Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,5 cm ; L. 13,3 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2208

Comment

State of preservation

L’applique, à la teinte tirant sur le jaune clair, est conservée en son entier. Les parties davantage en saillie offrent une coloration plus ocrée, comme la zone correspondant à l’emplacement de la cavité médullaire, au dos. Des sédiments maculent encore le revers, côté dextre.

Description

Une figure de Néréide à demi-couchée occupe toute la surface de l’applique. Le corps orienté vers la droite, elle fait pivoter sa tête dans le sens contraire. Son bras droit démesurément allongé, soutient son péplos gonflé par le vent, qui décrit une large ellipse. L’étoffe aux plis larges et irréguliers surmonte et entoure intégralement le corps de la jeune femme. Dotée d’un corps nu aux formes massives et pleines, la Néréide se caractérise aussi par un visage ovale très volumineux, par rapport à l’ensemble de la silhouette. Les traits faciaux fortement géométrisés s’accordent au buste court et aux membres potelés. Les cheveux sont réunis sur la nuque en une unique boucle, indiquant sans doute la présence d’un chignon.

 

La posture allongée de notre créature marine rappelle celle qu’adoptent les Néréides sur les appliques du musée Rodin Co. 2203 et Co. 2214. S’il est évident que cette image procède d’un modèle bien répertorié dans les collections du musée Benaki (18749 : MARANGOU 1976, n° 166 p. 116 pl. 49b, n° 169 p. 117, pl. 50a-b), et du musée gréco-romain d’Alexandrie (12262 : BONACASA-CARRA 2012, p. 37, 42, fig. 13 p. 46), il s’en éloigne fortement sur le plan stylistique. La tête disproportionnée par rapport aux corps aux membres raccourcis, l’extrême simplification des traits, ainsi que la rigidité de la pose, invitent à comparer ce relief avec d’autres appliques du musée Rodin sur lesquelles la déformation du corps féminin prédomine aussi (Co. 2271, Co. 2286). Quelques pièces appartenant autrefois à la collection Herold de l’Albertinum Museum de Dresde révèlent des Néréides au visage rond et fort (PAGENSTECHER 1913, n° 6-7 p. 233, pl. LVII-6, 7). Si le style ne correspond pas exactement à la série des pièces sculptées de personnages aux yeux en relief et aux chevelures en casque aux mèches bouclées (Co. 2159-Co. 2272, Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214, Co. 2267, Co. 2271, Co. 2278), il en constitue presque une évolution encore plus schématique. Aussi sur la base de la datation proposée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), nous pouvons suggérer une fabrication de notre exemplaire au cours du VIe siècle, voire même un peu plus tard.

 

Marquage

Au dos de l’applique, petite étiquette octogonale à liseré bleu, en partie déchirée et 35 marqué au crayon rouge, en partie inférieure.

 

Comparaisons

-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold (PAGENSTECHER 1913, pl. LVII-6-7 : têtes volumineuses).

-Paris, musée Rodin, Co. 2203, Co. 2214 (iconographie).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréides et Triton tenant une coupe

Égypte > provenance inconnue

Fin du IVe-Ve siècle ap. J.-C. ?

H. 3,7 cm ; L. 12,4 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe droit de bœuf, face postérieure

Co. 2207

Comment

State of preservation

Cette applique, à la teinte beige clair, offre une couleur ocre clair au revers. Elle est brisée dans sa partie dextre et dans son angle inférieur senestre. Côté dextre, la cassure suit la ligne du dos de la Néréide. Les creux de la face principale conservent des sédiments et des résidus blancs, non liés. La restauratrice V. Picur a observé localement la présence d’un brun foncé translucide, et d’un ocre rouge vif, sur les deux faces. Au dos, on remarque une perte de matière sur la face interne du bord supérieur, et aussi des sédiments noirâtres.

