Matière et technique

Matériau : Calcaire. 

Analyses :

L’analyse des pigments par fluorescence menée par le C2RMF en mai 2010 a révélé que le fond était incolore (il n’y a pas de couche préparatoire).

Du rouge à base de fer a été utilisé pour la carnation du roi, les rémiges de la coiffe hathorique et le pelage des vaches ; des traces de jaunes ont été relevées sur le pelage des vaches et le disque solaire ; du bleu égyptien a été utilisé pour peindre le vase-nou, les sabots des vaches mais aussi pour décorer le pelage de la vache de droite.

Les analyses ont également détecté du sulfate de calcium en surface.

Modification matérielle

Le chant supérieur et le chant inférieur présentent chacun quatre percements, qui correspondent à des logements d’agrafes, aujourd'hui disparues. Ce sont les vestiges d’un ancien système de fixation. Le sculpteur Kichizo Inagaki a réalisé, à la demande de Rodin, un cadre en bois afin de présenter l’œuvre. Il était encore en place en 1967, lorsque le relief a été pris en photographie pour le catalogue de l’exposition Rodin Collectionneur ainsi que dans l’exposition elle-même (1967-1968). Peut-être les agrafe appartenaient-elles à ce cadre.

Au revers de l’œuvre et sur les chants, certaines marques témoignent des techniques utilisées par Inagaki pour réaliser son cadre : emplacement taillé à l’aide d’un ciseau pour un croisillon en bois, restes de plâtre et de filasse pour fixer un croisillon, lignes de repère au graphite sur les chants.

 

Un cadre métallique peint en noir (112 cm x 40 cm) a été fixé à l’arrière de l’œuvre, permettant de présenter le relief verticalement. Il a été réalisé à l’aide de cornières de 2,5 cm de côté et 4 mm. Il a été renforcé par deux fers plats de 2,5 cm x 4 mm, soudés sur la hauteur, et fixé au relief par huit tiges filetées faisant office de boulons, insérées et collées dans la pierre au mastic polyester et par des écrous. Un début de percement à l’arrière du relief évoque un essai infructueux de mise en place du nouveau cadre.

 

Le numéro d’inventaire actuel « Co. 1409 » est inscrit sur le chant gauche, à l’encre noire, sur une pellicule isolante. 

Etat de conservation

L’état de conservation de l’œuvre est assez bon mais fragmentaire. Dans son état actuel, elle s’apparente à un linteau. Cependant, seul le chant droit, irrégulier, semble original. Les autres chants sont des cassures, ils ont visiblement été repris pour être aplanis (des traces d’outil et de râpe sont bien visibles). Le chant inférieur présente aussi des griffures modernes. L’angle supérieur droit a été emporté par une grande cassure, tandis que de nombreuses épaufrures marquent les bordures, en particulier les bords supérieur et gauche.

Les volumes et les modelés des scènes, principalement sculptées en relief dans le creux (motifs descendus par rapport au fond), sont très émoussés. De nombreux coups de pointes et de ciseau plat zèbrent la surface, en particulier la partie centrale et la moitié supérieure droite. Le revers présente également différentes traces d’outils.

Il subsiste des traces de la polychromie originale, parfois recouvertes par la terre de fouille (notamment dans les creux des reliefs) : des pigments bleus sur les lignes de sol, le pourtour des sabots des vaches et l’offrande tenue par le personnage de droite, des pigments rouges sur les chairs du roi et sur la coiffe divine. Les restes conservés sont très fragiles.

 

Le relief a été cassé en deux fragments, peut-être lors de sa dépose ou de sa « découverte », quoiqu’il en soit avant 1913 puisque l’inventaire établi par Boreux mentionne ces deux fragments (a et b).

Il a été de nouveau cassé sur le chant supérieur, au niveau du sommet de la coiffe de la vache gauche.

On peut voir sur la photographie du catalogue d’exposition Rodin Collectionneur (pl. 5) la ligne de cassure qui divise le relief – placé dans un cadre en bois réalisé par Kichizo Inagaki – en deux fragments. Sans doute lors du changement de système de présentation par la Maison André, suite à l’exposition, l’œuvre a été brisée, comprenant désormais sept fragments (probablement au cours du démontage du cadre en bois) qui ont été recollés.

 

Restauration

À une date indéterminée (sans doute antérieure à l’intervention de la maison André vers 1968), des petits fragments dans la partie haute ont été recollés à la gomme-laque mais se sont recassés avant les plans de collage, laissant sur l’adhésif une pellicule de poudre de pierre.

 

Intervention de la maison André vers 1968 : sept fragments recollés au mastic polyester ; renforcement du collage à l’aide de tenons métalliques dont l’emplacement exact reste indéterminé ; bouchages en enduit gris clair pour combler les éclats manquants autour des cassures ; bouchages recouverts d’une retouche beige ; montage sur cadre métallique.

 

À une époque indéterminée (avant 2000), un produit de type consolidant a été appliqué sur la pierre, accentuant le processus de dégradation.

 

Intervention en Novembre 2000 : dépoussiérage léger au pinceau doux ; fixage d’urgence par facing à l’aide de papier Japon et de Culminal MC 3000® à 1% dans un mélange d’eau et d’éthanol (40/60).

 

Intervention de Sophie Joigneau et Marie Louis en décembre 2008 : tests de nettoyage par application de pâte Mora® (gel composé de carboxyméthylcellulose, de bicarbonate d’ammonium, d’EDTA sel disodique, de tensio-actif et d’eau déminéralisée) et rinçage à l’eau claire ; résultats peu satisfaisants car l’épiderme est trop fragile.

 

Intervention de Sophie Joigneau et Marie Louis en novembre 2011 : dépoussiérage au pinceau très doux sous aspiration ; nettoyage de l’encrassement, des auréoles et des taches sur la face avant par photo ablation à l’aide de l’Art Laser (Energy 350mJ, Fréquence de répétition 30Hz ; il utilise l’énergie lumineuse, sans eau et sans produit chimique, donc sans pression et sans abrasion) sauf sur les zones ayant conservé la polychromie ; nettoyage des traces d’encrassement à l’arrière du relief à la gomme ou à l’aide de bâtonnets ouatés humectés d’eau pour les plus résistantes ; consolidation de la pierre à l’aide d’un silicate d’éthyle (Estel 1000®) ; élimination de la gomme-laque dans les parties hautes à l’aide de compresses et de bâtonnets ouatés imbibés d’éthanol ; élimination des retouches beiges à l’eau tiède ; élimination de l’enduit gris, préalablement ramolli à l’eau tiédie, avec un scalpel ; élimination mécanique des débordements de mastic polyester au scalpel ; réalisation d’un nouveau bouchage sur le plan de cassure, composé de poudre de diatomée et de pigments, liés à la résine acrylique Plextol B-500®, teinté dans la masse à l’aide de pigments puis retouché aux pastels secs et à l’aquarelle. 

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