Sirène

Élément de mobilier

Provenance > Égypte ?
Datation > Époque romaine
H. 19 cm (avec la base) / 17,5 cm (sans la base) ; L. 15 cm
Alliage cuivreux
Co. 1915

Comment

State of preservation

La statuette est en mauvais état de conservation. Le métal est oxydé sur toute la surface. La base sur laquelle repose la patte présente un manque sur le pourtour inférieur. Une large perforation circulaire est visible au-dessus de la patte, sur le côté droit de la sirène, et une perforation rectangulaire un peu moins étendue est présente sur son côté gauche. En dessous de celle-ci le métal est légèrement enfoncé, il est fissuré et présente un petit manque. Une perforation traverse le métal entre les deux griffes médianes de la patte. Une perforation un peu plus large traverse la base.
L’extrémité de l’aile gauche a été cassé et remise en place lors d’une intervention ancienne, un bouchage vert a été appliqué le long de la cassure pour dissimuler le collage. La corrosion du métal est constituée de cuprite, recouverte d’une couche vert sombre de carbonates sous forme de malachite. Des concrétions dont certaines sont imprégnées de sels métalliques donnent à la surface un aspect irrégulier en de nombreux endroits, seul le dessous du corps, qui a peut-être fait l’objet d’un nettoyage plus poussé, a un aspect assez lisse. La feuille métallique fixée par un rivet sur l’aile gauche présente une corrosion ponctuelle vert clair, due vraisemblablement à une chloruration du cuivre.
 

Description

Cette statuette en alliage cuivreux est à l’effigie d’une sirène, une chimère de la mythologie grecque mi-femme mi-oiseau. Ici, elle est figurée avec une tête et un buste de femme ailée se terminant par une imposante griffe d’oiseau dont les serres se referment sur un socle cylindrique et concave au centre. 
La sirène est représentée selon les canons de l’Antiquité classique, comme en témoigne sa coiffure, un chignon volumineux donnant l’illusion qu’une couronne tressée encercle la tête de la sirène. L’érosion de la statuette ne permet pas d’en apprécier les particularités, mais on constate encore le détail des mèches qui entourent le visage. Celui-ci est rond et peu détaché d’un large cou. Les sourcils, le nez et les lèvres sont traités en relief, tandis que les yeux et les détails de la bouche sont incisés. Le buste est très peu détaillé et apparaît plutôt comme un tronc sur lequel les seins sont signalés au moyen de deux petites incisions circulaires destinées à indiquer l’emplacement des tétons. De ce buste, deux ailes se développent de part et d’autre du corps. Les plumes sont sommairement signifiées au moyen d’incisions géométriques. 
 
À l’arrière, aucun détail anatomique n’est visible. La partie haute de la figurine est absente, laissant entrevoir l’intérieur. À mi-hauteur, une petite plaque se développe perpendiculairement. Elle est soutenue au moyen d’une tige de section ronde. Cet ensemble devait permettre la fixation de la statuette à un meuble, qui pouvait s’encastrer dans l’espace laissé vide. Le haut de la sirène était alors fixé au bois grâce aux rivets qui transpercent les ailes.
 
La sirène à griffe d’oiseau a été coulée, vraisemblablement selon une fonte indirecte à la cire perdue avec noyau. Sur la paroi interne, on discerne, en effet, le bord découpé de ce qui devait correspondre à des bandes de cire appliquées à l’intérieur du moule. On distingue également deux gouttelettes sur le bord interne de l’aile droite, sous la tête, celles-ci témoignent qu’une première couche de cire liquide a été appliquée avant la mise en place des bandes de cire posées alors qu’elles étaient vraisemblablement molles. Une sur-coulée a été effectuée à la naissance de la plaque perpendiculaire qui se développe à l’arrière. Très schématique, le rendu des plumes des ailes a probablement été réalisé dans la cire car la matière ramenée sur le bord des incisions semble avoir été molle. Deux rivets traversent ces ailes, chacun d’une dimension différente. Celui placé sur l’aile gauche, beaucoup plus large, retient encore le fragment d’une feuille d’alliage cuivreux.
 
 
La sirène antique est un hybride, une composition imaginaire combinant des éléments de la femme et de l’oiseau. La première occurrence du terme « sirène » apparaît chez Homère dans l’Odyssée, mais aucune description n’est donnée. Il faut attendre le VIe siècle av. J.-C. pour que la première mention de ce terme soit associée à des figuration d’oiseaux anthropocéphales féminins ou masculins. L’origine de ce motif iconographique a alimenté de nombreux débats académiques, opposant les partisans de l’influence égyptienne et ceux de l’influence proche-orientale. Cependant, les résultats les plus récents tendent à montrer que la sirène grecque serait héritière d’une fusion d’éléments iconographiques de tradition égyptienne, déjà assimilés au Proche-Orient, et de figures de monstres et de démons d’influence égéenne datant du IIe millénaire. 
Dans l’iconographie grecque, les sirènes sont essentiellement représentées sur des vases qui illustrent le périple d’Ulysse. Elles peuvent aussi être figurées en trois dimensions, sur  des petites figurines en terre cuite (Louvre MNB1731), ou encore des appliques décoratives de vases ou de miroirs (Louvre Br3142.13).
À l’époque romaine, des figurines de sirène en alliage cuivreux sont façonnées afin de renforcer et décorer certaines parties de meubles en bois, comme les pieds ou les accoudoirs de chaise (Louvre Br264, Louvre AO1982). En Égypte, plusieurs figurines semblables à l’objet Co. 1915 ont été découvertes, comme (CGC 27836, EDGAR 1904, p. 53, pl. XVI).

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913. Donation Rodin en 1916.

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