Description

La composition semble rassembler trois divinités marines : une Néréide allongée vers la gauche, un Triton vu à mi-corps, tourné vers elle, et une seconde créature féminine. Les têtes des personnages devaient être sculptées sur une applique destinée à se superposer à celle étudiée. La naïade à demi-étendue, située dans la partie dextre de la pièce, répond à un modèle bien répertorié, sur les appliques en os mises au jour en Égypte, à la fin de l’Antiquité. Plus d’une quinzaine de pièces appartenant au musée Rodin exploitent le schéma de la nymphe orientée vers la gauche, dans une attitude alanguie. L’insistance sur l’étirement des jambes est particulièrement sensible sur les reliefs suivants : Co. 2075, Co. 2110, Co. 2204, Co. 2268, Co.5632. On peut aussi citer, à titre de comparaison, l’applique 13309 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, pl. Tav. XXXIV-2). On retrouve sur notre pièce, en partie inférieure, une bordure en ressaut, comme sur les appliques Co. 2075 ou Co. 2204.

 

L’association de la Néréide au corps nu, environné d’un drapé, et d’un Triton portant une coupe, est fréquente. La divinité masculine, tournée vers sa compagne, lui présente un large vase aux parois évasées, qu’elle soutient par le fond. Le schéma iconographique n’est sans doute pas très éloigné de celui qu’on observe sur la pièce Co. 2159-Co. 2272, bien que le style soit très différent. La jambe allongée qui vient toucher le pied de la Néréide appartenait vraisemblablement à une seconde Néréide. Elle adoptait peut-être une attitude similaire à celle en grande partie conservée, mais en sens contraire.

 

Bien que l’artisan ait manifesté la volonté de dégager le relief du fond et de conférer un minimum de plasticité au corps, l’ensemble révèle un certain schématisme des formes, analogue à celui que l’on peut distinguer sur le relief alexandrin mentionné ci-dessus. Les extrémités des membres sont réduites à de simples appendices, tandis que la coupe offre un dessin très simplifié. Cette ligne synthétique, alliée à une rapidité d’exécution, semble justifier une datation à la fin du IVe siècle ou au Ve siècle.

 

Marquage

17 marqué au crayon rouge, au dos, sur la face interne du bord inférieur.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13309 (corps de la Néréide).

-Paris, musée Rodin, Co. 2204, Co. 2268 (idem).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

H. 3,1 cm ; L. 9,6 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia de bœuf, face postérieure

Co. 2206

Comment

State of preservation

Seule la partie centrale de la pièce semble conservée, associée à un long segment du bord inférieur. Aussi le visage et les pieds de la Néréide ont disparu. Ce fragment, à la matière osseuse jaune très clair, présente des fentes longitudinales. L’une barre, par exemple, la poitrine de la créature marine. Les creux, qui cernent le relief, emprisonnent encore des sédiments.

Description

À demi-couchée et orientée vers la gauche, cette Néréide, dont ne subsistent que le buste et le ventre, appartient à un modèle iconographique particulièrement apprécié à la fin de l’Antiquité, sur les placages en os de petit mobilier. Nue, s’appuyant peut-être sur les enroulements de la queue d’un monstre marin, la créature féminine affiche une pose lascive. Son voile, soulevé par le vent, est coincé par son bras gauche. Son buste incliné signale un léger redressement du corps. Près de quinze reliefs du musée Rodin reprennent ce schéma iconographique, témoignant de la popularité de ce thème et la circulation de modèles préétablis.

 

Notre exemplaire partage avec les placages Co. 2075 et Co. 2110 certaines caractéristiques formelles, que l’on retrouve aussi sur l’applique 13319 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012, p. 42, fig. 15 p. 47), ou le relief 18747 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 165 p. 116, pl. 49a). Le corps de la jeune femme offre, sur ces pièces, un canon très étiré, sans doute pour s’adapter au mieux au format allongé de l’os. Le buste étroit surmonte un ventre enflé, sur lequel le nombril est indiqué par un petit coup de burin. La finesse de la taille mérite d’être relevée. Le jeu sur les proportions du corps féminin n’altère en rien le naturel de l’attitude et le respect général de l’anatomie. Le souci du modelé des chairs et la volonté de créer l’illusion d’un certain volume, en dépit d’un relief plutôt plat, placent cette pièce à la suite des spécimens du musée Rodin précédemment cités. La plasticité apparaît toutefois moins accentuée et certains détails, comme la poitrine, attestent une relative schématisation. Aussi, à partir de cette analyse stylistique, peut-on proposer une production de notre pièce au cours du IVe siècle.

