véronique Picur qui a restauré la pièce en 2018 a opté pour un nettoyage enzymatique au coton-tige, suivi d’un rinçage à l'éthanol. Cette opération a contribué à atténuer la couche de salissure et à mettre en évidence des traces ocre sur la surface osseuse.

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