Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 9,2 cm ; l. 4,3 cm ; P. max. 2,4 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
Co. 2085
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 9,2 cm ; l. 4,3 cm ; P. max. 2,4 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
Co. 2085
Cassée dans sa partie inférieure, la pièce présente une lacune au sommet, sans doute générée par la trop grande fragilité du tissu osseux à cet endroit. L’angle supérieur dextre est brisé, alors qu’un grand éclat de surface endommage l’angle senestre. Sur la face externe se remarquent des traces noires d’aspect gras, qui cohabitent avec des dépôts foncés ou blancs dans les parties incisées. Le revers révèle une double coloration. Alors que la dépression correspondant à l’emplacement de la cavité médullaire montre une teinte claire, les bords se parent d’une couleur brune très soutenue, qui déborde sur la face externe. On notera la présence de fentes longitudinales sur ces mêmes bords.
Le personnage, nu, à l’exception d’un himation posé sur ses épaules, progresse vers la gauche, tout en détournant la tête. Cette figure, qui participe, de toute évidence au défilé du cortège dionysiaque, ne répond pas à un genre bien défini. Son buste, aux formes très géométrisées, n’est pas doté des courbes qui caractérisent l’anatomie féminine, mais sa coiffure, aux mèches tirées vers l’arrière, ceinte d’un bandeau, renvoie à celle des ménades. Pourtant, la masse ovoïde discernable derrière l’épaule gauche de la figure, supportée par la main voilée de l’himation, rappelle directement l’outre de vin que portent la plupart des satyres sculptés sur les placages en os d’époque romaine, à l’instar de celui qui apparaît sur la pièce du musée Rodin Co. 2056. Ce spécimen semble témoigner d’une confusion iconographique entre le type du satyre askophoros et la ménade tympanistria. L’ellipse discernable derrière la tête du personnage peut être également interprétée comme un drapé enflé par le vent, ou encore comme une arcature située à l’arrière-plan.
L’attitude qu’adopte la figure la rapproche néanmoins d’une série de ménades sculptées sur des appliques convexes du musée Rodin, évoluant d’un pas alerte vers la gauche, mais détournant violemment la tête vers l’arrière (Co. 2049, Co. 2113, Co. 2117, Co. 2184). Cette orientation contradictoire du buste et du visage apparaît comme une convention de représentation, visant à traduire de façon explicite l’agitation des membres du thiase dionysiaque. Parmi les pièces accueillant des ménades, notre exemplaire est sans doute l’un de ceux offrant les formes les plus abruptes et les contours les plus heurtés. Le visage, notamment par sa coiffure, présente une parenté avec un élément de placage du musée Benaki, bien qu’il soit moins incliné (18884 : MARANGOU 1976, p. 105, n° 100, pl. 31c). Le nez fort, surplombant une bouche aux lèvres charnues, s’articule à un buste rendu de façon très schématique. Seule une dépression centrale suggère la présence de la poitrine.
L’épaule droite est indiquée par un vif enlèvement de matière au ciseau, tandis que le bras, qui retient un pan de vêtement, est singulièrement aminci. La forte stylisation de l’anatomie ainsi que la simplification du modelé des chairs, allant de pair avec une rudesse du travail de la matière osseuse, témoignent d’une exécution rapide, privilégiant une vision synthétique du corps. Aussi nous pouvons, sur la base de ces éléments quelque peu arbitraires, et de l’affinité avec l’applique du musée Benaki, proposer une réalisation de la pièce au cours du IVe siècle, ou même du Ve siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18884 (visage).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Le type d’étiquette à bord dentelé et à liseré bleu, marqué à l’encre d’un nombre suivi de lettres minuscules séparées par un tiret, se retrouve au dos de l’exemplaire Co. 2067 du musée Rodin. Fait plus intéressant, il est aussi présent au revers d’une série d’appliques conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Ces pièces ont été identifiées dans le registre manuscrit du musée Guimet comme dix appliques provenant d’Alexandrie, acquises par E. Guimet le 14 septembre 1905 auprès d’un des antiquaires Tano. Cette association nous engage à supposer que Rodin put acquérir certains placages de mobilier en os, par le biais de la même famille connue pour son commerce d’antiquités au Caire. Cette hypothèse est d’autant plus recevable que P. Tano procura au sculpteur, en 1903, deux masques funéraire en stuc égyptiens d’époque romaine.
Égypte > provenance inconnue
Fin IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?
H. 10 cm ; l. 4,4 cm ; P. max. 2 cm
Os, humérus droit de bœuf, face latérale
Co. 2084
La perte de la partie inférieure a privé la figure de ses jambes à partir des genoux. Des éclats endommagent également les angles supérieurs de la pièce. Une fissure, dont la ligne suit le pan de fracture qui a mutilé la cuisse gauche de la jeune femme, court jusqu’à la hanche droite.