 

Marquage

20 marqué au crayon rouge au dos de la pièce, en partie inférieure.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13319.

-Athènes, musée Benaki, 18747.

-Paris, musée Rodin, Co. 2075, Co. 2110.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide nageant

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 3,15 cm ; L. 11,1 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2205

Comment

State of preservation

L’applique fragmentaire, à la tonalité beige grisé, est essentiellement brisée en partie inférieure et sur ses bords latéraux. On note que la ligne de cassure, à senestre, a suivi la courbe du ventre de la créature marine. Sur la face principale, quelques fentes courent dans la longueur. Une petite tache ocre marque la hanche droite de la néréide.

Description

Au nombre de cinquante, les filles du dieu Nérée et de Doris, personnifient différents phénomènes marins ou incarnent les bienfaits de la mer. Peuplant les fonds de la mer Egée, les Néréides glissent également à la surface des flots, parfois en compagnie de Tritons ou de monstres marins. Ici, la nymphe qui nage vers la gauche, offre un corps nu aux chairs lisses. Son ventre incliné, qui contraste avec ses jambes très allongées, indique un redressement du buste. Un pan d’étoffe surmonte la cuisse droite. Tronquée au-dessus de la poitrine, le corps de la jeune femme, devait se développer sur une plaquette placée juste au-dessus de notre pièce. Cet élément accueillait sans doute le visage et les bras retenant un voile.

 

Particulièrement en faveur sur les sarcophages et les reliefs funéraires, les mosaïques de pavement ou les textiles, les Néréides adoptent de multiples poses. L. Marangou a insisté sur la difficulté qu’il y avait à rapprocher ces figures de schémas iconographique précis, développés dans le domaine de la sculpture monumentale, ou au sein des arts dits « mineurs ». (MARANGOU 1973, p. 43). Il est, par contre, évident que des modèles ont été déclinés, parfois avec quelques variations, sur les appliques en os de l’Égypte tardo-antique. Le parallèle qui peut être établi entre notre pièce fragmentaire, le relief 18744 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 144 p. 113, pl. 45b ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000 n° 337 p. 300-301, pl. 89), et sa contrepartie – l’exemplaire Co. 2098 du musée Rodin–, démontre le caractère sériel de cette production d’éléments de placage et le recours à des formules iconographiques préétablies.

 

Un rapprochement stylistique peut aussi être opéré avec les pièces de comparaison déjà mentionnées. Si la plupart d’entre elles révèlent des volumes corporels traités en plus fort relief, l’esprit auquel renvoie notre pièce est proche. Le ventre, comme les jambes, est modelée avec soin, et un polissage assez achevé a conféré un certain moelleux aux chairs. La douceur dans les passages entre les différents plans, ainsi que la souplesse de la ligne, se retrouvent aussi sur l’exemplaire Co. 2219 du musée Rodin, qui présente une naïade à la posture légèrement différente. La jambe droite relevée effectue, dans notre cas, un battement plus prononcé. Par contre, l’étirement des jambes dénote une volonté d’adapter la silhouette au cadre allongé offert par la matrice osseuse.

 

La tradition classique à laquelle se rattache cette pièce, comme les exemples analogues précédemment cités, trouve un écho dans le traitement plastique du corps et le soin accordé aux détails. Ces caractéristiques s’opposent radicalement à la vision frustre et rigide qu’offre l’applique Co. 2237 du même sujet. En prenant en compte la proximité existant avec la pièce 18744 du musée Benaki (pour laquelle une datation au Ve-VIe siècle de la part d’A. Loverdou-Tsigarida semble trop tardive), nous pouvons suggérer une fabrication de notre œuvre au IIIe-IVe siècle.

