Femme nue

Égypte > provenance inconnue

Époque ptolémaïque (330 – 30 av. J.-C.) ?

H. 8,9 cm ; l. 2,5 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os, tibia ou métapode de bœuf

Co. 2042

Commentaire

Etat de conservation

Cette figurine est incomplète puisque ses pieds sont cassés. La teinte crème de la face évolue vers une coloration plus ocrée sur le revers. Le faible encrassement suggère que la pièce a pu déjà être nettoyée. V. Picur a observé une fine couche blanche non liée dans toutes les parties en creux. Les manques au niveau de la nuque sont inhérents à la structure du tissu osseux.

Description

Debout, les bras plaqués le long du corps, la figurine sculptée en ronde-bosse, offre un corps intégralement nu. Malgré un aplatissement dû au format contraignant du matériau, la silhouette féminine présente des formes caractérisées par une réelle plasticité. Son canon paraît moins étiré que celui de l’autre statuette répondant à la même typologie, conservée au musée Rodin (Co. 2054). Le ventre légèrement rebondi, au centre duquel est signalé le nombril, est surmonté d’une poitrine généreuse dont les seins sont séparés par une incision. La tête, plus massive, se greffe directement au buste, le cou étant presque inexistant. La position des bras vient accentuer la ligne tombante des épaules.

 

Si elle se rapproche de celle de l’autre exemplaire déjà cité, notamment par sa perruque courte, la tête révèle des traits différents. La perruque, principalement scandée de lignes horizontales sur la face, comporte aussi sur son pourtour, de petites entailles verticales. Le revers, barré par quelques stries, n’a pas été travaillé. Le visage prend l’apparence d’une forme trapézoïdale. Les traits ramassés en son centre surplombent une mâchoire carrée. L’emplacement des yeux n’a été que suggéré de part et d’autre du nez et d’une petite bouche aux commissures tombantes.

 

Généralement dressées sur une base rectangulaire façonnée dans la même matrice osseuse, les statuettes se distinguent par une rigidité de l’attitude et un canon, appartenant sur le plan formel, à l’art égyptien pharaonique. Exhumées le plus souvent près de sanctuaires ou en contexte funéraire, elles ont été interprétées comme des concubines. Le site de Ras El Soda, dans les environs d’Alexandrie a livré, à proximité du temple d’Isis, une série de ces figurines (ADRIANI 1952, p. 30, pl. XXVII, fig. 2, 6). On trouve d’autres exemplaires au sein de plusieurs collections muséales : la figurine E 14264 relevant du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, ou celle du Virginia Museum of Fine Arts de Richmond (66. 12.4: GONOSOVÁ & KONDOLEON 1994 n° 67 p. 204).

 

C’est toutefois avec un spécimen de l’ancienne collection de C. M. Kaufmann, abritée à la Liebieghaus Skulpturensammlung de Franfort-sur-le-Main, que la pièce de Rodin entretient le plus d’affinités (KAMINSKI-MENSSEN 1996, cat. IV-20 p. 201, pl. 96). Arborant une large perruque qui couvre les oreilles, la figurine très plate, arbore une tête large qui repose presque sans cou, sur le buste. Comme sur notre exemplaire, seul se détache au centre du visage le nez, au dessus d’une bouche aux lèvres pincées, tandis que les yeux n’ont pas été sculptés. Contrairement à ce qu’affirme E. Rodziewicz, cette typologie n’a pas été mise au jour qu’en Égypte, mais aussi au Proche-Orient. Les fouilles de Samarie, Dor et Be’er Sheva, en Palestine, ont mis en exergue des figurines identiques (SHATIL 2016 p. 307-308, pl. 7-1).

 

Bien que souvent assignées au Moyen-Empire ou à la Troisième Période Intermédiaire, ces statuettes peuvent être reliées à une production de l’époque hellénistique ou du début de l’époque romaine. Les fouilles archéologiques pratiquées dans le centre d’Alexandrie par le Centre d’études alexandrines ont livré deux témoignages d’une production de ce type de statuettes en contexte urbain (RODZIEWICZ 2007 p. 15-16, n° 2 p. 61, pl. 2.2a-c, 85.2a-b). Une datation à l’époque hellénistique, voire au début de l’ère impériale, comme le démontre la série de Ras El Soda, est appuyée par les trouvailles de Palestine. Selon E. Rodziewicz, elle aurait pris fin au IIIe ou au début du IVe siècle, avec la disparition des anciennes traditions funéraires (RODZIEWICZ 2012, p. 14), mais A. Shatil songe à un arrêt plus précoce pour le Proche-Orient (SHATIL 2016, p. 308).

 

Comparaisons -Francfort-sur-le-Main, Liebieghaus Skulpturensammlung, 2778.20 (KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-20 p. 201). -Paris, musée du Louvre, DAE, E 14264.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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