Se caractérisant par une teinte crème tirant sur le gris, la face externe révèle des zones de couleur ambrée. Cette coloration prend des accents bruns sur les bords de l’applique, et recouvre en grand partie les bords, au revers. On note aussi la présence de marques noires d’aspect gras sur la face principale, comme sur d’autres pièces de la collection du musée Rodin, comme l’applique Co. 2085. Quelques sédiments subsistent dans les trabécules encore visibles au dos.
Placée sous une arcade, cette compagne de Dionysos prend part au défilé bacchique en jouant des cymbales. Son corps nu est orienté vers la droite, tandis qu’elle détourne la tête de façon à porter son regard vers la gauche. Son buste vu de trois-quarts accompagne le mouvement de son visage. Fréquemment adoptée par les membres du cortège du dieu de l’ivresse et de la fête, cette attitude tournoyante transcrit avec justesse l’ardeur qui les animent. La posture de la figure la rapproche indubitablement de plusieurs pièces du musée Rodin sculptées d’une silhouette de ménade tympanistria évoluant vers la droite (Co. 2050, Co. 2104), ou de leur contrepartie (Co. 2067). Le bras gauche fortement plié afin de tenir l’instrument, ou le frapper à hauteur du visage, constitue un indice iconographique commun. Toutefois, la petitesse du disque que tient la ménade au-dessus de l’épaule gauche suggère qu’il s’agit d’une cymbale, et non d’un tambourin.
Cette applique rencontre peu de pièces équivalentes en terme d’iconographie ou de style, hormis le fragment d’applique inv. 71.1117 conservé au Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 100-101, n° 169). On notera qu’à la différence de cette comparaison, notre ménade semble pivoter davantage vers la gauche. Son corps, aux proportions bien observées et aux chairs lisses témoigne d’une certaine sûreté de réalisation. Les épaules et les hanches paraissent néanmoins assez larges, au regard d’autres ménades sculptées sur la série d’éléments de placage du musée Rodin, et le nombril n’a pas été indiqué. Un soin tout particulier a été porté au visage dont les détails sont rendus avec délicatesse. La chevelure aux mèches tressées ramenées vers l’arrière de la tête enserre un visage aux joues pleines et à l’œil en relief. La même attention aux détails s’observe également dans la minutie avec laquelle les doigts de la main droite sont traités.
La finesse du visage n’est pas sans évoquer ceux des appliques inv. 18889 et inv. 18886 du musée Benaki, bien que les traits divergent (MARANGOU 1976, p. 99, n° 68, pl. 22b ; p. 103-104, n° 93, pl. 29a). L’attachement aux modèles d’époque hellénistique, le sens du mouvement et la sensibilité du modelé, participent à une facture de qualité. S’y ajoute l’approche réussie du visage, qui nous conduit à vouloir placer la réalisation de cette pièce dès la fin du IIe siècle ou au cours du IIIe siècle.
Comparaisons
-Baltimore, Walters Art Museum, 71.1117.
-Paris, musée Rodin, Co. 2050, Co. 2104 et Co. 2067 (attitude : bras plié).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe ap. J.-C. ?
H. 16 cm ; l. 7,1 cm ; P. max. 2,1 cm
Os, humérus droit de bœuf, face latérale
Co. 2067
Cette pièce constitue l’un des rares exemples de la collection du musée Rodin à être presque intégralement conservé. Les seuls véritables dommages que l’on peut constater sont une cassure du bord interne senestre en partie inférieure, et un petit délitement de son coin supérieur. Sur la face principale, s’étend un réseau de fentes, courant sur le ventre, les jambes et le vêtement de la figure. Un certain nombre de soulèvements stables s’observent également. De couleur crème, le relief sculpté montre une tonalité plus crayeuse dans les zones fragilisées (angle inférieur dextre et partie supérieure senestre). Une légère tache d’oxydation se distingue près de l’épaule droite de la ménade. Le revers, blanc rosé, révèle sur ses bords internes, de longues fissures verticales. Celles-ci traversent toute l’épaisseur du tissu compact puisque leur tracé se retrouve aussi sur le chant sommital du placage. Des sédiments subsistent dans les trabécules.