 

Marquage

Au dos de la pièce, sur le bord supérieur, 142 marqué à l’encre pâlie.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18744 (contrepartie et qualité de facture).

-Paris, musée Rodin, Co. 2205, Co. 2219 (contrepartie).

-Philadelphie, Fondation Barnes, A98d (avec variantes).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréides

Égypte > provenance inconnue IIIe-IVe siècle ap. J.-C. H. 3,1 cm ; L. 13,1 cm ; P. max. 0,7 cm Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure Co. 2204

Comment

State of preservation

Cassée sur son côté senestre et dans son angle supérieur dextre, cette applique, à la teinte ivoirine, présente des sédiments et de l’ocre jaune non lié, d’épaisseur irrégulière, dans les creux. Cette matière, tirant parfois vers le rouge et résistante, pourrait correspondre à un traitement moderne, ou à un apport extérieur accidentel. La face principale révèle un fendillement généralisé de la matière osseuse. Le revers et les parties en creux conservent encore des sédiments.

Description

Étendue vers la gauche, la Néréide située dans la partie dextre de l’applique, présente un corps nu, environné de draperies. Son voile, dont les plis soulignent les courbes de ses hanches, recouvre sa jambe gauche. Saisie dans une pose indolente, elle semble allongée sur le dos d’un monstre marin, dont une section de la queue tachetée de petites incisions, apparaît sous son bras gauche. Un second corps nu, appartenant probablement à une autre nymphe, nageant en direction de sa compagne de jeux, occupe la partie senestre de la pièce. Le ventre légèrement enflé de la seconde naïade, jouxte la jambe droite de la jeune femme à demi-couchée. Le haut du buste et les têtes des deux divinités devaient être sculptés sur une autre applique, prévue pour se superposer à la nôtre.

 

La Néréide de gauche correspond à un poncif iconographique, que l’on retrouve à foison sur les reliefs en os, sculptés en Égypte, à la fin de l’époque romaine. En témoigne plus d’une quinzaine de pièces de la collection du musée Rodin. Nous noterons, les affinités particulières qu’entretient celle que nous examinons avec les œuvres Co. 2075 et Co. 2110. L’étirement de la jambe droite se lit aussi, bien que le rendu en soit plus schématique, sur les pièces Co. 2207 et Co. 2268. Les exemplaires 13319 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012, p. 42, fig. 15 p. 47), et 18747 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 165 p. 116, pl. 49a) permettent de restituer le type iconographique en son entier, à savoir une Néréide au buste redressé, retenant son voile, gonflé par le vent, derrière sa tête. On peut relever la présence d’une bordure inférieure en léger ressaut, comme sur l’applique Co. 2075.

 

L’association d’une nymphe nageant vers la droite, à une Néréide allongée, ne rencontre pas de réelle équivalence sur les appliques en os de mobilier. Si les pièces Co 2110 et Co. 2035-Co. 2136 reprennent le modèle de la Néréide allongée vers la gauche, celle-ci est combinée, à chaque reprise, à une naïade nageant dans le même sens. Ce buste cambré n’est pas sans rappeler celui de la Néréide soutenue par un Triton du fragment 57.697 du Museum of Fine Arts de Boston, ou l’image en miroir que livre l’applique 18768 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 174 p. 118, pl. 51d).

 

Le modelé soigné des corps des deux créatures marines traduit une facture de qualité. La maîtrise du rendu de l’anatomie féminine, et le contraste obtenu entre le poli des chairs et le plissé des étoffes, sont les reflets d’une sûreté de réalisation. Les différents niveaux de relief, alliés à une précision du détail (taches de la queue de l’animal aquatique, nombrils des Néréides), placent cette applique dans la lignée des pièces tributaires de l’héritage classique. Ces multiples critères permettent d’assigner cette pièce au IIIe-IVe siècle.

 

Marquage

16 marqué au crayon en rouge au revers de la pièce.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13309 (position des personnages).

-Athènes, musée Benaki, 18768 (contrepartie de la Néréide située à senestre).

