Satyre dansant

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,62 cm ; l. 3,15 cm ; Ép. max 0,3 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2079

Commentaire

Etat de conservation

La partie dextre de l’applique a disparu en raison d’une cassure se situant le long du visage et du buste du personnage. La cassure a fait naître une fente transversale dans la partie inférieure de la face principale de la pièce. Un petit éclat, datant peut-être de la mise en forme de la matrice, s’observe le long du bord, dans l’angle inférieur senestre.

Description

Effectuant un pas de danse très enlevé vers la gauche, le satyre s’apprête à se retourner, ce qu’indiquent son buste vu de trois-quarts et son regard porté vers l’arrière. Son corps contorsionné traduit avec justesse l’agitation qui anime les membres du thiase dionysiaque. Le mouvement que le compagnon de Dionysos esquisse de la jambe droite, légèrement fléchie et portée assez haut, est rare sur cette typologie d’appliques. Il constitue le seul exemple répertorié au sein de la collection du musée Rodin.

La disposition des jambes, qui confère au faune une allure dynamique et sautillante, peut trouver un écho sur l’applique 18806 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 274, n° 166pl. 48), mais l’aspect général de la figure demeure assez éloigné. Elle n’est pas sans évoquer aussi le pas dansant des figures de deux appliques mises au jour dans les fouilles archéologiques du théâtre Diana à Alexandrie : celle sculptée d'après un prototype représentant Ptolémée Aulète (DI 96. 3256.5.7 (110) : RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8, pl. 5, pl. 86-5), et une autre mettant en scène un satyre portant une corbeille (DI 96. 3091.273 (73) : RODZIEWICZ 2007, p. 78-79, n° 24, pl. 12-24, pl. 93-2).

 

Contrairement aux satyres askophoroi, au mouvement plus assagi, ce satyre effectue de sa main gauche levée un geste plein d’entrain. Ce geste également inhabituel se distingue sur l’applique 18780 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 272, n° 153, pl. 46), complété par la forme oblongue d’une outre à l’arrière-plan. Nous pouvons donc postuler que cette main levée a été inspirée par la main soutenant l’outre de vin sur l’épaule. Le contenant n’ayant pas été sculpté sur notre pièce, il n’a donc subsisté qu’une main ouverte.

 

 

Sa nudité masquée par une pardalide ou une nébride ceignant ses reins, le compagnon de Dionysos arbore un buste large dont les pectoraux sont soulignés par une incision en accolade. Au-dessus du vêtement, le nombril est matérialisé par une dépression creusée à l’aide d’un fin burin. Le visage qui se raccorde au buste, sans véritablement de cou, est dessiné par des traits simplifiés à l’extrême. Deux courtes incisions dotent le satyre d’une bouche un peu trop grande, alors qu’un enlèvement de matière suggère un œil à la ligne très étirée. Une courte chevelure en calotte, qui jouxte le bord sommital, couronne le front.

 

Malgré l’absence de parallèle éloquent pour cette applique, son style très graphique jouant sur une forte incision de la matière nous engage à envisager une fabrication au cours du Ve-VIe siècle, période à laquelle est attribué un grand nombre d’appliques rectangulaires publiées par A. Loverdou-Tsigarida. Un relief décoré d’une silhouette de satyre askophoros exhumé à Alexandrie (FOU 01. 10131.172 : RODZIEWICZ 2007, p. 79, n° 25, pl. 12-25, pl. 93-3 ; RODZIEWICZ 2008, p. 250, p. 259, fig. 5-8), participe à cette même tendance stylistique qui consiste à simplifier fortement l’anatomie et à cerner les formes de sillons très marqués. Bien que ces caractéristiques soient encore plus accentuées sur cette pièce que sur celle du musée Rodin, elle en partage l’attrait pour une indéniable linéarité. Datée du milieu du Ve - début du VIe siècle grâce à son contexte de découverte, elle livre un indice précieux sur le plan chronologique.

 

 

Comparaisons 

-Athènes, musée Benaki, 18806 (position des jambes).

-Athènes, musée Benaki, 18780 (main levée).

 

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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