La courbure des parois de la matrice osseuse, prélevée dans un humérus de bœuf, a été mise à profit, pour faire écho aux lignes sinueuses de la ménade, emportée par l’élan de la danse. Progressant d’un pas enlevé vers la gauche, cette dernière fait subir à son cou une torsion hardie afin de porter son regard vers l’arrière. Aux chairs lisses du corps nu, s’opposent les lignes en arabesque du chiton. Le vêtement, tombant des épaules, épouse la cambrure de la jeune femme, puis coincé derrière sa jambe droite, se déploie en un pan souple animé de nombreux plis. Le bouillonnement des drapés s’accorde à la fois à l’attitude frénétique, mais est aussi évocateur du son saccadé du tympanon que la ménade frappe de sa main droite. Alors qu’elle lève à hauteur de son visage l’instrument, qui revêt la forme d’un disque étiré souligné d’une bordure, un second tambourin se trouve posé au sol, à sa droite. Le visage sculpté avec attention est coiffé d’une chevelure organisée en mèches ondulées, ramenées vers l’arrière et rejoignant un chignon surmontant la nuque.
Par sa posture générale, la ménade rappelle le fragment Co. 2251 du musée Rodin. Elle affiche toutefois, une parenté iconographique et stylistique plus évidente, avec une applique du musée Benaki (18876 : MARANGOU 1976, p. 103, n° 92, pl. 28d). S’y remarquent plusieurs caractéristiques analogues : un corps aux lignes souples mais relativement plat, une poitrine comprimée de façon maladroite sous le bras droit, un visage aux détails rendus avec soin, surmonté d’une chevelure tirée en arrière aux mèches incisées de manière méticuleuse. La prédominance du graphisme sur le volume se lit également dans le pourtour incisé du tambourin, ou le listel formant un cadre rectangulaire en partie supérieure de la pièce. Le traitement du visage offre des points de comparaison, comme le globe oculaire suggéré par une bille en saillie. L’applique mise en vente à Londres chez Bonhams le 13 avril 2011 propose une variante de notre pièce, avec un chiton moins densément plissé et un tympanon au sol disposé à gauche de la ménade. Des pièces de plus petite taille, telle celle découverte à Ehnasiya que conserve le Nicholson museum de Sydney (inv. NM00.176), reprennent parfois le schéma iconographique à l’identique. Il n’est guère étonnant d’identifier sur quelques reliefs en os les images en miroir de notre ménade : ainsi un exemplaire fragmentaire des collections du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17192 : MARANGOU 1976, p. 35, 103, pl. 29b), cette fois-ci sculpté dans un humérus gauche de bœuf, livre une version aux formes harmonieuses et aux chairs modelées avec une certaine sensibilité, qualités qui se répètent sur une autre pièce repérée sur le marché de l’art en 2015 (Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Sale, lot 478).
Les exemplaires des musée Benaki, du musée du Louvre ou de la vente Bonhams à Oxford, à la fois par l’accent porté sur le volume ou l’aspect calligraphique de leur drapé, s’inscrivent dans l’esprit de la sculpture de l’époque sévérienne. Pour autant, la perte de volume qui caractérise notre pièce, au profit d’un jeu de courbes et de contre-courbes, comme la simplification de l’anatomie et des plis du drapé qui s’y observent, permettent d’envisager une datation légèrement plus tardive. En l’absence de provenance et de contexte archéologique, seule une analyse stylistique constitue un moyen pour nous orienter vers une période donnée, bien qu’il faille conserver la plus extrême prudence quant à la date avancée. L’hypothèse d’une réalisation au cours du IIIe ou IVe siècle est donc plausible.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18876 (iconographie et style).
-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17192 (type iconographique symétrique).
-Vente Londres, 13 avril 2011, Antiquities including Property from the collection of Sir Daniel Donohue, lot 438 (iconographie et style).
-Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Sale, lot 478 (type iconographique symétrique).
-Sydney, Nicholson Museum, inv. NM00.176 (type iconographique).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,8 cm ; l. 3,5 cm ; P. max. 1,6 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
Co. 2051
Brisée sur tous ses côtés, l’applique ne conserve qu’un petit segment de son chant sommital et une partie de son bord dextre. Un large éclat endommage le vêtement sous la taille de la jeune femme. Côté senestre, la cassure suit la ligne courbe du bras relevé et du buste. De couleur crème sur ces deux faces, la pièce présente au dos de profondes trabécules qui abritent encore des sédiments.
Tournée vers la gauche, la jeune femme à la pose contournée, dirige son regard vers la même direction. Son bras gauche relevé, qui décrit un arc-de-cercle juste au-dessus de sa tête, retient un tambourin, placé à l’arrière. C’est sans doute le manque de place en hauteur qui a contraint ici le sculpteur à disposer l’ovale du tympanon contre la chevelure de la bacchante, dans une juxtaposition peu vraisemblable. Cette même caractéristique peut être relevée sur l’applique Co. 2194 du musée Rodin, ou sur un relief exhumé sur le site d’Abou Mina (ENGEMANN 1987, p. 173 n. 11, pl. 17c), deux pièces accueillant une ménade à la pose presque symétrique.