-Boston, Museum of Fine Arts, 57.697 (Néréide située à senestre).

-Paris, musée Rodin, Co. 2075, Co. 2110, 2035-Co. 2136, Co. 2207, Co. 2268 (type iconographique de la Néréide placée à dextre).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4,5 cm ; L. 13 cm ; P. max. 1,2 cm

Os, tibia droit de bœuf, face postérieure

Co. 2203

Comment

State of preservation

La partie senestre de cette pièce, à la teinte crème, est brisée. On note tache de peinture blanche sur le bord dextre. Une fine couche de salissure recouvre la face principale, augmentée de petites concrétions noires dans la chevelure de la Néréide. Le dos montre de longues fentes longitudinales courant sur toute la longueur de la pièce, notamment sur la face des bords internes.

Description

À demi-allongée, la créature marine est tournée vers la droite. Elle fait toutefois pivoter son visage, de façon à porter son regard dans le sens opposé. Ce mouvement de torsion, imprimé au cou, est particulièrement fréquent dans l’imagerie du cortège marin. Semblant glisser sur les flots, ou installée sur la croupe d’un monstre marin, la Néréide adopte une attitude reprise à l’envie, sur les appliques en os produites en Égypte, à la fin de l’Antiquité. Elle retient de son bras droit son voile enflé par le vent, tandis qu’elle s’appuie généralement de son bras gauche sur le corps de sa monture.

 

Ce schéma iconographique a été exploité de manière répétée sur plusieurs pièces du musée Rodin, qui répondent à des critères stylistiques identiques : Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271. Bien qu’il dérive directement de modèles à l’esprit classicisant comme le relief Co. 2070 du musée Rodin, ou l’exemplaire 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116 pl. 49b), il est mis au service d’une esthétique différente qui atteste ici une production assez tardive, sans doute à l’époque byzantine. Le corps féminin, davantage incisé dans la matrice osseuse, que sculpté en volume, est fortement géométrisé. Caractérisée par une rigidité importante et une simplification extrême du modelé des chairs, la figure répond à une approche synthétique de l’anatomie féminine. Le visage, sur lequel seul le grand œil en relief apparaît, est surmonté d’une chevelure courte, en casque, à grosses mèches. Le bras droit étiré jusqu’au bord supérieur de l’applique, participe à accentuer la raideur de la pose.

 

Le rendu heurté des lignes de contours et des détails, lié à une relecture très stylisée des modèles classiques, inscrit cette œuvre dans une série homogène. La reprise de l’attitude nonchalante de la Néréide de façon similaire sur deux pièces de la collection d’A. Rodin (Co. 2214 et Co. 2267-Co. 2325), met en lumière une production sérielle, impliquant un choix d’organes osseux adaptés au motif. Les traits frustres du visage, dominé par grand œil en relief, correspondent aussi l’un des critères stylistiques les plus saillants de cette série (cf. MARANGOU 1976, p. 81, voir n° 172 p. 117-118, pl. 51c). Par comparaison avec l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), pour laquelle A. Loverdou-Tsigarida a proposé une datation tardive, nous pouvons envisager une production au VIe siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide nageant

Égypte > provenance inconnue IVe-Ve siècle ap. J.-C. H. 2,8 cm ; L. 9,65 cm ; ép. max. 0,85 cm Os, métacarpe de bœuf ?, face antérieure Co. 2197

Comment

State of preservation

L’élément d’applique, à la teinte beige clair, est brisé côté dextre. Quelques petits éclats entament les bords. Si de petites taches brunes s’observent sur la face principale, d’importantes concrétions sont visibles au revers. On note aussi quelques marques noires d’aspect gras.

