Thot accroupi

Sous sa forme de babouin

Égypte > provenance inconnue
Datation > Époque romaine ?
H. 5 cm ; L. 3,5 cm ; P. 4 cm 
Alliage cuivreux
Co. 1543

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre présente un état de conservation médiocre. Le métal est oxydé sur toute la surface. Malgré cela, quelques détails en relief ou incisés sont encore perceptibles. La statuette est aujourd’hui positionnée sur un socle en bois verni, ajouté à l’époque moderne.

Description

La figurine Co. 1543 représente le dieu Thot sous une de ses formes zoomorphique : le babouin. L’animal se tient assis sur un piédestal quadrangulaire. Son encastrement dans un socle moderne, en bois verni, masque sa structure. 
La tête du babouin est volumineuse, un sentiment renforcé par la présence d’un museau protubérant. Les yeux sont traités en relief, tandis que les paupières et les contours des globes oculaires ont  été distingués sommairement par des incisions. La tête de l’animal est surmontée d’un disque lunaire. Devant ce disque, dont la réalisation sommaire empêche de distinguer s’il est ou non encadré d’un croissant de lune, une excroissance en forme de triangle reste inexpliquée. De part et d’autre de la tête, des excroissances en forme d’ailes sont légèrement incisées de motifs semi-circulaires.
Le corps du babouin est très peu détaillé, hormis quelques incisions sur les côtés de la figurine pour suggérer les membres. Les genoux, qui apparaissent écartés, sont totalement recouverts par les pâtes de l’animal. Le camail, le pelage, bien caractéristique des représentations de Thot-babouin n’est pas spécifiquement mis en valeur. 
L’arrière de la statuette est plate et non travaillée. Cette différence de traitement pourrait signaler que cette face n’était pas destinée à être visible. Cette figurine était peut-être inclue dans une composition plus vaste, réunissant plusieurs divinités.
 
Le babouin représenté ici appartient au genre hamadryas (Papio hamadryas). Il est reconnaissable à son pelage qui diffère de celui des autres espèces, notamment du babouin « drogera » (aussi appelé « olive », Papio anubis drogura) dont la taille est également plus grande. Les singes, et plus particulièrement les babouins, sont bien présents dans l’iconographie égyptienne. Parmi toutes ces productions, il est nécessaire de distinguer les représentations animales, souvent décoratives ou parodiques, et celle du babouin en lien avec le dieu Thot. En effet, la gourmandise des singes et leurs pitreries sont régulièrement représentées dans l’art égyptien, dans les tombes ou sur les objets du quotidien. Mais, le babouin est également un animal associé à plusieurs divinités. Dans un premier temps il est lié au dieu égyptien Baba, avant que celui-ci soit associé au chien au Nouvel Empire notamment dans le Livre des Morts. Le babouin devient alors une manifestation du dieu Thot, dieu de l’écriture, du calcul et du calendrier, et plus largement maître de tous les savoirs. Uniquement associé à l’ibis durant les hautes époques, Thot est représenté sous l’aspect d’un babouin à partir de la XVIIIe dynastie, et plus particulièrement sous le règne d’Amenhotep III. La mise en avant des singes durant cette période est probablement liée au développement du culte solaire associé à la personne royale. En effet, les babouins réagissant particulièrement au lever du soleil en gesticulant, en criant, voire en aboyant, les anciens égyptiens y ont vu une manifestation en l’hommage du dieu solaire. C’est probablement pour cette raison que des statues de babouins sont parfois disposées à la base des obélisques, symboles de la lumière solaire (Louvre D31, BARBOTIN 2007, p. 194-195). Thot, maître de la norme et de la régularité, assure alors le bon fonctionnement du cycle solaire. À l’époque ramesside, le dieu est à nouveau représenté sous la forme d’un ibis dans la production royale, mais le babouin perdure dans les productions privées. À partir de la XIXe dynastie, un nouveau thème se développe alors : Thot-Lune. C’est ainsi, que de nombreuses statuettes et reliefs montrent Thot à tête d’Ibis ou Thot-babouin surmonté d’un disque lunaire. 
 
À partir du Nouvel Empire, de nombreuses statuettes de babouin sont produites dans différentes matières (faïence, bronze, pierres, etc.). Dès le milieu de la XVIIIe dynastie, on rencontre les premières statues privées intégrant des babouin-Thot : le propriétaire est agenouillé et tient entre ses mains un autel sur lequel est assis le babouin, ou il est assis en position de scribe devant un babouin perché sur l’autel. Également à la même époque, des statuettes individuelles du dieu Thot-babouin sont produites. Parmi les statues de babouin seul, on peut également distinguer plusieurs sous-catégories. La première distinction est l’attitude du babouin, dont les mains sont posées sur ses genoux, comme pour l’objet Co. 1543, ou levées dans un geste d’adoration au soleil (MMA 66.99.55, XIXe dynastie ou BM EA40, XIXe dynastie). Thot peut également porter un disque lunaire sur la tête, être assis sur un autel ou encore tenir l’œil oudjat (BM EA64599, XXVIe dynastie).
 
 
La statue Co.1543 montre donc Thot sous l’aspect du babouin assis, couronné du disque lunaire, dans une attitude simple et classique. Ce type de représentation est bien attesté pour de nombreuses périodes, dès la XVIIIe dynastie. Mais la présence de deux excroissances, de part et d’autre de la tête de l’animal, demeure étonnante. Il ne peut s’agir de touffes de poils, comme on en trouve sur de nombreuses figurines (MMA 10.130.1940, UC 52975) car leur forme est bien celle d’une aile. Bien que plusieurs passages des Textes des pyramides mentionnent le fait que Thot porte sur ses ailes l’œil divin (notamment, PT 594a-b, Spell 359 ; PT 978a, Spell 487), les images de Thot-babouin ne sont pas, à notre connaissance, accompagnées d’un disque ailé. 
 
Trois figurines sont conservées au musée de Los Angeles Country Museum of Art (LACMA 45.23.32M.80.203.105M.80.203.138). Datées probablement de l’époque gréco-romaine, elles offrent une iconographie très similaire à l’objet Co. 1543 du musée Rodin. 

Inscription

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