Légèrement incliné vers l’arrière, le visage dont se découpe le profil droit, est traité avec une grande finesse. Au-dessus d’une joue bien rebondie se loge un petit œil à la pupille perforée, entourée d’une saillie de matière matérialisant la ligne des paupières. Le nez, plutôt fort, surmonte une bouche aux lèvres épaisses. Nouée en un chignon bas sur la nuque, la chevelure est coiffée en mèches ondulées. Le motif du bras brandissant un tambourin et encadrant le visage trouve une illustration analogue à l’applique étudiée, sur une pièce de la collection Barnes à Philadelphie (A 98h). Le chiton attaché aux épaules et ceinturé sous la poitrine, s’anime au niveau du kolpos de larges plis ondoyants et enflés sous l’effet du mouvement. Hormis le bras droit porté vers l’arrière de cette figure, de nombreux points concordent entre les deux éléments de placage, qui procèdent, de toute évidence, d’un modèle proche.
Présentant une qualité de facture indéniable, cette pièce apparaît encore fidèle par son traitement plastique aux représentations d’époque hellénistique. La volonté de restituer un volume presque tridimensionnel, le sens du mouvement perceptible dans l’animation du vêtement, ainsi que le traitement élaboré de la coiffure, invitent à placer la production de cette pièce au Haut-Empire. Un rapprochement mérite d’être initié avec l’applique 18894 du musée Benaki, essentiellement pour le visage. Celui-ci dévoile des traits similaires, rendus à l’aide des mêmes procédés techniques (MARANGOU 1976, p. 73, 123, n° 203, pl. 22a). L’œil délicatement perforé, bordé d’une paupière en léger ressaut, se retrouve aussi sur d’autres appliques de la même collection, assignées sur la base de critères stylistiques, au IIe siècle, par L. Marangou. En outre, on remarque ce même traitement, sur une pièce mise au jour dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, p. 68, n° 11, pl. 7-11, 88-1). Son attribution à l’époque antonine par E. Rodziewicz plaide en faveur d’une fabrication de notre pièce au IIe siècle.
Comparaisons
-Abou Mina, missions archéologiques de l’Institut archéologique allemand (Deutsches Archäologisches Institut) (attitude presque symétrique, mais style différent).
-Athènes, musée Benaki, 18894 (visage).
-Paris, musée Rodin, Co. 2194 (attitude presque symétrique, mais style différent).
-Philadelphie, fondation Barnes, A 98h.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 10,6 cm ; l. 4,4 cm ; P. max. 2,6 cm
Os, humérus droit de bœuf, face latérale
Co. 2050
La partie inférieure de la pièce est cassée. Le bord sommital est interrompu par un manque qui correspond à l’emplacement de la fossette olécranienne de l’os. Bien qu’offrant une teinte de couleur crème assez uniforme, la face externe comporte une large tache d’oxydation à proximité du bord senestre, couvrant le drapé tombant des épaules de la ménade. Un réseau de fentes s’observe au sommet du placage. Le dos de la pièce révèle une coloration différente, surtout sur les bords internes, qui se parent d’une teinte plus ambrée. Des sédiments subsistent encore dans les trabécules.
Progressant d’un pas alerte vers la droite, la compagne de Dionysos adopte une pose peu naturelle, tournant sa tête, dans un mouvement improbable, vers l’arrière. Ce mouvement contradictoire du visage et du buste constitue un poncif iconographique de la série des ménades tympanistriae. Si l’attitude peut être comparée à celle de la figure sculptée sur l’applique Co. 2084 de la collection d’A. Rodin, la jeune femme joue du tympanon, – et non des cymbales –, frappant un instrument assez volumineux. Elle lève en effet, à hauteur de sa tête, un disque ovoïde très étiré. Sur la droite, à l’arrière-plan, se dessine une arcature, suggérant le décor d’un portique devant lequel évoluait le cortège du dieu de l’ivresse. De telles indications architecturales se retrouvent sur plusieurs pièces appartenant au musée Rodin accueillant des représentations de ménades : Co. 2084, Co. 2085, Co. 2103.
Le corps nu, beaucoup plus étiré que celui de l’applique Co. 2084, offre des lignes sinueuses contrebalancées par les plis ondoyants du chiton. Retombant de part et d’autre du buste, il se répand en quelques plis pesamment accentués. Particulièrement allongé, le visage est bordé d’une chevelure aux mèches ondulées, descendant bas dans la nuque. Animé par un œil grand ouvert, à l’ovale incisé, un haut cou le supporte. Les bras, dont la position trahit quelques maladresses, se terminent par de longs doigts effilés.