Description

La plaquette fragmentaire n’accueille que le buste, et les jambes, et ce qui ressemble au bras gauche d’une créature féminine, en train de nager vers la gauche. La tête et les bras de la Néréide se déployaient sur une autre applique, placée au-dessus. Un découpage similaire, en haut de la poitrine, s’observe sur les reliefs Co. 2205 et Co. 2237 du musée Rodin. Le format allongé de la matrice osseuse fourni par le métacarpe s’adaptait particulièrement bien à la sculpture d’un corps de nymphe glissant sur l’onde. Bien que les jambes soient brisées, on distingue encore une silhouette longiligne au corps nu, qui se rapproche fortement par sa pose des naïades des pièces Co. 2220 et Co. 2237. Le ventre légèrement incliné s’accordait avec un redressement du buste. Aussi peut-on supposer que la Néréide sortait le haut du corps de l’eau, soutenant son voile gonflé par le vent, tenant une coupe ou se cramponnant à un monstre marin.

 

Bien que les volumes du corps se dissolvent dans l’arrière-plan, un effort de modelé transparaît dans le ventre, les hanches et les jambes aux formes pleines. Ces dernières, qui se croisent au niveau des genoux, se démarquent des membres raides de l’exemplaire Co. 2237. Elles évoquent davantage celles de l’applique Co. 2220 ou de la pièce du musée Benaki 18768 (MARANGOU 1976, n° 174, p. 118, pl. 51d). Le style frustre de la sculpture contraste que la qualité de facture des appliques Co. 2205 et Co. 2220, mettant en scène des Néréides glissant sur les flots. Les contours heurtés et particulièrement hésitants cohabitent avec une tentative de rendre le volume. On peut se demander, en tout état de cause, si la pièce n’a pas été laissée inachevée. Avancer une datation pour cet exemplaire, à partir de critères purement stylistiques et techniques constitue un exercice périlleux et quelque peu arbitraire. Compte tenu des analogies iconographiques qui peuvent être soulignées avec une série de nymphes à demi-allongées, et du caractère rudimentaire du travail de la matière, nous pouvons supposer une production au cours du IVe ou Ve siècle.

 

Comparaisons :

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6302 (type iconographique, mais style très différent).

-Paris, musée Rodin, Co. 2220, Co. 2237.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe - Ve siècle ap. J.-C.

H. 3,9 cm ; L. 9,6 cm ; P. max. 1,6 cm

Os, humérus ou fémur de bœuf

Co. 2189

Comment

State of preservation

La pièce, à la teinte beige clair, est lacunaire, brisée sur deux de ses angles et en partie inférieure. Si un léger fendillement s’observe sur sa face principale, des fissures longitudinales barrent le revers. Des taches brunes doublées de fines concrétions maculent le dos, se concentrant surtout sur le côté dextre. Des marques noires recouvrent les parties les plus en saillie du relief.

Description

Le thiase marin, au défilé duquel participent les Néréides, est fréquemment illustré sur les appliques en os tardo-antiques, mises au jour en Égypte. Les filles de Nérée évoluent dans un monde aquatique, généralement escortées par des Tritons, ou chevauchant des animaux hybrides. Sur cette applique, la nymphe apparaît seule, glissant sur les flots, vers la gauche. Ses bras placés en avant paraissent tenir un objet, en parti disparu. Son voile ou péplos, qui gonfle sous l’emprise du vent, entoure sa tête d’une large ellipse, animée de plis profondément creusés. L’étoffe se déploie également le long des jambes, en plusieurs pans soulevés par la brise marine. Un second voile, qui décrit un arc-de-cercle, doté de plis sculpturaux, occupe l’espace près du bord dextre. Il faut sans doute y reconnaître le péplos d’une autre Néréide, enflé par le vent. Cette figure était sans doute sculptée sur une pièce placée dans le prolongement de la nôtre, le tout formant une frise complète.

