Matière et technique

Il est particulièrement ardu de se prononcer sur l’organe osseux choisi par l’artisan pour sculpter la pièce d’ameublement à laquelle appartenait ce fragment. Le revers présente une exceptionnelle épaisseur de tissu osseux spongieux, qui correspondait à celle présente dans l’une des épiphyses de l’os. F. Poplin a émis, avec des réserves, la possibilité d'un humérus de bœuf.

 

Le chant inférieur du fragment est strié de traces obliques renvoyant au sciage d’une des épiphyses. Quelques longues stries longitudinales, sur la surface interne du bord conservé, indiquent une opération de raclage. La ligne oblique que forme ce bord laisse supposer que la pièce offrait originellement un contour trapézoïdal, ou tout du moins, qu’elle s’évasait en partie inférieure. Cette même caractéristique de format s’observe sur l’applique fragmentaire dédiée au dieu Pan du musée Rodin (Co. 2143). Les appliques qui décorent les couvercles à pans coupés des coffrets de toilette offrent une découpe identique.

 

Le travail de dégagement des volumes principaux de la silhouette au ciseau par l’artisan, est encore nettement lisible sur la face principale. La détermination des membres s’est effectuée par larges enlèvements, ayant laissé des arêtes bien marquées, notamment sur les bras droit, le ventre ou la cuisse droite. Les contours des mains et des cheveux semblent avoir été délimités par la lame d’un burin, mais l’absence de maîtrise dans son maniement a généré de multiples arrachements de matière et d’éclats autour de ces zones requérant habituellement plus de soin. L’arrière-plan est ponctué de minuscules arrachements de matière sans doute provoqués par un geste rapide ou le mauvais affûtage de la lame métallique lors du dégrossissement de la matrice et la préparation de la surface à sculpter. On notera que ces traces sont nettement moins lisibles sur les parties en relief, en raison du polissage final. Si les pieds et la main ont été rendus de façon très rudimentaire, le visage a fait l’objet d’une attention réelle de la part du sculpteur. Les mèches de cheveux, le dessin des yeux à la pupille en relief, ainsi que les lèvres, ont été précisés à l’aide d’un fin burin, comme l’attestent les petites butées successives repérables sur leur pourtour.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

Ce fragment correspond à l’angle inférieur senestre de l’applique. La ligne de cassure en biais a épargné le personnage. La matière osseuse à la teinte ivoirine présente sur la face externe une coloration ocre rouge, qui est particulièrement visible sur le bord senestre. De petits éclats endommagent le bord inférieur. L’arrachement le long de la cuisse droite de la figure laisse transparaître en surface le tissu osseux spongieux. Au dos, seul le bord interne du côté senestre subsiste, le reste de la surface étant totalement occupé par la structure alvéolaire du tissu osseux spongieux, qui emprisonne encore des sédiments.

Restauration

Lors de la restauration programmée en 2018-2019, V. Picur a atténué la couche de salissure qui recouvrait la surface de la pièce, en optant pour un nettoyage enzymatique réalisé au coton-tige. Celui-ci a été suivi d’un rinçage à l'éthanol.

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