Ce relief peut aisément être mis en rapport avec l’applique Co. 2067 conservée au musée Rodin, qui permet d’apprécier le type iconographique dans son entièreté. Il semble consister en une image en miroir de cet exemplaire dédié à une ménade dansant vers la gauche. Le dessin de l’étoffe, soulevé par le pas rapide de la ménade, paraît également dupliqué selon un axe de symétrie.
Bien qu’elle procède sans nul doute d’un modèle commun avec un exemplaire fragmentaire des collections du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17192 : MARANGOU 1976, p. 35, 103, pl. 29b) et une pièce passée en vente publique en 2015 (Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Sale, lot 478), elle s’en distingue par plusieurs caractéristiques. Notre ménade présente des bras pliés, alors que sur les deux pièces de comparaison, les bacchantes frappent la peau du tambourin de leur bras tendu. Sur le plan stylistique, la pièce qui nous préoccupe s’éloigne de ces deux références, par une élongation prononcée du canon, une coiffure d’esprit moins classique, des formes à la plasticité et au poli moins affirmés. La position du ventre et des jambes n’est pas sans évoquer le fragment d’applique E 17196 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, mais là encore, nous observons une divergence en matière de style. Les formes sont de toute évidence, plus plates, et les plis affectés par une certaine mollesse. Cette traduction avant tout plus stylisée et graphique d’un modèle aux formes plastiquement réussies, assigné à la période sévérienne, nous invite à placer la réalisation de l’élément de placage du musée Rodin à une date un peu plus tardive. Aussi pouvons-nous envisager pour celui-ci une fabrication au cours du IVe siècle.
Comparaisons
-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17192, E 17196 (types iconographiques).
-Paris, musée Rodin, Co. 2067 (contrepartie symétrique), Co. 2084, Co. 2104 (attitude).
-Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Sale, lot 478.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
H. 9,9 cm ; l. 4,5 cm ; P. max. 2,4 cm
Co. 2049
Brisée en biais en partie inférieure, la pièce offre une teinte crayeuse virant au jaune clair, surtout côté senestre. La même coloration plus soutenue s’observe sur les bords de la face interne. Un réseau de fentes longitudinales couvre la face principale, essentiellement dans la partie dextre. Quelques petites taches ocre orangé parsèment le dos à son sommet. D’abondants sédiments se logent encore dans les creux des trabécules qui barrent le revers de l’applique.
Emportée par l’élan de la danse vers la gauche, la suivante de Dionysos semble changer subitement d’attitude. Son buste amorce, en effet, un mouvement de rotation, pour accompagner sa tête tournée vers l’arrière. Ainsi, cette dernière cherchait-elle à communiquer avec les autres membres du cortège bachique. Contrairement aux ménades sculptées sur les appliques Co. 2113 et Co. 2117, aux similitudes iconographique et stylistique indéniables, la jeune femme ne brandit pas d’instrument de musique. Elle retient un chiton, qui glissant dans son dos, dévoile sa nudité. Son geste et sa posture ne sont pas sans rappeler une pièce découverte lors des fouilles menées dans le secteur du théâtre Diana (DI 95. Sect.2. 2026.1.9 (43) : RODZIEWICZ 2007, p. 67, n° 9, pl. 6, pl. 87-2b). D’après les plis de drapé visibles contre la cuisse droite, il est fort probable que le chiton venait recouvrir la jambe gauche de la figure, comme sur cette analogie d’origine alexandrine.
Si notre ménade s’éloigne de cet exemple à la plasticité très affirmée, son corps n’en témoigne pas moins d’une véritable recherche de volume. Sa poitrine, qui surmonte un ventre légèrement renflé, se caractérise par un modelé assez doux, parachevé par un polissage, qui laisse tout de même deviner des traces de façonnage.
À travers ses détails anatomiques et par sa position, le visage rappelle fortement une applique fragmentaire du musée Benaki (18873 : MARANGOU 1976, n° 94 p. 104, pl. 30a). De forme plutôt allongée et offrant son profil gauche, il est né du maniement précis d’un fin burin. Tirées en arrière, les mèches de cheveux sont rassemblées en un chignon, et laissent place, sur le haut du crâne, à une grande plage lisse. Un long nez droit, placé dans le prolongement du front, surplombe une bouche menue, masquée par une joue gauche rebondie. L’œil, au globe oculaire en relief, a fait l’objet d’un travail méticuleux.