 

La Néréide nageant vers la gauche rencontre plusieurs équivalences au sein du corpus des appliques de mobilier en os. L’exemplaire du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 6302 : LE POGAM, MAURICE-CHABARD & PERROT 2017, notice 125 p. 126), offre une silhouette à l’attitude très proche, hormis le fait que la nymphe s’agrippe au poitrail d’un cheval marin. La pose rappelle aussi de façon générale la composition de l’applique 18745 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 167 p. 117, pl. 49c). Le buste de la créature marine, qui porte une coupe à hauteur du visage, est davantage relevé que sur la pièce du musée Rodin. Le battement des jambes de notre naïade renvoie également à celui visible sur deux fragments du musée Rodin (Co. 2197 et Co. 2220), même s’il semble beaucoup moins énergique. Sur un spécimen de la collection d’E. von Sieglin conservée à Dresde (PAGENSTECHER 1913, n° 4 p. 233, pl. LVII-4), on repère une Néréide allongée, qui se dirige dans la direction opposée à la nôtre. Ce schéma iconographique répond donc à un modèle fréquemment exploité par les artisans, introduisant des variantes et exprimant leur tempérament artistique par des styles différents.

 

L’intérêt pour le volume se lit dans le corps solidement structuré et la plasticité accentuée des drapés, dans lequel vient s’engouffrer le vent. Par ses gestes vigoureux, l’artisan est parvenu à insuffler un dynamisme à la scène. Le travail heurté de la matière à l’arrière-plan contraste avec la rotondité du visage, à l’œil suggéré en léger relief, et le poli des chairs du ventre et de la jambe droite. La jeune nymphe à la tête inclinée, semble tenir un objet contre sa poitrine, à moins que celle-ci n’ait pas été dégrossie. La maîtrise du mouvement et le naturel de l’attitude sont les signes d’une facture assez personnelle, qui fait sienne également un certain degré d’inachèvement. Ces critères permettent d’envisager une datation au cours du IVe siècle ou du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18745.

-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold (PAGENSTECHER 1913, pl. LVII-4 : contrepartie).

-Paris, musée Rodin, Co. 2197, Co. 2200 (position des jambes).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6302.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Triton tenant une coupe

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4 cm ; L. 7,1 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 2180

Comment

State of preservation

Offrant une teinte beige clair, ce fragment révèle de larges taches ocre orangé et brun, à la fois sur la face principale et le revers. La partie senestre de l’applique est perdue, et l’angle supérieur dextre est endommagé par un petit éclat. On note un léger fendillement longitudinal de la matière osseuse, notamment en partie supérieure. Les parties incisées emprisonnent encore des sédiments.

Description

Fils de Poséidon et d’Amphitrite, Triton prend place souvent anonymement au sein du cortège marin, tenant ainsi compagnie aux Néréides. Alors qu’elle semble se diriger vers la droite, la divinité aquatique fait subir un mouvement de torsion à son buste et à sa tête. Ces attitudes contrariées constituent un poncif des types iconographiques qu’offrent les membres du thiase marin. Doté d’un torse massif, à la structure musculaire solide, la figure détourne le visage vers la gauche, tout en supportant une large coupe évasée.

 

Le Triton porteur de vase, correspond à un schéma, somme toute, assez courant. Les appliques Co. 2159-Co. 2272 du musée Rodin et le fragment 22150 du musée Benaki (MARANGOU 1976 n° 172 p. 117-18, pl. 51c), en livrent une variante. Deux pièces, à la facture éloignée, proposent des points de comparaison intéressants. La première – le relief Co. 2134 du musée Rodin –, met en scène un Triton ou une Néréide, soutenant une large coupe, à hauteur du visage. Un décor provenant des fouilles archéologiques menées dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie, propose aussi un Triton, vu en buste, tenant une coupe similaire (RODZIEWICZ 2007, n° 18 p. 72-73, pl. 10, pl. 90-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 57, fig. 60 p. 65). Bien que le sujet soit inversé sur ce dernier exemple de comparaison, on retrouve le même geste du poignet cassé pour maintenir la vasque par le fond.

