Applique de mobilier

ménade aux tympana

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7,2 cm ; l. 5,2 cm ; ép. max. 0,5 cm

Os, scapula ou côte de bœuf

Co. 2118

Commentaire

Etat de conservation

Brisée en plusieurs endroits, l’applique, de couleur crème, présente une surface très usée. Alors que l’angle supérieur senestre est affecté par une lacune, un important éclat dans l’angle inférieur dextre a entraîné la disparition des pieds de la ménade. D’autres éclats, surtout visibles au revers de la pièce, endommagent la partie basse. Les trabécules qui tapissent le dos emprisonnent encore beaucoup de sédiments. Sur la face principale, la salissure s’est avant tout accumulée dans les creux. Quelques traces ocre rouge peuvent être repérées sur le chant du bord latéral dextre.

Description

Bordée d’une colonne au fût torsadé, l’élément de placage accueille une ménade progressant vers la droite. Sa silhouette emportée par l’ardeur de la danse amorce un mouvement de torsion. Cette attitude tournoyante constitue l’un des poncifs de la représentation des membres du cortège dionysiaque à l’époque romaine. La jambe droite projetée en avant, la ménade pivote et tourne vigoureusement sa tête vers l’arrière.

 

Le visage vu de trois-quarts est surmonté d’une chevelure sans doute relevée en chignon. Un chiton ceinturé à la taille dénude l’épaule gauche, tout en épousant par la finesse de son étoffe les formes du corps féminin. Tandis qu’elle lève un tambourin à hauteur de son visage, la suivante de Dionysos en tient un second dans sa main gauche, contre ses jambes. Le type iconographique de la tympanistria brandissant d’une main un tambourin, a été mis en correspondance avec le satyre supportant une outre de vin sur son épaule, par A. Loverdou-Tsigarida (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 170). Cette dernière a choisi de rassembler au sein du groupe A des ménades tympanistriae les pièces décorée de cette image (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000 n° 178-192, 194-202 p. 276-278, pl. 51-56).Toutefois, les occurrences de danseuses tenant deux instruments semblent plutôt rares sur les petits reliefs rectangulaires. Le seul autre exemple identifié au sein de ce corpus est un placage en os du musée Benaki, sur lequel la position de la ménade est inversée par rapport à la nôtre (inv. 18823 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 181 p. 276, pl. 51).

 

Trois autres appliques de petite taille du musée Rodin sont sculptées d’une jeune femme levant un tambourin de son bras droit : Co. 2160, 2180, 2172. C’est néanmoins avec la dernière pièce mentionnée que la pièce qui nous occupe affiche une étroite parenté : outre l’allure dansante et l’élan imprimé au corps, nous retrouvons le chiton, soulevé par la rapidité des mouvements, qui retombe en larges plis bouillonnants. L’attitude de la ménade rappelle également la posture des figures sculptées sur un spécimen du musée copte du Caire, autrefois au musée égyptien du Caire, et un autre appartenant au musée archéologique national d’Athènes (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 194-195 p. 278, pl. 54 ; STRZYGOWSKI 1904, n° 7106 p. 189, pl. XV).

 

La large colonne torse qui borde l’applique à droite, présente une base et un chapiteau au dessin très simplifié. Elle rencontre des échos sur d’autres reliefs du musée Rodin : Co. 2059, 2080 et 2199, le support architectural était plus ou moins détaillé sur ces comparaisons. La volonté d’inscrire les personnages du défilé bacchique entre des colonnes ou sous des arcades renvoie à une organisation du décor bien connue à la fin de l’Antiquité, notamment sur les textiles ou les coffrets à revêtement métalliques (coffret conservé à Budapest : BUSCHHAUSEN 1971, n° 69 p. 140-144, pl. 86-89).

 

Malgré une stylisation des formes, des détails anatomiques signalés avec parcimonie, et une rapidité d’exécution, cette applique témoigne d’une facture enlevée. L’artisan a su rendre avec justesse les proportions du corps, la souplesse de l’attitude et suggérer la vigueur de la danse de manière expressive. La forte abrasion a également participé à adoucir le modelé et à mettre en valeur les volumes, au demeurant, peu accentués. Ces différents critères, alliés aux datations proposées par A. Loverdou-Tsigarida pour des appliques sur lesquelles le chiton s’anime de plis ondoyants, nous inclinent à penser que cette pièce a pu être produite au cours des IVe-Ve siècles.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, inv. 18823 (type iconographique inversé).

-Paris, musée Rodin, Co. 2080 (type iconographique : geste, attribut et haut du corps), Co. 2118 (type iconographique).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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