Les accents plastiques du buste de la jeune femme, conjugués à un rendu minutieux des particularités anatomiques du visage, placent cet élément de placage dans la dépendance de pièces datées de l’époque sévérienne, telles celles d’Alexandrie, ou du musée Benaki, déjà citées. Aussi peut-on suggérer une sculpture de cette pièce au cours du IIIe siècle, sans renoncer à la possibilité d’une production légèrement plus tardive, au IVe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18873.
-Paris, musée Rodin, Co. 2113, Co. 2117.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Fin du IVe-Ve siècle ap. J.-C. ?
H.11,1 cm ; l. 6,1 cm ; P. max. 2 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face médiale
Co. 2048
Conservée presque dans son intégralité, l’applique a tout de même perdu la partie inférieure de son bord interne senestre. Un fendillement du tissu compact altère la face externe, surtout au niveau de la poitrine, du ventre, du bras droit et sous le bras gauche de la figure. La présence de soulèvements stables, sans doute en partie générés par un travail heurté de la matière osseuse, peut être aussi relevée.
De couleur crème, l’os est recouvert d’une épaisse couche de sédiments bruns, essentiellement concentrée sur la partie supérieure senestre de la pièce. Remplissant les parties en creux, celle-ci affecte la lecture des traits du visage, du haut du buste et de l’attribut brandi par la ménade. S’y surimposent de larges taches ocre orangé, notamment sur le cou de la jeune femme, sur la zone située au-dessus de la poitrine, ainsi qu’en partie basse du bord dextre. On relève une importante usure, qui se caractérise par une surface lustrée et un émoussement des angles.
Le dos de cet exemplaire offre une teinte ambrée soutenue uniforme. D’importantes fissures et fentes verticales courent sur toute la hauteur des bords internes. Le bord dextre est, en effet, fortement fragilisé par une fissure ouverte importante. On remarque l’existence de petites concrétions dans le réseau de trabécules, au bas de la cavité médullaire de l’os.
Contrairement à nombre de ses compagnes, dont les attitudes tournoyantes traduisent l’ardeur qui préside au défilé bacchique, la ménade adopte une pose plutôt statique. Occupant toute la surface offerte par la matrice osseuse, elle apparaît dévêtue, légèrement hanchée, et en appui sur la jambe gauche. À son corps vu de face, et au buste très légèrement tourné vers la gauche, s’oppose sa tête tournée dans la direction contraire. Tandis qu’elle porte son regard vers l’arrière, elle tient un tympanon au-dessus de son épaule gauche. Sa posture n’est pas sans rappeler celle d’une série d’appliques fragmentaires du musée Rodin, au type iconographique similaire, à l’exclusion du visage, qui dans ces cas précis, se présente de profil (Co. 2113, Co. 2117, Co. 2091, Co. 2103), ou encore une pièce lacunaire du musée Benaki (18873 : MARANGOU 1976, p. 104, n° 94, pl. 30a).
Cependant, notre pièce diverge par bien des aspects de ces exemples, comme du relief 18882, appartenant également aux collections du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 104, n° 95, pl. 30b), qui montre une ménade à la pose inversée. Par sa corpulence robuste, le corps de notre jeune femme se distingue de celui de ces bacchantes aux lignes plus sinueuses. Les formes pleines de la poitrine, ici disharmonieuse, et les cuisses solides se retrouvent sur une applique du musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye (81156. A), sculptée exactement du même modèle iconographique. La parenté de sujet et de style est à ce point évidente entre les deux appliques qu’on les croirait volontiers sorties du même atelier. Bien que l’artisan ait opté, pour ces deux éléments de placage, pour une simplification des formes et un dessin synthétique, le volume n’en reste pas moins prononcé. Sur chaque pièce, au bras droit tombant le long du corps, répond le bras gauche replié tenant un tambourin, rendu de manière très allusive. Les seins, géométrisés, sont délimités par de profondes entailles. Vu de trois-quarts, le visage propose de traits lourds, animés par une zone oculaire recreusée, de façon à réserver un globe oculaire en relief. Une chevelure volumineuse coiffée en mèches symétrique, retombant dans le cou, l’environne.
L’aspect très stylisé de la silhouette, associée à un manque de soin réel accordé aux détails anatomiques, s’accorde assez mal avec l’esthétique développée aux IIIe et IVe siècles. À la perte de souplesse des formes et de mouvement, semble correspondre une schématisation de l’anatomie. Cette approche, qui s’éloigne de l’héritage hellénistique, plaide en faveur d’une production assez tardive, peut-être au cours Ve siècle (cf. MARANGOU 1976, p. 81).