 

Dans notre cas, la silhouette masculine est si simplifiée et les contours sont si hésitants, qu’il est difficile de préciser le geste exact du bras gauche du Triton, et de différencier la main du reste du bras. Le visage au profil grossier est couronné d’une chevelure dont les mèches ont été notées par de vives incisions au burin. Les détails anatomiques ne sont que suggérés. Les volumes se démarquent peu du fond, et sont cernés de profondes entailles qui accentuent le relief assez plat. Cette approche synthétique et éminemment graphique de l’anatomie trouve des correspondances dans une série d’appliques du musée Rodin, souvent également façonnées à partir de tibia. Si les critères stylistiques ne sont pas totalement identiques – on ne remarque pas ici, à nouveau, l’œil en relief et les grosses mèches bouclées), le travail aux contours heurtés participe du même esprit. Aussi est-il envisageable de proposer, comme pour cet ensemble déjà mentionné, une réalisation de notre exemplaire au VIe siècle.

 

Marquage

Au dos, en partie inférieure, 36 marqué à l'encre rouge.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles du secteur du théâtre Diana, DI 96. 3563.1.4 (166) (coupe et position de la main, mais attitude inversée).

-Paris, musée Rodin, Co. 2134 (schéma iconographique mais style différent).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe-Ve siècle ap. J.-C. ?

H. 5 cm ; L. 12,7 cm ; P. max. 1 cm

Os, scapula de bœuf ?

Co. 2177

Comment

State of preservation

Cassée en partie supérieure, l’applique de couleur beige clair, présente également un éclat sur le bord inférieur. La face principale, marquée par un fendillement de la matière osseuse, conserve encore d’abondants sédiments. On remarque aussi dans les parties fortement incisées, une substance blanche non liée, d’épaisseur irrégulière. Les trabécules, qui tapissent le revers, emprisonnent beaucoup de sédiments et de petites concrétions. Deux soulèvements ont pu être mis en évidence.

Description

Personnifiant différents aspects de la mer pourvoyeuse de bienfaits, les Néréides, issues de l’union du dieu Nérée et de l’Océanide Doris, apparaissent fréquemment allongées sur la croupe ou le dos d’un monstre marin, voguant ainsi à la surface de l’onde. La créature aquatique, à demi-étendue, est ici tournée vers la droite. Cette attitude se retrouve précisément, sur près d’une quinzaine d’éléments de placage en os, appartenant à la collection du musée Rodin. C’est dire si ce schéma iconographique devait être populaire à la fin de l’Antiquité, et particulièrement adapté aux plaquettes os façonnées à partir de diaphyses d’os longs, ou d’os plats de bovidés. Nue, à l’exception d’un pan d’étoffe recouvrant la cuisse droite, la Néréide a le buste légèrement redressé. Il est fort probable que cette figure souscrivait au thème de la velificatio. Elle devait, en effet, retenir de sa main droite, son péplos enflé par le vent, décrivant un arc-de-cercle autour de sa tête, comme sur les pièces Co. 2070 et Co. 2209 du musée Rodin, ou sur le spécimen découvert à Alexandrie à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic (RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89). Le poids de son corps semble reposer sur son bras gauche, appuyé peut-être sur la queue de sa monture.

 

La scène a pour particularité d’être délimitée par une bordure, formant un léger ressaut en partie inférieure. On remarque le même détail sur l’applique fragmentaire 22146 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 153 p. 114, pl. 46g). Celle-ci entretient également, avec la nôtre, des affinités stylistiques : une approche graphique du sujet, une simplification des modelés des chairs, une géométrisation du bras gauche, et une raideur de l’attitude, particulièrement perceptible dans la ligne du dos de la jeune femme. Certaines de ces caractéristiques se lisent aussi sur l’exemplaire Co. 5633 du musée Rodin. Le corps de la Néréide étonne par ses déformations anatomiques : taille très resserrée et hanches larges. Un pan du voile semble retomber sous la Néréide en des plis agencés de façon symétrique. Mais l’étoffe, loin d’être soigneusement sculptée comme sur le fragment Co. 2203, n’est que suggérée. Bien que L. Marangou renvoie au IIIe siècle pour l’exemple athénien mentionné ci-dessus, il convient sans doute, en raison d’une certaine stylisation des formes de notre pièce, de proposer une production au cours du IVe siècle, voire au début du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 22146.

-Paris, musée Rodin, Co. 5633.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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