Comparaisons
-Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale, 81156. A.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 5,3 cm ; l. 3,5 cm ; P. max 0,5 cm
Os, métacarpe de bœuf, face postérieure
Co. 2307-Co. 2454
L’applique est fendillée sur toute sa hauteur. Cette fragilité de la matière osseuse a sans doute généré la cassure qui partageait la pièce en deux fragments avant la restauration. Le long de la ligne de brisure s’observent aujourd’hui des pertes de matière. Celles-ci sont situées au niveau du coude droit du personnage, sur son ventre et sur les plis du drapé recouvrant sa jambe gauche. On peut également remarquer un certain délitement de l’os, le long du bord supérieur, derrière la tête de la figure.
Ce délitement se retrouve également en partie inférieure, au revers de la pièce. La face principale, à la tonalité crayeuse, est ponctuée de minuscules taches ocre orangé, tandis que le dos se teinte d’une coloration légèrement beige au niveau des deux bords internes qui devaient être appliqués sur l’âme du bois que décorait l’applique.
Cette pièce se caractérise par un format rectangulaire irrégulier. Elle est, en effet, plus évasée en partie basse, et son bord inférieur, scié légèrement en biais, n’est pas aligné sur l’horizontale du bord supérieur. Elle s’inscrit toutefois dans la lignée des plaquettes en os au faible relief, dévolues aux tympanistriae. Le groupe du musée Rodin, qui compte dix-sept pièces correspondant à cette typologie, dépasse largement en nombre celui dédié aux satyres comprenant huit appliques.
Le corps projeté en avant dans une attitude particulièrement dynamique, traduit avec justesse la frénésie de la danse des ménades. Alors qu’elle se dirige prestement vers la gauche, la dévote de Dionysos tourne brutalement sa tête vers l’arrière. Ses deux bras tendus tenaient peut-être un tympanon censé être sculpté sur une applique placée dans la continuité de la nôtre. Si son attitude générale renvoie à deux autres pièces du musée Rodin : Co. 2256 et Co. 2293, l’élan qui l’anime l’en distingue nettement. Sa jambe droite décrit une oblique alors que la gauche est fortement fléchie. Le corps assez court, doté de membres robustes, est masqué par un chiton au fin drapé, qui enfle sous l’effet de son agitation. Par ses plis souples, le vêtement accompagne la courbe de la jambe droite, tout en la dévoilant par un pan collé au corps. On notera que le bas des jambes et les pieds n’ont pas été sculptés en raison du cadre contraint de la pièce.
Le visage plein, qui offre un nez fort et une grande bouche, témoigne d’un certain sens du volume, malgré une simplification des détails. Se détachant sur une bordure indiquée par une ligne parallèle au sommet de l’applique, il est surmonté d’une chevelure relevée en chignon dont une mèche paraît retomber dans le cou, au rendu très schématique.
Par sa posture, la figure rappelle celles des appliques de la collection Rodin Co. 2165 et Co. 2256, mais sa fougue l’en éloigne. Bien qu’elle ne puisse pas être mise en correspondance avec une pièce stylistiquement proche, elle s’intègre tout de même dans la série des petites appliques rassemblées dans le groupe B par A. Loverdou-Tsigarida (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171-172). Aussi, malgré une recherche de plasticité, et une douceur du modelé, une datation au cours du Ve-VIe siècle peut être suggérée.
Comparaisons
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 5,2 cm ; l. 2,6 cm ; ép. max 0,5 cm
Os de bœuf
Co. 2293
Ce fragment d’applique de petites dimensions ne conserve qu’un segment de son bord inférieur, endommagé d’ailleurs par un éclat. De couleur crème, légèrement rosée par endroits, la matière osseuse est ternie par une couche de salissure surtout présente dans les creux. La structure du tissu osseux spongieux, visible sur le chant inférieur, s’observe aussi au dos de la pièce. Le revers comporte des stigmates laissés par des radicelles lors de l’enfouissement de la pièce.
En dépit de son aspect très lacunaire, cette pièce peut être intégrée dans la série des petites appliques de forme rectangulaire ou trapézoïdale sculptées de figures de ménades en faible relief. Projetant sa jambe droite en avant, la jeune femme se dirigeait vers la gauche et frappait un tympanon de sa main droite, à l’instar des figures des appliques du musée Rodin Co. 2165, Co. 2256, Co. 2307-Co. 2454. Bien que la position de son bras rappelle celle des silhouettes animant les appliques Co. 2175 et Co. 2244, le corps est encore orienté vers la gauche et n’a pas amorcé de mouvement tournoyant, comme on peut le constater sur les exemples de comparaison cités. Cependant, il est fort probable que notre figure tournait violemment la tête l’arrière, suivant le schéma récurrent observable sur les éléments de mobilier en os utilisé pour décrire les ménades en proie à des mouvements convulsifs.
Pourvue d’un bras robuste, la ménade porte un chiton aux larges plis fortement recreusés, qui dévoile sa jambe droite, à la manière des figures sculptées sur deux appliques du musée Benaki (18820-18821 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, 171, p. 283, n° 225-226, pl. 60-61). L’apparence rugueuse de la surface, ainsi que le traitement sommaire des volumes, peuvent s’expliquer par la rapidité des gestes qu’implique une production en série. Ces caractéristiques se retrouvent sur l’applique Co. 2250 de la collection d’A. Rodin, qui offre une image en miroir. Sur la base de ces rapprochements typologiques et stylistiques, ce fragment, qui s’inscrit dans le groupe B défini par A. Loverdou-Tsigarida, peut être daté de façon approximative du Ve-VIe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18820, 18821 (jambe et drapé).
-Paris, musée Rodin, Co. 2175, Co. 2244 (buste et bras droit), Co. 2250 (contrepartie symétrique).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Égypte > provenance inconnue
Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 6,6 cm ; l. 3,6 cm ; ép. max. 0,6 cm
Os de bœuf
Co. 2256
L’applique, à la teinte tirant sur le jaune clair, est brisée en plusieurs endroits. Une importante lacune, correspondant au manque du bord supérieur dextre, ampute la ménade de son visage. Un arrachement endommage également la partie inférieure du bord senestre. En outre, un éclat de surface est venu détériorer le pied droit de la figure, tandis qu’un autre se repère entre le cou de la jeune femme et le tambourin. Sur la hanche droite de la ménade, quelques marques laissées par des radicelles ressemblent à des griffures. La vascularisation de l’os est très légèrement visible sur le drapé recouvrant le pied gauche. De petites taches ocre orangé ponctuent le relief par endroits. Au revers, la teinte de l’os est plus soutenue sur les zones striées de stigmates d’abrasion. On constate aussi qu’un important arrachement de matière creuse le côté senestre de l’applique à mi-hauteur.
Évoluant vers la gauche et, en accordant son pas sur le rythme du tambourin, cette ménade devait très certainement détourner la tête vers la droite. Elle adoptait ainsi le schéma le plus habituel pour représenter les tympanistriae à l’époque romaine, comme le démontre un certain nombre de sarcophages romains à iconographie dionysiaque de la fin du IIe et du IIIe siècle (TURCAN 1966, sarcophage du musée national de Naples : p. 221, pl. 18c ; couvercle du sarcophage des Grottes Vaticanes : pl. 28c ; WILLERS, NIEKAMP 2015, p. 40, fig. 28 : Lyon, musée gallo-romain, 2001.0.311).
Cette jeune femme, au corps arqué, beaucoup moins statique que les figures des appliques du musée Rodin Co. 2175, Co. 2181 et Co. 2244, trouve sa contrepartie symétrique sur l’élément de placage Co. 2170. Le tympanon de forme oblongue, particulièrement volumineux, qu’elle brandit devant elle, est semblable à celui de l’applique Co. 2170. Une seconde pièce provenant d’Alexandrie et conservée au début du XXe siècle à l’Albertinum Museum de Dresde, propose une image similaire en miroir (PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LV, n° 1).
Le chiton, à l’épaisseur des plis un peu molle, dévoile plus qu’il ne masque l’anatomie de la ménade, épousant le galbe cuisses. Les deux incisions verticales à l’arrière de la ménade suggèrent la présence d’une colonne cannelée, alors qu’une seconde colonne pourrait être matérialisée par la longue entaille bordant le bord senestre.
Cette silhouette tenant des deux mains un grand tympanon a été mise en rapport par A. Loverdou-Tsigarida avec le modèle du satyre askophoros, supportant l’outre de ses deux bras. Elle répond donc au type du groupe B, qui rassemble les appliques ornées de ménades dont l’orientation du corps est contrariée par celle de la tête (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171-172). Malgré une attitude plus dynamique, elle entretient des affinités avec un exemplaire du musée Benaki à Athènes (inv. 18820 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, 171, p. 283, n° 225, pl. 60). Par l’insistance portée à la délimitation nette des contours, et la simplification des volumes, sensible dans la main droite atrophiée ou l’interruption maladroite du bas du drapé, ce spécimen se place dans la lignée des petites appliques en os aux représentations fortement stylisées. La datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique conservée à Athènes, nous incite à placer la création de notre relief durant la même période, c’est-à-dire au Ve-VIe siècle.
Comparaisons
-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold (contrepartie symétrique).
-Paris, musée Rodin, Co. 2170 (contrepartie symétrique).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.